mardi 31 janvier 2023

L'après-guerre chinois

L'après-guerre se dessine au ministère des affaires étrangères chinois, qui teste plusieurs scenarii dans la communauté et diapora chinoises, et dont le plus élaboré vient de m'être traduit ce matin. Il date du 29 janvier et se base sur la dislocation de la Fédération de Russie que certains ici refusent, redoutent voire appellent de leurs vœux comme le belliciste Piéton du roi.

carte de Sibérie

Voici le scenario :

Le gouvernement de Poutine est chassé de Moscou, soit par une guerre civile intérieure, soit par l'écrasement des armées russes sur leurs frontières occidentales. Il passe l'Oural et s'enfonce en Sibérie jusqu'à l'extrême-orient russe, hors d'atteinte des armées de l'OTAN. Les débris de l'armée de Poutine ne suffisant pas à sa sécurité, il appelle (ou on lui suggère fortement d'appeler) la Chine populaire à son secours, laquelle s'empresse d'entrer en Sibérie pour établir une ligne de défense en avant du lac Baïkal (ce lac a de l'importance ensuite).

L'économie russe étant quasiment ruinée, l'extrême-orient russe historiquement négligé par Moscou convoque à son développement les corporations d'Etat chinoises et les entrepreneurs chinois du Dongbeï (nord-est) qui rapidement mettent en exploitation, tous gisements, terres arables, mines et ports, et ouvrent toutes les voies de communications nécessaires. C'est la ruée vers l'or.

Le rédacteur note que les entreprises chinoises ayant investi en Russie ont été jusqu'ici majoritairement arnaquées par les pouvoirs locaux russes, ce qui ne pourra plus être le cas dans le cadre d'un développement de l'extrême-orient. En outre, note le rédacteur, les Chinois disposeront sur place d'une armée conséquente pour garantir le fair-play des relations économiques. La nouvelle république russe d'extrême-orient sera protégée par la Chine populaire comme il en va de la Corée du Nord actuellement (sic).

L'influence diplomatique de la Russie de Poutine étant réduite à presque rien, une union des deux nations sera souhaitable pour tenir tête aux occidentaux du Conseil de sécurité de l'ONU, et Pékin devra ouvrir la bataille du maintien du siège permanent à la Russie de Poutine contre les tentatives de le donner au nouveau gouvernement fantoche de Moscou.

L'inventaire des ressources extraordinaires et inexploitées de l'extrême-orient russe est déjà fait. Le rédacteur note que le seul lac Baïkal renferme 1/8 de la consommation d'eau douce du territoire métropolitain chinois. La tonalité reste quand même dans le dénigrement subtil des capacités économiques du gouvernement de Vladimir Poutine qui est un ami de la Chine populaire certes, mais sûrement pas un génie. Le petit frère un peu con !

En conclusion (provisoire), les dirigeants chinois, habitués au temps long, établissent déjà une feuille de route pour contrer la dislocation possible de l'empire russe à leur profit, dans la stratégie bien connue du "win-win" mais tout-bénef. Le retour à la masse des territoires arrachés aux Tsings par le tsar russe en 1858 est implicite et même si évident qu'on ne le mentionne pas.

vendredi 27 janvier 2023

Un procès pour quoi faire ?

J'aimerais parfois lire le russe pour apprendre sur Telegram qu'Eva Braun est entrée au Kremlin avec deux jerrycans d'essence.

Je ris aussi des appels à comparution en justice des maîtres-assassins de la Fédération de Russie alors que le jugement est implicite et sans appel. Il n'y a rien à découvrir tant des motifs que des méfaits, les nouvelles technologies de la communication sont passées par là.

On me dit dans l'oreillette que nous nous battons pour des valeurs que nous ne pouvons ignorer en fin de trajectoire. A quoi le bon sens des nations répond qu'il n'en existe qu'une vraiment, celle de vivre libres sur un espace respecté par autrui. Le reste, les autres valeurs, les invocations, nous ont conduits au désastre d'une guerre européenne pour n'avoir pas bloqué à temps l'hegemon des pissotières attelé à notre perte !

Sobtchak, maire de Saint-Pétersbourg et Poutine en 1994
A droite, l'élève-tyran endimanché qui fait trembler le IVè Reich (image Russia Beyond)

Il ne reste plus qu'à entrer dans le bunker avec la lance à napalm pour incinérer tout ce qui bouge. Dieu reniflera les siens.

vendredi 20 janvier 2023

La bascule stratégique

La réunion de Ramstein n'a pas convaincu la Chancellerie de Berlin de débloquer les escadrons de chars Leopard2 que lui réclame le gouvernement de Kiev. Il semble évident que les Allemands ne veulent pas "prendre le lead" dans la guerre d'Ukraine à divers motifs dont le plus avancé est de ne pas rejouer l'opération Barbarossa (1941). Ils assument la responsabilité de faire durer la guerre d'invasion russe, mais sont-ils si loin du projet américain de saigner à blanc la Russie de Poutine ?

L'Ukraine, c'est le sujet du moment, mais c'est en fait le déclencheur d'un moment historique qui la dépasse (Michel Yakovleff).

miss Ukraine 2022
La bascule stratégique annoncée touche trois domaines : le déclassement de l'espace impérial russe avec ou sans dislocation de la Fédération de Russie (1) ; la contrainte énergétique assénée à l'Europe occidentale (2) ; un nouvel art de la guerre (3). Nous allons faire court.

(1) Toute victoire russe, ne pouvant que s'inscrire dans une débauche obscène de destructions d'infrastructures et capacités civiles, les dirigeants du Kremlin seront devenus infréquentables et par assimilation la race russe sera maudite. Ce qui rejettera la Fédération russe dans les ténèbres économiques du XIXè siècle. Mais, à dires d'experts, c'est plutôt une victoire ukrainienne qui est programmée dans les caisses à sable, en conséquence d'un faisceau de paramètres macro-économiques comparatifs dont vont bénéficier les Ukrainiens. Comme n'ose pas le dire Sergueï Lavrov, c'est plus que l'OTAN qu'affronte la Russie de Poutine, c'est tout le monde libre, sa richesse intrinsèque, ses capacités d'innovation, sa réactivité, son endurance. Le petit PIB russe, sa rente minière dont les prix se fixent à l'étranger, sa promotion interne de prédateurs incompétents à tous les étages, l'abêtissement des peuples lobotomisés, ne pourront pas longtemps résister à l'engagement augmenté de l'Occident et du Japon. Un seul allié des Russes dispose d'assez de poids pour retarder l'effondrement, c'est la Chine populaire dont pratiquement tous les revenus d'exportation proviennent de ce monde libre. Va-t-elle déclencher chez elle l'émeute ouvrière pour complaire à des kleptomanes sans autre épaisseur que la viande populaire qu'ils exposent au feu de la guerre pour leur propre survie ? Elle a elle-aussi des comptes à solder avec l'héritière de l'empire russe. On le verra très vite, et sur les Kouriles nippones aussi.

Reste à entendre les considérants des républiques non slaves de la Fédération qui pour certaines décideront d'exploiter en propre leur rente héritée de l'Union soviétique et se développer sans l'aval de la mafia moscovite. Je ne parle pas des Stan d'Asie centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turménistan) qui couperont définitivement le cordon ombilical avec Moscou. Françoise Thom est allé au fond des choses dans un article de Desk Russie, .

(2) Le fournisseur naturel d'énergie de l'Europe orientale et occidentale pour partie était la Russie de Lukoil et de Gazprom. Les prix bas de fourniture couvrant des infrastructures logistiques amorties (sauf les Nordstream) retardaient la conversion énergétique européenne à tous bons motifs. Le point de la situation sur Causeur. La rupture des approvisionnements (qui devait nous tuer) nous oblige à sortir carrément de la trappe fossile en dégageant les crédits de conversion à toutes énergies alternatives, au premier rang desquelles l'énergie nucléaire. Même si, après l'extinction de la guerre, le gaz russe revient sur le marché, ce sera un appoint pour donner de l'air aux anciens pays de l'Est. Le cas de l'Allemagne est à débattre à part.

(3) Les coefficients d'attrition des armes conventionnelles les plus courantes dévoilés par la guerre d'Ukraine obligent tous les états-majors à repenser les moyens de défense. L'irruption des drones de toutes tailles dans les trois dimensions et celle des missiles à haute vélocité ringardisent le fameux couple char-avion qui faisait les beaux jours de l'Ecole de guerre. Le ministre des armées Lecornu a signalé que la loi de programmation militaire imminente contenait des ajustements sévères dans un contexte d'augmentations budgétaires (clic) et M. Macron a brossé les grandes lignes du plan dans ses voeux aux armées prononcés sur la base aérienne de Mont-de-Marsan (clac). Qu'en sera-t-il au détail ? Langue au chat, il faut attendre sa présentation aux parlementaires.

Plus généralement et sans en faire des tonnes, l'Europe vient de se découvrir en tutu de danseuse, tributaire de puissances étrangères pas toujours amicales. Elle commence à réagir. Et si l'on tient compte des nouvelles lois américaines, on peut raisonnablement considérer que la mondialisation heureuse est morte. Or c'était l'épure stratégique allemande. Est-ce la République fédérale le plus gros perdant après la Fédération de Russie ?

lundi 16 janvier 2023

Un vieux couple sans affect

Le 22 janvier prochain se fêtera à Paris le Traité de l'Elysée signé entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer pour réconcilier définitivement deux nations qui se firent trois guerres en seulement soixante dix ans.
Il est intéressant de voir comment l'Allemagne voit (ou ne voit pas) cette commémoration, et le plus simple n'est-il pas de lire l'article du Spiegel consacré à l'événement. Vous pouvez y accéder gratuitement en cliquant ici. Il est en anglais sur original allemand payant, titré lui, L'Aliénation (Die Entfremdung), ce qui est déjà un signe fort. La photo assez incroyable illustrant ce billet vient aussi du Spiegel.

Sholz et Macron

Il ne fait aucun doute qu'après les grands amours Giscard-Schmidt et Mitterrand-Kohl, le "couple" s'est passablement désuni, au point que le divorce n'est évité maintenant que par souci des convenances européennes. La collaboration cœur à cœur cessa dès le premier mandat de Jacques Chirac qui supprima la conscription militaire sans en débattre avec la République fédérale. Puis viendra le temps des sauteurs et des ectoplasmes entre gémissements budgétaires et avanies en tout genre, jusqu'à ce que le chancelier Scholz applique la devise garibaldienne : Germania farà da sé. Il prend ses distances du projet franco-européen de défense intégrée, laisse le Bundestag patauger dans le soutien blindé à l'Ukraine, oublie la dispute industrielle entre nos deux pays dans les affaires de char franco-allemand et d'avion du futur, relance le charbon, ne ménage pas sa peine pour soutenir les entreprises allemandes en Chine populaire avec un voyage éclair à Pékin sans consulter ses partenaires européens, et finalement ne parle qu'avec Washington parce que la Deutsche AG y a des intérêts colossaux.

Face à lui, le sémillant Emmanuel Macron saute sans arrêt d'un nénuphar à l'autre pour faire oublier qu'il est perclus de dettes et incapable de financer quoique ce soit sans aller au Golfe comme d'autres vont aux dames. C'est sans doute cette arrogance juvénile de l'impécunieux radoteur qui horripile le plus les Allemands. Ils sont dans la barque de l'Eurogroupe que l'impéritie française pourrait bien faire couler, et ça, c'est pour eux péché mortel.

Il est plus que temps que la France mette de l'ordre chez elle, rétablisse ses comptes publics et s'occupe de son propre avenir, sans reporter la solution de ses nombreux défis à l'étage européen. Car là aussi, nous commençons à fatiguer les autres par nos recommandations incessantes sur tout et rien. Cahin-caha le Traité de l'Elysée aura tenu soixante ans.

samedi 14 janvier 2023

21 Janvier

Pour l'anniversaire de la décapitation du roi Louis XVI, de nombreuses messes seront dites dans les jours prochains en France (clic). A Paris, deux manifestations sont recommandées le 21 janvier :
  • La messe perpétuelle de Saint-Denis qui sera célébrée à midi pile à la basilique par le Mémorial de France.
  • La marche aux flambeaux de l'Action française qui démarrera à 18 heures de la place Saint-Augustin à Paris. La soirée se terminera sur une péniche amarrée sur la Seine. Prendre un ticket d'accès ici.

C'est aussi l'anniversaire de l'enterrement des Lois fondamentales du royaume de France.

mardi 10 janvier 2023

Actu

On repart. Dix janvier, saint Machin, galette, messe, Jeanne, camp et hop, 2023 terminé !
Trois trucs qui fatiguent déjà la reprise. Un sale con se balade à Toulouse avec un maillot du TFC floqué Mohammed Merah (7). Un Etat de droit peut-il survivre sans escadrons de la mort ? C'est juste une question.

J'aime bien Zinedine Zidane, qui est marié à une païse, parce qu'outre le talent, il a su rouler sa bosse, établir sans scandale sa famille et sa réputation. Le dédain, pour ne pas dire plus, de Noël Le Graët à son endroit, me révulse. Je ne sais pas si ZZ est le coach idéal pour une équipe de France qui a le melon, mais à son âge, le vieil aigri de Guingamp devrait passer la main et aller aux putes.

Le troisième truc devrait être la réforme des retraites, mais il y faudrait vingt pages écrites serré pour aboutir à la retraite par points qu'Emmanuel Macron avait justement déduit des algorithmes que son équipe d'intelligence artificielle lui avait proposés au début du premier mandat. Au lieu de quoi je vais vous confier mon agacement sur la polémique entourant les déclarations d'Omar Sy formatant la promotion de son film "Tirailleurs" que je juge normales et bienvenues. On racialise l'affaire à outrance - lire l'article de merde de Gabriel Robin dans Causeur pour s'en convaincre. Des tirailleurs il n'est jamais question.
tirailleur sénégalais
Il est admis pourtant que les tirailleurs sénégalais (soudanais en fait) qui ont survécu aux deux guerres mondiales dans lesquelles nous les avons engagés, ont été traités de manière indigne par la République française après la démobilisation. La moindre des choses aurait été de leur offrir la naturalisation et une pension d'ancien combattant alignée sur celles de leurs camarades de combat français. L'étroitesse stupéfiante de tous les pouvoirs publics français en l'affaire est une honte sur laquelle Omar Sy a raison de mettre le doigt. Le Tata de Chasselay ne pouvait pas suffire.
Quant au désintérêt des opinions européennes sur les conséquences atroces des guerres d'Afrique depuis la décolonisation, et particulièrement dans la région des Grands Lacs, avec les massacres de masse toujours renouvelés, il est bon qu'il soit dénoncé sans précautions oratoires. En vingt ans, cinq millions de Congolais ont été tués dans ces guerres tropicales vite oubliées. Valent-ils moins que nous ? Omar Sy a raison de dénoncer la fausse monnaie de l'indignation sélective, et ceux qui trient les morts en fonction de leur proximité devraient se taire.

Pour achever la soirée, voici la femme du Yéti de Vendôme dans un plaidoyer pro domo, mais ici on aime bien les border lines. Ecoutez bien. A tchao bonsoir !

jeudi 5 janvier 2023

Meilleure année 2023

carte de voeux 2023

2023 sera une bonne année pour la France. Ce ne sont pas tant des vœux qu'il lui faut, sauf à vouloir exécuter la figure imposée par la situation géostratégique européenne, que des prières adressées aux puissances supérieures pour que la classe aux affaires ne gâchent pas les effets de la Révélation apportée par la guerre :

Cette guerre personnelle du petit tsar des Orcs, qu'aucun spécialiste ne pouvait anticiper tant ses prémices débordaient du cercle de la raison, a créé un électrochoc en Europe occidentale - l'autre Europe n'en avait pas besoin - qui s'est retrouvée nue, face au défi de sa destruction programmable. Les modèles sociaux du hamac douillet financés sur l'effort de défense maintenue a minima et la globalisation achevée de nos intrants agricoles et industriels, sont devenus les digesteurs de notre souveraineté, j'entends la liberté de choisir tel ou tel axe pour notre futur au lieu de tel autre, soit l'optimisation des contraintes. Tout vient d'ailleurs, comme les matières premières nécessaires, l'énergie indispensable à les transformer, les bases chimiques en grande partie, les bases pharmaceutiques en plus grande partie encore et jusqu'à la main d'œuvre de base utilisée par notre production de biens, denrées, services et soins.

Tout ce que les années sérieuses avaient depuis la seconde guerre mondiale construit pour notre indépendance - et le plan nucléaire est emblématique à cet égard - a été dispersé sur l'autel d'une idéologie de partage universel, de confiance aveugle dans le progrès et d'une écologie de bazar au ras du sol, en donnant les clefs de nos choix à des pouvoirs impérialistes qui nous détestent. Faut le faire !

L'année nouvelle ne peut pas être moins que celle de la prise de conscience de ce sabotage et le lancement des réparations exigées par l'état de calamités géopolitiques dans lequel nous nous débattons. Reste la question à un dollar : peut-on reconstruire une indépendance avec les mêmes zélites qui ne l'ont pas vu se détruire, qui bradaient il y a peu des fleurons industriels au motif de la liberté de circulation des capitalistes, qui se sont avérés indécis entre chèvre et choux dans les orientations décisives, ménageant la finance internationale une fois, une diplomatie d'arrogance une autre fois, des intérêts particuliers ou proches ? Doit-on dès lors les fusiller ? Politiquement oui ! Merci au pangolin de Wuhan et à la Russie éthylique de nous avoir rapatriés sur nos fondamentaux.

Meilleure année aux Ukrainiens qui ont décidé de se battre à mort contre la pègre russe, ses ivrognes, ses milices et ses canons. Qu'ils voient le soleil d'Austerlitz !
Bonne année aux monarchistes français et aux princes qu'ils soutiennent. Qu'ils sachent parler autour d'eux de la séparation des pouvoirs régaliens et publics afin de préserver l'essence de la nation des délires idéologiques d'élus de rencontre qui obèrent la continuation de ce que nous fûmes !
Et plus que tout, souhaitons que des circonstances heureuses conduisent Vladimir Poutine et ses affidés au jugement de leur Créateur à Sa convenance la plus hâtée ! C'est la première année que les vœux de nouvel an de ce blogue souhaite la mort de quelqu'un. Amen !

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