La France plie les gaules au Sahel sous une quadruple pression qu'elle ne peut surmonter seule. Les Etats noirs de la région administrant (mal) des mosaïques ethniques en concurrence pour la captation des produits nationaux, en ont soupé des cours du soir parisiens sur les Valeurs et pensent s'en sortir mieux "à l'africaine" : je parle, tu parles, nous parlons et le mérinos rejoint le troupeau. Les deux grands Etats arabes du nord ne se sentent pas libres de leurs mouvements pour contrôler les katibas djihadistes sur leurs frontières sahariennes et préfèrent prendre en charge eux-mêmes ce combat diffus mené par immersion du renseignement au sein de populations en mouvement très informées sur leur territoire, comme le pratique la Mauritanie. La troisième pression vient des Etats-Unis qui sont sur zone pour contrôler l'espace utile et anticiper toute campagne hostile à leurs intérêts avant de frapper depuis leur base marocaine. Le dilemme colonial français mal maîtrisé les gêne. La quatrième pression, la plus visible, est mise en œuvre par la Russie revenue en Afrique dans le même schéma de déstabilisation qu'avait appliqué en son temps l'URSS. Ne restent acquis aux intérêts français que les pays du Golfe de Guinée (moins la Guinée-Conakry) mais tout l'intérieur de notre ancien Soudan est perdu. La faute à qui ? Au défaut d'axe de notre diplomatie.
On peut chercher des poux dans la tête de M. Sarkozy, auquel ressemble beaucoup Emmanuel Macron, qui voulait faire quelque chose de grand sous son mandat et qui a vu la "libération" de la Libye comme son apothéose. Sauf qu'en la matière comme en tant d'autres (clic) il n'a pas vu grand chose. Il a ruiné les équilibres fragiles sahariens pour laisser déverser sur la bande sahélienne les arsenaux pillés du colonel Kadhafi. Avec moins de morgue, il aurait pu anticiper à la mort du tyran une guerre civile libyenne appuyée par des tiers intéressés pour la capture des gisements pétroliers colossaux. Mais cela était too much pour sa comprenette et le PDG de Total lui aurait été plus utile qu'un BHL en jabot. Son successeur eut le bon réflexe quand, à l'appel de l'Etat malien, il fit détruire la colonne djihadiste qui descendait vers Bamako et libéra Tombouctou. Il aurait fallu mettre en place (comme cela fut fait à Alger) les conditions d'une négociation inter-ethnique malienne et dire à ces messieurs qu'ils étaient grands garçons maintenant pour résoudre leurs problèmes inextricables, en un mot, l'Azawad. Et je ne crois pas que François Hollande ait décidé en son for intérieur d'augmenter l'empreinte française au Sahel au milieu du bordel ambiant. Mais il fut, à mon avis individuel et portatif, circonvenu par l'état-major qui l'a ébloui de manœuvres brillantes sur la caisse à sable afin de plier l'affaire dans la grande tradition des compagnies sahariennes. Et Serval devint Barkhane et Takuba etc..., opérations visant à européaniser la lutte anti-islamiste et le soutien aux Etats noirs, sur le grand calendrier de la défense européenne chère à M. Macron. Echec pour une raison primordiale : la ressource des katibas islamistes est inépuisable ! Prendre une heure pour relire l'article-cadre ici et les articles préalables associés. Mais tous nos amis ne nous en veulent pas puisque les Belges, les Allemands et les Italiens confirment leur présence autour du pôle américain d'Agadès, pour peu que la junte de Niamey consente à remettre en jeu le pouvoir un jour dans des élections démocratiques. Elle a demandé trois ans. Les Nations Unies viennent de reconnaître le pouvoir en place. C'est une gifle. De fait, il n'y a que nous qui dégageons.
Nous fûmes sept nations européennes qui colonisèrent l'Afrique au XIX-XXè siècles : l'Espagne, le Portugal, la Belgique, l'Italie, la Grande Bretagne, la France, plus le 2è Reich allemand jusqu'en 1919. Où sont aujourd'hui les bases anglaises, italiennes, belges, portugaises ou espagnoles sur ce continent ? Ces pays sont-ils pour autant coupés de l'Afrique ? Le concept de françafrique n'est pas vicieux en soi dans un esprit de développement même s'il offre un hamac aux dirigeants qui en profitent ; il le devient quand y est associée une gendarmerie coloniale. Cette frénésie du tutorat était perceptible encore récemment par l'allure en surplomb du président Macron dans les quelques conférences ou voyages qu'il a consacrés aux pays francophones africains. Cette attitude condescendante est devenue insupportable chez les élites africaines qui, bien incapables d'arracher leur pays à la misère promise par toutes les statistiques, ont diffusé l'idée d'une responsabilité sournoise de l'ancienne puissance coloniale faisant feu de tout bois pour se maintenir à son avantage. Et sachant que moins une théorie est visible, plus elle a de chances de s'imposer, des foules entières ont occupé leurs jours de libres (ils le sont tous) à vilipender la France. Que cela nous serve de leçon. Mais, franchement j'en doute, dès lors que nous n'avons commencé aucune négociation avec les pays hôtes pour leur reverser nos bases navales et dénoncer des accords de défense qui ne sont actionnés maintenant qu'en cas de troubles politiques intérieurs. Au contraire, M. Macron persiste à vouloir "former" les armées nationales ! A sa décharge, ce n'est pas facile de solder proprement cinquante ans d'errances.
On peut chercher des poux dans la tête de M. Sarkozy, auquel ressemble beaucoup Emmanuel Macron, qui voulait faire quelque chose de grand sous son mandat et qui a vu la "libération" de la Libye comme son apothéose. Sauf qu'en la matière comme en tant d'autres (clic) il n'a pas vu grand chose. Il a ruiné les équilibres fragiles sahariens pour laisser déverser sur la bande sahélienne les arsenaux pillés du colonel Kadhafi. Avec moins de morgue, il aurait pu anticiper à la mort du tyran une guerre civile libyenne appuyée par des tiers intéressés pour la capture des gisements pétroliers colossaux. Mais cela était too much pour sa comprenette et le PDG de Total lui aurait été plus utile qu'un BHL en jabot. Son successeur eut le bon réflexe quand, à l'appel de l'Etat malien, il fit détruire la colonne djihadiste qui descendait vers Bamako et libéra Tombouctou. Il aurait fallu mettre en place (comme cela fut fait à Alger) les conditions d'une négociation inter-ethnique malienne et dire à ces messieurs qu'ils étaient grands garçons maintenant pour résoudre leurs problèmes inextricables, en un mot, l'Azawad. Et je ne crois pas que François Hollande ait décidé en son for intérieur d'augmenter l'empreinte française au Sahel au milieu du bordel ambiant. Mais il fut, à mon avis individuel et portatif, circonvenu par l'état-major qui l'a ébloui de manœuvres brillantes sur la caisse à sable afin de plier l'affaire dans la grande tradition des compagnies sahariennes. Et Serval devint Barkhane et Takuba etc..., opérations visant à européaniser la lutte anti-islamiste et le soutien aux Etats noirs, sur le grand calendrier de la défense européenne chère à M. Macron. Echec pour une raison primordiale : la ressource des katibas islamistes est inépuisable ! Prendre une heure pour relire l'article-cadre ici et les articles préalables associés. Mais tous nos amis ne nous en veulent pas puisque les Belges, les Allemands et les Italiens confirment leur présence autour du pôle américain d'Agadès, pour peu que la junte de Niamey consente à remettre en jeu le pouvoir un jour dans des élections démocratiques. Elle a demandé trois ans. Les Nations Unies viennent de reconnaître le pouvoir en place. C'est une gifle. De fait, il n'y a que nous qui dégageons.
Nous fûmes sept nations européennes qui colonisèrent l'Afrique au XIX-XXè siècles : l'Espagne, le Portugal, la Belgique, l'Italie, la Grande Bretagne, la France, plus le 2è Reich allemand jusqu'en 1919. Où sont aujourd'hui les bases anglaises, italiennes, belges, portugaises ou espagnoles sur ce continent ? Ces pays sont-ils pour autant coupés de l'Afrique ? Le concept de françafrique n'est pas vicieux en soi dans un esprit de développement même s'il offre un hamac aux dirigeants qui en profitent ; il le devient quand y est associée une gendarmerie coloniale. Cette frénésie du tutorat était perceptible encore récemment par l'allure en surplomb du président Macron dans les quelques conférences ou voyages qu'il a consacrés aux pays francophones africains. Cette attitude condescendante est devenue insupportable chez les élites africaines qui, bien incapables d'arracher leur pays à la misère promise par toutes les statistiques, ont diffusé l'idée d'une responsabilité sournoise de l'ancienne puissance coloniale faisant feu de tout bois pour se maintenir à son avantage. Et sachant que moins une théorie est visible, plus elle a de chances de s'imposer, des foules entières ont occupé leurs jours de libres (ils le sont tous) à vilipender la France. Que cela nous serve de leçon. Mais, franchement j'en doute, dès lors que nous n'avons commencé aucune négociation avec les pays hôtes pour leur reverser nos bases navales et dénoncer des accords de défense qui ne sont actionnés maintenant qu'en cas de troubles politiques intérieurs. Au contraire, M. Macron persiste à vouloir "former" les armées nationales ! A sa décharge, ce n'est pas facile de solder proprement cinquante ans d'errances.
" A sa décharge, ce n'est pas facile de solder proprement cinquante ans d'errances " dites-vous cher ami ? Sans doute mais à une condition pour réussir : qu'il ait la moindre connaissance du monde africain. Hélas, comme vous le savez, ce n'est pas le cas. Mais au fond a-t-il la moindre connaissance de quoi que ce soit qui nous soit important ou utile. Il n'y a pas l'ombre d'un doute, Sarkozy (qui n'a pas que la Libye à son actif) comme Macron nous aurons mis dans de beaux draps là-bas. JYP
RépondreSupprimerNous subissons le choc de politiciens de rencontre que nous fournit le système démocratique. Au lieu de compétences avérées, arrivent à émerger du cirque électoral des histrions finalement peu cultivés dans leur domaine d'emploi. Tant Sarkozy et Guaino dans le "discours de Dakar" que Macron dans un amphi au Burkina Faso en pleine condescendance, n'ont rien compris au film colonial. Hollande était plus réaliste, mais son caractère peu affirmé ne fut pas un obstacle aux désirs de primes et médailles des cadres de l'armée d'active.
SupprimerIl faudra attendre 2027 pour savoir si nous risquerons nos chances de normalisation en Afrique ou si nous continuerons à passer d'une déconvenue à l'autre, toujours noyées sous des tombereaux de justifications moisies. Je n'ai aucune confiance en MLP qui n'y connaît rien non plus ; moins encore en Zemmour qui enfile les perles des autres dans le mauvais ordre.
Je suis hélas aussi dubitatif que vous.
RépondreSupprimerComme je l'ai dit tout à l'heure, le système démocratique (ou cirque électoral) ne nous fournira pas de solution, et on n'en changera pas.
SupprimerAucun leader politique français n'a une vision claire d'un désengagement à l'anglaise. Donc nous subirons les décisions d'autrui et réagirons en conséquence sans voir où est notre véritable intérêt.
Faut décaper l'épure à l'acide.
Le Maroc n'a pas traîné. A Marrakech, le royaume chérifien a validé les trois juntes sahéliennes et leur propose un accord géopolitique avec ouverture sur l'océan atlantique, donc un désenclavement (ndlr - de la CEDEAO).
RépondreSupprimerLe communiqué officiel est sur le site du MAE marocain (clic).
C'est ce qu'on appelle de la diplomatie.