Lors de la réunion royaliste de Rennes, Henry Le Bal réaffirmait avec force que "notre service est incarné, incarné dans le Prince, et nos actions et activités doivent toujours avoir en vue ce "principe vivant", ne rien entreprendre qui puisse nuire au Prince".
Ce précepte est fondamental en royalisme, autant pour soutenir le principe que pour préserver l'affect que la position doit provoquer et maintenir. Aimons nos princes. Aimons tous nos princes, sans exception, les voies de la Providence sont impénétrables.
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Les meilleurs royalistes sont les plus modestes, ceux qui n'ont pas choisi de champion. Sur quels critères ce championnat ? La fonction royale transcende l'homme qu'elle écrase, comme l'Histoire nous l'a souvent montré. C'est à la guerre qu'on sait le bon soldat, jusque là c'est un jeu de rôles. A preuve les chaînes de commandement sont souvent renouvelées dans les premières semaines des hostilités.
Nos princes sont en l'espèce tous capables du meilleur. Sachons leur en gré.
A charge pour eux de se préparer concrètement à la fonction de prince régnant, bien au-delà de la formation naturelle familiale qui est un des arguments de la monarchie héréditaire, d'autant que dans ce domaine-là les ruptures choisies ou subies ont été malheureusement fréquentes. Ceci suppose une formation poussée aux sciences politiques et économiques, car il est fini le temps des chefs d'état sommeillant en leur conseil. La contraction du monde et en conséquence celle du vecteur temps, exigent une "réactivité" rapide, un sens d'analyse aigu de la justesse des propositions tierces, une perception immédiate de l'environnement stratégique du moment, un don d'évaluation des conseils internes, une forte capacité de synthèse pour décider sans essais.
Qu'à ce titre nos princes ne soient pas leurrés par la "cour" qui s'agrège autour d'eux, ou comme l'avait dit à certains Serge de Beketch dans son Libre Journal : "Libérez nos princes !".
L'avenir n'est pas un tapis de pétales de roses, ni radieux, ni glorieux. Les circonstances les plus probables de leur retour seront le chaos, la ruine de l'Etat, le doute de la Nation, sa fracture. Avant de monter en calèche, il leur faudra peut-être risquer leur position sociale ou même leur vie, avec toute la noblesse de leur race. C'est aussi pour le chemin futur de tous les périls que nous devons les aimer déjà, nos princes.
Qu'ils sachent aussi que la charge écrasante de roi n'est pas une condamnation inéluctable qui les menace. Plus que le premier à Reims, ce sera sans doute la résilience mentale disponible de l'être en chacun qui organisera le choix. Qu'on se souvienne des mots terribles de Louis XVI dans son testament : " Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ..."
Quelle responsabilité en effet ! On est autorisé à broncher !
A charge aussi pour eux de veiller au principe même du système et de se maintenir dans l'axe de nos lois fondamentales avec le moins d'écarts possibles, tant qu'ils ne sont que des hommes. Ces lois de dévolution dynastique sont au nombre de 7 comme les piliers de la Sagesse.
- Loi de dévolution ou de successibilité automatique excluant les "arrangements" ; c'est une spécificité capétienne ;
- Loi salique de primogéniture mâle du successeur qui exclut les filles, même à faire "planche et pont" à un fils ;
- Loi d'indisponibilité, le roi est incapable de disposer de la couronne au bénéfice de quiconque ;
- Loi de catholicité de la maison royale ;
- Loi de légitimité excluant l'héritage par le sang en dehors des mariages légitimes ; dommage pour Mgr Napoléon-Balthazar ;
- Loi de nationalité, un roi français sur des terres françaises ;
- Loi de souveraineté intégrale, le roi de France est empereur en son royaume.
Ces lois forment la spécificité capétienne. Elles sont un corpus juridique construit au cours des siècles et non pas un socle mythique de la légende arthurienne, donc amendables après deux siècles de déshérence. On peut relire trois billets précédents qui en discutaient sur ce blogue et qui sont cliquables ici(1), ici(2) et là(3).
Le dernier mot à l'ami Chauvin qui hiérarchise les temps et nous prédit que le Prince, au-dessus de l'agitation gouvernementale - se dévouera à la longue quête. Acceptons en l'augure même si dans une monarchie active le vol majestueux du condor au-dessus des contingences vulgaires ne soit à mon sens qu'une figure de haute école :
Dans un monde de plus en plus “pressé”, la monarchie offrirait à notre temps l’avantage de “pouvoir prendre son temps”. Elle rendrait aussi au Politique (aujourd’hui écrasé par l’Économique) sa dignité et son efficacité, sa fonction d’assurer la sûreté, la justice et les libertés. Sans être une solution miracle, elle permettrait à la France, puissance moyenne mais d’influence et d’équilibre, de retrouver les moyens de sa politique et le temps nécessaire pour l’assumer...
Reste à “faire la Monarchie”, tâche rude mais devant laquelle toute personne soucieuse de l’unité française et des libertés publiques ne peut s’abstenir. Conquérir peu à peu le “champ des possibles” commence par un travail humble de réflexion et d’action, par le service des autres et la diffusion des idées royalistes. Et ne perdons pas de vue les Princes qui incarnent, non pas nos seules espérances, mais celles des générations françaises à venir.
(Jean-Philippe Chauvin)
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