Il repose à Madrid en la chapelle de Las Descalzas Reales à côté de son fils aîné.
Lui succéda à la tête de la maison de Bourbon son fils cadet Louis-Alphonse, popularisé en France par le livre de Thierry Ardisson, Louis XX (Folio n°1912). Dès avant sa titulature d'aîné des Bourbons, la cour d'Espagne avait en 1987 décrété non héréditaire le titre de "duc de Cadix" que portait son père, au motif qu'il appartenait à la couronne d'Espagne à laquelle celui-ci avait renoncé. Le prédicat d'altesse royale porté sur l'acte de naissance de Louis-Alphonse ni aucun titre de courtoisie ne furent maintenus, exilant de ce fait l'aîné des capétiens de l'almanach royal espagnol.
Pour marquer le coup, aucun membre de la Casa Real n'alla en République dominicaine en 2004 au mariage du jeune duc d'Anjou, appelé, quand l'occasion y oblige, simplement : excelentísimo. Est-ce une piste pour Beaver Creek ? La clef de ce bannissement est-elle dans la photo ci-dessous ?
La Cour d'Espagne voulut-elle estomper la "souillure" franquiste pour fédérer plus largement les cœurs hispaniques, d'autant que la reine Sophie de Grèce ne doit pas apprécier les juntes militaires, comme celle des colonels qui a déposé son frère Constantin. L'histoire ne le dira pas, puisqu'on n'a jamais pu retrouver l'employé de piste qui a tiré le câble, et l'abaissa avant de partir.
La biographie du prince Alphonse de Bourbon est dans la Wikipedia. Il fut un prince européen dans la grande tradition des Bourbons. Financier averti et sportif avéré - il fut champion universitaire de ski - il exerça ses dons d'avocat au barreau de Madrid, puis fut nommé ambassadeur d'Espagne à Stockholm à partir de 1969, DGA du Banesto et du Banco Exterior, et président du Comité olympique espagnol. Il savait son destin français depuis l'accueil chaleureux qu'il avait reçu en France lors du Millénaire capétien proclamé par le président Mitterrand en 1987. C'est cette année-là que les Français découvrirent une option royaliste nouvelle sans trop connaître les tenants et aboutissants de la question dynastique. Jusque là ils suivaient la saga d'Orléans dans la presse mondaine, sans savoir qu'il existait aussi une saga Borbón y Dampierre dans la presse espagnole. Sa disparition prématurée ne permit pas d'exploiter le filon populaire autant que possible pour acclimater l'idée royaliste, son fils Louis-Alphonse n'ayant alors que 15 ans.
C'est l'ancien chancelier légitimiste, Hervé Pinoteau, qui parle avec le plus de naturel du prince Alphonse. Nous vous adressons à une communication qu'il a faite sur Vexilla Regis : Le prince que j'ai servi.
Aujourd'hui nous aurons une pensée en prière pour le repos de l'âme d'un prince de qualité qui aimait la France.
Notice historique
Cet anniversaire est l'occasion d'évoquer les origines de la maison de Bourbon. Le fief d'origine est à Bourbon l'Archambault (département français de l'Allier). Les chroniques signalent un sire de Bourbon, Aymar, fondateur de l'abbaye de Souvigny (03210) où se trouvent les gisants des derniers ducs de Bourbon, et qui aurait commencé le château dont on voit encore certaines ruines. Il serait mort vers 921. La sirerie devient seigneurie et le château réellement fort, avant que le bourg ne se transforme ensuite en une véritable forteresse armée de 15 tours de défense.
Les seigneurs agrandissant leur fief jusqu'à Montluçon se déclarent vassaux du roi de France, et le roi Charles IV éleve leurs possessions en duché en 1327.
Le raccord avec la couronne de France s'opère par Robert de France (1256-1317), comte de Clermont, 6° fils de saint Louis, qui épouse Béatrice de Bourbon (de la maison de Bourgogne) et dont la lignée aboutira en 1584 à Henri III de Navarre, devenu Henri IV de France.
Le plus connu des ducs est Charles III (1490-1527), Connétable de Bourbon, dont la mère du roi François Ier, Louise de Savoie, capte l'héritage, le jetant de dépit sous la bannière de Charles-Quint.
La branche espagnole des Bourbons actuels descend du second fils du Grand Dauphin (fils aîné de Louis XIV), Philippe, duc d'Anjou. La cascade est la suivante : Philippe V d'Espagne, Charles III, son fils, Charles IV son fils, Ferdinand VII son fils, Isabelle II sa fille mariée à l'infant François, lui-même fils du frère cadet de Ferdinand VII, François de Paule, puis Alphonse XII leur fils, Alphonse XIII son fils, dernier roi en primogéniture. Le roi Juan Carlos désigné par Franco procède de la branche cadette issue d'Alphonse XIII. Il prône le retour aux Partidas de 1265, ce qui abolirait la loi salique franque au bénéfice de la progéniture féminine de son fils, Felipe. Le prince Louis de Bourbon est l'arrière-petit-fils en ligne directe d'Alphonse XIII, et descend donc tranquillement de saint Louis.
Compléments apportés lors du trentenaire de la mort d'Alphonse de Bourbon
Témoignage de *Gérard* sur le site Noblesse & Royautés en date du 1er février 2019 @ 17:29 (lien N&R)
Ce soir-là peu avant 16h, le prince, excellent skieur et amateur de vitesse, vérifiait les pistes de Beaver Creek avec son ami le champion autrichien Toni Sailer, sa première épouse Gabi et l’agent de sécurité des championnats, le canadien Ken Read et peut-être le golfeur Gaby Rummeny, avant les épreuves.
Sailer vit qu’un câble d’acier tressé de quatre millimètres de diamètre, qui était destiné à soutenir un panneau publicitaire annonçant la nouvelle ligne d’arrivée, plus proche que la précédente, était placé trop bas et voulut avertir les autres skieurs du danger.
Le prince le suivait à quelques mètres et il lui dit en allemand, que le prince comprenait : « Alfonso, fais attention aux gens qui travaillent en dessous ! », Alfonso passa à sa gauche et heurta le câble de la poitrine ce qui sous le choc le déplaça et l’aurait fait tomber sur sa nuque.
Des personnes sur le bord de la piste avaient crié à Don Alfonso pour lui signaler l’obstacle, il les aurait vues et entendues et aurait fait un geste pour montrer qu’il l’avait remarqué et il aurait effectivement essayé de l’éviter.
On mit en cause le responsable du câble Daniel Conway qui était sur les lieux et n’avait pas signalé le danger. Il aurait semble-t-il remonté le câble à 1,65 m juste avant le passage d’Alfonso qui mesurait 1,85 m. On dit que peu après Conway disparut. Peut-être que cette vérification n’avait pas été signalée au personnel alors qu’en principe la piste était fermée.
On considéra après l’enquête que c’était un homicide involontaire à la suite sans doute d’un manque de coordination. Il y eut ensuite une transaction avec les assurances au profit du fils de la victime représenté par sa mère. Le dossier de l’enquête aurait depuis été détruit.
Le prince respirait encore et quand on l’emporta, on pouvait a-t-on dit encore sentir son pouls. Mais à l’arrivée tardive au centre médical on constata le décès et le rapport d’autopsie conclut au décès immédiat. On l’aurait d’ailleurs laissé sur la neige assez longtemps. L’autopsie fut longue au Tomford Mortuary d’Idaho Springs. Elle montra en tout cas que le prince n’avait pas consommé d’alcool ni de stupéfiant. L’autopsie précise qu’il présentait une blessure très profonde formant un demi-cercle dans le cou. Il ne fut pas décapité. Le câble s’était brisé en heurtant les cervicales.
Ce n’était pas semble-t-il le premier accident mortel sur cette piste mal balisée selon Hervé Pinoteau. Il était plus de minuit en Espagne quand le roi fut prévenu, il appela Don Gonzalo son cousin qui téléphona à sa mère à Rome puis partit sur un avion militaire que le roi avait demandé, en compagnie du marquis de Villaverde le beau-père du défunt.
L’actrice argentine Mirta Miller, qui a été l’amie du prince pendant de nombreuses années et en parle toujours avec émotion, ne croit pas, a-t-elle dit ces jours-ci, que Don Alfonso devait épouser l’archiduchesse Constance, même si elle pensait que s’il se remariait un jour ce serait avec une aristocrate. Elle insiste aussi sur le drame qu’il avait vécu du fait de la mort de Francisco son fils aîné dont il ne se remit jamais.
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