Penser, cet exercice qui nous fit un jour descendre de l'arbre est dangereux. Vous risquez la libération de votre esprit et franchir sur le sérac de votre témérité intellectuelle, la crevasse qui sépare l'hétéronomie¹ de l'autonomie¹. L'esprit libre vous fait "libéral". Quelque sorte de monstre enfanté loin du regard de votre Créateur par un démon rousseauiste, voire pire, maurrassien peut-être. Sans l'avoir cherché, autonome, vous bravez les forces supérieures auxquelles appartient votre destin
et ce que vous concevrez de la sorte sera à chaux et sable non amalgamés, inliés, vite érodé, vite ruiné. La liberté de penser offense les dieux ! Vous vous croyiez libre ? Folie, vous devez obéir à l'Invisible, même s'il est acté chez tous les peuples de la Terre que "
". En principe, fini donc le Code Noir, fini l'acquisition légale de pouvoirs
. On n'y reviendra pas. Jamais ! Euh ... la liberté de conscience ? Vous n'y êtes pas du tout.
Penser conduit à rompre la laisse dès lors que cet exercice intellectuel rend l'esprit vagabond et le détache des vérités révélées par les puissances transcendantales qui peuvent en faire, si elles veulent, du petit bois. Vous devez étudier la Révélation sans la penser. Apprendre par cœur le Magistère de l'Eglise - les madrasas sont un exemple à suivre -, ingérer la Somme de saint Thomas d'Aquin et les commentaires autorisées de l'époque moderne, apprendre les Lois Fondamentales à leur dernier stade de pétrification, et ne faire aucun bruit susceptible de réveiller la Providence qui cache sa montre dans son gousset.
D'ailleurs, les clubs royalistes adeptes de l'hétéronomie sont des cercles d'études et jamais de pensée. Ils sont les conservateurs de la vraie foi royaliste, et contre cela il n'y a rien à dire. Le dogme est connu pour n'y point revenir. Un dogme n'est pas
évolutioniste. Les hésitants peuvent passer par le blogue du Trône & l'Autel. Respectueusement et trivialement aussi :
il en faut ! Même si le profil mental de l'Ultra est exactement celui du taliban.
Qui ?
Du taliban.
Les talibans sont des « néo-fondamentalistes » qui visent au retour de la pureté originelle de l'islam. Au contraire des islamistes
vulgaires, ils veulent d'abord réislamiser les mœurs, la justice, les êtres humains avant de construire un Etat. Même s'ils marquent une préférence pour le califat, la forme de l'État, son régime politique, n'a pas d'importance pour eux, à la condition de respecter la loi divine². Et seuls ceux qui l'ont étudiée, c'est-à-dire les talibans, sont à même de l'expliquer aux fidèles et d'en assurer le respect.
D'où le néologisme que l'on croise dès fois sur les fora où l'on s'énerve :
"catholiban, va !".
A preuve, dans la définition ci-dessus il n'est que de changer les termes "islamiste" par "royalistes", "réislamiser" par "rechristianiser", sachant que ceci ne peut être l'œuvre que de la FSSPX. Auriez-vous reconnu quelqu'un ?
On revient sur terre ?Le déclin de notre pays pourrait-il être enrayé par un changement de régime politique ? Chacun sait qu'il faudra plus que ce changement pour remonter la pente, et d'abord vaincre l'affaissement moral de la société française qui plombe littéralement le pays. Mais, ceci étant, d'aucuns pensent
(oui, oui, ils osent) que remettre une monarchie en tête de pyramide serait une solution apportant aux corps sociaux les garanties de base assurées par l'exercice inentravé et désintéressé des pouvoirs essentiels de l'Etat, ceux que l'on qualifie de "régaliens" (les bien nommés). En forme de slogan :
sortir l'Essentiel du jeu politicien.
Les chemins qui y conduisent sont divers, mais une certitude est d'acception commune : "on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif" ; essayez ! Des siècles d'implication volontaire des corps sociaux dans le Politique - les Etats-Généraux ce n'est que ça -, ont convaincu le citoyen qu'il fallait au moins lui demander son avis, directement ou pas, voire même faire semblant, mais aller chercher d'une façon l'autre son acceptation ou sa neutralité désintéressée. En résumé, il faut travailler l'Opinion.
La monarchie ne sera pas possible si les corps d'influence politique qui charrient publiquement les scories de la propagande révolutionnaire, restent les seuls en scène, à la débiner au moindre prétexte. Les raisonnements monarchistes, leur articulation dialectique et les images porteuses d'affect, doivent être entendus et le moins mauvais vecteur de cette
propagande est de créer le marché d'opinion qui éveillera l'intérêt des médias mercantiles. Beurrrrk ! D'où le travail de réacclimatation de l'idée royaliste en France au niveau de la particule élémentaire qu'est l'individu (le pécheur de l'ultra), par tous moyens, même les plus anodins s'ils sont redondants et nombreux. A ce titre, la dernière émission³ "Des Racines et des Ailes" sur la cathédrale de Reims fut exemplaire d'une bonne propagande, même involontaire. Ces particules ionisées royalement se multipliant, créeront le marché précité, ce qui y attirera les faiseurs d'opinion et les dictateurs de la mode, jusqu'au déclenchement d'un effet boule de neige.
Je crois que Thierry Ardisson laboure ce sillon, mais quelques autres aussi, comme Lorant Deutsch, Patrick Besson, Didier Barbelivien ou paraît-il Isabelle Adjani et (au-delà de ces pitons dialectiques) des
dizaines encore plus ou moins discrets mais dont les noms chantent au public.
De ces chemins, le parti de l'
Alliance Royale a choisi la notoriété par le combat politicien de plein jour et s'est organisé en conséquence, avec une plateforme politique, des sections locales, des programmes électoraux appropriés à chaque scrutin, etc...
A quoi le catholiban-ultra dit
STOP !Approcher le peuple sous tout autre angle que celui du troupeau de brebis pasteurisé par la Révélation est impur. Faire seulement mine de lui demander son avis établit la "souveraineté populaire" et exalte le péché mortel du "suffrage universel". La démarche est salissante pour l'âme, et l'on se doute bien qu'il n'est de meilleur nettoyant de l'âme que le brasier du bûcher. A cette proclamation, le royco collant s'interrompt, pose la brosse dans le seau et roule les affiches. Quoi faire alors ?
"Attendre la Providence en étudiant ses enseignements, sachant que le roi est désigné d'avance, ce qui est rassurant, et se confire en espérance par la prière".
Finalement, pas si taliban que ça ! Le vrai de vrai empoche son coran, sort le sabre et va couper des têtes !
Moralité : ne pensez pas, avalez ! soyez une oie pieuse assidue au gavage et vous serez sauvée. "Royalistes, le roi ne vous concerne pas", telle est l'injonction de l'ultra.
Et paradoxalement, je suis d'accord avec lui. Comme dit quelquefois sur ce blogue, ma seule ambition une fois le roi revenu est d'imiter Cincinnatus, suivre mes grands bœufs blancs sur le sillon fumant de la glaise d'octobre, et laisser les choses politiques aux mains de professionnels qui y risqueront leur peau. Chacun son métier ; mais qu'on ne vienne pas me disputer la liberté de conscience, sauf à risquer l'éventration.
Mais pour y atteindre, à mon nirvana du royaume revenu, il faut d'abord se sortir les doigts du c.l et ne pas s'abîmer en dévotions. Pour le prie-dieu, il sera toujours temps !
Ôtez les tapons de fût !
Note (1): Au sens politique, on dit qu'une collectivité, un pays... sont autonomes quand ils s'administrent selon des lois qu'ils se sont eux-mêmes données, au lieu de les recevoir de l'extérieur. En philosophie, ce terme désigne la libre disposition qu'a une personne de sa volonté. Si celle-ci est entravée, soumise à des contraintes extérieures, ou invalidée par des impulsions non contrôlées, il y a hétéronomie.
Note (2): chez le catholiban, la loi divine exige la monarchie absolue transcendée de droit divin et exercée selon les lois fondamentales du royaume de France. On peut bien sûr partager cette définition sans cotiser à la Sainte Inquisition.
Note (3): voir dans les archives de FR3, l'émission du mercredi 11 novembre 2009 et ses trois sujets : "dynasties", "le sacre", "une cathédrale pour l'éternité".
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