mercredi 27 juillet 2011

BREAK !

 

La Restauration attendra-t-elle ?

Bonnes vacances à tous et à chacun !

lundi 25 juillet 2011

Où est le Royal Shadow Cabinet ?

L'endive de Savoie qui fait le commissaire français à Bruxelles s'est insurgé le 11 juillet contre les agences de notation qui ne nous trouvent pas aussi beaux que nous pensions l'être. Il faut dire que la situation financière européenne inquiète bien au-delà des agences, et les détenteurs de créances ne sont pas rassurés par les plans d'austérité lancés le dos au mur par les Etats acculés, plans qui risquent d'enrayer l'économie et donc de compliquer sérieusement le règlement des intérêts échus. Que sera demain la réunion de l'Eurogroupe sur le défaut grec ? Technique, uniquement technique. Les nombreux présidents¹ de l'Europe n'ont aucune vista.

Les Cassandres, celles dont les pouvoirs politiques refusent par principe les prédictions, nous avertissent d'une météo financière très dégradée au tournant de l'année, quand les catcheurs pour de rire auront fini d'amuser l'estrade et que les couillons seront taxés comme les gueux de la forêt de Sherwood. Vous et moi.
Parce que je ne crois pas à l'effondrement du système américain annoncé depuis trois ans déjà par des "économistes hors-sol" et parce que la dispute entre le président Obama et les Républicains dramatise à outrance le défi de la dette pour se coucher ensemble dès la onzième heure venue, j'ai pris le parti d'explorer les voies de salut de nos Etats à notre détriment ; et elles sont nombreuses. Comme la Grande Armée retraitant de Russie, ils boufferont leurs chevaux, c'est-à-dire, nous !

Notre situation à nous ? Elle est à peine meilleure que celle de l'Italie qui n'est plus mal traîtée que pour deux fausses raisons : les censeurs redoutent les tocades du satyre national et ne prennent pas en compte le PIB immergé historique qui fait 15 à 20% du produit réel, le portant au niveau de celui de la France. Le plan drastique d'austérité qui vient de passer au parlement de Rome (salaires, retraites, fonction publique, ticket social modérateur, niches fiscales) est plus soft que celui qui nous attend quand la vague de défiance aura sauté le brise-lames italien, car toutes ces mesures nous les avons déjà prises, à nul effet nous l'apprendrons ! Quand nos emprunts de cavalerie² légale seront placés sur le marché à des taux facilement du double des taux actuels, le premier poste budgétaire qui est de servir la Dette deviendra vite écrasant au fur et à mesure du renouvellement des bons, et nous serons enfin un pays africain mettant en accord nos moeurs et notre diversité. J'en vois à Barbès qui se marrent.
Que fera alors le peuple immense des veaux reste un mystère. A le voir se comporter dans le métro et les trains de banlieue, pas grand chose au premier abord.

La manip
Le gouvernement évitera de toucher au livret A et aux petites pensions car son projet n'atteindrait pas le Palais Bourbon sur le chemin duquel les réverbères sont nombreux. Les pauvres épargnés au départ, la classe moyenne et les fonctionnaires ne pourront pas compter cette fois sur les gros bataillons de couillons manipulés qui sont là pour faire peur à la une des quotidiens. Les syndicats non plus, qui ameuteront les profs, l'EDF, la Poste, les pompiers et la SNCF hors week-end.
Souvenons-nous déjà que la dette souveraine est du même ordre de grandeur que l'épargne des ménages (cf. patrimoine financier net à l'Insee) et pour un cinquième détenue par les contrats d'Assurance-vie. Soixante-dix pour cent de cette dette est détenue par des non-résidents (suivre la répartition des détenteurs ici). Comme il n'y a aucune chance que l'Etat mette en péril sa position diplomatique mondiale, son siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU et une foultitude de positions éminentes dans des organisations diverses et variées (dont le FMI) qui profitent à la classe politique, il ne plantera pas les étrangers. La France ne fera pas défaut. Suivez mon regard. L'Etat s'intéressera donc aux prêteurs domestiques.
Confisquer du patrimoine aux possédants français qui lui ont fait confiance ne l'émouvra pas, si dans le même temps, au motif de préserver la notation des agences, il brise le modèle social afin de répartir également les souffrances. Un coup sur les faux riches, un coup sur les vrais pauvres. L'occasion ou jamais de couper avec la gangrène soviétique laissée par la Libération ?
Si l'on y réfléchit bien, de n'importe quel bord politique qu'on l'observe, la déconstruction obtenue ne sera boudée, puisque l'évacuation du fatras réglementaire permettra à chaque expert des partis de livrer son idée de nouveau contrat social sur une page blanche. Le rêve du penseur.
Finalement, taper dans l'épargne des ménages sera tout bénéfice, politique et financier, sous les applaudissements nourris des bailleurs de fonds étrangers qui détestent notre modèle social arrogant et notre messianisme libertaire.

Là où ça se gâte
A partir de ces confiscations baptisées de quelques noms technocratiques dont les conseillers "com" ont le secret, le Gaulois qui sommeille dans tout Français de souche, ou de papier non-norvégien, entrera en insurrection mentale. Il pétera les plombs, car le patrimoine c'est sacré, comme les vacances au Tréport, la petite résidence secondaire sur heures sup, la piscine en plastique, la bagnole roumaine, le camping et le cubitainer de rosé. Les brigades de contrôle de notre civisme fiscal et social qui policent d'ordinaire la société au bénéfice de l'Etat se trouveront alors en danger de mort. Depuis l'exécution de deux inspecteurs du travail au Périgord en 2004, qui a soulevé une vague de tacite désintérêt au grand dam de la fonction publique (clic), les agents de terrain le savent et ne sortiront plus de leurs bureaux. Ceux que vous rencontrerez seront polis voire obséquieux, et évanescents. L'Etat prédateur fera retraite comme l'hyène vers sa caverne, la gueule obstruée par un jambon : la police publiera ses états d'âme, les pompiers demanderont des protections qu'on n'assurera pas, la gendarmerie analysera ses plans de carrière, les postiers exigeront des guichets blindés, des zones urbaines entières passeront à l'anarchie, la télé amplifiera l'alarme, et tout dès lors risquera d'arriver. Un Mexique avec une crise argentine. Tout ! Même et y compris l'évaporation du gouvernement comme en mai 68, si les hordes d'insurgés se pressent autour des ministères.
Ce sera... l'aubaine !
La septième du genre en 160 ans : 1851 - 1873 - 1940 - 1944 - 1958 - 1968.
Nos princes, qui sont prêts depuis longtemps à assurer leur propre destin, le sont-ils autant à assurer le nôtre ?

Réflexions pour le CMRDS qui vient

Les mouvements politiques ne peuvent suffire à leurs adhérents s'ils se cantonnent dans l'académique. Il faut "combattre". Et le but doit être net autant que le chemin choisi pour aboutir. A défaut, le recrutement en souffre et les effectifs fondent dans ce qui devient un groupuscule mécontent, pas bien méchant au final pensent les RG. Mais l'accession d'aubaine se profile déjà qui convoque tout le monde à la manoeuvre, malgré notre impréparation. Qui sait faire quoi ? Si l'on veut bien admettre qu'à l'heure de l'assaut, les commémorants et les cercles pleureurs seront de peu d'utilité - encore qu'ils risquent d'encombrer les couloirs - où sont les joueurs de mêlée et le pack qui vont balle à la main ouvrir le chemin du roi vers le Congrès, seule institution capable d'acter la rupture systémique ?
Pour faire à la page, où est le shadow cabinet ?

La maigreur des effectifs impliqués dans le mouvement d'après-guerre a fait le lit du concept d'une poignée d'acteurs déterminés instrumentalisant avec succès les débris des forces étatiques pour avancer leur agenda comme à Moscou en 1917, bien qu'on n'ait jamais vu chez nous l'effet positif de cette poignée redoutée qui se tiendrait prête. Jusqu'à plus ample informé dans l'action visible, nous nous en tiendrons aux choses communes.

Ayant caressé un temps l'idée d'un conseil politique du prince, convenablement staffé d'acteurs économiques et politiques en plus grand nombre que les contemplatifs de l'Université, je me suis fait la remarque qu'il y perdrait le prestige et le confort de sa position d'éternel estivant (comme disait Brassens), prétendre oui, mais jamais prendre. On peut croire sans poser la question que la République cessera d'adresser des invitations protocolaires, des décorations et peut-être des emplois dans ses fromages, dès lors que leur bénéficiaire se sera mis indubitablement dans une position de contestation active du régime par l'organe d'un conseil de compétences de niveau gouvernemental. Pour s'en tenir au domaine régalien, imaginez le duc de Saint-Chose critiquer chaque semaine publiquement les positions diplomatiques du Quai d'Orsay, le comte de Montmachin éplucher les décrets fiscaux de Bercy et en dévoiler leur perversité, et le marquis de Carrabas tenir salon chaque vendredi pour dauber sur le Code Napoléon et la Chancellerie aux ordres, le tout au nom du prince, leur maître.
Jusqu'ici, rien à craindre.

Ce qui amène ma dernière interrogation.
Mis à part un appel au secours que la Chambre des députés, ou le Sénat ou les deux en Congrès, enverrait au prince pour cesser la crise systémique qui pourrait les emporter tous, appel du modèle utilisé en 1873 pour installer le comte de Chambord au sommet de l'Etat, je ne vois aucun dispositif d'accès performant qui justifierait mon engagement direct dans une structure de prise de pouvoir en second échelon (le premier est dédié aux vrais aristocrates). Et j'en suis bien triste ma foi. Mais selon Christophe Dickès dans l'AF2000 datée du 7 juillet, Jacques Bainville lui-même n'y croyait plus. Soixante ans à tracer le même sillon, on fera le tour de la Terre pour retrouver le début, et de tour en tour jusqu'à la fin du Monde.
Diffuser l'idée monarchique dans l'Opinion pour qu'elle se retourne une bonne fois, semble être la seule voie ouverte, ce qui induit que ce sera à l'Opinion suffisamment éclairée d'appeler le prince à la faveur d'une rupture de paradigme. La Porte des lys c'est donc l'Alliance Royale, du moins dans la mission qu'elle s'est donnée, ré-acclimater les Français au roi pendant les campagnes électorales où les gens écoutent plus attentivement ce type de proposition. La question des moyens engagés est une autre affaire, et pour le moment on se paie un peu de mots.

Même à "cible nette et guidon flou", attendre que le blé royaliste lève dans l'Opinion risque d'être long. Surtout si nous continuons sur les mêmes schémas et sur les mêmes vecteurs d'idées qu'aujourd'hui, si nous continuons aussi à mélanger valeurs sociétales et principes institutionnels, si nous promouvons une religion d'Etat qui a disparu de 95% des consciences, si nous collons à des programmes simplistes édités pour les Nuls³, si nous rêvons le pays réel au lieu de le comprendre, si nous coiffons le tout du handicap de la Querelle dynastique, sottise ultime. A cet égard et pour finir sur un sourire, sans l'apparition du Mérovingien manquant qui actera l'usurpation générale, il n'y a pas d'issue ! Et cette impasse compte beaucoup dans la démotivation des royalistes. La Querelle est la clef du déclin que l'on peut contourner par une communication adaptée. Celle-ci reste à construire. Il faut un million au départ.

A vous les studios de La Gaubretière, à vous les idées !

Note (1) : C'en est risible : président polonais du Conseil de l'UE, président portugais de la Commission, président belge du Conseil européen, présidente britannique du Conseil de l’Union pour les Affaires générales et les relations extérieures, président luxembourgeois de l'Euroroupe, président français de la Banque centrale européenne, président polonais du Parlement européen, et laissons de côté toutes les vice-présidences croisées entre les institutions, chacun ayant autant de pouvoirs de nuisance que les autres et compétent pour intervenir sur tous les sujets, comme d'ailleurs les chefs d'Etat et de gouvernement des pays majeurs de l'Union. Quel foutoir !
Note (2) : emprunter pour rembourser
Note (3) : le programme économique électoral du FN marinisé n'est pas au niveau des enjeux


dimanche 24 juillet 2011

Vrai chagrin (Oslo)

Les Norvégiens sont un peuple fier et courageux qui n'avaient pas succombé jusqu'ici au syndrome sécuritaire ne se connaissant pas d'ennemis. La hache saxonne de ses armoiries si elle rappelle la cosmogonie guerrière des peuples à cornes n'est plus là que pour conjurer le sort.
Hélas, un psychopathe imprévisible a voulu entrer dans l'histoire par le carnage des siens. Il a réussi.
Mes pensées vont à la Norvège, dévastée dans son âme, petite et grande nation à la fois qui créa jadis la Normandie et nous sert aujourd'hui de sentinelle sur le cercle polaire.
Odin accueille ses enfants, mais sur Terre ils ont un roi.


Je sais une forteresse céleste
Qui luit aussi brillante qu'un soleil
Où il n'y a ni péché ni peine
Où jamais une larme est versée

Je suis un voyageur épuisé
Puissent mes pas me conduire
D'ici au pays de mon père
Que Dieu me protège en chemin

Nous Vous remercierons éternellement
Dieu le Père de la sainte Trinité
Car Vous nous êtes tendre et doux
En Jésus Christ !
Amen.

PS : un article sur "les larmes du roi" paraîtra dans l'AF2000 du 4 août.

vendredi 22 juillet 2011

Câblez-vous, je le veux.

La Commission de Bruxelles a gagné la bataille du Net mais peut-être pas la guerre. Au motif louable d'organiser le financement des autoroutes à haut débit dans le cadre d'une directive européenne de stratégie numérique appelée Agenda digital (clic), les professionnels de la filière ont convenu de différencier leur prix d'accès selon le débit et la bande passante offerts. Tous les Européens à 30 Mbps minimum en 2020 et la moitié d'entre eux à 100 Mbps est du domaine du slogan bureaucratique, mais ça marche bien pour contenir la liberté internétique dans les limites imposées, disent-ils, par la comptabilité.

Le triumvirat du projet était constitué d'un producteur de contenu de masse (Vivendi), d'un équipementier des centres de traitement et des voies (Alcatel-Lucent), et d'un transporteur (Deutsche Telekom). Jusqu'ici quoi de pire... sauf que l'amalgame préétabli entre la production et la circulation amène à financer l'une par l'autre et donc détruit la neutralité d'Internet. On crée un tarif, non pas à la valeur intrinsèque du produit, mais à sa sophistication marketing et à l'intensité du désir d'achat. Un peu comme si au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines la Porsche 911 payait le double du camion dix fois plus lourd sur la chaussée à tout le monde.

Tout content d'être aux manettes (il y a une certaine proximité entre la direction de la société universelle et la représentation permanente française au Conseil européen), Vivendi vient de publier ses onze propositions (détaillées ici) que nous listons ci-dessous ; les titres des propositions forment le commentaire du piéton du roi :

(1) Bunkerisation : les créateurs de contenu doivent bénéficier de dispositifs d’incitation adéquats afin de ne pas être évincer par l'arbitrage des marchés. Vivendi-SNCF même combat.
(2) Mutualisation : les fournisseurs d'accès ne peuvent être laissés seuls devant le défi d'investissement que représente l'Agenda numérique. A nous la BERD.
(3) Dérogation de concurrence : les acteurs ne doivent pas être bridés par la Commission dans leur stratégie de domination de leur segment, voire monopolistique.
(4) Création du marché commun numérique : le cadre règlementaire doit être paneuropéen pour éviter le dumping.
(5) L'innovation sans risque : les modèles économiques (actuels) doivent être pérennisés afin de garantir leur profitabilité, gage de créativité.
(6) Passe-droits : les marchés bifaces seront privilégiés entre un créateur de contenu et un transporteur à qui le premier paiera la dîme de priorité de passage, afin de boster l'innovation;
(7) Des crédits : l'Europe doit "encourager" l'investissement puisqu'il y va du bien-être des consommateurs.
(8) Priorité au privé : les lignes et équipements des opérateurs privés auront le pas sur ceux du secteur public, sauf en rase campagne où celui-ci sera appelé à contribution.
(9) Le câble forcé : les obstacles réglementaires au tirage de lignes en fibre optique et le câblage des copropriétés seront levés pour abaisser les coûts de déploiement.
(10) Normalisation : des normes d'exploitation interopérables sont indispensables en Europe afin de rentabiliser les OPA.
(11) Répétition martelée de la neuvième proposition.
C'est donc bien un décalogue, et le président Jean-Bernard Moïse Lévy de découvrir "un degré de consensus remarquable et inattendu entre ces acteurs de toute la chaîne de valeur".

Les dérives d'Hadopi¹ qui consacrent un modèle économique désuet, nous avaient préparés au bétonnage des positions des acteurs du Web qui se sentent menacés par la créativité des geeks. Il faut dire que les internautes leur en font voir des vertes et des pas mûres. La dispute réside dans l'affrontement de deux modèles sociétaux. On sait que force restera à la Loi, mais on peut y aller voir quand même, derrière Benjamin Bayart².


Le système orwellien est pour le minitel. Mais la communauté internétique, née dans l'université américaine des années "peace & love", est anarchique. D'un côté, une architecture en étoile, en roue, vous tenez le moyeu, vous tenez tout ; de l'autre, des fils dans tous les sens, un désordre incompréhensible à SciencesPo. Or dans ce foutoir inimaginable, chacun peut théoriquement servir la Toile à partir de sa propre machine, s'il peut résoudre son alimentation électrique afin de la laisser branchée. Horreur, de l'information sans diplômes, des thèses sans jury, et pire que tout, des inventions sans le CNRS ! Or voilà que se popularisent les panneaux solaires, qui avec un train de batteries au plomb, annulent l'empêchement. C'est très grave, chère médème, car de toute la production de contenu émise sur le Web ce sont les internautes qui assurent la plus grande part aujourd'hui !
Et oui !
Que serait le chroniqueur judiciaire français sans le geek innocent fourvoyé à l'audience de Strauss-Kahn pour tweeter les mimiques du vieux jaculateur privé de parole ? Quand partira le grand reporter couvrir les massacres d'Homps si le geek syrien n'a pas tweeté les images des foules assadistes acclamant leur raïs sur la place de la Nouvelle Horloge ? Qui donne les premières photos de l'attentat d'Oslo ?

Cette "organisation bruxellienne" du Web de demain engage notre liberté de manière insidieuse mais sûre. Moi j'y tiens, même si la liberté peut être vénéneuse, les royalistes ne le savent que trop. Je suis né en un temps où on pouvait être condamné pour avoir nui à personne désignée. Puis est venu avec un ministre communiste le délit d'expression de sa pensée sans personne désignée. Ce qui induit forcément une police de la pensée intime : vous ne pouvez pas penser cela, c'est impossible, voyons ! Reste à capter les canaux de diffusion qui avaient réussi à s'affranchir des anciens. 1984 plus que jamais, mais on n'est pas de la montagne pour rien !

Finissons sur un slogan pour le Parti Pirate, un des acteurs du Net libre qui cherche à se présenter aux élections à venir :

Voler c'est soustraire
Copier c'est multiplier


Note (1): Relire nos billets "Contrôle parental national" et "Hadopi". Plus de billets à propos d'Internet dans la barre de recherche.
Note (2): Sa conférence Internet et Minitel est un must de la Communauté du Libre.

mercredi 13 juillet 2011

Les raisins de la guerre

Le seul "gain" des campagnes afghanes et libyennes sera le test d'endurance et le réglage d'une armée de défense nationale en force de guerre. Nos états-majors ont acquis de l'expérience et ont pu mesurer le niveau de préparation effective des forces à leur disposition à celui de nos alliés, ce qui jusque là était du domaine "intellectuel". Les corrections seront plus sures. (ndlr: commentaire piéton laissé sur Secret-Défense).
On commence à voir le bout de chacune des deux aventures et l'heure approche du bilan. La presse spécialisée en fera quelques tonnes d'ici la campagne présidentielle, mais Royal-Artillerie vous fait profiter sans attendre de ses propres "retours", à l'occasion du défilé de nos armées sur les Champs Elysées demain. Mais évacuons de ce billet la question critique soulevée à la une par Le Monde daté d'aujourd'hui, celle du "nerf" [La France n’a plus les moyens militaires de ses ambitions politiques]. Avons-nous les moyens de la guerre ? Nous devons les avoir et nous réorganiser pour les avoir. Pour cela, l'Etat doit se recentrer sur son domaine régalien et s'extraire du fonctionnement des moteurs sociaux et économiques. Il ne peut tout faire certes ; qu'il commence donc à perdre de la graisse et à faire du muscle. L'avenir nous en récompensera.

Afghanistan :
L'expédition occidentale qui a changé plusieurs fois de justification, laissera une empreinte dans l'évolution des sociétés afghanes en procurant un avant-goût de liberté aux femmes des villes et l'instruction publique à des milliers d'enfants, filles et garçons. Elle aura aussi montré aux gouverneurs locaux qu'on pouvait trouver des motifs de satisfaction du travail bien fait dans le développement de leur province plus sûrement que dans sa mise en coupe réglée. Les mentalités ont bougé. Certes, la barbarie native de ces tribus n'en est pas encore extirpée, et la religion musulmane n'y aide pas, mais à l'impossible nul n'est tenu, sauf Dieu.
Pieds au sol, la situation n'est pas fameuse à telle enseigne qu'on parle avec les vilains. Ceux-ci prêteront l'oreille d'autant plus facilement que la campagne d'exécution américaine continuera jusqu'à, semble-t-il, l'incinération parfaite des cellules d'al-Qaïda et le maximum de dommages par les drones de Langley aux équipes de commandement talibannes. Si les pertes favorisent l'avancement, l'enthousiasme des promus n'est pas sûr.
La démotivation des "élites" déteint sur le shahid lambda qui peut douter de la fable céleste des 72 vierges aux yeux noirs qui se rongent les sangs à l'attendre. Plus nous en éliminerons, plus facile sera la suite pour les gouvernorats des provinces. Car nous partons ; c'est dit.

Nos compagnies ont perdu 64 hommes au feu (ndlr : 69 à compter de ce soir, hélas). Respect. Mais ce passif est compensé par le retour d'expérience dont ont bénéficié nos armées, qui ont débuté l'opération en troupes coloniales derrière les rambos de commando et la termineront en bataillons de guerre, du niveau requis par les conflits possibles de ce siècle sur le théâtre eurasiatique. Le matériel français engagé s'est montré rapidement obsolète et nos raisonnements techniques comme notre superbe en ont pris un coup. Le Famas a été surclassé par le HK416¹ qui défilera sur les Champs demain, le VAB est un VTT mal protégé et se voit remplacé par le VBCI². On a aussi refait les paquetages de l'infanterie (treillis, chaussures, gilets PB) pour 26 millions d'euros.

Mais ce sont les procédures de commandement qui se sont complexifiées et nos états-majors tactiques ont appris à combattre dans le brouhaha d'une alliance que nous ne dirigions pas, avec des appuis aériens que nous appelions mais ne commandions pas, sur des bases qui n'étaient pas les nôtres, et donc appris... que nos erreurs devenaient visibles pour tous et exigeaient des corrections immédiates. Plus possible de camoufler les insuffisances dans des rapports filandreux au CEMAT comme il en va dans nos interventions africaines.
Au niveau du soldat, au contact quotidien d'unités élémentaires aguerries comme les unités américaines repliées d'Irak, le Français qui bénéficiait d'une bonne réputation (grâce à la Légion sans doute) s'est endurci jusqu'à atteindre le mordant britannique qui reste un must. A tous les niveaux nous avons progressé vite, ce que nous n'aurions jamais pu faire entre Canjuers et Mourmelon.

Postscriptum du 13.07.11-22:45 :
Au moment de la rédaction de ce billet, cinq  de nos soldats étaient tués par un attentat-suicide en Kapissa. Un sixième risque d'y passer et trois autres sont blessés grièvement. L'honneur de servir est particulièrement cruel quand l'issue est provoquée par un acte terroriste ciblé et non pas dans une action de guerre.  On peut les citer :
Lt Thomas Gauvin, 27 ans et Adj. Laurent Marsol, 35 ans, tous deux du 1er Régiment de Chasseurs-parachutistes de Pamiers ; Adj. Emmanuel Techer , 38 ans, et Adj. Guéniat, 37 ans, du 17è Régiment de Génie parachutiste de Montauban ; C/C Sébastien Vermeille, 31 ans, du Sirpa-Terre de Lyon.
Dans le cas présent, c'est encore une fois la loyauté des forces locales qui est en cause. Le poste de police occupé pour couvrir une "choura" était bizarremment sans policiers et le kamikaze en portait la tenue. L'équipe insurgée en appui à 150m depuis le village était là (à notre avis) pour détonner le kamikaze s'il y avait défaut de mise à feu, et pour achever les blessés. La barbarie dans toute sa classe. Sincères condoléances aux camarades de combat des victimes et à leurs familles éprouvées.




Libye :
En Libye c'est très différent, puisque la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l'ONU nous interdit de débarquer, ce qui fut un mauvais compromis pour arracher l'abstention de la Chine et de la Russie. Donc c'est aux matériels de parler pour les hommes qui les servent. Même si les capacités de risposte libyennes sont faibles, on peut dire que les armes aéronavales françaises ont acquis la certification "Warproof" sans laquelle on n'exporte rien. Nos bombes guidées, nos missiles, nos frégates font du bon travail. On pense bien sûr au Rafale-marine qui fait quotidiennement la démonstration de sa puissance de feu et de sa polyvalence, ce qui jusqu'ici restaient au niveau de l'allégation-constructeur. Sachons que le Leclerc que nous n'avons pu engager ne s'exportera pas alors que le Léopard II avec lequel les Canadiens se sont battus en Afghanistan continuera à se vendre. Les équipages de la flotte ont appris ce qu'était un embarquement de longue durée en situation de guerre, malgré les roupétances de la bordée de coiffeurs du porte-avions. Et ici comme en Afghanistan, nos états-majors tactiques ont dû composer avec le même brouhaha de l'Alliance, avec des procédures complexes d'acquisition d'objectifs et d'ouverture de feu, tout ce qui fait les joies de la guerre à plusieurs. Le sur-stress subi de par les défauts d'analyse ou les contretemps est une bonne expérience, la prochaine ne sera que sur-stress, on le sait déjà. Des Kadhafi il y en a d'autres et bien mieux armés.

Et dans les deux cas nous avons combattu au sein de l'OTAN, au grand dam des fuyards et des communistes !
Damned !
Nous avons été dirigés par des étrangers et nous avons aussi commandé des étrangers. Un seul critère, efficacité dans le respect de la mission. L'opération Libye nous a confirmé, s'il en était encore besoin, que notre retour au commandement intégré allié n'était pas un asservissement puisque chaque pays restait maître de son engagement, comme en Irak ou en Afghanistan ; que le NATO n'était pas le Pacte de Varsovie bien que ses procédures soient complètement standardisées. La Pologne n'était pas touchée par le risque de massacres en Cyrénaïque, l'Allemagne n'est pas venue dans les sables de l'Afrikakorps, c'était leur choix. Des pays sont venus qu'on n'attendait pas en Afrique du Nord, le Danemark, les Pays-Bas, d'autres non ou timidement, qui étaient pourtant impliqués, comme l'Italie. Parmi les engagés, la Norvège à la fin du mois rentre les F16 dans ses bunkers, elle a obtenu à sa façon la supériorité aérienne de la résolution 1973, c'est donc fini pour elle. Les Américains ont garé leurs chasseurs-bombardiers et sont en appui d'acquisitions, en menace de second échelon, mais n'interceptent plus rien au-delà des communications du chien fou de Tripoli. Et chacun voit midi à sa porte dès lors que l'article 5 de la Charte atlantique³ n'est pas en jeu. Qui a perdu sa "souveraineté" ? La Libye, pas la France !


Ces deux conflits nous disent aussi que nous ne ferons rien tout seuls, parce que la guerre moderne convoque des moyens de surveillance (satellites, Awacs) et des moyens logistiques (ravitailleurs en vol, transport aérien) que nous ne pouvons nous offrir en quantité suffisante, même dans une "petite guerre" en face de chez nous. Mais il est un point sur lequel j'aimerais terminer :

L'engagement du président Sarkozy a le mérite de rompre avec le principe de précaution de son prédécesseur qui avait ringardisé nos forces dans le regard de nos contempteurs mais aussi dans celui de nos amis (je pense au Liban dévasté par Tsahal sous le regard impassible de la flotte française). Quelles que soient les circonstances qui ont amené ces engagements, on doit le remercier - une fois n'est pas coutume - d'avoir brisé la doxa gaulliste. La France, une grande gueule à l'ONU, l'amie proclamée de tous, mais sur le terrain, c'était un peu de parade, un peu d'infirmerie, un peu de dépanneuse et beaucoup d'explications. Tout a changé, et en tapant fort comme en Libye, nous sommes revenus dans le camp des pays à craindre, et pour notre diplomatie et notre sécurité c'est une très bonne chose. Le budget militaire a enfin un retour sur investissement que les castrations chiraquiennes avaient ôté. On peut maintenant rebaptiser notre porte-avions du nom de "Foch". Il n'est de vraie diplomatie que de force.

Notes :
(1) Le 416 de Heckler u. Koch vaut moitié prix qu'un Famas et lui est supérieur dans tous les compartiments du jeu, me dit-on, mais je n'ai pas tiré avec. Reste que nous ne fabriquons plus de munitions du calibre requis. Nous les importons !
(2) Le VAB était un véhicule blindé de transport de troupe armé d'une 12/7, capable de flotter (au ras de l'eau quand même) ce qui dévoilait une construction de flottabilité encombrante et peu protectrice. La mitrailleuse de bord était servie, buste du tireur dehors. Le VBCI (véhicule blindé du combat d'infanterie) est mieux protégé (blindage de plancher) et son canon de bord (25mm) est téléopérable de l'intérieur. Son développement a été entravé par la conception intellectuelle de départ qui gommait les incompatibilités de sa tourelle avec l'emploi réel au combat. D'où l'intérêt de valider les idées en situation.
(3) L'art. 5 est le "coeur de métier" de la Charte. Il déclenche la réaction solidaire en cas d'agression d'un pays membre. C'est à ce titre que Chirac et Jospin ont envoyé nos forces spéciales en Afghanistan au départ.

samedi 9 juillet 2011

La Grèce poisson-pilote

Plus ils avancent vers la falaise, plus les lemmings socialistes commandent de bouées. Le dogme de la social-démocratie est en train d'exploser sous leurs yeux, par la faillite des cigales méditerranéennes dont les comptes publics se sont terriblement africanisés. Le modèle suédois a un prix que paient les Suédois vivants, alors qu'il est traduit dans les pays latins comme un régime de cocagne à compte d'autrui, et surtout celui d'enfants à naître d'enfants pas encore nés selon la formule déposée par Royal-Artillerie au Pavillon de Sèvres. Alors quoi faire, maman ?
Le remède pavlovien endémique à l'espèce socialiste est la mutualisation des pertes, que l'on appelle pudiquement "solidarité". Et le PS en campagne d'ameuter les gouvernements européens pour que la dette grecque soit extirpée de l'Etat hellène qu'elle écrase à hauteur de 150% du PIB, et soit reprise par la Banque Centrale Européenne et le syndicat de bailleurs de fonds du Mécanisme Européen de Stabilité. Après quoi, la dette grecque ne serait plus que de 3% du PIB européen. Une paille !
Sioux !
Sauf qu'on parle d'argent qu'il faut bien rembourser. Le service de cette dette monétarisée s'ajouterait à celui de la dette nationale de chacun des Etats européens, du moins ceux de l'Eurogroupe, encore que l'astre de la Solidarité doive briller pour tout le monde. Qui peut croire que les nations-fourmis du Nord vont de bon coeur "encaisser" la gabegie latine en majorant leurs dépenses budgétaires ou en comprimant les postes déjà votés pour faire de la place au service supplémentaire d'une dette exotique ? Pour l'Europe, nous répondent les socialistes, pour la marche en avant vers la gouvernance européenne centralisée. Comme si ça ne suffisait pas déjà !

Mais comme dans les sables mous, le trou est sans fond. Les mêmes (c'est surtout le camp Royal qui promeut cette daube) qui anticipent une chute brutale des taux longs des emprunts grecs sur le marché - de 17% à 4% peut-être - y voient un formidable résultat qui permettra de continuer à financer le modèle social que le monde entier nous envie...... et de creuser la nouvelle dette grecque, revenue à des proportions tout à fait esthétiques ! Et la question se posera immédiatement derrière pour les autres banqueroutiers du camp des gitans dont il faudra monétariser la dette écrasante au principe d'égalité. Ca n'en finirait donc pas pour l'Europe et le droit de jet à la mer s'appliquera.
Les Agences de notation qui suivent tout cela en détail voient l'embrouille et déclassent sévèrement le Portugal et la Grèce (et menacent déjà l'Italie) sans trop croire aux rodomontades des partisans de la mutualisation, l'égoïsme des nations prenant plus souvent le pas sur une solidarité artificielle décidée par l'oligarchie bancaire.
Les gouvernements européens sont aux cent coups contre ces censeurs apatrides qui déjugent leurs politiques en les jugeant sur critères mathématiques froids. Les tuerait-on tous comme à Beziers en 1209, qu'il en repousserait dans des caves où ils tiendraient leurs consultations, car tout prêteur a besoin d'un avis neutre pour s'engager, et n'est pas né celui qui fera aujourd'hui confiance aux dires d'un Etat.

L'arithmétique est terrible.
Tous les fonds à taux bas que déversent le MES et le FMI sur la Grèce accroissent mécaniquement sa dette. Le pari est de relancer l'économie grecque en y réinjectant l'argent économisé par un moindre appel au marché. Faut-il encore qu'il y ait une économie pour que le pays serve les intérêts de ces prêts ? Et c'est bien le problème !
Malgré 240 milliards d'euros de subventions en trente ans, la Grèce n'a toujours pas d'économie sérieuse. La faute au soleil et à la corruption endémique. Au soleil, parce qu'en Grèce la plante héliophile de meilleure production c'est le touriste. S'il est une industrie précaire c'est bien le tourisme, et pire encore, débilitante pour l'innovation qui se voit privée de concours bancaires par la priorité donnée aux profits rapides estivaux. Quant à la corruption, la concussion et la prévarication absorbent près d'un milliard d'euros par an selon Tranparency International et on rachète ses impôts avec des saucisses.

Pourtant il y aurait des solutions mais elles sont humiliantes. Quarante pour cent du PIB est dans le secteur public et l'économie sous-marine est importante. L'Etat hellène doit vendre tout le secteur public qui ne ressortit pas au domaine régalien avec pour seul critère de choix, le professionalisme de l'acquéreur, et si possible à des groupes grecs locaux ou de la diaspora, une façon de récupérer aussi les fruits de la corruption antérieure et rester "entre Grecs". L'agriculture est un secteur aride en termes de gains, mais il y a tout le reste. Les atouts décisifs d'un grand archipel comme la Grèce sont maritimes, et on oublie que son pavillon flotte sur près de 39% des navires de commerce (selon le Lloyds en tonneaux de jauge brute) et que le trafic sous pavillon grec prend 4½% du trafic mondial à égalité avec Singapour, ce qui n'est pas rien. Dès lors, on ne peut que s'étonner du peu de poids des activités portuaires et du shipping. Ce que les Chinois ont très bien vu en rachetant le Pirée (clic).
Si on parie sur un développement économique relancé dans le monde arabo-méditerranéen après la période de libération politique, c'est un besoin gigantesque de transport maritime qui va s'exprimer, avec des retombées directes sur la réparation navale, voire la construction. Il serait dommage que les Grecs réagissent en Kowétiens et importent des Philippinos pour bosser à leur place et transférer leurs salaires au pays ! On sait ce qu'il en coûte aux Français de ne pas vouloir se salir les mains.

Reste la question "euro ou pas euro".
La contrainte est forte et de bons esprits recommandent que la Grèce sorte de l'Eurogroupe et reprenne la drachme en faisant défaut sur sa dette en euros, ce qui malheureusement ne résoudrait rien tant le séisme serait fort pour les conditions de vie du peuple dont les maigres avoirs seraient détruits par la dévaluation et une inflation galopante. Sortir de l'Eurogroupe ce serait à terme quitter l'Europe dispensatrice de subventions et passer dans le camp du Tiers-Monde, abonnés aux guichets des banques de développement. Bien sûr charbonnier est maître chez lui. Et ce petit blogue ne va pas faire la leçon aux peuples de la mer, mais si les Grecs ne veulent pas de développement forcé pour renflouer l'épave hellène, il faut qu'ils acceptent la promesse d'un niveau de vie plus proche de l'Afrique - qui n'est pas si loin - que de l'Europe.


PS : si l'eurogroupe se scinde, cela ne veut dire en rien que l'euro disparaisse. Il restera la monnaie unique de l'ancienne zone mark, une sorte de Saint-Empire germanique économique de Milan à Bruges et d'Amsterdam à Helsinki, ou bien l'avatar moderne de la vieille Hanse, ce dont nous serons exclus dans un cas comme dans l'autre, car la dégradation de nos comptes est irrémédiable par la faute de nos trois déficits. C'est pour cette raison que ce billet ne se moque pas de nos amis grecs ; paille et poutre en quelque sorte.

mercredi 6 juillet 2011

CMRDS 2011, c'est de la balle !


Un CMRDS est toujours un évènement chez Royal-Artillerie pour la propagation de la foi monarchiste. Cette année est spéciale. Après la session d'oxygénation savoyarde qui chassa les miasmes du parti de l'Amour contractés dans les douves de Lignières, nous aurons au mois d'août un grand classique en Vendée. Et quel meilleur terroir royaliste pouvait accueillir ce qui s'annonce comme un très grand cru ?
Aimablement communiqué par le CRAF, voici le programme du Camp Maxime Réal Del Sarte 2011, attendu avec quelque impatience depuis notre billet du 3 avril dernier. Ça se tient au Logis Sourdy de La Gaubretière (85130) du dimanche 21 août au soir jusqu'au dimanche 28 août 2011 après-midi.

Tout d'abord les ateliers sur les thèmes propres à l'Action Française.
On en prévoit six :
HISTOIRE DE L’ACTION FRANÇAISE
LE COMPROMIS NATIONALISTE
LA MONARCHIE AUJOURD’HUI
QUESTIONS JURIDIQUES
LA PRISE DE PAROLE
LA COMMUNICATION
Ces ateliers seront renforcés de conférences qui tourneront pour cette session autour du concept de démocratie :
DEMOCRATIE ÉQUITABLE
DÉMOCRATIE ET MORALE
CRISE DE LA DÉMOCRATIE
DÉMOCRATIE ET CHRISTIANISME
TOCQUEVILLE ET LA DÉMOCRATIE
CRITIQUE MAURRASSIENNE DE LA DÉMOCRATIE

Et qui va parler me direz-vous ?
Des références du mouvement royaliste, assurément :
Xavier Cheneseau, journaliste et écrivain que nous présente brièvement la Librairie Dialogues, Gabriel Dubois, auteur de la Saga capétienne que l'on avait vu sur les 4-Vérités, E. Marsala (Esculape Marsal) que vous lisiez régulièrement dans Les Epées et qui est un auteur inscrit à la Wikipedia, Marc Savina, historien chargé de la doctrine au CRAF, qui passe souvent dans l'AF2000 et qui a marqué la pédagogie en faisant revivre à ses lycéens la fuite à Varennes en 2005, Stéphane Blanchonnet, agrégé et président du Comité directeur de l'Action française qui consigne ses billets sur A Rebours mais qui en a livrés bien plus, Olivier Perceval, le patron dynamique du CRAF, Bernard Pascaud, animateur et conférencier de la Restauration Nationale, Michel Michel, sociologue maurassien sur qui la Wikipedia dit tout et m'économise dix lignes, Axel Tisserand, historien spécialiste de Maurras et de l'abbé Penon qu'on lit parfois dans l'AF2000, Francis Venant, écrivain et traducteur de l'hébreu, qui a publié Cinq livres secrets dans la Bible chez Lattès, Maxence Hecquart, philosophe (schismatique) de la FSSPX, l'abbé Guillaume de Tanoüarn de l'Institut du Bon Pasteur qui dirige la revue Objections (clic), Jean-Philippe Chauvin, professeur d'histoire-géographie que l'on croise souvent dans le mouvement où il partage sa militance enthousiaste, et peut-être quelques autres.
Pour la faire courte, cher campeur, on ne se fout pas de vous !

Outre goûter l'ambiance inoubliable d'un camp politique - fera-t-on de la boxe thaïlandaise cette année dans la cadre de la prise de parole ? - on en revient plus sûr de soi et de ses capacités à débattre, ce qui est essentiel pour la suite. Et puis on s'y fait de copains pour la vie.

C'est 20€ par jour et 160€ la semaine complète.
Inscrivez-vous par email : cmrds@actionfrancaise.net
et on vous dira tout.


Deux remarques perso :
* La compression des temps ne permet pas d'aborder sérieusement la question économique qui gouverne toutes les autres de nos jours, ainsi que le problème des monnaies. L'an prochain sans faute, il sera plus que temps.
** L'affiche officielle est si moche que je vous l'épargne.
Elles partirent comme vous les vîtes le 3 avril, elles en reviendront comme ci dessous.


D'accord, c'était mieux avant mais la "11" s'est enfuie.


Bon CMRDS à tous


PS : vous pouvez retrouver ce billet en version familiale expurgée :) sur le site de l'URBVM.

lundi 4 juillet 2011

Yingluck Preum !

Yingluck Shinawatra, jolie petite soeur du laid tycoon Thaksin, va devenir premier ministre des chemises rouges au vieux royaume de Siam. Les rats des champs ont vaincu les chats des villes. Normal, c'est la quantité qui en démocratie fait la beauté et, avouons-le, ce sont bien des élections générales qui ont dénoué l'affrontement le plus dangereux qu'ait connu le royaume depuis l'encasernement de la junte en 2008. Sortis dans les rues en 2006 à la faveur d'un voyage à New York du premier ministre populiste Shinawatra, pour enrayer les dérives berlusconiennes du magnat local qui avait déjà englouti les télécoms, les militaires n'y retournèrent que pour vouloir décider par eux-mêmes qui avait le droit de gouverner. Et cette stupide arrogance déclencha les émeutes mieux connues en Occident par le combat carnavalesque des chemises rouges et des chemises jaunes. Peu de victimes (une vingtaine de morts) mais beaucoup de dommages économiques dans un pays qui a besoin de faire entrer beaucoup d'argent chaque mois pour recharger la chaudière du dragon.
Le roi Rama IX avait avalisé par décret le putsch, ce qui ne résolva rien des injustices criantes de ce pays, et on se demande encore si la situation eut été pire avec son refus. Cet accompagnement de l'actualité par la référence morale du pays a fragilisé le trône, et le futur Rama X, son fils Maha Vajhiralongkorn, qui n'a pas la fibre populaire, aura du mal à faire la soudure si la période est agitée. Bien que général de l'armée de l'air (pilote de chasse de la RAF, de la Royal Australian Air Force et de l'US Airforce), les militaires se méfient de ses tocades et de ses tumultes privés.  Pourquoi pas une reine alors ? Sa soeur Maha Chakri Sirindhorn, très impliquée dans le développement rural, est appréciée de tous et serait "l'homme du moment", un peu comme Louis XVIII en 89. Mais qui saurait cela en Thaïlande ?

Le futur nouveau premier ministre, Yingluck Shinawatra, dont le Puea Thai Party sort vainqueur des élections avec 265 députés sur 500 à la Chambre basse, va donc coaliser quatre partis croupions, ce qui est très avisé pour ne pas avoir des partis-bascules dans les jambes dans les moments délicats. Ces partis n'ayant d'autre programme que d'obtenir des sièges seront assurés de l'avenir de leurs enfants et ça suffira bien.

Le Chartthaipattana Party (19 sièges) est l'héritier du Chartthai Party banni en 2008 par la "Cour Suprème" pour tricheries électorales. Ce nouveau CTPP, parti conservateur facile à comprendre, se dépêcha jadis de rejoindre la coalition au pouvoir, sortante hier, vaincue aujourd'hui, et passe à la victoire. C'est le parti le plus "réactif" de Thaïlande.
Le Phalangchon Party (7 sièges) c'est du vin vieux en bouteilles neuves, disent les titis thaïs. Mini-parti charnière qui bascule selon les intérêts de la famille Khunplome qui contrôle la province de Chon Buri à l'est de Bangkok, on l'attendait du côté des vainqueurs quoiqu'il arrive ; c'est fait.
Le Chart Pattana Pueapandin Party ! Gag ! Le dix juin dernier, son vieux leader Suwat Liptapanlop faisait l'offre de service rituelle à la coalition sortante pas si mal placée dans les sondages. Lui aussi marche au son du clairon et rejoint la victoire avec 7 députés.
Le Mahachon Party est le MRG thaïlandais en version low cost. A l'origine, défecteur du Democrat Party (parti sortant) il disparut dans la tourmente après avoir obtenu deux députés. Revampé pour les dernières élections, il s'aimante au pouvoir, ce qui est sa nature, mais avec 1 député il ne fera pas la loi, sinon mangera bien.

Pour le reste, le parti du premier ministre sortant Abhisit, Democrat Party, ne fait que 162 sièges. Celui-ci l'abandonne en le laissant à son "autocritique": comment être plus mauvais dans des élections générales ?
La coalition instituée aujourd'hui formera un bloc de 299 députés sur 500, ce qui ne sera pas de trop pour affronter les réalités thaïlandaises. La première tâche est sans doute aucun de combler la fracture sociale entre les bénéficiaires de la mondialisation et les autres, plus nombreux. La réconciliation nationale sera recherchée par toutes voies et à travers le Truth for Reconciliation Commitee mis en place déjà par le cabinet d'Abhisit Vejjajiva, sous la haute autorité du Dr Kanit na Nakorn, irréprochable. La préparation du 84° anniversaire du roi devrait y aider.
Mme Yingluck Shinawatra promet de redresser l'économie - ce qui se ferait très bien sans gouvernement aucun, dès lors que la paix civile est assurée par des mesures de justice et de développement prises par une administration simplement honnête, mieux orientées vers les provinces rurales. Quant à rehausser la morale générale, améliorer la bureaucratie et abolir la corruption, on sait ce que ça vaut. Elle me fait penser à Benazir Bhutto quand elle arriva aux affaires, ...pour y faire les siennes.

Derrière la candeur de la belle, il y a les conseillers du grand frère qui cherchent une revanche sur le putsch de 2006 et le redoutable directeur de cabinet Banharn Silpaarcha (en photo) qui va s'occuper lui des choses sérieuses. Il faudra beaucoup d'énergie pour garder la barre droite sur l'essentiel, l'amélioration du sort des paysans.


Depuis qu'il s'est offert la démocratie, le royaume de Siam devenu Thaïlande a traversé dix-huit coups d'état. Cette fois, le grand état-major a proclamé sa neutralité et son désir de laisser travailler les hommes politiques. Est-ce une moquerie cynique ?
La lune de miel est normalement de six mois, c'est le double de chez nous.

PS : Ceux des lecteurs qui voudraient suivre l'actualité de ce ménage à trois que représentent le palais, l'état-major et ce gouvernement de coalition devraient mettre le Bangkok Post en favori, qui émet d'ailleurs un fil de syndication RSS par rubrique.

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