vendredi 28 octobre 2011

L'Empire attaque

Quand le ministre approcha du trône céleste les yeux baissés pour énoncer la mauvaise nouvelle, l'empereur n'entendit que « Le Roi est mort !». Il releva la tête pour regarder au loin le souvenir imaginaire de cet autre lui-même perdu aux confins du monde, qui lui avait adressé, il y avait presque trente ans, une brigade de savants remarquables qu'on appelait "jésuites" et auxquels il avait confié, ébloui, le ministère des Affaires étrangères.
Kang-Hi (1652-1722), quatrième empereur des Grands Tsing, savait tout du Roi-soleil jusqu'à le hisser dans son estime au niveau le plus haut des monarques régnants, le sien propre.
Et Louis XIV savait tout de Kang-Hi depuis qu'il avait lu le récit du voyage effectué en Mandchourie par le père Verbiest en 1682. La dédicace était explicite : "Vous verrez, Sire, dans ce récit que la Cour de Péquin ne cède en magnificence à aucune autre Cour de l’Europe; & si vous aviez estè dans un autre siècle, le Prince qui règne aujourd’huy à la Chine ne verroit rien dans le monde de plus grand que luy".
Puis vint le portrait de l'empereur publié en 1697 par le père Bouvet et traduit partout en Europe. Dans sa préface, il assurait Louis XIV qu’il avait établi le "portrait d’un monarque qui a le bonheur de vous ressembler par plusieurs endroits". Effectivement, il y avait une ressemblance physique, puisque leurs visages portaient les traces d’une petite vérole enfantine qui faillit l'un et l'autre emporter, même maîtrise de soi, même goût pour les arts et les sciences, et ressemblance de leurs destins : orphelins, ils avaient connu les périls d’une régence difficile et assumé, très jeunes, les responsabilités du pouvoir (source Jésuites.com). Ressemblance in fine par la longévité de leurs règnes, 61 ans pour Kang-Hi et 54 ans pour Louis XIV (à partir de la mort de Mazarin sinon 77 ans en droit).
L'Empire de Chine était encore la première puissance du monde mais le décalage technique commençait à poindre, à ce que diffusaient autour d'eux les jésuites de Pékin dans tous les domaines scientifiques. Il n'a pas suffi. L'empire baissant la garde, le divin Palais d'Eté sera ruiné cent cinquante ans plus tard par Lord Elgin, barbare victorien de la série courante. C'est inexpiable, la plaie suppure encore !
Malgré tout, Européens et Japonais construisirent en Chine une industrie puissante, des voies ferrées et des ports modernes, des banques internationales jusqu'à faire de Shanghaï la capitale économique du Pacifique, jusqu'à la guerre sino-japonaise de 1937. Il en reste chez nous beaucoup de bons et titres divers non remboursés dont on fait tapisserie à défaut¹.


Si les Européens se contentèrent de mater le mécontentement pour exploiter le pays, les Japonais entreprirent de le réduire en esclavage. Mais on ne peut tuer le chiendent à coups de talon, de sabre. Il faut le déraciner, l'extirper, sinon il reprend. Et la Chine a repris. Regain dans tous les domaines, dans son périmètre historique presque intact, sur sa propre terre, dans l'ingéniosité de sa race et sa glorification du travail comme promesse de tout, jusqu'à venir au secours des pays de la zone euro au seuil de la panique. Ainsi donc les fils de Kang-Hi, de Qianlong, accourent en ambassade chargée d'or négocier leur appui. Et les barbares acculés mais suffisants qui nous gouvernent, de tendre les mains.
Le directeur du Fonds européen de stabilisation financière, Klaus Regling, parti faire kowtow à Zhongnanhai² et accessoirement placer quelques milliards du nouveau trillion prévu, est rentré hier bredouille, car la négociation chinoise n'a pas commencé. C'est eux qui ont la montre. Le "véhicule" spécial que les derniers accords de Bruxelles prévoient pour charrier des fonds émergents doit être déjà révisé à leur demande.

Nos dirigeants doivent quand même savoir que leurs homologues chinois ont tout appris de l'histoire et des humiliations que nous avons imposées à leurs pères. Que les mettre en situation de revanche est extrêmement dangereux. Non qu'ils soient d'un naturel belliqueux - la Chine n'est ni la Corée ni le Japon - mais parce qu'ils sont par leur essence même... intéressés. Ils vont venir voir, c'est sûr, mais de leur propre chef et sans doute pas sur convocation. Le G20 du 3 novembre à Cannes nous apprendra non pas ce qu'ils auront décidé du swap entre bons américains et bons fédéraux européens, mais dans quel état d'esprit ils feront leurs demandes de contreparties en descendant à chacun des niveaux nationaux. Il n'existe pas de charité politique !
Ils ont pris le Pirée en nous laissant le singe, ils avancent derrière les tycoons de Hong-Kong quand c'est nécessaire, comme au Panama. Ils ont pris Medion (pc) en Allemagne, Oerlikon Austria (mach. textiles), Fortis (banque), les mines Langfeld de Chypre, les ateliers danois Boiler Works, la chaîne espagnole d'hôtels NH, le terminal vrac du port estonien de Muuga, Rhodia Silicone et la minorité de blocage de la Compagnie financière de Rothschild, le chimiste hongrois BorsodChem, Firecomms informatique en Irlande, les aciéries italiennes CIFA, la holding automobile néerlandaise Hyva, les automobiles MG³ (Rover), 12% de Rio Tinto(!), EDF-UK, Northumbrian Waters, Volvo, Saab, les transmissions WEIGL, et partout des transitaires portuaires, des canaux de distribution, des usines de niches avec des savoir-faire spécifiques comme la Société d'automatisme et de mécanisme du Bourbonnais par exemple, à se demander s'ils n'auraient pas un plan. (Rires idiots au fond de la salle !)



Réindustrialisons contre la Chine (pour faire court), installons des quota contre la Chine, pressons-les de réévaluer le renminbi, dénonçons les exactions judiciaires, la destruction des libertés élémentaires, la triche douanière, la banqueroute frauduleuse de nos débiteurs, etc... n'y pensez plus. Si en foot, quelque soit le déroulement de la partie, c'est l'Allemagne qui gagne à la fin, en diplomatie c'est la Chine. Il y sont à plein temps, les "salauds", quand seize ministres de la République française désertent tous au même moment leur bureau pour aller faire du chahut à une convention médiatique anti-socialiste ! Nous allons assister à une démonstration du genre de celles que faisaient les jésuites français à la cour de l'empereur d'alors. A preuve, ils se sentent capables de mieux gérer que nous, Geely fait des bénéfices sur Volvo en faisant tourner l'usine en SUEDE ! Ils sont prêts à appliquer tout modèle de développement qui leur garantira un juste retour sur investissement. N'ayant peur de rien et surtout pas de miser, ils ont un art consommé de la négociation. Saab vient d'être raflé à Spyker à prix cassé aujourd'hui par ceux-là même qui claironnaient hier qu'ils n'en avaient rien à f... de ces usines en plan ! Victor Müller, le directeur qui a baissé son prix, avale le casque avec les cornes plus le crâne à boire l'hydromel ! Youngman Automobile est capable de faire avec Saab ce que Geely a fait avec Volvo, ou d'y mêler Lotus Engineering qui est dans son groupe pour sortir un modèle canon destiné aux yuppies chinois. Du grand art.
Ils sont, sans le savoir peut-être, dans une démarche typiquement coloniale. Si tu ne sais pas exploiter ta rente, moi je sais faire, dégage ! Nous-mêmes l'avons fait partout dans l'empire, Israël le démontre en Palestine, à notre tour dans l'autre sens ? Du moins pourrait-on le croire.


Les communautés chinoises que nous côtoyons ici travaillent en continu à leur propre enrichissement. Arrivées pieds nus mais agrippées maintenant comme des moules au rocher, elles sont les points d'ancrage des managers continentaux qui vont venir gérer leurs investissements. Cette drogue du travail qui les porte, est bien pire pour nous autres, addictés aux RTT, que l'opium de l'empire des Indes le fut jadis pour eux. Ils vont nous battre à mains nues, enfin, avec seulement la résilience mentale et l'opiniâtreté du coolie des chemins de fer californiens ! Décidément, il est loin le siècle de Louis XIV !


PS : se tient actuellement au Louvre une exposition "Empereurs de Chine et rois de France" sous le titre de la Cité Interdite.

Note (1): on s'amusera à visiter le site du GNDPTA, section "titres chinois"
Note (2): le kowtow est un geste de soumission pratiqué à l'époque impériale devant Sa Majesté. Giscard d'Estaing et Raffarin venus quémander l'indulgence du pouvoir chinois en 2009 s'y sont prêtés sans le savoir. Zhongnanhai est la Cité interdite d'aujourd'hui, le centre du pouvoir chinois.
Note (3): la Roewe 550 chinoise a obtenu cinq étoiles au crashtest de type américain

jeudi 27 octobre 2011

Dégénérescence et réaction

Il tourne dans la sphère "expat" une retransmission du journal télévisé de FR2 diffusant un reportage de la BBC de novembre 2010 (clic) sur l'enseignement de la charia dans les écoles coraniques anglaises. La charia, du modèle wahhabite, amputatoire, est propagée par les services culturels de l'ambassade d'Arabie Séoudite à Londres. On nous y montre aussi les futures lapidés, transformées en Belphégor dès la sortie des classes sur le chemin de la maison. Cet enseignement exotique concernerait cinq mille élèves. Et tout le monde de s'en offusquer. Bon !
A Paris, les édiles de la Ville-Lumière, phare du Monde et première destination touristique du Cosmos, défendent un spectacle de merde par cars complets de CRS. On y chie, chère Médème, et ça pue. Mutine, elle me rétorque les yeux baissés, à l'Hôtel de Ville ils aiment ça ! Bon !
Ce blogue non labélisé n'a pas la fibre sociétale et le piéton misanthrope revenu de tout, s'émeut rarement de ces dérives déplorables, mais l'heure n'est-elle pas venue de se poser la question du motif de cette dégénérescence, car si dans le second cas nous avons en face de nous l'exemple-type de l'art dégénéré, dans le premier, je considère que l'abrutissement pédagogisé des enfants de confession musulmane dans des codes néandertaliens est une régression de l'espèce quelles qu'en soient les causes.

Allons au contact, direct. Il est commode de se saisir de la déchristianisation du continent pour en montrer du doigt les effets pervers. A la réserve près que si la transcendance morale est une excellente chose pour la conduite des consciences, elle l'est parfois moins quand ces consciences sont dirigées par des sociétés aussi complexes que les églises. Certains font la part du feu ou du diable, comme vous voudrez, en distinguant Dieu et les religions qui exploitent le concept¹. J'en suis. Il n'en demeure pas moins que la prémonition du curé d'Ars sur les paroisses sans prêtres, où l'on finirait par adorer les bêtes, est un peu faible quand on voit ces immensités déréglées où l'on n'adore certes pas de bêtes mais où les gens le sont devenus. Les faits divers sanglants débordent partout des écrans, la jouissance des souffrances causées à plus faible que soi est assez répandue, mais le plus grave est la tiédeur des réactions populaires voire l'indulgence des jurés d'assises intoxiqués à la culture de l'excuse. Quittons donc l'explication facile du "transcendantal" et perdons-nous dans les complications.


Même si "ceux qui n'ont pas vécu avant 1789, ne connaissent pas la douceur de vivre" (dixit Charles-Maurice du Bas de Soie), la condition matérielle moyenne des peuples d'Europe occidentale n'a jamais été meilleure, les "seuils de pauvreté" jamais aussi hauts et le dépit des opprimés jamais aussi futile. Ne plus pouvoir aller au cinéma ou au restaurant chaque mois a remplacé le pain de fougères du temps jadis. Et dans ce "paradis matériel", on apprend à couper la main ou le pied des voleurs et à payer pour voir sur scène un vieux chier !

Que manque-t-il ? Qu'y a-t-il de trop ?

Le premier défaut de nos sociétés est un défaut d'éducation. L'instruction est faite, plus ou moins bien calibrée, plus ou moins bien reçue selon l'environnement et les "clients". Par contre l'éducation est inachevée si tant est qu'elle soit par endroit amorcée. Je parle ici de l'acquisition de la morale naturelle universelle qui est débinée par l'existentialisme, par la réalisation d'une idée de soi qui peut être fausse, par la liberté à tout crin hors de toutes les limites d'une cohésion sociale a minima. Par exemple, on ne peut à la fois lutter pour sa propre émancipation d'une société que l'on rejette et s'abonner anonymement aux guichets du vivre-ensemble. Personne ne va à la Caisse d'Allocations familiales réclamer son dû au cri trotsko-jospinien de "société de merde". Il faut choisir. Or le confort matériel assuré par l'Etat-providence et ses multiples édredons nous l'interdit. Pourtant, j'ai vu des gens bénéficiant de positions enviables dans la sphère publique quitter Shanghaï pour forte incompatibilité d'humeur avec les autorités locales qui d'ailleurs en ignoraient tout. Et émigrer comme un Sicilien vers l'Amérique. Perdre le confort, gagner sa propre estime, étaient le leitmotiv de cette démarche difficile. Et quand on a le caractère aussi trempé, on réussit aux Etats-Unis où depuis toujours on récompense les bosseurs. A contrario, le porte-à-faux dénoncé ci-avant est une faille mentale dans laquelle s'engouffre la légitimation de n'importe quelle dérive. Il faut la réparer.

Le deuxième défaut (il y en a quatre) est la matérialisation. Le livre d'Etienne Liebig, Les Nouveaux Cons (Ed. Michalon-2011), décortique l'ambition des étudiants en écoles de commerce complètement captivés par la réussite matérielle, et pour beaucoup déçus. Le calibrage social n'a jamais été plus facile puisque les signes extérieurs d'aisance sont plus que jamais manifestes (ceux de la vraie richesse sont en revanche discrets). Tout ce qui peut marquer le niveau de vie est sous les yeux d'autrui, instruments informatiques, électroménager, communications, piscines, semaine au ski, voitures, voyages lointains et leur récit, fiestas, réceptions domestiques et leur bruit, etc... notre argent est public ! Aussi nous levons-nous chaque matin pour tenir notre rang. Et si nous n'y parvenons pas, outre l'impact psychologique défénestrant parfois, nous entrons dans une sorte d'indignation, révolte rentrée, révolte ouverte, mais sur des valeurs "fric". Le stade suivant est celui de l'insurrection, et on remarquera que le dépit social qui la sous-tend ne peut pas être la perte d'un niveau de vie, mais convoque à son expression des idées élaborées.
Si les cours de morale sont nécessaires à l'école, ils devraient être dispensés (adroitement) pendant toute la vie du citoyen. C'est sans doute ce déficit moral qui pousse des familles musulmanes à mettre leurs enfants dans les écoles coraniques, même si certains volets de l'enseignement les inquiètent. En France, nous avons eu jusqu'à un passé récent le même mouvement vers les écoles chrétiennes. La différence entre elles et les écoles publiques s'est beaucoup estompée maintenant.

Le troisième défaut est le coaching étatique. De quoi donc ne s'occupe pas l'Etat ? l'Etat étant pris au sens global de la contrainte collective réglée, il est plus facile de poser la question dans ce sens. La sphère individuelle est totalement investie par le "collectivisme". Big Sister (je pense aux mégères-ministres) s'occupe de tout. Quand il ne peut décider frontalement, il contraint par la bande, l'impôt, la taxe voire la mode. Tous nos faits et gestes sont "corrects ou incorrects" et les Lumières, fondateurs dit-on de notre société occidentale, se retourneraient dans leur tombe de savoir que nos pensées sont elles-mêmes asservies au "go/no-go"², correct, incorrect !
Le citoyen est ainsi formaté très tôt dans l'irresponsabilité individuelle, il n'a plus qu'à avancer entre les lices sociales que le Grand Machin qui gouverne a posé de part et d'autre. Pourquoi ferait-il l'effort de se chercher un destin ? C'est déjà prévu pour lui. D'où cette infantilisation générale qui jette à la manifestation saisonnière du Mécontentement les corporatismes protégées du secteur public, ou comme en Grèce, contre la rigueur, l'immense armée des fraudeurs populaires. L'Etat à ce point, ça rend con !

Le dernier défaut est l'atomisation sociale. En clair, le démembrement des familles au profit du parcours individuel. Certes des esprits affutés ont cent bonnes raisons de promouvoir la réalisation de soi mais le "famille, je vous hais" d'André Gide ne s'adresse pas aux âmes simples ou normalisées. Et la philosophie de Sartre n'est pas à mettre dans toutes les mains. Et bien justement si. Les penseurs à compte d'autrui ont fait de ses réflexions littéraires nourries au contact de réalités dérangeantes, les briques constructives d'un modèle social qui reconnaît par exemple à l'enfant de maternelle des droits propres qu'il est bien incapable d'inventer et d'exprimer. La famille peut même à certains égards devenir le lieu suspect de dérives condamnables si elle emprunte un chemin non averti comme l'instruction des enfants à la maison. Que la liberté individuelle soit protégée à l'âge adulte n'est pas discutable, mais sans doute pas au détriment de la cohésion familiale qui reste l'espace naturel élémentaire d'éducation depuis la nuit des temps. Le Coran protège la famille (et même la famille agrandie) et ce mode de vie est préféré par ceux qui mettent leurs enfants en madrasas.

Pour terminer sur une note d'espoir, convenons ensemble que la crise matérielle actuelle déclenchée par la gabegie générale des Etats occidentaux qui sont aux cent coups pour payer leurs dettes, peut emporter la crise morale avec elle. Justement parce que les fondamentaux de ce désastre trouvent leurs racines dans un mode de vie et de pensée qui fait faillite, celui de la social-démocratie du modèle maçon. Sans revenir forcément à des modèles antérieurs qui furent abandonnés à juste raison parfois, il est temps de repenser la structuration morale de nos sociétés, l'imbrication des cellules et puisqu'on ne peut plus les brûler en place de grève, éloigner des leviers d'influence les pourrisseurs patentés. Cette régénération commence par une dénonciation des mal-faisants, n'ayons pas peur des mots. A tout seigneur... et malgré une certaine empathie de ma part qui a vite disparu dès sa prise de fonction, je dénonce la protection que le ministre de la Culture accorde à la création artistique dégénérée qui se répand au Théâtre de la Ville³.

Mais puisque "la sagesse des nations" dit que l'exemple vient d'en haut, il serait avisé de réformer chez nous l'exemple d'en haut qui est au dessous de tout.

Note (1): on étudiera une autre fois la mise en culture de la société grecque par les églises orthodoxes.
Note (2): ceux qui savent régler une mitrailleuse de 50 comprendront
Note (3): pièce scatologique moite avec Jésus-Christ en fond d'écran, d'un certain Romeo Castellucci, contre laquelle manifestent ces jours-ci plusieurs mouvements traditionalistes, dont les Camelots du Roi d'Action française.

lundi 24 octobre 2011

Le candidat de l'Alliance Royale

Tout commence par le communiqué de presse du 17.09.2011 :
Patrick de Villenoisy, porte-parole de l’Alliance royale, annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2012. Patrick de Villenoisy porte donc les couleurs du parti royaliste pour présenter à nos concitoyens la seule alternative susceptible d’entrouvrir une lueur d’espoir dans un contexte préoccupant. Les Français sont inquiets, inquiets pour leur emploi, inquiets pour leur niveau de vie. Les jeunes en particulier craignent pour leur avenir. Nos édiles les confortent dans cette peur et au découragement et ne proposent aucune solution crédible. Gouverner c’est prévoir et nos concitoyens découvrent brutalement que nos politiques n’ont pas su remplir cet aspect fondamental de leur fonction. Patrick de Villenoisy, candidat royaliste, veut leur dire qu’au-delà de l’impéritie de certains hommes politiques et à leur décharge, c’est le régime républicain qui est responsable de cette situation. Les royalistes veulent démontrer au travers de cette campagne présidentielle que le retour du roi représente la seule espérance d’inscrire la politique dans le temps long, dans la responsabilité, dans la confiance retrouvée. Tout royaume divisé contre lui-même se perdra : Patrick de Villenoisy et les royalistes veulent proposer de réconcilier les français : condition indispensable pour sortir de la crise. Un chef d’État, le roi, arbitre indépendant des partis, peut transcender nos divisions et proposer les réformes indispensables dans une perspective de vraie justice sociale.
La France est encore un pays riche et qui possède en elle les moyens de relever les défis qui se sont accumulés au-dessus d’elle à condition de faire confiance à la seule personne qui puisse y parvenir :
Oui, le roi existe au-dessus de nos guerres civiles.
Ils vous ont promis la lune, demandez le soleil.

Qui êtes-vous Monsieur de Villenoisy ?
Soixante ans pour le scrutin présidentiel, Patrick Cosseron de Villenoisy est le patron d'UCN Communication qu'il créa à Paris en 2004. UCN est une agence spécialisée dans l'organisation d'événements et dans le conseil en communication. Elle se revendique aussi comme vortex efficace pour la pénétration d'entreprises en Russie. Cette société se présente sur Internet par ici. Jusque là, M. de Villenoisy travaillait en nom propre dans l'analyse financière entre Lille et Paris, après avoir écourté une formation de médecin pour des raisons qui ne regardent que lui, mais qui aiguisa la précision du geste. Est-ce pour cela qu'il traverse son noeud de cravate d'une épée ?

Sa noblesse procède d'un échevin de la ville de Paris annobli en 1783¹ et confirmée à la Restauration en 1814. Noblesse de robe donc, mais dans la lignée, on retrouve le général Mamès Cosseron de Villenoisy, né à Dunkerque sous louis XVIII, de toutes les guerres de la monarchie et de l'empire jusqu'à Metz, puis directeur au ministère. Il nous a laissé les fortifications de Grenoble.
Si la titulature comtale de l'impétrant est de courtoisie, le port altier, la finesse d'esprit, l'entregent comme le dévouement à la cause royaliste signalent l'aristocrate. La classe des meilleurs, disait-on chez les anciens grecs.

M. de Villenoisy a donné un entretien le 25 mai 2011 à Frank Abed sur son site Génération FA8 (clic), et le 17 octobre 2011 à Royauté-News (clac). Il y développe la thématique de l'Alliance Royale sur une plateforme politique concrète et son contournement de la Querelle dynastique pour aller à l'essentiel, le sauvetage de la Nation française par le rétablissement du régime qui sut porter la France au tout premier rang des nations du monde. Il est plus que temps.

On perce mieux le personnage dans son éditorial donné au bulletin ANF d'avril dernier (Association d’Entraide de la Noblesse Française) et qui prouve s'il en était besoin la pertinence d'une aristocratie pour une nation. On peut lire cette intéressante synthèse sur le site AR Nivernais-Berry en cliquant ici.
Nous aurons l'occasion d'y revenir.

Ce billet est le premier d'une séquence d'explication de la programmatique de l'Alliance Royale pour l'élection présidentielle d'avril 2012.


Note (1): François Cosseron, d'une ancienne famille originaire de Normandie, fut nommé comme notable, échevin de la ville de Paris, le 16 août 1783 ; il prêta serment, en cette qualité, entre les mains de sa majesté Louis XVI. Le 7 septembre suivant, par l'exercice de cette charge, il acquit la noblesse pour lui et ses descendants ; il s'occupa avec fruit de l'administration, et a rédigé un grand nombre de mémoires sur des objets d'utilité publique ; plusieurs ont été suivis ; ses vues sur les subsistances et les approvisionnements ont été adoptées ; en 1788, il eut l'honneur d'être nommé par le roi, son commissaire près l'assemblée du tiers-état, tenue aux Enfants rouges ; il justifia ce témoignage de confiance en refusant la présidence qui lui fut offerte de cette assemblée, s'il renonçait à son titre de commissaire ; il ferma son procès-verbal au milieu des clameurs et des dangers. Armes de la famille « d'azur, au vaisseau équipé d'or ; au chef cousu de gueules, chargé d'un besan d'or, accosté de deux cosses de même; l'écu timbré d'un casque taré de profil orné de ses lambrequins » (source Nobiliaire Universel de France).

[ce billet de présentation a obtenu le nihil obstat du candidat]



Postscriptum du 14/2/2012:
M. de Villenoisy dans son métier, un podcast de WIDOOBIZ :



La discussion continue ci-dessous dans la section "commentaires" et sur le forum Vive Le Roy à la rubrique Actualités Françaises.

jeudi 20 octobre 2011

PESD et solidarité

Les tribulations européennes autour de la crise des dettes souveraines vont nous coûter cher, à nous contribuables, volontaires désignés par l'élite régnante. Les peuples en troupeaux se gèrent depuis la nuit des temps au bénéfice d'une classe supérieure que le Temps qui passe renouvelle en désignation et composition. Elle est aujourd'hui plus complexe puisque la connivence agrège des élites de plusieurs bords qui mettent la nation en culture dans plusieurs champs d'intervention, secteur bancaire, haute administration, mandataires politiques, industrie stratégique et parasélites médiatiques associées. Au niveau de leurs taux de pension nous pouvons les appeler ploutocrates. Seuls les pays régis par la démocratie directe peuvent échapper à cette mise en exploitation, mais ce n'est pas le sujet de ce jour.
Dimanche qui vient, sainte Rita deviendra sourde par le volume des imprécations, supplications, litanies et prières qui monteront des institutions européennes pour qu'on sauve le soldat hellène, et surtout les prébendes bruxelloises qui sont liées à son sort. Quatre cent quarante milliards, mille milliards, deux mille ? qui dit mieux ? Au FESF les jeux sont faits, nichts geht mehr ! Pas sûr qu'on en termine, car soigner la dette par la dette est peut-être de bon pronostic en homéopathie, mais sûrement pas dans une région sans croissance ni rentes.
Au minimum nous pourrions affirmer qu'il n'y a aucun consensus dans ces affaires de sous, parfois seulement des compromis, ce qui est bien différent. L'attitude du parlement slovaque a été montée en épingle parce qu'elle étalait au grand jour des divergences profondes, mais ces restrictions à la solidarité européenne existent partout, sauf chez les pays les plus malades qui y voient la dernière planche de salut avant l'ultime apnée.
L'avenir est écrit par les agences de notation. What next ?

Ce que le grand cirque bruxellois nous montre avec ce défaut de solidarité, c'est l'inanité d'une défense européenne en l'état. L'affaire de Libye a clairement partagé les pays de l'Union entre ceux qui intervenaient pour sauver les peuples étrangers d'une dictature vers la démocratie du modèle européen - et tous ses vices - et les autres, qui ne se sentaient pas attaqués et ne voulaient donc pas participer à l'expédition, même si les Etats-Unis les y appelaient. On notera en passant que l'Oncle Sam n'est pas obéi à première injonction dans le cadre OTAN comme le souhaiteraient nos souverainistes pour étayer la thèse impérialiste.


Si les traités européens engagent une politique européenne de sécurité et de défense¹ (PESD), ils sont aisément contournés par le défaut de moyens d'application. Bien des pays, et tous ceux arrachés à la sphère soviétique, ont l'impression de "payer" deux fois, l'une avec une certaine efficacité pour l'Alliance atlantique, l'autre pour une idée gaulliste dont on n'a jamais pu leur démontrer la pertinence polémologique autrement qu'en termes philosophiques. En période de disette budgétaire, c'est encore plus facile de trainer les pieds sans trop marquer sa mauvaise humeur.

De fait, il n'y a que quatre nations guerrières dans l'Union : l'Angleterre, la France de langue d'oïl, la Prusse et la Suède. Les autres sont des batailleurs ou des pacifistes. Des quatre précitées, seulement les deux premières ont des moyens à mettre en ligne, la troisième a fondu dans la fédération allemande et ne propose qu'une super-gendarmerie. La Suède se limite à la Baltique et aux meubles en kit. Quelle mouche a piqué les Français de vouloir construire pareille chimère ? Le goût de l'infaisable sans doute aucun. C'est notre truc !
Sur le papier, il semblait possible de cloner l'Alliance. Mais c'était oublier la force de tension des ressorts qui la font bander. Bien que l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord ne convoque pas le ban et l'arrière-ban à première demande, les faits ont montré une automaticité des réactions. Les pays européens convergent vers le front d'autant plus vite qu'ils attendent de réciprocité de la part de l'Amérique du Nord si leurs lignes sont enfoncées. C'est le cas des anciens du Pacte de Varsovie. Même la Géorgie qui n'en est pas, a cru déclencher les secours en 2008 ; c'est dire !
La réaction promise d'une défense intra-communautaire semble pour le moins discutable, je veux dire qu'il y faudra plus d'une réunion au sommet pour charger les tourelles en ogives.
La réactivité est une chose, la géostratégie atlantique en est une autre et l'on va voir qu'elle est bien différente de la PESD¹.


Le 4 avril 1949, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés perpétuaient les dispositions stratégiques qui les avaient conduits à la victoire sur le III° Reich, en captant au profit d'un état-major intégré toute l'Europe occidentale utile et la moitié nord de l'Océan atlantique, nouveau mare nostrum dont ils contrôlaient désormais absolument tous les accès. Cette stratégie ne permettait pas de trous dans le tissu, surtout dans l'espace aérien. Le retrait de la France en 1966 eut aux yeux des anglo-saxons pour motif caché d'ouvrir un grand trou dans le dispositif. Je persiste à penser que le général De Gaulle avait conclu in petto à la victoire finale de l'URSS et qu'une certaine tiédeur serait plus tard récompensée. A preuve s'il en fallait, l'accord d'engagement des troupes françaises en Allemagne qui interdisait à l'EM allié de faire monter nos unités sur le front tchèque en cas de guerre ouverte ². Et il y en a d'autres. Une dame de fer qui n'était pas la tour Eiffel et un acteur de cinéma de série B nous ont montré plus tard ce qu'on pouvait faire avec une vraie paire de couilles.

Sur ce tissu, il y avait des pays moins ardents au sacrifice que leurs voisins. Leurs préventions étaient annulées par la prise en charge de toutes les opérations par l'état-major commun sous commandement américain (SHAPE). Ils pouvaient donc cultiver leurs états d'âme sans affaiblir l'Alliance. C'est bien cette déconnexion entre l'action et la réflexion qui a usé les manifestations pacifistes fomentées par les services de l'Est et relayées par les partis communistes et prolétariens. A quoi servait-il pour affaiblir l'OTAN d'ameuter contre des gouvernements qui ne pouvaient rien changer ? La seule embellie pacifiste fut l'affaire des "Pershing II vs. SS20" (1977-1985) qui vit défiler les partisans de la défaite au cri de "plutôt rouge que mort". Les Russes avaient avancé des armes de théâtre capables d'atteindre les villes allemandes et la contrepartie alliée n'était pas en place ; il fallait l'importer. C'est le président Mitterrand qui en ralliant la position dure du chancelier Schmidt a brisé le consensus de tiédeur hérité du général De Gaulle et a remis la France dans les clous de l'offensive en demandant le déploiement des Pershing II. En fait, c'est à lui que l'on doit les grignotages successifs d'une souveraineté illusoire et le retour in fine au commandement intégré. Le seul "affaiblissement" de l'OTAN est intervenu par la disparition de son ennemi du moment.

Ce changement de braquet à l'entraînement - les différences d'enthousiasme - n'est pas possible dans une stratégie de défense européenne car les trous vont se multiplier dès que la tension montera. Chaque pays est jaloux de son influence dans les instances fédérales et tous utilisent Bruxelles comme bouc émissaire de leurs problèmes intérieurs. Si des manifestations semblables à celles de la crise des euromissiles advenaient, les gouvernements plieraient sous la pression de la rue, à défaut, ce serait l'émeute universelle.

La troisième différence est de taille pour l'art de la guerre. A l'extérieur, l'OTAN fait peur et les critiques pleuvent sur sa brutalité. Spéciale dernière : le convoi de Kadhafi sortant de Syrte. A l'inverse, les forces européennes engagées comme telles, sur le théâtre yougoslave par exemple, passent pour une police armée, prompte à la négociation. Ce n'est pas exactement l'image que doit rechercher une armée ni le schéma de Lyautey qui préconise de "montrer la force pour n'avoir pas à s'en servir".
Les nouveaux pays européens sont tout à fait conscients que la PESD est une force de négociation et pas d'intimidation, et que lorsque les parlottes seront terminées, ils devront téléphoner au SACEUR³ pour avoir de l'aide. Et contre cette conviction, les meilleures démonstrations sont inutiles.
Faisons donc des économies et démobilisons ces petits état-majors et microsructures multi ou binationales qui en cas de pépin ne serviront à rien, sauf à peut-être ralentir les procédures si les politiques leur assignent un rôle.


Note (1): la PESD pour les Nuls c'est par ici
Note (2): accords Lemnitzer-Ailleret de 1967
Note (3): commandant suprême des forces alliées en Europe, actuellement l'amiral James G. Stavridis

La dispute du yuan

Tout à nos querelles de clochers, nous n'avons pas perçu les menaces d'incendie que fait peser le Congrès des Etats-Unis sur la Chine. Cela nous concerne bien plus que la dispute picrocholine de ces messieurs les seconds couteaux de la politique intérieure, ameutant à notre imminente démondialisation !

Les parlementaires américains qui sont parties prenantes dans la politique du pays et par là responsables, ont voté la loi "Yuan" qui autorise le Département du Commerce à frapper de droits de douane tous produits provenant de pays dont les monnaies sont « fondamentalement sous-évaluées ». Le dispositif peut être ravageur pour les exportateurs des pays tiers car il autorise les sociétés américaines à saisir l'administration au cas par cas. La promulgation de cette loi par la Maison Blanche a été différée pour permettre à Timothy Geithner, Secrétaire au Trésor, de discuter avec ses homologues chinois au G20 et dans les réunions subséquentes.
C'est le combat de la mauvaise foi, mais il faut le livrer.
Les Chinois veulent vivre au Village Global avec une monnaie non-convertible dont les taux et les marges de fluctuations sont administrés chaque matin selon l'humeur du commerce extérieur. Mais conscients du danger de soutenir longtemps cette incongruité, ils remontent continuellement la valeur de leur monnaie pour limer les dents des Représentants et Sénateurs dont les mandats électifs sont mis en péril par la situation désastreuse de l'emploi. Les turbulences du mouvement des Indignés à New York sont parfaitement perçues sous le dôme du Congrès. Le Tea Party ayant montré la voie, il faut parler simplement pour être bien compris et faire adhérer les masses. La sous-évaluation chronique du yuan est devenue donc la cause de toute la misère de l'Union, et chacun de dénoncer avec une gourmandise frustrée le succès de ces maudits jaunes : 9% de croissance au deuxième trimestre grâce à une monnaie sousévaluée de 25% dit-on, un déficit commercial sino-yankee de 29 milliards de dollars rien qu'au mois d'août, et 3200 milliards de dollars de réserves de change¹, dans lesquelles le Trésor américain est débiteur de 1200 milliards.

Mais les Chinois ont le gène de la propagande et haussent le ton : ces chiffres sont le passé. S'il n'est pas possible présentement de continuer à surévaluer, c'est la faute à la crise mondiale² qui freine drastiquement l'activité générale et ferme les usines, comme à Wenzhou où beaucoup d'entrepreneurs sont en fuite. Si on les pousse à bout, ils vont brader les bons du Trésor américain au marché de plein vent de Bobo-Dioulasso ! Plus sérieusement, ils vont les céder contre toutes piastres qui leur seront utiles dans leur commerce mondial en dehors des Etats-Unis, éliminant de ce fait le dollar. Leur situation économique est devenue aussi sérieusement dégradée que celle des Etats-Unis, avec une bulle immobilière du même ordre que celle qui explosa en 2007. Ce ne sont pas que les petits propriétaires à crédit qui feront faillite, mais beaucoup de villes grandes ou moins grandes - comme Wuhan - qui se sont jetées dans une promotion immobilière échevelée ! Les banques sont à recapitaliser d'urgence dans des proportions bien supérieures à celles exigées pour les nôtres. Et rien ne permet de croire que des émeutes populaires, comme celles ultraviolentes de 1998 au Nord-Est, ne viendront pas pulvériser la politique de réforme bancaire et financière. Aussi marchent-ils sur des œufs.

Les 63 Sénateurs qui ont voté la loi « Yuan » sont suffisamment informés par les « services » pour ne pas jouer avec le feu qui embraserait la région Nord-Pacifique. Tiens ! les Chinois n'ont pas encore parlé de leurs bonnes relations avec la Corée du Nord ; et Obama n'a pas programmé un voyage d'amitié à Taïpei. Les partenaires de cette dispute sont en pleine diplomatie de rupture du consensus OMC ; il y faut cette fois du talent et du sang-froid. Nous-mêmes à notre échelle ne seront convoqués qu'au moment d'en subir les effets. La puissance économique prime et nous ne l'avons plus. Nous devrons donc attendre les nouvelles du front avant de démondialiser.



[ce billet est paru dans l'Action Française 2000 datée du 20 octobre 2011]

Note (1): Voir notre billet "Picsou" par là.
Note (2) : le meilleur indicateur de la crise est le Baltic Index. Appelé Baltic Dry Index and Freight Rates, il donne tous les taux de frets maritimes et mesure la santé des échanges. Publié par le BALTEX de Londres qui offre une bourse de dérivés et futures (clic).

mardi 18 octobre 2011

Contact !


Tous les clignotants sont au rouge a-t-on coutume de dire ici, sans plus se soucier de la suite tant la formule est usée. Mais depuis hier, une petite loupiote s'est ajoutée sur le tableau de bord de la Bercy Grand Sport. Elle alerte sur la mise à contact d'une agence de notation. Juste le contact, pas encore le démarrage du moteur à misère qui n'interviendra que dans trois mois.
C'est Moody's cette fois qui a des doutes sur le crédit international de la France et vient de nous mettre sous surveillance négative avant le vote des dépenses du Budget 2012. Disons que nous sommes désormais notés AAA- avant d'entrer dans le club des AA au mois de janvier.
Les taux d'emprunt de France Trésor vont s'envoler et nous ne pourrons suivre, etc... vous savez de quoi il retourne depuis que Royal-Artillerie a mis cette affaire à l'étau. Nous sortirons aussi de l'Euromarkland car l'Allemagne dressera une barrière sanitaire entre elle et les GiPSIF !
Réactions ?
Rien ! On attend des nouvelles de la Clinique de la Muette, la bien-nommée.

Si nous voulons éviter le krach, le budget 2012 doit être ramené dans les clous de Maastricht tout de suite, en ne dépassant pas le chiffre magique de trois pour cent du Pib, quel que soit le taux d'exécution de ce budget in fine. Il faut bluffer les agences dans une tactique de déception.
Mais c'est électoralement impossible, sauf si le Président énervé décide de se sacrifier et annonce qu'il ne se représentera pas en avril prochain afin de nettoyer immédiatement les écuries d'Augias. Les Indignés s'indigneront !
De la même taille que Thiers, il entrera dans l'Histoire comme le boucher de Paris après que le traitement des CRS ait été majoré de cinquante pour cent et le tir à balles caoutchouc interdit. Mais il aura sauvé l'honneur et... l'épargne de France !

Idiot ? Observez.

 

vendredi 14 octobre 2011

Plus 3

Depuis quelques semaines, notre classe politique captivée par les primaires socialistes a le prurit de la bonne gouvernance et prend la pose pour annoncer le retour de l'Etat dans les clous de Maastricht. Les oies défilent au pas de trois pour cent du Pib ! L'objectif affiché par les génies dirigistes n'est différencié de chaque bord que par le temps requis pour atteindre un jour ces fameux trois pour cent de déficit.
Les impétrants malhonnêtes, car il faut bien appeler chat le chat, n'ont jamais voulu accepter que les Kritères maastrichiens étaient le ZERO pour cent, et que le chiffre de 3% était le plafond d'un trou budgétaire occasionnel. Zéro pour cent est chose assez commune dans des pays du Nord. En régime de croisière, avant donc la bourrasque bancaire de 2008, le Danemark faisait 2,8% d'excédent, l'Irlande 1,9%, le Grand Duché 4,4%, les Pays-Bas 1%, la Finlande 1,9%, la Suède 1,9% et même le Royaume-Uni faisait 1,3%. L'excédent n'est donc pas incongru et les déficits courants que ces pays rencontrent aujourd'hui, ont des causes conjoncturelles et non pas structurelles.
Que représentent les "clous de Maastricht" est une bonne question que je vous remercie de m'avoir posée.
Les 3% de Pib ne mesurent rien puisque le Pib lui-même n'est utile que dans son évolution à critères comptables constants et pas dans sa valeur intrinsèque instantanée. C'est un résultat fiscal impacté par tout ce qui bouge. Le désastre de Fukushima va booster le Pib japonais comme jamais depuis Hiroshima ! Ils en ont de la chance !
Et quand on parle de plafond de Dette publique à 60% du Pib, c'est pareil. Le chiffre est une invention des communicants de Mitterrand, facile à prononcer sauf pour Giscard d'Estaing ! Plus sérieusement il s'appuyait sur une croissance moyenne d'au moins 3% par an, alors qu'aujourd'hui 2% serait un succès inespéré.
Un seule chose est sûre, il faut que l'argent dépensé à crédit le soit sur des infrastructures et structures industrielles ou autres, capables de rapporter de l'argent par leur exploitation, afin d'abonder les caisses pour régler à l'échéance intérêts et capitaux empruntés. Et surtout jamais des dépenses de fonctionnement, car l'argent disparaît dans la consommation et les fosses septiques. Le "bonheur" n'abonde pas les caisses publiques. Le défaut de cette recommandation est son extrême simplicité. Pas de quoi briller dans les dîners en ville ni soutenir une thèse devant un jury d'économistes.

Ne revenons pas encore sur la Dette abyssale qui continue à se creuser chaque semaine sous l'arrogance suffisante de nos dirigeants. Continuons à creuser le sillon du bon sens. A choisir un objectif chiffré pour mobiliser les idées et les énergies, le trois-pour-cent magique devrait être l'objectif politique d'un EXCEDENT des comptes budgétaires de l'Etat, afin de commencer à remplir le trou. Et pour d'autres raisons tenant à notre crédit international. Quelqu'un a-t-il entendu aucun de nos merveilleux candidats franchir le rubicon du zéro-pour-cent en 2013 par exemple, pour aborder ensuite aux rives de l'excédent ? C'est à ce manquement qu'on mesure à quel point ces messieurs-dames font la pute.
Le « marché politique » est celui des mensonges, dans une démocratie aboutissant à sa dérive naturelle, la démagogie. On y échange des promesses illusoires contre des votes. On sectorise les avantages promis en fonction des segments utiles de l'électorat et on prend les compensations sur ceux qui ne sont pas acheteurs de l'illusion. Le taux exorbitant de prélèvement fiscal interdit de recourir massivement à la taxation - bien que ce soit l'idée cachée de tous bords - et donc obligera à assainir les comptes publics du côté de la dépense.

Que faire sans le sou ?
Contraints par les censeurs indépendants qu'ils voudraient bien tuer, les menteurs parvenus à court d'argent transformeront les avantages directs sonnants et trébuchants en avantages indirects par le biais de réglementations bénéficiant à leur clientèle électorale. C'est assez malin. Je ne peux pas te virer d'argent du compte du Trésor à sec, mais je vais créer une obligation pour l'immense armée des veaux de faire quelque chose de "très" utile, et le troupeau viendra acheter ces services obligatoires à ton guichet. Les réglementations justifient bien évidemment le contrôle de leur application et par contrecoup les effectifs des ministères concernés. Deux exemples ?

La formation professionnelle : le nombre d'officines est infini qui mangent sur la bête et bien peu sont compétentes. La formation est indispensable mais la compétence de ceux qui la font aussi ! Ceux d'entre vous qui ont fait un stage comprennent sans qu'il soit besoin d'un dessin. Les entrepreneurs qui doivent cotiser aux agences de branche sont ensuite sollicités par téléphone pour se former, à défaut former leurs gosses ou partir aux Caraïbes en séminaire. Dans le réseau Relais & Châteaux, il y a des formules pour se former avec sa secrétaire. Le coût budgétaire de cette idée essentielle mais détournée par le clientélisme est énorme, des milliards. Dix de mémoire !

Les expertises énergétiques de l'habitat ont créé des milliers de structures parasitaires où grouillent des fonctionnaires et assimilés à la retraite, voire des artisans faillis. On a multiplié par mille les niches à retraités EDF-GDF qu'étaient les Consuels !

Donc pour les temps de disette budgétaire que nous annoncent Standard & Poors, Moddy's et Fitch Rating, attendons nous à la submersion de la société par des réglementations compensant l'impossibilité d'avantages directs aux électeurs gagnants. Mais pour ce qui est de l'excédent budgétaire nécessaire au renflouement du navire, on repassera. C'est ridicule mon cher Watson ! Il faut carrément couler le bateau.

mardi 11 octobre 2011

C'est la marche des co...

... coin, coin, coin, coin ! ... ou des gavés.
Les dignités, places et emplois publics ont été jusqu'ici la plaie de la France ; leur nombre et leurs avantages doivent être réduits au strict nécessaire tellement qu'ils ne puissent tenter la capacité de personne ; ce sera un travail occupant le moins possible de citoyens avec une rétribution juste mais modique¹. Tel devrait être le préambule de la loi Rigueur & Austérité déposée pour avis au Conseil Constitutionnel le lendemain de l'élection présidentielle de 2012.

En attendant la Règle d'Or, marchent entre Bastille et République les destinataires premiers de nos déficits : les régimes spéciaux et quelques vrais pauvres en renfort, en cas de micro-trottoir. On les comprend. Byzance, c'est fini ! Les caisses sont vides, les remplir obligent à acheter de l'argent aux fourmis du grand monde, qui de plus en plus se méfie des cigales ! Les uns, protégés par Le Statut, crient avant d'avoir mal quand les autres à demi-morts n'ont déjà plus de voix. Il est des gens dans ce pays qui toutes charges fixes payées, ne gardent que cent euros pour faire le mois. Personne ne s'en est jusqu'ici occupé et les revendications syndicales n'y prêtent apparemment aucune attention, ces gens ne votent pas aux élections professionnelles.

Le communiqué de la CGT, clic clac, se résume à faire payer les riches et la finance cosmopolite (gag ! venant de ce bord-là), mais à ne rien toucher de l'Etat-providence qui est à la base du désastre. On oppose l'enrichissement extravagant de l'un sur cent aux réformes fiscales touchant les quatre-vingt-dix-neuf autres. L'excès de gras est toujours dans la masse, ce qui n'interdit pas de faire justice, certes, en se méfiant quand même des vessies de l'égalitarisme.

La financiarisation de l'économie doit être traitée par autre chose que des slogans creux, et les jeux de hasard qu'elle couvre, séparés de l'économie réelle. C'est sûr qu'il vaut mieux revenir au Glass-Steagall Act² qui sépare le casino du comptoir de banque, même si je n'en attend aucun effet magique, les banques universelles n'étant pas plus mal en point que les banques spécialisées. Bien sûr aussi que les revenus capitalistiques n'ont aucun motif à prétendre à des faveurs fiscales et devraient être reclassés en revenus secs !

Un enfant de dix ans sait que pour couper l'eau du tuyau d'arrosage il vaut mieux fermer le robinet que de boucher le jet avec son pouce. Ainsi le gouvernement, tout à la campagne électorale du candidat naturel, cherche-t-il néanmoins à couper la gabegie à la source. «Le seuil de tolérance à l'endettement est dépassé» dixit François Fillon qui se répète depuis quatre ans et n'en peut mais ! Son plan n'y suffira pas, on ne comble pas les abysses.
Et Jacques Attali d'enfoncer le clou dans l'Express : « De fait, depuis quatre ans, on n’a entendu dans ce pays comme dans beaucoup d’autres, à droite comme à gauche, ni proposer ni mettre en œuvre aucune solution concrète aux défis immenses qu’imposent de plus en plus les contraintes de nos déficits et des dérèglements des marchés. On n’a énoncé aucun choix précis, en dehors des échappatoires de l’éloquence (quand on est dans l’opposition) et de l’endettement (quand on est au pouvoir) [...] Parce que les solutions existent. Elles peuvent être appliquées rapidement. L’actuel président aurait tout le temps d’agir. L’opposition aurait tout le temps de proposer des solutions précises et chiffrées. Alors, s’ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités, que les événements les y contraignent au plus vite. Le pays aurait tout à y gagner ». Et de titrer son billet : Levez-vous vite, orages désirés. Nous sommes moins optimistes que lui, la réforme n'est pas dans les gènes français.

Note (1): © Boiffils de Massanne (1824-1907) proposant un amendement posthume à la constitution de 1791.
Note (2): loi financière américaine de 1933 séparant banques commerciales et banques d'investissements, chez nous banques de dépôts et banques d'affaires. Cette loi bancaire constamment contournée par la profession fut rapportée en 1999 sur pression de la City. Ce pare-feu avait été supprimé en France par les lois Debré de 1966-67.
Note (3): l'article a paru dans Slate.fr.

mardi 4 octobre 2011

La Marche vers le Nord

La grande récession est annoncée par les crânes d'oeuf du FMI et de la Banque Mondiale. Vendez vos valeurs mobilières et vos meubles meublants, achetez de la terre à choux, plantez-les avec le pied, le genou, le coude ou le pouce. Avec le prix de la récolte vous agrandirez votre lopin et ferez des aubergines, pour la couleur et la ratatouille.
Notre Europe affaiblie, découragée avant même de se battre, va soutenir un peu et subir beaucoup la poussée migratoire de l'Afrique noire que la récession va ruiner. Car c'est trop souvent les pays sans marché intérieur solvable qui paient les pots cassés de la mondialisation en panne. La crapulerie affichée de notre classe politique et la gouvernance d'andouilles, que le budget français 2012 proclame publiquement en étant construit sur et autour de la Dette qu'il creuse (!), nous interdisent désormais toute arrogance envers les pays africains qui, finalement, à leur échelle, ne font pas moins bien ni pire.
François-de-Souche a mis en ligne un film-documentaire sur la migration noire, que l'on pourrait appeler la Marche vers le Nord (pour paraphraser la marche de l'empereur). Le titre est d'actualité : "Le piège de Kadhafi". On y apprend, on y comprend, et on sait que nous n'avons pas de solutions. Le film dure 1h17 et sa vidéo est hébergée chez Ru-Tube. Doit-on dire que les images sont souvent très belles ?

A 18:56, Mohammed Boss Abdulkader, chef des passeurs, nous parle du "vivre au pays", du bizness migratoire et ne peut qu'évoquer les chaînes de nègres d'antan que sa famille remontait à travers le désert, car son vieux père aveugle et couché sur son grabat à côté de lui n'est pas sourd et a un peu honte.
Contraints par les hommes, contraints par la misère ou brûlés d'aventure, les Noirs montent en flot continu depuis toujours. En ce siècle, ils passent la mer.

A 32:24, Amadou parle de réciprocité post-coloniale et d'abandon de la Francophonie sans la nommer, mais le reporter a bien compris qu'il y a beaucoup de déception.

A 41:53, Emmanuel dit : «dans l'aventure, même si tu ne gagnes pas, tu vas gagner l'esprit, si tu ne gagnes pas d'argent, tu vas gagner l'intelligence, tu vas avoir le choix, tu vas avoir le coeur... »
Puis viendra la mise en esclavage par l'Etat libyen. On ne dit pas combien de ces "aventuriers", échappés de leur geôle, furent pris pour des mercenaires par les Rebelles et massacrés. Les survivants prirent la barque, et combien se noyèrent. Des milliers !

A 56:16, on décortique ce que fut le bizness officiel libyen de l'émigration par passeurs à peine marinisés mais subventionnés par l'Etat de Kadhafi pour faire construire leur bateau de pêche sans filets ni poissons !
Et on finit par buter sur la police européenne des frontières.

Voici le chapeau de présentation de ce film sur le site russe :
Un convoi perdu dans l'immensité du Ténéré. Des centaines de migrants traversent le désert. Ils rêvent d'Europe. En Libye, Kadhafi leur avait promis la fortune. Mais la-bas, ils ont connu l'enfer des centres d'internement. Kadhafi se livrait alors à un odieux chantage avec l'Europe, en organisant en sous-main, l'embarquement des migrants vers l'Italie. Aujourd'hui, leurs vaisseaux de fortune viennent se briser sur les rochers de Lampedusa. Une fois arrivés en Europe, ils sont... pris au piege. Enquête au Niger, en Libye, en Tunisie, en Grèce et en Italie avec les migrants africains en route vers l'Europe.


© Premières Nouvelles - Maha Productions 2011 - par Alexandre Dereims


Je termine par une petite provocation en reggae.


Les lois finissent par se briser sur l'inhumanité de leur application.
La Francophonie a échoué, donc la Marche au Nord continue !


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