lundi 30 avril 2012

Depuis le bord de mer

Le cycle Pescaïre du dimanche continue. La pêche du bord s'appelle aujourd'hui surfcasting puisqu'on prend le poisson sur la crête de la vague quand il fait l'hawaien ! Elle se pratique en général les jours de gros temps, et en Méditerranée, quand la mer "ramène" si le vent est tombé. Le ciel est généralement gris de plomb, mais on peut toujours faire le coquet par beau temps pour engager la conversation avec les oiseux qui passent, sauf qu'en ce cas on passe chez le poissonnier en rentrant.


Il est toujours impressionnant de se voir lancer la ligne à près de cent mètres. On ressent sous le grain un sentiment de puissance face aux éléments. J'ai vu sortir un dauphin au Grau du Roi, et des thons plus longs qu'un homme est haut à Palavas. Mais l'ordinaire peut heureusement entrer dans la poêle ovale : daurade, loup, marbré, sole et parfois un congre perdu qu'il est sympa de remettre à l'eau.

Outre l'aisance d'un lancer énergique qui réclame une certaine force, il sied de connaître un minimum de technique. C'est en bout de ligne que ça se passe et Royal-Artillerie se décarcasse pour que vous prépariez votre journée de surfcasting sur la plage du Grand Travers dimanche prochain.
Oublions pour aujourd'hui d'insister sur la fraîcheur renouvelée en continu des appâts, c'est au vif qu'on prendra plus gros, et étudions les empiles. Il y a 19 montages différents (©Christophe Leroux)) d'après le Conseil d'Etat ; nous en choisissons quatre, du plus simple au plus sophistiqué :


Le flapper


Le trainard bas suspendu


Le téléphérique


Le pulley rig auto-ferrant


Avant de passer aux 15 autres configurations, vous devinez déjà que vous n'aurez jamais le temps de lire les promesses électorales qui n'engagent que vous, puis d'aller éliminer celui des deux qui vous convient le moins. On n'a qu'une vie, ne la perdez pas dans les isoloirs. Bonne pêche !


Même début mai, il faut s'habiler chaudement pour surfcaster car le mauvais temps est votre allié.


Mgr Henri d'Orléans pour une « France forte »

 

Dans son dernier billet publié sur le site de la Maison Royale de France, le comte de Paris, Henri d'Orléans, fustige les prélats et politiques qui passent sous silence les valeurs qui ont fondé la France :
Notre époque qui a tant besoin de signes pour espérer, ne reçoit de ceux qui, par essence, devraient nous réconforter, que des réponses pieusement et souvent sans rapport avec la réalité vécue au quotidien. Quel est le prélat en chaire ou l'homme politique qui ose encore parler d'amour et sur notre terre de France de bonheur? Or la France n'a pu se bâtir que dans un acte de foi et d'amour et dans le respect des valeurs qui la fondent.

Puis dans deux tweets successifs - Monseigneur semble assez actif sur ce média - il se déclare pour le président candidat au motif de l'expérience :

@SARcomtedeParis « En ces temps troublés autant qu’opaques la France a besoin d’un capitaine compétent parce qu’expérimenté pour redevenir une France forte. »
13:??-30 avr 12
@SARcomtedeParis « Les Capétiens ont construit une France forte. Elle doit le rester.»
15:21-30 avr 12

La "France forte" est le slogan des affiches de M. Sarkozy.
Les royalistes se rangeront-ils derrière lui ?
Juste une question.


vendredi 27 avril 2012

Rêveries du pêcheur solitaire


Notre cycle politique piscicole s'ouvre par un éloge de la pêche au coup. Il y a quelque chose d'hypnotique dans la pêche au coup. Suivre des yeux le bouchon dansant jusqu'à ce qu'il plonge enfin ou disparaisse dans un moment d'apnée de la conscience participe de la focalisation intense procurant l'hypnose.

Combien de pêcheurs au coup s'évadent ainsi bien calés sur le pliant et voyagent en songe ? Presque tous, et les quelques-uns qui ne voyagent pas rêvent autrement, d'un bon repas, d'un bon film, aux cuisses chaudes de leur belle, tout ce que l'imagination humaine leur sert en cerveau.
Que vous pêchiez en Chanel, en short italien, en Vieux Campeur ou dans votre vieux treillis d'infanterie, c'est valable, à condition que l'esche soit fraîche et goûteuse et que vous sachiez manier le brin.

Il a disparu ! D'un coup. Et la ligne se tend. Sans aucun délai de décompression, le rêve est éjecté, le pêcheur cherche à ferrer de toute son attention, en finesse, captivé par le dosage de la force passant du poignet à la canne. Le réflexe est roi, la technique est reine, il n'est plus temps de réfléchir ou de comprendre, tout se fait d'instinct... et le poisson sort.

Les désœuvrés qui longent les rivières les mains derrière le dos se demandent ce que font tous ces types immobiles, statufiés, sur un poste meublé d'un attirail bizarre, l'oeil fixe sous la visière. Ils ne savent pas ou font semblant d'ignorer que le moindre bonjour ou la moindre question emmerde diablement le pescaïre qui doit s'extraire du procédé pour répondre par politesse.
Alors, si vous lui demandez s'il a voté avant de venir, il y a une chance sérieuse pour que vous finissiez la promenade à la nage, ce qui n'est que justice.





jeudi 26 avril 2012

Lettre ouverte d'un travailleur


La lettre ouverte (et donc libre de droits) d'un « exilé » libre à Jean-Luc Mélenchon, publié par Les Echos avant le premier tour de l'élection présidentielle (le 17 avril exactement) mérite qu'on s'y arrête. M. Paul Dubrule est co-Président/Fondateur d'ACCOR, premier opérateur hôtelier mondial, leader en Europe, présent dans 92 pays avec plus de 4 400 hôtels et 530 000 chambres ! Pas un miquet. Il a optimisé sa gestion patrimoniale en habitant en Suisse, dans un pays qui traque les gaspillages et a besoin de prélever bien moins d'argent de ses contribuables que son grand voisin occidental en faillite chronique. Il ne fait pas mystère d'économiser deux millions de contributions sur les revenus retirés de son activité économique et des rentes qu'il s'est créées par le travail.
Il s'adresse à l'apparatchik hispano-marocain qui n'a jamais bossé que deux ans dans sa vie, comme professeur de français au lycée technique de Lons-le Saunier, mais a rédigé d'abondance de la doctrine au mètre pendant des lustres dans les revues où il a sévi pour le compte du Parti socialiste. Sa licence de philosophie, un talent de plume et une gouaille méditerranéenne ne le destinaient pas à donner l'assaut dans la guerre économique mondiale. M. Dubrule, si ! Dans la lettre ci-dessous, l'entrepreneur se moque du tribun payé au mois qui n'a jamais rien risqué, mais gentiment.

Cher Monsieur Mélenchon,

Vous parlez trop de moi, pas toujours en termes sympathiques, mais qu'importe. En revanche, vous devriez mieux vous informer pour ne pas déformer la réalité par une méconnaissance des sujets que vous évoquez - ce n'est pas juste, ni même honnête vis-à-vis de ceux qui vous suivent, vous et vos idées.

Passons sur le terme « exilé fiscal » qui est in-approprié, vous le verrez plus loin. Vous condamnez sans procès et me jetez à la vindicte populaire par ignorance et parce que cela vous arrange.

Savez-vous que je vais payer cette année, en 2012, suivant mes dernières estimations environ 1.250.000 euros d'impôts, en France ? J'ai bien dit en France, et chaque année. Les procès en mauvaise citoyenneté et en incivisme, contre celui (ou ceux) que vous appelez l'« exilé fiscal », servent sans doute votre discours, mais sont faux et manipulatoires. L'« exilé fiscal », que je suis selon vous, a donné plus d'impôts à la France que M. Jean-Luc Mélenchon.

Vous êtes un magnifique tribun, j'avoue même prendre plaisir à vous écouter. L'ennui, c'est que le charisme allié à la démagogie a toujours conduit, de tout temps et dans tous les pays, quand ils ont triomphé, à des dérives politiques et à des drames sociaux.

J'ai créé ACCOR avec Gérard Pélisson. J'étais seul au début, et quand nous avons pris notre retraite, nous étions 160.000. Nous avons toutes et tous payé des impôts et nous continuons tous d'en payer, y compris l'entreprise que nous avons créée.

Mais cette question d'impôts est secondaire à côté de la fierté d'avoir permis à ces 160.000 cadres et employés d'avoir un métier et un emploi, et pour beaucoup, grâce à la formation, d'aller de promotions en brillantes carrières.

Mais au-delà de vos effets de tribune et de bateleur de l'indignation, j'ai la conviction que, comme vos adversaires désignés, vous nourrissez votre propre forme de « stigmatisation », pour reprendre un terme en vogue : en l'espèce, à l'égard de tous ceux qui entreprennent, ceux qui souhaitent changer leur propre vie, ceux qui ont envie de construire. La réussite financière est souvent un moteur pour ceux-là, mais ne constitue qu'une gratification dans un parcours dont la finalité est très souvent beaucoup plus noble. Vous connaissez mal les entrepreneurs et ce qui les anime, à savoir la passion de l'aventure humaine et collective.

Bien heureusement vous ne serez pas élu mais vous ferez un score non négligeable. Vous aurez vendu de l'illusion à ceux qui rêvent du grand soir. Je ne voterai pas pour celui qui est le plus beau, le plus charmeur, le meilleur tribun, le plus cultivé ou celui qui prône « l'insurrection » politique.

Je voterai pour celui qui travaille, qui a le courage de prendre des décisions et, quand l'une d'elle s'avère mauvaise, de la corriger et de repartir de l'avant, non pas un « démolisseur » mais un « bâtisseur », qui n'a pas peur d'être parfois impopulaire même si cela n'est pas vraiment bon en période électorale. Je voterai pour celui qui croit à la force des projets collectifs que sont les entreprises pour transformer nos sociétés, les rendre meilleures, plus justes et plus intégratrices. Pour le besoin du pays et de ceux qui y vivent, celui-là doit gagner.

Cher Monsieur Mélenchon, vous pouvez continuer à vous servir de moi dans vos meetings, cela ne me dérange pas, mais vous abusez ceux qui vous font confiance. Vous avez besoin d'exister et cette élection vous donne une tribune qui vous permet de briller et vous brillez au détriment de ceux qui vous suivent.

Dans l'attente de vous lire, je vous prie de croire en mon estime mitigée.

Paul Dubrule

Parmi ceux qui ont "voté" avec leurs pieds, nous citerons Jean Alesi(CH), Marion Bartoli(CH), Julien Benneteau(CH), Arnaud Boetsch(CH), Arnaud Clement(CH), Nicolas Escudé(CH), Guy Forget(CH), Richard Gasquet(CH), Jean-Claude Killy(CH), Henri Leconte(CH), Sébastien Loeb(CH), Paul-Henri Mathieu(CH), Gaël Monfils(CH), Christophe Moreau(CH), Amélie Mauresmo(CH), Stéphane Peterhansel(CH), Cédric Pioline(CH), Alain Prost(CH), Fabrice Santoro(CH), Florent Serra(CH), Gilles Simon(CH), Jo-Wilfried Tsonga(CH), Vincent Rives(IRL), Jean-Philippe Gatien(US-DE), Michèle Laroque (US-NV). Pour les quatre mille autres, nous reviendrons demain.


Depuis cette lettre ouverte, le premier tour a passé et avec lui la Vérité. Le Bruit & la Fureur n'aura pas tenu deux heures avant de se rendre sans conditions au patron du parti socialiste. Onze pour cent des voix c'est peu et beaucoup, mais le job est fait : rapporter à son maître le plus de voix possible placées à sa gauche afin de réduire les partis trotskystes et écologique à trois fois rien. Il n'y avait rien à négocier, c'était ça le scoop du dimanche soir. Ces 11%, s'ils ne se délitent pas dans l'entre-deux-tours, seront-ils suffisants pour vaincre. Beaucoup en doutent, qui restent crispés sur leur dégoût de l'establishment ; d'autres y voient la promesse d'un infléchissement du programme hollandais, ce que le candidat de gauche dit refuser.
D'ici le 6 mai, M. Mélenchon va connaître le sort des battus et disparaître dans les WC de la démocratie.
Qu'importe le résultat, le chèque européen tombe chaque mois, et c'est bien l'essentiel. Lui reste à éviter les Sofitel, Mercure, Novotel et SuiteHotel où les femmes de chambre sont redoutables !




mercredi 25 avril 2012

Les deux candidats et leurs promesses



La question à la cantonade était de savoir qui de M. Hollande ou de M. Sarkozy pourrait mettre en oeuvre son programme électoral. La contribution d'entre-deux-tours au forum Newsring est divisée en deux sujets.

Le fusible de la croissance

M. Hollande a placé d'entrée un fusible sur le circuit des réformes promises, fusible qui s'appelle le taux de croissance.
S'il n'obtient pas le taux programmé, il passe en mode pédalo-zen à la Chirac. Or ses "intentions" de croissance - il y a quelque chose de stupide dans l'expression - sont hors de portée immédiatement pour sûr, et à moyen terme sans doute, sauf à engager un plan européen de reprise économique. Notons qu'un plan franco-français est impossible à réussir dans le piteux état de nos comptes publics et compte tenu de la haute pression fiscale actuelle, et sans parler de la fuite probable d'assiette (sujet déjà traité sur Newsring).
Deux raisons au moins me laissent penser que tout plan éventuel de reprise se fera sans la France aux manettes, même si elle en profitera par effet collatéral :
La première est que l'Allemagne a acquis le majorat nécessaire à la conduite de l'Union sous un chancelier prussien, et qu'elle ne rendra pas les clefs à un apparatchik départemental français. La seconde est que les pays en faillite structurelle, comme la France et les autres pays latins, ne seront pas invités à définir cette relance européenne qui restera de l'initiative des pays du Nord.
A cette seule condition d'une reprise européenne, qui se fera sans que M. Hollande y dicte sa loi, une partie du programme du nouveau président pourra être mise en oeuvre, celle ayant le moins d'impact budgétaire immédiat.
La seule façon de convaincre les pays sérieux est de suivre un plan de réduction de la dépense publique. La clientèle de M. Hollande s'y refuse ! Les trois déficits structurels, amplifiés par la non-réformabilité du modèle social français, nous placent en première ligne des attaques de la spéculation sur le défaut souverain français. Mais ceci est vrai aussi pour son adversaire.

Un second mandat plus libre

Contrairement à ce qu'affirme M. Sarkozy, on sait moins son programme qui, à ce qu'en montrent les écrans, est d'abord une critique soutenue des mesures prônées par son adversaire, que celui de M. Hollande dont tout le monde parle en bien et en mal.
Tant de mesures de bon sens et parfois utiles auraient dû être prises sous le quinquennat finissant qu'on demande sans malice que le titulaire du poste nous explique une bonne fois les impossibilités qui l'en ont empêché. Un président disposant de plus de pouvoirs que le roi Louis XIV, avec deux gouvernements - l'un à Matignon, l'autre à l'Elysée - et une chambre basse aux ordres, découvre en fin de mandat que la République boîte bas. Et les gens écoutent la magie des promesses qui ne sont là que pour leur plaire ! C'est la démocratie d'opinions.
M. Sarkozy n'est pas dans la position d'être élu par opposition, il le sait, mais par adhésion. Pour y atteindre, la démagogie est le seul moteur qui tourne rond en République, mais l'adhésion oblige à cesser le clivage, ce qui n'est pas dans le tempérament du président-candidat. On verra rapidement s'il est capable de muter vers le rassemblement.
La seule raison permettant de prévoir une application de ses propositions, si la situation financière du pays le permettait, est la limite constitutionnelle du poste à deux mandats, qui le libère d'une troisième campagne et de la présentation d'un bilan, déjà catastrophique avec ou sans crise.
Mais, à mon avis, les contraintes budgétaires et corporatistes auront raison de ses intentions, car il n'y a plus d'os à ronger pour jeter aux pouvoirs concurrents, les caisses sont vides et la haine est installée.

lundi 23 avril 2012

De Charybde en Scylla



La petite Union soviétique occidentale a achevé hier soir le premier secteur du cycle électoral - cirque électoral - lancé aux primaires socialistes de 2011. Bien des investisseurs et de très nombreux consommateurs ont suspendu leur décision d'achat jusqu'à ce que retombe l'écume de cette tempête médiatique. Il reste deux secteurs de la roue à tourner, le second tour de la présidentielle et les élections législatives à deux tours ! Les affaires reprendront donc plus tard.
Ce bordel magnifique, qui nous aura fait goûter à l'empire du monde comme au bon vieux temps, puisque nous allons plier la Prusse, la City et toute l'Europe du Nord en deux coups de menton, ne cessera donc qu'au matin du 18 juin, juste à temps pour prendre l'Eurostar.

Le président laisse en sortant le pays dans un état bien pire que celui dans lequel il l'a trouvé en entrant, comme il est interdit de faire dans aucun chiotte de café français. L'impétrant est moqué in petto par ses propres courtisans qui se souviennent de son incurie à la tête de leurs troupes et lui donnent un tempérament de flan tremblant.

Douze mois¹ moins 10 jours, tant aura duré la récréation dans un pays qui avait mieux à faire qu'à se vautrer dans sa démagogie génétique en pleine crise européenne. Pendant cette période, tous les compteurs se sont agravés et le peuple, les pieds dans la merde comme il convient aux coqs, attend maintenant son sauveur démocratique.

Il reste quinze jours au lecteur de Royal-Artillerie - pas peu fier en passant d'avoir fait rembourser Poutou de ses frais de ronéo² (pouff !) - quinze jours donc, pour s'initier à la pêche à la mouche. Pour la pêche au coup s'adresser à maître Gilbert.

(1) dépôt des candidatures au primaires socialistes : 28 juin 2011 - second tour des législatives : 17 juin 2012
(2) Loi organique n° 88-226 du 11 mars 1988




jeudi 19 avril 2012

Bisou de la campagne

Attendu que l'élection d'un président chef d'Etat au suffrage universel est l'incarnation du fabliau ésopien des grenouilles demandant un roi, mais avec le ridicule d'un combat éructif ramenant la procédure au niveau de la mare où coassent les connes du Portique, j'enfreins la solidarité de la lutte groupusculaire appelant au moindre mal (DA) ou au pire détonnateur de crise (MLP) pour que chantent enfin de royalistes lendemains - rires sur les bancs - et je donne mon choix.

Aucun des candidats sélectionnés par le régime, pas plus d'ailleurs que ceux qui prétendirent s'aligner avant d'être rejetés par la nomenklatura, n'est en mesure d'arracher le pays à l'ornière de la social-démocratie mafieuse, si tant est que nous ne soyons pas déjà au bord de l'abîme comme nos soeurs latines méditerranéennes ! Quand bien même un seul aurait-il les idées claires sur l'état de décrépitude de notre société génétiquement ratée et sur l'extrême vulnérabilité de notre régime inapte, - et je pense à François Bayrou - faudrait-il encore que celui-là ait le tempérament d'un capitaine de pirates pour imposer au front uni des corporatismes la destruction et la reconstruction du régime sur des bases saines. Ces rationnaires des crédits publics dévorant les espérances des générations à naître devront être alignés aux buttes parce qu'il n'y aura aucun sursaut sans épuration, et il faut la foi d'un Tamerlan pour y réussir. Le seigneur devrait être un saigneur et M. Bayrou est trop policé. L'élection présidentielle au suffrage universel direct est par essence incapable de résoudre les problèmes du pays ; c'est une couillonnade ! Mais il n'est pas interdit de jouer !

Les Anglais parient sur notre élection chez leurs bookmakers, les gnomes de Francfort jouent sur notre défaut souverain - quels salauds ! -, les sondeurs jouent leur réputation - Mélenchon-Hollande au second tour serait un gag atroce pour les "professionnels" de la profession, les abstentionnistes font du mauvais esprit, mais nous n'en étions pas la fois dernière quoique nous le dussions en vrais royalistes ; et les agences de notation hésitent ; auraient-elles peur d'être en retard sur les marchés ?
On peut voter aussi au coup de coeur, comme ça, sans aucune conséquence, le chien déjà crevé dérive au fil de l'eau. A nul effet !

J'élimine les deux bouffons-chefs, vendus en prêt-à-voter par les faiseurs d'opinion, idem pour le chaviste sanguinaire qui soutient l'écrasement du Tibet par le PCC et dont la jubilation tribunicienne emporte l'enthousiasme de la foule à la plage. Je ne voterai pas non plus pour le playmobil du pouvoir sortant destiné à rogner le résultat de la fille du Menhir, pas plus que je ne voterai pour elle comme je l'explique à la fin, même si sa victoire me réjouirait pour l'explosion provoquée, mais jouir n'est pas jouer. Il en reste cinq :

Un grand merci à François Bayrou, candidat de bon sens, pour avoir ouvert les yeux de l'électorat sur le combat de coqs des favoris clivants alors que le pays devra battre le rappel de toutes les compétences d'où qu'elles viennent pour se sauver. Malheureusement sans meilleur caractère qu'un ego envahissant, et sans groupe centriste fort à la Chambre, il ne pourrait rien faire malgré un diagnostic impeccable.
Un coup de chapeau à Eva Joly, si mauvais candidat qu'on se demande quel complot l'a choisie ; lâchée par les siens qui seront riches sans elle dans quelques semaines avec 60 investitures transformables, elle fait preuve d'une résilience et d'un courage que je salue !
Nathalie Arthaud est une sorte de chimère de cauchemar échappée de la fabrique idéologique du bon docteur Jekyll, prof d'économie au lycée le jour et trotskyste du modèle élémentaire le soir, j'en reste coi protégé par mon collier d'aux.
Je ne dirai rien du phénomène Chaminade qui dépasse mon entendement et par manque de temps aussi, mais je dirai beaucoup de Philippe Poutou qui m'est sympathique. Le regard franc comme de l'or et le discours sincère nous emmène loin du métier qu'il ne pourra jamais faire : politicard. Son clip de campagne est le plus réussi de la série, carrément tordant, et si je ne partage aucune de ses idées sauf peut-être le dégoût des "représentants permanents" de la classe laborieuse, ainsi que son aversion pour les petits merdeux diplômés des directions lointaines, je voterai, si je vote, pour la "conception radieuse et amusée" qu'il incarne de la propagande et qu'il pratique au plus près de l'électeur, et... "Merde à Vauban !".



Le candidat de Royal-Artillerie est donc
PHILIPPE POUTOU
Qu'on se le dise !



- un poutou de Rihanna -







Pourquoi je ne voterai pas pour mademoiselle Le Pen ?

Comme dénoncé moultes fois, et dans le billet précédent sur la démocratie lamentable, j'ai le Système en sainte horreur car je le crois à l'origine de notre déclin depuis la Libération, et pour demain, le pressens enclin à "bien gérer" notre abaissement plutôt qu'à nous convoquer à Denain derrière les étendards de Villars. Le Système broie les gens honnêtes pour survivre. Or toute la démarche politicienne de la duchesse de Montretout est de placer à la bourse des valeurs politiques le capital électoral acquis par son père, incapable d'accéder en l'état, afin d'obtenir la prébende qui savonnera le vilain. N'ayant rien gagné par elle-même - elle n'a aucun mandat politique personnel malgré des années de campagne et un nom connu - elle fait fructifier avec un sens inné du "métier" les atouts de la firme familiale dont elle a hérité.
Combattant le Système, le piéton du roi serait bien l'idiot utile s'il promouvait la cause de quelqu'un dont la seule ambition est d'y faire carrière. Et voilà pourquoi votre fille est muette, chère médème.

jeudi 12 avril 2012

Démocratie lamentable


La démocratie d'étage national n'était jusqu'ici qu'une mauvaise plaisanterie, elle devient une escroquerie lamentable, littéralement ; car nous allons bientôt pleurer. Quelque soit le gagnant du sweepstake, et même compte tenu de la loi de niaiserie qui n'engage que les andouilles aux promesses des candidats, le carburant du pouvoir restera la récompense des "clients" par la taxation de tous peut-être, mais plus sûrement des perdants et des pauvres. La remise en ordre de comptes publics du modèle africain étant reportée aux calendes, même si nous pouvons attendre la création du comité théodule ad hoc pour réfreiner la gabegie endémique au régime, la précipitation à reformer dans les Cent jours visera à établir cette récompense, les temps qui suivent étant plus qu'incertains.

Les rapports abondent, comme celui du banquier Pébereau, qui dénoncent avec précision les manquements graves à une gouvernance responsable, en écho d'ailleurs aux rapports annuels de la Cour des Comptes, publiés à l'intention de divertir la classe politico-médiatique qui se gausse de tant de pointillisme. Le bon monsieur Fillon a raison de penser que l'avènement de la vieille SFIO relookée peut débonder les furies de la spéculation, mais on lui fait le reproche de le dire publiquement, et surtout d'omettre que son champion n'est pas mieux considéré par les marchés qui ont fait le tour de son "expertise". Il n'y a aucune magie à attendre d'une élection présidentielle et les chiffres sont toujours aussi mauvais malgré les embellissements cosmétiques de campagne. L'aversion des Français à la réforme va les conduire de la fracture sociale impossible à réduire à la rupture systémique impossible à stopper, puisque ce régime marche à la dépense publique, donc à la dette par défaut de ressources suffisantes, donc à l'appel au "Fric" sauveur des prébendes et des régimes spéciaux. C'est génétique dans une démocratie majoritaire, nous dit le professeur Lemennecier (Panthéon-Assas), et le dinosaure privé de sang va s'affaler et crever sur place.

Mais la Nation que deviendra-t-elle ? Elle garde des atouts pour se relever si elle se range en ordre de bataille et si elle sait lire les causes du désastre. Facile, on a tout faux ! Il est de saison de s'étonner que nos inventions techniques soient développées ailleurs, voire quand elles passent au stade de la production, qu'elles ne débouchent pas sur l'invention conséquente, c'est l'exemple du Minitel. Les politiciens qui osent interroger ce handicap ne mettent pas en cause l'idéologie de punition du succès qui entrave toute notre créativité, idéologie qui confine au sublime dans la surtaxation à 75% du premier million de revenus et va en écoeurer plus d'uns parmi les bons. Le sénateur tribunicien de l'ultra-gauche prendra lui 100% ! Comme le demandait fort justement la journaliste Laurence Ferrari à M. Mélenchon, quand vous aurez tout pris la première année, qu'escomptez-vous trouver la deuxième ? Et lui de faire preuve de cuistrerie en la soupçonnant ouvertement de n'être pas au niveau cérébral requis.




Nous devons nous défroquer de l'égalitarisme et jeter aux orties ce foutu programme de soviétisation du Conseil national de la Résistance dont on nous rebat les oreilles partout, même chez les royalistes - comme quoi il y a des cons partout - et qui est à la base de notre déclin. Nous avons besoin d'un plan Marshall de réarmement moral et intellectuel des générations montantes que nous avons grevées d'impôts différés, pour qu'elles retournent aux fondamentaux de la France classique, entre l'audace d'entreprendre et la récompense des succès, avec cet esprit inimitable qui nous identifiait partout. Si pour y parvenir elles devaient nous "oublier" un peu, on ne saurait leur en tenir rigueur.
Place aux jeunes !

dimanche 8 avril 2012

La belle histoire du chevalier Tristan



Il est des familles de chevalerie innée, par le sang, l'éducation et l'exaltation de la généalogie à la veillée. Celle connue sous le nom d'Estaing procède du dernier roi Wisigoth Roderic et s'achève par l'amiral de France Jean-Baptiste-Charles-Henri, héros des mers d'Asie et d'Amérique, guillotiné en 1794 comme témoin à décharge au procès de la reine Marie-Antoinette. La suite... il n'y a pas de suite.

Dans cette illustre lignée d'évêques et grands capitaines on retiendra trois autres noms, mais on pourrait en prendre dix et le cardinal d'Estaing, "pacificateur" de l'Italie en prime. Guillaume d'Estaing, dit Lestang à la guerre, compagnon du roi Richard Coeur de Lion à la Troisième Croisade, qui fit des prodiges de valeur au siège de Joppé en 1192 ; Dieudonné d'Estaing, dit Tristan, qui fut décisif à Bouvines (1214) ; et le grand François d'Estaing (+1529), comte de Lyon, 52ème évêque de Rodez, sacré à Blois en présence du roi Louis XII, habitué du grand conseil. Rodez lui doit son magnifique clocher.

Quand le dernier comte d'Estaing mourut en 1732 sans postérité, la sénéchaussée de Rodez apposa les scellés au château d'Estaing. Puis Jean-Baptiste-Charles-Henri (l'amiral), son neveu qui était né en Auvergne au château de Ravel, chef-fief de la lignée, mais qui avait reçu le château comtal en héritage, fit briser les scellés en 1750, entre deux campagnes aux Indes orientales. Aux archives du château on trouva un petit paquet lié d'une simple ficelle et couvert d'une étiquette qui mentionnait : "faire déchiffrer à Paris". Le paquet enfermait deux parchemins roulés écrits en gothique serré, effectivement indéchiffrable sur place, et un instrument de fer de 6 pouces de long troué en son milieu et fini d'un côté par une béquille en T, de l'autre, par 4 orillons formant une croix. Par une chaîne d'argent y était attachée une plaque d'argent gravée en gothique de ceci :
"Aditus arculœ in quâ pretiosissimus hujus castelli d'Estagno thesaurus continetur : latet in camerâ porticula dictâ, sice aula consilii, sub petrâ notatâ cruce huic quœ videtur ibi simillimâ."


On appela le concierge pour connaître l'endroit du château où se trouvait pareille croix et il répondit sans hésitation qu'elle était gravée sur une dalle de la salle de billard. On attendit le comte d'Estaing et les officiers de la sénéchaussée et bien des curieux du voisinage assistèrent à l'exhumation du "trésor". Il s'agissait d'un coffre de fer mastiqué dont la serrure était masquée par un croix rouillée. Ouvert il dévoila, enfoui dans du charbon, un second coffre, hermétique celui-ci. Pour en découvrir le contenu il fallait le briser, ce qui fut fait le coeur battant. Mais revenons à Tristan et c'est le roi Philippe-Auguste qui parle après Bouvines.


« Philippus dei gratià Francorum rex, Deodato dicto Tristan, duci repræsentativo ducatûs Narbonensis, principi Ruthenensi, baroni de Stagno et Montiniaco. Quemadmodùm consanguinitas gratusque animus sunt arctissima vincula quæ inter homines intercedunt, nemo tibi potest arctissimus esse ac conjunctissimus : mihi es cognatus idemque sanguis in nostris fluit venis, propter reginam Constantiam materteram meam et tuam aviam ; et vital tibi debeo quam mihi servasti in pugnâ illustri hanc præcedente, tam strenuè me in equum reponendo, me defendo, meque tam fortiter tuo corpore tegendo, cujus cogitatio nunquanm in mente meà oblivione delebitur. Si tanta virtutis prodigia fecisti sub obscuro simplicis equitis nomine Tristan, ac... meruisti tam citò esse caput meorum armatorum, quid tibi non faciam, cui tantùm debeo ; nunc cùm te noverim et tam præclaram mihi probaveris originem et qui sanguinitate mihi tam propinquus es ?... Ut igitur tibi probem...te à me in posterum aspectum iri, non tantùm ut meum cognatum et meum liberatorem, sed et ut meum filium ; ...his præsentibus dono tibi et remitto scutum meum gentilium, ut illud geras sicut eo ipse gero, tuumque operiat, mea pariter vexilla et insigna... Manu meà has cartas subscripsi, meumque jussi sigillum apponi nunc tuum... Datum in victricibus castris pugnæ Bovinensis, die 28 mensis julii, anno 1214.» Suivent les signatures de Philippe, Eudes de Bourgogne, Robert de Courtenai, Philippe, évêque de Beauvais, princes de sang royal, etc...
En français moderne on pourrait résumer l'acte ainsi :
Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Français, à Dieudonné dit Tristan, duc représentatif du duché de Narbonne, prince des Ruthènes, baron d'Estaing et de Montigni. Les liens les plus forts étant la parenté et la reconnaissance, personne ne peut être plus étroitement lié à toi que moi, puisque la reine Constance est ma tante et ton aïeule. Sous un nom inconnu la vaillance t'avait valu le commandement de mes gens d'armes. A la bataille d'hier tu m'as remis en selle et fait rempart de ton corps le temps de reprendre le combat, et je sais maintenant qui tu es. Je te remets mon écu royal que tu porteras comme je le porte, et je signe de mon sceau qui est aussi le tien désormais.

Et la maison d'Estaing prit les lys de France qu'elle ne brisa d'un chef d'or que lorsque les cadets de France brisèrent les leurs. Ses armes sont aujourd'hui usurpées par le petit-fils du Colin Froid comme l'appelait Jean-Hédern Hallier, et dans deux générations les freluquets de la branche des bonnes sautées sous les toits se vanteront de descendre de Roderic le Goth.


L'acte de concession des armes de France de la main du roi était le troisième monument¹ du coffre hermétique. Il en recelait quatre. Le premier cité est le contrat de mariage de Sybille, fille du roi de Chypre et de Jérusalem, Vittus de Lusignan, avec Raymond de Toulouse, le propre père de Dieudonné Tristan. La princesse de Chypre fut répudiée après la naissance de Dieudonné.

Le deuxième cité est la copie du registre des baptêmes de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse actant pour le sus-dit et signé par l'évêque Fulcrand de Toulouse, par Raymond (V), duc de Narbonne, comte de Toulouse et marquis de Provence, son grand-père, par son père Raymond (VI) (le fils de la reine Constance), par Guillaume de Courtenai, son parrain, du sang de France, par la duchesse Mathilde de Constantinople, sa marraine. Cette copie de 1219, contresignée par l'évêque Fouques, est un brevet de catholicité en pleine croisade des Albigeois, Raymond VI étant passé à l'ennemi. Les titres du destinataire de la copie sont les mêmes que ceux insérés dans la concession de Philippe-Auguste. On y retrouve le principat des Ruthènes, ce qui n'est pas rien quand on sait le prestige ancien de ces tribus gauloises et de la maison de Rodez qui ne put être réunie à la couronne de France que sous Louis XI.

Le quatrième monument est un cartel de défi de Dieudonné Tristan à son demi-frère cadet, Raymond, né du troisième lit de Raymond VI, fils illégitime de la reine Jeanne d'Angleterre, au motif de recouvrer ses droits sur le comté de Toulouse. Ce cartel fut notifié officiellement par le héraut de France Norbert à Saint-Flour en 1224. L'opposition des deux frères, l'un du sang de croisé et modeste baron, l'autre comte superbe en situation de pouvoir, explique l'engagement anonyme de Dieudonné à la cause du roi de France, pour éviter d'y périr au hasard des combats du fait de son seul vrai nom.

La noblesse du vaillant baron d'Estaing fut de refuser le soutien militaire de Philippe Auguste pour conquérir ses droits bafoués et de ne demander que remontrances à l'endroit de son père pour qu'il ne transporte pas son hérédité... au bâtard, en vain. La revendication des barons d'Estaing sur le comté de Toulouse fut dès lors permanente, tant devant divers rois de France qu'aux états généraux. C'était donc cela le trésor annoncé. Le comté de Toulouse était jadis un "royaume" à lui seul.


(1) Monument dans le sens de mémoire, utilisé jusqu'à la fin du XVIII° siècle. Pluriel : des monumens. La publication par l'abbé Bosc du récit de l'invention du coffre hermétique date de l'an IV de la République, l'amiral étant à peine froid. On pense que l'abbé le recueillit de sa bouche, sinon des officiers de l'ancienne sénéchaussée de Rodez.






vendredi 6 avril 2012

Un roi est mort



Bien meilleure que celle-ci, Point de Vue & Images du Monde publie une photo saisissante du catafalque royal de SM Tupou V porté par ses sujets tongiens jusqu'aux tombes royales de Nuku'alofa, capitale de l'archipel. Les rois de Tonga ont une âme qui les prédispose à la conversation des dieux et sont donc éternels, mais ailleurs. Leurs sujets en sont dépourvus malgré deux siècles d'ensemencement chrétien qui n'a pu les déraciner et restent donc parmi nous.
Heureux peuple qui communie dans le chagrin de la disparition de son roi et se réjouit bientôt de l'avènement de son successeur. A Tonga le roi est sacré par essence, son destin est celui du pays, le roi est mort et tous meurent, vive le roi et c'est l'embrasement du renouveau.



Dans notre belle république de pantins, le peuple qui se prend pour le plus intelligent de la Terre versera une larme... à la mort de Johnny Halliday.


mercredi 4 avril 2012

Paysannerie, des projets à taille humaine


Le congrès d'Aicirits n'a certainement pas convaincu la gent paysanne que sa situation empirera plus avec tel candidat qu'avec tel autre, puisqu'elle empirera de toute façon. La PAC de Bruxelles coûte cher à certains pays qui ne font pas de l'agriculture une priorité. Pensons à l'Angleterre mais elle n'est pas la seule. On peut dire aussi que la mise à niveau du secteur primaire des pays de l'Est après celle des pays du Sud a englouti beaucoup d'argent et les aides européennes faibliront indubitablement. La paysannerie française n'a plus grand chose à attendre de Paris dès lors que la politique agricole et le développement qui l'encadre sont une affaire euro-régionale, voire transrégionale. D'où le désenchantement palpable et cette vague de suicides des petits cultivateurs ou éleveurs.
Le congrès de la FNSEA a montré aussi que les gros bataillons de la profession sont peu à peu remplacés par les gros paysans tout court qui ont acquis une vision industrielle de leurs métiers, à faire rire les vrais, où il en reste. Ainsi comme chaque année depuis dix ans, on ouvre le bal par l'histoire d'eau. Les pissenlits sortent plus tôt car ils vont chercher plus profond leur nourriture. Les blés seront plus courts de vingt centimètres et les tiges secondaires végèteront sans épis. La luzerne s'en tirera com'dhab mais c'est moins sûr pour la fétuque rouge. Quant au maïs, n'en parlons même pas ; plante des tropiques humides elle ne peut passer sa vie au désert. Les sondes des nappes phréatiques sont basses, les rivières à l'étiage déjà, les puits sonnent secs, on entend bourdonner la... solidarité nationale. Mais la solidarité avec qui, la solidarité avec quoi. L'impôt sécheresse de saint Raymond (1976), s'il fit des fortunes chez les gros consommateurs d'eau - certains purent acquérir des hectares au Canada pour valoriser à l'année leur chef de culture - a laissé le souvenir d'une solidarité lourde, ciblée sur une catégorie sociale généralement détaxée soutenue par la classe imposable. Pas terrible.

La profession a globalement les moyens de parer au stress hydrique en développant un réseau de retenues collinaires et d'étangs déviés des rivières l'hiver. Le premier problème est bien sûr d'accepter un bon chef d'orchestre par bassin hydrologique, le deuxième de s'affranchir de certaines règles environnementales édictées par les contemplatifs de la nature qui s'approprient le choix des procédés d'exploitation sans jamais passer au cul de la charrue, le troisième, l'argent, le plus simple à régler : "y en a pas" ! Ne restent que les idées, le pétrole de la France. A défaut, ce sera la réserve d'indiens avec les musées cantonaux des arts tout du cru. Les cars de Chinois, les guides-interprètes slaves quadrilingues, les globes à neige dans la vitrine des Gifts-Souvenirs, les zizigougous made in Bengladesh, partout des tours Eiffel en fer blanc doré ! Et trois pastourelles bosniaques chaque jour sur les coups folkloriques de six heures avant l'apéro.

Allons bon ! Je crois plus en la Confédération, même si je hais Zappatoc¹ qu'en la FNSEA devenue pépinière politique. Ils tiennent en plus les écologues par les joyeuses. Partir des fondamentaux peut-être. Avoir la foi. Ne pas tout attendre des politiques. Mesurer la zone d'effort en fonction des atouts recensés et non pas sur un découpage administratif devenu burlesque ; travailler par pays.

Fondamentaux
Chaque "pays" de France a son histoire, son(ses) terroir(s), ses traditions de culture et de bouche, ses races d'élevage et parfois même un artisanat spécifique, comme le couteau de Laguiole sur l'Aubrac. Il faut construire sur ces bases en ne perdant jamais de vue qu'il doit y avoir un marché derrière toute activité et qu'à l'heure de la mondialisation, ce marché est illimité. La France des terroirs c'est mondialement de la bonne qualité à son juste prix, et une variété inconnue partout ailleurs, ce sont aussi des productions de luxe. Les labels d'origine sont primordiaux.

La foi dans l'entreprise
Un consensus local est la clé de contact de tout projet rural ; et une fois le projet défini, les étapes comprises par tous les participants, il ne faut plus mesurer sa contribution, encore moins n'apporter qu'autant l'arbre va faire de fruits. Il faut y aller de bon coeur et pousser à la roue.

Les politiques, oui mais pas qu'eux
Les conseillers généraux des cantons ruraux sont le plus souvent impliqués et moins influencés par l'opinion informelle ou la rumeur que leurs collègues de la ville. Néanmoins ils participent de majorités de gouvernement territorial et sont parfois "contraints". Ausi est-il judicieux de trouver sur la zone d'effort le coordinateur pour se passer de leur leadership, mais assez talentueux quand même pour être le porte-parole du projet auprès des politiques concernés. Même s'ils ne sont pas utiles, leur pouvoir de nuisance ne doit jamais être oublié.

La zone d'effort dans les frontières du vrai "pays"
Les découpages administratifs sont complètement dépassés. Ils ne subsistent que comme cisconscription électorale. Les ruraux connaissent très bien les limites géographiques de leur pays qui le plus souvent épousent les contours du bassin drainant. On doit considérer aussi que le développement d'un atout puisse déborder naturellement le dit-pays.

Un exemple mieux qu'un plus long discours : l'Aubrac justement dans son canton occidental.


Trois atouts : la production laitière de la blonde d'Aubrac aux yeux faits, le couteau de Laguiole, une race d'habitants "durs à cuire". Trois leaders, André Valladier inventeur de l'AOC Laguiole pour le fromage - rien à voir avec le cantal de la salers rouge - qui a poussé la coopérative Jeune Montagne à bien rémunérer les producteurs primaires pour monter en qualité et pouvoir décliner en gamme les sous-produits réclamés par la capitale, comme la tome fraîche d'aligot ; Thierry Moysset qui a lancé la Forge de Laguiole en démécanisant les postes de travail de façon à sortir un produit inimitable "fait-main" mais à prix correct ; Michel Bras et son restaurant étoilé à 65 salariés qui fait un appel d'air pour attirer sur le canton une clientèle sans soucis (?!) irrigant tous les services offerts.
Le maire de Laguiole, Vincent Alazard, accompagne le travail de son bassin d'emploi et fait le relais au département et à la région. Résultat, chômage zéro, immigrés zéro, clochards zéro, criminalité zéro. Ni Rolls en ville certes, ni misère non plus. On vit bien, sur des acquits solides, comme de vrais paysans de l'Aubrac.
Que pourriez-vous faire par chez vous ? Chiche !

(1) Zappatoc : Joseph Bové, l'agriculteur larzacois pour de rire, ainsi tagué par le brûlot tartare Steppique Hebdo.

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