mardi 31 octobre 2017

A l'impossible nul n'est tenu !

Fleuriste sans clients, Pyongyang 2016

Les organisateurs de la Biennale Blanche 2017 sont rentrés dépités de la faible affluence des royalistes à leur manifestation. Cette journée à l'ASIEM de Paris avait été annoncée sur Royal-Artillerie dans la colonne de droite de façon permanente mais le nombre assez important de clics sur ce blogue pendant un mois (environ 6000) n'a semble-t-il généré aucun désir d'y participer. Nous n'y fûmes pas non plus. Désolé !

L'affaire est organisée tous les deux ans par la Charte de Fontevrault, chapelle royaliste archi-connue se réclamant du providentialisme et dont le logiciel très simple surmonte la querelle dynastique et les errances périphériques en remettant à la Providence le choix d'un roi pour la France en temps et heure. L'accompagnement de cette "dévolution" ne peut se faire valablement que dans la prière. Même les lois fondamentales du royaume le céderont à la volonté de Dieu, si un jour exprimée, car on ne peut L'encager dans une construction humaine. La Charte de Fontevrault, peut-être à son insu, supprime toutes les lices du tournoi, elle casse les codes et brise l'élan qu'ils donnent.

Aucune chapelle dynastique n'est vraiment captivée par cette prosopopée extérieure qui nie la légitimité de ses propres prétentions exclusives à toute autre. Si Dieu est dans la solution, Il ne peut que choisir le champion pour lequel on s'époumone depuis des lustres. Il n'y a rien à débattre chez les partis royalistes et la démarche œcuménique de la Charte de Fontevrault convoque l'impossible. Aussi les participations antérieures furent-elles de courtoisie et le succès d'estime jusqu'à la lassitude. Cette année, Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme est venu saluer l'organisation. Aucun autre prince ne s'est jamais montré.

Pour les nouveaux lecteurs qui l'ignoreraient, le Piéton du roi est un agnostique maurrassien qui ne dépend d'aucune obédience et ne s'en cache pas. Les refus de collaborer qu'il a opposé à certaines publications monarchistes ont toujours été motivés explicitement par cette "bizarrerie". Mais le même n'est pas athée pour autant, simplement il juge (hou, le vilain mot d'un autonomiste !) que l'affaire de la transcendance est bien plus compliquée que ne le proclament les Eglises et que le Principe d'origine est hors de portée d'un cerveau de trois livres un peu lent. Encore moins imagine-t-il que Dieu (qui nous aurait fait à son image et réciproquement) puisse s'intéresser à la vie des nations sans parler même au quotidien de celle des individus comme le croient les Protestants. Le Principe originel a l'univers pour champ d'exercice et s'il est prouvé que nous sommes, nous tous, de la poussière d'étoiles, rien ne dément que le Ciel ne soit vide ou tout au moins indifférent à notre sort, quand on contemple l'immonde barbarie de l'espèce humaine. On va s'arrêter là et attendre Stephen Hawking et les frères Bogdanov sur le boson de Higgs. (fin du paragraphe distancié)

Dans nos sociétés post-modernes, la monarchie ne peut être qu'un mode d'organisation de l'Etat, encadrée d'une charte ou d'une constitution approuvées par la nation des citoyens administrés par lui. Les modalités peuvent être très différentes d'un pays à l'autre selon ses atouts propres et les avantages que les constitutionnalistes veulent retirer du régime monarchique visé. On commence en général par la fonction d'unification des peuples constitutifs de l'espace géré, puis vient la fonction d'exemple moral donné à la multitude (c'est l'origine du rex) ; viennent ensuite, s'il est prévu que la couronne s'implique dans le gouvernement de l'Etat, la fonction d'arbitre entre les ministres ou entre les partis politiques, pour aller parfois jusqu'au commandement d'un domaine réservé ou de tout le domaine régalien, les armées étant privilégiées à ce stade. Des fonctions thaumaturgiques peuvent aussi s'inscrire dans une vieille tradition et s'exercer à de rares occasions pour évoquer une transcendance spirituelle. C'est le cas de la Thaïlande, mais quelque part aussi de la Grande Bretagne. Normalement en Europe la famille royale pratique de manière ostentatoire la religion qui a fondé la nation, religion souvent majoritaire dans la culture populaire. Cela participe de la fonction de rassemblement qui est la première citée.

Cette définition de la monarchie est acceptable par toutes les chapelles dynastiques, sauf... par la chapelle providentialiste qui s'en remet exclusivement à Dieu, ce qui est son droit. Mais pourquoi inviter chez soi des royalistes qui ne partagent rien avec vous puisque c'est une question de foi, et purement de foi. La foi ne se démontre pas, n'entre pas en débat, ne s'utilise pas. C'est une grâce qui facilite la fin de vie à ses heureux bénéficiaires, ce n'est pas un argument politique. Quelle mouche pique certains à vouloir rassembler les gens qui ne s'aiment pas ?

L'œcuménisme est à la mode (on célèbre aujourd'hui les cinq cents ans du placard dévastateur de Martin Luther) jusqu'à nous faire croire que la séparation des églises chrétiennes n'était que caprice pour des détails obsolètes. Faux ! Les dogmes et les interprétations sont différents, parfois antagonistes. Qu'est-il besoin de vivre ensemble des liturgies qui s'opposent au fond ? L'œcuménisme est pure agitation, une invention d'épiscopes en mal de reconnaissance, à la limite une supercherie qui semble dire que tout cela est vain, seule la charité compte etc... et l'eschatologie, une occupation de théologien moisi sans audience.
On va jusqu'à rapprocher au plus haut niveau de la chrétienté catholicisme et islam (une religion du Livre !), alors qu'on ne procéderait pas de la sorte avec le judaïsme qui est pourtant le monothéisme fondateur ! Avec quel succès à la fin ? Aucun ! La présence divine dans les espèces est niée et même brocardée avec grossièreté. Tout le dogme marial est nié. Il suffit d'avoir des amis réformés pour comprendre que la distance ne peut se réduire, sauf à partager des œuvres caritatives. Pourquoi vouloir réussir sa vie dans l'œcuménisme royaliste où la haine affleure aujourd'hui, comme elle explosait jadis au temps des guerres de religion ? Le parti de Bourbon ne supporte pas l'arrogance d'un parti d'Orléans prétentieux, lequel se moque ouvertement de l'hispanité de la branche aînée (malgré les épouses ibéricaines de la maison de France) quand on ne s'abandonne pas à évoquer les cascades d'alcôve.

Le projet de rassemblement de la Charte de Fontevrault est impossible sauf peut-être au sein de la sphère intégriste par le truchement de la transcendance en laquelle tous croient ou font mine de croire. Devrait-elle remplacer la Biennale Blanche par une grand messe blanche des royalistes de toutes obédiences, à Saint-Denis par exemple, à chaque quinze août en mémoire de la consécration du royaume à la Vierge Marie par le roi Louis XIII en 1638 ? La messe est le seul bien commun à toutes les chapelles. Tout le reste diffère et les oppose. Je le suggère en toute amitié.

lundi 30 octobre 2017

Centenaire de la déclaration Balfour

Jeudi prochain, jour des Morts chez nous, Israël commémorera les cent ans de la déclaration d'Arthur Balfour, ministre des affaires étrangères de sa gracieuse majesté, qui participa au dépeçage de l'Empire ottoman dans la grande tradition de fout-la-merde du Foreign Office ! Où que vous regardiez sur le globe sauf en Amérique latine, tous les abcès purulents actuels sont des grains de beauté suppurants infectés par les bureaux anglais. Outre maintes raisons aussi tordues que cachées, la déclaration Balfour rémunérait l'engagement des Juifs d'Europe dans les rangs britanniques au Proche-Orient (La Légion juive). Huit jours plus tard, Jérusalem était enlevée aux Turcs ; le sept novembre, le croiseur Aurora tirait au canon pour signaler le commencement de la Révolution d'Octobre à Saint-Pétersbourg. Mais dans tout ce vacarme, on oubliait les grands chefs arabes à qui les Anglais avaient tant promis. On peut lire ci-dessous le texte qui offre un atterrissage en Terre sainte au projet sioniste. Maints livres ont été écrits sur la question du "foyer juif", nous n'y revenons pas. Le centenaire va susciter un torrent d'articles*.
* Orient XXI
* AFPS
* Balfour 100
* Nuit d'Orient
* (votre propre article ici, que vous signalerez dans la section "Commentaires")


On a déjà commémoré cette année (clic) le cinquantenaire de la victoire israélo-arabe de 1967, on pense arriver à un traité de paix quand les poules génétiquement modifiées auront des dents. Israël s'est battu contre ses voisins pour s'agrandir sur un territoire ne lui appartenant pas mais où résidait une population autochtone quasiment apatride. Il y a une ressemblance dans cette captation avec la conquête de l'Arakan par la Birmanie en 1787, où résidaient (aussi) des Rohingya n'appartenant à personne. Les Birmans actuels sont en train de purger le Rakhine (Arakan) de cette anomalie insoumise, en toute cruauté mais parfaite logique. C'est ce que n'ont pas osé faire les Juifs en Cisjordanie en 1967 ; il faut dire qu'ils n'avaient pas la démographie suffisante pour compenser l'exode et qu'il fallut créer le "mythe d'Eretz Israel" pour susciter des candidatures de pionniers (ou colons si l'on veut) afin d'occuper le terrain conquis.

Israël est aujourd'hui devant le dilemme suivant : soit il accepte un Etat palestinien imbriqué entre les colonies juives (qui tiennent tous les captages d'eau), Etat qui lui sera hostile et renforcé par tout le monde arabe jusqu'à l'heure du jugement dernier ; soit il organise l'agrégation des Palestiniens à un Etat juif augmenté qui muterait en état fédéral, en contrôlant sérieusement la démographie du composé ethnique, ce qui est à la fois racialiste et dangereux, mais pas plus que les taches d'encre noire musulmanes qui s'agrandissent chez les nations européennes.

Peut-on raisonnablement penser que la paix s'obtiendra en confinant les uns et les autres ? Pourquoi ne pas bâtir ensemble la Terre sainte de demain ? Bâtir ? Oui, concrètement à chaux et à sable et pas seulement bavarder dans des micros d'estrade pacifistes ou financer des ONG bisounours. Quoi bâtir ? Bâtir quoi ? Et si par exemple on commençait par remonter la Mer morte au niveau de la vraie mer ? Impossible, on noierait trop de terres jordaniennes, mais utiliser le dénivelé entre elle et le Golfe d'Aqaba donnerait de l'hydro-électricité à toute la région, et en ajoutant une station de désalinisation sous pression, enverrait de l'eau douce partout où elle manque. Ce projet existe :

C'est en 2006 que les Etats-Unis et le Japon associés à l'Union européenne et à l'Agence Française de développement ont financé par la Banque mondiale l'étude de faisabilité. Elle a duré deux ans et a coûté un max de pognon (on parle de douze millions d'euros). Les experts pensent boucler le projet avec cinq milliards de dollars. Comment ça marche ?


On refoule l'eau du golfe dans un bassin collinaire jordanien à 600m d'altitude relative au-dessus du niveau de la Mer morte. Puis on laisse couler l'eau vers le nord dans un canal couvert de 180km de long vers l'usine à dessaler et la station hydroélectrique. Finalement, le projet a été réduit en 2013 au format boutique du Sentier : on se contentera de poser un tube depuis le Golfe vers une usine de dessalement et envoyer l'eau vers la partie méridionale asséchée de la Mer morte dont on percolerait les sols. C'est pas cher, mon fils, avec cinq cent millions de dollars tu fais plein de photos officielles. Ce projet économique (en image ci-dessus) plaît aux Juifs, aux Palestiniens et au roi de Jordanie. Il reste à appeler les dons parce que bien sûr, aucun des trois ne veut payer. C'est l'Orient quand même !

Pour finir, le Piéton du roi à la pointe du renseignement vous livre un secret : les grands Etats arabes tout autant que leurs classes moyenne et supérieure en ont ras la chéchia de l'affaire palestinienne qui s'éternise dans la lutte des egos, les revendications marxistes et la corruption des féaux : aussi « crèvent Fatah et Hamas pourris jusqu'à l'os ! ces gens ont fait la démonstration qu'ils étaient incapables de se gouverner ! on a beaucoup donné déjà... et trois guerres !».
C'est ainsi que privés de soutiens extérieurs, vont se liquéfier les embryons de pouvoirs palestiniens laissant ouverte la porte de tous les désordres dans l'indifférence de leurs voisins. Israël devra donc prendre en charge la répression et l'administration quotidienne des deux bantoustans. Il reste trente-et-un ans pour faire un compte rond à cent ans !


Postscriptum du 3 novembre :
La revue Causeur niait la possibilité d'un Etat palestinien à la sauce d'Oslo dans un article de Rachel Binhas du 13 octobre 2017 intitulé : L'Etat palestinien n'aura pas lieu.

vendredi 27 octobre 2017

Dieu te garde, Catalogne


La proclamation de la République par le Parlement de Catalogne soulève l'enthousiasme de la moitié des habitants de la province, et le silence de l'autre moitié ne l'entamera pas. Il sera désormais très difficile d'ignorer sur place cette proclamation et au gouvernement central de passer effectivement à l'application physique des tutelles approuvées par le Sénat de Madrid aujourd'hui.


Les indépendantistes se disent prêts à tous les sacrifices pour accéder au rêve au cri de "llibertat!" mais les régionalistes de la couronne d'Espagne comptent sur Madrid pour sauver la Catalogne qui s'est mise en grand danger : l'Europe la refuse, les milieux d'affaires la fuient, la finance internationale ne lui fait pas crédit. L'exode des sièges sociaux - plus d'un millier de sociétés ont émigré - déporte avec lui les domiciliations fiscales et prive donc la Catalogne des contributions directes et indirectes des entreprises comme de leurs cotisations sociales. Le tourisme peut se rétrécir sévèrement pour des questions aussi bêtes que les surprimes d'assurances des tour-opérateurs.
Rien n'est encore fait. La mise en tutelle concernerait les ministères régionaux, la police et accessoirement la radio-télévision ; les finances sont déjà sorties. Seuls vont compter les "détails".
La République pourrait très bien mourir d'insolvabilité totale privant les fonctionnaires de leurs traitements et les services publics des subsides de base.
Pour avoir assisté intégralement à la séance historique du Parlement de Catalogne ce vendredi 27 octobre 2017 grâce à TV3-Catalunya, on ne voit aucun projet national qui sorte des incantations risibles contre le fascisme et autres oppressions castillanes que la constituante à venir va éradiquer. Au-delà de quoi la République catalane va se trouver pendue par les cheveux au milieu de nulle part.
J'avoue comme languedocien être très excité par les développements futurs de cette extravagance unique en Europe occidentale, néanmoins la Catalogne étant une nation de l'arc occitan qui a choisi volontairement de faire une grosse bêtise, nous lui souhaitons quand même bonne chance !


Postscriptum du lendemain qui chante :
Sont destitués à Barcelone et/ou poursuivis :

- Sr. Carles Puigdemont, président de la Generalitat
- Sr. Oriol Junqueras, vice-président de la Generalitat
- Sra. Carme Forcadell, présidente de la Chambre dissoute (pas encore)
- Le major Josep Lluis Trapero, commissaire principal des Mossos d'Esquadra
- Sr. Jordi Sànchez, président de l'ANC (assemblée nationale catalane)
- Sr. Jordi Cuixart, président d'Omnium Cultural
- Suivront cent cinquante noms de hauts fonctionnaires simplement démis de leur fonction (jusqu'à plus ample informé)...

- L'exécutif de la Communauté autonome (qui le reste) est gouverné par la Sra. Soraya Saenz de Santamaria (CV ici)
- Le chef d'escadron Ferrán López, ex-adjoint du major Trapero, est nommé chef-commissaire des Mossos d'Esquadra
- ......





lundi 23 octobre 2017

Puigdemont, grand diseu petit feseu !


Le président de la Généralité de Catalogne
Pour la deuxième fois depuis l'ouverture de la crise référendaire, Carles Puigdemont passe la patate chaude voire brûlante à Carme Forcadell, la présidente du Parlement de Catalogne.

La première fois, ce fut au lendemain du référendum interdit mais gagné ou presque, le 2 octobre 2017 quand la déclaration d'indépendance promise fut suspendue sans conditions, ou du moins conditions si floues qu'elles annulaient toute réplique ultérieure. Demander un dialogue et la médiation étrangère revenait à publier des vœux de prompt rétablissement à une Catalogne meurtrie.
La deuxième fois date de samedi soir, 21 octobre, en réponse à l'ouverture de la procédure de destitution de l'article 155 de la Constitution espagnole de 1978. Le président saisit son parlement qui doit "débattre", alors que pour annuler les effets de l'art. 155 il aurait suffi de dissoudre la chambre et de convoquer dans le même mouvement des élections régionales. En réaction de quoi, le Sénat aurait stoppé vendredi prochain 27 octobre la mise en route de la destitution du gouvernement catalan, le statut d'autonomie restant en vigueur d'après la décision du Conseil des ministres de Madrid.

Il suffisait alors de faire campagne en instrumentalisant la brutalité castillane (ou galicienne) vis à vis de la démocratie et en gommant le volet "solidarité européenne" qui ne s'ouvre pas ! Le bureau du Parlement annonce maintenant qu'ils se réuniront en session plénière le 26 octobre, veille de la réunion du Sénat. Est-ce pour dramatiser encore plus ? On est en plein théâtre de boulevard. Franchement, les Catalans méritaient mieux !

Ce chef indécis, c'est Louis XVI qui va se faire rattraper à Figueras. En attendant la berline, voici la teneur de la reprise en main selon ZeroHedge :

*Administration directe

Mariano Rajoy demande au Sénat de saquer tout le gouvernement de Barcelone, y compris Carles Puigdemont et Oriol Junqueras son vice-président chargé des questions économiques (un génie).
Le gouvernement central prendrait la main sur l'administration régionale autonome (elle le resterait) jusqu'aux élections législatives à organiser avant six mois.
Si l'actuel Parlement de Catalogne conserverait son rôle délibératif, le gouvernement en revanche serait mis sous la tutelle de Madrid.

*Police

Les hauts fonctionnaires nommés prendraient le contrôle des Mossos d'Esquerra qui ont été impliqués dans la rebellion avant et après le référendum illegal. La chaîne de commandement sera vérifiée et mise en ordre. Le chef des Mossos est déjà inculpé.

*Finances

Le Ministre madrilène de l'Economie a déjà resserré son contrôle des finances régionales afin de bloquer l'utilisation des fonds d'Etat destiné à soutenir la sécession. Les règlements essentiels sont dirigés depuis Madrid, et il en continuera ainsi jusqu'à normalisation.

*Médiats

TV3 Catalogne passerait sous contrôle de Madrid afin que l'information traitée par la chaîne régionale de référence soit "vérifiée, objective et équilibrée, en ligne avec le pluralisme politique, social et culturel du territoire".

Une capitale mondialisée à la merci d'un petit journaliste !


Postscriptum :

M. Christian Vanneste dit les mêmes choses autrement en s'appuyant sur une comparaison utile entre la sagesse de l'ancienne république millénaire de Venise et les pays catalans, éternels vassaux de la couronne d'Aragon : cliquer ici.

Indignations symétriques en Espagne

Plaça de Sant Jaume (Generalitat), Barcelona

 

155* c'est l'article 37 allemand voire l'article 16 français : pleins pouvoirs ! Carles Puigdemont et ses parrains catalanistes ont obtenu l'humiliation recherchée, sensée remettre du charbon en chaudière pour provoquer la répression qui attendrira les peuples d'Europe. On va tout entendre du coup d'Etat au déni de démocratie mais el pueblo unido jamás será vencido ! Il pleut, on rentre. L'Europe s'en fout ! Les dirigeants de Barcelone n'ont pas saisi la porte de sortie honorable que Madrid leur entrouvrait : convoquer jeudi dernier des élections législatives régionales sous soixante jours pour les perdre démocratiquement et sauver l'avenir en conservant le statut actuel. Au lieu de quoi, le président (par défaut) a passé la patate chaude à Carme Forcadell, présidente du parlement de Catalogne pour qu'elle organise un débat sur le quoi faire. Quel courage, monsieur Puigdemont ! Quel courage, mais son air d'étudiant à crinière n'augurait pas d'un tempérament guerrier. Les Catalans de tous bords vont assister la mort dans l'âme à une reprise en main. La communauté autonome rend les clefs jusqu'à meilleure fortune à des gens qu'elle a insultés. Tout va dépendre maintenant du doigté apporté par le gouvernement central dans la gestion locale de la crise. Mais si les Cortes de Madrid n'entament pas tout de suite la procédure de révision constitutionnelle, trop de gens désœuvrés ou faciles à convaincre vont fermenter et ravager une Catalogne promise à la ruine. L'Espagne doit s'autonomiser à fond : trois siècles d'histoire à effacer. Mazette, on commençait à s'ennuyer !

Depuis l'aube du monde ce que l'on nomme dans les titres royaux "les Espagnes" commence au sud de la ligne de crête des montagnes pyrénéennes pour finir à l'Afrique. Et nul n'y changera rien. Sanche le Grand (♰ 1035) était Rex Hispaniarum, autant dire roi d'Ibérique, colossal ! Si l'on exclut le royaume de Portugal tourné vers l'outremer, le territoire de la péninsule, farci de royaumes, fut très longtemps morcelé, un peu à la manière italienne, puis partagé entre les couronnes de Castille et d'Aragon qui en firent des agrégats. Ces Espagnes ont duré jusqu'à la guerre de Succession entre les maisons de France et d'Autriche, quand vint le temps d'une unification politique et budgétaire, les suzerainetés ne suffisant plus à la gestion de l'espace. C'est le roi Bourbon Philippe V qui réorganisera tout le territoire des Espagnes autour des années 1715, répliquant plus ou moins le schéma centralisateur français (source). Cette marche à l'intégration se continuera par une assimilation forcée, que briseront les deux républiques puis que renforcera le fascisme. Le pouvoir légataire du franquisme tiendra compte de l'histoire écrite dans la terre d'Espagne après la mort du Caudillo en 1975 pour équilibrer une nouvelle constitution (1978). D'où les divers statuts d'autonomie poussée des provinces actuelles. On a repris alors la route des Espagnes à la satisfaction générale, Catalans compris. Mais la Catalogne veut toujours plus.

Citadelle-musée de Montjuïc (Barcelone)

Toujours plus, au motif que la Seconde République lui avait octroyé une quasi-indépendance. La seule question qui vaille aujourd'hui à l'adresse des leaders catalans est : pour quoi faire ? Pour brasser plus de pognon à Barcelone ? pour dépenser sans compter ? pour s'enrichir personnellement comme tous les révolutionnaires du monde ? Si l'on me parle de "culture bafouée", de "civilisation brimée", de "catalanité combattue", je dis foutaises, ce n'est tout simplement plus vrai depuis quarante ans, la dictature franquiste est loin. Mais depuis la libération, on infuse dans l'esprit des écoliers le martyre de la Catalogne opprimée ; et bien sûr, les enfants de jadis ont grandi dans ce bouillon nationaliste de synthèse, ont regardé dans le rétroviseur plus que par le pare-brise jusqu'à se couper des perceptions culturelles de la rue (les putes sont japonaises) et des réalités socio-économiques modernes (l'IBEX 35 s'est enfui). Autant dire que le nerf de la guerre d'indépendance est en train de quitter la région rebelle, non par un complot international des Forges maçonniques et des Banques cosmopolites, mais parce que nulle entreprise, quelle que soit sa taille, n'a vocation à mourir de bêtise quand cinquante kilomètres plus loin, elle va prospérer. Et les livres se souviennent aussi de la révolution sociale de 1936 dont les partis gauchistes de Barcelone s'imaginent être les continuateurs et qui a laissé d'impérissables souvenirs.

Dans une déclaration faite juste avant le référendum extravagant du 1er octobre 2017, Mgr Sixte-Henri de Bourbon Parme, régent de la tradition carliste et grand détestateur de la constitution de 1978**, évoque "les Espagnes" comme ciment de l'union espagnole (voir la page de Katehon en français ou celle de la Comunión Tradicionalista en espagnol et catalan). A part de lui, tout converge au retour des suzerainetés médiévales sous une forme moderne. Le centralisme français d'importation ne fut jamais une réponse au-delà des Pyrénées. Les peuples espagnols sont fiers, à la limite chauvins et rétifs à l'uniformisation qui effrite le ciment national. On peut d'ailleurs les amuser adroitement de manifestations folkloriques et religieuses qui permettent de gérer le reste.

Le roi, raide et compassé en même temps, ne doit pas s'enfermer dans un juridisme étroit, même si l'intransigeance constitutionnelle de Mariano Rajoy est la seule réponse possible pour le moment. Il est le roi de toutes les Espagnes, il peut jouer le rôle du good cop comme dans le discours d'Oviedo (clic) et pousser à la réforme en sortant lui-même des rails constitutionnels s'il le faut. Le temps des juristes est venu. Tant la Catalogne que l'Euzkadi doivent restées amarrées à la couronne d'Espagne comme l'étaient jadis les provinces étrangères à la couronne d'Aragon, qui était passée au XV° siècle du statut de royaume pyrénéen à celui d'une thalassocratie méditerranéenne puissante, avec Barcelone comme tête de lignes. La Catalogne en réduction qui propose la sécession n'arriverait à rien. Sa cousine basque ne ferait pas mieux.

Possessions de la Couronne d'Aragon au XV° siècle


Quant à déteindre sur le reste de l'Europe, cette prospective des dominos est pure manipulation des centralisateurs obtus. Des entités historiques assez fortes, capables de s'extraire d'un Etat régulièrement constitué et ayant une surface suffisante pour jouer leur partie sans appeler de la Dette à chaque fin de mois, je n'en vois que deux : les héritiers du royaume d'Ecosse (qui jadis passa la Auld Alliance avec le royaume de France) et ceux d'une réunion des royaumes de Piémont, de Lombardie alliés à la république de Venise (la Padanie alpine). Tout le reste est "enclavé" et pour la France, stupide. La Corse est très dépendante, l'Occitanie politique n'existe pas (même réduite à la Septimanie), Bretagne, Alsace sont du folklore, le pays basque français est une question dérivée.
La seule équivalence à la lutte catalane serait les Flandres belges, mais comme pour la Catalogne la seule question qui vaille serait : "pour quoi faire ?". Des économies sur la Wallonie ? Une indépendance d'usufruitiers ? La création de postes prestigieux à compte des contribuables? La gloire ? Même les Hollandais les détestent.

A l'heure des Etats-continents, il est presque risible de voir certains intellectuels soutenir l'émiettement de l'Europe occidentale au motif fumeux du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, quitte à en crever (comme le Kosovo). L'Union européenne doit gagner en force pure dans le grand jeu diplomatique. Le Soft Power par le commerce et les crédits de développement ne marche plus. Attaquée de partout dans le champ démographique par des migrations massives, elle doit résoudre les déséquilibres qui provoquent l'exode du tiers-monde et combattre les offensives délibérées qui la visent. Les Etats-continents ont déclaré la guerre économique mondiale et la noix européenne doit résister entre les branches du casse-noix sino-américain. Pour ce faire, il faut passer outre les interminables conférences à 27 ou 30 en dix langues et parler d'une seule voix à Trump et Xi. A défaut de quoi L'Europe sera achetée (conquise), région par région, matée et consommée sur place comme il en fut lors de la conquête maure de 711.

Mais parce que c'est aussi une communion de peuples très anciens, souvent antagonistes, l'Europe doit trouver un juste équilibre entre les aspirations réelles d'une démocratie de proximité et la puissance continentale nécessaire à notre survie. L'Europe des régions est une proie.
En attendant l'embellie politique, on fera son profit de l'entretien donné à Royauté-News par Marie-Thérèse de Bourbon Parme, la pasionaria carliste de référence, en cliquant ici. Nous partageons avec elle l'amour des fueros ou chartes communales, franchises et immunités qui sont l'essence-même de l'enracinement des peuples dans leur diversité, s'ils savent en revanche s'unir au plus loin pour perdurer.

Europe des régions subordonnées


Notes :
(*) Artículo 155 de la Constitución española de 1978:
1. Si una Comunidad Autónoma no cumpliere las obligaciones que la Constitución u otras leyes le impongan, o actuare de forma que atente gravemente al interés general de España, el Gobierno, previo requerimiento al Presidente de la Comunidad Autónoma y, en el caso de no ser atendido, con la aprobación por mayoría absoluta del Senado, podrá adoptar las medidas necesarias para obligar a aquélla al cumplimiento forzoso de dichas obligaciones o para la protección del mencionado interés general.
2. Para la ejecución de las medidas previstas en el apartado anterior, el Gobierno podrá dar instrucciones a todas las autoridades de las Comunidades Autónomas.

(**) Sixto de Borbón à El Pais en 2013 : « Estamos en presencia de una seudoconstitución, que no puede tener principios en función de su origen bastardo y espúreo. El sistema [constitucional] del 78 se basó en la mentira, por lo que antes o después tenía que desmoronarse. El desfondamiento institucional, moral y religioso hace, sin embargo, que no podamos celebrar en exceso el fiasco »


Addedum du 22.10.17
On retirera beaucoup d'informations utiles de l'article de Patrick Kingslay dans le New York Times du 20.10.17 qui a parlé avec Ada Colau, maire de Barcelone. Elle défend sa ville, l'une des premières de Méditerranée, dans la mondialisation de préférence à un improbable Etat catalan. L'article se termine au Camp Nou Stadium et les photos sont très réussies.

samedi 21 octobre 2017

Le discours du roi avant l'orage

C'est depuis Oviedo où le roi Felipe VI et son épouse vinrent remettre les prix Princesses des Asturies que fut prononcé hier vendredi un discours pour l'unité espagnole, empreint de plus de chaleur que l'adresse constitutionnelle du 3 octobre à Madrid rapportée ici.
Ce discours précède les décisions du Conseil des ministres convoqué aujourd'hui par le président du gouvernement, Mariano Rajoy, qui rentre de Bruxelles assuré du soutien de tous les pays de l'Union et de ses institutions contre la sécession catalane. Quel que soit le déroulement de la crise à Barcelone, le discours d'Oviedo fera date en tant qu'ultime appel à la raison.
Lundi, Royal-Artillerie proposera un article sur le même sujet intitulé "Indignation symétrique en Espagne".


(source Casa Real)

mercredi 18 octobre 2017

... in fine Raqqa chut !


"Nous" avons vaincu l'Etat islamique, ISIS et Daech tous ensemble. Gloire aux fantassines kurdes, aux forces spéciales d'Occident, aux spotters, snipers, aux drones et lasers de guidage, aux satellites, aux Russes... gloire à tous du plus haut des cieux redevenus bleus, depuis que retombe sur les ruines de Raqqa la poussière des bombardements. Rien du tout ! Nous n'avons rien gagné du tout.
Avant de s'applaudir, il aurait fallu vaincre la nature humaine dans sa barbarie affleurante qui ne demande qu'à émerger. Les monstruosités ont été perpétrées par des hommes et des femmes libres, volontaires, à fond sur la pédale. Ils étaient normaux avant de s'engager, les rescapés vont le redevenir progressivement. Alors cherchera-t-on les pourquoi et comment, les "motivations" comme ils disent, pour y porter remède ? Idiot !

L'histoire de l'espèce humaine est un musée de l'horreur et les Daechiens ne furent pas les pires sinon les plus médiatisés. Le torrent d'atrocités n'a jamais réellement cessé sur terre, quand un hémisphère s'apaisait, l'autre prenait feu, et cela dure depuis toujours. Il n'est besoin d'aucun exemple, chacun sent le démon en lui caché, tapi. Il n'y a pas de progrès, le temps n'y fait rien, les hommes de l'Antiquité ont déjà fouillé toute la pensée humaine et regardé les malheurs qu'elle sait provoquer et s'y complaire. La civilisation n'est pas une évolution, rien n'a changé depuis. Si, nous avons compliqué l'analyse à l'infini mais la réalité, elle, est toujours aussi simple : nous sommes damnés par construction, désespérance.

Par son exterritorialisation, Daech va morpher en quelque chose de luciférien, insaisissable jusqu'à la future apocalypse (littéralement), son vivier est inépuisable.


lundi 16 octobre 2017

Géopolitique américaine

Numéro 3/16
Quand l'éléphant Trump est entré dans le magasin de porcelaine américaine le 20 janvier 2017, Eric Fottorino (Le1) et François Busnel (La Grande Librairie - France 5) eurent l'idée de génie d'accompagner le massacre démagogique trimestre après trimestre, en publiant la revue America tout au long du mandat, soit (4x4) seize livraisons. La zone d'intérêt était bien sûr le territoire des Etats-Unis dans toutes ses communautés, les contributeurs, des pointures éditoriales ou des écrivains, plutôt marqués du sceau de l'âne que de celui de l'éléphant. Manque de pot, malgré les frasques du premier joueur de golf américain de plus de soixante-dix ans - on dit en plus qu'il triche si tu regardes ailleurs - l'Amérique se porte plutôt bien, l'économie frôle la surchauffe, le chômage est réduit à l'incompressible, les bulles en tout genre gonflent, et les rednecks et autres Joe-six-pack continuent à le soutenir, la winchester sur l'épaule.

Par contre c'est à l'étranger, où à part les Chinois et les Mexicains nul ne l'attendait, qu'il est le plus dangereux, voire destructeur. Les affaires étrangères ne sont pas ses affaires et le Département d'Etat dépense une incommensurable énergie à prévenir le tweet de demain ou à rattraper celui d'hier. Personne à Washington ne sait de quoi la semaine sera faite, ni la position diplomatique officielle de la première nation du monde, et Rex Tillerson est un héros. Le slogan du magazine America, l'Amérique comme vous ne l'avez jamais lue, est donc décalé des réalités du "massacre" trumpien. De plus, l'existence de cette revue m'a été révélée hier par TheNewYorker, ce qui trahit un certain déficit de notoriété...

Revue de détail:

Corée du nord (voir la carte ici) - Le seul acteur sur zone capable de faire plier Kim Jong-un est Xi Jinping. Il a déjà fortement serré le garrot au cou de la Corée dont le commerce extérieur est très lié à la Chine (aucun chiffre n'est fiable à cause du mode opératoire de Pyongyang). Après un embargo sur le charbon, le fer et le textile, la Chine a annulé les licences d'exploitation des petits commerces nord-coréens installés à Dandong et au Jilin, mais plus significatif, a décidé de combattre la contrebande de fruits de mer en Mer jaune alors qu'elle était tolérée pour maintenir un certain niveau de vie dans les pêcheries nord-coréennes. Après le 19ème Congrès du PCC, le garrot sera serré un tour de plus... sauf si le voyage de Trump à Pékin casse la dynamique par des exigences insoutenables de sa part. Si à la fin Rocket-Man plie ou est tué par le capitaine des gardes, tout le mérite en reviendra à Xi Jinping, lequel capitalisera immédiatement son succès dans le détroit de Formose et en Mer de Chine méridionale ! D'ailleurs c'est écrit déjà dans les journaux chinois de référence comme Global Times et Caixin Global. Les sanctions onusiennes appliquées réellement et appuyées par les Cinq risquent bien de suffire à l'avenir, grand message qui prend Donald Trump à contre-pied avec sa vision gaullienne du Machin.

Iran - La levée des sanctions économiques dures et consécutive au traité nucléaire porte ses fruits. La libéralisation des échanges, la reprise des productions industrielles, le commerce du superflu sont autant de ballons de monoxyde de carbone pour la République islamique. Ce gaz inodore tue plus sûrement que tout. Le peuple iranien et d'abord la classe moyenne se libère mentalement du crassier religieux à tel point qu'on parle de vie souterraine assez débauchée. Les femmes ôtent le voile une fois par semaine, les bitards de la police islamique ne peuvent pas matraquer tout le monde. Le modèle se fissure à grande vitesse ; ce n'est pas le moment de rallumer la chaudière du chauvinisme. Bien sûr que les ingénieurs planchent sur la force de dissuasion, mais la société peut pourrir le régime avant que n'aboutissent les travaux. Et l'AIEA veille. Le jeu de rôles entre Donald Trump et le Congrès des Etats-Unis est pitoyable de bêtise.


L'Iran n'est pas seulement un danger nucléaire mais aussi un acteur régional en expansion, Syrie-Liban, Qatar, Irak, qui contrôle en profondeur sa frontière afghane (Hirat et Farah). Ce n'est plus du billard à trois bandes... mais une algèbre de sous-ensembles flous, ce qui dépasse un peu les capacités de raisonnement du magnat parvenu à la Maison Blanche. L'Iran s'entend aussi avec la Russie et depuis longtemps avec la Turquie, même si ce n'est pas toujours visible ; du moins n'a-t-il aucun contentieux avec ces deux puissances régionales. Donald Trump parviendra-t-il à souder une véritable alliance russo-turco-iranienne ? Ce serait le bouquet d'autant que le groupe d'Astana existe déjà !

Mer de Chine - Le confinement des Chinois en mer de Chine (tout est déjà dans la phrase) n'est pas moins complexe que les affaires de "l'Orient compliqué". A l'exception du sultanat de Bruneï qui ne pèse rien, il existe une solidarité asiatique en Mer de Chine méridionale et les grâces que peuvent faire les uns ou les autres aux Américains sont calculées, pesées, évaluées en fonction d'intérêts immédiats, tous sachant qu'à terme la VII° Flotte refluera, peut-être même au-delà du Japon jusqu'à Hawaï. Développés par la mondialisation des échanges, aucun des pays riverains de la Mer de Chine méridionale ne se déclare incapable de contrôler les rails de navigation marchande qui passent devant chez lui. Nul n'a besoin des Etats-Unis qui changent en plus de politique à chaque mandat présidentiel ; il suffit de s'entendre avec le gorille de 900lbs dans le coin de la salle de conférences : la Chine impériale revenue de la nuit des temps ! Déjà les Philippines ont contourné un embargo américain en acceptant des conteneurs d'armement chinois pour écraser la rébellion islamiste dans le sud. Le Cambodge a été acheté (facilement) pour une alliance de revers sur l'ASEAN, le Vietnam va coopérer avec tout le monde pour rehausser son niveau militaire et venir un peu mieux habillé sur le tapis vert où l'on se dispute l'archipel des Paracels ; la Malaisie au Sabah (Bornéo) n'est impliquée que pour la territorialité des hydrocarbures marins, elle n'a pas d'agenda si loin de chez elle.

Avec sa réactivité enfantine à bout de pouces, on voit mal Donald Trump supporter dans le bureau ovale une heure d'analyses de ses services diplomatiques et en faire une synthèse décisive sur la politique maritime américaine en zone d'influence chinoise. Heureusement qu'il peut se dégonfler après des menaces aussi définitives que tonitruantes. Et soit dit en passant, l'approche copain-copain choisie par Emmanuel Macron est sans doute la bonne.


Conclusion

Le candidat Trump avait décidé de s'occuper au mieux possible des Américains qui le méritent, ses électeurs. Il serait bien inspiré de s'y mettre plus sérieusement et de lâcher la grappe au reste du monde, à la seule condition que les dirigeants européens se sortent les doigts pour nous construire un avenir sans les Etats-Unis, mais pas nécessairement contre eux. Si la chancelière allemande a déjà dit qu'il ne fallait désormais compter que sur soi-même, on attend du président français qu'il nettoie la merde collectiviste française afin de dégager voies et moyens pour protéger nos intérêts et notre sol. Malgré l'intelligence du discours, l'enthousiasme et les convictions clairement fondées, la prestation dominicale d'Emmanuel Macron et son environnement politique ne nous assurent pas d'une "transformation" suffisante (on y reviendra forcément sur Royal-Artillerie), trop de réformes dans le passé ont souffert du coitus interruptus dans l'application, sans parler des dérogations clientélistes qui ruinent les meilleures intentions. C'est maintenant que l'on mesure le temps perdu en foutaises et dilapidations depuis vingt ans, on a laissé rouiller l'épée.

Par chance, le tsar Vladimir II ne cesse de déstabiliser les anciennes marches de Russie en s'appuyant sur les minorités russophones qu'elle a laissées à marée basse, ce qui renforce la cohésion de l'Alliance atlantique, malgré le premier mouvement du biznessman à triples semelles en recherche d'impayés parmi ses alliés (pris comme des clients). C'est curieusement l'obstination stérile du Kremlin qui permettra à Donald Trump de finir son mandat la tête haute, un comble !

lundi 9 octobre 2017

ISF, incitation à s'enfuir !

Avant-propos

Royal-Artillerie avait prévu de faire pour ce lundi un "billet catastrophe" sur la marche à la falaise des lemmings catalans. Au risque de se tromper demain, nous avons jugé que les pouvoirs économiques régionaux ont amené les catalanistes à résipiscence par le départ de deux banques et l'abandon du port de Barcelone pour exporter les voitures Citroën de Saragosse, signaux déclencheurs d'un exode complet du CAC40 espagnol. S'en est mêlée l'Union européenne dans ses trois corps (CE, PE et BCE) qui ont exclu d'avance la République catalane qu'on allait retrouvée pendue au milieu de nulle part. Sont enfin apparues dimanche les manifestations monstres pour l'unité espagnole. La conjuration (selon Mario Vargas Llosa) se termine en eau de boudin, le mérite en revenant d'abord au sens du ridicule de M. Puigdemont et un peu au roi d'Espagne, bien secondé par la Cour constitutionnelle qui bloque toute issue extérieure au motif d'illégalité, et par les dispositions judicieuses prises par M. Rajoy pour vider la région de ses sièges sociaux importants ! Terminé pour nous. C'est donc sur une macronade que nous ouvrons le feu cette semaine puisqu'il s'agit de l'impôt sur la fortune.

A raison, le gouvernement français a décidé de remiser cette relique du Grand Soir dans le placard à conneries. Quelques pays conservent encore cette punition à des motifs divers et spécifiques à leurs particularismes comme la Suisse qui en finance ses cantons, la Norvège immense et peu peuplée qui taxe à 1% les établissements de tous ordres, et le Lichtenstein qui en use comme révélateur statistique de son patrimoine en obligeant à déclaration pour taxer à 0,07% ! Rien à voir avec le système spoliatoire français à 1,50%. Une douzaine de grands pays ont supprimé cette incitation pressante à l'exil.

Le problème est que nos élites administratives sont dévorées par leur fine intelligence, comme s'en plaignait pour lui-même M. le ministre de l'Economie en campagne des primaires républicaines. Et plutôt que de dire "cessons l'ISF stupide !" on trie ! On trie ce que l'on pourrait conserver, ce qui chagrine, ce qui plaît moins, jusqu'à la politique d'amendements parlementaires qui va user du temps et l'ouvrage à l'envi. Le tohubohu a commencé pour ou contre les yachts et les lingots d'or, les Beechcraft et Falcon mais aussi sur la pierre-papier et la pierre-maçonne, franchises, progressivité et détails déclaratifs... le sac de nœuds dont la France est friande pour pouvoir rémunérer des contrôleurs qui insinuent partout le pouvoir pesant de l'Etat. Pourtant l'objet de la réforme est simple : faire venir en France des gens capables de gagner de l'argent par eux-mêmes ou en réunion et qui feront travailler du monde directement ou indirectement. Le nautisme est un bon exemple. Filière d'excellence française, elle emploie vingt mille personnes et exporte beaucoup, mais nous perdons tout l'aftermarket juteux au profit de l'Italie. Cesser de cibler les yachts ne pourrait être que bénéfique, cesser de cibler la richesse tout court, aussi. C'est à cet endroit du texte qu'on devrait placer l'appât des mouches au vinaigre ! Le manque à gagner par la suppression complète de l'ISF serait compensé et bien au-delà par une taxe générale sur la connerie socialiste.

Mais quand bien même ! Non seulement les gens riches ne reviendront pas pour les raisons citées plus bas, mais d'autres arrivés à maturité choisiront de partir au simple motif que, outre les complications fiscales et bureaucratiques d'une administration tsariste, toutes ces dispositions libératrices sont peu sûres et susceptibles d'être rapportées par une nouvelle majorité politique dans quatre ans. Le startupper français qui réussit à millions va immanquablement chercher la voie d'un salut fiscal certes, mais surtout celle d'un environnement plus favorable à son développement professionnel et au bien-être de sa famille. Riche ou pas encore, on ne remue pas sa vie d'un pays à l'autre chaque lustre. La France devra faire sur une décennie au moins la preuve de sa conversion à la norme libérale OCDE pour convaincre les gros cigares. Quand on suit les débats parlementaires, s'insinue le doute, un gros doute après bien sûr l'effarement de leur médiocrité.

Pourquoi la plupart des riches ne se refiscaliseront pas en France ?

Pour une raison trop simple pour monsieur Le Maire : parce qu'ils ont déjà fait leur vie ailleurs. Les conjoints sont installés, certains dans de vrais jobs qu'ils n'auront pas en France, les enfants sont intégrés dans les cursus scolaires et fréquentent des amis, les activités périphériques sont établies et goûtées. Et une fois l'an, la famille fait un saut en France pour voir et gâter les grands-parents, apprendre les tracasseries nouvelles que le gouvernement a inventées, faire connaître aux gamins comme il est beau le pays malgré les communistes et les "arabes", et repartir les valises pleines de pinard et de produits défendus comme le foie d'oie étranglée.

Si je dis cela sur la base de mon entourage familial et professionnel, je signale aux sceptiques que de grands patrons ont calté au su de tous avec femmes et enfants (comme Jean-Pascal Tricoire de Schneider Electric à Hong Kong). Et comme je le répète parfois (mais à mon âge j'y suis autorisé) aucun de mes potes expatriés n'est revenu à la fin, sauf un (1) appelé par un rêve paysan qui meubla ses nuits toute sa vie au fin fond des déserts pétroliers. Tous les autres ont fait souche, un peu comme ces Français de Louis XV, fatigués de leur condition, qui "disparaissaient" dans la grande plaine américaine en prenant squaw et papooses. Mais peut-être avons-nous dans les gênes cette facilité à nous intégrer partout ? Notre liste d'ermites est longue, celle de nos bâtards immense. Une race à part ? On trouve des Français (ou d'anciens Français) partout sur la planète (même en Papouasie), dans des petits ou grands bizness, qui ont pour la plupart d'entre eux le sourire. Leur parler de revenir déclenche d'irrésistibles fou-rires, je n'ai jamais eu d'arguments.


Trappeurs français d'antan au Nebraska actuel

dimanche 8 octobre 2017

Réponse à Royauté-News sur le catalanisme


Re votre article du 6 octobre 2017 : Catalogne, un tournant à négocier avec intelligence.

On y lit à propos des institutions européennes : Cet objectif (ndlr: l'indépendance) convient parfaitement à l'Union européenne, qui souhaite dépecer les États pour mieux asseoir son autorité technocratique et atlantiste, et pour qui cette principauté qui, autonome depuis des siècles, avait tout (avec l'Écosse) pour donner l'élan à un mouvement plus généralisé en Europe.

Bien que les fédéralistes soient nombreux en Europe et dans les institutions centrales, l'émiettement des Etats n'est pas l'objectif. Concrètement, si l'on a choisi dans le passé la régionalisation des crédits européens (parce que tout commence et finit au fric), c'était pour rapprocher le bailleur de l'utilisateur final et de contrôler au plus près la mobilisation des lignes budgétaires, et accessoirement, éviter le coulage possible au niveau du gouvernement national à travers des fameuses études d'impact et de faisabilité qui nourrissent les officines subventionnées. Mais on a vite vu le coulage se décentraliser...
L'Union a un mal de chien à avancer à 28 (27) chacun ne voulant voir que sa gamelle. Il ne fait aucun doute que les égoïsmes seront exacerbés par une régionalisation des pouvoirs. C'est pourquoi la Commission de Bruxelles, comme la banque centrale et le parlement ont prévenu les dirigeants de Barcelone que l'indépendance allait les chasser du cercle de famille.

Concernant la transition franquiste maintenant. Vous dites (RN1) : L'erreur des Princes Carlos Ugo et Alphonse, le Duc de Cadix, aura été de suspendre sans condition leurs légitimes prétentions au moment où s'organisait, sous les auspices franquistes, la future monarchie et se dessinait et se jouait l'après-franquisme, lorsque ces deux Princes, pour ne pas diviser le tissu espagnol, acceptaient Juan Carlos qui avait reçu la préférence du Caudillo. La faute des rois Juan Carlos puis Felipe aura été de ne pas satisfaire les légitimes aspirations des provinces selon la doctrine Carliste.

Je ne suis pas sûr que l'accession au trône de l'aîné d'Espagne aurait été pérenne. Dans un pays opprimé sur deux générations par la dictature, les peuples hispaniques n'auraient pas longtemps supporté la petite-fille du Caudillo comme reine, et son tempérament de feu aurait donné prise à médisances et calomnies jusqu'à l'émeute. Reste la régence carliste, le parti de l'Honneur, disait Brasillach. Il est indéniable que son régionalisme poussé à fond conviendrait assez bien au tempérament espagnol, dans un pays où, comme s'en agaçait Ferdinand VII, huit millions de rois gouvernent. Ramener les impatiences et la "justice" au niveau des "pays" (fueros ou chartes municipales) est une mesure sage, laissant le régalien au roi sous surveillance des Cortes. Mais le parti carliste est divisé en trois courants hostiles qui s'enterrent dans les fractures politiques espagnoles, ce qui lui ôte toute chance de succès sauf d'estime. La branche actuelle des Bourbons qui règne à Madrid est le seul choix workable. Qu'elle enthousiasme toute l'Espagne est une autre question, même si Felipe VI et sa famille se donnent à fond. Basques de souche et Catalans de souche ne les aiment pas et les Espagnols dans leur ensemble ne sont pas des royalistes acharnés, mais apprécient une représentation de qualité à l'extérieur. C'est insuffisant.

L'article de Royauté-News se termine sur le "malaise culturel" en région. Pour avoir connu l'Espagne franquiste, je ne vois pas aujourd'hui de malaise identitaire dominant en aucune des régions, ce qui explique l'insuccès du séparatisme basque et sa folklorisation. Les Catalanistes (parfois enrichis) ont choisi d'éviter l'insurrection armée qui risque votre peau, au lieu de cela ont travaillé au corps la société catalane, comme vous le dites si bien, et jusque dans les écoles, pour arriver par les urnes et fermer le ban à la cubaine. Ils n'aboutiront pas mieux que les Basques pour la simple raison que dans un monde digital et bientôt quantique, les gens sont fatigués des binious et pastourelles politiques, surtout quand ils détectent chez les chefs une soif inextinguible de pouvoir pour le pouvoir. Merci d'avoir évoqué les 60 millions d'euros externalisés par le président Jordi Pujol. En fait c'est cent millions que l'on cherche.

A noter qu'il n'a jamais existé dans l'histoire d'Etat catalan. Même les barons francs de Barcelone que l'on vit à Senlis en 987 répondaient au rex francorum. Quant à Mariano Rajoy, c'est un politicien comme il en faut pour vidanger les écuries d'Augias, avec la particularité d'être Galicien, donc sensible aux identités fortes. Est-ce pour cette qualité qu'il a anticipé l'échec de la revendication catalane ?

mercredi 4 octobre 2017

Le discours d'un roi

L'intervention du roi Felipe VI fait obligatoirement penser à celle de son père lors du coup d'Etat de Tejero en 1981. La fermeté de ton, l'expression de convictions solides, la primauté de la constitution démocratique de 1978 (votée aux Cortès et ratifiée par référendum), les dévolutions de souveraineté à l'intérieur du royaume, toutes ces assertions sont indispensables pour raffermir la confiance dans tout le pays.

Si le président catalaniste Puigdemont ne proclame pas l'indépendance le week-end qui vient, proclamation fondée sur des résultats acquis dans des conditions rocambolesques et retravaillés au dépouillement comme savent si bien le faire les républicains, il sera plus que temps pour le roi et la Casa Real de manifester leur compréhension à tous les habitants de Catalogne en promouvant les avantages d'un grand pays uni dans la mondialisation sauvage et en suggérant sans le dire explicitement la prééminence de l'hispanité (Amérique latine) sur la catalanité qui ne va pas plus loin que le Barcarès.

Les républicains catalans ne veulent rien entendre qui détournerait les gens de leur chimère. Ils agitent un passé révolu dont seuls les vieillards se souviennent, pour faire monter la fièvre à leur propre bénéfice. Peut-être que de la Catalogne ils n'ont que faire puisque déjà ils parlent, comme Pablo Iglesias de Podemos, de remettre à plat la constitution de toute l'Espagne pour se débarrasser de la monarchie. Si la Catalogne se détache réellement du royaume, elle perdra tout, pour la simple et bonne raison qu'elle sera coupée du système circulatoire européen et espagnol. Mais de ça, les indépendantistes ne parlent jamais au peuple fasciné par les manifestations de masse et les chants patriotiques ; il y a quelque chose de vénézuélien dans la tactique explicitement dénoncée par le roi.



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Buenas noches,

Estamos viviendo momentos muy graves para nuestra vida democrática. Y en estas circunstancias, quiero dirigirme directamente a todos los españoles. Todos hemos sido testigos de los hechos que se han ido produciendo en Cataluña, con la pretensión final de la Generalitat de que sea proclamada − ilegalmente − la independencia de Cataluña.

Desde hace ya tiempo, determinadas autoridades de Cataluña, de una manera reiterada, consciente y deliberada, han venido incumpliendo la Constitución y su Estatuto de Autonomía, que es la Ley que reconoce, protege y ampara sus instituciones históricas y su autogobierno.

Con sus decisiones han vulnerado de manera sistemática las normas aprobadas legal y legítimamente, demostrando una deslealtad inadmisible hacia los poderes del Estado. Un Estado al que, precisamente, esas autoridades representan en Cataluña.

Han quebrantado los principios democráticos de todo Estado de Derecho y han socavado la armonía y la convivencia en la propia sociedad catalana, llegando ─ desgraciadamente ─ a dividirla. Hoy la sociedad catalana está fracturada y enfrentada.

Esas autoridades han menospreciado los afectos y los sentimientos de solidaridad que han unido y unirán al conjunto de los españoles y con su conducta irresponsable incluso pueden poner en riesgo la estabilidad económica y social de Cataluña y de toda España.

En definitiva, todo ello ha supuesto la culminación de un inaceptable intento de apropiación de las instituciones históricas de Cataluña. Esas autoridades, de una manera clara y rotunda, se han situado totalmente al margen del derecho y de la democracia. Han pretendido quebrar la unidad de España y la soberanía nacional, que es el derecho de todos los españoles a decidir democráticamente su vida en común.

Por todo ello y ante esta situación de extrema gravedad, que requiere el firme compromiso de todos con los intereses generales, es responsabilidad de los legítimos poderes de l'Estado asegurar el orden constitucional y el normal funcionamiento de las instituciones, la vigencia del Estado de Derecho y el autogobierno de Cataluña, basado en la Constitución y en su Estatuto de Autonomía.

Hoy quiero, además, transmitir varios mensajes a todos los Españoles, particularmente a los Catalanes.

A los ciudadanos de Cataluña – a todos − quiero reiterarles que desde hace décadas vivimos en un Estado democrático que ofrece las vías constitucionales para que cualquier persona pueda defender sus ideas dentro del respeto a la ley. Porque, como todos sabemos, sin ese respeto no hay convivencia democrática posible en paz y libertad, ni en Cataluña, ni en el resto de España, ni en ningún lugar del mundo. En la España constitucional y democrática, saben bien que tienen un espacio de concordia y de encuentro con todos sus conciudadanos.

Sé muy bien que en Cataluña también hay mucha preocupación y gran inquietud con la conducta de las autoridades autonómicas. A quienes así lo sienten, les digo que no están solos, ni lo estarán ; que tienen todo el apoyo y la solidaridad del resto de los españoles, y la garantía absoluta de nuestro Estado de Derecho en la defensa de su libertad y de sus derechos.

Y al conjunto de los españoles, que viven con desasosiego y tristeza estos acontecimientos, les transmito un mensaje de tranquilidad, de confianza y también, de esperanza.

Son momentos difíciles, pero los superaremos. Son momentos muy complejos, pero saldremos adelante. Porque creemos en nuestro país y nos sentimos orgullosos de lo que somos. Porque nuestros principios democráticos son fuertes, son sólidos. Y lo son porque están basados en el deseo de millones y millones de españoles de convivir en paz y en libertad. Así hemos ido construyendo la España de las últimas décadas. Y así debemos seguir ese camino, con serenidad y con determinación. En ese camino, en esa España mejor que todos deseamos, estará también Cataluña.

Termino ya estas palabras, dirigidas a todo el pueblo español, para subrayar una vez más el firme compromiso de la Corona con la Constitución y con la democracia, mi entrega al entendimiento y la concordia entre Españoles, y mi compromiso como Rey con la unidad y la permanencia de España.

[verbatim Casa Real 3.10.2017 contrôlé au prononcé]

Addendum de 11h00 : A ceux des royalistes qui réclament déjà la traduction française de ce discours, le Piéton signale que l'apprentissage de la langue de Cervantès n'est pas une coquetterie en souvenir du Pacte de famille. Le prétendant légitimiste est espagnol, ses contempteurs d'Orléans sont tous mariés à des Ibéricaines et les alternatives carlistes sont d'Espagne et de Navarre. L'espagnol sans peine est de rigueur.

lundi 2 octobre 2017

L'Europe nouvelle est arrivée ?


Drapeau étoilé de l'Union au bout du bras, Macroléon a passé le Pont au Change jusqu'au grand amphi de la Sorbonne, là-même où la madame Irma d'un président de jadis vendait les foutaises de l'astrologie à l'académie médusée. Impressionnant l'amphi ! J'en garde un souvenir ému de mai 68 parce que j'étais jeune et con à l'époque et que je ne le suis plus, jeune. Il faut entendre le discours européen du président Macron comme l'ouverture d'un grand opéra à la gloire de la fédération. C'est son choix de campagne, clair, audible, répété. Il ne trahit personne en s'engageant dans cette voie même si les réactions étrangères sont déclenchées surtout par la mise en mouvement du vieux dinosaure français. Dans Telos, Charles Wyplosz fait une critique raisonnée du discours et je vous invite à la lire en cliquant ici.

Dans Royal-Artillerie, nous avons des choses à dire à notre niveau (ce blogue est gratuit), des doutes. La fédération appelée par la France ne va pas convaincre les pays attachés au concept d'une Europe des nations, comme ceux du groupe de Visegrad, ni le Danemark ou les Pays-Bas, et peut-être pas le parti libéral allemand coalisé avec la CDU et la CSU. Pourquoi ? D'abord parce que la proposition est portée par le pays qui fut dans le passé l'archétype de l'Etat-nation, centralisé, hégémonique, autoritaire (en France, on dit jacobin) et depuis peu, "policier". Nos voisins et partenaires se méfient aussi de cette propension française à laisser gonfler l'Etat comme une baleine crevée sur la plage, qui enfle de ses propres gaz de décomposition. Quand on égrène à des étrangers les strates administratives et de commandement de notre beau pays, il est rare qu'ils comprennent la première fois. Institutionnellement nous sommes disqualifiés par notre clientélisme latin, mais ce n'est pas le pire : la France est raide comme un passe-lacet et les crédits budgétaires nécessaires à cette intégration devront venir de pays sains, appartenant plutôt à l'Eurozone, et de taxes transversales (encore des taxes !). Les autres - les malades sont les plus nombreux - se chargeront de consommer ces crédits dans la fameuse gabegie méridionale dont le reste du monde fait des films.

Laissons de côté la question militaire européenne qui a maintenant des relents de "Grande Armée". Les zélites européennes attendent des décisions appliquées, ce qui dans le domaine des dévolutions de souveraineté est une gageure, d'où le succès d'estime de M. Macron au récent sommet de Tallinn. M. Tusk va rédiger un agenda politique de la réforme. En France nous appelons cela un groupe de travail...
Ne faisons pas l'injure de l'imbécillité aux prédécesseurs de monsieur Macron. MM. Chirac, Sarkozy et Hollande (ajoutons-y Giscard d'Estaing) ne sont pas des sots malgré tous leurs défauts ; mais où ils ont échoué, il ne suffira pas d'insuffler l'optimisme d'une brillante jeunesse et d'obtenir la bise de la chancelière de Prusse, les réticences sont au fond, sont sur des questions de fond ! On le voit très bien avec l'affaire de Grande Bretagne où le pouvoir conservateur ne cherche même pas à retourner l'opinion contre une décision démagogique, ayant sondé cœurs et reins pour obtenir la confirmation que le Rosbif ne sera jamais un Continental Coloured Catholic même si la matité des Commonwealth a dilué un peu les WASP du royaume !

Alice Weidel - AfD
En face, la République fédérale fait entrer au Bundestag 89 partisans d'une Europe des nations sans monnaie unique obligatoire ; Alternative für Deutschland est typiquement un parti confédéral ! Il va user les convictions de certains de ses adversaires comme la CSU bavaroise, qui partagent maintes réticences avec lui. Qui pis est, l'AfD est un parti de profs et de cadres, pas tout à fait un parti poujadiste, encore moins un parti folklorique comme La France insoumise. Quatre vingt-neuf députés allemands de bon niveau auront de l'écho sur les marches du Reich, aux Pays-Bas, Danemark, Pologne, Tchéquie, Autriche. Si les pays de la Baltique orientale comme les riverains de la Mer noire sont prêts à s'intégrer plus complètement pour rehausser leur défense contre l'ours russe menaçant, Suède, Grèce, Malte, Chypre, Espagne ont d'autres chats à fouetter avant que de verser leurs soucis nationaux dans la fédération heureuse qui plus tard se fera juge en dernier ressort de leur obéissance. Car, et nous en terminerons là, c'est bien d'une fuite en avant qu'il s'agit de la part des pouvoirs français, confrontés à des défis insurmontables par la seule magie du verbe, même s'il faut reconnaître au jeune président un talent fou pour pourrir les contestations corporatistes de l'intérieur.

Croire dissoudre les obstacles nationaux et notre gabegie endémique dans une Europe transformée par les eurobonds de relance économique est un pari osé pour monsieur Macron, à moins que ce ne soit le pari lui-même qui l'excite :
Trois déficits*, qui ne peuvent être résorbés que par une transformation complète du régime politique et social, une dette accrue de mille milliards en dix ans (pour faire quoi ?) et extrêmement dangereuse pour les équilibres sociaux si les taux remontent (Thierry Breton en a fait la démonstration chez Léa Salamé face au Premier ministre), une désindustrialisation désespérante (cf. l'article d'Eric Le Boucher dans Slate) nourrie par le mépris des éducateurs pour l'usine, une agriculture qui a ses beaux jours derrière elle puisque la PAC sera démontée par nos partenaires. Avant de régler les autres pays, ne devrions-nous pas réparer le nôtre ? Et s'il est encore temps avant la grande tabula rasa que l'on pressent, venir au balcon comme modèle à suivre plutôt que comme la vieille reine des gitans couverte de strass pas cher qui fait la pute devant l'attraction de la Foire à l'Europe. Il faudra plus que l'art et la manière.

* déficits budgétaire, commercial et social

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