vendredi 25 novembre 2022

Macron, la fatigue !

Emmanuel Macron de profil
L'entame de l'éditorial de Bertrand Renouvin dans le 1244ème numéro de Royaliste est d'une cruauté soignée à l'endroit de notre Justin Macron national, ci-devant Miquet à la houppe pour les lecteurs de ce blogue :

« Il ne suffit pas de voler de capitale en capitale pour prendre de la hauteur. De Charm el-Cheikh à Bali, puis à Bangkok, Emmanuel Macron a donné comme à son habitude le consternant spectacle de l’irréflexion arrogante. A la COP 27, il s’est vanté d’avoir “engagé beaucoup d’argent” dans la lutte contre le réchauffement climatique et disserté sur les radicalités écologiques sans bien sûr s’interroger sur les responsabilités du capitalisme financier. Au sommet du G20, il a prétendu indiquer à la direction chinoise quel était “l’intérêt de la Chine” dans les relations internationales, comme s’il pouvait fixer le rôle de chacun. Mieux vaudrait qu’Emmanuel Macron précise les intérêts et le jeu de la France, alors que dans son discours de Toulon du 9 novembre, il a tout à la fois exalté l’Otan et notre “puissance indépendante, respectée, agile”. Au sommet de l’APEC en Thaïlande, il s’est d’abord occupé de l’affaire du l’Ocean Viking. Après avoir donné l’autorisation d’accostage au bateau convoyant des migrants, l’Elysée a été obligé de reconnaître, après la fuite d’enfants mineurs, une évidente perte du contrôle de la situation. Tandis qu’Emmanuel Macron brasse de l’air en s’occupant de mille détails et d’abord de sa communication...... (lire plus) »

Le second mandat présidentiel non renouvelable laissait présager une attention soutenue de l'impétrant sur les réformes indispensables de l'Etat pachydermique et du modèle social "de dingue" qui plombent à le ruiner ce magnifique pays, fussent-elles impopulaires. Cette liberté de réformer offerte par la disparition du souci électoral sous-tendait par ailleurs la promotion d'un septennat non renouvelable en lieu et place de deux quinquennats trop politisés. Mais non ! Plutôt que d'entrer en loge et travailler pour l'histoire, notre sémillant phraseur n'entend pas quitter la rampe et jouera la pièce du yuppie poudré jusqu'au bout en attendant les rappels. M. Renouvin l'a très bien décodé. Justin Emmanuel se saoule de lui-même.

C'est bien dommage pour ses ambitions européennes, parce que de vraies réformes entreprises encore aujourd'hui chez nous, même s'il est bien tard, auraient emporté l'adhésion des pays de l'Europe sérieuse à certaines évolutions nécessaires dans des domaines critiques comme l'énergie, la sécurité solidaire ou la politique démographique de travail. Au lieu de quoi, M. Macron passe pour l'éternel sauteur duquel on n'attend rien que de l'esbrouffe.
Les réactions allemandes de rejet de la coopération forcée avec notre pays sont implicites quand elles ne sont pas directes, la Deutschland AG et la Chancellerie du R. n'en veulent plus (relire Le Reich en pente douce). Mais parce que M. Macron est gouverné par l'algorithme européen dans toute solution à nos difficultés, il persiste à se croire indispensable (en Europe et bien au-delà) dans une sorte d'auto-persuasion d'un pouvoir fantasmé. Ça ne passe plus. Le pays est en recul dans les classements mondiaux ; ses caisses sont abondées par l'étranger pour faire l'échéance des prestations sociales et celle des traitements de la fonction publique ; notre autorité chez les PECOs est refusée depuis la provocation stupide de ne pas humilier la Russie et son maître ; et les plans de défense vont se fracasser sur le mur des lamentations de Bercy, à moins de sabrer sérieusement dans la gabegie sociale de notre civilisation du hamac, ce qui est impossible pour lui, adepte du "quoiqu'il en coûte". Mais plutôt que de trancher et mettre aux affaires des compétences d'Etat, Justin va lancer des conventions citoyennes, dont Poutine devrait d'ailleurs s'inspirer s'il est en difficulté au plan intérieur.
Justement, M. Macron va l'appeler au téléphone incessamment sous peu. Avant quoi, nous avons appris de services périphériques au Kremlin que la solicitude renouvelée d'Emmanuel Macron à l'endroit du président Poutine les gonflait, spécialement depuis qu'il n'est plus le président semestriel du Conseil européen. Malgré toutes les avanies, il persiste à vouloir planter son coin dans la bûche diplomatique et on le sent prêt au voyage de Moscou au moindre rai de lumière signalant une faille dans la détermination du Tsar. Qu'avons-nous fait au bon dieu ?

Nota bene: Trois mois après leur parution, les numéros complets de Royaliste sont mis en libre accès (au format PDF) sur le site archivesroyalistes.org

lundi 21 novembre 2022

Où l'on reparle d'aficion

Un texte porté par l'anarchiste anti-spéciste Aymeric Caron, interdisant la corrida sur tout le territoire de la République française, a été déposé par des députés insoumis et écologistes, et doit être débattu le 24 novembre à l'Assemblée nationale. Et la guerre taurine s'est rallumée avec les mêmes arguments, le même lobbying, les mêmes menaces, la même sensiblerie, le même happening ridicule qu'il y a dix ans. Ce blogue défend l'aficion, contre tous les délires de progrès, au double motif de supercherie du temps et de conservation des arts. Supercherie car il n'y a pas de progrès. Les valeurs propres à la société humaine naquirent avec elle et dureront jusqu'à la fin de ce monde. Il n'y a pas de quatrième dimension en matière de valeurs qui viennent de la nuit la plus profonde de l'antiquité des espaces sociaux. Le temps est une convention adoptée par une espèce mortelle pour séquencer les événements. Les événements sont surmontés par l'impermanence des choses qui créé le séquençage. C'est pousser trop loin pour une histoire de vache, mais en fait, l'art tauromachique est intrinsèque à la condition humaine, finie. Il conjure notre finitude. Dans un article resté fameux en pleine guerre taurine, ce blogue disait jadis :

La corrida canal historique conjure la Mort. Même si ce n'est pas vendeur, sa liturgie mérite une explication et ses manifestations publiques une protection patrimoniale. Faisons un peu d'explication : depuis la nuit des temps, le taureau est une idole méditerranéenne comme le dragon en Asie. Il incarne la force obscure dans toute sa brutalité et sa rencontre est le plus souvent fatale. De notre côté, la mort est la seule certitude de l'homme et depuis l'Antiquité nous ne concevons d'autre existence que celle du corps physique. Même si le désespoir et sa révolte nous appellent vers des "explications" rassurantes, le cortex reptilien nous fait comprendre en conscience que la fin s'approche chaque jour. On se vengera de notre inexorable destin en tuant le taureau, après avoir regardé la Mort en face, les yeux dans les yeux, et en avoir cette fois encore réchappé. La liturgie - le matador est un prêtre - n'impose pas la loi de l'homme au taureau, on ne dompte pas la Mort. On la trompe...

taureau Miura


Le bien-être animal tel qu'on l'entend chez les éveillés qui démonisent la "corrida", ne s'applique pas encore à l'élevage des animaux de consommation courante dont la transformation en produit de boucherie est un vrai scandale de cruauté, bien que derrière le mouvement anti-corrida se devinent les obscurités végétariennes et la contrainte sociale qu'elles annoncent en prétendant le contraire. Sardine Ruisseau a déjà commencé avec le barbecue machiste à viande rouge. Mais c'est sur le fond de l'affaire qu'il faut insister : le mouvement anti-corrida participe de l'entropie des mœurs que certains veulent accélérer pour voir une globalisation heureuse de leur vivant. Sur un site de débats disparu, Nach Mavidou avait cerné le grisâtre de l'uniformisation des mœurs dans l'interdiction des courses taurines :
« Cette sécession tranquille se veut justifiée (il parle de l'autonomisme) en Flandre comme en Catalogne, par l'impérieuse nécessité de rentrer dans le rang des pays européens normaux et civilisés, par l'alignement sur les plus petits dénominateurs communs entre tous les composants des multiples cultures formant l'Europe. Ce serait l'intégration dans un projet plus vaste (de Reykjavik à Ankara) et plus noble que celui que porte une culture nationale. De cette sorte, la culture européenne ne se caractériserait plus par son exceptionnelle diversité, mais par une uniformité définie sur ses points les plus bas. Dans cette nouvelle Europe, une culture locale se distinguerait par la négative envers la culture nationale, et non plus par l'existence positive de telle ou telle particularité venant l'enrichir ou l'élargir. »

Quel que soit le sort fait à la proposition de loi d'Aymeric Caron à l'Assemblée nationale, le Sud prendra l'intention comme une attaque délibérée ciblée, une ingérence des gens du Nord dans les affaires patrimoniales du Midi. En l'état de fermentation du mécontentement social actuel, il serait avisé de la part des législateurs de ne pas ajouter une fracture à toutes celles qui strient déjà la société française.

carte tauromachique de France

vendredi 11 novembre 2022

Kherson !

Les officiers généraux russes engagés dans la guerre d'Ukraine ont fini par convaincre le Conseil de défense à Moscou que la catastrophe annoncée dans l'oblast de Kherson par l'entêtement stupide des siloviki à se maintenir sur la rive droite du Dniepr, était à l'aube de sa réalisation. C'était début novembre. Et le ministre Choïgou de faire avant-hier 9 novembre un clip télévisé pour mettre en scène le repli de toutes les unités initialement prévues pour fondre sur Odessa, mais qui au bout du compte s'usaient à contenir la poussée ukrainienne qui les faisait reculer pied à pied.

Apparemment le général Sergueï Sourovikine, nouveau commandant en chef des opérations, est parvenu à appliquer son plan d'établir une ligne infranchissable sur la rive gauche du fleuve, et d'y déployer une artillerie lourde capable d'asséner à l'ennemi des tirs d'interdiction de toute approche de la rive opposée. Il ne s'agit rien moins que de barrer la route vers l'isthme de Crimée et de mettre toute la zone en état de défense pour parer le risque de contournement aéroporté. C'est du moins ce que montrent les images de satellites. Autant dire que l'affaire se complique, pour les deux parties.
Sourovikine n'a plus d'espace de manœuvre entre le fleuve et la Sainte Crimée, et il ne commande plus le canal d'eau douce, mais il est capable de tenir tout l'hiver entre les lignes de tranchées et les coupures naturelles, tout en forçant l'instruction des recrues envoyées par Moscou depuis la mobilisation. Reste à recevoir le matériel et les munitions, et à remotiver les cadres.

Que Poutine et ses affidés aient mordu la poussière de l'humiliation n'est pas douteux, mais ces mecs sont sans honneur et donnent maintenant de bon cœur le bâton merdeux de la guerre de dénazification à qui veut bien le saisir, prêts à le charger d'opprobre si ses lignes sont enfoncées. Une chose est claire : les décideurs de cette cagade, qui dure depuis neuf mois bientôt, sont clairement disqualifiés. Et chose curieuse, ceux qui jusqu'ici critiquaient sans répit les états-majors tactiques (les Soloviov, Prigozhin, Kadyrov...) approuvent désormais la décision des mêmes généraux d'arrêter les frais à Kherson, ce qui déporte la honte sur le Kremlin. Seul Douguine rue dans les brancards. Mais l'évolution tactique n'est pas une victoire ukrainienne décisive qui puisse hâter la fin de la guerre. Je vous explique ?

La coupure du Dniepr est infranchissable sous le feu des canons russes même si l'âme des fûts est suralésée par l'intensité d'emploi. L'accès à la Crimée par le nord est désormais fermé et la presqu'île restera russe aussi longtemps que Moscou sera capable de tenir sous les sanctions internationales. Au nord-est, plus les Ukrainiens avancent, plus ils tapent dans le dur, et le plus probable est qu'à la sortie de l'hiver, les belligérants se retrouveront sur la ligne de partage Donbass/Ukraine de janvier 2022, derrière laquelle le territoire oriental est complètement russifié. Mais l'état-major de Kiev a montré une agilité stratégique supérieure à celle de son homologue russe. Le seul axe utile est celui de Zaporizhzhia-Marioupol afin de couper la Via Poutinia qui part de Lougansk vers Sébastopol. Casser les provinces côtières en deux blocs étrécis ruinerait la réputation du stratège russe, ramenant le résultat de l'opération spéciale à presque rien, sinon que dalle ! Si, quand même : l'armée russe se sera ridiculisée dans tous les compartiments du jeu sauf dans celui des destructions aveugles sans intérêt militaire et dans les crimes de guerre ; l'OTAN, que notre miquet à moumoutte disait morte, a montré qu'elle n'était pas accessible au compromis et s'avérait capable de défendre ses membres ; les Etats-Unis, obsédés par l'imperium de la Chine populaire qui conteste le sien, sont revenus en Europe foutre la branlée à la Russie de Poutine en guise d'avertissement mondial. C'était tentant, ils n'ont pu résister !

carte 2020 du Donbass en guerre
- Donbass 2020 -


C'est sans doute pour éviter cette rupture du continuum au droit de Marioupol que le Kremlin fait passer quotidiennement le message des pourparlers d'armistice : de paix il n'en sera, Poutine vivant, jamais question. Il faudra attendre qu'il crève de rage. Pour le reste, il est plus que probable que lorsque les lignes seront revenues plus ou moins à ce qu'elles étaient le 23 février 2022, les alliés feront pression sur le gouvernement de Kiev afin que l'Ukraine et la Russie se parlent pour désamorcer la bombe atomique et vivrière. Erdogan est prêt, immédiatement et sans délai, la médiation russo-ukrainienne est le dernier atout dans sa manche avant les élections turques qu'il devrait perdre.

Si Sourovikine réussit son pari, il sera en pole position pour remplacer le trouduc Poutine qu'il parfumera au novitchok. En plus, il a une gueule plus crédible pour faire traverser à la Russie une période très difficile pendant laquelle elle devra se réinsérer dans les flux économiques et financiers mondiaux sans bouffer la baraque diplomatique.

Wohin auch das Auge blicket
Moor und Heide nur ringsum
Vogelsang uns nicht erquicket
Eichen stehen kahl und krumm
Wir sind die Moorsoldaten
Und ziehen mit dem Spaten
Ins Moor

Hier in dieser öden Heide
Ist das Lager aufgebaut
Wo wir fern von jeder Freude
Hinter Stacheldraht verstaut
Wir sind die Moorsoldaten
Und ziehen mit dem Spaten
Ins Moor

Morgens ziehen die Kolonnen
Durch das Moor zur Arbeit hin
Graben bei dem Brand der Sonne
Doch zur Heimat steht der Sinn
Wir sind die Moorsoldaten
Und ziehen mit dem Spaten
Ins Moor

Heimwärts, heimwärts jeder sehnet,
nach den Eltern, Weib und Kind.
Manche Brust ein Seufzer dehnet,
weil wir hier gefangen sind.
Wir sind die Moorsoldaten
Und ziehen mit dem Spaten
Ins Moor

Auf und nieder geh'n die Posten
Keiner, keiner kann hindurch
Flucht wird nur das Leben kosten
Vierfach ist umzäunt die Burg
Wir sind die Moorsoldaten
Und ziehen mit dem Spaten
Ins Moor

Doch für uns gibt es kein Klagen
Ewig kann nicht Winter sein !
Einmal werden froh wir sagen
Heimat du bist wieder mein !
Dann zieh'n die Moorsoldaten
Nicht mehr mit dem Spaten
Ins Moor
Dann zieh'n die Moorsoldaten
Nicht mehr mit dem Spaten
Ins Moor
(Johann Esser, Wolfgang Langhoff, Rudi Goguel, Börgermoor 1933)

jeudi 10 novembre 2022

Onze Novembre 2022

Comme tous les Français, je suis la guerre d'Ukraine dans tous les détails que nous rendent accessibles les médiats d'aujourd'hui, réseaux sociaux en tête. C'est une guerre de positions comme le fut la Grande Guerre dès 1915. Et celle-ci explique celle-là. C'est Michel Goya dans ses interventions sur BFMTV et sur son blogue La Voie de l'Epée qui déroule ces analogies savantes en les expliquant par le menu, ce qui rend, comment dire, l'affaire intéressante. Comment ne pas penser cette année à la guerre austro-germano-russe de 1914-1917 qui après la Révolution d'octobre s'acheva à la paix de Brest-Litovsk, libérant les empires centraux de leur front oriental pour se rabattre sur le front de l'ouest. En 1917, l'armée impériale russe était dans le même état de dislocation que l'armée de Vladimir Poutine aujourd'hui (clic), un canard sans tête, sous-équipé de surcroît. Armée de mêlée comme l'avaient été les armées française et anglaise au déclenchement de la guerre, la tactique d'offensive à outrance très consommatrice de ressources humaines n'avait pas évolué à l'expérience des combats. En 1917, la troupe démotivée n'était plus commandée quand elle obéissait encore, la désertion était la règle, le corps des officiers luttait contre la bolchevisation et la révolution détruisait "l'arrière". Arrêter les frais visait à stabiliser le front pour négocier quelque chose avant qu'il ne reste plus rien à troquer. Lénine et Trotski avaient vu le danger vital.
Il semblerait qu'aujourd'hui le Kremlin ne bénéficie pas de la même lucidité. Ayant loupé l'armistice très avantageux pour les Russes proposé par Kiev à la fin du mois de mars à Istanboul (autonomie du Donbass et prêt à bail de la Crimée), au prétexte que l'opération n'avait pas encore abouti, la Russie se retrouve maintenant acculée par endroit sur ses frontières internationales et en passe d'être chassée de la rive droite du Dniepr, formidable fossé antichar qu'elle ne franchira plus. Après la fuite de l'administration municipale de Kherson et le retrait des unités d'active de la ville, on attend l'activation d'une ligne Siegfried sur la rive gauche du fleuve en protection de l'ithsme de Crimée, ligne à partir de laquelle l'artillerie russe pilonnera Kherson jusqu'aux décombres. Au spectacle de ruines fumantes partout et de morts en tas, les pays frères demanderont-ils à Moscou de signer l'armistice ?
Commandée par un amateur que l'on disait grand stratège et qui s'avère n'être finalement qu'une "petite frappe des fortifs", l'armée russe est à son tour disloquée, à la merci des foudres du tyranneau qui pète de trouille et n'ira pas plus au G20 de Bali qu'il n'est allé visiter le front du Donbass. Au bout du bout, il va bien falloir le liquider avec ses affidés pour parler raisonnablement avec toutes les parties au conflit. En attendant, il se venge de ses déboires en tapant sur la population civile. Ce type est amoral. J'en viendrais presque à consoler nos poutinolâtres d'avoir été si enthousiastes de la vilaine dictature poutinienne pour découvrir à la fin que c'est de la merde !

gerbe de bleuets et rubans
Cette année, le Onze-Novembre qui tombe un vendredi est quand même plus qu'un long weekend. Nous nous souvenons de l'hécatombe qui faucha la fine fleur de la jeunesse française. Vingt-sept pour cent des 18-27 ans payèrent de leur vie pour nous permettre de continuer l'histoire de France. Nous eûmes 1397800 tués dont 75000 coloniaux et trois fois plus de blessés, sans compter les disparus que l'on estime à 300000 (wiki). Ces hommes valides de la meilleure race nous ont manqué ensuite ; c'est indéniable quand on mesure le déclin moral amorcé dans l'entre-deux-guerres qui aboutira à l'effondrement de 1940 dont nous ne pûmes jamais nous relever. Il faudra se souvenir demain d'une génération guerrière qui fit son devoir pour le présent et l'avenir. Essayons de nous hisser à son niveau.
Qu'il en soit de même aujourd'hui pour la jeune nation ukrainienne qui forge son destin dans le sang des Russes, peuple maudit abusé par l'histoire jusqu'à l'abrutissement !

vendredi 4 novembre 2022

Des bouffons et des jours

D'un œil distrait et sans le son, je regardais à la télé un député noir de gauche débitant sa question au gouvernement quand surgit dans son dos une sorte de laie verte hors les gonds. L'affaire avait l'air sérieuse et mettant le son, j'appris aussitôt qu'un député de droite avait invectivé le dit-noir lui enjoignant de retourner en Afrique.
En fait c'est pas ça.
Le député noir demandait que le gouvernement accueille un bateau de migrants bloqué entre Malte et Sicile, sur quoi un député blanc préconisait qu'on le renvoie en Afrique. Comment renvoyer un bateau que vous n'avez pas capturé ? Ou qui pis est, renvoyer un député natif de la Plaine de France et régulièrement élu ? Etc... ce fut un grand moment parlementaire. De la suite, chacun chez nous s'en fout ! Il faut débarquer deux tiers de ces connards (l'expression est de Villepin) et supprimer la Chambre haute qui mange beaucoup de pain. Et surtout supprimer la retransmission des débats qui transforme les élus en mauvais acteurs de série B.

La chose sérieuse est plutôt la pénurie de main d'œuvre que nous constatons dans les métiers de premier échelon. A un point tel que le ministre de l'intérieur "envisage" (quand ces gens-là décident-ils pour de vrai reste un mystère) de régulariser des migrants sans papiers dans les métiers dits en tension ou pénuriques. Avant de les énumérer afin que des amis à vous trouvent leur bonheur, signalons que la loi du marché est d'ajuster par le prix l'offre à la demande. Appliqué à l'emploi d'une catégorie donnée, c'est normalement le relèvement des salaires et des avantages induits qui doit palier le désintérêt des travailleurs pour les emplois de cette catégorie. Deux bémols : si le travail est un intrant important dans le produit ou le service final soumis à concurrence, ou si l'alternative de l'assistance publique est de meilleur rapport que l'embauche, ça ne marche pas ; et il faut importer de la main d'œuvre plus courageuse et moins gourmande. Donc comme le dénonçait en son temps Georges Marchais, la pression à la baisse des salaires par l'immigration de travail est indéniable.

La position du Piéton du roi sur le sujet de la régularisation n'a jamais changé : si un travailleur fait la preuve d'un emploi régulier (sinon fréquent) dans une catégorie économique délaissée par les nationaux, il doit être régularisé dans ses droits sociaux sans reproche ni murmure (manquerait plus que ça). Ceci n'implique pas sa naturalisation qui doit obéir à un faisceau d'obligations différentes ; encore moins le regroupement familial qui doit être rapporté ! Et maintenant si ça vous tente, voici la liste des emplois pénuriques, selon l’Institut national de formation et recherche sur l’éducation permanente (Infrep) :
  • Aides à domicile et aides ménagères
  • Professionnels de l’animation
  • Agents d’entretien des locaux
  • Aide-soignants
  • Serveurs, employés de l'hôtellerie et de la restauration
  • Professionnels de l’animation socio-culturelle
  • Ouvriers non qualifiés de l’emballage et manutentionnaires
  • Maçons
  • Plombiers et chauffagistes
  • Ouvriers des travaux publics, du béton et de l’extraction
  • Employés de libre-service

Peut-être que le message a été passé à l'Education nationale pour la suite, parce que ce qui est bien plus intéressant, c'est la projection des métiers pénuriques pour les dix ans qui viennent. On trouve des enseignants, des chauffeurs, des comptables, infirmières et sage-femmes, des carristes et des informaticiens. Heureusement qu'une vague russo-ukrainienne s'est abattue sur l'Europe occidentale ! Ceux-là travailleront-ils sans papiers ? Poser la question est y répondre.

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