Dans un entretien d'une heure accordé à Natalia Turine (clic) dans sa Librairie du Globe, Michel Duclos évalue la possibilité d'une extension du domaine de la guerre émanée de la crise régionale déclenchée par la Russie dans la galaxie slave. Cet embrasement courrait sur tout l'espace eurasien jusqu'à mettre le feu à l'étranger proche de la Chine populaire. Dans la perspective d'une réalisation de cette vision apocalyptique, montent le chant des colombes de la paix au détriment bien sûr de toujours les mêmes, les agressés, qui par leur entêtement font courir au monde un danger existentiel. Les munichois français en sont rassurés, qui donnent tout à l'appétit de l'ours russe pour qu'il ne trouble pas l'heure de l'apéro. On y croise des gens plus accomodants à l'endroit du Kremlin que les Chinois eux-mêmes qui restent abonnés aux frontières des Nations-Unies. Et nous citons Nicolas Sarkozy, Luc Ferry, Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour pour les plus visibles. Mais que pensent au fond d'eux-mêmes Olaf Scholz et Emmanuel Macron, en chauffant leur cognac devant un bon feu de cheminée ? C'est le moment de régler l'horloge stratégique.
Dans le feu de l'action mais toujours en état de paix, on trouve les deux Europes, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada, chaque bloc ayant ses motifs propres. En renforts lointains, mais assez proches de l'extrême-orient russe, se trouvent le Japon et la Corée du Sud.
L'Europe orientale est directement menacée de glaciation par la guerre russe d'Ukraine et, à l'exception notable de la Hongrie (better red than dead !), elle entend se défendre manu militari si l'Ukraine s'effondre. Pour commencer elle pare les coups d'une guerre hybride annonciatrice d'une exacerbation de l'hostilité russe envers les anciens pays du pacte de Varsovie. Certes garantis par l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord, ces pays réarment quand même à grands frais derrière la Pologne à qui on ne la fait pas. L'idée semble être de rendre impossible une victoire conventionnelle des Russes qui se risqueraient sur leurs territoires, obligeant le Kremlin à monter alors le niveau d'attaque jusqu'à déclencher une réplique américaine. En fait le réarmement mené tambour battant vaut réassurance du parapluie atomique américain ; et c'est bien vu car ça plaît à l'Administration de Washington de quelque bord politique qu'elle procède, parce que la "nouvelle Europe" se sort enfin les doigts.
L'Europe occidentale continentale (du Cap Nord à l'Ile de Fer) se cherche. Toutes les chancelleries connaissent Vladimir Poutine, certaines pour l'avoir reçu plusieurs fois, et elles peinent à reconnaitre dans le petit csar d'aujourd'hui le nain maléfique qui va foutre le feu à la moitié de la planète. Donc elles écoutent tout ce que dit la communication du Kremlin pour y trouver matière à se rassurer de l'existence d'une rationalité, différente de la leur sans doute, mais praticable néanmoins quand on a les codes. C'est dans ce travers qu'a versé Emmanuel Macron au début de l'engagement russe en Ukraine. A creuser, on ne connaît toujours pas les termes de l'échange ! Faute de mieux, l'Europe occidentale mise sur la casse des armées soviétiques qui reportera plus à l'est le front "euro-russe", ouvrant en même temps une confrontation froide susceptible de s'atténuer dans le temps, ou plus vite, si la disparition de Poutine ouvrait les vannes d'une débacle de la Fédération de Russie avec accélération des routes chinoises de la soie vers l'Europe solvable. Il y a un pont stratégique à double sens à jeter par dessus les ruines de la connerie poutinienne entre l'Europe et la Chine qui passe justement par ces routes de la soie.
Dans l'entretien qui ouvre cet article, Natalia Turine laisse entendre que la porteuse psychologique de l'Europe de l'Ouest continentale est la capitulation. Ce qui ne manquera pas d'arriver si les élections américaines portent à la Maison Blanche un président hostile à l'implication des Etats-Unis dans une guerre européenne (ils ont déjà donné). Mais si le manche branle parfois sur cet espace de la "vieille Europe", il nous reste une possibilité de prendre nos gains en cas de rupture du plafond de verre sur lequel et sans grâce patine Poutine, en rebranchant la station-service russe à nos économies qui en sont le débouché naturel.
Depuis les opérations de nettoyage de la diaspora russe par le FSB sur son sol, le Royaume-Uni n'a pas tergiversé, qui a entraîné l'armée ukrainienne dès 2015 à se départir du règlement de combat soviétique pour être capable d'un raisonnement tactique adapté aux circonstances. C'est cette autonomisation des unités qui a permis de stopper la marche sur Kiev des brigades playmobil russes. L'ouverture des hostilités l'a confirmé dans sa prospective et, résistants dans l'âme, les Britanniques poussent au confinement et à la destruction de la puissance militaire russe, après le saccage organisé de son économie. Au cas où la question nous serait posée, ce blogue est sur cette même intention, bloquer et détruire les ressorts de la menace... jusqu'au Kamtchatka. Mais le défi qu'affronte le Royaume-Uni est sans doute plus grand que les moyens dont il dispose aujourd'hui en défense. La distance relative du danger russe freine aussi l'abondement aux caisses du réarmement, la société de sa gracieuse majesté étant confrontée à d'innombrables déconvenues depuis le Brexit. Le gros morceau sur l'épure stratégique, c'est l'Amérique du Nord.
Le Canada est le pays de l'Alliance le moins impliqué dans la dispute russo-ukrainienne. Il contribue néanmoins à la défense de la Liberté en formant des recrues ukrainiennes. Rapportée au PNB, sa contribution relative dépasse celle de l'Allemagne. C'est un pays qui sait aussi mettre les moyens et le seul qui avait débarqué des escadrons de chars Leopard2 en Afghanistan... pour s'en servir.
Les Etats-Unis d'Amérique sont une thalassocratie mondiale dont les intérêts sont partout menacés ; c'est le propre d'un empire ; plus tu es grand, plus tes mitoyennetés conflictuelles s'additionnent. S'il peuvent faire face à une globalisation du conflit slave déclanchée par la consumation des mèches lentes interagissant entre pays détestant l'Occident, ce n'est pas non plus sans y perdre des plumes, au plan économique et financier d'abord. Globalisation du conflit signifie que la Chine populaire entre en transes et menace le Pacifique nord dont elle est barrée d'accès par l'île de Taïwan (on ne ressort pas la carte). Il est plus que probable qu'une coalition navale des Etats-Unis et du Japon réarmé tiendrait tête à l'escadre chinoise percluse de faiblesses inhérentes à la hiérarchisation communiste. Mais sur zone, les deux points chauds que seront le verrou formosan et l'industrie sud-coréenne que les Kims veulent anéantir, coûteront très cher à défendre contre l'ouragan de missiles promis. Il faut souhaiter que le PCC mesure bien l'effervescence sociale que créera en Chine une crise économique des exportations passant par le Détroit, sans parler des crises immobilière et bancaire annoncées qui anéantissent l'espérance des classes inférieures. Il y pourrait périr non sans avoir fait tuer beaucoup de monde avant - on ne se refait pas ! Certains le voient-ils à Pékin ? On m'assure que oui et que l'obsession taïwanaise est une idiosyncrasie du président Xi qui se retrouve condamné à poursuivre cette chimère sur un chemin qu'il a lui-même tracé, jusqu'au centenaire de la proclamation de la République populaire par Mao Zedong. Mais cette incertitude de la coagulation sino-russe qui obère les meilleures analyses, se confronte à une autre : la stratégie-miroir de l'Occident qui "ré-agit" et ne commande plus aux événements.
Dans l'entretien, Natalia Turine suggère de se pencher sur le régime démocratique qui fait s'affronter aux Etats-Unis une moitié du pays contre l'autre, créant un momentum stérilisateur de toute stratégie. Son invité voit très bien le biais dialectique contre le régime démocratique auquel il répond par l'expression des libertés individuelles et autres valeurs, ce qui, à mon sens, est botter en touche. Ce que dénonce sans le citer Natalia Turine - elle a des difficultés en français - c'est le régime parlementaire qui renverse le parti du moment sur le parti de la veille dans une alternance sans fin, peu propice à la permanence stratégique. Michel Duclos concède quelques défauts au modèle mais ne peut le renier sans renier tout ce qui l'a fait lui, énarque et diplomate de haut niveau. Or c'est bien là que se trouve le défaut de la cuirasse occidentale. Courir au plus pressé, dans les contraintes d'opinion et les bornes budgétaires votées n'est pas propice au déploiement d'une stratégie de long terme. Que peuvent vouloir les Etats-Unis à vingt ans de vue ? Cette période de temps est séquencée en segments de deux années : de mid-terms en mid-terms. Il n'y a que dans une guerre ouverte où la nation américaine précipite en une force assez puissante pour vaincre ou décourager ses contempteurs. Le modèle parlementaire étant en vigueur également en Europe, il lui apporte les mêmes défauts ; sauf à être plantés devant la porte ouverte du four russe comme le sont les pays de l'Est anciennement soviétisés, qui surmontent la démocrature par une forme de cohésion nationale que nous avons oubliée.
*** Conclusion ***
Les Chinois comme les Indiens d'ailleurs ont signifié à la Russie que l'usage de la bombe atomique était restreint à la défense ultime des intérêts essentiels d'une nation et ne pouvait servir à négocier une paix par sa seule menace d'emploi. Il ne fait pas de doute qu'à Zhongnanhaï tout au moins, les analystes chinois ont conclu à l'anéantissement de l'empire céleste et de sa colonne vertébrale communiste si une guerre nucléaire était déclenchée. On peut fonder une prospective stratégique sur cette conviction, c'est à dire que tant qu'un conflit régional ou global ne pénètre pas les intérêts essentiels des parties prenantes, il n'y aura pas d'escalade nucléaire de la part des acteurs majeurs. Mais si le projet d'un "doté" est de conquérir continuellement ses marches, il reporte en avant la ligne rouge de sa réaction de sauvegarde. La Chine n'est pas sur une trajectoire de conquête. Contrairement à ce que pense Turine, la Chine populaire a un projet pseudo-hégémonique dans ses propres limites, qui dépasse le matérialisme vulgaire : revenir aux marches de l'ancien empire (les sources hydrologiques) et soumettre son étranger proche au kowtow voire au tribut (RDLS) dans un but de dissuasion totale. L'invasion progressiste du XIXè siècle est dans tous les esprits. Elle ne se reproduira jamais !
Reste que le maniement inconsidéré de la menace nucléaire par le pouvoir russe peut très bien déraper et engager une frappe atomique à l'extérieur de ses frontières, auquel cas la mise en exécution de l'interdiction proférée par les deux autres puissances nucléaires reste à voir. L'hubris poutinien et son complet désintérêt du bien-être populaire laissent la porte ouverte à toutes les horreurs ; mais la rationalité sino-indienne peut conduire au confinement de la schizophrénie à la seule Russie, surtout depuis que les Etats-Unis ont déclaré répondre à pareille extrémité par de lourdes représailles conventionnelles - on parle d'envoyer par le fond toute l'escadre russe de la Mer noire et peut-être "neutraliser" la base navale de Sébastopol. En conséquence de quoi, nous pouvons rester sur le titre de cet article : la troisième guerre mondiale n'aura pas lieu.
La Chine populaire y veillera. Et l'Europe dans tout ça ? Poser la question est y répondre en contemplant l'aréopage des élites aux manettes. Elles ne dirigent rien !
Dans le feu de l'action mais toujours en état de paix, on trouve les deux Europes, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada, chaque bloc ayant ses motifs propres. En renforts lointains, mais assez proches de l'extrême-orient russe, se trouvent le Japon et la Corée du Sud.
L'Europe orientale est directement menacée de glaciation par la guerre russe d'Ukraine et, à l'exception notable de la Hongrie (better red than dead !), elle entend se défendre manu militari si l'Ukraine s'effondre. Pour commencer elle pare les coups d'une guerre hybride annonciatrice d'une exacerbation de l'hostilité russe envers les anciens pays du pacte de Varsovie. Certes garantis par l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord, ces pays réarment quand même à grands frais derrière la Pologne à qui on ne la fait pas. L'idée semble être de rendre impossible une victoire conventionnelle des Russes qui se risqueraient sur leurs territoires, obligeant le Kremlin à monter alors le niveau d'attaque jusqu'à déclencher une réplique américaine. En fait le réarmement mené tambour battant vaut réassurance du parapluie atomique américain ; et c'est bien vu car ça plaît à l'Administration de Washington de quelque bord politique qu'elle procède, parce que la "nouvelle Europe" se sort enfin les doigts.
L'Europe occidentale continentale (du Cap Nord à l'Ile de Fer) se cherche. Toutes les chancelleries connaissent Vladimir Poutine, certaines pour l'avoir reçu plusieurs fois, et elles peinent à reconnaitre dans le petit csar d'aujourd'hui le nain maléfique qui va foutre le feu à la moitié de la planète. Donc elles écoutent tout ce que dit la communication du Kremlin pour y trouver matière à se rassurer de l'existence d'une rationalité, différente de la leur sans doute, mais praticable néanmoins quand on a les codes. C'est dans ce travers qu'a versé Emmanuel Macron au début de l'engagement russe en Ukraine. A creuser, on ne connaît toujours pas les termes de l'échange ! Faute de mieux, l'Europe occidentale mise sur la casse des armées soviétiques qui reportera plus à l'est le front "euro-russe", ouvrant en même temps une confrontation froide susceptible de s'atténuer dans le temps, ou plus vite, si la disparition de Poutine ouvrait les vannes d'une débacle de la Fédération de Russie avec accélération des routes chinoises de la soie vers l'Europe solvable. Il y a un pont stratégique à double sens à jeter par dessus les ruines de la connerie poutinienne entre l'Europe et la Chine qui passe justement par ces routes de la soie.
Dans l'entretien qui ouvre cet article, Natalia Turine laisse entendre que la porteuse psychologique de l'Europe de l'Ouest continentale est la capitulation. Ce qui ne manquera pas d'arriver si les élections américaines portent à la Maison Blanche un président hostile à l'implication des Etats-Unis dans une guerre européenne (ils ont déjà donné). Mais si le manche branle parfois sur cet espace de la "vieille Europe", il nous reste une possibilité de prendre nos gains en cas de rupture du plafond de verre sur lequel et sans grâce patine Poutine, en rebranchant la station-service russe à nos économies qui en sont le débouché naturel.
Depuis les opérations de nettoyage de la diaspora russe par le FSB sur son sol, le Royaume-Uni n'a pas tergiversé, qui a entraîné l'armée ukrainienne dès 2015 à se départir du règlement de combat soviétique pour être capable d'un raisonnement tactique adapté aux circonstances. C'est cette autonomisation des unités qui a permis de stopper la marche sur Kiev des brigades playmobil russes. L'ouverture des hostilités l'a confirmé dans sa prospective et, résistants dans l'âme, les Britanniques poussent au confinement et à la destruction de la puissance militaire russe, après le saccage organisé de son économie. Au cas où la question nous serait posée, ce blogue est sur cette même intention, bloquer et détruire les ressorts de la menace... jusqu'au Kamtchatka. Mais le défi qu'affronte le Royaume-Uni est sans doute plus grand que les moyens dont il dispose aujourd'hui en défense. La distance relative du danger russe freine aussi l'abondement aux caisses du réarmement, la société de sa gracieuse majesté étant confrontée à d'innombrables déconvenues depuis le Brexit. Le gros morceau sur l'épure stratégique, c'est l'Amérique du Nord.
Le Canada est le pays de l'Alliance le moins impliqué dans la dispute russo-ukrainienne. Il contribue néanmoins à la défense de la Liberté en formant des recrues ukrainiennes. Rapportée au PNB, sa contribution relative dépasse celle de l'Allemagne. C'est un pays qui sait aussi mettre les moyens et le seul qui avait débarqué des escadrons de chars Leopard2 en Afghanistan... pour s'en servir.
Les Etats-Unis d'Amérique sont une thalassocratie mondiale dont les intérêts sont partout menacés ; c'est le propre d'un empire ; plus tu es grand, plus tes mitoyennetés conflictuelles s'additionnent. S'il peuvent faire face à une globalisation du conflit slave déclanchée par la consumation des mèches lentes interagissant entre pays détestant l'Occident, ce n'est pas non plus sans y perdre des plumes, au plan économique et financier d'abord. Globalisation du conflit signifie que la Chine populaire entre en transes et menace le Pacifique nord dont elle est barrée d'accès par l'île de Taïwan (on ne ressort pas la carte). Il est plus que probable qu'une coalition navale des Etats-Unis et du Japon réarmé tiendrait tête à l'escadre chinoise percluse de faiblesses inhérentes à la hiérarchisation communiste. Mais sur zone, les deux points chauds que seront le verrou formosan et l'industrie sud-coréenne que les Kims veulent anéantir, coûteront très cher à défendre contre l'ouragan de missiles promis. Il faut souhaiter que le PCC mesure bien l'effervescence sociale que créera en Chine une crise économique des exportations passant par le Détroit, sans parler des crises immobilière et bancaire annoncées qui anéantissent l'espérance des classes inférieures. Il y pourrait périr non sans avoir fait tuer beaucoup de monde avant - on ne se refait pas ! Certains le voient-ils à Pékin ? On m'assure que oui et que l'obsession taïwanaise est une idiosyncrasie du président Xi qui se retrouve condamné à poursuivre cette chimère sur un chemin qu'il a lui-même tracé, jusqu'au centenaire de la proclamation de la République populaire par Mao Zedong. Mais cette incertitude de la coagulation sino-russe qui obère les meilleures analyses, se confronte à une autre : la stratégie-miroir de l'Occident qui "ré-agit" et ne commande plus aux événements.
Dans l'entretien, Natalia Turine suggère de se pencher sur le régime démocratique qui fait s'affronter aux Etats-Unis une moitié du pays contre l'autre, créant un momentum stérilisateur de toute stratégie. Son invité voit très bien le biais dialectique contre le régime démocratique auquel il répond par l'expression des libertés individuelles et autres valeurs, ce qui, à mon sens, est botter en touche. Ce que dénonce sans le citer Natalia Turine - elle a des difficultés en français - c'est le régime parlementaire qui renverse le parti du moment sur le parti de la veille dans une alternance sans fin, peu propice à la permanence stratégique. Michel Duclos concède quelques défauts au modèle mais ne peut le renier sans renier tout ce qui l'a fait lui, énarque et diplomate de haut niveau. Or c'est bien là que se trouve le défaut de la cuirasse occidentale. Courir au plus pressé, dans les contraintes d'opinion et les bornes budgétaires votées n'est pas propice au déploiement d'une stratégie de long terme. Que peuvent vouloir les Etats-Unis à vingt ans de vue ? Cette période de temps est séquencée en segments de deux années : de mid-terms en mid-terms. Il n'y a que dans une guerre ouverte où la nation américaine précipite en une force assez puissante pour vaincre ou décourager ses contempteurs. Le modèle parlementaire étant en vigueur également en Europe, il lui apporte les mêmes défauts ; sauf à être plantés devant la porte ouverte du four russe comme le sont les pays de l'Est anciennement soviétisés, qui surmontent la démocrature par une forme de cohésion nationale que nous avons oubliée.
*** Conclusion ***
Les Chinois comme les Indiens d'ailleurs ont signifié à la Russie que l'usage de la bombe atomique était restreint à la défense ultime des intérêts essentiels d'une nation et ne pouvait servir à négocier une paix par sa seule menace d'emploi. Il ne fait pas de doute qu'à Zhongnanhaï tout au moins, les analystes chinois ont conclu à l'anéantissement de l'empire céleste et de sa colonne vertébrale communiste si une guerre nucléaire était déclenchée. On peut fonder une prospective stratégique sur cette conviction, c'est à dire que tant qu'un conflit régional ou global ne pénètre pas les intérêts essentiels des parties prenantes, il n'y aura pas d'escalade nucléaire de la part des acteurs majeurs. Mais si le projet d'un "doté" est de conquérir continuellement ses marches, il reporte en avant la ligne rouge de sa réaction de sauvegarde. La Chine n'est pas sur une trajectoire de conquête. Contrairement à ce que pense Turine, la Chine populaire a un projet pseudo-hégémonique dans ses propres limites, qui dépasse le matérialisme vulgaire : revenir aux marches de l'ancien empire (les sources hydrologiques) et soumettre son étranger proche au kowtow voire au tribut (RDLS) dans un but de dissuasion totale. L'invasion progressiste du XIXè siècle est dans tous les esprits. Elle ne se reproduira jamais !
Reste que le maniement inconsidéré de la menace nucléaire par le pouvoir russe peut très bien déraper et engager une frappe atomique à l'extérieur de ses frontières, auquel cas la mise en exécution de l'interdiction proférée par les deux autres puissances nucléaires reste à voir. L'hubris poutinien et son complet désintérêt du bien-être populaire laissent la porte ouverte à toutes les horreurs ; mais la rationalité sino-indienne peut conduire au confinement de la schizophrénie à la seule Russie, surtout depuis que les Etats-Unis ont déclaré répondre à pareille extrémité par de lourdes représailles conventionnelles - on parle d'envoyer par le fond toute l'escadre russe de la Mer noire et peut-être "neutraliser" la base navale de Sébastopol. En conséquence de quoi, nous pouvons rester sur le titre de cet article : la troisième guerre mondiale n'aura pas lieu.
La Chine populaire y veillera. Et l'Europe dans tout ça ? Poser la question est y répondre en contemplant l'aréopage des élites aux manettes. Elles ne dirigent rien !