lundi 28 août 2023

La guerre mondiale n°3 n'aura pas lieu.

Dans un entretien d'une heure accordé à Natalia Turine (clic) dans sa Librairie du Globe, Michel Duclos évalue la possibilité d'une extension du domaine de la guerre émanée de la crise régionale déclenchée par la Russie dans la galaxie slave. Cet embrasement courrait sur tout l'espace eurasien jusqu'à mettre le feu à l'étranger proche de la Chine populaire. Dans la perspective d'une réalisation de cette vision apocalyptique, montent le chant des colombes de la paix au détriment bien sûr de toujours les mêmes, les agressés, qui par leur entêtement font courir au monde un danger existentiel. Les munichois français en sont rassurés, qui donnent tout à l'appétit de l'ours russe pour qu'il ne trouble pas l'heure de l'apéro. On y croise des gens plus accomodants à l'endroit du Kremlin que les Chinois eux-mêmes qui restent abonnés aux frontières des Nations-Unies. Et nous citons Nicolas Sarkozy, Luc Ferry, Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour pour les plus visibles. Mais que pensent au fond d'eux-mêmes Olaf Scholz et Emmanuel Macron, en chauffant leur cognac devant un bon feu de cheminée ? C'est le moment de régler l'horloge stratégique.

champignon nucléaire
Dans le feu de l'action mais toujours en état de paix, on trouve les deux Europes, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada, chaque bloc ayant ses motifs propres. En renforts lointains, mais assez proches de l'extrême-orient russe, se trouvent le Japon et la Corée du Sud.
L'Europe orientale est directement menacée de glaciation par la guerre russe d'Ukraine et, à l'exception notable de la Hongrie (better red than dead !), elle entend se défendre manu militari si l'Ukraine s'effondre. Pour commencer elle pare les coups d'une guerre hybride annonciatrice d'une exacerbation de l'hostilité russe envers les anciens pays du pacte de Varsovie. Certes garantis par l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord, ces pays réarment quand même à grands frais derrière la Pologne à qui on ne la fait pas. L'idée semble être de rendre impossible une victoire conventionnelle des Russes qui se risqueraient sur leurs territoires, obligeant le Kremlin à monter alors le niveau d'attaque jusqu'à déclencher une réplique américaine. En fait le réarmement mené tambour battant vaut réassurance du parapluie atomique américain ; et c'est bien vu car ça plaît à l'Administration de Washington de quelque bord politique qu'elle procède, parce que la "nouvelle Europe" se sort enfin les doigts.

L'Europe occidentale continentale (du Cap Nord à l'Ile de Fer) se cherche. Toutes les chancelleries connaissent Vladimir Poutine, certaines pour l'avoir reçu plusieurs fois, et elles peinent à reconnaitre dans le petit csar d'aujourd'hui le nain maléfique qui va foutre le feu à la moitié de la planète. Donc elles écoutent tout ce que dit la communication du Kremlin pour y trouver matière à se rassurer de l'existence d'une rationalité, différente de la leur sans doute, mais praticable néanmoins quand on a les codes. C'est dans ce travers qu'a versé Emmanuel Macron au début de l'engagement russe en Ukraine. A creuser, on ne connaît toujours pas les termes de l'échange ! Faute de mieux, l'Europe occidentale mise sur la casse des armées soviétiques qui reportera plus à l'est le front "euro-russe", ouvrant en même temps une confrontation froide susceptible de s'atténuer dans le temps, ou plus vite, si la disparition de Poutine ouvrait les vannes d'une débacle de la Fédération de Russie avec accélération des routes chinoises de la soie vers l'Europe solvable. Il y a un pont stratégique à double sens à jeter par dessus les ruines de la connerie poutinienne entre l'Europe et la Chine qui passe justement par ces routes de la soie.
Dans l'entretien qui ouvre cet article, Natalia Turine laisse entendre que la porteuse psychologique de l'Europe de l'Ouest continentale est la capitulation. Ce qui ne manquera pas d'arriver si les élections américaines portent à la Maison Blanche un président hostile à l'implication des Etats-Unis dans une guerre européenne (ils ont déjà donné). Mais si le manche branle parfois sur cet espace de la "vieille Europe", il nous reste une possibilité de prendre nos gains en cas de rupture du plafond de verre sur lequel et sans grâce patine Poutine, en rebranchant la station-service russe à nos économies qui en sont le débouché naturel.

Depuis les opérations de nettoyage de la diaspora russe par le FSB sur son sol, le Royaume-Uni n'a pas tergiversé, qui a entraîné l'armée ukrainienne dès 2015 à se départir du règlement de combat soviétique pour être capable d'un raisonnement tactique adapté aux circonstances. C'est cette autonomisation des unités qui a permis de stopper la marche sur Kiev des brigades playmobil russes. L'ouverture des hostilités l'a confirmé dans sa prospective et, résistants dans l'âme, les Britanniques poussent au confinement et à la destruction de la puissance militaire russe, après le saccage organisé de son économie. Au cas où la question nous serait posée, ce blogue est sur cette même intention, bloquer et détruire les ressorts de la menace... jusqu'au Kamtchatka. Mais le défi qu'affronte le Royaume-Uni est sans doute plus grand que les moyens dont il dispose aujourd'hui en défense. La distance relative du danger russe freine aussi l'abondement aux caisses du réarmement, la société de sa gracieuse majesté étant confrontée à d'innombrables déconvenues depuis le Brexit. Le gros morceau sur l'épure stratégique, c'est l'Amérique du Nord.

Le Canada est le pays de l'Alliance le moins impliqué dans la dispute russo-ukrainienne. Il contribue néanmoins à la défense de la Liberté en formant des recrues ukrainiennes. Rapportée au PNB, sa contribution relative dépasse celle de l'Allemagne. C'est un pays qui sait aussi mettre les moyens et le seul qui avait débarqué des escadrons de chars Leopard2 en Afghanistan... pour s'en servir.
Les Etats-Unis d'Amérique sont une thalassocratie mondiale dont les intérêts sont partout menacés ; c'est le propre d'un empire ; plus tu es grand, plus tes mitoyennetés conflictuelles s'additionnent. S'il peuvent faire face à une globalisation du conflit slave déclanchée par la consumation des mèches lentes interagissant entre pays détestant l'Occident, ce n'est pas non plus sans y perdre des plumes, au plan économique et financier d'abord. Globalisation du conflit signifie que la Chine populaire entre en transes et menace le Pacifique nord dont elle est barrée d'accès par l'île de Taïwan (on ne ressort pas la carte). Il est plus que probable qu'une coalition navale des Etats-Unis et du Japon réarmé tiendrait tête à l'escadre chinoise percluse de faiblesses inhérentes à la hiérarchisation communiste. Mais sur zone, les deux points chauds que seront le verrou formosan et l'industrie sud-coréenne que les Kims veulent anéantir, coûteront très cher à défendre contre l'ouragan de missiles promis. Il faut souhaiter que le PCC mesure bien l'effervescence sociale que créera en Chine une crise économique des exportations passant par le Détroit, sans parler des crises immobilière et bancaire annoncées qui anéantissent l'espérance des classes inférieures. Il y pourrait périr non sans avoir fait tuer beaucoup de monde avant - on ne se refait pas ! Certains le voient-ils à Pékin ? On m'assure que oui et que l'obsession taïwanaise est une idiosyncrasie du président Xi qui se retrouve condamné à poursuivre cette chimère sur un chemin qu'il a lui-même tracé, jusqu'au centenaire de la proclamation de la République populaire par Mao Zedong. Mais cette incertitude de la coagulation sino-russe qui obère les meilleures analyses, se confronte à une autre : la stratégie-miroir de l'Occident qui "ré-agit" et ne commande plus aux événements.

Dans l'entretien, Natalia Turine suggère de se pencher sur le régime démocratique qui fait s'affronter aux Etats-Unis une moitié du pays contre l'autre, créant un momentum stérilisateur de toute stratégie. Son invité voit très bien le biais dialectique contre le régime démocratique auquel il répond par l'expression des libertés individuelles et autres valeurs, ce qui, à mon sens, est botter en touche. Ce que dénonce sans le citer Natalia Turine - elle a des difficultés en français - c'est le régime parlementaire qui renverse le parti du moment sur le parti de la veille dans une alternance sans fin, peu propice à la permanence stratégique. Michel Duclos concède quelques défauts au modèle mais ne peut le renier sans renier tout ce qui l'a fait lui, énarque et diplomate de haut niveau. Or c'est bien là que se trouve le défaut de la cuirasse occidentale. Courir au plus pressé, dans les contraintes d'opinion et les bornes budgétaires votées n'est pas propice au déploiement d'une stratégie de long terme. Que peuvent vouloir les Etats-Unis à vingt ans de vue ? Cette période de temps est séquencée en segments de deux années : de mid-terms en mid-terms. Il n'y a que dans une guerre ouverte où la nation américaine précipite en une force assez puissante pour vaincre ou décourager ses contempteurs. Le modèle parlementaire étant en vigueur également en Europe, il lui apporte les mêmes défauts ; sauf à être plantés devant la porte ouverte du four russe comme le sont les pays de l'Est anciennement soviétisés, qui surmontent la démocrature par une forme de cohésion nationale que nous avons oubliée.

*** Conclusion ***

Les Chinois comme les Indiens d'ailleurs ont signifié à la Russie que l'usage de la bombe atomique était restreint à la défense ultime des intérêts essentiels d'une nation et ne pouvait servir à négocier une paix par sa seule menace d'emploi. Il ne fait pas de doute qu'à Zhongnanhaï tout au moins, les analystes chinois ont conclu à l'anéantissement de l'empire céleste et de sa colonne vertébrale communiste si une guerre nucléaire était déclenchée. On peut fonder une prospective stratégique sur cette conviction, c'est à dire que tant qu'un conflit régional ou global ne pénètre pas les intérêts essentiels des parties prenantes, il n'y aura pas d'escalade nucléaire de la part des acteurs majeurs. Mais si le projet d'un "doté" est de conquérir continuellement ses marches, il reporte en avant la ligne rouge de sa réaction de sauvegarde. La Chine n'est pas sur une trajectoire de conquête. Contrairement à ce que pense Turine, la Chine populaire a un projet pseudo-hégémonique dans ses propres limites, qui dépasse le matérialisme vulgaire : revenir aux marches de l'ancien empire (les sources hydrologiques) et soumettre son étranger proche au kowtow voire au tribut (RDLS) dans un but de dissuasion totale. L'invasion progressiste du XIXè siècle est dans tous les esprits. Elle ne se reproduira jamais !

Reste que le maniement inconsidéré de la menace nucléaire par le pouvoir russe peut très bien déraper et engager une frappe atomique à l'extérieur de ses frontières, auquel cas la mise en exécution de l'interdiction proférée par les deux autres puissances nucléaires reste à voir. L'hubris poutinien et son complet désintérêt du bien-être populaire laissent la porte ouverte à toutes les horreurs ; mais la rationalité sino-indienne peut conduire au confinement de la schizophrénie à la seule Russie, surtout depuis que les Etats-Unis ont déclaré répondre à pareille extrémité par de lourdes représailles conventionnelles - on parle d'envoyer par le fond toute l'escadre russe de la Mer noire et peut-être "neutraliser" la base navale de Sébastopol. En conséquence de quoi, nous pouvons rester sur le titre de cet article : la troisième guerre mondiale n'aura pas lieu.
La Chine populaire y veillera. Et l'Europe dans tout ça ? Poser la question est y répondre en contemplant l'aréopage des élites aux manettes. Elles ne dirigent rien !

vendredi 25 août 2023

La Saint-Louis du duc d'Anjou

Louis-Alphonse de Bourbon
« Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de m’exprimer, au titre de la tradition royale que je représente, en ce jour symbolique du 25 août, qui est celui de la fête de saint Louis, mon aïeul Louis IX, roi de France. Cette date, en fin de pause estivale, correspond aussi à la reprise avec le souhait partagé d’entrevoir le profil des prochains mois.

La tâche de gouverner étant liée essentiellement à celle de prévoir, Louis IX nous rappelle sans cesse l’exemple même d’un souverain attentif, proche de son peuple, modèle universel des gouvernants placés au service de ceux qu’ils ont le lourd devoir d’administrer. Le Roi sage et juste, saint et humain tout à la fois.

Pour cette année 2023, les turbulences du premier semestre avec son cortège de violences semblent s’être un peu éloignées. La France a besoin de ce répit et le moment semble propice pour reprendre des forces et retrouver une sérénité dont elle semble avoir grand besoin.

Parvenue à la fin d’un cycle politique commencé dans les années 1960-70, la France a progressivement vu sa souveraineté amoindrie, son rôle diplomatique diminué, ses industries sacrifiées au jeu d’une mondialisation mal comprise, son système éducatif malmené, ses services publics bradés au point de disparaître plus ou moins dans nombre de territoires.

Ainsi, l’amoindrissement de sa souveraineté — cet élément essentiel qui a été le cœur de l’action des rois de France, des premiers jusqu’à Charles X — a fait que la voix de la France est de moins en moins audible dans le concert des nations. Un exemple nous est donné depuis deux ans sur le théâtre européen, où, dans un contexte compliqué, deux pays s’affrontent dans une guerre fratricide, sans que la France ait su trouver le moyen de délivrer le message « sage et juste » qui aurait pu être donné par elle dans une saine appréciation de tous les aspects du conflit, notamment face aux autres enjeux qui existent dans le monde.

Quant aux évènements de ces dernières semaines survenus en Afrique ils amènent également à déplorer la faiblesse diplomatique de la France, et son absence de grand dessein. Sa voix pourrait être entendue en regard de sa connaissance séculaire de ce continent et de la situation créée par le maintien d’une immigration de masse, fruit d’une pauvreté endémique. Vis-à-vis de cette dernière, rien de porteur d’avenir n’est proposé pour lui trouver un remède et, par conséquent, la situation d’ensemble du phénomène migratoire empire. Or, c’est bien à l’échelle internationale que des solutions doivent être apportées en permettant à tous les peuples de trouver sur place les moyens de leur développement. Tout est possible quand il y a une volonté ; si nous évoquons les aspects alimentaires, pensons aux nations qui, comme la Chine et l’Inde, ont su maîtriser progressivement leurs destins en partant de situations d’une extrême pauvreté. La France, forte de son expérience doit pouvoir œuvrer pour apporter sa contribution à la recherche de solutions adaptées pour les pays concernés.

Quant à la crise sociale, elle perdure. Née il y a cinq ans, avec les "gilets jaunes", dans les provinces, celles de la France profonde et lucide, abandonnées — les territoires périphériques de la république — elle n’a connu qu’un déni de la part des autorités qui se sont contentées d’une répression féroce et de quelques aumônes. Mais rien de profond. Les Français attendaient des mesures structurelles et la prise en compte de leurs réels besoins en matière de commerces et de services publics de proximité, de possibilités de se déplacer. Rien n’a été résolu tant les gouvernants semblent continuer à ignorer les difficultés de la vie quotidienne de la majorité des Français, alors que de nouvelles normes sont constamment imposées, venant incessamment compliquer cette vie quotidienne. Il est donc à craindre que la crise sociale, loin de s’amoindrir, continue et que, très particulièrement, les zones délaissées des secteurs urbains continuent de faire l’objet de pillages et de violences. Ne devons-nous pas avoir conscience, de ce point de vue, du mauvais cadrage de politiques ayant conduit parfois à aggraver, plutôt qu’atténuer, les difficultés soulevées, notamment en renforçant les communautarismes, contribuant à attiser en certains territoires une haine de la France dont les conséquences semblent lourdes.

Mais notre devoir à tous est de ne pas désespérer. Même attaquée au plus profond d’elle-même, même incomprise, voire trahie parfois par certains de ses enfants ingrats et ignorants, la France a toujours su manifester dans l’histoire une formidable capacité de réaction.

Or les signes d’une reprise sont nombreux à apparaître çà et là. Et, comme avec Jeanne d’Arc, l’héroïne de dix-neuf ans, c’est assurément de sa jeunesse que notre pays verra poindre son renouveau.

De plus en plus, et cela dans tous les domaines d’activité, de jeunes initiatives émergent. Dans le domaine de l’instruction, le développement de nouveaux établissements d’enseignement libres, incluant la création d’établissements de troisième cycle, survient en vue d’atténuer les carences par trop manifestes d’un système public, non dépourvu de qualités, mais n’en pouvant plus de réformes permanentes et de la perte toujours affichée de sa mission de transmission des savoirs.

Dans le domaine de la famille, les jeunes et les jeunes couples sont également en pointe dans les combats pour la vie. Ils recréent des familles nombreuses et sont les premiers à se proposer pour lutter contre l’abandon des personnes âgées. De nouvelles structures sociales (maisons de retraites, lieux de soins palliatifs) apparaissent à leur initiative, structures dans lesquelles la personne humaine est mise au centre, et non pas les impératifs de gestion, de finance et de profits. Ce sont également des jeunes qui, non seulement entreprennent, mais surtout innovent en explorant les secteurs nouveaux nées des technologies et en pratiquant des modes de gestion novateurs. Sans omettre qu’ils sont désormais nombreux à ne pas hésiter de se tourner vers les carrières du service armé, avec les obligations de dévouement et de sacrifice que ces carrières sous-tendent. Enfin déjà certains se dirigent vers l’administration publique et les structures politiques avec, là aussi, une volonté affichée de se mettre au service du bien commun, en tirant un trait sur des décennies d’individualisme exacerbé et d’influences d’idéologies néfastes. Ainsi, ils préparent les réformes institutionnelles qui s’imposeront peu à peu pour préparer l’avenir de la France.
Il va de soi que j’encourage toutes ces initiatives, admiratif des efforts qu’elles expriment. Elles sont porteuses d’avenir.

Voilà le message d’espoir que je souhaite, en particulier, partager avec tous les Français en cette fête de saint Louis et en cette rentrée 2023. »

Louis, duc d’Anjou
(source primaire Facebook)

lundi 21 août 2023

Trois projets français

C'est la rentrée du Canon Gaillon ; oui bon, ça n'annonce pas non plus une avalanche d'articles superintéressants mais on commence quand même par le billet n°2201. Toute nation ayant de l'envergure a un projet "national". On connaît celui des Russes qui tourne en ce moment à l'obsession morbide, celui des Chinois particulièrement multiplexé, celui des Américains exportateurs acharnés de leur way of life, celui du Brésil, de l'Indonésie et des Maldives, ici de surnager ! mais quel est Le Projet de la France ? Elle n'en a pas et continue à se croire attendue de tous. Si vous posez la question au président en ses conseils technocratiques, il vous fera comprendre sans l'avouer comme je le dis, qu'il guide le pays vers le digesteur bruxellois lequel a l'ambition de transformer les nations européennes en excréments touristiques pour s'approprier leurs souverainetés et refaire l'empire de Charles-Quint.

Tous les défis que nous avons dû affronter ici depuis six ans ont tous été européanisés par le pouvoir, autant dans leur définition (cette crise est européenne) que dans le choix de solutions (ensemble nous vaincrons). Une seule exception, la révolte des gilets jaunes : l'expression massive de l'exécration que la classe moyenne inférieure porte aux pouvoirs publics n'est dans aucun catalogue des institutions européennes qui s'en tient au "ruissellement" et, à ce titre d'ailleurs, M. Macron n'y a pas cru au début lors de sa tournée du centenaire de la Grande Guerre, puisque les algorithmes en soupentes étaient muets. Dit en passant, la grande bourgeoisie eut sacrément peur de voir sa république du mensonge verser au fossé.

Si l'Europe permet un refinancement d'une dette indigne de la France en temps de paix et nous renvoie des crédits de réindustrialisation ou de transition écologique, les marqueurs de puissance auxquels la France tient tant n'ont pu être maintenus par leur européanisation. Le renfort européen en Afrique sahélienne comme la défense européenne sous képi français ont fait plouf ! Heureusement que nous avons astucieusement contourné l'abhorration de l'Europe sérieuse pour les eurobonds qui ont sauvé Bercy ! Pourtant, nous avons quelques atouts et points d'appui où faire levier, tous antérieurs à l'Union européenne. Notre puissance nucléaire militaire et civile, nos outremers plus développés que la moyenne de leurs voisins, notre industrie aéronautique et spatiale et notre industrie du luxe rappellent à qui veut bien l'entendre que nous avons encore de la bouteille.
Nous avons conservé des leviers assez puissants, comme membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies et dans la direction de multiples agences onusiennes ; nous sommes implantés au Fonds monétaire internationl malgré l'imbécillité d'y avoir nommé un dépravé notoire ; notre diplomatie est globalement respectée surtout dans le monde arabe et au Japon ; la culture émanée de notre histoire plus que celle produite en ce moment, dit à certains que nous fûmes jadis aussi intelligents. Alors quel projet ?

Propagez nos "valeurs républicaines" sur l'ensemble de la planète ? Hormis la "liberté" de notre devise nationale, elles n'intéressent personne. Et la laïcité moins encore ! Brandir les "droits de l'homme" à tout bout de champ ? Les autres pays n'y entendent que la promotion des LGBT+ qui est refusée par nombre de cultures locales et le bon sens. Mesurer le progrès des nations à leurs avancées sur les droits mortifères de l'avortement libre et de l'euthanasie par défaut ? D'autres s'y sont mis sans beaucoup de succès pour leur influence planétaire. Alors, saurons-nous construire un projet national ? Certainement pas avec les élites en place qui ont capté toutes les manettes. Au grand tournoi du siécle, elles sont déjà battues dans leur tête et n'entendent que prospérer sur la bête et les contribuables. Oserions-nous proposer des pistes ? Allons-y, osons tout :

locomotive Alsthom bleue

La France a naturellement vocation à embrasser des défis globaux, c'est dans l'universalisme de sa culture ancienne. Ce passé prestigieux lui permettra-t-il d'innover vraiment ou sera-t-elle tentée de se rabougrir sur les souvenirs d'une grandeur enfuie ? Nous proposons trois innovations :

(1) Développement du tiers-monde par le tiers-monde pour le tiers-monde

Quand on voit les sommes colossales dépensées pour leur défense, rapportées aux moyens débloqués pour vivre en société, par certains pays pauvres, on se dit qu'il y a un loup. Mais la guerre étant le propre de l'homme plus souvent que le rire, on ne peut fonder le développement des laissés-pour-compte de la Création sur le désarmement. De toute façon, avec des hégémons aussi frappés que Poutine et Kim Jong-un, il y a loin d'un début de solution à ce problème existentiel. La planète en mourra peut-être même avant que de brûler ! On peut néanmoins tirer des plans sur la comète et la France s'honorerait d'en prendre le leadership moral et intellectuel, à défaut de pouvoir fournir l'or nécessaire à sa réalisation. Jean-Louis Borloo l'avait vu, après quelques autres, parce qu'il n'y a que les grands programmes qui ont un effet d'entrainement durable. Creuser des puits ou disperser des moulins villageois ne suffira jamais à ancrer du bonheur sur place. Par contre, le 220V dans toutes les cases bouleverserait la vie des communautés. L'autre piste est sur la piste. Les flux de communications en site propre sont un défi pour le tiers-monde - des reportages sur les routes impossibles font florès - et au courant électrique devrait s'ajouter le rail ; partout ! comme nous avons su le faire en Europe au tournant du siècle dernier avec le charbon. Certes les compagnies ferroviaires de jadis firent plus ou moins faillite mais elles ne sillonnaient pas non plus des espaces aussi surpeuplés que ceux du tiers-monde actuel. A titre d'exemple, le vieux réseau ferroviaire du Raj britannique demeure indispensable au fonctionnement des économies locales sur toute la péninsule indienne. L'Afrique subsaharienne et l'Amérique latine en mériteraient autant. Construire un réseau ferroviaire exige beaucoup de main d'œuvre. Ça tombe bien et sans refaire le Congo-Océan ! Un projet initialement français de grilles électrique et ferroviaire superposées nous propulserait au balcon des leaders de ce monde duquel nous avons chu, mais on pourrait améliorer encore notre position avec le projet suivant :

(2) Une planète propre dans une écologie intégrale

C'est Jean-Philippe Chauvin qui a exhumé la formule (proche du nationalisme intégral maurrassien) dans une contribution qu'on se plaira à lire par ici. Extrait : « L’écologie intégrale est la reconnaissance du « souci environnemental » comme étant celui, éminemment politique, de la recherche du bien commun des sociétés en lien avec leur environnement et avec la nature profonde des hommes, loin des définitions idéologiques qui réduisent les personnes à des individus égaux et interchangeables quand elles n’existent, en fait, que par leurs actions et interactions avec le milieu naturel qui les nourrit et qui les fait (et voit) vivre. Elle est autant défense de la biodiversité végétale et animale que de l’espèce humaine comme partie intégrante de celle-ci, avec cette particularité que cette dernière a la capacité de domination sur le reste de la Création, pour employer la terminologie religieuse commune aux religions du Livre, mais que cela lui donne le devoir de protéger tous les autres êtres vivants et leurs milieux, dans leur variété : protection des autres espèces (et de la sienne propre) et humilité devant les mystères et richesses de la vie, devant ses cycles et sans négliger d’en corriger les effets si ceux-ci risquent d’attenter à la pérennité de l’ensemble ».
Qu'est-ce à dire ?
Que l'équilibre planétaire des espèces et des milieux prime tout et que tout projet d'infrastructure durable doit avoir le tampon "Ecologie Intégrale". Ça va plus loin qu'on l'imagine et ne concerne pas que la lutte contre le réchauffement inéluctable de la planète. C'est un combat quotidien de chaque individu formé dès l'enfance à ce réflexe, puis par cercles concentriques à sa communauté d'appartenance, à sa nation et à l'agrégat de nations organisé pour des projets plus importants que n'en pourrait porter aucune d'entre elles seule. C'est une tournure d'esprit dont la promotion sur la planète serait plus utile que celle de valeurs éthérées, permissives voire même libérales aux dépens de la misère.

(3) Remplacer le modèle caduc de Westminster

La démocratie parlementaire craque de toute part. Un petit tour d'horizon ? Le Brexit est menacé par une victoire des Travaillistes aux Communes alors qu'il est irréparable sauf à endommager plus encore le Royaume-Uni ; la guerre civile sourde entre country et city, est rampante aux Etats-Unis transformés en gérontocratie populiste (la pire) ; on y risque l'élection d'un bateleur de foire emprisonné qui sera adoubé par les masses de red-necks ; la République française est ingouvernable par défaut de majorité à la chambre basse, ce qui nous maintient dans des ornières profondes dont nous devons à tout prix nous arracher pour conjurer des périls plus grands que ceux affrontés aujourd'hui ; l'Espagne en déficit hydrique grave ne sait plus où elle habite depuis qu'elle avale les fruits acides d'une coalition parlementaire avec un parti groupusculaire qui lui permettrait de passer des lois ; le gouvernement allemand suit le plan approuvé lors de sa formation, qui est complètement obsolète depuis la crise du gaz et la guerre d'Ukraine où la chancellerie entre à reculons en modérant les livraisons d'armes promises à Kiev sous la pression de ses alliés ; le pays, travaillé au corps par l'AfD, risque de se fracturer ; et cetera...! Et c'est sur la liste de ces succès que nous entendons forcer la démocratie dans le Sud Global ? C'est le bordel global que nous y mettons.
Si l'aspiration des peuples à la liberté individuelle est un moteur puissant de progrès, la liberté collective d'une nation est un leurre. Trop de contraintes l'enserrent. Au mieux, on peut (et doit) optimiser nos dépendances, en évitant que la loi du Nombre et son avatar de majorité ne nous poussent à sauter la falaise comme des lemmings.

Le schéma de Royal-Artillerie de laisser décanter la démocratie du quotidien afin de récupérer un pouvoir régalien pérenne et professionnel pourrait convenir à beaucoup de pays réfrataires au désordre tel que nous l'exposons régulièrement à la face du monde. La France est devenue une référence de premier ordre pour les désordres urbains et l'insécurité. Sortons de cette bascule des majorités qui renverse tout dans des tête-à-queue politiques carrément stupides et proposons un modèle hybride comme exposé en continu sur ce blogue et ici, susceptible de plaire à beaucoup de nations revenues du cirque démocratique. Gouverner les territoires au plus près des gens et assumer les stratégies nationales à un niveau supérieur libéré du parlementarisme de boutiquiers et des corporatismes castrateurs.

Stéphane Rosèz, politologue respecté, dit dans l'hebdomadaire Marianne que la France court comme un canard sans tête. Ne serait-il pas temps de lui en mettre une ?

samedi 19 août 2023

Pause stratégique, 宋祖英

Le colonel de l'Armée populaire de libération Song Zu Ying, qui est aussi dans la Wikipedia, se produisait en 2011 à Taïpei en République de Chine (ROC). Mais si, mais si ! C'était l'époque du rapprochement et d'un phagocytage consenti au nom de la règle "un pays, deux systèmes" noyée depuis dans la rade de Hong Kong. On avait ouvert les lignes de transport et communication entre l'île et Mainland ; accepté un quota de touristes continentaux venus voir les cousins du Détroit ; les capitaux taïwanais inondaient les zones industrielles du Fuxien et du Guandong.

Tout a changé depuis lors. Le protecteur Jiang Zemin de la belle colonelle est mort et Xi Jinping a tourné ses bouches à feu sur la clique de Shanghaï. Il a proclamé le rattachement effectif de l'île rebelle par tous moyens même légaux, et Taïwan (ROC) réarme à grandes enjambées soutenue par les Etats-Unis.

Même si l'île montagneuse est sur la défensive depuis la mort de Tchang Kaï-chek, son point faible reste malgré tout la mentalité de sa population qui, en dépit des libertés quotidiennes que lui procure le régime démocratique occidental, garde une fibre chinoise ; moins peut-être chez les autochtones formosans dont est issue la présidente Tsaï par sa mère. Mais le Kuomintang (ROC) continue à ramasser presque la moitié des suffrages, ce qui suggère une « collaboration » possible avec le régime communiste chinois pour peu qu’il mette les formes dans la « pétainisation » du pays. Mais l'arrogance dogmatique de Pékin laisse en douter.

L’objection majeure à l’invasion chinoise est malgré tout dans l’obligation d’un succès foudroyant des opérations amphibies, car après avoir chauffé à blanc son opinion, Xi Jinping ne peut pas échouer comme Poutine en Ukraine, ni se contenter des Pescadores, Quemoy, Wuqiu et Matsu. L’amirauté peut-elle le lui garantir ? A mon avis, non !


Pleurez ! Des sopranos de ce calibre, on n'en fait plus !

mercredi 16 août 2023

De l'eau dans le gaz hébreu

le premier ministre istaélien Netanyahou

Depuis soixante-quinze ans, on observe une indulgence certaine dans les instances universelles où s'exprime la conscience internationale à l'endroit du nouvel Etat hébreu établi en Palestine après-guerre, à la notable exception de la Ligue arabe, mais qui ne compte pas vraiment dans l'affaire. Les guerres régionales déclenchées par les menaces des voisins arabes se sont toujours finies au détriment des Arabes palestiniens, exilés pour partie, confinés pour le reste et déclarés sans avenir par tous, même et y compris leurs frères arabes qui troquent avec une certaine hardiesse intérêts et profits avec les Juifs d'Israël. Les seules réticences apparentes viennent du royaume séoudien, curieusement inquiet de la valeur morale de la posture mercantile des Accords d'Abraham. Le prince héritier vient d'élargir à la Cisjordanie l'espace d'intervention de son ambassade à Amman. Mais pour le reste, on n'y peut rien comprendre si on n'intègre pas le non-dit : depuis la constitution du nouveau gouvernement hébreu, largement renforcé des partis de la colonisation à outrance des territoires occupés (ou vacants c'est selon), il ne fait plus mystère que le pouvoir applique désormais un programme de "Grand Israël" si tant est qu'il n'ait un jour cessé de s'y atteler. Depuis la trêve israélo-arabe, cette revendication reçoit la sourde approbation de la conscience internationale précitée. Pour des raisons obscures, le peuple palestinien, ou n'importe comment qu'on le nomme autrement, est sacrifié sur l'autel de la stabilisation d'une région en effervescence continuelle, qui sert en plus de camp clos à l'affrontement des sunnites et des chiites. Bien malin celui qui peut prédire ce qu'il adviendra des relations entre ces pays quand Israël aura "purgé" toute la rive droite du Jourdain et asservi les attardés à sa machine économique, le temps d'achever l’alyah ; à moins que ne soit arrivée l'heure de la renverse. Mais pour mémoire, Eretz Israel est plus grand que ça. Voir ci-dessous la carte en pied d'article.

Tout irait bien dès lors que les adversaires d'hier s'entendent maintenant comme larrons en foire, sauf que l'histoire nous montre (mais pas en détail dans cet article déjà trop long) que les impasses démographiques mettent par terre les plus savantes constructions humaines, Grand Israêl compris. Les deux peuples confrontés sont à parité de nombre et le savent. Il est donc impossible d'éteindre par aucun moyen l'espérance de part et d'autre. C'est apparemment ce qu'ont ressenti quinze cents universitaires, pour la plupart juifs, qui dénoncent dans un manifeste l'apartheid. En voici le texte (traduction "RA belle infidèle") et les signataires :

L'élephant dans la pièce

Nous, universitaires et autres personnalités publiques d'Israël, de Palestine et de l'étranger, attirons l'attention sur le lien direct entre la récente attaque d'Israël contre le système judiciaire et son occupation illégale de millions de Palestiniens dans les Territoires palestiniens occupés. Les Palestiniens sont privés de presque tous les droits fondamentaux, y compris le droit de voter et de manifester. Ils sont confrontés à une violence constante : cette année seulement, les forces israéliennes ont tué plus de cent quatrevingt-dix Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza et ont démoli plus de cinq cent quatrevingt-dix structures. Les justiciers colons brûlent, pillent et tuent en toute impunité.
Sans droits égaux pour tous, que ce soit dans un État, deux États ou dans un autre cadre politique, il y a toujours un danger de dictature. Il ne peut y avoir de démocratie pour les Juifs en Israël tant que les Palestiniens vivent sous un régime d'apartheid, comme l'ont décrit les experts juridiques israéliens. En effet, le but ultime de la refonte judiciaire est de renforcer les restrictions sur Gaza, de priver les Palestiniens de droits égaux à la fois au-delà et à l'intérieur de la Ligne verte, d'annexer plus de terres et de nettoyer ethniquement tous les territoires sous domination israélienne de leur population palestinienne. Les problèmes n'ont pas commencé avec le gouvernement radical actuel : le suprémacisme juif se développe depuis des années et a été inscrit dans la loi par la loi sur l'État-nation de 2018.

Les Juifs américains ont longtemps été à l'avant-garde des causes de justice sociale, depuis l'égalité raciale jusqu'au droit à l'avortement, mais n'ont pas prêté une attention suffisante à l'éléphant dans la pièce : l'occupation de longue date d'Israël qui, nous le répétons, a produit un régime d'apartheid. Alors qu'Israël est devenu plus à droite pour tomber sous le charme du programme messianique, homophobe et misogyne du gouvernement actuel, les jeunes Juifs américains s'en sont de plus en plus éloignés ; pendant que des milliardaires juifs américains bailleurs de fonds aident à soutenir l'extrême droite israélienne. En ce moment d'urgence et de possibilité de changement, nous appelons les dirigeants de la communauté juive nord-américaine - dirigeants de fondations, universitaires, rabbins, éducateurs - à...

- Soutenir le mouvement de protestation israélien, l'appeler à adopter l'égalité pour les Juifs et les Palestiniens en deça de la Ligne verte et dans les Territoires palestiniens occupés ;
- Soutenir les organisations de défense des droits de l'homme qui défendent les Palestiniens et qui fournissent des informations en temps réel sur la réalité vécue de l'occupation et de l'apartheid ;
- S'engager à réviser les normes et les programmes éducatifs pour les enfants et les jeunes juifs afin de fournir une évaluation plus honnête du passé et du présent d'Israël ;
- Exiger des dirigeants élus aux États-Unis qu'ils aident à mettre fin à l'occupation, à restreindre l'utilisation de l'aide militaire américaine dans les territoires palestiniens occupés et à mettre fin à l'impunité israélienne à l'ONU et dans d'autres organisations internationales.
Terminé le silence. Il est temps d'agir maintenant !
Signé par ceux dont les noms suivent sur le lien ci-après (il y a du monde):
The Israel elephant in the room (clic)

Pas sûr que cela suffise à interrompre la course folle de Benjamin Netanyahou vers la dictature romaine, peu faite pour le peuple instruit d'Israël, mais on peut sentir soi-même la boutique et apprécier les humeurs de sa clientèle. Faisant aujourd'hui sans les précautions d'usage le lit de la colonisation totale de la Cisjordanie, avant de résoudre le furoncle gazaoui d'une autre manière, il se pourrait que par son entêtement à "finir" le travail que lui avait assigné son père, il ne désarme moralement le peuple juif et l'offre affaibli à ses ennemis ; car "il n'est de richesse que d'hommes" et les victoires de l'Etat hébreu sont à mettre jusqu'ici au crédit d'abord de son intelligence opérant à bon droit plus qu'au tonnage de son armement. Mais le côté trumpien du premier ministre l'a peut-être converti aux bottes de fer de la Connerie "qui marche et va plus loin que l'intellectuel assis". Ce qu'ont compris les universitaires qui se sont mis debout !
En quoi ça nous concerne ?
La stabilité de la Méditerranée orientale qui est traditionnellement dans notre champ d'intérêts croisés, sans parler des surtensions inter-communautaires en Europe occidentale et en France tout particulièrement.

carte ancienne du Grand Israël
Ce billet est le 2200ème sur ce blogue.

lundi 14 août 2023

Quinze août 2023

bouquet marial
Le Quinze-août est fête nationale en France depuis que le roi Louis XIII, au milieu des périls et sans héritier mâle, consacra son royaume à la Vierge Marie par l'édit de Saint-Germain du 10 février 1638 (plus si affinités).
L'Assomption a meilleure figure dans l'emploi que le souvenir du massacre des invalides de la Bastille. Mais c'est une autre histoire, certains aiment le sang comme avaient les dieux jadis soif.

Si Napoléon substitua son propre anniversaire au vœu marial du roi, l'Eglise n'eut aucun mal à reprendre ses processions dès l'intermède de la Restauration, la fête, placée après les moissons et avant les vendanges, étant très prisée dans les campagnes, autant que les rogations météorologiques d'ailleurs. Je n'ai manqué aucune procession aux flambeaux pré-conciliaire vers la statue blanche et bleue de la Vierge Marie du village. Quoiqu'on en pense, la démarche fait partie de la francité, et nos tirailleurs le savaient bien qui soulevaient la chechia au passage.

Cette année, l'Assomption fait le pont, et l'on n'a pas entendu vociférer La Libre Pensée départementale submergée par les aoûtiens; non plus que les crapules de l'insoummission payées au mois ! On me dit dans l'oreillette que le Quinze août est devenu aussi la fête des motards. Le Pardon des Motards est à Porcaro en Morbihan (clic pour l'édition 2023)

Rassemblement du Pardon des motards en Morbihan chaque 15 août
Créé il y a 44 ans par le père Louis Prévoteau, le pèlerinage de la "Madone des Motards" réunit chaque année entre 15000 et 18000 motards venus de toute la France mais aussi d’Europe pour se mettre sous la protection de la Vierge de Fatima. Avec le public, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se rendent à Porcaro. Le site du Pardon couvre aujourd'hui un périmètre de plusieurs hectares.

Distance Ploërmel - Moulins : 555 km ou 6 heures avec 2 arrêts !

jeudi 10 août 2023

Plaisir du texte

Me retournant sur les six premiers mois de cette année, je me suis pris à constater que je n'avais acheté au kiosque qu'un seul titre, Le Canard Enchaîné ! A deux motifs, l'exhumation de scoop dont la rédaction est profuse et les mots croisés difficiles qui sont un test hebdomadaire de sénescence mesurable au nombres de jours nécessaires à leur achèvement. La Comtesse un peu aussi.

stylo Parker
J'ai cessé aussi de contribuer financièrement à certains sites en ligne qui tournent en rond sur les obsessions présumées de leur lectorat quand ce n'est pas leur enfermement dans le paysage d'un pays rêvé qui n'a plus grand chose de commun avec le pays vrai de vrai. Je maintiens mon aumône à la Fondation Wikimedia qui fait un travail remarquable d'encyclopédistes et s'il en reste, je cotise à l'effort de guerre ukrainien sur la plateforme UNITED24. Quand je vois sauter un navire russe avec mon pognon, je me ressers une lichette de Picon Mandarin Curaçao avec le grand tiers d'eau.

J'étais au seuil de penser que l'âge m'aigrissait en me tirant vers un dénigrement rampant de tout mon écosystème médiatique jusqu'à ce que je lise ses lignes de Philippe Bilger dans Justice au singulier du 10 août 2023 :

« Il serait dramatique que droite et extrême droite médiatiques, à force de prévisibilité, suscitent le pire des effets, l'ennui, réservé jusqu'à aujourd'hui aux sempiternels propos progressistes ne se questionnant jamais eux-mêmes et sourds aux apports extérieurs. Combien de fois, face à certains débats, la fatigue est quasiment immédiate parce que le citoyen, le téléspectateur savent au mot près ce qui sera dit ! L'écoute n'est pas interdite qui laisse un peu de place à la présence d'autrui dans son propre univers » (source).

Et c'est bien là le drame : on se fait chier à lire autant qu'à écouter ! Le plus épuisant est bien sûr dans la presse d'opinion que je ne lis plus du tout, sauf chaque 29 février.

Soupir sur la portée : j'excepterai certains rédacteurs des gémonies à l'exemple d'Eugénie Bastié qui déroule un logique tranquille sur des sujets puissants sans provoquer quiconque, et je n'en citerai pas d'autres pour ne pas en oublier en les oubliant tous. Difficile quand même de ne pas lire Sébastien Lapaque.

De ma bibliothèque, dont le désordre n'a rien d'artistique ni d'ordonné comme le font les vieux singes qui n'ont plus rien dans la cafetière, parfois des livres tombent au gré du plumeau. J'ai rouvert La Colline inspirée de Barrès, et je partage avec vous cet extrait :

« Si vous portez au loin votre regard, vous distinguez et dénombrez les ballons des Vosges et de l’Alsace ; si vous le ramenez plus près sur la vaste plaine, elle vous étonne et, selon mon goût, vous charme par ses superbes plissements, par de longs mouvements de terrains pareils à des dunes. C’est un pays sans eau en apparence, mais où l’eau sourd et circule invisible. Des prairies qui s’égouttent un ruisselet se forme et se débrouille vivement dans les rides enchevêtrées du terrain. Au fond de ravins sinueux, le Madon, l’Uvry, le Brenon développent en secret les beautés les plus touchantes, cependant qu’ils rafraîchissent une multitude de champs bombés et diversement colorés, des pâturages, des vignobles clairs, des blés dorés, de petits bois, des labours bruns où les raies de la charrue font un grave décor, des villages ramassés, parfois un cimetière aux tombes blanches sous les verts peupliers élancés. Sur le tout, sur cet ensemble où il n’est rien que d’éternel, règne un grand ciel voilé. Les appels d’un enfant ou d’un coq apportés de la plaine par le vent, le vol plané d’un épervier, le tintement d’un marteau qui là-bas redresse une faucille, le bruissement de l’air animent seuls cette immensité de silence et de douceur. Ce sont de paisibles journées faites pour endormir les plus dures blessures. Cet horizon où les formes ont peu de diversité nous ramène sur nous-mêmes en nous rattachant à la suite de nos ancêtres. Les souvenirs d’un illustre passé, les grandes couleurs fortes et simples du paysage, ses routes qui s’enfuient composent une mélodie qui nous remplit d’une longue émotion mystique. Notre cœur périssable, notre imagination si mouvante s’attachent à ce coteau d’éternité. Nos sentiments y rejoignent ceux de nos prédécesseurs, s’en accroissent et croient y trouver une sorte de perpétuité. Il étale sous nos yeux une puissante continuité, des mœurs, des occupations d’une médiocrité éternelle ; il nous remet dans la pensée notre asservissement à toutes les fatalités, cependant qu’il dresse au-dessus de nous le château et la chapelle, tous les deux faiseurs d’ordre, l’un dans le domaine de l’action, l’autre dans la pensée et dans la sensibilité. L’horizon qui cerne cette plaine, c’est celui qui cerne toute vie ; il donne une place d’honneur à notre soif d’infini, en même temps qu’il nous rappelle nos limites. Voilà notre cercle fermé, le cercle d’où nous ne pouvons sortir, la vieille conception du travail manuel, du sacrifice militaire et de la méditation divine. Des siècles ont passé sur le paysage moral que nous présente cette plaine, et l’on ne peut dire qu’une autre conception de la vie, tant soit peu intéressante, ait été entrevue. Voilà les plaines riches en blé, voilà la ruine dont le chef est parti, voilà le clocher menacé où la Vierge reçoit un culte que, sur le même lieu, nos ancêtres païens, adorateurs de Rosmertha, avaient déjà entrevu. Paysage plutôt grave, austère et d’une beauté intellectuelle, où Marie continue de poser le timbre ferme et pur d’une cloche d’argent. Tous ceux qui ne subissent pas, qui défendent leur sentiment et se rattachent aux choses éternelles trouvent ici leur reposoir. C’est toujours ici le point spirituel de cette grave contrée ; c’est ici que sa vie normale se relie à la vie surnaturelle » (texte intégral).

Hier au jardin d'en bas, j'avais désenchevêtré trois brins de lavandin où s'était agripée une abeille charpentière noire et bleue, la plus belle de sa famille, afin qu'elle puisse poursuivre sa collecte sans encombres. Ce matin, elle gisait au sol sur le dos, surchargée de pollen jaune, morte. Elle avait travaillé jusqu'au bout. L'impermanence nécessaire au monde n'est que le fruit des extinctions programmées. Qu'attendent-ils tous ces nuiseux à la une ?

Rappel CMRDS et programme

la Ducati Monster à l'attaque
(clic--> AF)

D'où que tu viennes jusqu'à Moulins, il te reste dix jours pour vérifier les freins et vidanger l'huile. Mais j'oubliais ; le royco 3.0 n'ira qu'à pied, à cheval, en voiture... si tant est qu'elle soit attelée. Il doit se mouler dans le siècle woke & vegan bio peace & love, et celui qui croyait sortir à cette occasion sa belle Ducati de-la-mort-qui-tue passera pour un écoterroriste au guichet des inscriptions.

Rassurez-vous. L'édition 2023 du Camp Maxime Real del Sarte sera tout ce qu'il y a de classique, mais les enfants de ceux qui y participeront après demain ou dans plus longtemps seront très certainement marqués au fer rouge de l'écologie dure sans steak, dès lors que la moitié de la planète aura déjà brûlé. Il n'est plus temps d'en discuter les causes - que nous importent les affrontements dialectiques entre scientifiques ayant publié sous comité de relecture et experts du dimanche voulant monter le son pour submerger leurs contradicteurs - elle brûle ! C'est irréfutable ! Le Secrétaire général des Nations-Unies a dit que nous entrions en "ébullition".

La leçon climatologique est-elle inscrite au programme de l'université d'été 2023 de l'Action française ?
Je ne la vois pas, pourtant le sujet est aujourd'hui bien plus politique que scientifique puisqu'il s'agit d'adapter nos sociétés fragiles à la catastrophe que l'on croyait repousser aux calendes grecques par des COP monstrueuses d'ennui. Le leitmotiv de ce 69ème Camp est « Politique d'abord ! »
On y est en plein ! A vos extincteurs, messieurs.


Programme CMRDS 2023

PS du 27 août : Et il y a eu du monde.

photo du camp le soir

mercredi 2 août 2023

L'empreinte glisse au Niger...

Sur l'affaire de Niamey nous ne dirons rien de plus que nous n'ayons déjà dit depuis l'intervention de François Hollande au Mali en 2013. En cliquant sur le libellé "Mali" le lecteur lira treize billets ad hoc sur l'OPEX française au Sahel, avec des développements sur les confrontations ethniques, la tactique proactive, la stratégie perdante, l'africanisation du défi, l'opportunisme russe etc. En résumé, il faut repenser notre rapport à l'Afrique une bonne fois et je doute fort que notre adepte du "en même temps" soit calibré pour atteindre le cœur de cible. M. Macron est bien trop arrogant, en général et en particulier avec les dirigeants d'Afrique francophone, pour reconstruire une relation normale. Sa seule inovation fut de tenter d'européaniser le défi sahélien pour voir en vraie grandeur ce que donnerait sa chimère d'une défense européenne sous commandement français. En fait, rien !

enfant Haoussa
Si le péché originel fut la décolonisation ralentie par Foccart et ses réseaux mafieux, outre le mauvais découpage des ethnies que nous laissions à découvert par notre retrait, le péché d'orgueil fut de faire croire tant à l'ONU qu'aux élites africaines impliquées, que nous allions régler le problème islamiste avec nos amis européens et avec un concours circonstancié des forces locales, bien qu'elles soient entraînées surtout à mater les foules. Dix ans plus tard, les Freux du califat courent partout. Nous avons échoué. On ne tient pas des millions de kilomètres-carrés avec des powerpoints et des drones. D'où la colère des peuples qui se sentent floués et croient que notre combat n'est qu'un prétexte pour se maintenir chez eux, pas plus ! Il est si facile de les en convaincre que c'est risible de s'apercevoir maintenant de l'inefficacité du Renseignement français. Dans le cas d'aujourd'hui, l'évacuation précipitée des blancs signifie aux locaux que nous avons déjà perdu contre la junte de Niamey. C'est irrattrapable ! A noter le quant-à-soi du Kremlin qui redoute de devoir saisir le bâton merdeux de la sécurité des putschistes par le biais d'une milice désormais peu sûre qui pourrait l'embarquer où il ne veut pas aller (la base américaine d'Agadès).

La tectonique des plaques stratégiques annonce le retrait des armées françaises d'Afrique à terme et la normalisation de nos relations économiques. Il serait temps que le pouvoir à Paris anticipe un peu en commençant par en rabattre - Macron attaque un jour, se couche le lendemain - et cesse de péter plus haut que son cul : nous n'avons plus les moyens de déployer une gendarmerie continentale en Afrique et le faux-nez des accords bilatéraux de défense va tomber. Qu'on se rassure - façon de parler - à part quelques ressources minières, les pays du Sahel (français) sont accablés de misère et de naissances ; ce ne sont pas des investissements d'avenir. Si les Russes y jouent une partition d'hostilité systématique à notre endroit sans se soucier de l'effondrement économique qu'ils provoquent partout, les Chinois n'y verront rien à gagner et resteront en dehors du schmilblick. Imaginons que sans ressources, le Niger aura presque 80 millions d'habitants en 2050 (en réduisant drastiquement sa natalité - clic). Qui va les nourrir ? Les Russes, les Chinois, les Freux ? La messe est dite.

Veux-t-on encore que ces pays participent à la Francophonie, dont le Niger fut un des pays-fondateurs ? Il faudrait redéployer des écoles de français dare dare car les systèmes éducatifs nationaux sont en cours d'effondrement partout, nous dit S.E. Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux Nations Unies. Une dernière réflexion : un trait commun aux trois coups d'Etat : ils sont soutenus à fond par la jeunesse de ces pays. De quoi méditer sur la nôtre.


Postscriptum du 13 août 2023

Les books de Tombouctou (ne pas confondre) peuvent prendre les paris : il ne se passera rien à Niamey que nous puissions comprendre.
Les fiers-à-bras de la CEDEAO n'ont aucun moyen d'engager la bataille avec une éventuelle coalition quadripartite des juntes (Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger) renforcée de quelques appuis aériens pilotés par qui l'on sait.
La France est tétanisée par une condamnation panafricaine de néo-colonialisme pour peu qu'elle bouge les compagnies qui protègent les deux bases françaises nigériennes du dispositif Barkhane, faisant mine d'aider l'opération spéciale des pays de l'ouest.

Une fois encore, M. Macron a méjugé la situation réelle du pays-hôte. Avec un âge moyen de sa population de quinze ans (les images des manifestations le montrent bien) ce pays pauvre n'est pas pour autant dépeuplé avec 23 millions d'habitants. Sans ressources importantes, sans rente minière autre que celle de l'uranium, le défi est colossal ; et on reprochera toujours à la France de ne l'avoir pas résolu. Les sanctions africaines sont dures mais ne peuvent aller jusqu'à augmenter durablement la misère du peuple nigérien qui est déjà grande. Donc elles seront levées sur injonction de l'Union africaine avec un emballage africain typique de l'équilibre des ethnies calculé au pouvoir de nuisance.

Finalement, que lui chaut un califat sahélien à notre président houppe-au-vent ? Les plus hautes autorités musulmanes sont venues aujourd'hui à Niamey. Tout se terminera sous l'arbre à palabres où la France sera exclue comme elle vient de l'être du sommet des BRICS en Afrique du Sud. Les ethnies concurrentes trouveront un modus vivendi qui sera périodiquement brisé par l'une des parties, ce qui convoquera tout le monde à de nouveaux bavardages, et le cycle tournera, c'est sa définition. Ça fait mille ans que ça dure. Macron dégage !

manifestation à Niamey contre les bases étrangères

Notre vrai problème est de dégonfler la pression à l'émigration. La nature politique des régimes sahéliens n'y contribue pas car le développement nécessaire n'est pas lié directement à la "démocratie" mais aux capacités de réception et gestion des fonds et compétences par les autorités locales. La France peut parfaitement participer dans un cadre international (projets ou banques), et à l'occasion arguer de son passé colonial pour n'y pas toujours venir. L'intelligence au pouvoir ? C'est peut-être beaucoup demander aux technos playmobil que nous avons ; on n'est pas sortis des ronces !

Il faut demander aux Tchadiens ce qu'ils comptent faire avec la coopération française et dans le doute, faire le paquetage et laisser le Sahel dans la tenaille géopolitique entre l'Algérie au nord et le Nigeria au sud... et basta ya !
Comme l'a dit tout récemment le président centrafricain : "Nous n'avons rien contre les Français, nous voulons simplement gouverner chez nous !"

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