mercredi 14 mars 2007

Exhortation pontificale

Benoît XVIL' Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis est parue. Le fascicule complet publié par le saint Siège en cliquant ici

Finalité de l'Exhortation (texte pontifical)
« Cette Exhortation apostolique post-synodale a pour but de reprendre la richesse multiforme de réflexions et de propositions apparues dans la récente Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques – à partir des Lineamenta jusqu'aux Propositiones, en passant par l'Instrumentum laboris, les Relationes ante et post-disceptationem, les interventions des Pères synodaux, des auditores et des délégués fraternels –, dans l'intention de développer certaines lignes fondamentales d'engagement, destinées à raviver dans l'Église un nouvel élan et une nouvelle ferveur eucharistiques. Conscient du vaste patrimoine doctrinal et disciplinaire amassé au cours des siècles sur ce Sacrement, et accueillant le souhait des Pères synodaux, je désire surtout recommander dans le présent document que le peuple chrétien approfondisse la relation entre le Mystère eucharistique, l'action liturgique et le nouveau culte spirituel qui vient de l'Eucharistie, en tant que sacrement de l'amour. Dans cette perspective, j'entends mettre la présente Exhortation en relation avec ma première Encyclique Deus caritas est, dans laquelle j'ai parlé à plusieurs reprises du sacrement de l'Eucharistie pour souligner son rapport à l'amour chrétien, en référence soit à Dieu soit au prochain: « Le Dieu incarné nous attire tous à lui. À partir de là, on comprend maintenant comment agapè est alors devenue aussi un nom de l'Eucharistie: dans cette dernière, l'agapè de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son œuvre en nous et à travers nous ».

Après les ouragans de charité et le cri des convulsionnaires de Saint-Martin qui découpent le manteau des autres et rarement le leur, voilà un homme d'église qui s'occupe de notre âme et pas de météo. Il y a des centaines de structures caritatives qui essuient les larmes hypocrites de notre culpabilité pour que l'Eglise revienne enfin (un jour ...) à son essentiel : l'âme du corps en quelque état qu'il soit. Faut-il être sevré de spirituel pour s'en apercevoir malgré la discrétion volontaire des médias français qui titrent en page intérieure sur le refus du mariage unisexe et le célibat des prêtres. Encore ont-ils sauté la sacralisation du dimanche (cote 74) qui contrevient aux espérances mercantiles de Vélizy 2. De tout le reste ils ne comprendront rien.

Pas plus que nous ne sommes théologien nous ne saurions commenter au fond la doctrine Ratzinger, la supposant par avance d’une orthodoxie impeccable. Avant le paragraphe le plus important que nous avons choisi de vous offrir en conclusion de ce billet, nous nous arrêterons un instant sur la finesse du réglage de Benoît XVI dans sa contemplation de la société des hommes et des limites de son implication. C'est la cote 89 (in extenso sauf les renvois) :

« L'union au Christ qui se réalise dans le Sacrement nous ouvre aussi à une nouveauté dans les rapports sociaux: « la “mystique” du Sacrement a un caractère social ». En effet, « l'union au Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul; je ne peux lui appartenir qu'en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens ». À ce propos, il est nécessaire d'expliciter la relation entre Mystère eucharistique et engagement social. L'Eucharistie est sacrement de communion entre frères et sœurs qui acceptent de se réconcilier dans le Christ, lui qui a fait des Juifs et des païens un seul peuple, abattant le mur d'inimitié qui les séparait (cf. Ep 2, 14). C'est seulement cette constante tension en vue de la réconciliation qui permet de communier dignement au Corps et au Sang du Christ (cf. Mt 5, 23-24). Par le mémorial de son sacrifice, il renforce la communion entre les frères et, en particulier, il pousse ceux qui sont en conflit à hâter leur réconciliation en s'ouvrant au dialogue et à l'engagement pour la justice. Il est hors de doute que la restauration de la justice, la réconciliation et le pardon sont des conditions pour bâtir une paix véritable. De cette conscience naît la volonté de transformer aussi les structures injustes pour restaurer le respect de la dignité de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. C'est au moyen du développement concret de cette responsabilité que l'Eucharistie devient dans la vie ce qu'elle signifie dans la célébration. Comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer, ce n'est pas le rôle propre de l'Église de prendre en charge le combat politique pour réaliser la société la plus juste possible; toutefois, elle ne peut et ne doit pas non plus rester à l'écart de la lutte pour la justice. L'Église « doit s'insérer en elle par la voie de l'argumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans lesquelles la justice, qui requiert toujours aussi des renoncements, ne peut s'affirmer ni se développer ».

Même si la doctrine sociale bimillénaire de l'Eglise est réaffirmée ensuite (cote 91), on n'en est plus à prioriser saint Vincent de Paul ou l'abbé Pierre, comme il apparaît trop souvent en France où le caritatif dévore tout. L'âme est en bien plus grand péril !

Chemin faisant, l'universalisme de la catholicité est heureusement souligné par l'appel du pape en faveur d'une renouveau du culte latin et du grégorien dans les rassemblements internationaux. Les rockeurs du dimanche en seront attristés. Extrait de la cote 62 traitant de la langue latine :
" Pour mieux exprimer l'unité et l'universalité de l'Église, je voudrais recommander [...qu']excepté les lectures, l'homélie et la prière des fidèles, il est bon que ces célébrations soient en langue latine; et donc que soient récitées en latin les prières les plus connues de la tradition de l'Église et éventuellement que soient exécutés des pièces de chant grégorien. De façon plus générale, je demande que les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en latin, ainsi qu'à utiliser des textes latins et à utiliser le chant grégorien; on ne négligera pas la possibilité d'éduquer les fidèles eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin, ainsi qu'au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie."

No comments. La Conférence Episcopale se mouche bruyamment. Bob Dylan aussi !

Extrait du paragraphe 70 en guise de conclusion:

Le culte spirituel

En communiant au Corps et au Sang de Jésus Christ, nous sommes en effet rendus participants de la vie divine de façon toujours plus adulte et plus consciente. Cela vaut aussi de ce que saint Augustin, dans ses Confessions, disait du logos éternel, nourriture de l'âme; mettant en relief le caractère paradoxal de cette nourriture, le saint Docteur imagine s'entendre dire : « Je suis la nourriture des grands. Grandis, et tu me mangeras, tu ne me transformeras pas en toi, telle la nourriture de ta chair; mais c'est en moi que tu te transformeras ». De fait, ce n'est pas l'aliment eucharistique qui se transforme en nous, mais c'est nous qui sommes mystérieusement changés par lui. Le Christ nous nourrit en nous unissant à lui; « il nous attire en lui ».

Heureux donc ceux qui croient !

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