jeudi 30 novembre 2006

Vocation française et FERA

Fédération des Etudiants Royalistes d'AquitaineLa France a-t-elle une vocation, c'est le thème d'une conférence-débat de la FERA à Bordeaux mercredi prochain. C'est le sujet gascon par excellence pour un cercle royaliste : Les trois mamelles de Sully, Fontenoy, les Lumières, Austerlitz, il y a de quoi se disputer. Souhaitons à la Fédération aquitaine une belle guerre d'un soir sur ce sujet. On est prié de venir accompagné de sa rapière au n°1 de la rue des Lauriers à 20h30 précises ce mercredi 6 décembre, pour la Saint-Nicolas.

Retour au présent.
C'est la République et ses succédanés impériaux qui ont inventé la vocation universaliste de la France, jusqu'à transformer l'essai par un immense empire colonial destiné à assouvir notre besoin de justice-pour-tous mâtinée d'égalité, sans omettre l'indispensable liberté que nous avons offerte à nos indigènes z'ébahis devant tant de mansuétude constitutionnelle !
Le régime capétien s'était contenté pour la France du rôle central de pivot, moyeu, moteur de l'Europe. Mais apparemment cela ne suffisait pas à nos ambitions nationales. Nous voulions "soumettre" ! Nous soumîmes ... et fuîmes par après ... à grande enjambées.
Où en sommes-nous ?

Le pays n'a pas bougé sur la carte, il est plein centre, comme le dimècre diraient certains de nos voisins que nous agaçons. C'est un avantage comme c'est aussi une grande responsabilité. Bien que nous ayons cru devoir y échapper quand le général De Gaulle décida de créer un trou noir de 550000 km² au coeur de l'Alliance atlantique, la vocation de la France reste un certain leadership de l'Europe continentale dans ses domaines de prédilection : les arts et manufactures, le luxe insolent, l'agroalimentaire et surtout la Loi.
Nous excellons dans les industries de pointe (militaires souvent), à commencer par le nucléaire, puis les arts dès qu'on les soustrait au jugement de Jack Lang, nous restons inégalés dans les parfums et tout l'inutile mais si indispensable, et la gastronomie que nous réinventons en continu, et un peu moins dans le domaine juridique qui devrait être notre grand chantier de demain avec l'environnement. Certains secteurs nous comptent aussi dans le peloton de tête, mais nous devons partager les lauriers avec d'autres, comme dans le ferroviaire, l'aéronautique, la navale, la biochimie, la bancassurance.

Mais reconnaître cette vocation naturelle pétrie par nos espaces et notre histoire ne garantit en rien sa pérennisation. Par contre on peut en garantir la pertinence quand des non-français nous convoquent pour l'assumer. Nous sommes appelés par beaucoup d'étrangers francophones à "dominer" les secteurs de la culture, du droit international et de l'art de vivre, sous son nom moderne d'écologie. Ajoutons-y de quoi faire bouillir les autres chaudières de notre économie, et allons-y gaiement.

Quel est donc, ou devrait être, le dessein de l'Etat français pour accomplir complètement la vocation de la France ?

Logiquement la première action serait de retrouver les moyens nécessaires à l'accomplissement de ce dessein en assainissant la situation financière du pays. Il faudra une génération au mois pour nous extirper de ce désastre démocratique au prix d'une révolution quasi-civilisationnelle, le confort de notre modèle social étant intenable pour les générations montantes. Mais le monde tourne plus vite qu'autrefois, et on ne peut attendre d'être redevenus sérieux dans la gestion de notre société pour prendre nos marques dans nos domaines de prédilection et lancer des actions conservatoires.
Dans l'état calamiteux de nos moyens, nous devons impérativement privilégier les approches neutres budgétairement, et si possible rémunératrices en emplois. Il faudra commencer donc par redéployer l'existant.
Ciblons les champs d'action et leurs limites, sans oublier qu'ils devront être labourés tous simultanément.

ENVIRONNEMENT :

- Arrêtons les conférences ! Défions-nous des taxations !
Il faut pousser la recherche scientifique et technologique pour que produire et vivre propre rapporte plus que de le faire de manière sale. De même faudra-t-il découvrir des produits et services qui rapportent beaucoup à leurs inventeurs, d'où qu'ils viennent. Commençons par exemple par instaurer mondialement la gratuité des dépôts de brevets dans le chapitre écologique.
L'intérêt personnel est un puissant moteur économique ; on le voit dans l'émergence du mammouth chinois qui a commencé à s'arracher à sa crasse misérable quand Deng Xiaoping a appliqué le champ magnétique du capitalisme au peuple des Hans ; chacun s'est tourné dans le bon sens et s'est mis à bosser pour soi-même ; même les fonctionnaires indolents se sont jetés dans les joint-ventures. La parade provocante des milliardaires chinois entretient la flamme dans le peuple qui croit en la bonne étoile de n'importe qui. Et c'est ce qui compte en fait !
C'est à mon sens la clé du défi énorme mis en scène par Al Gore et Nicolas Hulot. Les grosses machines administratives ne nous sauveront pas. La fourmillière humaine intelligemment magnétisée, si !
Mettons de l'argent dans la recherche.

FRANCOPHONIE ET VOCATION MARITIME :

- Ne mélangeons pas l'expansion culturelle et la mise sous curatelle de certains pays autrefois soumis à nos lois. C'est le retour de bâton assuré et d'expérience ça ne nous rapporte rien. Sachons brider nos ambitions et ne pas nous disperser pour une gloire sans lendemain. Le cas du Vietnam est exemplaire.
Nous avons cru et le Quai le pense encore, que de ranimer les cendres de notre influence en Indochine allait ouvrir un boulevard à nos entreprises. Elles ont été reçues ni mieux ni plus mal que les autres, et resteront loin derrière les acteurs de la région, tous asiatiques (c'est normal). En dehors d'une très petite élite francophone qui est flattée par les invitations diplomatiques, il n'y a pas de résurgence française au Vietnam. La démarche est à la limite, romantique. En passant, on n'en trouve pas beaucoup plus au Cambodge où les investisseurs asiatiques et australien tiennent le haut du pavé, à bourse ouverte.
Ceci pose indirectement la question de la vocation maritime de la France qui est le trompe-couillon parfait pour obtenir des crédits militaires, finalement inutiles.

Si la France a depuis longtemps des intérêts outremer, elle n'a jamais eu une vocation maritime, hors la grande époque des découvertes. Elle est d'ailleurs la seule au monde à avoir sabordé son escadre avant même de subir le feu de son ennemi ! Je doute qu'un équipage anglais ait obéi aussi parfaitement à cet ordre de destruction ; c'est contre les gènes britanniques de couler son bateau soi-même ! Chez nous, apparemment pas de difficulté !

Même si nous avons de grands marins, nos regards ne sont pas tournés depuis des siècles vers le large. Notre capitale est au milieu des champs de bettraves, pas au bord de la mer. La grande exportation française a longtemps été une économie d'aubaines, en dehors de la zone franc protégée. Nous n'avons pas beaucoup d'expatriés dans les régions à fort potentiel mais difficiles. Les Français ne sont généralement pas bilingues.

Illustration :
Au même moment où nous poursuivons la chimère de la francophonie en Indochine, nous nous rétractons à Riga sur la mondialisation de l'OTAN au motif que nous ne saurions d'aucune manière être impliqués dans une fâcherie sur le détroit de Formose ! Cela veut bien dire que nous ne sommes pas à l'aise dans le Pacifique Nord, ni sur les mers adjacentes. D'ailleurs nous n'y sommes venus que dans le sillage des Anglais pour dépecer la Chine, et nous en sommes repartis un demi-siècle avant eux à la rétrocession volontaire de Kouang Tchéou Van, port cédé par l'Empire dans les mêmes conditions que la péninsule de Kowloon !
Inutile de nous épuiser dans des terres stérilisées ; mettons des moyens plutôt sur le Japon qui nous aime tant dans le domaine des arts ! Nous en retirerons cent fois plus pour la francophonie.
Faisons plus où nous percevons de l'écho, n'insistons pas quand il ne s'agit que de notre incommensurable vanité.
Redéployons !

DROIT INTERNATIONAL :

Il y a une formidable carte à jouer pour la France qui va passer de puissance moyenne au rang de premier des petits, ce qui mettra en discussion son siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU : c'est le Droit.
Pour le moment, les relations entre les pays sont soumises au droit anglo-saxon qui laisse un goût amer pour les pays émergents, d'avantager le plus souvent les pays rédacteurs. Forcés de transposer le droit américain dans leur législation, les pays du Tiers-monde, et surtout la Chine, l'Inde, le Brésil et plus largement toute l'Amérique latine, sans oublier les tigres asiatiques - sauf Hong Kong qui joue le jeu -, ces pays essaient tous d'en atténuer les contraintes par une application paresseuse des sanctions ou par le contre-feu de dispositions non tarifaires et non juridiques. En cela ils suivent l'exemple du Japon qui avait exercé ces représailles avec constance et finesse quand il avait dû entrer au GATT (ancêtre de l'OMC) pour crever l'industrie yankee.

Un corpus juridique découplé des obsessions mercantiles et réellement équilibré entre les parties prenantes est à construire. Le pays qui produira cette charte mondiale acquerra une autorité du plus haut niveau et pour longtemps. C'est un gros travail, sur budget d'Etat. Mettons des moyens dans la réinvention du droit international. Nous construirons ce faisant notre propre abri.

Ces axes ont été déjà explorés dans ce blogue sous le titre "Une diplomatie refondée".

La balance © Visualparadox

Reste la décoration.

La France a une longue histoire militaire, ternie, c'est vrai, par le désastre de Sedan et la débâcle de Juin 40. Néanmoins la qualité est toujours là. Nous le prouvons chaque jour. Construisons une armée nickel-chrome, à la mesure de nos moyens, afin d'obtenir l'irréprochable dans nos engagements, et promouvoir la sophistication française dans la mise en oeuvre des aides techniques. Nous savons tout faire. Allons-y ! Que l'armée française, quand elle est engagée, soit crainte !

Pour ce faire, abandonnons les coûteuses opérations pseudo humanitaires ou de gendarmerie africaine, et ne gardons que les opérations de choc et de mise au pas ! Nous allierons les économies budgétaires à la promotion d'une image propice à tous les autres domaines dans lesquels nous travaillons.
Quand la Légion aura supplanté les Marines dans les jeux vidéo des gamins du monde, nous aurons gagné. Et nos industries aussi.


Bonne chance à la Fédération des Etudiants Royalistes d'Aquitaine dans son débat de mercredi prochain.
1 rue des Lauriers à 20h30, n’oubliez pas !

lundi 27 novembre 2006

Audiences

Messe tridentine


Excellent reportage de Portemont à la Mutualité pour les Manants du Roi. Dit en passant, que ferions-nous, royalistes, sans les Manants du Roi ?
Le 20 novembre, à l'invitation de l'Institut du Bon Pasteur, la salle louée réunissait de 7 à 800 personnes attirées par le débat sur le Motu Proprio espéré de Benoît XVI pour le retour de la messe de saint Pie V dans la liturgie ordinaire de l'Eglise.
Nous vous renvoyons à l'article annoncé par le titre "La Route sera-t-elle encore longue ?"

Nous volons aux Manants ce raccourci de l'abbé de Tanoüarn pour nous assurer qu'il reste bien sur son sillon :
« Je crois que le dialogue n’est pas un instrument de conversion… Tout le monde pensait la même chose sans le savoir. Le temps des antiquités théologiques est passé. » Pour ou contre la mondialisation ? « Il s’agit d’être contre la globalisation des esprits. Les années 70 ? Globalité mentale ! C’est une fantaisie de « l’homme blanc ». Accepter les différences, là, le dialogue est plus difficile. Le dialogue de la différence. Ratisbonne. Loin de l’utopie d’une certaine lecture du Concile. »

L'article étant déjà fait et bien fait, nous n'allons pas en remettre, mais seulement faire un constat : Sept à huit cents personnes un soir pluvieux à Paris, à l'appel plutôt discret du Bon Pasteur, c'est un vrai score ! Bien sûr que le "mouvement" du pape déborde la simple question liturgique, et les intervenants au débat ont largement dépassé le retour du latin sous les voûtes des églises. Mais la question n'est ni essentielle ni urgente par rapport à d'autres questions infiniment plus préoccupantes pour notre pays, à commencer par le déclin avéré de notre nation dont les valeurs ont été décapées à blanc par trente ans de déculturation et de lâcheté des élites. L'aboutissement de cet abandon général de l'essentiel de notre patrie est la confusion des esprits la plus nouée, qui pousse les gens à se réfugier dans la consommation quand ils le peuvent, ou dans une rancoeur universelle sinon, le moins pire étant le désintérêt pour tout.

Face à cet effondrement moral, le spectacle que nous donne en version non stop la classe politique française, appelle un sursaut national dont le premier acte devrait être le congédiement général des pilotes et le retour à une professionnalisation de l'Etat sur ses axes majeurs. La seule queue de trajectoire doit être la pérennisation de l'espace France au XXIè siècle. Parce que cette France peut encore apporter autour d'elle et au plus loin aussi, ses valeurs intellectuelles et culturelles spécifiques, et son génie scientifique aussi, et dans le même élan, ce quelque chose d'indéfinissablement français qui nous fit aimer autrefois, mais que les cuistres au pouvoir ont remplacé par de la suffisance.

Royalistes, nous avons les arguments pour convaincre nos concitoyens de repenser complètement notre Etat en arrachant la pointe de la pyramide au jeu de massacre démocratique, et de remettre à cette place éminente, un roi indépendant.

L'ampleur du changement politique que nous proposons, comme l'urgence de bouger toutes les limites avant que la Nation ne connaisse ce destin portugais que le général De Gaulle craignait tant, devrait convoquer la foule en nombre à la Mutualité. Il n'en est rien. Les meilleurs scores que nous faisons sont sans rapport à celui obtenu quasi-spontanément par la messe en latin.
Pourquoi ?

Parce que la prétention monarchiste est ressentie - quand elle est connue - comme un échappatoire de doux dingues face aux "problèmes sérieux" ; du même tonneau que le transbordeur raélien vers Alpha du Centaure. Presque !

Deusio, parce que le principe que nous savons si bien démontrer n'est pas explicitement incarné.
Pourquoi ?

L'offre politique restera du domaine fumant tant que nous ne serons pas passé par la construction théorique de l'Etat préconisé et que nous ne l'aurons pas affichée haut et clair. Qu'est-ce qui empêche de le faire ? Aucun système précis n'est évident et en l'absence d'indications précises des prétendants, chacun peut échafauder à bon compte sa petite monarchie personnelle. Ceux qui nous approchent pour découvrir une offre politique "originale" sont vite déçus de constater que nous ne sommes pas d'accord entre nous, sur la base même de l'épure. Sans parler de la querelle dynastique qui décrédibilise le mouvement dès le moment où l'on envisage une mise en application.
Schéma étatique. C'est à se demander quelquefois si les prétendants ont une réponse claire à cette question centrale. On a beaucoup l'impression que les circonstances guideront le nominé, et comme la probabilité d'accession se fonde pour la plupart de nos experts sur un désordre insupportable et généralisé dans le pays, on comprend vite que nous devons dare dare nous mettre au braille pour les suivre. Ici, le Dauphin nous raconte que la monarchie républicaine est le bon précipité politique, oui mais encore ? ; là, il suffit à l'Aîné "d'être" et d'attendre, pour faire quoi ? on n'en sait rien véritablement. Souhaitons que ces jeunes gens gardent leur portable ouvert au cas où nous aurions besoin d'eux. Mais leur impérieuse nécessité commence à se discuter.

Ainsi donc, un système politique assez vaseux en dehors de ses trois grands principes, incarné par des timides, ne peut pas réunir au pied levé, un public aussi nombreux qu'une simple messe en latin, malgré l'enjeu.

Il faudrait peut-être communiquer de manière lisible par tous, en s'appuyant sur un candidat intéressé.

RIPOSTES ?

le MenhirCe dimanche, l'émission de Serge Moati était consacrée à Jean-Marie Le Pen. Il a été plutôt meilleur que bon et certains de son camp doivent se dire que s'il ne s'était pas enlisé dans les "détails" il y a vingt ans, il aura fait une autre carrière que celle de poubelle aux mécontents. L'émission fut un catalogue de diagnostics. Le vieux leader du Front a dénoncé les contraintes insoutenables d'un Etat souteneur, l'incapacité des dirigeants actuels d'appliquer leurs propres décisions, la prébende générale aux dépens des travailleurs et notre déclin. Les intervenants ont convenu du même diagnostic en refusant chaque fois par principe celui énoncé par JLMP pour finir à la fin de leur intervention par abonder au tonneau national.
L'émission a dû faire une bonne audience. Et sans être surexcité devant mon poste et même un peu distrait par moment par le train ma maison, j'en ai retenu sans effort l'essentiel. Et bien plus que "l'immigration zéro" qui faisait bondir l'agent d'ambiance de François Bayrou, complètement largué dans le débat.
C'était une bonne leçon de communication, donnée par un vieux leader de 78 ans, qui a tenu toute l'émission sans une note. "Pense clair" dit La Royale. Il faudrait rajouter pour les temps actuels :

" Parle clair !"

mercredi 22 novembre 2006

Le charme pervers de la démocratie

© Artepictura


Démocratie émolliente. La politique du chien crevé au fil de l'eau populaire. La belle égérie de la Gauche de gouvernement réitère son constat de vacuité, en convoquant le peuple innombrable et magnifique qui l'a portée au seuil du pouvoir, à la rédaction de son programme de démocratie participative qui s'ouvre par la maxime de saison : "Ne mécontenter nul qui vote".
Le catalogue qui risque fort de ne mettre en forme que des brèves de comptoir va certainement enchanter les doctrinaires pur-marx du parti socialiste qui chauffaient sur leur sein des constructions politiques sophistiquées bien trop complexes, à dessein.
Le catalogue Royal à la Dubout démarre avec l'encadrement militaire des racailles, les jurys populaires, l'homoparentalité si elle passe à la Chambre, le dégrillage des moukhères et l'arrêt de la chasse à la baleine. La mère-protectrice de la Nation attend vos suggestions sur Désirs d'Avenir.

Si les candidatures à droite se multiplient, le second tour des présidentielles verra la victoire de madame Royal sur monsieur Le Pen. La Cinquième puissance mondiale en voie de régression rapide au dixième rang, va prendre le toboggan de son irrémédiable déclin sous le coaching d'une débutante, très autoritaire et sure d'elle, ainsi que me l'ont confié des élus de la région qu'elle administre d'une main plutôt partisane et lourde.

Les défis que notre monde va accrocher à la Grille du Coq (la mal-nommée) un certain lundi matin du prochain mois de mai, dépassent de vingt coudées les capacités de l'impétrant, à voir les zéros pointés qu'elle a obtenus à l'examen de politique étrangère passé lors des débats internes au parti. Cette médiocrité est la queue de trajectoire de cette démocratie directe qu'est devenue la république parlementaire indocile française, par le coup d'état gaullien de 1962 qui arrachait le choix suprême au collège électoral des notables pour distribuer les rênes de la Nation à l'indivision des citoyens.

Les circonstances politiques un moment favorables à quelqu'un, amplifiées adroitement par une campagne d'images très contrôlées mais sans ossature dogmatique indigeste, et relayées par la cohorte de prébendiers avisés et ambitieux, peut faire resurgir des urnes celui ou celle-la même que la manoeuvre y a introduit préalablement. Ainsi a-t-on mis Ségolène Royal dans la boîte avec une araignée qui pique, et on est sûr à 100% que le peuple n'aura d'autre choix que de confirmer son engouement premier, en laissant crever la vilaine araignée et en tirant la jolie mignonne. Ne vous méprenez pas, c'est du bourrage d'urnes.

La démocratie populiste est la pire escroquerie puisqu'elle s'ouvre à toutes les manipulations professionnelles des inamovibles de la Nomenklatura. Nous obtenons cette fois un pur produit marketing. Quoique les deux fois précédentes le sort avait été inspiré par les Guignols de l'Info, ce qui n'est pas mieux.
Mais nous ne sommes pas les seuls. Le système américain a par deux fois porté Bush junior à la Maison Blanche et le système italien, Berlusconi.

Cet enlisement politique dans la crasse mercantile n'émeut pas outre mesure les crânes d'oeuf qui prétendent à la stature de chef d'Etat. Un certain Laurent Fabius expliquait avant d'être battu, que la victoire de la Gauche impliquait de favoriser ouvertement les classes traditionnellement socialistes afin de ne rater aucun bulletin. Ainsi au lieu de réclamer 35 heures effectives aux enseignants, il valait mieux leur promettre des embauches pour décharger les classes !
Et d'enfoncer le clou en voulant tirer le projet socialiste du côté où il y a de son point de vue le plus d'électeurs disposés à voter pour lui. C'est légitime en démocratie.
Parmi nos lecteurs il y en a certainement qui viennent de tiquer sur ce paragraphe : où est le mal à chercher des voix ?

Sauf qu'il ne s'agit plus de convaincre mais d'aguicher.

Et c'est à cause de cette facilité d'accès par l'image que la classe politique est tellement remontée quand elle voit surgir sur l'estrade un grand communicateur qui va lui manger son pain. Nicolas Hulot, Joseph Bové, Bernard Kouchner, Jean d'Orléans, chacun dans leur genre, sont des "tueurs" de politiciens parce qu'ils crèvent l'écran. Même des acteurs terriblement de gauche comme ils le rabâchent eux-mêmes, mais au quotidien des crapules avérées, sont ressentis comme des ennemis redoutables par les caciques des partis, puisqu'il suffit de pas grand chose pour percer le mur de la notoriété et les mettre dans l'ombre de la caméra. Pas de noms à peine d'assignation, car les salopards sont équipés en conseils. Mais imaginez le score qu'aurait fait un Yves Montand si au lendemain d'une de ses conférences à TF1 où il crevait les plafonds d'audience, il s'était porté candidat à la magistrature suprême ?

Attrape-mouches, attrape-masse.
Si la Loi du Nombre garantissait au niveau de l'Etat central la sagesse, la pertinence des analyses, la force des décisions, pourquoi devrait-on s'insurger contre le théorème démocratique ? Et pourquoi serait-il interdit que ce nombre soit acquis par des démonstrations brillantes au tableau noir comme savait si bien les présenter Giscard d'Estaing, ou mieux encore par des reportages de plage dans Paris-Match, puisque cela ferait de toute façon Le Nombre.

Las, le souvenir est depuis longtemps enfui, de la sagesse, de l'analyse juste et du comportement décisif de nos gouvernements. Depuis le départ de Mitterrand, dernier président maurrassien, plus personne ne commande seul, d'instinct, sinon pour exercer un caprice. Or le Monde va extraordinairement vite par ces temps-ci, aussi vite qu'un F16 de Tsahal.

Qu'importe ici la solitude du chef puissant quand le dogme du Nombre prime tous les autres. La République se gouverne par soviets. En chacun, majoritaires, vous aurez toujours politiquement raison. Vous rechercherez cette majorité par le consensus, le plus petit commun dénominateur, le moindre mal, le politiquement correct et l'électoralement positif voire neutre. Tout est partout délibérément compté pour atteindre à la "vérité", jusqu'à se défausser sur le corps électoral de ses responsabilités si d'aventure les choses tournaient mal pour telle ou telle catégorie sociale. C'est moche ? mais la décision est légitime du moment qu'elle a été soumise au vote et approuvée. C'est finalement cette dictature de la bêtise amassée en majorité qui est insupportable.

Le système est intrinsèquement pervers au sens littéral, il se dégrade naturellement en démagogie broyeuse des petites minorités quoiqu'on y fasse. La démocratie française télévisée est aujourd'hui à la merci de Procter & Gamble, lessiviers internationaux réputés pour leur approche pointue des marchés de consommation.

J'ai beau chercher, je ne vois aucune autre parade à cette décrépitude que de sortir au moins les deux ou trois plus hautes fonctions décisionnelles du jeu démocratique afin d'en garantir l'imperméabilité aux procédés du marketing.

C'est là que le roi a tout son rôle dans le cadre étroit et précis d'une monarchie héréditaire présidant aux libertés les plus larges de la Nation.
Dignité et compétence, expérience ancestrale, éducation spécifique, souci de l'avenir et de la transmission de la maison dans le meilleur état possible, représentativité, charisme naturel éclairé par l'affection populaire, rajeunissement automatique du titulaire de la charge, et in fine pertinence du décorum.
Il n'y a que des avantages.

Il ne reste plus qu'à convaincre nos concitoyens qu'ils se sont laissés embarquer à l'insu de leur plein gré.
Easy !

En attendant, importons une vraie pointure à talons d'acier, forgés dans les canons pris à Stalingrad :
la vraie belle de fer

mardi 21 novembre 2006

Sortir de la Matrice

matrixSortir de la Matrice, telle était l'annonce de la conférence organisée au début du mois par l'AFE, Action Française Etudiante. Il s'agissait de s'arracher au lavage de cerveau qui depuis deux cents ans nous impose le mythe républicain. Comme le dit Jean-Philippe Chauvin : « ce mythe se veut exclusif et se revendique le « tout » de la France, au point d’oublier que la France, ce n’est pas, en elle-même, la seule période républicaine. La République fait croire que tout ce qui lui opposé ne peut être que le mal, le diable, l’ennemi des libertés, etc. »
Pour sortir de la Matrice, contentons-nous d'analyser les valeurs que le régime brandit au fronton des édifices publics.

Liberté

S'il est vrai que la Révolution, quand elle eut cessé de boire le sang de ses adversaires, apporta le principe de la liberté individuelle, elle se limita au principe, et il faudra attendre la Troisième République pour apercevoir un début d'application. La liberté n'était-elle pas le ver dans le fruit de l'universalité de l'homme nouveau. Comment inculquer ces valeurs indispensables proférées par nos Lumières à des esprits vulgaires et libres de dire, faire et aller où bon leur semble ? Le citoyen fut longtemps limité à sa liberté de penser in petto ; et encore de nos jours est-il coupable de penser tout haut des "choses" répertoriées comme à dire tout bas. Les autres libertés furent très rapidement encadrées par tous les régimes qui se sont succédés jusqu'à nos jours, et même présentement ne voyons-nous pas une remise en cause de la liberté de voyager par l'analyse biométrique préalable du candidat à l'ailleurs ? On pourrait faire une longue liste de toutes les contraintes qui annulent le principe même de liberté en République qui a hérissé le gouvernement de nous autres de règlements à propos de tout. Et nous sommes si bien conditionnés par la Matrice que nous en réclamons de nouvelles chaque jour. A la moindre imperfection de notre société doit répondre un projet de loi.
Ce matin encore aux Quatre Vérités de FR2, un député présenté comme président du Club Parlementaire sur l’Avenir de l’Audiovisuel (sic) s'étonnait qu'il n'y ait aucune loi encadrant la possibilité de regarder de la télévision sur les nouveaux supports numériques mobiles. Il avait trouvé un trou dans le grillage, mais en plus il est amusant de noter l'approche du technocrate : il ne s'agit pas de diffuser (la question est réglée), mais de regarder !

Les bons auteurs comme Funck-Brentano nous disent avec une certaine ironie que " ces libertés des français sous la monarchie 'absolue' grouillent, innombrables, actives, variées, enchevêtrées et souvent confuses, en un remuant fouillis" (L’Ancien Régime, 1926). On ne veut pas les croire. D'ailleurs il n'y a aucun reportage télévisé pour le prouver !
Par contre l'impossibilité d'exercer ces libertés par des contraintes économiques, misère, chômage, ou personnelles, handicap, ne peut être mise au débit du régime. Passons à la valeur la plus emblématique.

Egalité

Libres et égaux en droits. A l'instant T de leur naissance ! Les queuillières en or, d'argent ou de plomb se distribuent dès le lendemain, dans le cocon naturel de la famille de chacun. Les plus à plaindre n'étant pas toujours ceux qui n'en ont pas !
La seule vraie égalité républicaine ne se concrétise que de trois façons. L'accès libre à l'école primaire et secondaire (ce n'est pas si mal) ; la conscription lorsqu'elle est en vigueur, même si l'exemption des fils de hiérarques, gendarmes et cabaretiers est d'usage courant ; et l'égalité devant l'impôt à situation fiscale comparable. Hors de ces trois cas, les capacités personnelles, les moyens financiers et les réseaux priment le principe d'égalité. L'égalité ce n'est pas pour les Nuls !

Si l'on argue de l'égalité des chances, il faut préciser à l'interlocuteur qu'elle est comme les allumettes, elle ne sert qu'une fois ! La valeur suivante permet-elle de rattraper le cynisme de celle-ci ?

Fraternité

Des trois, c'est la fraternité, la moins défendue par les tenants du régime républicain. Parce que c'est un leurre, coûteux en plus pour qui la promeut. On préfère parler de "solidarité". Le paysage urbain actuel en montre les limites, les rues et squares se couvrent de tentes bleues d'indigents et les voies de transfert des travailleurs sont assaillies de mendiants qui se disent affamés. La solidarité publique totale est impossible, mais sa perversion induit la banqueroute de l'Etat. Pourtant dans le régime ancien, une solidarité réelle s'exerçait au sein de jurandes et corporations, ou de société de secours mutuel. Le filet social était tendu par l'Eglise qui taxait les communes pour y subvenir, et en dernier recours, ils avaient ces asiles de vieux comme on va bientôt en récréer, maintenant que nous basculons dans la gérontologie à tous les étages.

Deux cents ans de matrice républicaine et la fraternité a fait place à la charité antérieure. La soupe n'est plus servie par les soeurs de St Vincent de Paul aux coiffes aéronautiques, mais par les Restos du Coeur qui sont devenus une entreprise nationale d'envergure, têtes nues.


La République est le régime de la Grande Illusion.
La liberté des esprits et plus généralement celles de la Nation ont foisonné bien avant elle, et ce fut le travail principal des républicains de forger cette matrice qui les nie. Ils perçoivent maintenant que l'aventure est précarisée par les dérives en tous genres en aboutissement logique du mensonge originel. Les moins sincères convoquent à tout bout de chant les valeurs républicaines à leur propre défense, sachant bien que cela ne va plus de soi. Ils croient même virginiser le concept dans une sixième resucée.

Les purs, il en reste, sont effondrés de constater la ruine du grand oeuvre.
Accueillons-les pour les sortir de la Matrice, comme nous avons su y parvenir nous-mêmes !

Post scriptum

Nous entrons en campagne !
Royal-Artillerie, aimablement autorisé par
l'Alliance Royale, publie en fin de chaque billet, une des questions fréquentes auxquelles tout militant royaliste est confronté, avec ou sans commentaire du claviste. Ce soir, la QF4 est dans le ton du billet qu'elle termine.

QF.4 La République a donné l’égalité à tous, l’oubliez-vous ?

Qu’est-ce que l’égalité ? Et comment y arrive-t-on ? En coupant toutes les têtes qui dépassent ? Si c’est niveler pour que tout le monde n’ait plus rien, sauf les apparatchiks, comme en ex-Union Soviétique, alors non merci. Et puis, une société où tout est uniforme est proprement inhumaine. Mais c’est vrai que ce fut le rêve de certains dirigeants politiques du XXè siècle, avec leurs États totalitaires.
NDC : L’égalité en droits proclamée par la Déclaration universelle pourrait être avantageusement complétée de la maxime servie par La Fontaine aux animaux malades de la peste : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Quoi de neuf sous le soleil de la République bientôt relookée par madame Royal ?

jeudi 16 novembre 2006

Séparation des pouvoirs, concept d'impuissance

Dès que l'on aborde la question monarchique, à part de s'en tenir à la pipolisation pérenne de la fonction d'un chef d'état décoratif, on objecte de la confusion des pouvoirs si le roi est actif. C'est imparable ! Non l'objection, mais la confusion.
Mazette ! On versera donc dans le despotisme ? Souhaitons qu'il soit éclairé. A moi, l'éolienne !Locke

Qui sont-ils ces pouvoirs qu'il faut séparer dans le gouvernement du genre humain ? Montesquieu en a trouvé trois, et en regardant bien on pourrait aller jusqu'à cinq si l'on convoquait au débat l'étage supérieur, celui qui commande à toutes choses dans bien des Etats du monde d'aujourd'hui, le pouvoir religieux. Ne compliquons pas et restons à quatre : Législatif, exécutif, judiciaire et médiatique. Réunissons-les dans la même pièce, et l'on s'apercevra que le gorille de 500 kilos dans le coin qui fait peur aux trois autres, c'est le pouvoir médiatique, le faiseur d'opinions !
Normal dès lors que l'on proclame ex-cathedra la souveraineté de l'Opinion. Les trois pouvoirs institutionnels restent à l'écoute quotidienne de cette Opinion, à travers les rapports de police, la lecture des éditoriaux, et ces fameux sondages. Il ne s'agit que de lui plaire, c'est l'alpha et l'oméga de la politique, du moins dans le monde libre.

Observons la séparation entre la Justice et l'Exécutif. On sait bien que c'est un leurre à lire les nominations qui pleuvent des conseils des ministres hebdomadaires. Et si d'aventure se profilait à l'horizon une indépendance judiciaire vite affublée des oripeaux de "la république des juges" par les justiciables de la politosphère, l'exécutif y mettrait bon ordre en reléguant les meneurs dans des postes éloignés des manettes, avec ou sans promotion. Où sont les chercheurs de poux des années 80 ?

Passons maintenant à la séparation entre la Justice et le Législatif. Au motif que la représentation nationale incarne 577 fois la souveraineté du peuple citoyen, elle s'arroge des pouvoirs qui la protègent directement, ainsi que nous l'avons vu à plusieurs reprises par les lois d'amnistie parlementaire. L'initiative de commissions d'enquête ne s'arrête pas aux barrières judiciaires ainsi qu'on l'a vu lors de la mise à sac de l'instruction d'Outreau. En outre, ayant la main sur la convocation de la Haute Cour de Justice de la République, l'Assemblée Nationale y consent dès lors qu'il s'agit de juger l'Exécutif s'il n'est plus majoritaire dans son hémicycle. Cela n'empêche quand même pas que le député de base craigne l'ouverture d'une information judiciaire à son endroit dès lors que l'attaque est soutenue par la Chancellerie de la place Vendôme, donc par l'Exécutif. Tout se tient.

MontesquieuLa question la plus débattue actuellement dans les remugles d'une constituante pour la VIè République est la séparation entre le Législatif et l'Exécutif, afin de retrouver le lustre perdu du palais Bourbon. C'est à ce niveau que la farce est la plus avérée. D'ailleurs il n'est pas innocent que les bancs du parlement soient occupés très majoritairement par les rouages de l'Exécutif, les hauts fonctionnaires, ni Janus ni Mr Hyde, mais très conscients de leurs intérêts.

Si l'on veut bien considérer déjà que la plupart de nos lois et règlement ne sont que la mise en musique de lois européennes, lois cuisinées certes sur les fourneaux de la Commission de Bruxelles, mais approuvées en Conseil européen par les Exécutifs des pays membres, on doute de l'efficacité d'une initiative parlementaire. Sauf à s'ingérer dans le comportemental et régler les moeurs peut-être, au gré du lobbying dominant.
Les ministères rédigent des projets, qui sont soumis à l'approbation du cabinet présidentiel et entérinés en conseil hebdomadaire pour inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée. Celle-ci vote - une majorité parlementaire de la couleur du gouvernement est indispensable dans ce régime - plus ou moins vite avec ou sans amendements. La loi devenue celle de la République, retourne aussi sec dans le ministère originateur, qui va désormais l'interpréter dans les décrets d'application, qui seront publiés un jour prochain (ou jamais) aux portes des préfectures. A part l'interlude du débat parlementaire pour rire, l'Exécutif est à l'initiative et à la queue de trajectoire de la procédure législative, à charge pour lui d'être le plus adroit possible. La séparation revendiquée par les Républicains est une utopie un peu livresque quoique séduisante, le trépied des pouvoirs posé sur le souverain peuple qui lui même nomme à la majorité des attentifs plus un, son lieutenant général pour veiller, à quoi on ne sait plus bien finalement ; ah si ! à la Constitution !

La mécanique politique d'aujourd'hui démontre qu'il n'y a pas de réelle séparation des trois pouvoirs institutionnels, sans doute aussi parce que c'est impossible à gérer. A l'instar de Jean Bodin qui avait détecté la fatuité du concept séparatiste avant même qu'il soit théorisé par Montesquieu deux siècles plus tard, on doit concevoir la monarchie au-dessus de l'étage d'exécution, comme indépendante des pouvoirs régaliens qu'elle assume en les présidant tous.
Pour ce qui est de l'administration de la France, je vote pour une monarchie dans laquelle le roi est soucieux du bien commun, le défenseur des droits et des libertés, respectueux des lois divines et des principes fondamentaux de l'espèce, du droit des gens et des nations (droit international), mais une monarchie active, concentrée sur ses pouvoirs régaliens centraux qu'elle réunit dans la main du monarque, et déconcentrée sur les libertés provinciales, unitaire en revanche dans sa morale publique, sinon absolue au sens latin.

Paradoxalement, on pourrait soutenir que la Démocratie, elle, exige une séparation franche des pouvoirs pour ne pas tourner à la dictature des plus malins s'ils sont suffisamment nombreux mais pas nécessairement majoritaires. L'étroitesse des socles électoraux des gens qui nous gouvernent, annonce les limites de l'intérêt général mis à l'encan d'intérêts particuliers et momentanément convergents. C'est en sus le gouvernement de l'éphémère par le zapping national.

Reste le gorille !
Je le vois s'impatienter dans le coin, attendant que l'on parle de lui. Dans bien des pays le singe est le juge de paix. C'est très évident aux Etats-Unis où la tradition de transparence nourrit la surveillance des faiseurs d'opinions. La liberté d'enquête et de ton de la presse américaine est incroyable et tout à fait impensable chez nous.
Le quatrième pouvoir n'est pas plus séparé chez nous que les autres, même s'il en est apparemment distinct. Il s'exerce sous le régime de la connivence. Le traitement médiatique de l'affaire du compte bancaire des Chirac à Tokyo est un modèle de docilité pour ne pas dire plus. Ajoutons-y la gestion sarkozienne des bouclages de presse et son agenda télévisuel, on comprendra que le gorille français est un ouistiti poussé aux amphétamines, qui sert d'abord la soupe en en renversant beaucoup. C'est malgré tout dans ce domaine que les dés vont être relancés sur le tapis.

La fabrique institutionnalisée des opinions est dépassée par la presse libre, individuelle et portative, qui se multiplie comme morpions dans la blogosphère. On apprend que les principaux bloggeurs politiques "tirent" à 20000 chaque jour, et que des évènements d'intérêt spécial comme la vidéo de Ségolène Royal parlant des 35 heures du corps professoral, totalisent un million de hits ! Ce ne sont plus les gnomes blafards et internétisés dans leurs chambres de bonnes qui s'instruisent devant l'écran de leurs nuits blanches, mais le vulgum pecus qui retrouve le goût du débat gaulois dans le monde paradoxalement concret bien que virtuel. La presse traditionnelle de connivence se meurt et ne servira bientôt qu'à emballer le poisson. Tout y est défraîchi, défloré, rabâché au moment où vous donnez la pièce d'un euro au kiosquier. La circulation de l'information est à réinventer. Le gorille est devenu définitivement cybernétique.

Finalement, seuls les dépositaires du concept original de séparation des pouvoirs ont tenu le cap. Les Etats-Unis ont maintenu les intervalles, y compris dans la carrière politique ou administrative des hommes de pouvoir. Est-ce grâce au quatrième pouvoir ? Sans doute aucun, mais aussi parce que l'empreinte de "nos" Lumières y est plus forte que partout ailleurs, et comme pays neuf déconnecté de traditions millénaires, ils ont appris à faire avec, ce qui est vraiment remarquable !
Nous pas !



Post scriptum

Nous entrons en campagne !
Royal-Artillerie, aimablement autorisé par
l'Alliance Royale, publie en fin de chaque billet, une des questions fréquentes auxquelles tout militant royaliste est confronté, avec ou sans commentaire du claviste.

QF.3 : La royauté, ce sera le retour des privilèges !


Êtes-vous certain qu’aujourd’hui les privilèges n’existent pas ? Allez, cherchez bien, il y en a tellement. Les privilèges n’étaient pas l’apanage des nobles. Chaque ville, chaque profession avaient les siens. N’est-ce pas toujours le cas ? De plus, souvenez-vous que le roi a cherché à combattre le pouvoir des grands seigneurs féodaux et le pouvoir de l’argent. Au contraire, en République, les élus se mettent trop souvent au service des féodaux modernes que sont les lobbies et les groupes de pression, et pas du bien commun comme pourra le faire le roi !

mardi 14 novembre 2006

Edito N°12 de la Gazette

Guerre pour l'eau

Henri d'OrléansCet été la chasse a débuté le 15 août ! Pourquoi ce plaisir de tuer ? Le désir de prouver que l'Homme est de race supérieure ; mais à qui et à quoi, si nous nous comportons comme des sauvages ? Or, chez nous niche un couple de ramiers, entre autres oiseaux qui n'ont pas peur de nous approcher. À la tombée de la nuit, des plaintes, des gémissements : un des ramiers, seul près de son nid pleurait à sa façon l'être aimé qu'un imbécile lui avait fauché d'un coup de fusil. C'est la première fois que j'entends un oiseau pleurer…

Dans notre monde sans repères, une autre chasse, la chasse à l'Homme, une guerre est en train de se dérouler avec sa cohorte de drames humains terrifiants. Mais des véritables enjeux, nul n'en veut parler. Certes Israël aimerait récupérer ses soldats raptés par le Hezbollah. Certes cette composante chiite avec ses instructeurs nord-coréens demeure une épine dans une plaie ouverte au nord d'Israël, et tant qu'elle existe, Israël croit ne pas pouvoir trouver la paix. Certes aussi nous ne pouvons confondre les peuples, qui ont le droit de vivre, avec leur gouvernement.
Mais en dépit de la protection de « l'Empire », Israël s'est contenté, son véritable objectif atteint, d'arrêter les frais. Sinon c'eût été ouvrir la boîte de Pandore, livrant le jeu aux démons d'une guerre totale entre l'Islam radical et l'Occident et à plus long terme, entre les Chiites persans et les Sunnites arabes.

L'eau est le véritable enjeu stratégique pour la vie et la survie des populations de cette partie du Moyen-Orient.
Sans pour autant utiliser les armes, il existe d'autres moyens pour contraindre un peuple à fuir ses maisons, à s'exiler de ses terres. Soyons plus subtils que les Serbes qui se sont livrés naïvement au Kosovo, à une épuration ethnique sauvage, alors, petit peu par petit peu, privons d'eau les Palestiniens.

La première étape donc fut de contrôler le « robinet » des eaux de surface, comme les fleuves Jourdain et Latina, dès juin 1967, en prenant position sur le Golan. Dans la foulée, Israël confie la régulation de l'eau à l'autorité militaire, interdisant toute nouvelle infrastructure ou construction liée à l'eau. Enfin, en décembre de la même année, Israël s'empare de toutes les ressources en eau de la Palestine, les déclarant propriété d'Etat !

En 1982 la société Mekorot créée précédemment par l'Agence Juive et le Fond National Juif, prend le contrôle de la ressource souterraine en eau de la Palestine. Des puits palestiniens sont détruits ou bien asséchés par des forages à grande échelle et à grande profondeur, et ce, pour le seul usage des Israéliens.
Mais restons humains tout de même…
Les quotas en eau vendus aux Palestiniens seront réduits à 10% des eaux pompées à partir des puits en Cisjordanie, et si vous êtes confrontés à des avaries ou des fuites dans votre réseau de distribution, il faudra attendre la semaine des quatre jeudis pour pouvoir y porter remède. Par ailleurs, les soldats israéliens seront fortement incités à s'exercer au tir… sur les citernes des Palestiniens.

Dans le processus de paix engagé à Oslo en 1993, Israël a écarté le thème de l'eau de l'accord final, institutionnalisant de facto le contrôle total sur la consommation et sur la planification de cette précieuse ressource, rendant le système de répartition, non seulement inégalitaire, mais proche du génocide. Et qui peut le souhaiter ? Et l'Occident, sous la pression de l'«Empire», n'a pas osé broncher.
La 26ème mission de protection du peuple palestinien en 2002, n'a pu qu'admirer les vertes collines des colonies juives dans la vallée du Jourdain côtoyant des espaces caillouteux et désertifiés occupés par les Palestiniens. L'agriculture palestinienne est passée de 24% du produit national brut en 1960 à 10% vingt ans après. Le prix de l'eau ne cesse d'augmenter en Palestine, privant les hôpitaux de cette denrée vitale; ainsi de graves problèmes d'hygiène se font jour parmi cette population réduite à la misère et livrée à la haine.

Les divers conflits au Moyen-Orient sont exacerbés par un enjeu vital dans cette région aride : l'eau. La répartition des eaux de surface comme celle des eaux souterraines est devenue source de tension entre Israël et la Palestine, mais également entre les Israéliens, les Turcs et leurs voisins Syriens et Irakiens, tout comme entre l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan.

Les véritables enjeux du troisième millénaire ne sont, en effet, plus la détention d'énergie fossile qui tendra à s'épuiser pour disparaître, mais bien « l'or bleu », sa possession, son exploitation et sa distribution. Contrairement, aux métaux précieux et aux épices, on ne pourra jamais se priver d'eau.
Lorsqu'on examine les bilans des spécialistes, on est en droit d'avoir peur, car déjà plus d'un habitant sur six - sur notre planète - n'a pas la chance de pouvoir tourner le robinet et profiter de l'eau courante. Un milliard deux cent millions d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable.
En déstabilisant durablement l'Irak, seul puissance agricole, industrielle et militaire du Moyen-Orient qui aurait pu contenir l'hégémonie persane et celle des Chiites au détriment des Sunnites, l'«Empire» a indiqué ses choix, permettant à la Perse d'émerger dans le jeu de cette poudrière, mais également à la Turquie de mieux contrôler le débit du Tigre, et particulièrement celui de l'Euphrate.
Quand à Israël, en détruisant les infrastructures aquifères du Liban et en prenant position sur les sources du Jourdain et du Latina, il a déplacé dans le temps la solution de son problème.

Lors de la guerre du Golfe en 1991, l'«Empire» avait demandé à la Turquie de bloquer le cours de l'Euphrate vers l'Irak. Ankara avait répondu : « Vous pouvez utiliser notre espace aérien et nos bases pour bombarder l'Irak, mais nous ne leur couperons pas l'eau ».
La coopération inter-nations concernant l'eau peut et doit examiner, et l'accord de 1987 entre Turcs, Syriens et Irakiens doit être maintenu au nom des droits acquis. Quand au projet d'aqueduc égyptien amenant l'eau du Nil vers Israël et Gaza, il devrait non seulement être fortement soutenu par les instances internationales, dont la France, mais recevoir toute l'aide qu'il mérite.

À l'image de ce que les Maures avait mis en place au Moyen-Âge, « le tribunal de l'eau » à Valence, il conviendrait pour réguler les litiges modernes du Moyen-Orient de suivre cet exemple pour contraindre chaque partie à respecter la vie d'autrui.
L'un des grands enjeux des années à venir se devra d'interdire que quiconque, fut-ce l'«Empire», puisse avoir une mainmise totale, soit militairement, soit par le truchement des multinationales de l'eau, sur une ressource vitale à laquelle chacun doit avoir droit, et encore moins que cette mainmise potentielle devienne une forme de chantage pour la survie d'une population. C'est pourquoi il est nécessaire de rendre la gestion de l'eau au domaine public décentralisé, plus proche des êtres humains et du terrain.

Il faudra se battre aussi pacifiquement que possible pour l'eau. Il faudra aussi se battre parfois contre elle, comme nous le rappellent les dramatiques inondations dans le Sud-est de la France. Cela devrait faire partie des objectifs prioritaires de l'aménagement de notre territoire. L'ancien ministre, Monsieur Brice Lalonde, lors de « rencontres pour l'eau », disait : « Laissons aux fleuves et aux rivières leur liberté, leurs méandres et leurs marécages. En revanche, il convient de ralentir la vitesse de ruissellement des eaux qui, en cinquante ans, a été multipliée par deux, du fait des barrages, des canalisations et de l'extension du macadam ».
Comme on fait la part du feu, il faudra savoir faire la part de l'eau.


Henri,
Comte de Paris,
Duc de France
Paris, le 15 octobre 2006

lundi 13 novembre 2006

Bogdan aux Lys de France

Nous parlons aujourd'hui de l'homme du Milieu. Non ce n'est pas François Bayrou, car il va au fond des choses. Sa conférence sur les limites de l'Europe avant que Bruxelles ne délire dans l'élargissement infini, a fait date. On la lira avec beaucoup de profit en cliquant sur ce lien de la Tribune.

Henry Bogdan est agrégé d'Histoire et diplômé de "Langues O" en finnois. C’est le spécialiste de la Mittelleuropa, de l'histoire des pays d'Europe centrale et orientale, et en particulier de la question des minorités nationales. Il a beaucoup publié, essentiellement aux Editions Perrin. C'est du lourd.

Henry BogdanBogdan a éclairé bien des lanternes dans ces articles sur les Turcs à l'assaut de l'Europe, chez Clio. Mais aujourd'hui nous évoquons cette grande famille, la maison d'Autriche, qui fut notre rempart contre l'impérialisme ottoman.

Histoire des Habsbourg, ses origines à nos jours
« La dynastie des Habsbourg a occupé, pendant près de sept siècles, une place de tout premier plan parmi les Maisons régnantes d'Europe. Après des débuts modestes qui nous plongent dans l'Europe de l'an mille, les Habsbourg - dont le nom tire son origine de leur château de Habichtsburg en Argovie - se hissent au niveau des princes territoriaux lorsque l'un d'entre eux est élu en 1273 empereur du Saint Empire sous le nom de Rodolphe Ier et devient bientôt maître de l'Autriche et de ses dépendances. Peu à peu, par une efficace politique de mariages, les Habsbourg vont regrouper sous leur autorité l'héritage de Charles le Téméraire, l'héritage espagnol des Rois catholiques, mais aussi la Bohême et la Hongrie. C'est ainsi que, sur l'empire de Charles Quint, "le soleil ne se couchait jamais".
Le fils du dernier empereur Habsbourg, l'archiduc Otto, qui dès le début des années trente avait dénoncé le nazisme et qui défendit auprès des Alliés la cause de l'Autriche, s'est fait depuis l'ardent propagandiste de l'Europe unie. »
(Paru en 2002 chez Perrin, 426p., 22 euros )

Se complète d'un autre ouvrage du même auteur, La Lorraine des Ducs, paru en 2005 chez Perrin également.

bibliographie



Lys de France
organise une conférence avec Henry Bogdan le 16 novembre sur le thème de Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine. Cette conférence clôture en quelque sorte le cycle "Marie-Antoinette" qui a débuté en France avec le film de Coppola, et qui a donné lieu à moult ouvrages.

Sera également de la soirée, M. Guillaume Bernard, docteur en droit, qui nous parlera de "la religion dans l'identité de la France dans la seconde moitié du XVI siècle". Pointu !

La conférence débute à 19h45 précises à Paris, au n° 3 de la rue Antoine Bourdelle (XV°), métro Duroc.
Pot et dédicaces avant de partir.
Participation aux frais : 6 euros
S'inscrire rapidement par courriel auprès de nicolas.chotard@wanadoo.fr

Ce sera l'occasion d'adhérer à cette remarquable association (16 euros) Lys de France, qui annonce déjà deux autres évènements intéressants :

- Le dimanche 26 novembre, visite de l'abbaye du Val de Grâce à Paris, M° Gobelins
- Le samedi 16 décembre, fête de la Saint-Nicolas au château de Breteuil (78), vernissage et bal.

vitrail aux lys

Lys de France
BP 80 434
75327 Paris Cedex 07

jeudi 9 novembre 2006

Héritage et compétences

C'est une question fréquente dès que l'on propose une monarchie successible héréditaire : "Le fils de ..., en situation de régner, restera-t-il le fils de ... ou s’imposera-t-il naturellement ?"
Les dernières élections américaines viennent de "consacrer" le fils Bush, ramené pour l'Histoire au sobriquet de "Dubbleyu". Le régime va l'expulser lentement.
Il y a bien plus longtemps, on se souvient que lors de l'avènement de Louis XVI, le peuple de Paris avait orné la statue de Henri IV au Pont Neuf d'une pancarte "Resurexit" exaltant la popularité du jeune souverain qui succédait à un long règne de 50 ans, difficile et souvent mal compris ! Le nouveau roi avait bien plus de connaissances livresques que le Vert Galant mais ni son tempérament ni sa poigne, et bien moins d’expérience que le défunt roi. Pourtant on le pressentait au niveau requis ; il représentait le retour de l'espoir, la compassion, la jeunesse d'esprit. Il avait d'ailleurs convaincu dès les premiers jours, en rappelant le Parlement (à la botte de Conti), ... ce qui serait finalement sa perte.

Le principe successoral avait-il pleinement joué son rôle ? Apparemment oui. Tant d'eau a coulé sous le Pont Neuf qu'on est en droit de contester maintenant le dogme qui veut que le principe prime le prince, car ce sont les princes qui ont perdu la vieille dynastie et non le principe monarchique, lequel par quatre fois fut exhumé pour relever la France, si l'on ajoute aux deux empires, Vichy et la Vè République gaullienne.

Le principe est actif comme on dit en chimie. Encore faut-il que le prince le soit aussi. Ou alors on parle d’autre chose.

Si le monarque est actif, par hypothèse dans les limites que lui octroie la constitution actuelle, il subit une exigence de compétences qui déborde la culture d’un simple honnête homme, à peine de devoir passer la main à son conseil privé, lequel peut fort bien corrompre l'institution en quelque conseil de barons dont la convergence ne garantira pas la qualité, ou pire encore, en oligarchie, agissant sur son propre agenda.
Les pouvoirs régaliens que le prince exercera sont peu nombreux mais chaque fois complexes. Dans un billet précédent, nous avions relevé la diplomatie, la guerre, la justice et la sûreté. Nous sommes déjà loin des chrysanthèmes et autres roseraies. Notons en passant que la dérive mortelle serait à mon sens l'extension de ces pouvoirs régaliens qui accroîtrait dans des proportions insoutenables l'exigence de compétences et obligerait à morceler l’institution.
Il ne suffit donc pas de confier nos espoirs au sacre.
Le bon sens indique qu'après une solide formation classique et multilingue, l'impétrant doive faire une école militaire et son droit, soit finalement juste un peu plus que ne font les fils d'Angleterre.

casoar


Remplacer ce cursus somme toute soutenable par des études économiques permet de faire bouillir la marmite en attendant l'accession, mais préjuge d'une certaine distanciation dans le pronostic politique. C'est à quoi nous sommes confrontés.

Les conseillers gratuits qui staffent nos chapelles arguent de la profusion de compétences disponibles autour du futur roi, pour le décharger d'une si lourde préparation. En quoi ils se trompent. Le monde du XXIè siècle tel qu'annoncé, exige pour son administration des dirigeants de haut niveau capables de jauger la qualité des experts et de trancher rapidement. A l'évidence G.W. Bush n'en fait pas partie et ce n'est pas le haut niveau de son entourage qui aurait pu le "sauver". Seule une éducation poussée peut permettre d'obtenir cette vivacité même si elle ne la garantira jamais. Nous ne sommes plus à l'époque de Richelieu et Mazarin, même si le fusible du "premier ministre" existe toujours chez nous. La coordination de l'Occident dont la France doit être un acteur majeur malgré ses capacités mesurées, demande des choix clairs et lourds de conséquence. On ne peut se satisfaire de positions de compromis ménageant un consensus de conseil, non plus que de tergiversations motivées par le principe de précaution, sauf à accepter de voir ruiner nos efforts inlassables à maintenir la France dans le peloton des décideurs, à lui conserver une certaine autorité morale, très mal en point actuellement.
A moins que la monarchie revenue ne soit d'un modèle jusque là inconnu chez nous, du modèle scandinave.

A l'intérieur, le spectacle du gouvernement sera donné à un peuple de railleurs réputés, ameutés quasi-institutionnellement par les chansonniers de service. Aussi conviendrait-il de l'assurer de la maturité politique de leur souverain, car c'est le décideur supposé qui reçoit les lauriers ou l'opprobre, plus souvent que le décideur réel. Après des décennies de touristes politiques, à l'exception de quelques pointures ligotées par les partis, il conviendra de retrouver au moins un bon professionnel, même si on ne lui demande pas d'être le sauveur du Monde !

L'exigence de compétences se heurte aussi dans notre milieu, au refus de privilégier sur l'épure de la restauration, "l'homme providentiel". Cette méfiance s'explique parce que le syndrome de superman souille gravement la pureté mécanique du système monarchique capétien qui vit de son principe avant que de dépendre du prince.

Or demander des compétences aux héritiers ne vise pas à créer Superman. Il faut tant de choses pour obtenir un "super-héros", le charisme, la mâchoire, la force Krypton, l'intelligence, les aventures galantes et un bon profil à l'objectif. La nature peut bien produire ce James Bond dans une famille princière sans pour autant déclencher la confiance de la Nation. Or le pacte entre le roi et la Nation est celui de la confiance, sentiment qui est favorisé certes par l'affection suscitée par le glamour, mais qui ne dure pas si elle n'en est que le pur produit. Nos derniers hommes providentiels n'étaient pas de vrais choix mais des figures de confiance imposées dans des circonstances graves voire tragiques. Aucun d'entre eux n'avait du "glamour" au moment de leur accession, par contre ils détenaient des ressources réelles ou supposées en eux-mêmes, qui les désignaient au sauvetage de la nation : Napoléon Premier a duré quatorze ans, Louis-Napoléon vingt-deux ans, c'est le record, Philippe Pétain, la ténacité de Verdun, quatre ans, Charles De Gaulle, la ténacité de Londres, onze ans (ou sept si on le compte depuis 1962). Et tous ont été mis en faillite politique après qu'ils aient été convoqués au départ comme syndic de faillite du régime précédent. Superman avait pâli, vieilli et donné toute sa substance. Au suivant ! Au suivant !

Il y a un côté cannibale dans le rapport démocratique du peuple à son chef. L'électorat dévore le prince. S'il est de passage, on attend que le citron exprime tout son jus. Si le titulaire est au dessus des choix de la nation, le peuple, qui ne le craint pas, attend malgré tout de lui qu'il lui témoigne naturellement une forme d'amour, pour pouvoir le lui rendre ; c'est la théorie de l'affect que nous avons un peu développée sur ce blogue ; mais aussitôt dit, le peuple attend qu'il ne se laisse pas mener du bout du nez au quotidien par les hauts-fonctionnaires, les lobbies en tous genres, les experts en toutes disciplines, les pouvoirs transnationaux, tous intervenants que les Français ont appris à détester, parfois à tort.
Or de nos jours on ne peut se suffire "d'autorité" au sein d'un conseil. Même en son cercle restreint, il lui faudra démontrer, argumenter, prouver et emporter parfois l’enthousiasme. S'il est certain qu'il doive s'entourer de conseillers nombreux et affûtés, il devra être surtout capable de les choisir et de ne pas subir les choix de ses "amis". Les compétences de tous, roi y compris, devront être de haut niveau. Vaste question ouvrant sur de nombreux désenchantements.

Des mages de la Cause estiment que l'instauration d'une monarchie de type capétien en France ne pourra être pérennisée que si deux princes capables se succèdent aux commandes de l'Etat en donnant pleine satisfaction. C'est très compréhensible car il va falloir tout prouver après une rupture d'au moins deux cents ans et trois révocations ! Ces messieurs à la Thèse !

casque de polo



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l'Alliance Royale, publie en fin de chaque billet, une des questions fréquentes auxquelles tout militant royaliste est confronté, avec ou sans commentaire du claviste.

QF.2 : Mais la royauté c’est dépassé ! On risque de revenir en arrière !

Quand vous êtes malade, ne souhaitez-vous pas retrouver, à l’avenir, l’état dans lequel vous étiez avant de tomber malade, à savoir la bonne santé ? Vous appelez ça revenir en arrière ? Vouloir l’instauration d’une monarchie en France, ce n’est pas vivre dans le passé, c’est s’appuyer sur notre Histoire et sur notre identité pour aborder plus sereinement l’avenir.

mardi 7 novembre 2006

La robe perdue de Christian Lacroix

orgue de la chapelle palatine

Retour vers la profanation de la chapelle royale de Versailles.
On se souvient de l'émeute soulevée au mois d'octobre par le projet d'exposition Lacroix dans cette chapelle consacrée. Il s'agissait d'une exposition de robes de mariées, qui avait donné lieu à un brillant reportage préalable à la télévision, dans le cadre de la Nuit Blanche.

Extraits de l'agacement de madame la conservatrice, paru dans Le Figaro du 13 octobre :
"Faire ainsi référence aux événements du passé et notamment au mariage de Marie-Antoinette et de Louis XVI, tout cela composait un projet cohérent, de nature à servir le lieu. Nous n'avons pas été déçus et tous ceux qui ont vu l'oeuvre ont été frappés par sa beauté et sa poésie.
Cette possibilité, malheureusement, n'a pas été offerte à nos 30 000 visiteurs, qui auraient voulu admirer, eux aussi, et qui en ont été empêchés par des manifestants parfois violents, puisque trois de nos agents ont été blessés, ce qui nous a contraints à fermer le pavillon Gabriel et la chapelle.
[...]
L'affirmation, essentielle, de convictions religieuses, qui n'étaient aucunement bafouées en l'espèce, ne saurait s'exercer aux dépens de certaines libertés elles aussi essentielles, liberté de penser, liberté de créer, liberté de montrer, liberté de juger. Ces libertés, nous aurions aimé les voir respectées."

Bien que je n'aie pas ressenti de profanation dans le reportage télévisé précité, certains n'y ont vu que le porte-jarretière oubliant en même temps le fameux "honni soit qui mal y pense". Néanmoins, les libertés dont parle Mme Albanel trouvent à l'évidence leurs limites quand elles s'affrontent à des convictions religieuses, même si elle décrète un peu vite leur affirmation, secondaire, rapprochées de sa liberté de faire comme bon lui chante ! Liberté, que de crimes ...
Elle a choisi la chapelle. Elle s'est trompée, aux dépens de son public !
Et Lacroix de son côté a oublié la robe la plus émouvante, celle d'un grand petit mariage célébré en ce saint lieu, le mariage de Marie Pearlie Hargrave. On rembobine :

Closes alors depuis cinquante ans, les lourdes portes de la chapelle s'ouvrirent pour laisser passer une foule de guerriers, un jour de décembre 1944. Le général Eisenhower conduisait à l'autel son chauffeur, une chauffeuse en fait, l'élégante et dévouée Pearlie, qui épousait l'amour de sa vie rencontré dans les sables de Libye, le sergent texan Mickey MacKreogh. Le consentement des époux fut reçu par le chapelain-capitaine John Keagan, et l'armée anglaise délégua une cantatrice célèbre de l'opéra de Glasgow, le sergent Dorothy Robertson, pour chanter l'Ave Maria de Gounod sur l'orgue Robert Clicquot de 1711, qui fonctionna à merveille. C'est à peu près la seule chose qui fonctionnait encore en France.

Gal Eisenhower

L'assistance était composée exclusivement d'uniformes et ce fut sans doute le seul mariage vraiment militaire dans cette chapelle. Après avoir reçu la traditionnelle poignée de riz sur le parvis, une voiture de l'Etat-major emporta les jeunes mariés vers le Ritz à Paris, pour une brève lune de miel. Les affaires mécaniques reprirent pour l'épousée quarante-huit heures plus tard, Eisenhower avait reçu sa cinquième étoile, il était temps d'entrer en Allemagne.

[...]

Christian Lacroix n'a pas retrouvé la robe de taffetas blanc faite spécialement pour l'occasion par un grand couturier parisien qui s'était maintenu avec quelque bonheur jusque là.

Souhaitons que la chapelle royale de Versailles retrouve vite sa vocation première qui est de célébrer des mariages. Nous avons un duc, je crois, qui tarde à y entrer !

vendredi 3 novembre 2006

Garde suisse, d'un château à l'autre

château Saint-Ange de Rome
Le Sac des lansquenets. Le matin du 6 mai 1527, depuis son quartier général situé dans le couvent Saint-Onofrio sur le Janicule, le Connétable de Bourbon commença les assauts sur Rome. Au cours de l'un d'eux, à la Porta del Torrione, alors qu'il escaladait les murailles, il fut touché à mort. Après un moment d'hésitation, les mercenaires allemands défoncèrent la Porta del Torrione, tandis que les lansquenets impériaux envahissaient Borgo Santo Spirito et Saint-Pierre. La Garde suisse, rassemblée au pied de l'obélisque qui se trouvait alors près du Campo Santo Teutonico, et les quelques troupes romaines, luttèrent désespérément. Le commandant Kaspar Röist, blessé, sera massacré par les Espagnols chez lui, sous les yeux de sa femme. Des 189 Suisses engagés dans la bataille, seuls 42 purent en réchapper, c'est-à-dire ceux qui, à la dernière minute, sous le commandement de Hercules Göldi, avaient mis en sûreté le pape Clément VII au château Saint-Ange ; les autres tombèrent glorieusement, massacrés avec deux cents fugitifs, sur les marches du maître-autel de la basilique Saint-Pierre.
Après avoir traversé le Ponte Sisto, les lansquenets et les Espagnols se ruèrent sur la ville, et le Sac de Rome commença. Pendant huit jours ils donnèrent libre course à tout abus, vol, sacrilège et massacre; même les tombes des papes furent violées, y compris celle de Jules II, pour voler ce qui était à l'intérieur. Les morts furent au nombre de douze mille, et le butin d'environ dix millions de ducats (source Vatican).
armes de GoeldiLe pape gardé par ses quarante Suisses attendit l'ouverture des négociations. Les conditions furent lourdes pour la Papauté mais le vicaire Medicis du Christ fut préservé, et avec lui l'institution.
Louis XVI n'aura pas cette chance. Il quitta sa Garde et n'avait pas de château Saint-Ange où se réfugier. Ses Suisses périrent de la même façon mais en plus grand nombre.

Nous avons déjà raconté l'affaire de la plaque confédérale commémorative du sacrifice des Suisses du roi, que les petits marquis poudrés de la République française ont refusé de voir apposer en 2005 sur le mur de la Chapelle Expiatoire de Paris en hommage aux Gardes suisses massacrés le 10 août 1792 aux Tuileries. Depuis cet affront public au président de la Confédération helvétique, Monsieur Jean-Christophe Vallet conduit une pétition pour sortir la plaque du musée des Invalides où elle est séquestrée, et l'apposer où elle doit l'être. Royal-Artillerie a passé en temps utile un billet d'humeur ; on peut le trouver en cliquant ICI.

Il est des caractères trempés qui prennent tranquillement leur créneau au rempart, s'y appuient avec élégance, et veillent imperturbablement à la sûreté de l'ouvrage sans ciller des yeux. Monsieur Vallet est une sentinelle de confiance du type précité qui attend sans haine qu'à l'horizon poudroie le retour d'un Etat digne de la France. Il est patient. Il vaut mieux.

La pétition a obtenu 1400 signatures à ce jour, des signatures de conséquence, mais aussi celles de braves gens. A l'invitation de l'Union Démocratique du Centre, JC Vallet a été reçu fin octobre à Genève par l'ex-président Schmid - celui qui vint à Paris apposer la plaque et essuyer le refus des autorités - pour donner une conférence historique sur les massacres d'août et septembre 1792 à des personnalités politiques. Se substituant au Pouvoir, incapable de surmonter sa lâcheté, notre chevalier a conclu de belle façon, parlant en notre nom à tous :

« Par solidarité, pour une paix juste et durable entre nos deux pays, devant vous, en tant que citoyen français, je regrette les exactions commises sur vos concitoyens, sur ces hommes sans défense, fidèles seulement à leur serment, et dont les ancêtres avaient servi mon pays loyalement, fidèlement, durant des siècles. Vous avez donné un million d’hommes à la France… les Gardes suisses ont représenté un tiers de l’Armée française durant quatre siècles…
Chers amis suisses, la France entend, par un acte fort, leur rendre hommage et leur donner la reconnaissance qu’ils méritent, enfin !»


Tuileries ruinées
Chacun peut télécharger la Pétition Vallet-Baux en allant sur le blogue de Jean-Christophe Vallet :
http://www.gardessuisses.blogspot.com/
et l'adresser par courrier à :
Pétition Gardes suisses
Cidex 62
21250 CORBERON

à défaut par e-mail à vallet.baux@wanadoo.fr

Post-scriptum

Nous entrons en campagne !
Royal-Artillerie, aimablement autorisé par l'Alliance Royale, va publier en fin de chaque billet, une des questions fréquentes auxquelles tout militant royaliste est confronté, avec ou sans commentaire du claviste.

QF.1 Qu’est-ce qu’un roi nous apportera de plus que la République ?
La royauté apportera d’abord l’unité à notre France si fracturée, et une politique de continuité qui préservera à long terme les intérêts de notre pays, sa culture, son patrimoine, ses métiers, son environnement.

NDC : Gabegie et politique de Gribouille sont le lot commun des gouvernements alternés qui s'opposent en tout pour capter le maximum de clients et défont le lendemain les bonnes résolutions d'hier. Le monde étréci et dangereux dans lequel la France peut survivre, oblige à fédérer le peuple autour d'un dessein national pérenne, au-dessus des combines d'appareils à court terme. Le roi est en quelque sorte le Secrétaire Perpétuel de nos intérêts bien compris.

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