A la Sainte Marcelle on recoiffe la toque sauf à s'enrhumer. (dicton poldève)
Quoi de plus vrai ! Un mois tête nue, il n'en fallait pas plus pour qu'un virus m'investisse qui me déclarerait la rhinite rebelle. 38,5 ce matin, et 30 jours que Dieu fit, à attendre que mon prince paraisse au balcon des souhaits de saison, comme disent les rosbifs. Hélas je n'ai pas reçu cette année la lettre de cadrage qui me permet de croiser le fer cybernétique avec les contempteurs de la monarchie fédérative éclairée participative universelle et portable à la fois !
Pourtant de l'an dernier j'avais tout eu, les trois voeux, les trois axes, les trois combats ; et ça commençait ainsi :
" La France, le déclin du courage ou le début d'une prise de conscience ? Mes amis, notre monde est éclaté. L'illusion semble vouloir être une drogue apaisante pour conjurer le sort ... ainsi est-on gouverné. On tente de trouver un équilibre entre des forces centrifuges, tandis que notre civilisation forge lentement le chaos."
J'avais osé mon remerciement que l'on peut excaver des archives en cliquant ICI.
On me dit dans l'oreillette que les voeux de la maison d'Orléans sont réservés cette année aux cadres de l'Institut. Moi qui attendais le jour où je les lirai comme tout le monde dans le carnet du Figaro ou même en page intérieure entre Rioufol et Slama. Pourquoi pas dans Le Monde ou chez Rothschild. Point de Vue n'a pas osé (Delorme dort), Paris-Match non plus. De dépit, je suis accouru à l'Institut de Bourbon qui est l'ambassade parisienne de mon prince d'outremer. Des voeux et des cerceaux, et vite !, criais-je au balcon qui me menaçait de tout son poids.
Que nenni, le Bourbon est au polo, il ne me souhaite rien.
Comme je n'attends rien de Busset, Parme ou Deux-Siciles, j'ai décidé d'en faire mon deuil, et de souhaiter juste cinq cents signatures de parrainage au don Quichotte de l'Alliance Royale qui monte lance basse à l'assaut des conseils généraux pour apparaître dans les lucarnes de l'élection présidentielle. Un fou ! Du roi peut-être, mais un fou quand même !
Il a du mérite, non pas que ce combat soit perdu d'avance, promouvoir une idée oeuvre à sa notoriété, mais parce qu'il a plus de mal avec les "siens" qu'avec les autres. Or l'offre monarchiste semble en avoir grand besoin ... de notoriété malgré cinquante ans d'activisme en chapelle.
Savez-vous qu'il est de bons esprits fleurdelisés pour débiner le candidat qui aurait le tort de clamer le nom du roi à la face du peuple alors que les experts, au fait de nos moeurs politiques, formés à l'empirisme universitaire, savent dès leur naissance politique que le nom du roi seulement se murmure, entre soi. C'est un code.
La perfection du modèle est telle qu'il ne souffre l'exposition ou la critique, qui pourraient le faner ou l'entamer. Alors surtout pas de "coming-out" !
Et le piéton du roi persiste à soutenir qu'il n'est d'avenir royaliste que populaire.
D'ailleurs un blogueur de référence, le Partisan Blanc, ne prouvait-il pas dans une analyse pertinente de la couronne britannique, que la force de persuasion de la reine plus que sa légitimité qui n'est pas discutée, réside dans son assise populaire. Ce socle est primordial. Il ne serait en revanche rien dans un pays "plébéien" comme le nôtre ? Bizarre !
En attendant que le Grand Jour se lève, acclimatons l'idée du roi dans l'opinion des gens honnêtes,simples et sincères, le plus largement possible, par tous moyens actuels de communication, de propagande. La campagne présidentielle en est un excellent puisque c'est la période d'écoute maximum des gens pour la chose politique.
Au fait, il m'a souhaité les voeux, Adeline ?
mercredi 31 janvier 2007
jeudi 25 janvier 2007
Sauvons la république
La démocratie est une utopie généreuse au départ. Elle s’avère vite inadaptée à l’ « espèce humaine » dès lors que les majorités (toujours relatives de nos jours) exercent leur dictature sur les minorités « vaincues à la loyale ». Cette logique intrinsèque d’affrontement paralyse la Nation quand ce sont des idéologies qui s’opposent, quand ailleurs il ne s'agit que de modes opératoires concurrents. C’est l’excès en tout qui domine ici et empêche le consensus. Les grandes démocraties bipartisanes n’ont pas ce travers de la lutte idéologique « à mort » car leurs nations sont réunies sur l’essentiel.
L’exemple des Etats-Unis explique bien ce consensus national inné qui chez nous fait défaut. Après l’attaque des Twin Towers, l’Amérique est partie en guerre contre l’Irak d’un seul élan à quelques exceptions près, finalement de peu d’importance.
La guerre s’avère être un fiasco en ce sens qu’elle a perdu la paix.
Du même élan, l’Amérique va rapatrier ses boys et en finir avec le mirage irakien. Elle va se recentrer sur ses intérêts primordiaux.
S’il y a des prises de bec au Congrès - de moins en moins aux dernières nouvelles - on n’utilise pas l’arsenal rhétorique de la trahison à l’endroit des Démocrates, ni de l’incompétence présumée du commandant en chef. Non, on fustige la manière dont furent conduites les analyses, et aujourd’hui seulement, le motif qui sous-tendait la guerre préventive : faire naître la démocratie au Moyen Orient. A l’époque tout le monde était pour.
Dans de telles circonstances, il est pour nous ahurissant de voir le président en fonction retarder l’ordre de retraite et, contre l’avis du nouveau Congrès, réinjecter de l’effectif afin de lancer sa bataille d’Alger à Bagdad pour écraser la guérilla la mieux constituée contre le pouvoir régulier. Les rank & file ronchonnent, mais la nation dans son ensemble, même sans enthousiasme, accepte de tenter ce coup de massue, peut-être libérateur du piège.
Imaginons une seconde que nous soyons dans la même situation ?
Mais nous y fûmes justement, en Algérie. Des partis à la Chambre qui s’occupait d’abord de l’ordre de passage au tourniquet du gouvernement, suscitaient en secret des canaux de soutien effectif aux insurgés algériens, faisaient saboter les approvisionnements de l’Intendance, et armaient de la sorte les ennemis de nos jeunes soldats. Qu’en est-il advenu ? Ils sont, quelques années plus tard, tous parvenus au pouvoir, affublés de la décoration morale de « porteur de valises », à la faveur d’une de ces amnisties qui servent de serpillière dans la cellule de dégrisement de la classe politique. D’autant mieux que le pouvoir avait glissé lâchement d’un bord à l’autre pour se mettre dans le Sens de l’Histoire !
Le camp opposé n’avait trouvé, lui, aucune voie de débat ou de négociation dans le régime en place et s’était résolu au putsch militaire (comme en Thaïlande) !
Nous sommes allés direct à l'affrontement, au bord même de la guerre civile, n'eut été le lâche soulagement général. Nous sommes encore à des années-lumière de la vraie démocratie que décidémment nous ne comprendrons jamais. Notre pseudo-démocratie règle ses conflits les armes à la main. Comme des gosses. Singe voit, singe fait ! Et n'y comprend rien, sauf à distribuer des parcelles d'Etat au plus grand nombre. La vente à l'encan : le nombre des représentants élus en tous genres en France forme une classe politique deux fois plus nombreuse que la classe politique américaine, mais inefficace.
Ce régime républicain que l’on dit avoir été inventé par la France du XVIII° est inadapté à son tempérament. On attend sans grand émoi la faillite de la cinquième mouture. Ce régime est immature, et perpétuellement inquiet de se voir débarqué par la coalition éphémère des catégories brimées par la majorité relative de circonstance. On voit bien dans les discours de ses thuriféraires qu'ils défendent en continu la République comme si elle n’était pas acquise, et les mêmes de promouvoir les « droits à » aux dépens des « droits de » afin de rémunérer la clientèle de chacune des catégories la constituant. La République, la République, en sautant comme des cabris pour paraphraser quelqu'un, ce n’est qu’un manteau sur le corps de la France, glorieux rarement, tragique souvent, et passablement mité ces temps-ci.
Qui s’occupe vraiment de notre "république" dans toutes ses catégories sociales et professionnelles ? Ce n’est pas la République, qui s’occupe d’abord de se survivre à elle-même au frais de la Nation. La perversion annoncée par les Antiques du concept généreux de démocratie en démagogie, est achevée chez nous dans la ruine du concept.
Si l’on ne peut revenir complètement sur l’addiction démagogique, il conviendrait d’en chasser les procédures immorales sachant que l’œuvre reste dans la main des hommes, imparfaits. Le modèle qui reste un mythe majeur de l'inconscient collectif français, est réparable s’il est transposé au niveau de la perception citoyenne, au niveau appréhendé facilement par l’électeur. C’est le plus mauvais dit-on à l’exception de tous autres. D'accord ! Il suffit seulement de ne pas se tromper d’étage. Communes, terroirs et provinces peuvent être réglés par la démocratie, populaire et participative au premier échelon. Le système de votation helvétique me sidère chaque fois par son efficacité.
Mais extrayons d’abord la fonction suprême de l'anarchie et de cette course à l’échalote indécente qu’est devenue l’élection présidentielle, où la manipulation médiatique des acteurs est notoire et acceptée par tout le microcosme politique. Les journalistes dirigent déjà le programme des candidats en distribuant ou en refusant bons points et images pieuses. On va les filmer bientôt sous la douche pour un effet de proximité !
Arrêtons de jouer la fonction du chef d'Etat au bonneteau. Sauvons la dignité de l’Etat vis-à-vis de l’extérieur mais aussi vis à vis de sa propre nation.
Au lieu d'un touriste lancé comme un savon, il nous faut un garant des institutions plus qu’un utilisateur d’icelles, il faut un représentant de la France à l’étranger sachant actionner une politique à moyen et long terme. Mais nous avons besoin avant tout d’un secrétaire perpétuel de la Nation, chargé d'exercer des pouvoirs régaliens strictement définis et peu nombreux, un sage précipitant tout le peuple dans la cohésion sur l’essentiel, cet essentiel qui devra d’abord être clairement défini au vu et au su de tous. Et certainement, à voir les tirages de la presse people, retrouverons-nous sur ce chemin une belle famille à aimer, comme l’éprouvent tant de nos voisins qui se supportent parfaitement bien en monarchie.
C'est un combat. Il faut acclimater patiemment dans l’opinion l’idée qu’une porte de sortie du marasme actuel existe qui n’est pas du tout une innovation échevelée, mais un mode de vie en commun qui a fait ses preuves. A la réserve près qu’il sache s’adapter aux défis du monde autour de lui.
Pour sauver notre société, notre république, cessons la République.
Merci à ceux qui y travaillent.
Au roi, et vite !
Tags Technorati :monarchie republique politique
L’exemple des Etats-Unis explique bien ce consensus national inné qui chez nous fait défaut. Après l’attaque des Twin Towers, l’Amérique est partie en guerre contre l’Irak d’un seul élan à quelques exceptions près, finalement de peu d’importance.
La guerre s’avère être un fiasco en ce sens qu’elle a perdu la paix.
Du même élan, l’Amérique va rapatrier ses boys et en finir avec le mirage irakien. Elle va se recentrer sur ses intérêts primordiaux.
S’il y a des prises de bec au Congrès - de moins en moins aux dernières nouvelles - on n’utilise pas l’arsenal rhétorique de la trahison à l’endroit des Démocrates, ni de l’incompétence présumée du commandant en chef. Non, on fustige la manière dont furent conduites les analyses, et aujourd’hui seulement, le motif qui sous-tendait la guerre préventive : faire naître la démocratie au Moyen Orient. A l’époque tout le monde était pour.
Dans de telles circonstances, il est pour nous ahurissant de voir le président en fonction retarder l’ordre de retraite et, contre l’avis du nouveau Congrès, réinjecter de l’effectif afin de lancer sa bataille d’Alger à Bagdad pour écraser la guérilla la mieux constituée contre le pouvoir régulier. Les rank & file ronchonnent, mais la nation dans son ensemble, même sans enthousiasme, accepte de tenter ce coup de massue, peut-être libérateur du piège.
Imaginons une seconde que nous soyons dans la même situation ?
Mais nous y fûmes justement, en Algérie. Des partis à la Chambre qui s’occupait d’abord de l’ordre de passage au tourniquet du gouvernement, suscitaient en secret des canaux de soutien effectif aux insurgés algériens, faisaient saboter les approvisionnements de l’Intendance, et armaient de la sorte les ennemis de nos jeunes soldats. Qu’en est-il advenu ? Ils sont, quelques années plus tard, tous parvenus au pouvoir, affublés de la décoration morale de « porteur de valises », à la faveur d’une de ces amnisties qui servent de serpillière dans la cellule de dégrisement de la classe politique. D’autant mieux que le pouvoir avait glissé lâchement d’un bord à l’autre pour se mettre dans le Sens de l’Histoire !
Le camp opposé n’avait trouvé, lui, aucune voie de débat ou de négociation dans le régime en place et s’était résolu au putsch militaire (comme en Thaïlande) !
Nous sommes allés direct à l'affrontement, au bord même de la guerre civile, n'eut été le lâche soulagement général. Nous sommes encore à des années-lumière de la vraie démocratie que décidémment nous ne comprendrons jamais. Notre pseudo-démocratie règle ses conflits les armes à la main. Comme des gosses. Singe voit, singe fait ! Et n'y comprend rien, sauf à distribuer des parcelles d'Etat au plus grand nombre. La vente à l'encan : le nombre des représentants élus en tous genres en France forme une classe politique deux fois plus nombreuse que la classe politique américaine, mais inefficace.
Ce régime républicain que l’on dit avoir été inventé par la France du XVIII° est inadapté à son tempérament. On attend sans grand émoi la faillite de la cinquième mouture. Ce régime est immature, et perpétuellement inquiet de se voir débarqué par la coalition éphémère des catégories brimées par la majorité relative de circonstance. On voit bien dans les discours de ses thuriféraires qu'ils défendent en continu la République comme si elle n’était pas acquise, et les mêmes de promouvoir les « droits à » aux dépens des « droits de » afin de rémunérer la clientèle de chacune des catégories la constituant. La République, la République, en sautant comme des cabris pour paraphraser quelqu'un, ce n’est qu’un manteau sur le corps de la France, glorieux rarement, tragique souvent, et passablement mité ces temps-ci.
Qui s’occupe vraiment de notre "république" dans toutes ses catégories sociales et professionnelles ? Ce n’est pas la République, qui s’occupe d’abord de se survivre à elle-même au frais de la Nation. La perversion annoncée par les Antiques du concept généreux de démocratie en démagogie, est achevée chez nous dans la ruine du concept.
Si l’on ne peut revenir complètement sur l’addiction démagogique, il conviendrait d’en chasser les procédures immorales sachant que l’œuvre reste dans la main des hommes, imparfaits. Le modèle qui reste un mythe majeur de l'inconscient collectif français, est réparable s’il est transposé au niveau de la perception citoyenne, au niveau appréhendé facilement par l’électeur. C’est le plus mauvais dit-on à l’exception de tous autres. D'accord ! Il suffit seulement de ne pas se tromper d’étage. Communes, terroirs et provinces peuvent être réglés par la démocratie, populaire et participative au premier échelon. Le système de votation helvétique me sidère chaque fois par son efficacité.
Mais extrayons d’abord la fonction suprême de l'anarchie et de cette course à l’échalote indécente qu’est devenue l’élection présidentielle, où la manipulation médiatique des acteurs est notoire et acceptée par tout le microcosme politique. Les journalistes dirigent déjà le programme des candidats en distribuant ou en refusant bons points et images pieuses. On va les filmer bientôt sous la douche pour un effet de proximité !
Arrêtons de jouer la fonction du chef d'Etat au bonneteau. Sauvons la dignité de l’Etat vis-à-vis de l’extérieur mais aussi vis à vis de sa propre nation.
Au lieu d'un touriste lancé comme un savon, il nous faut un garant des institutions plus qu’un utilisateur d’icelles, il faut un représentant de la France à l’étranger sachant actionner une politique à moyen et long terme. Mais nous avons besoin avant tout d’un secrétaire perpétuel de la Nation, chargé d'exercer des pouvoirs régaliens strictement définis et peu nombreux, un sage précipitant tout le peuple dans la cohésion sur l’essentiel, cet essentiel qui devra d’abord être clairement défini au vu et au su de tous. Et certainement, à voir les tirages de la presse people, retrouverons-nous sur ce chemin une belle famille à aimer, comme l’éprouvent tant de nos voisins qui se supportent parfaitement bien en monarchie.
C'est un combat. Il faut acclimater patiemment dans l’opinion l’idée qu’une porte de sortie du marasme actuel existe qui n’est pas du tout une innovation échevelée, mais un mode de vie en commun qui a fait ses preuves. A la réserve près qu’il sache s’adapter aux défis du monde autour de lui.
Pour sauver notre société, notre république, cessons la République.
Merci à ceux qui y travaillent.
Au roi, et vite !
Tags Technorati :monarchie republique politique
mercredi 24 janvier 2007
Penser global
Voeux des maisons ? Pas de voeux avant le nouvel an lunaire peut-être ; c'est le 18 février et ce sera l'année du cochon d'or. Le dernier qui m'ait dit quelque chose c'est le duc de Vendôme dans Valeurs Actuelles du 19 janvier. Un dossier de six pages sur les royalistes, ça mérite d'être relevé dans la presse généraliste. Ceux qui ont oublié de l'acheter le retrouveront sur la table basse dans la salle d'attente de leur médecin-référent.
"Penser global, agir local".
Un prince français qui accepte la mondialisation sinon le monde tel qu'il devient, est plutôt rare. L'ouverture au monde lui a prouvé que la libéralisation des échanges poursuivie par les pays de la zone OCDE depuis 59 ans ce mois-ci, a finalement déclenché l'arrachement de pays immenses à la misère, comme prévu. Affaissement des coûts de fabrication par la production de masse exigée par de marchés décloisonnés, baisse générale des prix soutenant la demande de biens, appel massif à la main d'oeuvre des pays décapitalisés, flux rémunérateurs en retour permettant le décollage par accumulation de capitaux, puis création d'un classe moyenne en expansion sur un marché porté par sa demande domestique.
La séquence d'amorçage originale était même plus simple : abaisser les barrières douanières pour booster l'investissement moteur de croissance, ce qui accélèrerait la consommation par un écrasement des prix. Si tous les compteurs se synchronisaient, on devait obtenir un taux monétaire très bas sans inflation notable par l'écrasement des coûts obtenus grâce à la mise en concurrence générale. C'est ce qui s'est produit.
C'est l'Asie qui a décollé. Le continent perdu des prévisionnistes des années cinquante : populations innombrables à nourrir, déficit grave de ressources alimentaires, carences en ressources minières, religions contemplatives, moeurs économiques dépravées, disait-on alors. On avait oublié l'exemple déjà ancien du Japon. Le continent promis était l'Afrique pour toutes les raisons inverses.
Qui voudrait revenir là-dessus avec la moindre chance d'être entendu ?
Je suis bien aise de cette prise de position qui contraste avec les billevesées altermondialistes que nous servent ceux des candidats souverainistes qui, à court d'arguments, se dressent contre la globalisation, l'euro et les Arabes. Manifester contre la globalisation est aussi bête, me disait un ami hongkongais malappris, que de marcher ici en foules contre les typhons. Le monde économique est globalisé. C'est fini. Next point !
Dès lors qu'on ne perd plus son temps à gémir sur nos impérities, on peut agir localement pour "relever les défis de la mondialisation" (sic).
Maintenir le rôle de la France n'est pas un but en soi, mais remonter au classement par la mise en oeuvre de politiques convenables, à commencer par le dynamitage de la chape soviétique française, puis la proposition d'axes de développement acceptables à nos entreprises qui ne sont pas toutes gouvernées par des crapules de la Corbeille, sera le résultat de la remise en route des chaudières françaises.
A l'étage de l'Etat, remettre de l'ordre dans nos finances et réarmer moralement le peuple ne sont pas des objectifs insurmontables si on parle vrai, sincère, honnête. Et localement libérer la créativité et valoriser sa récompense sont des leviers puissants, utilisés par nos voisins, voisins qui ne nous épient plus depuis qu'ils ont compris qu'il n'y avait rien à retenir de longtemps de notre modèle social archaïque et dispendieux.
Perdons donc cette habitude de proclamer la voie à suivre par l'Europe, par les Etats-Unis, par le Proche Orient ... nous qui sommes incapables de mettre notre maison en ordre, nos idées au clair, nous, pauvres benêts qui sommes envahis comme jamais par les marauds étrangers en quête de prestations gracieuses que nous ne pouvons fournir qu'à crédit sur la tête de nos enfants à naître, nous incapables d'assurer le suivi de nos rodomontades onusiennes, nous qui nous sommes exclus des instances dirigeantes européennes qui, malgré tous nos moulinets de Tartarin, débitent cinquante pour cent de nos lois !
Je ne regrette qu’une chose, que Jean d’Orléans se prépare à lancer une entreprise pour la promotion du patrimoine. J'aurai préféré une entreprise offensive. Mais peut-être le deviendra-t-elle, après tout.
Même si elle est patrimoniale, il a une juste vision de ce que fut la France dans les temps puissants, à l'image de la cathédrale de Chartres comme il le dit dans l'article précité, plongeant ses fondations dans la terre riche de Beauce et lançant sa flèche vers le ciel "dans le seul élan qui sache un peu monter" (Ch. Péguy). Il en faudra des peines et soins pour faire relever la tête aux Français afin qu'ils aperçoivent l'espérance désignée par la flèche de Chartres.
Bon courage, Monseigneur.
"Penser global, agir local".
Un prince français qui accepte la mondialisation sinon le monde tel qu'il devient, est plutôt rare. L'ouverture au monde lui a prouvé que la libéralisation des échanges poursuivie par les pays de la zone OCDE depuis 59 ans ce mois-ci, a finalement déclenché l'arrachement de pays immenses à la misère, comme prévu. Affaissement des coûts de fabrication par la production de masse exigée par de marchés décloisonnés, baisse générale des prix soutenant la demande de biens, appel massif à la main d'oeuvre des pays décapitalisés, flux rémunérateurs en retour permettant le décollage par accumulation de capitaux, puis création d'un classe moyenne en expansion sur un marché porté par sa demande domestique.
La séquence d'amorçage originale était même plus simple : abaisser les barrières douanières pour booster l'investissement moteur de croissance, ce qui accélèrerait la consommation par un écrasement des prix. Si tous les compteurs se synchronisaient, on devait obtenir un taux monétaire très bas sans inflation notable par l'écrasement des coûts obtenus grâce à la mise en concurrence générale. C'est ce qui s'est produit.
C'est l'Asie qui a décollé. Le continent perdu des prévisionnistes des années cinquante : populations innombrables à nourrir, déficit grave de ressources alimentaires, carences en ressources minières, religions contemplatives, moeurs économiques dépravées, disait-on alors. On avait oublié l'exemple déjà ancien du Japon. Le continent promis était l'Afrique pour toutes les raisons inverses.
Qui voudrait revenir là-dessus avec la moindre chance d'être entendu ?
Je suis bien aise de cette prise de position qui contraste avec les billevesées altermondialistes que nous servent ceux des candidats souverainistes qui, à court d'arguments, se dressent contre la globalisation, l'euro et les Arabes. Manifester contre la globalisation est aussi bête, me disait un ami hongkongais malappris, que de marcher ici en foules contre les typhons. Le monde économique est globalisé. C'est fini. Next point !
Dès lors qu'on ne perd plus son temps à gémir sur nos impérities, on peut agir localement pour "relever les défis de la mondialisation" (sic).
Maintenir le rôle de la France n'est pas un but en soi, mais remonter au classement par la mise en oeuvre de politiques convenables, à commencer par le dynamitage de la chape soviétique française, puis la proposition d'axes de développement acceptables à nos entreprises qui ne sont pas toutes gouvernées par des crapules de la Corbeille, sera le résultat de la remise en route des chaudières françaises.
A l'étage de l'Etat, remettre de l'ordre dans nos finances et réarmer moralement le peuple ne sont pas des objectifs insurmontables si on parle vrai, sincère, honnête. Et localement libérer la créativité et valoriser sa récompense sont des leviers puissants, utilisés par nos voisins, voisins qui ne nous épient plus depuis qu'ils ont compris qu'il n'y avait rien à retenir de longtemps de notre modèle social archaïque et dispendieux.
Perdons donc cette habitude de proclamer la voie à suivre par l'Europe, par les Etats-Unis, par le Proche Orient ... nous qui sommes incapables de mettre notre maison en ordre, nos idées au clair, nous, pauvres benêts qui sommes envahis comme jamais par les marauds étrangers en quête de prestations gracieuses que nous ne pouvons fournir qu'à crédit sur la tête de nos enfants à naître, nous incapables d'assurer le suivi de nos rodomontades onusiennes, nous qui nous sommes exclus des instances dirigeantes européennes qui, malgré tous nos moulinets de Tartarin, débitent cinquante pour cent de nos lois !
Je ne regrette qu’une chose, que Jean d’Orléans se prépare à lancer une entreprise pour la promotion du patrimoine. J'aurai préféré une entreprise offensive. Mais peut-être le deviendra-t-elle, après tout.
Même si elle est patrimoniale, il a une juste vision de ce que fut la France dans les temps puissants, à l'image de la cathédrale de Chartres comme il le dit dans l'article précité, plongeant ses fondations dans la terre riche de Beauce et lançant sa flèche vers le ciel "dans le seul élan qui sache un peu monter" (Ch. Péguy). Il en faudra des peines et soins pour faire relever la tête aux Français afin qu'ils aperçoivent l'espérance désignée par la flèche de Chartres.
Bon courage, Monseigneur.
samedi 20 janvier 2007
Dimanche 21 à 19:00 M° Madeleine
POUR QUE REVIENNE DANS SON PEUPLE LE SOUVENIR D'UN ROI TALENTUEUX ET SAGE, D'UN ROI ATTENTIONNE ET AFFECTEUX, D'UN ROI INNOCENT DES CRIMES DONT LE CHARGEA LA NATION, D'UN ROI PIEUX ET DIGNE JUSQU'A SA DERNIERE MINUTE. VIVE LE ROI !
Epithaphe des Tombeaux champêtres
Ici dort à l'abri des orages du monde
Celui qui fut longtemps jouet de leur fureur.
Des forêts il chercha la retraite profonde,
Et la mélancolie habita dans son coeur.
De l'amitié divine il adora les charmes,
Aux malheureux donna tout ce qu'il eut, des larmes.
Passant, ne porte point un indiscret flambeau
Dans l'abîme où la mort le dérobe à ta vue ;
Laisse le reposer sur la rive inconnue,
De l'autre côté du tombeau.
Chateaubriand, Londres 1796
jeudi 18 janvier 2007
Louis et la Mer
La légende veut que le roi Louis XVI au pied de l’échafaud se soit inquiété du sort de l’expédition de La Pérouse qu’il avait personnellement commissionné en 1785, et dont on était sans nouvelle malgré les recherches lancées par d’Entrecasteaux en septembre 1791.
Pieux mensonge sachant que l’abbé de Firmont, seul homme de qualité accompagnant le roi au supplice, ne relate pas cette question dans ses mémoires, et les rustres bourreaux et gendarmes à portée de voix étaient bien incapables d’avoir quelque avis sur ce sujet.
Mais « se non è vero, è ben trovato » le bon roi avait une vraie passion pour le globe et la mer.
Le jeune duc de Berry, troisième fils¹ du dauphin Louis-Ferdinand, montra des dispositions aux études poussées par une application de tous les instants. Droit et sérieux (trop peut-être) il dépassa vite les gentilshommes du royaume en maths, physique, géographie avec une prédilection pour la cartographie, un des motifs de l’expédition de La Pérouse, et en conséquence une passion pour la seule voie d’accès aux découvertes, la marine. Malgré sa timidité, il s’était ouvert aux autres par l’apprentissage des langues étrangères et maîtrisait outre ses classiques, l’anglais, l’espagnol et l’italien. A cela s’ajoutait une éducation pieuse et idéaliste qui mit un frein plus tard à de saines réactions de protection de l’institution monarchique.
Citer les noms qui suivent indique déjà le niveau atteint par le royaume de Louis XVI dans la chose maritime. La plupart portent des noms de navires modernes sinon de lycées ! Les voici par ordre de naissance.
Toussaint-Guillaume Picquet de la Motte (1720-1791), entre aux gardes marines à 15 ans. Il bourlingue partout où le canon fume, au Maroc, en Baltique, aux Antilles, aux Indes. Conseiller de Sartine pour les ordonnances de 1776, il n’y reste pas longtemps puisqu’on le retrouve chef d’escadre à Ouessant (1778); il sera ensuite la terreur des Anglais. Il repart aux Amériques où il se distinguera chez l’amiral d’Estaing.
Fin manœuvrier il recevra même une lettre de félicitations de l’amiral anglais Hyde-Parker qu’il avait attaqué avec succès. C’est un vrai : 52 ans de service, 34 campagnes, 10 combats, 6 blessures.
François, Joseph, Paul, Comte de Grasse (1722-1788), page du grand maître de l’Ordre de Malte à 11 ans, il monte sur les galères de l’Ordre à 12. Il entre au service du roi Louis XV pour la guerre contre l’Angleterre. Belle campagne d’Amérique ; il est à Grenade, Sainte-Lucie, La Martinique et Savannah, jusqu’à sa consécration, la bataille décisive de la Chesapeake qui signera la fin des hostilités entre les Insurgents et la couronne britannique aux dépens de celle-ci.
50 ans de service à la mer !
Pierre-André de Suffren (1729-1788) entre à 8 ans à l’Ordre de Malte. Il en finira bailli. Après s’être formé chez l’amiral d’Estaing, le roi lui confie une division de cinq bateaux pour l’Océan indien. Tacticien génial, il n’aura de cesse de mettre la pâtée aux Anglais. Sadras, Provedien, Negapatam, Trincomalé, Gondelour sont des batailles navales gagnées par Suffren. Marin d’instinct, intrépide et fougueux, il disparaît trop tôt à 59 ans en prenant le commandement de l’escadre de Brest en formation.
Charles Henri, comte d’Estaing (1729-1794), il fera les Indes avec Tollendal et entrera dans la Marine à 30 ans ayant compris que la guerre avec les Anglais devait se faire sur mer. Nommé en 1777, vice-amiral des mers d'Asie et d'Amérique, il prendra une part active à la guerre d'indépendance américaine avec le marquis de La Fayette. Son principal fait d’armes est la prise de la Grenade. Sa principale qualité, savoir déléguer. Aussi populaire que La Fayette à son retour en France, il soutiendra les réformes de Calonne puis la Révolution venue, suivra son penchant immodéré pour la popularité, ce qui ne lui évitera pas l’échafaud. Brillant et ambitieux, il mourra sans postérité. Aucun bâtiment de la Royale ne porte son nom.
Jean-Charles, chevalier de Borda (1733-1799), mathématicien, physicien et marin. D’abord ingénieur militaire, il n’embarque qu’à 34 ans pour des missions scientifiques. Il participe lui aussi à l’obsession de l’époque : longitude et cartographie. Il détermine précisément la position de Hierro, l’île de Fer aux Canaries sur laquelle passe le méridien zéro pour toute l’Europe. Puis il fait la guerre d’Amérique avec le vice-amiral d’Estaing.
Il naviguera beaucoup en Atlantique et se rangera dans les mathématiques. On lui doit entre cent inventions, les tables trigonométriques décimales et les tables des logarithmes, des sinus, sécantes et tangentes, suivant la division du quart de cercle en cent degrés !
Charles René Louis, vicomte Bernard de Marigny (1740-1816), garde de marine à 14 ans, il ne débarquera pas souvent et sera de toutes les batailles jusqu’à commander la Belle Poule à Ouessant. Puis il ramènera Benjamin Franklin en Amérique à la barbe des Anglais. Il s’illustrera durant la guerre d'Indépendance américaine, lors du combat de la frégate La Junon, qui fera l’objet d’une commande de tableau par Louis XVI pour l’édification des élèves de l’école navale.
Il fera carrière à Brest dans des circonstances difficiles jusqu’au grade de contre-amiral, et soutiendra Louis XVI qu’il connaissait personnellement jusqu’au dernier jour.
Louis Antoine de Bougainville (1729-1811), mathématicien connu par un traité de calcul intégral, il restera dans les mémoires comme le navigateur du célèbre voyage autour du monde. Il débutera dans la fonction publique par une carrière diplomatique et militaire à Londres puis au Canada sous Montcalm. Après la guerre de Sept-Ans il se consacrera à la marine et établira une colonie aux Malouines. Puis ce sera le fameux voyage (1766-1769). La relation de cette expédition fera rêver des générations aux Tahitiennes, mais les considérations quoique élégantes portées aux indigènes suscitera le non moins fameux Supplément au voyage de Bougainville de Diderot dans lequel le philosophe attaque le colonialisme et l'esclavage.
Il fut promu chef d'escadre en 1779 et commanda plusieurs vaisseaux dans la guerre d'Indépendance américaine contre l'amiral Hood. Il sera à la Chesapeake. Le défaut d’argent public ne lui permettant pas de poursuivre ses explorations, il prendra le commandement de la marine à Brest en 1790, et restera fidèle à Louis XVI.
Il est au Panthéon.
Antoine-Raymond-Joseph Bruny d'Entrecasteaux (1737-1793), entre dans la Marine à 15 ans sous les ordres du bailli de Suffren. Sa carrière assez terne s’illumine soudain d’un voyage en Chine contre la mousson par le détroit de Malacca et les Philippines à travers des régions non cartographiées et réputées impossibles. En 1791 Louis XVI fait confiance à son grand professionnalisme pour aller rechercher La Pérouse qui ne répond plus. Il mourra du scorbut en mer.
Jean-François Galaup de Lapérouse (1741-1788) garde marine à 15 ans à Brest. Il sera capturé par les Anglais à la fin de la guerre de Sept-Ans. Il fait diverses campagnes en outremer et lors de son premier commandement sauve le comptoir indien de Mahé. Il fait la guerre d’Indépendance américaine dans la baie d’Hudson, et revient en France avec des qualités reconnues de grand professionnel. Fleurieu le présente à Louis XVI qui lui confie « son » voyage autour du monde dont les conditions sont consignées dans une charte qui reste un modèle d’instructions. Il s’agit aussi de terminer le travail commencé par l’Anglais Cook.
Deux navires, la Boussole et l’Astrolabe partent de Brest le 1er août 1785 pour un périple estimé à trois ans. Les résultats de l'expédition furent connus à chaque escale. Le 6 novembre il parvient au Brésil puis le 24 février 1786 au Chili et ensuite à l'île de Pâques, puis Hawaï le 30 mai 1786. Entre-temps, une reconnaissance des côtes du Canada et de 1’î1e de Vancouver en juillet 1786 est marquée par un incident de mer et la perte de 22 marins dans la baie de Lituya. Le 28 mars 1787 commence l'exploration de la côte asiatique par Canton, Formose et le Japon. Barthélémy de Lesseps, interprète de russe, débarquant au Kamchatka, quitte l'expédition pour ramener par voie de terre les documents de la seconde partie du voyage, en traversant toute la Sibérie. Puis c’est le silence, l’inquiétude et in fine le chagrin du roi.
Deux autres marins de talent auraient leur place ici :
- Louis Villaret de Joyeuse et Louis-René Levassor de Latouche Tréville.
Mais bien sûr derrière la gloire de nos marins, il y a l’intelligence, la patience, l’application, un travail acharné surveillé par le roi qui est là dans son domaine de prédilection. Pourquoi n'a-t-il pas transféré sa capitale à Nantes ?
Antoine de Sartine (1729-1801), ami de Choiseul, modernisa la flotte en rationalisant les infrastructures, ports et chantiers navals, qui passèrent sous la coupe de la Marine. Il réorganisa le corps d’artillerie navale en standardisant la fonderie des pièces, et remis à niveau équipages et infanterie embarquée en luttant contre l’insubordination par une amélioration de l’hygiène et l’accompagnement sanitaire de blessés débarqués. En vue de disputes à venir avec l’Angleterre, il accéléra la construction de navires sur plans standard dans de nouvelles cales sèches comme l’y incitait l’ingénieur Sané. Ces travaux furent complétés par la mise en sûreté des ports militaires.
Deux points au passif, il persista à réserver l’accès du corps d’officiers de pont aux fils de l’aristocratie, ce qui ne permettait pas de forger une endurance comparable à celle de leurs homologues britanniques ; et il ne tint aucun compte des crédits alloués pour le budget de la Marine qu’il dépassait allègrement.
Lui succéda le maréchal de Castries en 1780.
Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries (1727-1800), marquis, comte et baron en Languedoc, est un soldat qui se distingua pendant la guerre de Sept-Ans et en Corse. Ami de Necker, il refondera la stratégie navale avec les succès que l’on sait aux Amériques et rénovera l’administration (inscription maritime, tableau d’avancement). Ce fut un travailleur acharné qui ne comptait pas ses heures. Il émigrera en octobre 1789 et malgré son âge fera bonne figure dans l’Armée des Princes. Il mourra chez le duc de Brunswick.
On ne peut passer Fleurieu sous silence.
Charles-Pierre Claret, comte de Fleurieu de la Tourette (1738-1810), vient des équipages de la flotte où il embarque à 17 ans. Esprit curieux, il valide à son bord le chronomètre Berthoud qui permet le calcul de longitude. C’est un cartographe passionné au point d’acheter un cabinet d’estampes à la fin de sa vie pour y organiser une immense bibliothèque hydrographique.
Lieutenant de vaisseau en 1776, voulant se consacrer à la rédaction d’une histoire de la navigation, il proposa sa démission que Louis XVI refusa. Celui-ci créa en 1777 en sa faveur, la place de Directeur des Ports et Arsenaux de la Marine, poste qu’il conserva 15 années, en faisant fonction de chef d’état-major. Plus ici.
Son grand œuvre est le Neptune du Nord ou Atlas du Cattegat et de la Baltique qui lui prit 25 ans de travaux. Récupéré par Napoléon, il sera couvert d’honneurs. Il est au Panthéon.
Jacques-Noël Sané (1740-1831), architecte naval, le plus brillant de l’âge de la voile, dit le « Vauban de la marine ». Il est l’architecte de la quasi-totalité des vaisseaux de ligne construits en France, de la Guerre d’Indépendance Américaine à la fin du Premier Empire. Ces vaisseaux de 74 canons surpassaient en vitesse et manoeuvrabilité tout ce qui existait. Les Anglais en capturèrent et les copièrent sans aboutir au même résultat. Il y avait une patte « Sané ».
C’est Duhamel de Monceau qui le repèra à l’école du gémie maritime de Paris. Dès son diplôme on lui confia deux bâtiments qui feront la différence du premier coup. Il construira en tout 150 navires de guerre, le chef d’œuvre étant le 118-canons Etats-De-Bourgogne, fin et puissant. Il passera la Révolution à Brest à faire une marine avec des bouts de ficelles, puis travaillera pour l'Empire qui l'honorera.
Pierre-Alexandre-Laurent Forfait (1752-1807), ingénieur hydrographe, n’étant pas noble, il bénéficiera d’une dérogation pour entrer dans le génie maritime. A 31 ans il commence sa carrière d’ingénieur des constructions navales à Brest puis à Cadix sous le comte d’Estaing. Il inventera le principe du paquebot mixte qui permettra l’essor des colonies. Ce fut un constructeur de frégates particulièrement réussies. Plus tard il ouvrira la voie maritime de la Seine pour le Directoire en mettant au point les mâtures mobiles, ce qui lui permit d’atteindre le Pont Royal avec un navire de mer. L’Empire l’honorera.
La marine de Louis XVI, abîmée par la Révolution, ne rencontrera pas la même passion chez l’Empereur des Français qui restera un artilleur jusqu’au bout. La guerre à l’Angleterre ne pouvait se faire que sur mer. De ne l’avoir pas cru amènera sa perte.
Un portail sur la marine d'aujourd'hui : http://www.netmarine.net/index.htm
Pieux mensonge sachant que l’abbé de Firmont, seul homme de qualité accompagnant le roi au supplice, ne relate pas cette question dans ses mémoires, et les rustres bourreaux et gendarmes à portée de voix étaient bien incapables d’avoir quelque avis sur ce sujet.
Mais « se non è vero, è ben trovato » le bon roi avait une vraie passion pour le globe et la mer.
Le jeune duc de Berry, troisième fils¹ du dauphin Louis-Ferdinand, montra des dispositions aux études poussées par une application de tous les instants. Droit et sérieux (trop peut-être) il dépassa vite les gentilshommes du royaume en maths, physique, géographie avec une prédilection pour la cartographie, un des motifs de l’expédition de La Pérouse, et en conséquence une passion pour la seule voie d’accès aux découvertes, la marine. Malgré sa timidité, il s’était ouvert aux autres par l’apprentissage des langues étrangères et maîtrisait outre ses classiques, l’anglais, l’espagnol et l’italien. A cela s’ajoutait une éducation pieuse et idéaliste qui mit un frein plus tard à de saines réactions de protection de l’institution monarchique.
(1) le dauphin Louis-Ferdinand de France eut neuf enfants :Roi à vingt ans, et peu distrait par la vie de cour, il put très tôt favoriser le secteur maritime et colonial de sa politique, et porter au niveau le plus élevé la marine héritée de Louis XV, reconstruite avec talent par le détestable mais efficace Choiseul. Rien déjà à l’époque ne se faisant dans la solitude d’une chambre à cartes, notre propos est d’évoquer aujourd’hui les marins du roi.
. Marie-Thérèse de France (1746-1748)
. Marie-Zéphyrine de France (1750-1755)
. Louis de France (1751-1761), duc de Bourgogne
. Xavier de France (1753-1754), duc d'Aquitaine
. Louis-Auguste de France, duc de Berry, futur Louis XVI
. Louis Stanislas Xavier de France (1755-1824), comte de Provence, futur Louis XVIII
. Charles Philippe de France (1757-1836), comte d'Artois, futur Charles X
. Clotilde de France (1759 – 1802), reine de Sardaigne de 1796 à 1802
. Élisabeth de France (1764-1794), partagea le sort de la famille royale et finit guillotinée
Citer les noms qui suivent indique déjà le niveau atteint par le royaume de Louis XVI dans la chose maritime. La plupart portent des noms de navires modernes sinon de lycées ! Les voici par ordre de naissance.
Toussaint-Guillaume Picquet de la Motte (1720-1791), entre aux gardes marines à 15 ans. Il bourlingue partout où le canon fume, au Maroc, en Baltique, aux Antilles, aux Indes. Conseiller de Sartine pour les ordonnances de 1776, il n’y reste pas longtemps puisqu’on le retrouve chef d’escadre à Ouessant (1778); il sera ensuite la terreur des Anglais. Il repart aux Amériques où il se distinguera chez l’amiral d’Estaing.
Fin manœuvrier il recevra même une lettre de félicitations de l’amiral anglais Hyde-Parker qu’il avait attaqué avec succès. C’est un vrai : 52 ans de service, 34 campagnes, 10 combats, 6 blessures.
François, Joseph, Paul, Comte de Grasse (1722-1788), page du grand maître de l’Ordre de Malte à 11 ans, il monte sur les galères de l’Ordre à 12. Il entre au service du roi Louis XV pour la guerre contre l’Angleterre. Belle campagne d’Amérique ; il est à Grenade, Sainte-Lucie, La Martinique et Savannah, jusqu’à sa consécration, la bataille décisive de la Chesapeake qui signera la fin des hostilités entre les Insurgents et la couronne britannique aux dépens de celle-ci.
50 ans de service à la mer !
Pierre-André de Suffren (1729-1788) entre à 8 ans à l’Ordre de Malte. Il en finira bailli. Après s’être formé chez l’amiral d’Estaing, le roi lui confie une division de cinq bateaux pour l’Océan indien. Tacticien génial, il n’aura de cesse de mettre la pâtée aux Anglais. Sadras, Provedien, Negapatam, Trincomalé, Gondelour sont des batailles navales gagnées par Suffren. Marin d’instinct, intrépide et fougueux, il disparaît trop tôt à 59 ans en prenant le commandement de l’escadre de Brest en formation.
Charles Henri, comte d’Estaing (1729-1794), il fera les Indes avec Tollendal et entrera dans la Marine à 30 ans ayant compris que la guerre avec les Anglais devait se faire sur mer. Nommé en 1777, vice-amiral des mers d'Asie et d'Amérique, il prendra une part active à la guerre d'indépendance américaine avec le marquis de La Fayette. Son principal fait d’armes est la prise de la Grenade. Sa principale qualité, savoir déléguer. Aussi populaire que La Fayette à son retour en France, il soutiendra les réformes de Calonne puis la Révolution venue, suivra son penchant immodéré pour la popularité, ce qui ne lui évitera pas l’échafaud. Brillant et ambitieux, il mourra sans postérité. Aucun bâtiment de la Royale ne porte son nom.
Jean-Charles, chevalier de Borda (1733-1799), mathématicien, physicien et marin. D’abord ingénieur militaire, il n’embarque qu’à 34 ans pour des missions scientifiques. Il participe lui aussi à l’obsession de l’époque : longitude et cartographie. Il détermine précisément la position de Hierro, l’île de Fer aux Canaries sur laquelle passe le méridien zéro pour toute l’Europe. Puis il fait la guerre d’Amérique avec le vice-amiral d’Estaing.
Il naviguera beaucoup en Atlantique et se rangera dans les mathématiques. On lui doit entre cent inventions, les tables trigonométriques décimales et les tables des logarithmes, des sinus, sécantes et tangentes, suivant la division du quart de cercle en cent degrés !
Charles René Louis, vicomte Bernard de Marigny (1740-1816), garde de marine à 14 ans, il ne débarquera pas souvent et sera de toutes les batailles jusqu’à commander la Belle Poule à Ouessant. Puis il ramènera Benjamin Franklin en Amérique à la barbe des Anglais. Il s’illustrera durant la guerre d'Indépendance américaine, lors du combat de la frégate La Junon, qui fera l’objet d’une commande de tableau par Louis XVI pour l’édification des élèves de l’école navale.
Il fera carrière à Brest dans des circonstances difficiles jusqu’au grade de contre-amiral, et soutiendra Louis XVI qu’il connaissait personnellement jusqu’au dernier jour.
Viennent les trois explorateurs, sans doute les « chouchous » du roi.
Louis Antoine de Bougainville (1729-1811), mathématicien connu par un traité de calcul intégral, il restera dans les mémoires comme le navigateur du célèbre voyage autour du monde. Il débutera dans la fonction publique par une carrière diplomatique et militaire à Londres puis au Canada sous Montcalm. Après la guerre de Sept-Ans il se consacrera à la marine et établira une colonie aux Malouines. Puis ce sera le fameux voyage (1766-1769). La relation de cette expédition fera rêver des générations aux Tahitiennes, mais les considérations quoique élégantes portées aux indigènes suscitera le non moins fameux Supplément au voyage de Bougainville de Diderot dans lequel le philosophe attaque le colonialisme et l'esclavage.
Il fut promu chef d'escadre en 1779 et commanda plusieurs vaisseaux dans la guerre d'Indépendance américaine contre l'amiral Hood. Il sera à la Chesapeake. Le défaut d’argent public ne lui permettant pas de poursuivre ses explorations, il prendra le commandement de la marine à Brest en 1790, et restera fidèle à Louis XVI.
Il est au Panthéon.
Antoine-Raymond-Joseph Bruny d'Entrecasteaux (1737-1793), entre dans la Marine à 15 ans sous les ordres du bailli de Suffren. Sa carrière assez terne s’illumine soudain d’un voyage en Chine contre la mousson par le détroit de Malacca et les Philippines à travers des régions non cartographiées et réputées impossibles. En 1791 Louis XVI fait confiance à son grand professionnalisme pour aller rechercher La Pérouse qui ne répond plus. Il mourra du scorbut en mer.
Jean-François Galaup de Lapérouse (1741-1788) garde marine à 15 ans à Brest. Il sera capturé par les Anglais à la fin de la guerre de Sept-Ans. Il fait diverses campagnes en outremer et lors de son premier commandement sauve le comptoir indien de Mahé. Il fait la guerre d’Indépendance américaine dans la baie d’Hudson, et revient en France avec des qualités reconnues de grand professionnel. Fleurieu le présente à Louis XVI qui lui confie « son » voyage autour du monde dont les conditions sont consignées dans une charte qui reste un modèle d’instructions. Il s’agit aussi de terminer le travail commencé par l’Anglais Cook.
Deux navires, la Boussole et l’Astrolabe partent de Brest le 1er août 1785 pour un périple estimé à trois ans. Les résultats de l'expédition furent connus à chaque escale. Le 6 novembre il parvient au Brésil puis le 24 février 1786 au Chili et ensuite à l'île de Pâques, puis Hawaï le 30 mai 1786. Entre-temps, une reconnaissance des côtes du Canada et de 1’î1e de Vancouver en juillet 1786 est marquée par un incident de mer et la perte de 22 marins dans la baie de Lituya. Le 28 mars 1787 commence l'exploration de la côte asiatique par Canton, Formose et le Japon. Barthélémy de Lesseps, interprète de russe, débarquant au Kamchatka, quitte l'expédition pour ramener par voie de terre les documents de la seconde partie du voyage, en traversant toute la Sibérie. Puis c’est le silence, l’inquiétude et in fine le chagrin du roi.
Deux autres marins de talent auraient leur place ici :
- Louis Villaret de Joyeuse et Louis-René Levassor de Latouche Tréville.
Mais bien sûr derrière la gloire de nos marins, il y a l’intelligence, la patience, l’application, un travail acharné surveillé par le roi qui est là dans son domaine de prédilection. Pourquoi n'a-t-il pas transféré sa capitale à Nantes ?
Antoine de Sartine (1729-1801), ami de Choiseul, modernisa la flotte en rationalisant les infrastructures, ports et chantiers navals, qui passèrent sous la coupe de la Marine. Il réorganisa le corps d’artillerie navale en standardisant la fonderie des pièces, et remis à niveau équipages et infanterie embarquée en luttant contre l’insubordination par une amélioration de l’hygiène et l’accompagnement sanitaire de blessés débarqués. En vue de disputes à venir avec l’Angleterre, il accéléra la construction de navires sur plans standard dans de nouvelles cales sèches comme l’y incitait l’ingénieur Sané. Ces travaux furent complétés par la mise en sûreté des ports militaires.
Deux points au passif, il persista à réserver l’accès du corps d’officiers de pont aux fils de l’aristocratie, ce qui ne permettait pas de forger une endurance comparable à celle de leurs homologues britanniques ; et il ne tint aucun compte des crédits alloués pour le budget de la Marine qu’il dépassait allègrement.
Lui succéda le maréchal de Castries en 1780.
Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries (1727-1800), marquis, comte et baron en Languedoc, est un soldat qui se distingua pendant la guerre de Sept-Ans et en Corse. Ami de Necker, il refondera la stratégie navale avec les succès que l’on sait aux Amériques et rénovera l’administration (inscription maritime, tableau d’avancement). Ce fut un travailleur acharné qui ne comptait pas ses heures. Il émigrera en octobre 1789 et malgré son âge fera bonne figure dans l’Armée des Princes. Il mourra chez le duc de Brunswick.
On ne peut passer Fleurieu sous silence.
Charles-Pierre Claret, comte de Fleurieu de la Tourette (1738-1810), vient des équipages de la flotte où il embarque à 17 ans. Esprit curieux, il valide à son bord le chronomètre Berthoud qui permet le calcul de longitude. C’est un cartographe passionné au point d’acheter un cabinet d’estampes à la fin de sa vie pour y organiser une immense bibliothèque hydrographique.
Lieutenant de vaisseau en 1776, voulant se consacrer à la rédaction d’une histoire de la navigation, il proposa sa démission que Louis XVI refusa. Celui-ci créa en 1777 en sa faveur, la place de Directeur des Ports et Arsenaux de la Marine, poste qu’il conserva 15 années, en faisant fonction de chef d’état-major. Plus ici.
Son grand œuvre est le Neptune du Nord ou Atlas du Cattegat et de la Baltique qui lui prit 25 ans de travaux. Récupéré par Napoléon, il sera couvert d’honneurs. Il est au Panthéon.
Jacques-Noël Sané (1740-1831), architecte naval, le plus brillant de l’âge de la voile, dit le « Vauban de la marine ». Il est l’architecte de la quasi-totalité des vaisseaux de ligne construits en France, de la Guerre d’Indépendance Américaine à la fin du Premier Empire. Ces vaisseaux de 74 canons surpassaient en vitesse et manoeuvrabilité tout ce qui existait. Les Anglais en capturèrent et les copièrent sans aboutir au même résultat. Il y avait une patte « Sané ».
C’est Duhamel de Monceau qui le repèra à l’école du gémie maritime de Paris. Dès son diplôme on lui confia deux bâtiments qui feront la différence du premier coup. Il construira en tout 150 navires de guerre, le chef d’œuvre étant le 118-canons Etats-De-Bourgogne, fin et puissant. Il passera la Révolution à Brest à faire une marine avec des bouts de ficelles, puis travaillera pour l'Empire qui l'honorera.
Pierre-Alexandre-Laurent Forfait (1752-1807), ingénieur hydrographe, n’étant pas noble, il bénéficiera d’une dérogation pour entrer dans le génie maritime. A 31 ans il commence sa carrière d’ingénieur des constructions navales à Brest puis à Cadix sous le comte d’Estaing. Il inventera le principe du paquebot mixte qui permettra l’essor des colonies. Ce fut un constructeur de frégates particulièrement réussies. Plus tard il ouvrira la voie maritime de la Seine pour le Directoire en mettant au point les mâtures mobiles, ce qui lui permit d’atteindre le Pont Royal avec un navire de mer. L’Empire l’honorera.
La marine de Louis XVI, abîmée par la Révolution, ne rencontrera pas la même passion chez l’Empereur des Français qui restera un artilleur jusqu’au bout. La guerre à l’Angleterre ne pouvait se faire que sur mer. De ne l’avoir pas cru amènera sa perte.
Un portail sur la marine d'aujourd'hui : http://www.netmarine.net/index.htm
dimanche 14 janvier 2007
In Memoriam Regis
Moins de huit jours maintenant. Ce sera mieux le matin à la fraîche. On a moins le temps de se repasser le film de cette horrible matinée. Le soleil a peine levé, hop ! Manteau, chapeau et cache-col, j'irai à la chapelle qui m'offre à dix minutes de chez moi, une belle messe tridentine pour le repos de l'âme du roi Louis XVI. Plus de monde sans doute cette année où ça tombe un dimanche. Mais loin de Paris, je n'aurai pas de civilités hypocrites à supporter - avec l'âge c'est de plus en plus dur - encore moins de "révérences égalitaires". Quelques serrements de mains, tristes et muets. On se comprend sans rien dire. C'est un peu la mort de la Grande France que l'on commémore le 21 janvier.
Trente semaines d'années et quatre ans déjà que la Nation insurgée s'est coupée de sa raison d'être en liquidant le lieutenant de Dieu sur terre.
C'est le comput qu'utilise le Ciel dans les cas graves me disait un capucin du prieuré où j'ai mes habitudes d'emplettes, pour le trois-six.
Combien va durer encore la pénitence que la Providence nous inflige ? Quarante-neuf pour les crimes de sang, m'avoua le saint homme. Je serai mort avant.
Dès fois qu'il soit exagéremment pessimiste, je reprends mon clavier militant pour vous dire que Louis XVI était un roi bon et affectueux, intelligent et cultivé. S'il avait quelques défauts dont nous ne parlerons pas aujourd'hui, il ne méritait pas d'être "détruit", même s'il s'agissait pour les Révolutionnaires de rompre le principe dynastique. Pure sauvagerie pour des idées simplistes que cette exécution inique ! La Révolution française fut d'abord du sang humain à torrents.
Louis XVI pardonna à ses bourreaux. Le récit de sa dernière journée nous laisse le souvenir d'une étonnante sérénité. La Passion d'un juste, comme s'il ne s'agissait que de passer mal commodément une porte vers les étoiles. Aurons-nous cette "candeur" à notre dernier jour, nous qui en comparaison n'avons "rien" fait de grand dans l'histoire ?
De cette époque terrible nous vous offrons le Voeu du roi remis, dit-on, le 21 juillet 1792 à son confesseur, supérieur général des Eudistes, le père Hébert, avant qu'il ne soit tué aux Carmes en septembre de la même année. Les résolutions numérotées nous semblent un ajout posthume un peu trop à l'avantage de la papauté, dès qu'on les rapporte au ton général ; mais c'est une pièce du dossier Louis XVI. D'autres sites royalistes vont ré-éditer le testament de décembre 92.
Trente semaines d'années et quatre ans déjà que la Nation insurgée s'est coupée de sa raison d'être en liquidant le lieutenant de Dieu sur terre.
C'est le comput qu'utilise le Ciel dans les cas graves me disait un capucin du prieuré où j'ai mes habitudes d'emplettes, pour le trois-six.
Combien va durer encore la pénitence que la Providence nous inflige ? Quarante-neuf pour les crimes de sang, m'avoua le saint homme. Je serai mort avant.
Dès fois qu'il soit exagéremment pessimiste, je reprends mon clavier militant pour vous dire que Louis XVI était un roi bon et affectueux, intelligent et cultivé. S'il avait quelques défauts dont nous ne parlerons pas aujourd'hui, il ne méritait pas d'être "détruit", même s'il s'agissait pour les Révolutionnaires de rompre le principe dynastique. Pure sauvagerie pour des idées simplistes que cette exécution inique ! La Révolution française fut d'abord du sang humain à torrents.
Louis XVI pardonna à ses bourreaux. Le récit de sa dernière journée nous laisse le souvenir d'une étonnante sérénité. La Passion d'un juste, comme s'il ne s'agissait que de passer mal commodément une porte vers les étoiles. Aurons-nous cette "candeur" à notre dernier jour, nous qui en comparaison n'avons "rien" fait de grand dans l'histoire ?
De cette époque terrible nous vous offrons le Voeu du roi remis, dit-on, le 21 juillet 1792 à son confesseur, supérieur général des Eudistes, le père Hébert, avant qu'il ne soit tué aux Carmes en septembre de la même année. Les résolutions numérotées nous semblent un ajout posthume un peu trop à l'avantage de la papauté, dès qu'on les rapporte au ton général ; mais c'est une pièce du dossier Louis XVI. D'autres sites royalistes vont ré-éditer le testament de décembre 92.
Vœu par lequel Louis XVI a dévoué sa Personne, sa Famille et tout son Royaume, au Sacré-Cœur de Jésus.
« Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon cœur, et la profondeur de l'abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans nombre m'environnent de toutes parts. A mes malheurs personnels et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent, pour accabler mon âme, ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de tous les infortunés, les gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles, et une voix intérieure m'avertit encore que peut-être votre justice me reproche toutes ces calamités, parce que, dans les jours de ma puissance, je n'ai pas réprimé la licence du peuple et l'irréligion, qui en sont les principales sources ; parce que j'ai fourni moi-même des armes à l'hérésie qui triomphe, en la favorisant par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l'audace de tout oser.
Je n'aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de me justifier devant vous ; mais vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la foi et aux règles des mœurs ; mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi David, qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre vous ; au roi Manassès, qui avait entraîné son peuple dans l'idolâtrie. Désarmé par leur pénitence, vous les avez rétablis l'un et l'autre sur le trône de Juda ; vous les avez fait régner avec paix et gloire. Seriez-vous inexorable aujourd'hui pour un fils de saint Louis, qui prend ces rois pénitents pour modèles, et qui, à leur exemple, désire réparer ses fautes et devenir un roi selon votre Cœur ? 0 Jésus-Christ, divin Rédempteur de toutes nos iniquités, c'est dans votre Cœur adorable que je veux déposer les effusions de mon âme affligée. J'appelle à mon secours le tendre Cœur de Marie, mon auguste protectrice et ma mère, et l'assistance de saint Louis, mon patron et le plus illustre de mes aïeux.
Ouvrez-vous, Cœur adorable, et par les mains si pures de mes puissants intercesseurs, recevez avec bonté le vœu satisfactoire que la confiance m'inspire et que je vous offre comme l'expression naïve des sentiments de mon cœur.
Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma liberté, ma couronne et ma puissance royale, je promets solennellement :
1° De révoquer le plus tôt possible toutes les lois qui me seront indiquées, soit par le pape, soit par quatre évêques choisis parmi les plus vertueux de mon royaume, comme contraires à la pureté et à l'intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la sainte Eglise catholique, apostolique, romaine, et notamment la constitution civile du clergé ;
2° De rétablir sans délai tous les pasteurs légitimes et tous les bénéficiers institués par l'Eglise, dans les bénéfices dont ils ont été injustement dépouillés par les décrets d'une puissance incompétente, sauf à prendre les moyens canoniques pour supprimer les titres de bénéfices qui sont moins nécessaires, et pour en appliquer les biens et revenus aux besoins de l'Etat ;
3° De prendre, dans l'intervalle d'une année, tant auprès du pape qu'auprès des évêques de mon royaume, toutes les mesures nécessaires pour établir, suivant les formes canoniques, une fête solennelle en l'honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement, et toujours suivie d'une procession générale, en réparation des outrages et des profanations commis dans nos saints temples, pendant le temps des troubles, par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens ;
4° D'aller moi-même en personne, sous trois mois à compter du jour de ma délivrance, dans l'église Notre-Dame de Paris, ou dans toute autre église principale du lieu où je me trouverai, et de prononcer, un jour de dimanche ou de fête, au pied du maître-autel, après l'offertoire de la messe, et entre les mains du célébrant, un acte solennel de consécration de ma personne, de ma famille et de mon royaume au Sacré Cœur de Jésus, avec promesse de donner à tous mes sujets l'exemple du culte et de la dévotion qui sont dus à ce Cœur adorable ;
5° D'ériger et de décorer à mes frais, dans l'église que je choisirai pour cela, dans le cours d'une année à compter du jour de ma délivrance, une chapelle ou un autel qui sera dédié au Sacré Cœur de Jésus, et qui servira de monument éternel de ma reconnaissance et de ma confiance sans bornes dans les mérites infinis et dans les trésors inépuisables de grâces qui sont renfermés dans ce Cœur sacré ;
6° Enfin, de renouveler tous les ans, au lieu où je me trouverai, le jour qu'on célébrera la fête du Sacré-Cœur, l'acte de consécration exprimé dans l'article quatrième, et d'assister à la procession générale qui suivra la messe de ce jour.
Je ne puis aujourd'hui prononcer qu'en secret cet engagement, mais je le signerais de mon sang s'il le fallait, et le plus beau jour de ma vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple.
0 Cœur adorable de mon Sauveur ! Que j'oublie ma main droite et que je m'oublie moi-même, si jamais j'oublie vos bienfaits et mes promesses, et cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et toute ma consolation.
Ainsi soit-il. »
Le Lacrymosa de Verdi en cliquant sur l'oeillet blanc.
mercredi 10 janvier 2007
Préavis de succession
La duchesse Carmen de Franco, bon pied bon oeil sur ses 80 ans, a la joie de nous annoncer la naissance au printemps prochain de son arrière-petite-fille chez le prince et la princesse de Bourbon. N'étant pas destinée à la tabacalera voisine, elle ne s'appellera pas Carmen, c'est promis.
Tous nos voeux à Louis et Marguerite pour que ça se passe bien. Nos coeurs se gonflent déjà de joie.
Mais j'entre-aperçois des esprits pénétrés qui sourcillent. Où est le mâle ? La loi de primogéniture virile est intangible en pays capétien. D'ailleurs la Lex Salica dispose sous son titre XXXIV - De Alode à l'article 6, que ...
De Terra Uero Salica Nulla Portio Hereditatis Mulieri Ueniat, Sed Ad Uirilem Sexum Tota Terrae Hereditas Perueniat.
Les jurisconsultes fondamentalistes invoquent la charge thaumaturgique du Lieutenant du Christ sur terre pour refuser au sexe faible la couronne de Clovis. Heureusement qu'à l'époque où ils exhumaient la vieille loi germanique pour virer le Plantagenêt de France, on a trouvé une pucelle de la plus haute famille, pour arracher le couillu dynaste aux sables mouvants de son impéritie.
Il est vrai que les reines, qui ne régnaient pas en France, ont plus souvent gouverné qu'à leur tour, au point de susciter les railleries des constitutionnalistes qui parlèrent de filer les lis, ou de partir en ... quenouille ...
Nous consulterons prochainement la sommité promise aux plus hautes fonctions juridiques de notre république monarchisante, S.E. Jean-Louis Debré, fils du regretté entonnoir qui nous a laissé la loi fondamentale en vigueur, nommé à ce qu'on murmure au Conseil constitutionnel.
Ca nous changera de Dumas !
Pour conclure, on se fera le petit bonheur de lire la prose facile de Monsieur de Voltaire sur ce beau sujet de dispute en cliquant sur son nom pour lire tout l'article "loi salique" de son Dictionnaire philosophique, dont nous vous passons un court extrait ci-dessous puisque vous êtes restés sages malgré la provocation :
Tous nos voeux à Louis et Marguerite pour que ça se passe bien. Nos coeurs se gonflent déjà de joie.
Mais j'entre-aperçois des esprits pénétrés qui sourcillent. Où est le mâle ? La loi de primogéniture virile est intangible en pays capétien. D'ailleurs la Lex Salica dispose sous son titre XXXIV - De Alode à l'article 6, que ...
De Terra Uero Salica Nulla Portio Hereditatis Mulieri Ueniat, Sed Ad Uirilem Sexum Tota Terrae Hereditas Perueniat.
Les jurisconsultes fondamentalistes invoquent la charge thaumaturgique du Lieutenant du Christ sur terre pour refuser au sexe faible la couronne de Clovis. Heureusement qu'à l'époque où ils exhumaient la vieille loi germanique pour virer le Plantagenêt de France, on a trouvé une pucelle de la plus haute famille, pour arracher le couillu dynaste aux sables mouvants de son impéritie.
Il est vrai que les reines, qui ne régnaient pas en France, ont plus souvent gouverné qu'à leur tour, au point de susciter les railleries des constitutionnalistes qui parlèrent de filer les lis, ou de partir en ... quenouille ...
Nous consulterons prochainement la sommité promise aux plus hautes fonctions juridiques de notre république monarchisante, S.E. Jean-Louis Debré, fils du regretté entonnoir qui nous a laissé la loi fondamentale en vigueur, nommé à ce qu'on murmure au Conseil constitutionnel.
Ca nous changera de Dumas !
Pour conclure, on se fera le petit bonheur de lire la prose facile de Monsieur de Voltaire sur ce beau sujet de dispute en cliquant sur son nom pour lire tout l'article "loi salique" de son Dictionnaire philosophique, dont nous vous passons un court extrait ci-dessous puisque vous êtes restés sages malgré la provocation :
«[...] Je puis donner ma voix dans les états généraux, et aucun pape n’y peut avoir de suffrage. Je donne donc ma voix sans difficulté, dans trois ou quatre cents ans, à une fille de France qui resterait seule descendante en droite ligne de Hugues Capet. Je la fais reine, pourvu qu’elle soit bien élevée, qu’elle ait l’esprit juste, et qu’elle ne soit point bigote. J’interprète en sa faveur cette loi qui dit que fille ne doit mie succéder. J’entends qu’elle n’héritera mie tant qu’il y aura mâle; mais dès que mâles défaillent, je prouve que le royaume est à elle, par nature qui l’ordonne, et pour le bien de la nation.
J’invite tous les bons Français à montrer le même respect pour le sang de tant de rois. Je crois que c’est l’unique moyen de prévenir les factions qui démembreraient l’État. Je propose qu’elle règne de son chef et qu’on la marie à quelque bon prince, qui prendra le nom et les armes, et qui par lui-même pourra posséder quelque canton, lequel sera annexé à la France, ainsi qu’on a conjoint Marie-Thérèse de Hongrie et François duc de Lorraine, le meilleur prince du monde ...»
J’invite tous les bons Français à montrer le même respect pour le sang de tant de rois. Je crois que c’est l’unique moyen de prévenir les factions qui démembreraient l’État. Je propose qu’elle règne de son chef et qu’on la marie à quelque bon prince, qui prendra le nom et les armes, et qui par lui-même pourra posséder quelque canton, lequel sera annexé à la France, ainsi qu’on a conjoint Marie-Thérèse de Hongrie et François duc de Lorraine, le meilleur prince du monde ...»
(Dictionnaire philosophique, loi salique)
Règne l'Infante de France et qu'elle soit belle comme maman !
mardi 9 janvier 2007
Derniers moments du roi par l'abbé de Firmont
En traversant la cour de la prison à neuf heures pour aller au supplice, il se tourna deux fois vers la tour où était sa famille, comme pour dire un dernier adieu à ce qu'il avait de plus cher. A l'entrée de la seconde cour se trouvait une voiture de place ; deux gendarmes tenaient la portière. A l'approche du roi, l'un y entra, et se plaça sur le devant. Le roi monta ensuite en me priant de prendre place à côté de lui ; l'autre gendarme entra le dernier, et ferma la portière.
Le roi se trouvant resserré dans une voiture où il ne pouvait parler ni m'entendre sans témoins, prit le parti du silence. Je lui présentai aussitôt mon bréviaire, le seul livre que j'eusse sur moi, et il parut l'accepter avec plaisir. Il témoigna même désirer que je lui indiquasse les psaumes qui convenaient le mieux à sa situation, et il les récitait alternativement avec moi. Les gendarmes, sans ouvrir la bouche, paraissaient extasiés et confondus tout ensemble de la piété tranquille d'un monarque qu'ils n'avaient jamais vu sans doute d'aussi près.
La marche dura près de deux heures. Toutes les rues étaient bordées de plusieurs rangs de citoyens, armés tantôt de piques, tantôt de fusils. En outre, la voiture elle-même était entourée d'un corps de troupes imposant, et formé sans doute de ce qu'il y avait de plus corrompu dans Paris. Pour comble de précautions, on avait placé, en avant des chevaux, une multitude de tambours, afin d'étouffer par ce bruit les cris qui auraient pu se taire entendre en faveur du roi. Mais comment en aurait-on entendu ? Personne ne paraissait ni aux portes ni aux fenêtres ; et on ne voyait dans les rues que des citoyens armés, c'est-à-dire des citoyens qui, tout au moins par faiblesse, concouraient à un crime qu'ils détestaient peut-être dans le cœur.
La voiture parvint ainsi dans le plus profond silence à la place Louis XV, et s'arrêta au milieu d'un grand espace vide qu'on avait laissé autour de l'échafaud. Cet espace était bordé de canons ; et au delà, tant que la vue pouvait s'étendre, on apercevait une multitude en armes. Dès que le roi sentit que la voiture n'allait plus, il se retourna vers moi et me dit à l'oreille : "Nous voilà arrivés, si je ne me trompe". Mon silence lui répondit que oui. Un des bourreaux vint aussitôt ouvrir la portière, et les gendarmes voulurent descendre ; mais le roi les arrêta, et appuyant sa main sur mon genou : "Messieurs, leur dit-il d'un ton de maître, je vous recommande monsieur que voilà ; ayez soin qu'après ma mort il ne lui soit fait aucune insulte. Je vous charge d'y veiller". Ces deux hommes ne répondant rien, le roi voulut reprendre d'un ton plus haut ; mais l'un d'eux lui coupa la parole : "Oui, oui, lui répondit-il, nous en aurons soin ; laissez-nous faire".
Et je dois ajouter que ces mots furent dits d'un ton de voix qui aurait dû me glacer, si dans un moment tel que celui-là il m'eût été possible de me replier sur moi-même. Dès que le roi fut descendu de voiture, trois bourreaux l'entourèrent et voulurent lui ôter ses habits ; mais il les repoussa avec fierté et se déshabilla lui-même. Il défit également son col, ouvrit sa chemise, et s'arrangea de ses propres mains. Les bourreaux, que la contenance fière du roi avait déconcertés un moment, semblèrent alors reprendre de l'audace.
Ils l'entourèrent de nouveau et voulurent lui prendre les mains. "Que prétendez-vous ?" leur dit le prince en retirant ses mains avec vivacité - "Vous lier" répondit un des bourreaux. "Me lier !" repartit le roi d'un air d'indignation. "Je n'y consentirai jamais ; faites ce qui vous est commandé, mais vous ne me lierez pas : renoncez à ce projet". Les bourreaux insistèrent, ils élevèrent la voix et semblaient déjà appeler du secours pour le faire de vive force. C'est ici, peut-être, le moment le plus affreux de cette désolante matinée : une minute de plus, et le meilleur des rois recevait, sous les yeux de ses sujets rebelles, un outrage mille fois plus insupportable que la mort, par la violence qu'on semblait vouloir y mettre.
Il parut le craindre lui-même et se retournant vers moi, il me regarda fixement, comme pour me demander conseil, Hélas ! il m'était impossible de lui en donner un, et je ne lui répondis d'abord que par mon silence. Mais comme il continuait de me regarder : "Sire, lui dis-je avec larmes, dans ce nouvel outrage je ne vois qu'un dernier trait de ressemblance entre Votre majesté et le Dieu qui va être sa récompense". A ces mots, il leva les yeux au ciel avec une expression de douleur que je ne saurais jamais rendre. "Assurément, me dit-il, il ne me faudra rien moins que son exemple pour que je me soumette à un pareil affront". Et se tournant vers les bourreaux : "Faites ce que vous voudrez, leur dit-il ; je boirai le calice jusqu'à la lie".
Les marches qui conduisaient à l'échafaud étaient extrêmement raides à monter : le roi fut obligé de s'appuyer sur mon bras ; et, à la peine qu'il semblait prendre, je craignis un moment que son courage ne commençât à fléchir. Mais, quel fut mon étonnement lorsque, parvenu à la dernière marche, je le vis s'échapper pour ainsi dire de mes mains, traverser d'un pied ferme toute la largeur de l'échafaud, imposer silence par son seul regard à quinze ou vingt tambours qui étaient placés vis-à-vis de lui, et, d'une voix si forte qu'elle dut être entendue du pont Tournant, prononcer distinctement ces paroles à jamais mémorables :
« Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute ; je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que ce sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. »
Il allait continuer ; mais un homme à cheval, en uniforme national, fondant tout à coup l'épée à la main, et avec des cris féroces, sur les tambours, les obligea de rouler. Plusieurs voix se firent entendre en même temps pour encourager les bourreaux : ils parurent s'animer eux-mêmes, et, saisissant avec effort le plus vertueux des rois, ils le traînèrent sous la hache qui d'un seul coup fit tomber sa tête. Tout cela fut l'ouvrage de peu d'instants ; le plus jeune des bourreaux (il ne semblait pas avoir plus de dix-huit ans) saisit aussitôt la tête et la montra au peuple, en faisant le tour de l'échafaud : il accompagnait cette cérémonie monstrueuse des cris les plus atroces et des gestes les plus indécents. Le plus morne silence régna d'abord : bientôt quelques cris de Vive la république ! se firent entendre. Peu à peu les voix se multiplièrent ; et, dans moins de dix minutes, ce cri devint celui de la multitude, et tous les chapeaux furent en l'air.
Selon Henry Essex Edgeworth, abbé de Firmont, confesseur de Madame Elizabeth, dernier consolateur du roi et futur chapelain du comte de Provence, futur Louis XVIII.
Il aurait murmuré en quittant l'échafaud "Fils de saint Louis, montez au ciel !" et dut s'enfuir pour échapper à la furie populaire.
Une marche pour Louis XVI est organisée le dimanche 21 janvier 2007 à Paris
Rendez-vous sous vos bannières à 19 heures à l'église de la Madeleine - M° Madeleine.
Venez en nombre car ce drame se répercute encore dans l'instabilité pathologique de nos institutions et la décrépitude de notre pays, autrefois grand, comme le dit si bien Voxifera.
Plus d'infos et une magnifique bande annonce du cortège pour le roi sur le blogue de l'AFE.
Le roi se trouvant resserré dans une voiture où il ne pouvait parler ni m'entendre sans témoins, prit le parti du silence. Je lui présentai aussitôt mon bréviaire, le seul livre que j'eusse sur moi, et il parut l'accepter avec plaisir. Il témoigna même désirer que je lui indiquasse les psaumes qui convenaient le mieux à sa situation, et il les récitait alternativement avec moi. Les gendarmes, sans ouvrir la bouche, paraissaient extasiés et confondus tout ensemble de la piété tranquille d'un monarque qu'ils n'avaient jamais vu sans doute d'aussi près.
La marche dura près de deux heures. Toutes les rues étaient bordées de plusieurs rangs de citoyens, armés tantôt de piques, tantôt de fusils. En outre, la voiture elle-même était entourée d'un corps de troupes imposant, et formé sans doute de ce qu'il y avait de plus corrompu dans Paris. Pour comble de précautions, on avait placé, en avant des chevaux, une multitude de tambours, afin d'étouffer par ce bruit les cris qui auraient pu se taire entendre en faveur du roi. Mais comment en aurait-on entendu ? Personne ne paraissait ni aux portes ni aux fenêtres ; et on ne voyait dans les rues que des citoyens armés, c'est-à-dire des citoyens qui, tout au moins par faiblesse, concouraient à un crime qu'ils détestaient peut-être dans le cœur.
La voiture parvint ainsi dans le plus profond silence à la place Louis XV, et s'arrêta au milieu d'un grand espace vide qu'on avait laissé autour de l'échafaud. Cet espace était bordé de canons ; et au delà, tant que la vue pouvait s'étendre, on apercevait une multitude en armes. Dès que le roi sentit que la voiture n'allait plus, il se retourna vers moi et me dit à l'oreille : "Nous voilà arrivés, si je ne me trompe". Mon silence lui répondit que oui. Un des bourreaux vint aussitôt ouvrir la portière, et les gendarmes voulurent descendre ; mais le roi les arrêta, et appuyant sa main sur mon genou : "Messieurs, leur dit-il d'un ton de maître, je vous recommande monsieur que voilà ; ayez soin qu'après ma mort il ne lui soit fait aucune insulte. Je vous charge d'y veiller". Ces deux hommes ne répondant rien, le roi voulut reprendre d'un ton plus haut ; mais l'un d'eux lui coupa la parole : "Oui, oui, lui répondit-il, nous en aurons soin ; laissez-nous faire".
Et je dois ajouter que ces mots furent dits d'un ton de voix qui aurait dû me glacer, si dans un moment tel que celui-là il m'eût été possible de me replier sur moi-même. Dès que le roi fut descendu de voiture, trois bourreaux l'entourèrent et voulurent lui ôter ses habits ; mais il les repoussa avec fierté et se déshabilla lui-même. Il défit également son col, ouvrit sa chemise, et s'arrangea de ses propres mains. Les bourreaux, que la contenance fière du roi avait déconcertés un moment, semblèrent alors reprendre de l'audace.
Ils l'entourèrent de nouveau et voulurent lui prendre les mains. "Que prétendez-vous ?" leur dit le prince en retirant ses mains avec vivacité - "Vous lier" répondit un des bourreaux. "Me lier !" repartit le roi d'un air d'indignation. "Je n'y consentirai jamais ; faites ce qui vous est commandé, mais vous ne me lierez pas : renoncez à ce projet". Les bourreaux insistèrent, ils élevèrent la voix et semblaient déjà appeler du secours pour le faire de vive force. C'est ici, peut-être, le moment le plus affreux de cette désolante matinée : une minute de plus, et le meilleur des rois recevait, sous les yeux de ses sujets rebelles, un outrage mille fois plus insupportable que la mort, par la violence qu'on semblait vouloir y mettre.
Il parut le craindre lui-même et se retournant vers moi, il me regarda fixement, comme pour me demander conseil, Hélas ! il m'était impossible de lui en donner un, et je ne lui répondis d'abord que par mon silence. Mais comme il continuait de me regarder : "Sire, lui dis-je avec larmes, dans ce nouvel outrage je ne vois qu'un dernier trait de ressemblance entre Votre majesté et le Dieu qui va être sa récompense". A ces mots, il leva les yeux au ciel avec une expression de douleur que je ne saurais jamais rendre. "Assurément, me dit-il, il ne me faudra rien moins que son exemple pour que je me soumette à un pareil affront". Et se tournant vers les bourreaux : "Faites ce que vous voudrez, leur dit-il ; je boirai le calice jusqu'à la lie".
Les marches qui conduisaient à l'échafaud étaient extrêmement raides à monter : le roi fut obligé de s'appuyer sur mon bras ; et, à la peine qu'il semblait prendre, je craignis un moment que son courage ne commençât à fléchir. Mais, quel fut mon étonnement lorsque, parvenu à la dernière marche, je le vis s'échapper pour ainsi dire de mes mains, traverser d'un pied ferme toute la largeur de l'échafaud, imposer silence par son seul regard à quinze ou vingt tambours qui étaient placés vis-à-vis de lui, et, d'une voix si forte qu'elle dut être entendue du pont Tournant, prononcer distinctement ces paroles à jamais mémorables :
« Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute ; je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que ce sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. »
Il allait continuer ; mais un homme à cheval, en uniforme national, fondant tout à coup l'épée à la main, et avec des cris féroces, sur les tambours, les obligea de rouler. Plusieurs voix se firent entendre en même temps pour encourager les bourreaux : ils parurent s'animer eux-mêmes, et, saisissant avec effort le plus vertueux des rois, ils le traînèrent sous la hache qui d'un seul coup fit tomber sa tête. Tout cela fut l'ouvrage de peu d'instants ; le plus jeune des bourreaux (il ne semblait pas avoir plus de dix-huit ans) saisit aussitôt la tête et la montra au peuple, en faisant le tour de l'échafaud : il accompagnait cette cérémonie monstrueuse des cris les plus atroces et des gestes les plus indécents. Le plus morne silence régna d'abord : bientôt quelques cris de Vive la république ! se firent entendre. Peu à peu les voix se multiplièrent ; et, dans moins de dix minutes, ce cri devint celui de la multitude, et tous les chapeaux furent en l'air.
Selon Henry Essex Edgeworth, abbé de Firmont, confesseur de Madame Elizabeth, dernier consolateur du roi et futur chapelain du comte de Provence, futur Louis XVIII.
Il aurait murmuré en quittant l'échafaud "Fils de saint Louis, montez au ciel !" et dut s'enfuir pour échapper à la furie populaire.
Une marche pour Louis XVI est organisée le dimanche 21 janvier 2007 à Paris
Rendez-vous sous vos bannières à 19 heures à l'église de la Madeleine - M° Madeleine.
Venez en nombre car ce drame se répercute encore dans l'instabilité pathologique de nos institutions et la décrépitude de notre pays, autrefois grand, comme le dit si bien Voxifera.
Plus d'infos et une magnifique bande annonce du cortège pour le roi sur le blogue de l'AFE.
lundi 8 janvier 2007
Du CDD élyséen au CDI
En ces temps agacés de frénésie électorale où l'on recharge nuitamment le carquois des flèches à tirer demain dans la précipitation que mettent les enfants à sauter sur le père Noël des Galeries Lafayette, on est autorisé à s'amuser de la course à l'échalote qui règle la nomenklatura en tout désormais et jusqu'à l'été prochain, au moins.
Le Premier ministre débine son ministre de l’Intérieur, qui, chef du parti majoritaire, essuie les coups en vache que lui porte le président de l’Assemblée nationale, sous les quolibets du président de Corrèze, renforcé du ministre de la Défense !
Ici, le regard, le mot, le geste, tout est scruté tant on y trouve de signifiant. Madame Royal a inventé la "bravitude" au Great Wall, elle a eu bien raison. C'est l'acronyme d'une attitude brave ou bravache, qu'importe. C'est déjà mieux que l'abracadabrantesque ou les racailles ! Mais ça ne servira pas plus.
Ce qui étonne le piéton du roi calé dans son voltaire devant l'écran bleu, tient surtout à l'incroyable légèreté de l'être politique évoluant avec la grâce d'un geai dans le ciel plombé de la République. "La démocratie c'est l'envie" disait Proudhon, et il a bien fallu les satisfaire toutes ou presque pour se maintenir sous les ors des palais nationaux. Après un quart de siècle de gabegie, l'Etat est au seuil de la banqueroute, qui pis est il ne peut même pas la déclarer pour se purger car la monnaie - valeur sérieuse pour grandes personnes - lui a été ôtée des mains.
Bien que sachant la dette publique abyssale en creusement perpétuel pour maintenir sous perfusion notre modèle soviétique, les candidats font quand même assaut d'un supplément de promesses coûteuses qui, je crois pour la première fois dans l'Opinion, trahissent le ridicule de leurs propos de campagne auxquels plus personne ne croit.
Seul M. de Villiers revendique les brèves de comptoir comme pierres d'angle de son programme.
La Nation est convoquée en grandes pompes et universellement au choix du chef suprême, locataire éphémère d'une maison de roi, disposant de pouvoirs plus étendus que n'en a eu Louis XIV. Qu'on veuille les limiter par maints artifices pour mieux partager l'exécutif et améliorer la fameuse séparation de Montesquieu est chaque fois vain, de par les combinaisons partisanes nécessaires au fonctionnement du régime. Intrinsèquement la Cinquième république même pervertie par le quinquennat, est d'essence monarchique, ce dont chaque président jusqu'au prochain d'ailleurs, se réjouit.
Les bons esprits ont fini par se demander si le bordel électoral était à la hauteur de l'enjeu, à nous faire supporter six ou huit mois de concours de pâtés de sable. Ils en concluent que finalement nous méritons mieux. Parmi ceux-ci François Bayrou qui ne cesse de dénoncer l'avidité des compétiteurs dont la capture du pouvoir est le seul enjeu.
A la question : « Vous croyez que les institutions peuvent changer les choses ?… » Il répond, bravache :
« Elles sont à la base de tout. Les deux partis dominants, l’UMP et le PS, ont tous deux exercé le pouvoir absolu, sans partage, pendant plusieurs législatures. Pendant ce temps, la dépense publique, les abus de pouvoir, le gaspillage, la colonisation de l’État par des réseaux partisans ou claniques, tout cela n’a pas cessé de s’aggraver. Or la difficulté des temps rend ces dérives inacceptables, alors que le peuple des citoyens doit porter une charge de plus en plus lourde. Il faut donc reconstruire deux principes oubliés : l’impartialité et la sobriété de l’État. Et pour cela, il faut qu’un peuple décidé et un président indépendant imposent des règles nouvelles ».
« Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n’ont-ils pas les qualités nécessaires pour le faire ? »
« Ils sont différents, mais c’est la même démarche partisane. Ils veulent tout le pouvoir pour leur parti, et l’éviction du pouvoir pour leurs adversaires. Les clans au pouvoir changeront, le clan Sarkozy au lieu du clan Chirac, le clan Hollande-Royal au lieu du clan Mitterrand, mais les principes seront les mêmes. Or ce sont les principes qu’il faut changer. Un président qui bâtit de nouvelles institutions, qui instaure l’État impartial, qui nomme en fonction des compétences et non des étiquettes, qui rassemble au lieu d’opposer. Au fond, la même démarche qu’en 1958 ».
Il va au coup d’état, Bayrou ?
Autre intervention sur un axe différent mais qui dénonce l'inadéquation du système : Jacques Attali, dont je découvre les récents propos sur le blogue de Jean-Philippe Chauvin.
La politique du long terme est la condition sine qua non de la survie de nos nations.
Elle affronte - pour ne pas dire se fracasse sur - l'incapacité systémique du dirigeant politique à se projeter dans l'avenir, empêtré qu'il est dans les réponses à faire quotidiennement à des questions subalternes mais déterminantes pour sa popularité, sans laquelle il sera immédiatement attaqué au sein même de son clan comme le poulet qui saigne dans la basse-cour. L'exercice de la démocratie relève presque du cannibalisme au niveau du pouvoir.
Des remèdes que propose, sans trop se faire d'illusions, Jacques Attali, aucun n'est susceptible d'agir sur le corps social parce que la durée n'est pas paramétrable dans ce régime. La cagade des réformes Raffarin sur les retraites est la plus triste des démonstrations. Seuls les Etats confrontés à des situations périlleuses ressenties par leur peuple - il cite Israël, Singapour et la Corée du Sud - parviennent à surmonter le syndrome de l'instant primordial et acceptent de couper un peu de leurs satisfactions immédiates au bénéfice des générations qui les suivent. Mais nos démocraties européennes n'y parviennent pas. Pire en France, on pille le capital des générations montantes tout en les amusant par une comédie d'ombres chinoises où repassent toujours les mêmes, distillant les mêmes slogans de solidarité, au profit de qui, on ne vous le dira pas.
Même le rajeunissement de la classe politique afin d'allonger son exposition aux problèmes et l'inciter à se préoccuper du futur, ne me convainc pas. Du moins je n'ai pas sous la main d'exemple de jeunes politiques ayant donné une vista à 180 degrés différente de celle que leurs aînés pourraient avoir un soir de tranquillité ou de cuite. Des nuances entre eux sans doute, mais pas plus dès lors qu'ils ont besoin les uns des autres au passage de témoin.
Est-ce stupide de proposer que la gestion à long terme de nos nations soit confiée au principe de pérennité dans la fonction ?
Un chef d'état de qualité et impartial, disposant de compétences reconnues et libéré de l'exploitation démagogique quotidienne de sa fonction, ne serait-il pas mieux placé pour contre-attaquer à long terme les problèmes qui risquent forts de nous rayer de la carte des nations qui comptent. Nous sommes passés du rang de "cinquième grand" à celui de premier des petits, qui fait où on lui dit de faire.
Ces questions sont bien graves pour être confiées à des amateurs en CDD.
L'entretien de Jacques Attali est paru dans Le Monde du 6 janvier.
Le Premier ministre débine son ministre de l’Intérieur, qui, chef du parti majoritaire, essuie les coups en vache que lui porte le président de l’Assemblée nationale, sous les quolibets du président de Corrèze, renforcé du ministre de la Défense !
Ici, le regard, le mot, le geste, tout est scruté tant on y trouve de signifiant. Madame Royal a inventé la "bravitude" au Great Wall, elle a eu bien raison. C'est l'acronyme d'une attitude brave ou bravache, qu'importe. C'est déjà mieux que l'abracadabrantesque ou les racailles ! Mais ça ne servira pas plus.
Ce qui étonne le piéton du roi calé dans son voltaire devant l'écran bleu, tient surtout à l'incroyable légèreté de l'être politique évoluant avec la grâce d'un geai dans le ciel plombé de la République. "La démocratie c'est l'envie" disait Proudhon, et il a bien fallu les satisfaire toutes ou presque pour se maintenir sous les ors des palais nationaux. Après un quart de siècle de gabegie, l'Etat est au seuil de la banqueroute, qui pis est il ne peut même pas la déclarer pour se purger car la monnaie - valeur sérieuse pour grandes personnes - lui a été ôtée des mains.
Bien que sachant la dette publique abyssale en creusement perpétuel pour maintenir sous perfusion notre modèle soviétique, les candidats font quand même assaut d'un supplément de promesses coûteuses qui, je crois pour la première fois dans l'Opinion, trahissent le ridicule de leurs propos de campagne auxquels plus personne ne croit.
Seul M. de Villiers revendique les brèves de comptoir comme pierres d'angle de son programme.
La Nation est convoquée en grandes pompes et universellement au choix du chef suprême, locataire éphémère d'une maison de roi, disposant de pouvoirs plus étendus que n'en a eu Louis XIV. Qu'on veuille les limiter par maints artifices pour mieux partager l'exécutif et améliorer la fameuse séparation de Montesquieu est chaque fois vain, de par les combinaisons partisanes nécessaires au fonctionnement du régime. Intrinsèquement la Cinquième république même pervertie par le quinquennat, est d'essence monarchique, ce dont chaque président jusqu'au prochain d'ailleurs, se réjouit.
Les bons esprits ont fini par se demander si le bordel électoral était à la hauteur de l'enjeu, à nous faire supporter six ou huit mois de concours de pâtés de sable. Ils en concluent que finalement nous méritons mieux. Parmi ceux-ci François Bayrou qui ne cesse de dénoncer l'avidité des compétiteurs dont la capture du pouvoir est le seul enjeu.
A la question : « Vous croyez que les institutions peuvent changer les choses ?… » Il répond, bravache :
« Elles sont à la base de tout. Les deux partis dominants, l’UMP et le PS, ont tous deux exercé le pouvoir absolu, sans partage, pendant plusieurs législatures. Pendant ce temps, la dépense publique, les abus de pouvoir, le gaspillage, la colonisation de l’État par des réseaux partisans ou claniques, tout cela n’a pas cessé de s’aggraver. Or la difficulté des temps rend ces dérives inacceptables, alors que le peuple des citoyens doit porter une charge de plus en plus lourde. Il faut donc reconstruire deux principes oubliés : l’impartialité et la sobriété de l’État. Et pour cela, il faut qu’un peuple décidé et un président indépendant imposent des règles nouvelles ».
« Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n’ont-ils pas les qualités nécessaires pour le faire ? »
« Ils sont différents, mais c’est la même démarche partisane. Ils veulent tout le pouvoir pour leur parti, et l’éviction du pouvoir pour leurs adversaires. Les clans au pouvoir changeront, le clan Sarkozy au lieu du clan Chirac, le clan Hollande-Royal au lieu du clan Mitterrand, mais les principes seront les mêmes. Or ce sont les principes qu’il faut changer. Un président qui bâtit de nouvelles institutions, qui instaure l’État impartial, qui nomme en fonction des compétences et non des étiquettes, qui rassemble au lieu d’opposer. Au fond, la même démarche qu’en 1958 ».
Il va au coup d’état, Bayrou ?
Autre intervention sur un axe différent mais qui dénonce l'inadéquation du système : Jacques Attali, dont je découvre les récents propos sur le blogue de Jean-Philippe Chauvin.
La politique du long terme est la condition sine qua non de la survie de nos nations.
Elle affronte - pour ne pas dire se fracasse sur - l'incapacité systémique du dirigeant politique à se projeter dans l'avenir, empêtré qu'il est dans les réponses à faire quotidiennement à des questions subalternes mais déterminantes pour sa popularité, sans laquelle il sera immédiatement attaqué au sein même de son clan comme le poulet qui saigne dans la basse-cour. L'exercice de la démocratie relève presque du cannibalisme au niveau du pouvoir.
Des remèdes que propose, sans trop se faire d'illusions, Jacques Attali, aucun n'est susceptible d'agir sur le corps social parce que la durée n'est pas paramétrable dans ce régime. La cagade des réformes Raffarin sur les retraites est la plus triste des démonstrations. Seuls les Etats confrontés à des situations périlleuses ressenties par leur peuple - il cite Israël, Singapour et la Corée du Sud - parviennent à surmonter le syndrome de l'instant primordial et acceptent de couper un peu de leurs satisfactions immédiates au bénéfice des générations qui les suivent. Mais nos démocraties européennes n'y parviennent pas. Pire en France, on pille le capital des générations montantes tout en les amusant par une comédie d'ombres chinoises où repassent toujours les mêmes, distillant les mêmes slogans de solidarité, au profit de qui, on ne vous le dira pas.
Même le rajeunissement de la classe politique afin d'allonger son exposition aux problèmes et l'inciter à se préoccuper du futur, ne me convainc pas. Du moins je n'ai pas sous la main d'exemple de jeunes politiques ayant donné une vista à 180 degrés différente de celle que leurs aînés pourraient avoir un soir de tranquillité ou de cuite. Des nuances entre eux sans doute, mais pas plus dès lors qu'ils ont besoin les uns des autres au passage de témoin.
Est-ce stupide de proposer que la gestion à long terme de nos nations soit confiée au principe de pérennité dans la fonction ?
Un chef d'état de qualité et impartial, disposant de compétences reconnues et libéré de l'exploitation démagogique quotidienne de sa fonction, ne serait-il pas mieux placé pour contre-attaquer à long terme les problèmes qui risquent forts de nous rayer de la carte des nations qui comptent. Nous sommes passés du rang de "cinquième grand" à celui de premier des petits, qui fait où on lui dit de faire.
Ces questions sont bien graves pour être confiées à des amateurs en CDD.
L'entretien de Jacques Attali est paru dans Le Monde du 6 janvier.
lundi 1 janvier 2007
Voeux du piéton du roi
Bonne année.
Dans vingt jours nous commémorerons la mort du roi Louis XVI. Ce qui immanquablement nous fait chaque année réfléchir à toutes les occasions manquées, au milieu de notre recueillement.
Sur le parvis de St Germain l'Auxerrois nous serons à trois mois de la célébration quinquennale du chaos démocratique national. Une fois encore le Nombre en tête du corps électoral réunira dans ses mains aucune majorité mais les rênes du pouvoir. Quatre français sur cinq ne l'auront pas choisi de bon coeur. Mais qu'importe, la machine est rodée, l'escroquerie banalisée, comme le déficit structurel d'un Etat impécunieux.
Les "reclassements" de notre nomenklatura en vue des prébendes républicaines formeront "normalement" le paysage politique des cinq prochaines années sans tenir grand compte des fractures qui brisent notre nation et dont la réduction nous semble hors de portée en dépit de tous les appels contre le scandale public.
Nous savons que le roi transcende la Nation et y impulse naturellement un paramètre affectif, introuvable en République sauf dans l'affrontement des plus grands périls. Mais nous ne pouvons pas le prouver. Tout au moins à nos concitoyens avec les mots de chaque jour. Et cent cinquante neuf ans d'absence du roi rend la tâche malaisée, pis encore si l'on remonte aux causes des diverses abdications.
Un jeune prince de France disait que la royauté précèderait la monarchie, et qu'il s'attelait à ce dessein. Il joue sur l'affect, un levier dont l'influence a été minorée par la doctrine monarchiste au bénéfice du Principe, démontré savamment et décrété impeccable, poli comme le monolithe antique de révérence. L'excellente revue des Epées porte en couverture la maxime "le droit du prince naît du besoin du peuple" ; c'est vrai et ...... un peu froid. Y répond dans mon coeur ce cri des Halles : "un roi, nous aurions quelqu'un à aimer !"
Autant que puisse en juger un modeste blogueur, le jeune prince est sur le bon axe. Il ne lui reste qu'à trouver les voies et moyens pour émerger dans une société agacée et vibrionnante où les gens et leurs moeurs ont radicalement changé depuis l'époque du dernier roi. S'il décide que la doctrine doive attendre pour se diffuser qu'il ait apparu, qu'il se presse un peu plus car le pays est très mal. S'il choisit de se faire aider par les monarchistes quand même, il y trouvera forces et compétences à la mesure de son enthousiasme.
Nous souhaitons une bonne année à la grande maison capétienne, en la priant respectueusement de moins commémorer ses fastes enfuis, pour s'inquiéter plus ouvertement du redressement moral de "son pays d'origine", par l'exemple d'abord, en investissant son prestige ensuite dans les domaines préoccupants d'aujourd'hui qui sont la clef de notre survie en tant que Nation.
Il faut régler une bonne fois le chaos provoqué par une licence morale effrénée en tous ordres, politique, financier, sociétal et même diplomatique, pour laisser un espace à peu près viable aux générations montantes qui auront alors, souhaitons le ardemment, la possibilité d'un choix que nous n'avons pas encore.
Dans vingt jours nous commémorerons la mort du roi Louis XVI. Ce qui immanquablement nous fait chaque année réfléchir à toutes les occasions manquées, au milieu de notre recueillement.
Sur le parvis de St Germain l'Auxerrois nous serons à trois mois de la célébration quinquennale du chaos démocratique national. Une fois encore le Nombre en tête du corps électoral réunira dans ses mains aucune majorité mais les rênes du pouvoir. Quatre français sur cinq ne l'auront pas choisi de bon coeur. Mais qu'importe, la machine est rodée, l'escroquerie banalisée, comme le déficit structurel d'un Etat impécunieux.
Les "reclassements" de notre nomenklatura en vue des prébendes républicaines formeront "normalement" le paysage politique des cinq prochaines années sans tenir grand compte des fractures qui brisent notre nation et dont la réduction nous semble hors de portée en dépit de tous les appels contre le scandale public.
Nous savons que le roi transcende la Nation et y impulse naturellement un paramètre affectif, introuvable en République sauf dans l'affrontement des plus grands périls. Mais nous ne pouvons pas le prouver. Tout au moins à nos concitoyens avec les mots de chaque jour. Et cent cinquante neuf ans d'absence du roi rend la tâche malaisée, pis encore si l'on remonte aux causes des diverses abdications.
Un jeune prince de France disait que la royauté précèderait la monarchie, et qu'il s'attelait à ce dessein. Il joue sur l'affect, un levier dont l'influence a été minorée par la doctrine monarchiste au bénéfice du Principe, démontré savamment et décrété impeccable, poli comme le monolithe antique de révérence. L'excellente revue des Epées porte en couverture la maxime "le droit du prince naît du besoin du peuple" ; c'est vrai et ...... un peu froid. Y répond dans mon coeur ce cri des Halles : "un roi, nous aurions quelqu'un à aimer !"
Autant que puisse en juger un modeste blogueur, le jeune prince est sur le bon axe. Il ne lui reste qu'à trouver les voies et moyens pour émerger dans une société agacée et vibrionnante où les gens et leurs moeurs ont radicalement changé depuis l'époque du dernier roi. S'il décide que la doctrine doive attendre pour se diffuser qu'il ait apparu, qu'il se presse un peu plus car le pays est très mal. S'il choisit de se faire aider par les monarchistes quand même, il y trouvera forces et compétences à la mesure de son enthousiasme.
Nous souhaitons une bonne année à la grande maison capétienne, en la priant respectueusement de moins commémorer ses fastes enfuis, pour s'inquiéter plus ouvertement du redressement moral de "son pays d'origine", par l'exemple d'abord, en investissant son prestige ensuite dans les domaines préoccupants d'aujourd'hui qui sont la clef de notre survie en tant que Nation.
Il faut régler une bonne fois le chaos provoqué par une licence morale effrénée en tous ordres, politique, financier, sociétal et même diplomatique, pour laisser un espace à peu près viable aux générations montantes qui auront alors, souhaitons le ardemment, la possibilité d'un choix que nous n'avons pas encore.
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