mercredi 28 février 2007

La couronne d'argent d'abord

La pénibilité de l'agit'prop royaliste devrait valoir aux militants une retraite anticipée, au moins des points de bonification. Cent ans de combat de société mené de main de maître par la crème intellectuelle du temps, relayé sur le terrain par des militants opiniâtres, courageux et bien formés, aboutit à l'enfouissement en décharge politique de l'idée de restauration monarchique qui, à entendre ci et là le niveau des questions posées par le vulgum pecus, n'est familière à quasiment personne dans ses principes les plus évidents. Les monarchies qui nous entourent nous évitent heureusement les quolibets sur la tyrannie du prince ou la mise en coupe réglée du pays par l'aristocratie nobiliaire. Mais que de clichés quand on nous aborde ! Sauf qu'on ne nous aborde pas si souvent.

Le candidat de l'Alliance Royale qui se débat comme un beau diable pour "populariser" le régime royaliste, ne perce pas dans les médias et reste dans l'ombre de la douzaine de candidats visibles. La quête des parrainages patine avant d'avoir atteint les 250 promesses, et il en faudrait 500 avant quinze jours.
Les esprits forts débinent la démarche de l'AR au motif que la monarchie ne reviendra qu'à la faveur (façon de dire) d'une rupture politique grave, consécutive à une crise majeure économique ou sociale ou pire, et jamais par l'élection. Les chapelles se préparent-elles à prendre leur avantage au moment critique de sauver la nation ? Beaucoup le croient. Avec quel prince, quel volontaire pour une sorte de "coup d'état", et selon quel processus, est une autre affaire, qui nous dépasse.
Ce projet indéfini apporte au mouvement une culture de la crypte qui est néfaste parce qu'elle empêche par essence la recherche d'un consensus populaire sur le retour du roi. Comme il faut bien occuper les jeunes qui, à cet âge, sont normalement impatients, on compense le déni de propagande de masse par l'action de quelques brigades urbaines qui collent et tractent, et produisent du matériel de très bon niveau sur Internet, même si l'outrance fréquente, inséparable du genre, amoindrit un peu la pertinence du message.
La vidéo ci-dessous est un modèle plus explicite.

Mais il n'y a pas que les jeunes qui soient impatients. Les vieux monarchistes aussi sont en droit de s'interroger sur la justesse de la voie d'accès tracée finalement en dehors d'eux. Les chapelles peuvent-elles se remettre en cause sur leur démarche militante, sur leur projet politique, au simple énoncé de leur nul effet à ce jour ? Il ne semble pas. Nous n'irons pas jusqu'à dire que la direction d'une chapelle est somme toute plus confortable que celle d'un plus grand mouvement politique, avec ses courants, ses ambitions personnelles, ses problèmes pécuniaires et forcément l'acharnement de ses ennemis, mais nous l'avons dit !

Or les contes de la crypte, depuis si longtemps que nous en tournons les pages, n'ont pas de happy end. Il n'est pas besoin d'avoir poussé à "bac plus dix" pour subodorer qu'en ce XXIè siècle, le retour du roi passera par un plébiscite ou autre voie de consentement du peuple, obtenu soit préalablement, soit après un accès d'aubaine. Soutenir autre chose est tromper son monde, et je pense d'abord aux jeunes militants qui se donnent à fond dans la propagande royaliste. C'est sur cet axe réaliste d'acclimatation de la monarchie que se situe la frêle Alliance Royale qui ces jours-ci est à la peine. Elle est handicapée par sa taille, par le schéma étatique complexe qu'elle promeut, et par son "indépendance dynastique", mais la ferveur demeure.

Il y a néanmoins une autre voie.
Felipe et LetiziaSi l'on accepte le postulat ci-dessus, il suffit de mettre en valeur ce que le peuple connaît déjà de la monarchie. Or il en connaît beaucoup. Toutes les familles royales d'Europe et jusqu'à la maison de Jordanie qui détient la plus belle reine du monde, sont ses familiers. Le peuple partage joies et peines des rois, reines, infants, princesses dès qu'ils règnent. Il se moque volontiers des mêmes s'ils ont été déposés.

Pourquoi alors ne pas oeuvrer simplement au remplacement du chef d'état actuel dont le train de vie politique et le mode de choix nous coûte une fortune, par une famille royale - avenante tant qu'à faire - qui prendrait seulement pour l'instant les fonctions de représentation et d'unité nationale, et le titre de chef des armées comme dans les royaumes du Nord ? Pas plus au départ, ce qui améliorerait la position du premier ministre, ainsi qu'on cherche à le faire de tous bords en ce moment.

"Certainement jamais !" s'écrient déjà les conservateurs du dogme et des hypothèques qui l'écrasent. Le principe capétien, les lois fondamentales du royaume, l’indisponibilité de la couronne, le décret, le traité, la primogéniture masculine réversible, le bréviaire d'Alaric, le sacrifice des Chouans, le testament de Chambord et l'amitié de Soliman le Magnifique ! Le Frankreich est quelque chose de spécial qui ne se galvaude pas ! Mais qui se contemple en silence jusqu'au Jugement Dernier où nous aurons enfin raison !

Or une famille royale installée au bon motif de pérennisation de la fonction de chef d'état, fonction périmétrée à convenance, serait le meilleur vecteur d'une monarchie plus étoffée, plus doctrinale. Il suffirait que le temps laisse au génie propre à la famille en charge, le temps d'acclimater le génie propre à l'institution, capétienne bien sûr, pour que les générations suivantes abordent un jour aux rivages lointains de la vraie royauté.
Depuis le refus à l'obstacle du comte de Chambord, l'histoire nous a montré la vanité d'une restauration de but en blanc dans les principes anciens, même soutenue par une critique politique d'un niveau exceptionnel comme celle conduite par Charles Maurras. Or, c'est là où l'un et l'autre, pour des motifs différents, ont tapé dans le mur : la monarchie reviendra avec le roi. Le roi ne reviendra pas avec la monarchie. Je crois d'ailleurs que le défunt comte de Paris n'était pas étranger à l'idée de ce préalable.

Pourquoi ne pas repartir de cet énoncé de Lawrence Durrell : " La société est un organisme, pas un système. Sa plus petite unité est la famille, et en vérité la royauté est la structure qui lui convient le mieux, car la famille royale est un reflet de la famille humaine, et l'idolâtrie qui s'attache à elle est légitime... C'est une nécessité biologique que les rois. Peut-être sont-ils un reflet de la constitution même de l'âme ".

C'est une trajectoire plus courte vers sa cible que le "nationalisme intégral".

lundi 26 février 2007

Bayrou l'équidistant

Bayrou de Navarre
Bayrou voit converger sur son nom, en renfort de cet électorat du juste milieu que le bipartisme a broyé, des gens déçus de chaque bord et quelques extraterrestres comme des royalistes. Intéressé par le phénomène dont l'image est brouillée par les Guignols de l'Info, je me suis transporté sur son site www.bayrou.fr/.

Il a un avis sur tout et c'est bien normal pour un futur président. A-t-il un avis tranché est une autre question.
Le catalogue Bayrou offre 101 entrées, de A comme "activité universelle à V comme "vote blanc". Votre blogue ne peut les commenter toutes, mais le piéton s'est fait un devoir de les lire toutes. Les plus saillantes à notre avis, sept de politique intérieure, quatre de politique internationale :

Activité universelle, la première entrée est la bonne.
Il ne s'agit pas moins que de réinsérer les moins "performants" dans le tissu social en utilisant leurs modestes compétences pour des services simples d'intérêt public. C'est plus ambitieux qu'il n'y paraît car les réticences viendront des intéressés souvent shootés à la paresse depuis des lustres. Si ces génies méconnus voulaient bien lever les poubelles matinales derrière le camion-benne, nous aurions moins besoin de choisir une immigration de force.
Bayrou, un point, Baïru, one point !

Banlieues
Le problème de la banlieue est indissociable de la sécurité. Or Bayrou sépare les deux entrées. Il privilégie la réinsertion des services publics sous la coupe d'un sous-préfet dans les quartiers impossibles. C'est pur affichage, un sous-préfet termine ses 35 heures le vendredi à 16h. La question de fond est bizarrement simple : comment extirper des quartiers pourris les cinq cents caïds et sous-caïds et les déporter qui dans leurs pays d'origine s'ils sont étrangers, qui dans un bagne pour les "nôtres". Bayrou est trop consensuel, et ses mesures seront phagocytées par la criminalité qu'il évite d'affronter. Mais il n'est pas le seul.

Citoyenneté
Bayrou est un fervent de la démocratie directe et un fana du référendum. Pourquoi ne nous propose-t-il pas d'importer simplement le système cantonal helvétique qui reste un modèle ? A la réserve près qu'à l'étage du pouvoir central la démocratie selon ses voeux tournera vite autour du mât de cocagne puisqu'il ne faudra mécontenter personne à peine d'aboutir à la foire d'empoigne. "Prendre le peuple des citoyens comme un acteur de premier plan, à le placer en face du pouvoir, en situation de partenaire" comme il le veut, est impraticable au delà de la province. Et au fond de lui-même, il le sait bien.

Civisme et service civique universel
C'est l'adjectif "universel" qui fait tout l'intérêt de sa proposition. Les émeutes de novembre 2005 et celles du CPE ont montré que la fracture sociale passe aussi entre les jeunes. Le SCU apporterait ce brassage social que nous avons perdu depuis l'abandon de la conscription. Quoique la moitié de la classe d'âge masculine y échappait par diverses mesures charitables. Universel, oui sinon rien !

Dette et déficits
Le paysan sur sa montagne a compris la perversité de l'endettement quand le mauvais temps ruine la récolte. Si le service de la dette avale déjà toute la collecte de l'IRPP qu'en sera-t-il si par malheur le taux de l'argent actuellement très bas, devait remonter sensiblement ? "Il faut inscrire dans la Constitution l’interdiction pour un gouvernement de présenter un budget en déficit de fonctionnement. En clair, l’Etat ne pourrait plus emprunter pour ses dépenses de fonctionnement - ce principe s’applique déjà pour les collectivités locales. On doit exiger de l’administration un effort de productivité de 2 % par an pendant six à huit ans - c’est ce que font toutes les entreprises françaises. Cela entrera dans un plan décennal de réduction de la dette publique." 100% d'accord.

Elections
Il reconnaît que 50% des citoyens ne sont pas représentés au parlement (le chiffre réel est un peu inférieur) et propose une forte dose de proportionnelle : "Je propose d’attribuer 50 % des sièges par circonscription – des députés qui représentent les territoires ; et 50 % des sièges à la proportionnelle par liste nationale, comme en Allemagne. Ainsi, la réalité territoriale de la nation et sa réalité politique, sont-elles représentées à égalité." D'accord. Mais quand donc la maturité de l'électorat français lui permettra-t-elle de s'exprimer à la proportionnelle intégrale comme dans une vraie démocratie, la recherche du bien commun fédérant ensuite les énergies ? Peut-être jamais !

Réforme de l'Etat
"Les Français sont profondément attachés à l’Etat républicain. Ils refusent de le voir amoindri. François Bayrou pose une exigence : rendre l’Etat simple et efficace, condition pour qu’il recouvre toute sa légitimité."
Je crois plutôt que nombre de Français se posent des questions interdites par la Constitution. Si le modèle social est ringard, qu'en est-il dès lors du modèle politique et philosophique qui le fonde ?


Passons à la politique internationale, domaine réservé du chef de l'Etat en voie de délaissement au profit d'une diplomatie européenne.

Afrique et développement
Le diagnostic est facile mais l'ordonnance tient du cautère sur la jambe en bois car le déversement d'aides encadrées dans un grand plan Marshall n'arrachera pas le continent à sa misère endémique. Il serait plus utile de comprendre comment ont émergé les pays du continent asiatique et acclimater les processus, en cessant une bonne fois d'abonder aux caisses romantiques d'assistance. L'urgence exige des réflexions techniques ayant priorité sur tout autre. Une sur mille : quid de la production d'électricité de masse à l'échelle du sous-continent noir ? Pourtant l'électrification des campagnes est un vecteur de développement vieux comme Lénine !
Néanmoins il n'est pas dupe : "j'ai depuis longtemps l'impression que des fleuves de subventions se perdent dans les sables."

Dissuasion nucléaire
Le grand désarmement tant vanté est-il au programme d'un simple quinquennat quand la prolifération incontenue fait éclore des menaces sérieuses un peu partout ? C'est plutôt un objectif à long terme à discuter avec des dirigeants responsables et puissants à la fois. Nous ne nous qualifions pas en terme de puissance. Mais l'arme nucléaire est notre dernier atout de crédibilité. Désarmés dans le futur comme tout le monde, nous disparaissons pour de bon des enceintes internationales !

Equlibre du monde, Etats-Unis
La multipolarisation (dans son cas la bipolarisation fondée sur une Europe puissance) est un voeu pieux concernant la France. Le rôle de contempteur de l'Hyperpuissance est dévolu à la Chine, voire à l'Inde, qui sont sur de vraies trajectoires impériales poussées par un dynamisme semblable à celui qui meut l'Amérique du Nord. L'Europe en comparaison est arrêtée sur ses avantages acquis vermoulus et devient un continent de vieux à qui il sera bientôt facile de faire peur à peu de frais !

Mondialisation
C'est le type même du sujet pour estrades convaincues. Vouloir régenter la mondialisation et le modèle économique mondial participe à mon sens de la même utopie que de vouloir réformer les services de la météo pour sauver le maïs ! Mais bien des gens sont sensibles à ce discours, à un point tel qu'on le retrouve sur les affiches tirées par de jeunes royalistes.

Les entrées suivantes sont purement électoralistes : antisémitisme, bombes à sous-munitions, chasse, condition des femmes, génocide arménien, racisme, personnes âgées, mais sont aussi des passages obligés par la loi du genre démocratique. L'immigration n'est quant à elle pas vraiment traitée et pourtant il faudrait savoir si c'est la réponse des instances européennes à la dénatalité grave du continent. La question cruciale des retraites est bottée par un "up-and-under", mais le financement n'est pas abordé sérieusement.

Il est certain que certaines propositions hérisseront le royaliste et finalement le barreront d'apporter à Bayrou son soutien "en dépit de". Parmi les plus osées, l'homoparentalité et le fondement laïc de notre société quand il dit à propos du voile des jeunes musulmanes "Ce vêtement qui se fait signe affirme d’abord que la loi de Dieu est supérieure à la loi des hommes." C'est un républicain fervent.

Après deux heures passées sur son site (bien construit) je ne sais s'il dit tout ce qu'il pense dans des domaines qu'il connaît très bien comme l'agriculture et l'éducation car son discours semble abrégé, et s'il pense vraiment tout ce qu'il dit dans les domaines européen et international où il nous fait une crise d'angélisme.

carte postale Bordères

vendredi 23 février 2007

Impossible meilleur

Reprint d’un article plus long de Steppique Hebdo, « Le choix stérile ».

jeune lama en lévitation
On nous annonce que les éléphants du PS ont investi le team de campagne de Marie-Ségolène. Après les désordres politiques et financiers des IIIè et IVè républiques, Charles de Gaulle s'était arrangé en 1962 pour reprendre la main aux politiciens et à leurs appareils partisans qui, avant de l’installer à la passerelle du naufrage annoncé, avaient mis moral et morale du pays au plus mal. Il les exclut du chemin de l’Elysée en inventant l'élection présidentielle au suffrage direct fondé sur la sincérité du regard.
Si le précepte n'apportait aucune garantie de capacité, il prévoyait d’en détourner les rats. La belle formule qui le résume - " la rencontre d'un homme et d'un peuple" - ne lui survivra pas longtemps.

C'est finalement Jacques Chirac qui renouera avec cette tradition de la poignée de main directe et sincère à profusion, en bousculant le paysage politique pré-établi par les partis, dont le sien propre l'excluait. Il gagna seul en 1995 contre l’Ottoman. Il retrouvera cet affect monarchique du lien direct lors de sa réélection de 2002. Le peuple rassemblé comme jamais par les tambours de la nomenklatura en péril, acclamant son président-sauveur, seul !

Aux résultats, on constate que le peuple s'est lourdement trompé, par quatre fois au moins. La sincérité du regard, la fermeté de la paume présidentielle, n'auront servi à rien, le pays s’est ruiné en un quart de siècle, moralement et financièrement.
Doit-on dire que le principe du chef d'Etat choisi est déficient ?

Oui, puisque après 14 ans de gabegie, on vient d'achever 12 ans de politique du chien-crevé-au-fil-de-l'eau mais, dans la meilleure empathie possible avec le peuple des benêts. Du dodécannat chiraquien, l'histoire retiendra la proximité paysanne du chef de l’Etat, sa lutte bruyante et vaine contre l'engagement de l'Occident en Irak, et peut-être l'accession de Michel Platini à la présidence de l'UEFA ; avec son « abracadabrantesque » … ce sera tout !

Et maintenant ?
L'Etat est en quasi-faillite. Le pays doute, à se jeter au cou de n'importe qui. L'avenir est précarisé. L'industrie souffre. Si nos chercheurs restent, nos trouveurs partent. La Nation va-t-elle appeler son sauveur comme à chaque fois ? On ne voit pas qui ferait vraiment l'affaire ; la compétence première recherchée est celle du jongleur. Parmi la légion des « indispensables » nous obtiendrons comme à chaque fois le plus « habile à parvenir » !

Le spectacle que nous donne la campagne électorale actuelle est le pire possible. Le niveau des débats est misérable, ramené à des questions subalternes, et la farce peut très bien aboutir à l'avènement de madame Royal qui confond mauvais caractère et compétences. Dans l'environnement international le plus dangereux qui soit depuis la chute du mur de Berlin, laisser la barre de la France à un marin de beau temps comme Marie-Ségolène est le risque que nous allons tous ensemble courir ! A la première crise, prévaudra l'argument d'autorité sur tout autre conseil qui sera décodé à l’aune de son originateur, ou qui n'aura pas l'avantage de la flatter.
Nous aurons eu un président fort en coups de tête mais capable de se rétracter sans vergogne ; nous risquons une présidente de classe médiocre, soupe au lait, et têtue comme GW. Bush, qui se maintiendra sur le mauvais axe au motif de persévérance !

Nous entrons dans un siècle où se ressent le besoin d'un professionnel affûté, entouré d'experts éprouvés. Le vent de l'histoire qui prend des tours pendant que nous nous abandonnons aux joies du cirque électoral, va balayer bien de nos certitudes et la plupart de nos dogmes nationaux.

Le candidat-ministre de la police aurait-il les bonnes solutions que leur mise en oeuvre est handicapée déjà par l’inexistence de marges de manœuvre résultant d’un système d’apaisement démagogique qui tint lieu de toute politique. Les gouvernements Chirac, auxquels il a participé, sont le parfait cas d’école de la couardise en politique. Le narcissisme ne suffit pas à se faire une image de chef, et l’image n’est qu’une image. Il nous faut plus d’épaisseur que ne nous en offre monsieur Sarkozy, et dans ce monde complexe et sans délais, un vivier d’expertise. Après tout l’intelligence sera la seule « matière » de compétition dont nous disposerons bientôt. Autant la promouvoir !

portrait du Dauphin au Temple par GreuzeDes esprits, libres de préjugés idéologiques, ne pourraient-ils organiser au sein de la nation une race de dirigeants afin que le pays ait sous la main en toutes circonstances une ressource d’éléments prédisposés à la chose publique, éduqués et préservés de la crasse démagogique, de la concussion et de la chasse aux prébendes.
Comme les puissances célestes le font du dalaï lama détecté par les sages, on confierait ces pépites à des naisseurs, puis des éleveurs, jusqu'à parfaire leur formation par l'expérience du pouvoir quotidien dans des instances internationales, ou dans le gouvernement de terres éloignées.

On retirerait alors la fonction présidentielle du jeu démagogique, laissant le parlementarisme foisonner au-dessous d'elle pour éponger les humeurs politiciennes de l'oligarchie, classe qui s'auto-régénèrerait dans les combinaisons d'appareil comme il en va aujourd'hui.
On dénationaliserait l'étage suprême pour lui rendre la connaissance, les capacités morale et intellectuelle, la résilience mentale et la pugnacité, sur le théâtre du vaste monde où nous sommes définitivement convoqués.

Ainsi le paysage politique intérieur n'étant que peu différent de celui que nos élites dévastent actuellement, elles ne prendraient pas ombrage d'un exécutif privatisé, compact, efficace, chargé des pouvoirs régaliens. On peut rêver ...

jeudi 22 février 2007

Kaamelott

« KAAMELOTT nous plonge dans la réalité qui se cache derrière la Légende du Roi Arthur : les situations “professionnelles” (missions, quête du Graal, etc.) et les intrigues familiales (repas, scènes conjugales, etc.) nourrissent les coulisses de la Légende. Basé sur le décalage entre situations et dialogues (Jeu et langue contemporains), l’humour de la série oppose l’imagerie épique de la légende Arthurienne à une réalité quotidienne insoupçonnée. Il s’appuie sur cette torsion entre la Légende du Roi Arthur, la nature divine de ses aspirations, et la platitude de situations supposées réelles»
(Alexandre Astier)

Comme trois millions de Français, dès les infos de vingt-heures achevées, je zappe pubs et météo vers La 6 pour un pousse-café médiéval. Si l’on a lu quelques opuscules des chevaliers de la Table ronde, on apprécie encore mieux ce divertissement de sept minutes. Il y a sans doute plusieurs façons de décoder les épisodes de la série - qui faiblit un peu ces temps-ci - mais le succès est certainement dû à la vérité des personnages. Arthur de l'Ours, roi habile mais paresseux et trop rusé, Leodagan de Carmélide, beau-père pique-assiette installé à la cour comme à l'étable, Lancelot du Lac le puceau triomphant, Caradoc ...

Ma préférence va à Perceval le Gallois, frustre et courageux qui cherche à rattraper une éducation bâclée au fond de la forêt gaste. Bravo Franck Pitiot. Le seul personnage que l'on ne verra sans doute jamais, à peine d'écraser la légende car il en est une à lui seul, c'est le fameux Uther Pendragon, celui par qui tout a commencé. C'est de lui que nous parlerons aujourd'hui. Un croquis d'époque nous le montre recevant l'hommage des gueux à Tintavel, avant de commettre l'irréparable.
Uther
Uther Pendragon fait partie de la famille royale de Gwynedd. Il fut le père d’Arthur. De très grande taille et d’une force légendaire – il détourna la rivière qui passait près de son château pour le protéger de douves profondes - , il était le fils de Constantine de Damnonie, roi magnifique s’il en fut ; on le dit capable de tuer un dragon sur la foi des récits d’époque qui le décrivent en selle, arborant de chaque bord une tête de dragon mort, d’où le surnom de pendragon. Il était le frère du célèbre Ambrosius Aurelianus auquel il succéda comme roi de Logres.
Le malheureux géant tomba un jour amoureux d’Ygraine la rousse, quand il partit en guerre avec le duc de Cornouailles Gorlois, son époux. Agacé du tracassin, il en appela aux forces surnaturelles pour le délivrer de son tourment et durant les opérations militaires, Merlin l’enchanteur lui assura les traits et les manières de Gorlois pour séduire la duchesse afin de procréer l’enfant qu’il entendait qu’on lui remit. Quand Gorlois mourut, Uther épousa Ygraine. Il en eut plus tard une fille très belle, Morgause, qui épousa le roi Lot pour enfanter Gauvain. Gauvain sera le premier chevalier de la Table Ronde.

L’enfant Arthur fut confié alors au sieur Antor qui l’éleva avec son fils Keu, un caractériel qui plus tard lui pourrirait la vie.
Merlin créera la Table Ronde et sa loi du siège périlleux pour asseoir la dynastie de Uther dans la recherche du Graal, qui finalement sera trouvé par une lignée concurrente de sang davidien et rapporté par Galahad, le fils de Lancelot. Les Monty Pithon ont très bien expliqué l’aventure.

Uther reconnut un autre fils, Madoc, à ne pas confondre avec le Gallois Madog de la même famille Gwynedd, qui découvrit l’Amérique en 1170 et s’y installa pour faire souche avec les indiens et former la seule tribu galloise d'Amérique !

Uther Pendragon mourut au combat, malgré le cri de son porte-bannière qui l’appelait à se relever : « Yrthr Pen Draig ! Yrthr Pen Draig ! Yrthr Pen Draig ! ». Il fut enterré à Stonehenge avec tous les honneurs. Grand massacreur devant l’Eternel, outre les dragons, il a dépêché maints vilains et chevaliers tristes et beaucoup de Saxons. Le Pays de Galles lui garde toute son affection.

Se non e vero … le reste de l’histoire est illustré par le fragment généalogique ci-dessous qu’il faut cliquer pour comprendre.
généalogie arthurienne
Pour aller plus loin que M6 et faire les brocantes :
. Arthur et la Table Ronde, Anna Berthelot, Gallimard, 1996
. Chrétien de Troyes, Jean Frappier, Hatier, Connaissances des Lettres, 1968
. Chrétien de Troyes : Erec et Enide, G. S. Burgess, Londres, 1984
. Chrétien de Troyes, le Chevalier de la charrette. J. Ribard, Nizet, 1972
. Chrétien de Troyes. L'homme et l'oeuvre, Gustave Cohen, Champion, 1931
. Chrétien de Troyes : l'homme et l'oeuvre, Jean Frappier, Hatier, 1957
. Du Saint Alexis à François Villon, Jean Rychner, Genève, Droz, 1985
. Etude sur la Mort le Roi Artu, Jean Frappier, Droz, 1961
. Etude sur Yvain, le chevalier au lion, Jean Frappier, S.E.D.E.S., 1969
. Etudes sur le Lancelot en prose, F. Lot, Ed. Champion, 1918
. Graal et Alchimie, P.G. Sansonetti, Berg international, L'Ile verte, 1993
. La Légende arthurienne, Edmond Faral, 3 vol., 1929
. La Légende arthurienne et le Graal, Jean Marx, Paris, P.U.F., 1952
. La mémoire du temps, Philippe Walter, Ed. Champion, 1990
. La Reine et le Graal, Charles Méla, Editions du Seuil, 1984
. La tradition manuscrite des romans de Chrétien de Troyes, Micha, Droz, 1966
. L'aventure chevaleresque, Erich Köhler, Gallimard, 1974
. Le Roi Arthur, Norma Lorre Goodrich, Editions Fayard, 1986
. Le Roi Arthur et la société celtique, Jean Markale, Payot, 1976
. Le Roman breton : Perceval ou le comte du Graal, Frappier, la Sorbonne, 1953
. Le sens de l'aventure et de l'amour. Chrétien de Troyes, Reto Bezzola, 1947
. Les Littératures celtiques, Pierre-Yves Lambert, P.U.F. Que sais-je 809, 1981
. L'Imaginaire médiéval, J. Le Goff, Gallimard, 1985
. L'Initiation royale d'Erec, le chevalier, J. P. Allard, Milan/Paris, 1987
. Perceval et l'Initiation, Pierre Galais, Editions Sirac, 1972

mardi 20 février 2007

Un prince au désert

prince HarryDans la série "belle infidèle" une traduction de l'article du Daily Mirror publié samedi 17 février repris par Reuters.
Selon une source militaire non dévoilée du haut commandement, le prince de 22 ans, Harry, partira pour Bassora au Sud de l'Irak à la fin du mois pour rejoindre les sept mille hommes que la Grande Bretagne y déploie. Un porte-parole de la famille royale a décliné tout commentaire au moment où le Ministère de la Défense parlait lui, de spéculations. "Aucune décision définitive n'a été prise pas même quant aux unités engagées dans la rotation" a-t-il déclaré et "lorsqu'elle le sera, le premier informé sera le parlement comme il en va normalement".

Le prince Harry est susceptible de commander un peloton de douze soldats portés sur blindés légers pour accomplir des missions de reconnaissance dans le désert. On attend du secrétaire à la Défense Des Browne qu'il annonce la nouvelle officiellement le 26 février.

Harry, dont la mère, la princesse Diana, mourut à Paris dans un accident d'automobile quand il avait douze ans est sous-lieutenant aux Blues & Royals, une unité du Household Cavalry.

Si les détails sont encore en finition, la décision est prise. Bien sûr, son statut princier a été pris en compte, mais il "verra de l'action".
Un reportage du Daily Telegraph au début du mois avait dévoilé que l'état-major avait un plan pour engager Harry sans mettre en danger sa vie non plus que celle de ses personnels.

Bien que Harry ait été montré comme un "sauvageon" par les tabloïds quand il était plus jeune, après qu'il eut avoué consommer du cannabis et boire avant l'âge, il décida de passer son brevet d'officier à l'académie militaire de Sandhurst.
Il déclarait en 2005 dans une interview : "Il est hors de question que je fasse Sandhurst et qu'ensuite je reste assis sur mon cul chez moi pendant que mes gars seront partis se battre pour leur pays".
(fin de l'article)

Le prince a tenu parole, imitant en cela son oncle Andrew, le fils de la reine Elizabeth, qui avait servi comme pilote d'hélicoptère pendant la guerre des Malouines en 1982. Compte tenu de son tempérament impétueux - il brasse dans sa fougue le sang des Stuart par sa mère - il est à prévoir des difficultés avec sa hiérarchie si celle-ci veut le cantonner à de simples promenades de santé visant à "montrer" le prince aux Arabes des marais.

Emportera-t-il un ouvrage du colonel Lawrence pour creuser la question de son environnement hostile ? Harry fera son temps à la joie comme à la peine, dans une pseudo-guerre éprouvante au mental, qui ne récompense pas le courage et n'a plus le soutien populaire de la mère-patrie. 132 britanniques ont perdu la vie en opérations.

C'est dans ces circonstances difficiles que l'on doit voir un prince, et il est réconfortant que la jeune génération Windsor donne l'exemple du patriotisme. A une époque où il n'est question - et en Angleterre plus qu'ailleurs - que de communautarisme et de défense de cultures exogènes, on salue ceux qui à 22 ans restent sur l'axe de traditions qui remontent ...... aux croisades (!). Ca décoiffe un peu dans notre France du repentir-d'abord !

On aimerait que la maison royale de chez nous pousse quelqu'un de ses cadets dans la carrière militaire, et pourquoi pas un aîné.
Ayant couru un peu le monde, je sais qu'il n'y a que deux nations qui produisent de vrais aventuriers solitaires, la française et l'anglaise. Alors ne perdons pas cette "exception" franco-anglaise.

blindé Scimitar
patrouille Scimitar et Land armée
les Scimitars en Bosnie
Description des blindés légers de reconnaissance Alvis Scimitar en cliquant sur les photos. Ce sont des matériels anciens et éprouvés. Les premiers avaient des 6 cylindres Jaguar 4L2 qui leur donnaient de la reprise. Depuis lors on les a équipés de Diesels Cummins. Ca fait plus sérieux et tente moins les jeunes pilotes !

lundi 19 février 2007

Les Cinq Cents

stylo-plumeParrainages. Comme dans toutes les grandes confédérations humaines, le prétendant, qu'il brigue l'Elysée, l'UEFA ou le titre redoutable de capo di tutti capi, doit s'abonner au consensus. Dès lors peuvent apporter leur soutien aux candidats qui les solliciteront, ceux dont les fonctions sont listées ci-dessous à l'exclusion de tous autres ; et même s'ils ne sont pas toujours les meilleurs, ils peuvent quand même risquer le poteau médiatique !
membres du parlement (assemblée nationale et sénat)
conseillers régionaux
conseillers généraux
conseillers de Paris
maires
maires d'arrondissement de Lyon ou de Marseille
élus de l'assemblée des Français de l'étranger
élus des assemblées territoriales d'Outremer
soit ... 47289 élus décomptés ce matin !

N.B. : Une candidature ne peut être retenue que si, parmi les signataires de la présentation, figurent des élus d'au moins trente départements ou territoires d'outre-mer, sans que plus d'un dixième d'entre eux puissent être les élus d'un même département ou territoire d'outre-mer (loi 62-1292 du 6 nov 62)
A mesure que s'approche la date de la remise de la liasse des parrainages au Conseil constitutionnel l'agacement des petits candidats est palpable. D'aucuns comme Nicolas Dupont-Aignan - qui devrait réunir les siens - prédisent un séisme si l'ostracisme électoral laisse, sur le banc des observateurs, des pointures comme Le Pen. D'autres comme Yves-Marie Adeline tempêtent contre ce pseudo-tour électoral à main levée qui fait le tri entre les candidats de consensus institutionnel et ceux de convictions.

Quand Winston Churchill déclarait que "la démocratie était le pire régime à l'exclusion de tout autre" ne voulait-il pas signifier que la justice élémentaire ou l'équité étaient hors de portée du genre humain, pis encore d'un système forcément dominé par des castes ou des partis qui s'y retrancheraient ? Mais sauf en s'enliser dans la démocratie directe, la démocratie représentative doit être réglée pour tout simplement fonctionner. Et finalement tout est bon, même "a-" voire "i"mmoral.

La démocratie américaine, beaucoup plus sévère que la nôtre à l'endroit de ses élus, laisse la sélection des candidats aux bons soins des subsides privés que chacun saura obtenir au sein d'un cadre partisan ou non, à charge pour lui de convaincre les donateurs. Ces subsides sont généralement connus en détails. Ils proviennent de la défense étroite d'intérêts catégoriels, plus ou moins reluisants. Qu'importe, le tri est fait.

L'élection présidentielle au suffrage universel a dû s'affranchir très tôt des charlots. Puis le dispositif de 1962 s'est perverti "ad hominem" pour ségréguer le champion populiste en accroissant le nombre de parrains pour chacun. Comme cela ne semblait pas suffire, le pouvoir en place a modifié le parrainage institutionnel en parrainage d'opinion par la publication du nom des parrains de chacun. Au motif qu'il ne s'applique jamais à lui-même - sauf Canard Enchaîné - celui de la transparence.
Mais là encore, qu'importe ! Le tri est fait.

YMAManier le système démocratique ne demande aucune vertu spécifique, et moins encore d'en y chercher une sur la base d'incantations démagogiques d'un autre temps, comme l'égalité d'accès aux estrades ou la liberté de pensée porteuse de tout message même iconoclaste. A dire vrai, on pourrait s'étonner que le système fasse litière de permissions accordées à ceux qui viseraient son effondrement. Néanmoins dans ce grand monde où les nations s'observent en permanence, on ne peut faire moins que de laisser parler tout le monde de temps en temps. Surtout dans la patrie des droits de l'Homme ! Profitons en, mais la queue de trajectoire doit être parfaitement ciblée. Tous les moyens d'y placer le projectile sont valables. La voie électorale réglementaire est une voie, à péage. Il y en a d'autres. Le prétexte électoral pour faire passer des idées par exemple.

Beaucoup s'y engouffrent avec raison et talents, et parmi eux des professionnels de la préparation d'artillerie médiatique par le scandale, comme le mari d'agricultrice Bové Joseph. Qu'avec l'égalité républicaine de traitement, on accède ou pas à la campagne officielle, cette période est une chance unique chaque cinq ans, d'excaver des propositions politiques aussi saugrenues que le retour des héritiers du roi Louis XVI. Il suffit d'aguicher les médias. C'est un travail professionnel de communication. Les outils évoluent très vite.
Remarquons que l'équipe de campagne du président de l'Alliance Royale nous fait la démonstration d'aptitudes certaines à communiquer assez largement. Ce qui en comparaison peut ringardiser les manifestations émouvantes des cercles de mémoire qui s'en agacent.

Souhaitons quand même que dans le petit mois qui reste, Yves-Marie Adeline puisse effeuiller l'oie de ses plumes pour en réunir cinq cents dans sa main. Il a des choses surprenantes à dire aux Français.

plumes d'oie

lien pdf

samedi 17 février 2007

Il faut lire INSURRECTION

Insurrection n°62Absolument !
Je feuilletais mon numéro 62 dans le train ce matin en me disant que vingt pages de ce tonneau dans un journal "jeunes" ça ne courait pas les kiosques. En plus la mise en page est très pro.
Découvrons le ensemble.

On se fait d'abord une piqûre de rappel sur Joseph de Maistre. Contre-révolutionnaire doctrinal il nous rappelle que "nulle nation ne doit son caractère à son gouvernement ; au contraire elle doit son gouvernement à son caractère". Aussi n'est-il pas surprenant que l'affaissement moral des Français les maintienne dans cette sujétion aux idées lumineuses qui les éclairent comme vessies du Nouvel An Chinois. C'est l'année du Cochon d'Or. Les fondamentaux étant établis, on peut dès lors se risquer à dénoncer le ferment révolutionnaire qui lève le pain de la République jusqu'à aujourd'hui.
L'Edito, non signé, est magistral ; on veut des noms !

DonosoQui a exhumé ce texte de Juan Donoso Cortès, un descendant de celui qui brûla ses vaisseaux sur une plage du Yucatan pour forcer son destin !
" Vous serez comme des riches ..., vous serez comme des nobles ..., vous serez comme des rois ..." Ce que Proudhon avait traduit par "La démocratie, c'est l'envie".

Suivent trois pages de chroniques ouvertes par une question intéressante de PV:
"il faudrait d'abord qu'on nous explique pourquoi avec plus de deux millions de chômeurs, la France se retrouve contrainte de faire appel à de la main d'oeuvre étrangère dans des domaines aussi ordinaires que le bâtiment, l'hôtellerie-restauration, l'alimentation, la mécanique, l'agriculture ou la vente".
A quoi le blogueur de répondre qu'il n'y a pas de fatalités et que certaines provinces françaises fonctionnent sans problème avec la main d'oeuvre enracinée, à croire que les autres se sont avachies au point d'appeler les bosseurs étrangers à palier leur défaut de courage. Mais c'est une autre question.

Après une dénonciation de la bipolarisation forcée de notre régime essoufflé, on arrive à M. Sakorzy l'Atlante. N'est-ce pas lui tailler un manteau trop grand ? L'Atlantique c'est le mare-nostrum moderne de l'Occident. L'Occident est fondé sur des valeurs millénaires enchevêtrées dans des patries complexes. Qu'en connaît celui qui confiait une fois à Philippe de Villiers que les clochers, les villages et les champs ne pouvaient l'émouvoir ! Pas plus que l'Ecole des Fans ! M. Sarkozy est peut-être un Français de trop fraîche date pour vibrer. Mais que vient faire son "atlantisme" dans son désordre intime ? Tongue au cat.

On arrive ensuite au cirque électoral - et nous ne sommes qu'en page 6. Le système de fortifications de la classe politique institutionnelle est bien vu, de même qu'est dénoncée l'escroquerie consistant à présenter le vainqueur du tournoi comme le président de tous les Français, sur la base d'un socle électoral de vingt pour cent. Risible ! "Il est temps de siffler la fin de la récréation" dit Paul Emique. Sifflons, en permettant à Yves-Marie Adeline d'accéder aux lucarnes bleues pour dire son fait au pouvoir liquéfié actuel.

Langevain revient sur tout une page à l'inaboutissement par essence de l'utopie révolutionnaire. "Les hommes désirent une utopie, un idéal et non un régime. L'attrait, la séduction, inspirés par les grandes idées révolutionnaires sont tout à fait justifiées, et force est de constater que beaucoup ont été éblouis et le sont encore. Mais cette propagande, si elle a permis le combat, n'a jamais été concrétisée. C'est la définition de l'utopie."

L'article suivant décode les sociétés de pensées du XVIII qui ont "malaxé" les liens sociaux et politiques de la nation avec l'aide d'Auguste Cochin. On aboutit au triomphe des idéologues qui ne sauront approcher la réalité sereinement car elle est en décalage avec leur rêve et qui paniqueront très vite dans une fuite en avant toujours plus loin vers ces lendemains qui chantent. Le pourquoi de la Révolution au fond n'est pas expliqué car la justification essentielle n'existe pas. Aussi se réfugie-t-on derrière la philosophie ou le sens de l'Histoire. Un gag ! Merci Mlle Percy.

Le dossier se poursuit sur le cadeau empoisonné des Droits de l'Homme. C'est Michel Fromentoux qui s'y colle.
"Exalter un homme abstrait c'est croire que l'homme est lui-même sa propre origine et sa propre fin, c'est postuler son autosuffisance, c'est en faire une bête ou un dieu." Suit une démonstration de la caporalisation des individus nouveaux, qui aurait pu déboucher sur le concept tragique de la "levée en masse" dénoncée par Kuehnelt-Leddihn entre autres. Ce sera au prochain numéro ?

Enfin le professeur Chauvin analyse Maurras observateur de la Révolution. Il faut goûter l'explication en silence. Tout y est.

Vient ensuite une page de respiration, bandes dessinées sur la Révolution (oui encore car c'est le thème du n°62) avec présentation d'albums, Timon des Blés, Dampierre, le temps des victoires en Vendée, La Révolution Enfin ! Et une histoire de la Chouannerie dont les textes sont de Sécher.
Le dossier se referme sur le testament de Louis XVI.

Vient le grand article de Pierre Lafarge "Notre Nationalisme".
Le démontage de la supercherie nationaliste est mené au bout, pour une fois. Loin du pangermanisme fondé sur le Peuple-Dieu dénoncé par Maurras, évitons aussi la Nation-contrat de Rousseau qui est une abstraction purement idéologique débouchant sur ce fameux droit des nationalités qui a mis l'Europe à feu et à sang, pour au résultat les dissoudre dans un ensemble plus grand, tout aussi abstrait que l'Europe.
La Nation n'est qu'une communauté historique et politique naturelle qui se constate et ne se construit pas. C'est un périmètre de défense. Il préexiste, on le ressent, mais la nation peut mourir aussi. Merci Lafarge, vous revenez en deuxième semaine.
"Rien n'est jamais perdu pour qui sait entreprendre
"Et rien ne se perdra si nos propres enfants
"Recoivent le flambeau qu'aujourd'hui je défends
"Car on ne bâtit rien sur des nations en cendre."

Pour finir, presque, une tribune libre de Ludovic s'inquiétant des obsessions sécuritaires du jeune duc d'Otrante.

Le train arrive en gare. Je replie ma revue et me tournant vers mon voisin de banquette que j'avais senti intéressé, je lui offre l'exemplaire. Il le prend et sourit.

INSURRECTION n° 62
Le bimestriel des jeunes royalistes.

Le 63 va sortir.

vendredi 16 février 2007

Exécutif national

le bon roi Dagobert ...Après avoir vu la réforme de l’expression démocratique dans le schéma précédent dit « législatif », nous abordons maintenant aux rives du pouvoir central. Le projet s’éloigne un peu de celui de l’Alliance Royale mais il en reprend le principal.

En monarchie les pouvoirs sont divisés entre pouvoirs régaliens et pouvoirs publics. Les pouvoirs régaliens peu nombreux appartiennent à l’essence même de la Nation et par là même leur éventuelle dévolution partielle ne les entame pas. Ils ont rapatriables à première requête sans motif. Ils sont de nos jours au nombre de quatre : la Diplomatie, la Justice, la Sûreté et la Guerre. C’est le domaine privilégié du roi, mais on pourrait dire aussi que c’est son « ghetto » de confinement.

A côté de ceux-là on trouve les pouvoirs publics représentés par des ministres sous la direction d’un Premier ministre. Ces pouvoirs publics sont soumis au contrôle du parlement.

Si les pouvoirs régaliens et publics procèdent de chaîne de responsabilités différentes, ils ne sont pas pour autant étrangers les uns aux autres dans leur exécution. Ils cohabitent dans les mêmes structures ministérielles, la proximité des hommes palliant les effets parfois néfastes de la compétition aux marges du champ de manœuvre.
Comment s’articule l’exécutif ? Voici le schéma :

schéma exécutif
Note : le diagramme format plein est disponible par mail

Il y a sept personnages aux commandes de cette belle utopie : le roi, le garde des Sceaux, le président du Sénat, le président de l’Assemblée nationale, le président de la Cour des Comptes, le Premier ministre et le Ministre d’Etat. Ensemble ils forment le Conseil Privé du roi qui les réunit à son initiative.

Les deux chambres, hormis les règles d’élection réformées comme on l’a vu précédemment, fonctionnent comme aujourd’hui. N’ayant à débattre que de pouvoirs publics, il n’est plus nécessaire de maintenir les mesures autoritaires de sauvegarde que sont les articles 16 et 49.3 de la Constitution. L’Assemblée vote les lois, le budget et sanctionne le Premier ministre. Le Sénat révise les projets de loi et les corrige, le dernier mot revenant à l’Assemblée. Les ordres du jour des chambres sont établis par le gouvernement mais modifiés pour accroître la proportion de textes d’origine parlementaire.

Le garde des Sceaux acquiert dans ce schéma une fonction plus importante. Il est nommé par le roi à la présidence du Haut Conseil dont les attributions regrouperaient celles du Conseil d’Etat et du Conseil constitutionnel. Le Conseil supérieur de la Magistrature est sous sa tutelle et bénéficie de ses moyens administratifs.
C’est au départ une chancellerie qui traite de la conformité constitutionnelle des textes, traités, alliances et dévolutions. Au quotidien elle prépare la promulgation par le roi des lois votées par le parlement.
Le mode de désignation de ses membres est à décider. Le Haut Conseil dispose d’un budget propre. Le garde des Sceaux est ministre « permanent » de la Justice.

Des quatre pouvoirs dépendant du roi, le Ministre d’Etat en gère trois sous l’autorité hiérarchique du Premier ministre : la diplomatie, la guerre et la sécurité. Les ministères gérant ces domaines sont dirigés désormais par des secrétaires d’Etat.

Le ministre d’Etat est nommé par le roi. Sa mission est une planification stratégique des voies et moyens de sauvegarde et de développement du pays. Ses domaines d’action, outre la diplomatie classique, touchent à la sûreté des approvisionnements et des routes commerciales. Le ministre d’Etat dispose d’un cabinet propre staffé par des experts. Il n’a pas de budget propre et utilisent les ressources administratives des ministères sous sa tutelle.

Le pouvoir régalien de la Sécurité est exercé par un Secrétariat Général de la Police Nationale dépendant du ministre d’Etat. Il utilise les ressources du ministère de l’Intérieur actuel.

Idem pour les armées. Le pouvoir régalien de la Guerre est exercé par un Secrétariat Général de la Défense Nationale dépendant du ministre d’Etat, et utilise les ressources du MDN actuel.

Le Premier ministre est nommé par le roi à chaque législature, il demande la confiance de l’Assemblée. Le Premier ministre conduit les affaires intérieures françaises et ne rend de comptes qu’au parlement qui peut le censurer. Il tient conseil hebdomadaire de son gouvernement, arbitre les conflits d’intérêts, décide des projets de lois et promulgue les décrets relatifs au domaine des pouvoirs publics. La charge de gestion du pays est répartie entre les ministères, tous égaux.
Le Premier ministre entretient chaque semaine le roi de ses travaux, en écoutant conseils, remontrances et encouragements, qui nonobstant ne le lient pas.

Comme nous l’avons vu, quatre ministères sont mixtes : le ministère de la Justice dépend pour son fonctionnement du Premier ministre mais obéit au garde de Sceaux, son ministre en titre ; les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de la Défense, pareillement, mais ils obéissent au ministre d’Etat. Leurs budgets participent du budget général du gouvernement et sont donc votés par le parlement.

Les ministères du gouvernement déconcentreront une partie de leurs prérogatives vers les services provinciaux de leur domaine de compétence dans chaque préfecture comme aujourd’hui. En cas de conflit de compétence, la règle sera de porter le différend devant le conseil régional qui arbitrera en dernier ressort.

Reste … le roi.
Il est le chef de l’Etat et le chef de la Nation, et à ce titre le chef des Armées.
Il dispose d’un cabinet politique sur budget gouvernemental qui l’assiste dans ses fonctions et du Conseil Privé formé des sept plus hauts personnages de l’Etat.
Son budget propre ou liste civile, pourvoit aux débours de sa Maison qui comprend outre sa famille, la Garde, l’état-major particulier et ... le Secret du roi (un peu de romantisme ne nuit pas).

Ce billet expose le gouvernement du pays, il ne le critique pas ! Mais sera-ce si différent de l’Etat que nous laisse le président Chirac ? Oui et non ! … on verra ultérieurement, à l'occasion.


jeudi 15 février 2007

Expression démocratique du royaume

je cherche à comprendre YMAVotre blogue se propose gaillardement de visualiser un schéma étatique qui pourrait accompagner l’instauration d’une monarchie nouvelle. Ce travail est fondé sur le projet politique de l’Alliance Royale, mais il ne saurait en aucun cas l’engager que ce soit dans l’articulation des pouvoirs respectifs, a fortiori dans les explications que nous avançons librement.

Ce premier volet traite de la démocratie courante. Un second entrera dans le schéma de l’Etat central.
Chacun a compris que le système représentatif actuel a échoué dès lors qu’il éjecte à sa périphérie presque la moitié de la Nation. Savoir comment on en est arrivé à cette situation cocasse dans la patrie des Droits de l’Homme est un autre dossier.
Mais on remarque que les partis institutionnels se sont retranchés derrière des dispositifs électoraux qui sont autant de murailles de protection de leurs mandats, au motif vaseux de dégager des majorités de gouvernement, appelés couramment députés-godillots.

Le concept étant d’approcher le plus près possible de la représentation complète des opinions de ce pays, on ne peut accepter plus longtemps ces sortes de haras officiels que sont devenus les partis auto-proclamés de gouvernement. Essayons donc de faciliter l’expression des choix politiques du citoyen.

Le citoyen est double : son individu porte des idées, des croyances et depuis longtemps beaucoup d’incroyances, dont l’expression publique est respectable tant qu’elle n’offense pas … etc. etc. Le même citoyen est un rouage social capable d’agrégation au fil de ses intérêts économiques. Le dispositif écoute les deux composants du citoyen.

La première instance de débat est le conseil municipal ou de pays ; il est la photo la plus fidèle de l'électorat de sa circonscription.

Le rouage social ira rejoindre un collège électoral qui va corporatiser les fonctions économiques. Les quatre collèges pourraient être les Salariés, les Entrepreneurs, les Familles et les Collectivités territoriales de base. L’individu s’exprimera lui, à travers des représentants de son choix que nul barrage n’éliminera d’entrée. On va donc porter au seuil du pouvoir les intérêts et les idées.

Mais voyons d’abord le découpage politique du territoire. Il faut veiller à ne pas tout chambouler. La circonscription élémentaire restera la commune, qui se groupera avec d’autres en pays homogènes pour une meilleure gestion des investissements et services publics. Cela se fait déjà, mais la recherche d’économies dans un pays endetté passe aussi par une optimisation de ses dépenses à la base.
Les communes appartiennent à une région. On supprimera les conseils généraux et leurs cantons, mais pas le département ni les arrondissements qui resteront les circonscriptions d’action publique les mieux adaptées, à équidistance entre les contraintes locales et les exigences de développement de la province. Le département est aussi une bonne circonscription électorale. L’arrondissement perdra cette fonction.
En attendant de futures réformes dans un cadre plus vaste, la région restera ce qu’elle est, en pouvoirs et compétences, mais elle atteindra sa maturité en choisissant son exécutif.

Comment se règle dès lors l’expression démocratique de la Nation ? Voici le schéma qu’on appellera « législatif » :

schéma législatif
Note : le diagramme format plein est disponible par mail

Chaque collège élit un député par département à l’Assemblée nationale, soit 4 x 100 département = 400 députés. Nous économisons ce faisant 177 députés, ce qui est important pour réduire le train de vie de la république. L’assemblée représente désormais pratiquement l’ensemble des fonctions sociales de la Nation.
Les partis ne seront certes pas supprimés mais on peut espérer que les députés exécuteront les mandats confiés par les électeurs au lieu de gérer en priorité comme aujourd’hui, l’avenir du parti qui les investit ! Surtout si les mandats électoraux sont impératifs.

On conserve le bicamérisme en renforçant la fonction de réflexion de la chambre haute. Le Sénat est déconnecté des territoires pour cause de décentralisation, et élu au suffrage universel à la proportionnelle intégrale pour représenter toutes les opinions d’importance du pays. 200 sénateurs, c’est le chiffre que financent les Etats-Unis pour leur démocratie. A notre échelle nous devrions en rester là.

Le Conseil Economique et Social est supprimé. Ses prérogatives d’analyses et conseils sont réduites et transférées aux régions selon leur bon plaisir. Elles peuvent aussi s’en passer.

Restent donc les conseils régionaux.
Ils réunissent deux types de conseillers dont la répartition ne doit pas modifier sensiblement les équilibres actuels. Une partie des conseillers sera élue comme aujourd’hui mais en réduisant leur nombre de sièges, afin de faire de la place pour les députés départementaux des collèges sociaux qui siègeront également au Conseil régional. Le but est d’obtenir une cohésion de la représentation politique de la Nation et éviter l’arrogance de la chambre de Paris.

La région devient une entité politique majeure affermissant ses prérogatives réglementaires et fiscales, et élisant son exécutif : un véritable intendant qui s’appuie sur le réseau préfectoral et sous-préfectoral actuel.

Il ne reste plus qu’à gouverner le pays. C’est que nous verrons dans un prochain billet avec le schéma « exécutif ».

jeudi 8 février 2007

Le prince et la gnose

Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt, dit le mandarin ! Mais celui qui est allé sur la lune déjà, regarde le sage en souriant ...

La lune est cet astre féminin que les antiques appariaient au soleil, source de toute vie, leur permettant d'attendre chaque nuit sauf quelques unes, le retour du jour rassurant. L'homme, grand complicateur pour se désennuyer peut-être, inventa aussitôt qu'il eut un auditoire moins sot que le chasseur de mammouth lambda, la genèse de toutes ces belles choses inexplicables au moment. Quant aux brutes, on les convertit aux dieux tonitruants qui seuls pouvaient leur faire peur et les rabattre vers quelque intercesseur onéreux.

dieu celteLa démographie de l'espèce multiplia les mythes bienveillants ou vengeurs, l'imaginaire collectif exigeant qu'ils soient réglés par une histoire propre et recueillis dans des canons religieux, parfois frustres, parfois très élaborés. Plusieurs parvinrent jusqu'à nous. C'est un peu normal dès lors que le hasard de la Dérive des continents nous a placé au finistère de l'Europe comme la cage de football visée par tous ceux qui vont vers le soleil couchant.
La trinité hindoue, les baals de Phénicie, le culte solaire égyptien, le polythéisme foisonnant des Celtes, premiers occupants du territoire, la tradition chrétienne a tout ramassé, comme le dit un jour le prince Henri d'Orléans.

Mais c'est la religion hittite, que l'on n'attendait plus, qui resurgit maintenant. Elle vient du bon endroit, l'Asie mineure, berceau de "notre" monde.

Elle transpose aux yeux des croyants les forces mythologiques qui président à l’ordre de l’univers, et règle les relations de l’humanité avec elles. Les dieux-Soleil des Cieux répondent aux dieux-Soleil de la Terre. La plus importante de ces puissances créatrices est la déesse-Soleil d'Arinna qui transcende la déesse-Terre de la souche indo-européenne. Une divinité consort de moindre importance qui l'aide bien, l’Eau. Ces puissances doivent être vénérées pour attirer leur bienveillance. Chaque village a possédé ces propres lieux de cultes, ses propres divinités, sa mythologie enracinée dans le terroir, ses fêtes votives et rogations.
Mais très surprenant est le syncrétisme hittite qui a phagocyté tous les dieux conquis avec leurs vaincus. Mille dieux au moins, dit-on. C'est une religion aspirante, oecuménique, new age ! Ca marche toujours !
Notre mythologie moderne s'appelle écologie. Mais il y a écologie et Ecologie.

Chez Occulture(*), le prince avait précisé lors de la parution de son excellent roman, Le passeur de miroir (Ed. du Châtelet, 2001) :
" Nous, êtres humains, participons à la création, au cosmos ; c'est cela que j'appelle « l'écologie divine ». Et c'est de cela que je voudrais que soit faite une véritable politique [...] La véritable écologie ne peut être que divine, c'est-à-dire trouver notre point d'harmonie par rapport à l'univers que nous avons pour mission de gérer."
L'entretien complet est archivé sous le titre "Le Roi revient".

thème astral d'Henri d'Orléans
Le basculement annoncé de l'axe magnétique terrestre qui l'inquiète beaucoup à ce que j'ai lu, accompagne-t-il l'inversion du Chiffre ? :
" Les enfants de la bête portent le chiffre 666. Ceux-là s'amusent à véhiculer de fausses paroles ou des images virtuelles. Heureusement, tous ne seront pas atteints par le chiffre maudit. Il est vrai aussi que toutes les ondes négatives, soumises au pouvoir de la bête, disparaîtront au moment même où le chiffre s'inversera [...] Je ne crois pas au hasard. Les évènements commencent à inverser le sens de l’Histoire. Mais je vous dirai qu'il m'arrive souvent des signes qui me sont donnés et ces visions concernent tout particulièrement la France."

Dans ses voeux 2007 aux Français, le prince Henri revient sur son thème favori de l'écologie divine. Il la fonde sur cette tradition spirituelle née des premiers âges : " Depuis l’origine des temps, les textes sacrés de même que les contes et les mythes nous parlent un seul et même langage. Par le truchement des paraboles, des archétypes, les contes initiatiques ne cessent de nous indiquer la voie pour que la vie soit harmonieuse et pour que l’humanité accède à la royauté de l’homme."

Sur ces prémonitions dont il nous honore, Mgr Henri d'Orléans quitte les lices du tournoi politique et la rhétorique d'une restauration monarchique en désignant mardi dernier son favori dans la course présidentielle, celui que tous les sondages propulsent vers la charge suprême, M. Sarkozy.

Celui-ci portera-t-il le souci du prince ? Moins sûr et pourtant !

Altermondialiste adversaire des organisations internationales qui gèrent la macroéconomie avant de s'inquiéter de l'homme, écologiste fervent qui ajoute le volet mystique de "Gaia" au grand oeuvre du XXIè siècle, le prince est un homme de convictions, écouté, qui veille à la pérennité de la Maison de France. Avec l'adoubement royal du 6 février, nul doute que le champion bonapartiste passera haut la main sur le ventre de ses compétiteurs. Pour le moins devra-t-il s'inquiéter de comprendre l'essence même de l'écologie divine, à peine d'entendre un jour au détour d'un salon le fameux "qui t'a fait roi ?".

Note (*): Occulture n°12 - printemps 2001 sous le titre Le roi revient

mardi 6 février 2007

Le 6 Février d'Eugène

Concorde du 6-Février
A l’origine du 6 Février 34 se trouve l’exploitation par la presse et les mouvements nationalistes de l’affaire Stavisky révélée en décembre 1933. Le Beau Sacha avait fait émettre par le Crédit municipal de Bayonne 200 millions de bons de caisse sans consolidation. La révélation du scandale qui mouillait ses protecteurs, son suicide à trois balles à Chamonix le 8 janvier et les soupçons de refinancement du parti radical au pouvoir, font de cette affaire d’escroquerie un scandale politique d'ampleur. Mais l’affaire Stavisky est plus un prétexte que la cause unique du 6 février 1934. Les temps sont durs, le ciel est bas. La crise de 29 n'en finit pas d'agonir.

Les Etats-Unis ont largué l'étalon-or en 1933 et le 30 janvier 1934 ils vont dévaluer le dollar de 41% ! Des barrières douanières fleurissent pour sauver ce qui reste, le dumping est la règle, le Commonwealth décrète la préférence impériale. C'est du chacun pour soi. Mais Hispano-Suiza lance quand même cette année-là à Bois-Colombes sa nouvelle K6, ce sera le seul signe d'optimisme avant longtemps.
bouchon de la K6
L'embargo sur l'or (décrété dès 1933 aux EU) précèdera bientôt des sorties monstrueuses de métal jaune de France (quatre milliards en trois semaines en mai 35).
A ce moment il y a collision entre les désastres industriels et son cortège de mises-à-pied, la spéculation en tous genres élevée au rang d'activité lucrative et mondaine, la complicité active et passive de la classe politique où sévissent concussion et prébendes à tous les étages. En face d'elle, un peuple désabusé mais pas résigné.

Extrait de presse du 7 février : « Dans la décomposition rapide du régime capitaliste, ils étalent toute leur ignominie. Ils sont tous dans les scandales de corruption, députés et sénateurs, magistrats et policiers, ministres et hauts dignitaires de l'Etat bourgeois. L'indignation des masses est puissante, irrésistible et hier les cliques fascistes qui se sont groupées au vu et au su des gouvernants ont pu entraîner une nombreuse petite bourgeoisie irritée. Le gouvernement "démocratique", sa Chambre "de gauche", ses socialistes dont la faillite lamentable a contribué à l'éclosion et au développement de ces groupes militaristes, sont les vrais responsables.» (L'Humanité du 7 février 34)

La goutte d'eau minuscule qui fit déborder le vase de la Corruption s'appelle Raynaldy, garde des Sceaux ! C'est la révélation d'un énième scandale mettant en cause cette fois la Chancellerie qui donne le signal. Me Eugène Raynaldy démissionne le 27 janvier. Le cabinet Chautemps qui bénéficiait de connivences dans l'appareil judiciaire tombe aussi sec. Le beau-frère de Chautemps était procureur général et on savait qu'il avait freiné des quatre fers le procès Stavisky. On soupçonnait également Camille Chautemps des pires préméditations en conclusion du scandale.

Qui était ce Raynaldy ?
Eugène RaynaldyAvocat (1869-1938) né à Rodez, il sera élu député radical de l'Aveyron en 1918, réélu en 1924. Il devient ministre du commerce du gouvernement Herriot en 1924-25. Il entre au Sénat en 1930 et n'en sortira que les pieds devant. On ne connaît pas de traces de son passage aux affaires, mais est-ce sans doute de n'avoir pas bien cherché. Son passage au gouvernement Chautemps par contre sera bref (2 mois) mais décisif !

Edouard Daladier est appelé sur le champ à former le nouveau gouvernement. Le limogeage du préfet de police Chiappe pour complaisance à l’égard des ligues est-il le détonnateur ? Les ligues nationalistes (Action française, Jeunesses Patriotes, Solidarité Française) mais aussi les Croix de Feu du lieutenant-colonel de La Rocque, l’Union nationale des Combattants et l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) d’obédience communiste, appellent à manifester le 6 février contre la Chambre.

La manifestation – il n’y a ni défilé unique ni unité d’action – dégénère rapidement. Des affrontements sanglants opposent manifestants et forces de l’ordre. 15 morts et 1435 blessés ont été dénombrés. Les Croix de Feu, qui tiennent la rue de Bourgogne n’investissent pas, sur ordre de leur chef, le Palais Bourbon à l’intérieur duquel Daladier obtient la confiance. On trouvera le récit détaillé de la journée sur le site de l'Action Française en cliquant LA

Le 6 Février produira un choc considérable. Daladier à peine arrivé démissionne et laisse la place à l’ancien président de la République, Gaston Doumergue, qui forme un gouvernement d’Union nationale.

Un coup pour rien ! Maurice Pujo explique très bien cela. Cliquez ICI.

Epilogue : La capitale du Rouergue n'ayant pas eu beaucoup d'hommes politiques, la municipalité dédiera la place de Rodez la plus haute en altitude, à Eugène Raynaldy. Après tout il a participé à l'Histoire à sa façon.

jeudi 1 février 2007

Changing the Guard

blason anglais
En ces temps de campagne présidentielle si l'on réclame le roi, on suscite outre la surprise deux réactions. Soit "votre" roi ressemble aux rois démocratiques du Nord ou d'Espagne, et ça coûte cher pour inaugurer les chrysanthèmes, soit il a des pouvoirs réels comme le président actuel de la République, et alors la dérive monarchique de notre régime va aboutir à la tyrannie dès lors qu'il n'est plus réglé par l'élection.
On mesure la parfaite méconnaissance des monarchies scandinaves et anglaise, laissons de côté la maison d'Espagne qui a recouvré le pouvoir dans des circonstances spéciales.

Les rois du Nord sont plus "puissants" que ne l'imaginent les Français. En cause chez nous le substrat national de violence, qui en temps de guerre s'épanouissait dans la furia francese, et qui conduit à déconsidérer ici tout pouvoir qui ne s'appuie pas sur la force. C'est le réflexe stalinien du "pape sans divisions". Quel est donc ce Chef qui ne peut à sa guise me mettre en prison, faire charger ses cohortes sur mes remontrances bruyantes, espionner ma vie dans ses moindres recoins, et me guider par la loi dans mes opinions ? Moins que rien ! se dit le veau national. D'où l'expression passée dans le langage courant, "avoir autant de pouvoir que la reine d'Angleterre". Et bien commençons par là !

Sans faire un cours constitutionnel sur la monarchie britannique, rappelons que le souverain anglais occupe trois fonctions. Il est le chef de l'Etat britannique et à ce titre préside le Commonwealth ; il est le chef de la nation anglaise ; il est le gouverneur de l'église anglicane.

Le souverain chef d'Etat assume une fonction constitutionnelle en légitimant la politique générale du gouvernement choisi par les Communes. C'est le discours du Trône qui ouvre les sessions parlementaires convoquées par le roi.
Le souverain assume aussi une fonction de représentation. S'il visite assez fréquemment les pays étrangers où il dispense des conseils de bonne gouvernance, le chef d'Etat reçoit les missions diplomatiques, les lettres de créances des ambassadeurs, et les délégations étrangères dans son palais. On peut comprendre qu'on n'y parle pas que de gastronomie. Surtout en Angleterre.

La fonction de chef d'Etat la plus discrète n'est pas la moins importante. Il reçoit chaque semaine le premier ministre en tête-à-tête politique pour échanger leurs idées ; le souverain y exerce ses droits : "the right to be consulted, the right to encourage, the right to warn". Cet "exécutif informel" est complètement illisible par les Français qui manquent d'accoutumance au débat d'idées qu'ils transforment en rixe verbale.
On peut déjà dire que la fonction de chef d'Etat britannique n'est pas neutre.

La seconde charge assumée, chef de la Nation, est de loin la plus importante. Comme elle ne s'inscrit pas dans les minutes d'une constitution sauf pour la justice où il est considéré comme la "source primaire" du Droit, nous ne la voyons pas.

Le souverain est le point de convergence de l'identité nationale. Quel que soit le document de nationalité que vous ayez en poche, votre acceptation à Buckingham ou votre bannissement donne ou retire votre "anglicité". Le patron de Harrod's en sait quelque chose.
Le souverain incarne aussi par l'unité de sa personne, l'unité de la Nation, et justement parce qu'il est délivré du gouvernement quotidien du pays, il surmonte les divisions politiques et les fractures sociales.
Il incarne enfin par sa propre attitude la fierté britannique.

Elisabeth 2Selon son tempérament, il ajoute au sentiment de continuité de l'Etat la diffusion d'une considération certaine pour le service public qui agit en son nom, On Her Majesty's Service, et pour les forces armées dont il reste le chef.
C'est enfin le souverain qui distribue honneurs et récompenses civiles et militaires. L'effet est sans doute plus fort d'être distingué par le chef de la Nation que par un politicien de rencontre sous le regard mort d'une mariane en plâtre exhibant de gros seins !

Le système de gouvernement monarchique tire sa force de ce qu'il sépare les devoirs officiels du chef d'Etat de la vie tumultueuse des partis politiques. La stabilité institutionnelle est assurée par la pérennité incarnée dans son roi (ou reine) qui préside au carrousel des cabinets démocratiques.

Le journaliste Bagehot écrivait au XIX siècle : "The nation is divided into parties, but the crown is of no party. Its apparent separation from business is that which removes it both from enmities and from desecration, which preserves its mystery, which enables it to combine the affection of conflicting parties ". Les deux étages sont bien distincts et il est assez étonnant de constater que la charpente féodale que nous évoquions dans ce blogue l'an dernier, a survécu en Grande Bretagne au milieu d'un foisonnement de libertés civiles gérées démocratiquement. Ce sont ces libertés que notre République, obsédée par sa survie, ne peut pas produire.

S'ajoute à ces fonctions officielles de la couronne, des charges de bienfaisance qui sont universellement appréciées. Toute la famille royale est mise à contribution dans ce domaine. Observant le rôle de la famille royale, Bagehot avait bien perçu l'intérêt de la pipolisation en disant : "A family on the throne is an interesting idea also. It brings down the pride of sovereignty to the level of petty life."

Pour enfoncer le clou, nous rappellerons que le budget public de la maison de Windsor est bien moins onéreux que celui de la présidence française. Si l'on y ajoute l'orgie financière des campagnes quinquennales, il n'y a pas photo.

Un mot sur ces rois du Nord. La monarchie anglaise a été le modèle sur lequel ont évolué les monarchies hollandaise et scandinaves. Les principes exposés ci-dessus s'appliquent donc. Et moins qu'en Grande Bretagne encore le régime monarchique n'y est discuté. Disons mieux, il y est énergiquement défendu dès qu'il est contesté par un étranger. Attention à la raclée si vous débinez la famille royale locale en fin de soirée au pub.

Saurions-nous revenir en France à un régime naturel avec cette part d'affectif derrière laquelle le peuple court ? Le socialiste Guy Mollet en avait caressé l'idée, paraît-il !


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