Les Manants du roi publient une chronique du général Gallois titrée "Le Choc des Titans". C'est une longue synthèse géostratégique qui tourne autour de la globalisation des activités humaines et en fouille tous les recoins jusqu'à bien expliquer la puissance des nouveaux fonds souverains générés par ce succès planétaire de l'émergence des "pays milliardaires". Il serait avisé de la part des Manants de faire un tiré à part de ce dossier sous "pdf" afin de pouvoir l'archiver en l'état car le travail accompli par l'auteur est conséquent. Beaucoup d'informations sourcées, de tableaux clairs, intelligemment mis en perspective. Avant de continuer ce billet de Royal Artillerie, le mieux est bien sûr de lire cet article de Pierre-Marie Gallois en cliquant ici.
A la fin de cet article magistral j'ai réalisé que les empires chinois et indien reprenaient tout simplement le rang qu'ils occupaient à l'aube de la révolution industrielle occidentale. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'aient jamais eu d'industries. La Chine par exemple connaissait la production de série depuis le haut empire, à preuve les soldats de l'armée de terre cuite, qui peut-être sont dix fois plus nombreux que le carré qui a été déblayé à Xian, ont été produit dans des "usines" qui pratiquaient le taylorisme ... en l'an 200 avant JC. On a retrouvé les repères d'assemblage et les poinçons de traçabilité.
L'Inde a beaucoup donné dans les temps anciens à l'Occident, sinon même presque tout, alphabet, astronomie, métallurgie, agronomie ... Et la colonisation anglaise lui a redonné le goût des grandes manufactures, goût dont elle tire parti aujourd'hui dans tous les domaines jusqu'à venir faire de l'acier chez nous. La Chine est bien différente mais un empire de tous temps réputé pour la force de travail de la race han. Si des coolies chinois ont participé à des travaux publics ou des récoltes agricoles dans le monde entier, cela nous indique que ce peuple a une prédisposition. Lui donner les "outils" de son développement comme la globalisation les lui a apportés a suffit. Soit dit en passant, si le char de la République chinoise de 1912 n'avait pas versé dans le maoïsme en 1948, le surgissement qui nous effraie aujourd'hui aurait eu lieu à la fin des années soixante !
Je remets en ligne l'image de la cité-état de Chongqing au coeur de la Chine pour que l'on mesure ce que veut dire "émergence" :
En fait on doit considérer que les "empires milliardaires" avaient été coulés par le choc de civilisation des XIX et XX° siècles, et qu'ils émergent à nouveau d'un océan économique où nous pensions qu'ils avaient coulé. Les Titans² dormaient. Les potentialités perduraient, inemployées. D'ailleurs les manuels scolaires de géographie des années 50-60 ne leur donnaient aucune chance de développement. Tout était promis aux pays neufs et communistes, et rien à ces magmas populeux misérables sans rentes minières ni autres talents que ceux de l'exotisme. On mesure où conduit l'endogamie des sociétés de géographie vivotant dans une idéologie. En est-il pareil de l'Afrique aujourd’hui ? un peu.
L'article du général Gallois décrit très bien "Le choc". Il garde sans doute pour un prochain billet l'exposé de notre contre-attaque occidentale. Sans attendre, nous allons l'esquisser et nous verrons un jour si nous convergeons.
J'ai relevé quelques rares approximations qui résultent sans doute d'un raccourcissement de paragraphe ou de correction de texte, mais qui n'affaiblissent pas la portée du discours (exemple cf. nota 1.).
On peut dire que nous avons une vingtaine d'années de tous les dangers devant nous, ou un quart de siècle. Le temps nécessaire à ce que les niveaux de vie asiatique et occidental se rapprochent, le développement des marchés intérieurs "milliardaires" engloutissant l'essentiel de leurs propres productions. Il ne peut en être autrement pour une simple raison : La communication planétaire instantanée jusque dans la dernière yourte mongole, indique à chacun l'écart à rattraper pour vivre "normalement".
La bonne volonté que montrent les cohortes ouvrières chinoises n'est portée que par la rémunération de leur travail, elle-même destinée à l'amélioration de leur position socio-économique. Les générations qui triment paient la pension de leurs vieux parents mais surtout le font pour améliorer l'avenir de leurs enfants. Les autorités chinoises le savent parfaitement, même si parfois ils nous laissent l'impression de cyclistes dévalant le Tourmalet sans freins. Rien ne peut continuer sans sécurité sociale ni si le rêve de l'ascenseur social se brise. D'autant que le souvenir de l'époque maoïste reste pour beaucoup celui de l'égalité des chances au départ, et surtout de la sécurité d'emploi et vieillesse - c'est d'ailleurs ce modèle social ce qui a coulé les Corporations d'Etat.
Ils nous rattraperont d'autant plus vite que notre niveau de vie va baisser. Ce n'est pas un souhait, mais un résultat arithmétique. Un pays moyen de 63 millions d'habitants disposant de 28 millions d'actifs potentiels dont 4 millions de fonctionnaires non hospitaliers, qui laisse au chômage 2 millions de travailleurs plus 2 millions à tiers-temps, plus tous ceux qui sont sous les radars sociaux, ne peut maintenir longtemps son train de vie général, surtout quand on sait que son gouvernement emprunte chaque semaine, pour faire vivre les rouages de son organisation et la protection sociale de tous.
Les réformes nécessaires sont trop coûteuses en termes électoraux, et surtout heurtent de front la nomenklatura. Et comme la démocratie n'a que le génie du compte, l'entropie universelle fera chez nous tous les ravages annoncés, sauf "révolution". A voir l'accueil du rapport Attali dans les allées des pouvoirs parlementaires on mesure la dureté Brinell de l'ossification de nos structures politiques. Après la révolution, nous pourrons renaître, un peu comme les Asiatiques sont revenus à la surface.
Oui, nous sommes bien les pays "anciennement industrialisés", mais il n'est pas écrit que nous soyons voués à la désertification. Plus de la moitié des produits ou services consommés sur la planète à l'échéance de vingt ans sont réputés inconnus aujourd'hui. Il faut donc mettre le paquet sur la recherche, et la matière grise. Par exemple les Américains et les Européens tiennent la dragée haute depuis des lustres au reste du monde dans la R&D informatique. On passe même sur le ventre des Japonais ! Etudions pourquoi, et appliquons les résultats à d'autres secteurs. Les soucis de l'espèce humaine sont en train de muter de la consommation à outrance de produits éphémères vers une consommation consciente. Creusons ! Dit en passant, les Américains viennent sur les questions environnementales depuis qu'ils y ont détecté du profit à faire en quantités énormes. Et ils vont réussir car c'est le pays de l'Innovation à outrance. Ne nous laissons pas distancer.
Explosons l'Etat pachydermique sans grâce ni talent qui enfle de sa gangrène gazeuse, crée une taxe chaque mois, et se croit autorisé à tout couper et trancher ; même le prix du lait ou celui de la baguette de pain que l'on envoie des ministres noter chez les détaillants ! Que partent ces gens ! Que partent ces saltimbanques et qu'on vide la piscine politique pour en jeter au fumier leurs métastases, la relève. Ils ne servent à rien, bavassent, biaisent, trompent et s'engraissent de nos déficits à compte des enfants à naître. Faudra-t-il arriver à la ruine de la nation pour s'apercevoir de cette vampirisation ?
Dans le concert occidental de la renaissance attendue, nous ne pourrons jouer aucune partition en l'état si nous laissons les fauteurs de déclin aux commandes ou dans les sphères d'influence. Il faut des hommes neufs, intelligents, jeunes, au moins d'esprit comme Pierre-Marie Gallois, ouverts au monde, capables d'appréhender les axes forts du Futur sur lesquels nous tracerons notre route sans complexes ; et qui ne se retourneront pas sur un passé bien moins glorieux qu'on ne le raconte, à peine de nous changer tous en statues de sel.
Faut-il répéter que nos enfants vivront dans la "France de demain" ? A entendre le tapage des arriéristes de service, cramponnés aux mangeoires républicaines, hurlant à l'euro, je crois que oui.
: Nota 1. L'auteur dit : « L’appareil industriel des Etats-Unis subit le choc de la surproduction à bas prix des « milliardaires en vies humaines ». General Motors est en difficulté, Ford procède à de nouveaux licenciements après avoir perdu 2.7 milliards de dollars au 4ème trimestre de 2007. Les milliardaires Chine et Inde n'exportent pas de voitures aux Etats-Unis ; la concurrence vient du Japon et surtout des usines japonaises implantées aux Etats-Unis. En outre les trois grands de Detroit exportent peu et les productions indiennes font epsilon sur les marché du Tiers-monde solvables. La Chine n'exporte quasiment rien, pour l'instant.
: Nota 2. Mythologie grecque, les Titans en cliquant ici.
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