vendredi 29 février 2008

PMG : Choc de Titans

monde électrique
Les Manants du roi publient une chronique du général Gallois titrée "Le Choc des Titans". C'est une longue synthèse géostratégique qui tourne autour de la globalisation des activités humaines et en fouille tous les recoins jusqu'à bien expliquer la puissance des nouveaux fonds souverains générés par ce succès planétaire de l'émergence des "pays milliardaires". Il serait avisé de la part des Manants de faire un tiré à part de ce dossier sous "pdf" afin de pouvoir l'archiver en l'état car le travail accompli par l'auteur est conséquent. Beaucoup d'informations sourcées, de tableaux clairs, intelligemment mis en perspective. Avant de continuer ce billet de Royal Artillerie, le mieux est bien sûr de lire cet article de Pierre-Marie Gallois en cliquant ici.

pierre-marie GalloisA la fin de cet article magistral j'ai réalisé que les empires chinois et indien reprenaient tout simplement le rang qu'ils occupaient à l'aube de la révolution industrielle occidentale. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'aient jamais eu d'industries. La Chine par exemple connaissait la production de série depuis le haut empire, à preuve les soldats de l'armée de terre cuite, qui peut-être sont dix fois plus nombreux que le carré qui a été déblayé à Xian, ont été produit dans des "usines" qui pratiquaient le taylorisme ... en l'an 200 avant JC. On a retrouvé les repères d'assemblage et les poinçons de traçabilité.
L'Inde a beaucoup donné dans les temps anciens à l'Occident, sinon même presque tout, alphabet, astronomie, métallurgie, agronomie ... Et la colonisation anglaise lui a redonné le goût des grandes manufactures, goût dont elle tire parti aujourd'hui dans tous les domaines jusqu'à venir faire de l'acier chez nous. La Chine est bien différente mais un empire de tous temps réputé pour la force de travail de la race han. Si des coolies chinois ont participé à des travaux publics ou des récoltes agricoles dans le monde entier, cela nous indique que ce peuple a une prédisposition. Lui donner les "outils" de son développement comme la globalisation les lui a apportés a suffit. Soit dit en passant, si le char de la République chinoise de 1912 n'avait pas versé dans le maoïsme en 1948, le surgissement qui nous effraie aujourd'hui aurait eu lieu à la fin des années soixante !
Je remets en ligne l'image de la cité-état de Chongqing au coeur de la Chine pour que l'on mesure ce que veut dire "émergence" :
Chong Qing
En fait on doit considérer que les "empires milliardaires" avaient été coulés par le choc de civilisation des XIX et XX° siècles, et qu'ils émergent à nouveau d'un océan économique où nous pensions qu'ils avaient coulé. Les Titans² dormaient. Les potentialités perduraient, inemployées. D'ailleurs les manuels scolaires de géographie des années 50-60 ne leur donnaient aucune chance de développement. Tout était promis aux pays neufs et communistes, et rien à ces magmas populeux misérables sans rentes minières ni autres talents que ceux de l'exotisme. On mesure où conduit l'endogamie des sociétés de géographie vivotant dans une idéologie. En est-il pareil de l'Afrique aujourd’hui ? un peu.
L'article du général Gallois décrit très bien "Le choc". Il garde sans doute pour un prochain billet l'exposé de notre contre-attaque occidentale. Sans attendre, nous allons l'esquisser et nous verrons un jour si nous convergeons.

J'ai relevé quelques rares approximations qui résultent sans doute d'un raccourcissement de paragraphe ou de correction de texte, mais qui n'affaiblissent pas la portée du discours (exemple cf. nota 1.).

On peut dire que nous avons une vingtaine d'années de tous les dangers devant nous, ou un quart de siècle. Le temps nécessaire à ce que les niveaux de vie asiatique et occidental se rapprochent, le développement des marchés intérieurs "milliardaires" engloutissant l'essentiel de leurs propres productions. Il ne peut en être autrement pour une simple raison : La communication planétaire instantanée jusque dans la dernière yourte mongole, indique à chacun l'écart à rattraper pour vivre "normalement".
La bonne volonté que montrent les cohortes ouvrières chinoises n'est portée que par la rémunération de leur travail, elle-même destinée à l'amélioration de leur position socio-économique. Les générations qui triment paient la pension de leurs vieux parents mais surtout le font pour améliorer l'avenir de leurs enfants. Les autorités chinoises le savent parfaitement, même si parfois ils nous laissent l'impression de cyclistes dévalant le Tourmalet sans freins. Rien ne peut continuer sans sécurité sociale ni si le rêve de l'ascenseur social se brise. D'autant que le souvenir de l'époque maoïste reste pour beaucoup celui de l'égalité des chances au départ, et surtout de la sécurité d'emploi et vieillesse - c'est d'ailleurs ce modèle social ce qui a coulé les Corporations d'Etat.

Ils nous rattraperont d'autant plus vite que notre niveau de vie va baisser. Ce n'est pas un souhait, mais un résultat arithmétique. Un pays moyen de 63 millions d'habitants disposant de 28 millions d'actifs potentiels dont 4 millions de fonctionnaires non hospitaliers, qui laisse au chômage 2 millions de travailleurs plus 2 millions à tiers-temps, plus tous ceux qui sont sous les radars sociaux, ne peut maintenir longtemps son train de vie général, surtout quand on sait que son gouvernement emprunte chaque semaine, pour faire vivre les rouages de son organisation et la protection sociale de tous.

AttaliLes réformes nécessaires sont trop coûteuses en termes électoraux, et surtout heurtent de front la nomenklatura. Et comme la démocratie n'a que le génie du compte, l'entropie universelle fera chez nous tous les ravages annoncés, sauf "révolution". A voir l'accueil du rapport Attali dans les allées des pouvoirs parlementaires on mesure la dureté Brinell de l'ossification de nos structures politiques. Après la révolution, nous pourrons renaître, un peu comme les Asiatiques sont revenus à la surface.

Oui, nous sommes bien les pays "anciennement industrialisés", mais il n'est pas écrit que nous soyons voués à la désertification. Plus de la moitié des produits ou services consommés sur la planète à l'échéance de vingt ans sont réputés inconnus aujourd'hui. Il faut donc mettre le paquet sur la recherche, et la matière grise. Par exemple les Américains et les Européens tiennent la dragée haute depuis des lustres au reste du monde dans la R&D informatique. On passe même sur le ventre des Japonais ! Etudions pourquoi, et appliquons les résultats à d'autres secteurs. Les soucis de l'espèce humaine sont en train de muter de la consommation à outrance de produits éphémères vers une consommation consciente. Creusons ! Dit en passant, les Américains viennent sur les questions environnementales depuis qu'ils y ont détecté du profit à faire en quantités énormes. Et ils vont réussir car c'est le pays de l'Innovation à outrance. Ne nous laissons pas distancer.
nanotechnologies
Explosons l'Etat pachydermique sans grâce ni talent qui enfle de sa gangrène gazeuse, crée une taxe chaque mois, et se croit autorisé à tout couper et trancher ; même le prix du lait ou celui de la baguette de pain que l'on envoie des ministres noter chez les détaillants ! Que partent ces gens ! Que partent ces saltimbanques et qu'on vide la piscine politique pour en jeter au fumier leurs métastases, la relève. Ils ne servent à rien, bavassent, biaisent, trompent et s'engraissent de nos déficits à compte des enfants à naître. Faudra-t-il arriver à la ruine de la nation pour s'apercevoir de cette vampirisation ?

Dans le concert occidental de la renaissance attendue, nous ne pourrons jouer aucune partition en l'état si nous laissons les fauteurs de déclin aux commandes ou dans les sphères d'influence. Il faut des hommes neufs, intelligents, jeunes, au moins d'esprit comme Pierre-Marie Gallois, ouverts au monde, capables d'appréhender les axes forts du Futur sur lesquels nous tracerons notre route sans complexes ; et qui ne se retourneront pas sur un passé bien moins glorieux qu'on ne le raconte, à peine de nous changer tous en statues de sel.
Faut-il répéter que nos enfants vivront dans la "France de demain" ? A entendre le tapage des arriéristes de service, cramponnés aux mangeoires républicaines, hurlant à l'euro, je crois que oui.

: Nota 1. L'auteur dit : « L’appareil industriel des Etats-Unis subit le choc de la surproduction à bas prix des « milliardaires en vies humaines ». General Motors est en difficulté, Ford procède à de nouveaux licenciements après avoir perdu 2.7 milliards de dollars au 4ème trimestre de 2007. Les milliardaires Chine et Inde n'exportent pas de voitures aux Etats-Unis ; la concurrence vient du Japon et surtout des usines japonaises implantées aux Etats-Unis. En outre les trois grands de Detroit exportent peu et les productions indiennes font epsilon sur les marché du Tiers-monde solvables. La Chine n'exporte quasiment rien, pour l'instant.

: Nota 2. Mythologie grecque, les Titans en cliquant ici
.


Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

mercredi 27 février 2008

Don Sarkozi

Sarkozy en mai
"Casse-toi, machin truc !" Charles Martel à Poitiers ? François Ier au Connétable de Bourbon ? Le général Cambronne à Waterloo ? La Garde meurt et va te faire f... ! Mais non, c'était le petit reître au Salon de l'Agriculture, protégé par une double enceinte mobile de G-men, qui prenait son bain de foule à la gaullienne. Les circonstances sont inintéressantes, le rallye des cireurs de pompes sur les étranges lucarnes qui sont sensées faire l'Opinion, l'est bien plus, et le chagrin de voir ce pauvre Barnier, la brosse à fumier à la main, s'escrimer sous une permanente immaculée pour sauver son maroquin promis au vicomte de Villiers, m'a terrassé. Pas moins d'ailleurs que la compassion goguenarde du bossu du Poitou qui ne porte chance à personne !

Le président de la République française est un cavalier démonté, disons qu'il mime le canard. Sa diction travaillée sur les fortifications et sa démarche à la Donald m'avaient interloqué lors de la campagne car je ne voyais pas un avocat accoutré selon l'usage du barreau, avancer au prétoire, l'hermine pendante et le pas chaloupé, coin-coin, risquer de se prendre les pieds dans la robe, quoi ! On me l'a montré au Guilvinnec au milieu de ses licteurs défiant un pêcheur contestataire - je ne savais pas qu'il faisait aussi du judo comme Poutine, quoa ! Ce qui m'a achevé n'est pas le "pôv'con" du Salon mais que le président gratte sur les courses. A Bucarest, il a réclamé le Mont-Blanc qu'on venait de lui passer pour signer quelque accord, le trouvant à son goût ; c'était vraiment "petit".

Doit-on le juger uniquement sur les résultats comme il aime à le faire de ses collaborateurs ? Laisser de côté ce côté "nouveau riche à compte d'autrui", les montres, les Rayban miroir et tout le clinquant, ou son penchant pour les femmes d'occasion qu'il expose comme des trophées de guerre tel un général romain revenant de campagne ? Le problème est qu'il n'y a pas de résultats. Aucun ! On me dit de Matignon que c'est trop tôt. François FillonM. Fillon a fait son "pro domo" dans Le Figaro, énonçant la liste des réformes. C'est du pipi de chat. Même le chômage est truqué depuis que l'Insee a révélé que deux millions de travailleurs sortis des statistiques n'étaient employés en moyenne que 13 heures par semaine, ce qui ferait un revenu mensuel moyen de 460€. Cela n'empêche nullement le bienheureux des sondages d'annoncer les lendemains qui ne peuvent que chanter ; 5% de chômeurs bientôt ! Vieux refrain démagogique ; je ne te croyais pas si menteur, François.

Le pays coule, sûrement. Tous les compteurs sont au rouge et même l'ami Balladur s'alarme jusqu'à trouver le petit vraiment court ! Car il ne se passe rien dans la sphère du réel quotidien, sinon d'encombrer les journaux de bons mots, de frasques, d'annonces, d'alcôves. Le second du Titanic va-t-il invoquer la clause de démence ou la jaculation précoce du commandant pour s'assurer de la passerelle avant le déchaînement de tous les dangers ? La constitution le lui interdit tant que l'autre n'est pas tombé du train en pleine nuit en pyjama, la grand croix de commandeur épinglée au revers de la veste !

J'ai déjà prévenu notre distingué lectorat contre la prise de pouvoir européen au premier juillet 2008 par notre hyperprésident. Bien sûr qu'il ne déclarera pas de guerre, ni ne coulera la Commission au canon comme il aimerait le faire du Conseil constitutionnel à Paris. Il lancera de grands projets fumeux et non financés comme savait en parler le général De Gaulle, son modèle. Mais outre le fait que nos voisins ne s'armeront que de patience, nous risquons clairement la motion de défiance de nos principaux partenaires dans le domaine financier.
Ils sont déjà excédés de ces manipulations vulgaires de leurs débats devant la presse, ces effusions de rencontre - on s'appelle par le prénom en public - et au même moment constatent notre incapacité foncière à remettre les finances françaises en ordre. Or depuis la monnaie commune, nous ne sommes plus seuls à pâtir de notre propre incurie. L'effacement des déficits par la dévaluation dévoreuse de l'épargne, nous est dorénavant interdit. Nous sommes dans l'obligation d'être sérieux, autrement dit du jamais vu sous la République depuis la dévaluation Poincaré. D'ailleurs les vrais républicains hurlent contre l'euro pour le retour du franc, pauvre piastre à gogos, mais si utile en politique et lâcheté.

Même M. Balladur reprenait Serge Moati à l'émission Ripostes de ce dimanche, en affirmant qu'il n'attendait pas un plan de rigueur après les Municipales mais simplement un plan de "sérieux" ; et d'ajouter qu'il y avait 500.000 surnuméraires dans la fonction publique et territoriale. M. Sarkozy va-t-il se séparer de 500.000 agents inutiles au motif que le service public n'y a rien gagné depuis dix ans que l'on mesure cet accroissement ? Certainement non ! Il est déjà incapable de brider les taxis, les buralistes, les "racailles", ni de réquisitionner les milliers de logements laissés vides par la spéculation foncière, alors qu'il dispose des lois pour le faire.

Il veut accomplir ses cinq ans et plus si affinités, comme son prédécesseur voulait faire les siens, quoiqu'il advienne, cohabitation honteuse, référendum perdu. M. Chirac se réfugiait dans la diplomatie décrétée américanophobe et l'inertie à l'intérieur, le tout enveloppé dans une bonhomie franchouillarde qui plaisait en Corrèze. On nous promettait la rupture ! M. et Mme Sarkozy M. Sarkozy a donc renversé les alliances, sans frais, et à défaut de bonhomie franchouillarde - il aurait bien du mal à s'y mettre - masque le confort intellectuel de son inertie par le tourbillon médiatique permanent. On parle de lui, de sa femme, de l'ouverture à gauche, de son chien - non, il n'a pas de chien -, de son fils, de l'ouverture à droite, de sa femme, l'autre, de sa barrette de chanoine, de sa rolex, du petit juif, du pauvre con, et de ... la politique de civilisation d'Edgar Morin - mazette - avant de se lancer dans la transcendance du prêtre ! Le pays va mal mais la télé flamboie.

Il n'a ni Ferrari, ni Porsche, ni Corvette et pas non plus son brevet de pilote privé, ni ne fait du scaphandre, pas plus que du trekking ; skie-t-il ? A-t-il lu feu Robbe-Grillet ? Il y a encore des domaines à explorer pour nous tenir en haleine jusqu'à la Noël. Pour 2009, il sera bien temps de contacter la NASA ou Richard Branson.

Dans son blogue "Pour le Roi", Yves-Marie Adeline regrette que nous n'ayons pas de chef d'Etat. C'est affaire de mots. Si l'Etat est l'individualisation d'un corps de la nation constitué de plusieurs membres hiérarchisés entre eux à l'effet d'administrer le territoire et ses habitants, dans notre pyramide mentale, il a besoin d'un chef : une sorte d'adjudant-major du régiment France. C'est le chef de l'Etat. Donald Sarkozi est ce chef. Mais prétendre qu'il serait le chef de la Nation comme le laisse croire la formule "président de tous les Français" est un leurre. Un chef élu par une partie de la population sur un contrat à durée déterminée ne peut être le chef de la Nation. Il assume la fonction précaire de chef de son administration ; assez mal en plus ! M. Sarkozy n'est que chef de l'Etat. Ses collègues étrangers savent parfaitement qu'il n'est pas le Chef de la France. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure. Il en est parmi eux qui parlent un meilleur français que lui.

La nation ne s'incarne que dans un roi, voire un grand chef catholique ou quelque sage de la montagne comme il nous en passe un par siècle.



Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

lundi 25 février 2008

Kosovo 4/ƒ

blason onusien du KosovoNous ne laisserons pas Mitroviça sous le feu des canons albanais ! Comme le disait Albert Sarraut de Strasbourg à la remilitarisation de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht, la diplomatie russe manie le bâton dialectique, à défaut de pouvoir forcer une décision favorable à son allié serbe. Moscou envoie à Belgrade son vice-premier ministre et futur président Medvedev en compagnie du ministre Lavrov chargé des affaires étrangères. Il ne peut être question que de bloquer l'accès du Kosovo aux enceintes internationales et de discuter du futur oléoduc Mer Noire - Adriatique qui devrait traverser la Serbie, le tout enveloppé de la plus sincère chaleur humaine slave. Mille regrets, les divisions russes sont engluées en Tchétchénie.

Que la Russie mette désormais des bâtons dans les roues occidentales n'est pas pour déplaire à bien des pays, d'abord aux Grecs, et, gouvernement mis à part, à bien des Français également. Les Accords de Dayton de 1995 qui cessaient la guerre intra-yougoslave, ne prévoyaient pas la sécession de la province kosovare, pas plus que la Résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l'ONU de 1999, spécifique au Kosovo. On peut dire que c'est bien l'aggravement par les Albanais de l'insécurité de la province onusienne qui a conduit les pays engagés au Kosovo à s'en débarrasser. « La situation y est intenable », disait récemment un diplomate allemand. Il aurait pu rajouter "ras le bol" et sa pensée aurait été complètement exprimée.

Les Russes annoncent des réactions en chaine. Nous avons déjà dit ne pas croire à l'effet dominos. Mais le jeu de dominos intéressant directement l'affaire kosovare n'est-il pas déjà manipulé par le tandem serbo-russe, dans un sens offensif, puisqu'il n'est question pour eux que de dénoncer les républiques albanaises en devenir ? Vallée de Preshev en Serbie méridionale, Macédoine occidentale, districts albanais du Monténégro. A les entendre, ces cantons albanais enkystés au flanc d'états multi-ethniques "sans problèmes" sont sous la coupe de la mafia albanaise - les Russes savent de quoi ils parlent - et deviendront des abcès d'incendies racistes. En faudra-t-il beaucoup de poudre pour les allumer et prouver ainsi le bien-fondé de la "théorie des dominos" ? La suite nous le dira.

arson US embassy Beograd
Car il y aura une suite. Non par l'intervention musclée de la Russie qui est barrée de partout pour intervenir physiquement, si tant est qu'elle le veuille sincèrement. Elle a retiré son bataillon en zone d'occupation allemande (quelle ironie !) en 2004. La suite viendra plus probablement de l'irrédentisme serbe des cantons extérieurs qui peuvent légitimement user des mêmes ruses pour s'agglomérer à la mère-patrie quand celle-ci leur donnera le feu vert. Ce qui ne serait que justice. Les ruses des uns feront les ruses des autres. Et les Albanais de l'extérieur embrayeront à leur tour. D'ailleurs les esprits forts ne préconisent-ils pas le reclassement ethnique, chacun chez soi et les moutons etc. A oublier que si les chiens et les chats se détestent dans la même ferme, le fermier lance la fourche. Mais rien ne garantit qu'une fois reclassées dans des Etats homogénéisés, les ethnies ne profitent des moyens que procurent un Etat légal pour entrer tout simplement en guerre ouverte. La solution même difficile des conflits inter-ethniques au sein d'Etats multi-ethniques est souvent préférable à la solution de conflits ouverts d'état à état légalement constitués. Les Balkans héritent de frontières les traversant en tous sens, ferments d'autant d'Etats, prétextes à séparer les antagonismes. En vain ! C'est sans fin.

Jusqu'à se demander combien de décennies faudra-t-il pour régler la Question ottomane. L'homme malade de l'Europe, disait-on. Mais qui était vraiment malade ? Tout est parti du Congrès de Berlin (1878), en l'absence des Turcs et des Balkaniques qui n'auraient jamais pu s'entendre sur rien, notons-le, et 130 ans plus tard, en 2008, le processus reste inachevé ! Centre trente ans d'histoire qui couvrent 1300 pages, écrit petit ! Les Américains n'ayant pas eu le temps de les lire, il est normal qu'ils aient privilégié des solutions apparemment simples. En fait, il n'y a pas de solution. C'est le syndrome du bâton merdeux, plus facile à prendre qu'à lâcher.

C'est très frustrant pour un esprit cartésien. Mais il faut parfois accepter ses limites comme on le fait des mystères qu'on révère. Les Balkans n'offrent aucune solution de paix durable "à l'intérieur de frontières sûres et reconnues". Quelle n'était pas notre chance de profiter à deux pas de chez nous de l'Union soviétique et de la Yougoslavie qui se partageaient la police de cette région ! Et nous rêvions, béats, aux plages enchantées de la Roumanie de Ceausescu ou au paradis de l'autogestion titiste, en moquant le parapluie bulgare. Nous n'avions que des compliments à leur faire. Est-ce à dire que la botte de fer serait le seul principe de gouvernement convenable ? Les Serbes l'ont très longtemps cru. [soupir]

En passant, remarquons que les Turcs sont imbriqués dans les affaires européennes depuis bien trop longtemps et avec plus d'intérêts qu'il n'en ont poursuivis au Moyen Orient où seul l'irrédentisme kurde les a convoqués, pour que nous traitions la question turque, héritière de l'autre, par dessous la jambe.

carte Europe nuit

PS : A y regarder de près on verra que la procédure de reclassement des dominos n'aura pas été initiée par l'Etat kosovar, pour la simple raison que c'est un état-refuge qui veut maintenant consommer les crédits internationaux promis et se faire oublier, pour les raisons que donnait le général italien Fabio Mini dans un billet précédent. La Grande Serbie orthodoxe fera-t-elle face un jour à la Grande Albanie musulmane ?

Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :


En attendant, marchons ensemble :
affiche de la manif Kosovo du 2 mars

vendredi 22 février 2008

RAP

Joey StarrLisez du Rap !
Pour deux raisons, ce sont les textes que vos enfants écoutent ; ils sont écrits généralement en bon français avec finalement peu de verlan - un vieux dialecte d'apaches quand même !
Aujourd'hui Royal-Artillerie vous offre vidéo et paroles de "Laisse pas traîner ton fils" du groupe sulfureux NTM emmené par l'inimitable Joey Starr et son complice Kool Shen.

Pourquoi sur Royal-Artillerie ? C'est un écho au plan banlieue de Mme Fadéla Amara. A faire de la politique, il serait temps de s'intéresser au pays réel, vous savez, le terreau politique de demain ...
C'est page suivante ...



A l'aube de l'an 2000
Pour les jeunes c'est plus le même deal
Pour celui qui traîne, comme pour celui qui file
Tout droit, de tout façon y a plus de boulot
La boucle est bouclée, le système a la tête sous l'eau
Et les jeunes sont saoulés, salis sous le silence
Seule issue la rue même quand elle est en sang
C'est pas un souci pour ceux qui s'y sont préparés, si ça se peut
Certains d'entre eux même s'en sortiront mieux
Mais pour les autres, c'est clair, ça s'ra pas facile
Faut pas s'voiler la face, il suffit pas d'vendre des "kil"
Faut tenir le surin pour le lendemain
S'assurer que les siens aillent bien
Eviter les coups de surin
Afin de garder son bien intact
Son équipe compacte, soudée, écoute de scanner pour garder le contact
Ou décider de bouger, éviter les zones rouges, et
Surtout jamais prendre de congés
C'est ça que tu veux pour ton fils ?
C'est comme ça que tu veux qu'il grandisse ?
J'ai pas de conseil à donner, mais si tu veux pas qu'il glisse
Regarde-le, quand il parle, écoute-le !
Le laisse pas chercher ailleurs, l'amour qu'y devrait y avoir dans tes yeux.

Refrain :
Laisse pas traîner ton fils, laisse pas traîner ton fils
Si tu ne veux pas qu'il glisse
Qu'il te ramène du vice
Laisse pas traîner ton fils, laisse pas traîner ton fils
Si tu veux pas qu'il glisse.


Putain, c'est en me disant :"J'ai jamais demandé à t'avoir !"
C'est avec ces formules, trop saoulées, enfin faut croire
Que mon père a contribué à me lier avec la rue
J'ai eu l'illusion de trouver mieux, j'ai vu
Ce qu'un gamin de quatorze ans, avec le décalage de l'âge
Peut entrevoir, c'était comme un mirage
Plus d'interdit, juste avoir les dents assez longues
Pour croquer la vie, profiter de tout ce qui tombe
La rue a su me prendre car elle me faisait confiance
Chose qui avec mon père était comme de la nuisance
Aucun d'entre nous n'a voulu recoller les morceaux
Toute tentative nous montrait qu'on avait vraiment trop d'ego
Mon père n'était pas chanteur, il aimait les sales rengaines
Surtout celles qui vous tapent comme un grand coup de surin en pleine poitrine
Croyant la jouer fine. Il ne voulait pas, ne cherchait même pas
A ranger ce putain d'orgueil qui tranchait les liens familiaux
Chaque jour un peu plus
J'avais pas l'impression d'être plus coté qu'une caisse à l'argus
Donc j'ai dû renoncer, trouver mes propres complices
Mes partenaires de glisse
Désolé si je m'immisce.

Refrain

Que voulais-tu que ton fils apprenne dans la rue ?
Quelles vertus croyais-tu qu'on y enseigne ?
T'as pas vu comment ça pue dehors
Mais comment ça sent la mort ?
Quand tu respires ça, mec, t'es comme mort-né
Tu finis borné
A force de tourner en rond
Ton cerveau te fait défaut, puis fait des bonds
Et c'est vraiment pas bon quand t'en perd le contrôle
Quand pour les yeux des autres, tu joues de mieux en mieux ton orle
Ton orle de "caï-ra", juste pour ne pas
Qu'on te dise : "Voilà tu fais plus partie de la "mille-fa" d'en bas"
C'est dingue mais c'est comme ça
Sache qu'ici-bas, plus qu'ailleurs, la survie est un combat
A base de coups bas, de coups de "tom-ba"
D'esquives et de "Paw !" de putains de "stom-bas"
Laisse pas traîner ton fils
Si tu veux pas qu'il glisse
Qu'il te ramène du vice
Non, laisse pas traîner ton fils.

Refrain et fin.

Laisse pas traîner ton fils, à peine de devenir, un jour tard comme moi (ndlr):

Joey Starr



Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

mercredi 20 février 2008

Domino ci domino là

dominos deboutLes experts brandissent la théorie des dominos en remontrance au dépeçage de la Serbie à l'insu de son plein gré. Ils ont raison, ça fait vendre. Aucune théorie géopolitique ne fut plus fumante que celle des dominos du regretté Foster Dulles. Le basculement d'états voisins d'un état considéré d'un camp à l'autre, tint plutôt à leur déstabilisation par fait de guerre chaude, civile ou froide. Le Cambodge a basculé après le coup d'état de Lon Nol et les bombardements massifs de la piste HoChiMinh qui s'ensuivirent.
Le basculement de la Chine méridionale dans le camp du capitalisme sauvage doit certes beaucoup à la vitrine hongkongaise, mais combien plus à la Révolution culturelle de la Bêtise qui a montré l'usure extrême de la tunique maoïste.
Les intérêts économiques (et surtout miniers) ou les revendications identitaires sont plus puissants que l'idéologie, matière purement intellectuelle qui ne se mange pas mais peut devenir un poison violent en injection.

Dans Le Figaro d'hier, Laure Mandeville énonce les dominos qui vibrent à l'annonce de l'indépendance du Kosovo. En partant de l'épicentre du séisme kosovar, il n'y en a pas tant que ça finalement :
La province albanaise de Macédoine, la Bosnie serbe, le Kosovo serbe (appelons le ainsi), la Roumanie hongroise, la Moldavie transnistrienne, l'île de Chypre turque, la Catalogne et le Pays Basque ; Tchétchénie, Abkhazie et Ossétie du Sud ; le Kurdistan ; le Tamoulistan cinghalais, l'île philippine de Mindanao et si l'on veut aller au bout du monde, le Tibet, le Xinkiang ouigour et Formose. Rajoutons la Corse pour faire joli.

armes de la YougoslavieChaque fois, des nations s'opposent à des états. Elles et moi-même serions-nous plus heureux si ces territoires acquéraient leur indépendance ? La question est égoïste, mais honnête. Il y en a une seconde : que veut dire indépendance dans un monde globalisé comme la Terre d'aujourd'hui ?
Après les trois premiers mois de réglages, le Kosovo sera à la merci des bailleurs de fonds qui le feront vivre au quotidien. L'indépendance se limite-t-elle à l'immunité diplomatique des dirigeants ? Dans le cas du Kosovo l'on peut se le demander, comme nous en prévient le général italien Fabio Mini qui a dirigé les forces de la KFOR en 2002-2003, et qui se lâche dans le Corriere della Serra :
« L’indépendance conviendra à ceux qui commandent : le premier ministre Thaçi qui fait des affaires avec le pétrole, l'ancien premier ministre Haradinaj qui est jugé devant le Tribunal pénal international de La Haye , l'ancien premier ministre Ceku qui veut devenir généralissime, le milliardaire Behgjet Pacolli qui a besoin d’un endroit pour mettre l’argent de son empire ». Et de préciser : « Ce qui intéresse les clans, c’est un endroit en Europe où vont s’ouvrir de nouvelles banques. Un port franc pour l’argent qui arrivera de l’Est. Monte-Carlo, Chypre ou Madère ne sont plus sûrs. Je comprends la hâte des Kosovars. Je ne comprends pas celle de la communauté internationale. » (source Novopress).

La France souveraine elle-même est-elle si indépendante que cela ? Le gouvernement n'arrive même pas à administrer correctement son Etat vermoulu, et se réfère en tout aux puissances extérieures, sauf pour les affaires du théâtre démocratique intérieur. A la différence près, qu'elle ne vit pas (encore) de subsides internationaux. Finalement, le critère objectif devrait être tout contenu dans la question-qui-tue posée aux "indépendantistes :
"Subvenez-vous déjà à vos besoins, et persisterez-vous à y subvenir dans le futur ?". Si vous répondez deux fois "oui", vous vous engagez à ne pas solliciter de transferts d'ajustements structurels auprès du FMI pendant trente ans à compter de ce jour !

La parole est aux Catalans : oui, oui, aux Basques : oui, oui, aux Taïwanais : oui, oui, aux Ossètes du Sud : euh, aux Corses : euh, ... facile ! Trop !
Trop, parce que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes dispose aussi de mes contributions fiscales et, que cela puisse finir par faire beaucoup si l'on multiplie les états mendiants, ne semble pas freiner les grands élans d'émotion kouchnérienne. C'est un "droit acquis" donc inattaquable. J'en fais à ma tête et tu paies ! A noter en passant que la Serbie débarrassée du Kosovo devrait mieux rebondir et assumer ce rôle de tigre balkanique que lui offre les économistes distingués.

Comment les royalistes approchent-ils cet affrontement nation-état ? En désordre ! Les plus en vue n'hésitent pas à donner la main aux Jacobins créateurs de la nation territorialisée par la Constituante, et précipitent à dessein dans le concept de nation, l'Etat, la souveraineté, les frontières, la patrie voire la "race", bricolage politique du plus mauvais aloi. Or il est tant de différences dans le monde brassé d'aujourd'hui entre tous ces ingrédients que l'on peut s'étonner d'y voir participer les royalistes, eux qui sont supposés avoir plus de recul dans leur réflexion et de bases. C'est pour ça qu'on les aime !

blason corseHormis la Terre Promise (?) - un vieux truc qui marche encore - il n'est aucune loi supérieure qui légitime un Etat au-delà de la protection et du meilleur bien-être relatif procurés à ses administrés - une définition du Bien commun. Un Etat ne peut se maintenir moralement de son propre chef, par le fait accompli, il doit servir. Or nos états modernes se jugent inexpugnables des territoires qu'ils administrent - j'allais dire sans titre - étant admis universellement qu'ils sont la meilleure réponse aux défis de toutes sortes qu'affronte l'espèce humaine. C'est loin d'être vrai et en l'espèce, l'Etat serbe qui gérait la Yougoslavie, ne fut pas un modèle. Mais s'attaquer à l'un d'eux c'était s'attaquer à tous jusqu'à dimanche dernier, dans l'esprit du moins de la Charte de San Francisco qui régit les Nations Unies ou plutôt les Etats qui tiennent ces nations. On peut légitimement douter du bien-fondé de ce postulat, sauf à accepter que l'expérience séculaire des chancelleries impose de brider les citoyens dans une sorte de paix congelée sur toute la planète. Ainsi l'observation de certains "dégels" comme celui du Kosovo qui doit normalement aboutir à la Grande Albanie, état-croupion de l'Union européenne, est d'autant plus intéressante qu'ils font bouger les lignes, et qu'insensiblement ce sont les nations qui reprennent sournoisement l'avantage sur Rome. La Yougoslavie n'a pas fini de réorganiser ses nations et l'Europe de se "länderiser".
Les Etats ont perdu la manche. Certains veulent l'ignorer ou pensent que la bataille n'est pas finie.

J'ai entendu dire que les Sardes voudraient quitter la Botte. Que me prendront à moi les Corses ? Rien ? Alors qu'ils partent avec ma bénédiction s'ils ne se retournent pas ! On me dit dans l'oreillette qu'ils veulent quand même l'huile d'olive, l'oliveraie et la presse à pierre, plus les bouteilles gratuites avec les étiquettes collées devant derrière !?^^ Sont devenus sionistes !

mapemonde ancienne

Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

lundi 18 février 2008

L'astrakan kosovar (2)

Kosovo Day
Le Kosovo a déclaré son indépendance de la Serbie. Lafayette et Rochambeau sont américains, comme Vergennes, pianiste virtuose à la cravache de cuir noir. Le reste du monde observe !
Il n'y a que les Eurocrates qui s'excitent, encore que les ministres du Conseil européen affichent une assurance de façade, craignant quelque part le retour de flamme "orthodoxe" de la sainte Russie gazière ou des complications de revanches locales.
Dans un billet plus ancien, nous avions montré que le Kosovo indépendant n'était pas viable. Sans doute la sécession est-elle vue par tous comme la cicatrisation de la guerre de Yougoslavie, en attendant que toute la diversité balkanique ne vienne se noyer un jour prochain dans le magma européen. Si l'Union sert à éteindre les guerres européennes, c'est déjà ça. Mais qui peut parier sur les Balkans sauf les gnomes ?


J'ai assisté à la déclaration d'indépendance au parlement kosovar hier à 15 heures grâce à la chaîne I-Télé. Heureuse initiative privée !
La session était empreinte de dignité et gravité. On sentait que chacun mesurait l'audace nécessaire à l'accomplissement de cette rupture attendue depuis des lustres par les Albanais. Que le pays ne soit pas viable sans l'indulgence attentive de ses voisins et les subventions mensuelles des bailleurs de fonds publics internationaux, a dû limiter l'enthousiasme des députés à des applaudissements polis. La donne stratégique changera-t-elle que le château de cartes s'écroulera. Ce nouveau pays est "inéconomique".

Secrétaire d'Etat Condoleezza RicePour le moment, Vladimir Poutine n'a pas pris son avantage. Doute-t-il de la motivation profonde du peuple serbe qui, aux dires des élections présidentielles passées, semble refuser l'affrontement avec l'Occident qui lui promet la soupe chaude ? L'occasion était pourtant belle de pousser en Serbie une brigade russe "invitée" par le parlement serbe et de la faire camper sur la frontière intérieure marquant le territoire du Kosovo. Réponse du moujik à la bergère américaine Condoleezza Rice qui avance sans aucune retenue ses pions sur tout le glacis caucasien et le plateau de Bohème, jusqu'à installer ses rampes de missiles en Tchéquie ! Folie bushienne que de vexer à ce point la Russie qui se relève.

Finalement, l'indépendance proclamée sans grande difficulté présage-t-elle des reconnaissances étrangères acquises facilement ? Pas sûr. Le cas de la Suisse en pointe sur le dossier du Kosovo en 2006 est expliqué par les journalistes du Temps de Genève :
« La cote de la Suisse est actuellement au plus haut au Kosovo. En reconnaissant très vite l'indépendance, la Suisse n'aurait donc pas grand-chose à gagner à Pristina. Elle aurait par contre beaucoup à perdre à Belgrade, et c'est ce qui incite le Conseil fédéral à une certaine retenue. La Serbie est un pays ami et elle présente un intérêt tout particulier dans la mesure où elle fait partie de l'Helvètistan, le groupe de vote mené par la Suisse auprès des institutions de Bretton Woods, en compagnie de la Pologne, du Monténégro et de cinq anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale. La Suisse a intérêt à ménager chacun des Etats qui lui permet de siéger aux conseils du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Le départ d'un seul membre du groupe pourrait en effet mettre en péril ses deux fauteuils. Elle a encore une autre raison de ménager la Serbie. Dès lors que les Balkans constituent un objectif prioritaire de sa politique extérieure, elle ne saurait fâcher inutilement le principal Etat de la région. »
La France en revanche n'a pas la grosse cote à Pristina depuis que la KFOR française protège le territoire serbo-kosovar contre les Albanais. Les Serbes n'en attendent plus rien, surtout depuis le réalignement de la politique française sur celle du Département d'Etat, mais ils conservent une certaine "affection" pour notre pays indépendamment de ses gouvernants. Inutile de les braquer par une précipitation gratuite.
Mais justement, le goût de l'éclat que montrent M. Sarkozy et le Dr Kouchner ne refroidira pas leur fièvre de l'estrade et les effusions publiques qu'ils s'y autorisent !

carte KFOR du Kosovo
Toujours est-il que la question du Kosovo est réglée. Quelques soubresauts d'orgueil sont attendus, sans plus, dès lors que la Russie ne tempête qu'à L'ONU, son avantage n'étant pas sûr !

La Serbie a perdu formellement sa province du Kosovo qu'elle ne peuplait pas suffisamment, et qu'elle a attaqué ! Vae victis, il vaut mieux gagner les guerres qu'on déclenche.

En attendant ... soyons solidaires des Serbes du Kosovo avec l'association



Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

jeudi 14 février 2008

La TICAD

affiche Ticad 2008Connaissez-vous la TICAD ?
C'est une structure de débats d'orientation que le Japon avait lancé au début des années 90 pour revigorer le développement de l'Afrique après que les soubresauts de l'agonie de l'empire soviétique aient déclassé cette exigence au rang des projets fatigants, tant il semblait alors vain de vouloir extraire le continent noir de sa gangue despotique. Son nom est l'acronyme de "Tokyo International Conference on African Development".

L'affaire fut montée par le gouvernement nippon, le bureau Afrique de l'ONU et le PNUD, programme des Nations Unies pour le développement. La Banque Mondiale a rejoint en 2004. Trois sessions ont été tenues jusqu'ici.

La TICAD I de 1993 fut une déclaration de collaboration entre les pays africains et leurs partenaires en développement : faire tout le possible pour la stabilité et la prospérité de l'Afrique, manière de renouer une certaine chaleur dans le dialogue en dehors des tête-à-têtes pesants traditionnels.

La TICAD II de 1998 établit un programme d'actions, dit TAA (Tokyo Agenda for Action), visant à réduire la pauvreté et à intégrer le continent dans la mondialisation. Apparemment, peut mieux faire, mais est-ce de la faute de la TICAD si l'Occident inonde les marchés de produits agricoles archi-subventionnés.

La TICAD III de 2003 accueillit l'Union Africaine et fit le bilan de dix ans de travaux et s'ajusta pour l'avenir. La déclaration solennelle faite à cette occasion, titrée "TICAD Xth Anniversary Declaration", est très instructive et nous vous engageons à la consulter en cliquant ici.

A l'occasion du prochain sommet du G8 au Japon en juillet de cette année, se tiendra à Yokohama la TICAD IV. L'agenda portera sur 3 points :
1.- Booster la croissance économique qui est déjà remarquable, mais insuffisante vu l'ampleur des défis ;
2.- Mettre le continent en sécurité en achevant les "objectifs du millénaire pour le développement", OMD ;
3.- Répondre au défi climatique et environnemental qui menace la cohésion ethnique en dispersant les groupes humains vers des terres étrangères pas toujours accueillantes.

Ces axes de travail ne sont pas que de pieuses recommandations - le Japon n'est d'ailleurs pas très croyant dans ce domaine - mais créent des convergences entre les différents programmes internationaux afin d'améliorer les résultats. De plus, le Japon n'étant pas un acteur historique sur le continent noir, ses pressions bénéficient de l'attention de tous car elles sont supposées neutres. En outre l'implication d'institutions à forte inertie a l'avantage de niveler le découragement inévitable des acteurs, en phase de développement long et dispersé sur tout un continent.

Pour nous, Européens, l'émergence du continent africain est une ardente obligation non seulement dans l'ajustement des intérêts économiques réciproques aux moeurs du temps - il faut absolument que ces échanges profitent au deux parties comme on l'a vu de l'Asie - ; mais aussi parce qu'il n'est pas souhaitable que le genre humain affadisse sa diversité dans une sur-civilisation universelle de la consommation banale, une way of life prête à porter et quelque part boulimique de médiocrité. L'espèce mérite mieux que la philosophie de l'école d'Atlanta, siège de CocaCola. L'Afrique, mais l'Europe de même, doivent se retrouver en leurs fondamentaux civilisationnels.

Loin des clichés misérabilistes, des tueries claniques, l'Afrique doit avancer sur le chemin de la fierté par la puissance économique, afin que tous ses peuples soient heureux de vivre et travailler au pays, comme nous le disions de nos ruraux en France menacés par la désertification des campagnes. Les valeurs différentes de chaque groupe humain doivent être exaltées non pour les opposer mais pour l'enrichissement réciproque et ...... le plaisir des voyages.

Entretemps est arrivé un second "alien" sur le continent, et il sera intéressant de voir comment se passera l'affrontement inévitable entre les OMD guidés par la TICAD et l'offensive corruptrice des Chinois avides de matières premières, qui ruinent tous les efforts de "gouvernance" en consolidant les prédateurs locaux. Mais c'est une autre affaire, qui sera peut-être un jour réglée par les Africains eux-mêmes, quand ils en auront soupé d'être pris pour les éternels pigeons.
Justement !

osier escargotC'est un peu dans ce contexte de développement actif que se place l'initiative médiatique d'AfricaWorks. Sa fenêtre en France est un mensuel de 68 pages couleur sur papier glacé, dont le numéro de présérie 001 vient de sortir, aidé probablement par Alessandro Benetton, le patron des pulls éponymes.
Extrait de l'éditorial de Sambe LO :
L'Afrique avance. Au moment où Chinois, Indiens et Occidentaux se battent pour des parts de marché en Afrique, le continent noir est plus attractif que jamais. Pour son pétrole, son uranium, son bois, ses diamants et d'autres matières premières très convoitées. Un nouveau rush capitaliste cible l'Afrique et cette fois, les Africains sont outillés pour en tirer le meilleur parti. En effet, les progrès démocratiques généralisés, l'arrivée aux postes de responsabilités d'une nouvelle génération dans la plupart des pays, bien formée et patriote, sont autant de facteurs déterminants qui poussent à croire à une véritable Renaissance Africaine ...
C'est tout le mal qu'on leur souhaite.

Le magazine vise à « accompagner l'Afrique positive qui bouge, qui crée, progresse ». La première de couverture présente, outre le sponsor Benetton, Oprah Winfrey, Barack Obama, Djimoun Hounson d'Hollywood et les Noah, père et fils. Le rédactionnel est à la hauteur et va au fond des choses. Je rapproche le titre de la revue d'un slogan que le siège belge de l'OTAN avait lancé dans les années 70 à destination du Congrès américain qui mesurait ses crédits : « NATO works, something else might not » .
Longue vie à AfricaWorks qui va lancer un site www.africaworks.net.


Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

lundi 11 février 2008

Nylonkong galaxy

Paris la Défense

Les maîtres du monde ne sont pas de la Tricontinentale, des Yankees télévangélistes, des Baptistes ou des Illuminatis. D'ailleurs le dernier illuminati que j'ai éventré dans l'étable n'avait pas le sang vert-de-gris du lézard invasif d'Hollywood, et j'ai dû m'excuser moi-même puisqu'il ne pouvait plus le faire.
Non, nos maîtres sont de petits maîtres comme on dit en peinture. Ce sont les Kerviel Brothers, dès lors qu'ils sont agglomérés en ruches de plusieurs centaines d'écrans parfois. Des centaines de milliers au total, une mer humaine de neurones au calcul assisté par ordinateur. Leur activité fut lancée par le télégraphe il y a longtemps pour la fabrication virtuelle et complexe (ou moins) de réels profits faits sur du vent. Aujourd’hui nous avons la fibre optique qui irrigue les tables de roulette de ce casino galactique disposant d'une multitude de points d'accès. Mais l'exploitation de ce Marché au Fric a muté de la simple circulation de capitaux et du jeu spéculatif en une mission "tout ou rien" que rien ni personne ne stoppera à peine d'en mourir : le graissage de la boîte à vitesse de la Globalisation. Deux mots quand même là-dessus ...

I.- La globalisation de la production de biens et services et leur distribution planétaire consomment beaucoup plus de capital que lorsque les activités humaines étaient cloisonnées. Les acteurs financiers pompent ce capital dans les sociétés civiles par des machines adaptées au grand débit appelées bourses, et le font rémunérer sur la valeur qu'ajoute l'industrie des biens et services, gardant pour eux-mêmes la part du flux la plus grosse possible. Dit en passant, à l'étude des chiffres, on s'aperçoit que les flux générés par les Etats sont très minoritaires dans le total, et le chiffre réel de la spéculation mondiale à un instant T est ignoré à moins de hâter le triple pontage des imprudents. Pour mémoire, Kerviel a "joué" sur son écran en quelques coups de doigt le déficit budgétaire annuel de la République française !

corbeille de Genève

II.- La globalisation
a également démultiplié les facteurs de risques, et ces risques parfaitement identifiés sont distribués à l'échelle planétaire dans des systèmes qui s'apparentent à celui du fourgue. On travaille sur les junk bonds qui absorbent les emprunts pourris, les subprimes pour défaut sur appel, etc. et tant que les bolides roulent à la même vitesse sur l'autoroute de la finance internationale, il n'y a pas d'accident.

La crise des subprimes dont on parle en ville, a été déclenchée par l'agence de notation Fitch Ratings qui a déclassé le rehausseur Ambac (cliquer ici), sorte de réassureur des émetteurs de bons, quand ils les ont pressentis handicapés par la crise immobilière. Fitch a freiné : carambolage sur l'artère américaine et thrombose prévue sur le système autoroutier global.

D'où l'importance de la fluidification la plus ramifiée possible des finances internationales, et celle-ci n'est obtenue que par ce poumon d'acier gigantesque, l'armée immense des fourmis qui brassent ces flux en continu comme autant de mini-pompes synchronisées 24h sur 24. Cette armée a-t-elle un général ? On en doute tant la machine paraît tourner seule, sans intervention d'aucun ordre du jour. Les fameux gnomes de Zurich, chauves myopes en double-foyers, lustrines noires et gilets verts, n'existent plus.

Certains esprits rétifs au Progrès, dénoncent quand même la lente dérive des nations développées vers un gouvernement mondial,...
... hégémonique : démocratie forcée au fond de la gorge des nations qui s'en passeraient ;
... puissant : car disposant d'une force illimitée jusqu'au tonnerre atomique final ;
... inquisiteur : l'homme-citoyen est biométré sinon classé comme hominidé douteux, parfois combattant (?).

Cela risque fort de ne point se passer ainsi. Les zones de turbulences (nul n'est parfait parfait) seront débranchées du poumon d'acier et livrées aux verges de la police onusienne dirigée par Kouchner & consorts qui fera rapport chaque année au Forum de Davos. Le reste, la partie "saine" de la planète Fric, passera sous la coupe du vrai gouvernement mondial. Mais celui-ci ne gouverne pas, il est informel, polymorphe et visqueux, et tout simplement, "vital". C'est la galaxie Nylonkong ! Des gnomes mathématiques sur lesquels le soleil ne se couche jamais, comme il en allait autrefois de l'Empire victorien.

Hong Kong


Hong Kong

Galaxie Nylonkong ? 3 planètes en équilibre sur la même orbite : Wall Street à New York City, NY, la City de LONdres et HongKONG, la dernière venue et la plus petite des trois, mais qui peut les rattraper si les caciques de Pékin la fusionnent avec Shenzhen.
Ces trois villes parlent le même langage, les mêmes jargons, lisent les mêmes journaux, partagent les mêmes codes culturels et mercantiles, leurs yuppies conduisent les mêmes voitures, regardent l'heure sur les mêmes montres, se meublent et s'habillent dans les mêmes marques. La galaxie NLK est unifiée ; les gnomes mathématiques transitent facilement d'une place à l'autre au besoin, sont disponibles et adaptés à la manoeuvre à la seconde même où ils s'assoient ou se dressent à la corbeille pour hurler leurs ordres. Ce sont eux les lézards que personne ne sait commander, et qui ne se commandent pas eux-mêmes. Attelés aux réseaux d'échanges instantanés de données, on peut parler de bio-informatique tant il est difficile de partager la responsabilité de l'action entre l'opérateur et le réseau de machines qui lui répond.

Car tout le problème est bien là. La galaxie Nylonkong pulse comme un corps de chair et n'a besoin d'aucun état-major pour fonctionner. Le seul ferment de désordre c'est paradoxalement l'émotivité, l'irrationnel. On sait aujourd'hui que les calculs de logique froide sont souvent annihilés par la rumeur infondée, le réflexe de Panurge, ou le "coup génial". Mais l'effondrement des cours de valeurs ou matières ici ou là ne tue jamais la bête, même si les traders mouraient par centaines en sautant des tours. Le système nerveux de la bête est trop dispersé, atomisée, sa peau cicatrisable instantanément ; pas d'oeil à crever ni de bec de pieuvre à briser, et tant d'antennes grouillantes qu'elle en est invincible.
Son seul ennemi ou maître, c'est ... l'EDF, ou ce qui en tient lieu en ces lieux !

Tournent autour de la galaxie Nylonkong des planètes captives que l'on identifie à la taille de leur bourse (au pluriel ça ne le fait pas) : Tokyo, Francfort, Sao Paulo, Shanghai, Paris, Sydney et quelques autres relais moins prestigieux mais actifs qui ne rêvent que de rejoindre le mainstream.
Quelques données globales en français mais un peu anciennes en cliquant ici.


On comprendra sans aller plus loin que les pays arrêtés sur place à contempler le vernis griffé de leurs chaussures éculées ne sont plus dans le coup. L'illustration du panneau de skylines parle d'elle-même ; encore avons-nous fait l'impasse sur Kuala Lumpur, Taipei, Montréal, Dubaï, Vancouver, Rio de Janeiro ou Seattle, il y en a des dizaines d'autres témoignant d'un dynamisme ardent qui nous apparaît à nous ... exotique hélas ! Et pourtant nous savons tout faire ; c'est ce à quoi l'on nous reconnaît à l'étranger, polyvalence, inventivité, réactivité, système D, talent, charme.

La skyline de Paris qui ouvre ce billet n'est pas ridicule, et je lui trouve une élégance toute française, ce quelque chose indéfinissable qui cherche la mesure en tout pour achever l'équilibre des formes. Avec ou sans le concours de nos Sociétés Générales, saurons-nous la continuer pour la hisser au niveau exigé par les combats du monde qui nous entoure et ne nous attend pas ? C'est une vraie et grave question pour les générations montantes.


Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

vendredi 8 février 2008

Réflexions post-mortem...

grille du coq de l'ElyséeA l’heure de la mise sous presse, le Sénat a voté le projet de loi autorisant la ratification par la France du Traité de Lisbonne*. Tandis que certains souverainistes tentent dans un ultime soubresaut médiatique de faire parler d’eux en déposant symboliquement ça et là des gerbes, qui pour le fameux NON, qui pour que la France repose en paix…
La France est encore bien vivante puisqu’elle est encore capable de signer son acte de décès elle-même ! tout bien réfléchi ce serait plutôt le « souverainisme » qui en a pris un coup…
Portés aux nues par un NON qu’ils croyaient leur, les souverainistes ont appris à leurs dépens que l’on ne fait pas de la politique sur des résultats, aussi inespérés soient-ils, qui datent de deux ans. En effet des fameux 55% du Non au referendum sur la constitution européenne, il ne semble rester que peau de chagrin… Mais pourquoi ?

Où sont-ils ces patriotes qui avaient enfin décidés de prendre leur pays à bras le corps ? Et bien ils sont là, ils n’ont pas bougé et pour s’occuper de leur pays ils ont « veauté » en mai dernier à 53.06 % pour M Sarkozy, thuriféraire du Oui s’il en est. Pour savoir où sont passés les 55% de nonistes, je serais tenté de les soustraire aux 53.06 % du score présidentiel. Ainsi nous obtiendrions un optimiste 1.94 %, chiffre qui semble plutôt bien correspondre au panel d’opposants échaudés que nous avons pu voir aux grilles de Versailles… Tout un symbole…
Selon les chiffres qui nous ont été transmis dans la journée (7 février ndlr), le projet de loi a été approuvé par 336 voix contre 52 voix (410 votants pour 557 élus ce qui signifie que 147 étaient absents).
Ce qui frappe de prime abord c’est l’écrasante majorité de députés à avoir voté « pour », et en second lieu, quoiqu’ils passeraient presque pour inaperçus, les 147 absents dont on ne saura au final jamais s’ils ont eu raison ou tort… Et enfin et même surtout, les misérables 52 voix « contre » ce projet… La question qui se pose est comment, comment d’un score exprimant tant d’espoir il y encore deux ans pour les « eurosceptiques », comment ont-ils pu en arriver à une telle déroute !?
La réponse malheureusement apparaît comme étant limpide. C’est un métier que de s’accaparer les suffrages des électeurs, et de métiers nos souverainistes en culotte courte en ont bien moins que d’espoirs et maintenant de désillusion… La démocratie française est un régime de partis et non d’opinion, ainsi il aurait fallu faire le spectre du « non » en 2005. En effet, si aujourd’hui nous faisons le détail de ceux qui ont votés contre le projet de loi, nous avons 3 contre à l’UMP, 25 au PS et le restant, une vingtaine, pour le groupe communiste et les non-inscrits. N’y aurait-il pas fallu voir dans les résultats de 2005 le même ensemble hétéroclite (toutes proportions gardées) ? Indubitablement.
Quand les partis mêmes, sont divisés sur la question, comment alors oser croire que les suffrages exprimés seraient un bloc ? C’est une grave faute de stratégie que de se fier à la productivité de l’effet de masse, car l’effet passé, chacun retourne chez soi. Vraisemblablement c’est ce qui a dû se passer. C’était un leurre de croire à l’union, véritable piège démocratique.

serment du Jeu de Paume
Alors l’on harangue la souveraineté bafouée du peuple, le kidnapping de la démocratie ! Mais quelle souveraineté peut s’exprimer dans la masse ? Combien d’opinions, d’avis, de nuances renferme-t-elle seulement ? Quot capita, tot sensus** disaient les anciens romains. La loi du nombre ne respecte pas les individualités, ne considère pas la personne comme un « sujet ». Il n’y a donc pas de souveraineté possible sans souverain.
Dès lors, avec tant d’entités différentes, trouver un projet commun était chimérique, les compromissions auraient fini par dénaturer toute identité, toute singularité. Par conséquent, le Non ne pouvait aboutir à rien d’autre qu’à un statu quo. Et celui-ci n’aura pas survécu au changement de gouvernement, au changement à la tête de l’état.
Car c’est bien une « tête » qu’il faut, une tête suffisamment bien faite pour garder la conséquence de son projet, pour maintenir le cap, pour unir et rassembler en une destination commune, qui sera celle d’une nation, car s’il est une chose qui se vérifie en politique, c’est qu’on ne peut y arriver par quatre chemins… Mais seulement par la voix royale.

Pour répondre et illustrer ces questions, d’un point de vue somme toute singulier, le blogue des piétons du Roi vous propose ce texte de huit ans d'âge, quoique son actualité ne soit plus à démontrer et dans lequel l’auteur dépeint les stratégies nationalistes sous le prisme d’un royalisme sans concession !


COMPROMIS NATIONALISTE ?

« L’union fait la force. L’adage est bien connu. Aussi, nombreux sont ceux qui appellent de leurs vœux un compromis nationaliste, rassemblant les souverainistes républicains et les royalistes. Le cumul des hommes permettrait une dynamique et une efficacité supérieures.
Ce calcul quantitatif a malheureusement des effets pervers et enferme ses tenants dans le piège décrit par Yves-Marie Adeline. La volonté d’union à tout prix est un réflexe démocratique. Le pouvoir appartient aux plus nombreux. La priorité absolue des républicains est d’avoir beaucoup d’argent, de militants, d’hommes. Il faut rassembler, rassembler et encore rassembler. La doctrine doit être ambiguë, reposer sur des principes flous afin d’éviter les discordes et les schismes. L’élection appelle le rassemblement. Lorsque le rassemblement le plus large permet d’accéder, tant bien que mal, au pouvoir, les dirigeants restent prisonniers de cette assemblée hétéroclite. Il faut continuer encore et toujours à négocier, et cette négociation démocratique se fait mécaniquement vers la gauche.
La Droite s’inscrit dans cette logique quantitative de rassemblement, qui l’enferre dans le piège de la Gauche. Les souverainistes appartiennent à cette vielle tradition de l’échec systématique. Mais non, nous crieront-ils, indignés : nous irons jusqu’au bout. Et pourtant ils ont déjà abandonné l’essentiel au nom du rassemblement et de la quantité : ils veulent la souveraineté mais sans souverain. Ils se disent souverainistes mais laissent la tête du roi dans les mains assassines de la Gauche triomphante.
Les « souverainistes » sans souverain nous tendent la main. Certains se laissent et se laisseront tentés. Ils se retrouveront alors prisonniers avec la droite piégée, dans un train en partance vers la Gauche et la République. Le royaliste séduit ne tardera pas à être enfermé dans des négociations perpétuelles, condamné à ne partager avec ses compagnons de voyage qu’un ras-le-bol de café de commerce, loin de toute doctrine cohérente. Le compromis nationaliste ne serait que la première compromission d’une longue série. Ce piège, il ne pourra s’en libérer que par la formule magique : « je me suis trompé. »
Il ne peut y avoir de souveraineté sans souverain. Ceux qui abandonnent déjà le souverain de chair et de sang et le principe de légitimité pour une « souveraineté » républicaine toute en théorie feront encore bien d’autres abandons plus tard. Les « souverainistes » sans souverains ont déjà capitulé l’essentiel. Les capitulards sont des prostitués du royalisme, ils n’ont encore rien fait qu’ils veulent déjà s’arrêter pour négocier.
La politique ne se résume pas à cette logique quantitative du rassemblement à tout prix. Une alternative est possible : la logique qualitative. Lorsque la doctrine politique est cohérente, un noyau dur de quelques hommes déterminés se constitue. Au lieu de négocier à perte de vue pour rassembler des masse inutiles, ils attirent naturellement à eux d’autres hommes de volonté. Alors seulement le monde des possibles s’ouvrent. Il faut pour cela ne jamais négocier la colonne vertébrale de la doctrine dans des auberges espagnoles populeuses. Il nous faut bien rassembler, nous rétorquera-t-on. Si ce rassemblement se fait en dépit de la doctrine, préparons-nous aux schismes à répétition et aux capitulations successives de la Droite piégée à laquelle nous appartiendrons alors. Si ce rassemblement se fait au service d’une doctrine cohérente et non négociable , avec des hommes qui n’ont pas besoin d’être séduits pour agir, alors tout nous sera possible.»


Eric DEBAVELAERE

[Article paru dans "Le légitimiste" et archivé sur le site de Vexilla Regis]


Notes :
(*) votants 320, exprimés 307 : pour 265 et contre 42
(**) qui signifie mot à mot « autant de têtes, autant d’avis »





Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

jeudi 7 février 2008

Premier de l'an du Rat

le flutiste de HamelinUn exécutif "va de la gueule" peut-il amuser longtemps le peuple le plus arrogant de la terre après les Castillans, et survivre à cette intelligence collective que le monde lui reconnaît ?
C'est le fond de la question du jour, après que le ténor de la "rupture" se soit couché au sifflet des taxis !
Huit mois d'exercice du pouvoir par la nouvelle équipe dirigeante nous convainc que nous avons appelé le petit joueur de flûte à l'Elysée. Entrant aujourd'hui dans l'année du Rat sera-t-il mieux à son aise ? La popularité de cet homme énergique et plein d'allant auprès des gogos dont je suis, s'effondre, à mesure que transparaît la trame du tissu à l'usure. Des réformes ? Aucune n'est menée à terme et l'excuse des caisses vides pourrait bien stopper là les projets en dossiers.
Après le bouclier fiscal, rien n'a abouti, pas même la réforme de la carte judiciaire qui fut découpée chaque fois pour sauvegarder les intérêts clientélistes des élus de la majorité. Certes ont été passées des lois, sur l'immigration, la récidive, les libertés universitaires, la contrefaçon, la corruption, ... (liste ici) mais sur des sujets somme toute mineurs, et déjà couverts par des dispositifs réglementaires antérieurs mal appliqués.

Or c'est de vraies réformes, graves réformes dont ce pays a besoin ; son Etat doit être divisé par deux au moins, s'il veut conserver quelque chance de gérer son destin dans les années qui arrivent. Non, ce n'est pas une imprécation ! A preuve la "remontrance" publique du général Cuche, commandant l'Armée de Terre. Publiée par Les Manants du Roi, on y apprend tout simplement que nos Forces terrestres ne sont plus au niveau requis par les réponses aux défis attendus – le furent-elles jamais ? -, et que ses personnels sont démotivés par la misère ambiante des TED*.

Une autre lettre, émanant cette fois du gouverneur militaire de Metz à qui l'on demandait d'organiser un match international, envoie se faire foutre le ministre Morin, sous couvert du général chef d'Etat Major de l'Armée de Terre, avec cette franchise inimitable des vieux soldats quand ils s'adressent à un politicien de pacotille, et relaps de surcroît. Je ne peux résister à vous livrer un extrait avant que vous ne cliquiez ici :

« Vu l'aspect particulièrement grotesque de cette commémoration autour de la création d'un conseil international que personne ne connaît, sur l'injonction, qui plus est, d'un officier général italien encore moins connu ... je me refuse à verser dans cette pantalonnade. » (merci aux Manants qui ne dorment jamais).

L'insistance avec laquelle le Premier ministre appelle à un pôle défense européen - vieille idée qu'il compte pousser lors de la présidence semestrielle française de l'Union - trahit-elle une simple recherche de moyens budgétaires extérieurs ? Adossée à l'exigence de commission internationale à chaque fois que nous voulons bouger une oreille sur les théâtres de nos intérêts déclarés, cette velléité trahit surtout une incapacité matérielle à répondre seuls à la moindre menace, sauf à engloutir la quasi-totalité des moyens que nous pouvons soutenir loin de métropole. Et nous voulons construire une base aéronavale aux Emirats ! Nous pourrons l'appeler Fort Tarascon en souvenir d'un intrépide chasseur de lions.
Compte tenu des réticences de nos voisins à passer en l’espèce sous la coupe d’un pays peu sûr dans les affaires communes - Otan, Irak, constitution UE - il m’est avis que le motif de fond de M. Fillon ce sont les fonds !

Vu les coupes budgétaires dans les moyens octroyés aux Armées pour continuer à acheter le confort coupable des catégories de l'électorat qui portent le régime, j'en suis venu à douter de la remise en escadre du porte-avions Charles De Gaulle à la fin du grand carénage. Mais c'est tout le pays qui devrait passer à la cale sèche.

le CDG au carénage
La France qui chaque mois perd de sa substance en achetant dehors plus qu'elle n'y vend, qui a une balance services & invisibles modeste, qui paie des intérêts monstrueux sur une dette souveraine accumulée depuis 25 ans, a les bras coupés et va pieds nus dans des galoches deux fois trop grandes. Ce ne sont ni les talents ni le courage qui manquent, mais un signal fort à la mesure du danger encouru par cette nation. Le seul signal audible serait la réduction drastique et programmée de l'Etat pachydermique, enchâssée dans un plan de renouveau national clair et compréhensible par tous. Et que l'on cesse dans les médias de mettre en avant les infirmières, car il ne s'agit pas du tout de cela !

A ceux qui de bonne foi s'attristent de l'européanisation de notre destin national, je leur dirais que le drapeau importe moins que la survie de cette nation en tant qu'entité économique pertinente. Or à l'exception de quelques grands conglomérats de taille mondiale - il n'y en a pas cinq ! - tout le domaine industriel français est en train d'achever son cycle de ferraillage amorcé sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Il n'est que de lire régulièrement la presse économique pour mesurer le drainage. C'est comme la triste litanie des "morts pour la France !". Quelques grands groupes adossés à deux trois banques ne suffisent pas pour nous assurer un futur. Il nous faut retisser une industrie à jour, industrie au sens d'activité humaine, comme le fait en continu notre éternel contempteur et cousin germain qui avec un euro himalayen persiste à donner des leçons ; et pour cela ne pas se couper des marchés porteurs, en nous retirant de la compétition aussi rude soit-elle, derrière les frontières de notre "souveraineté" formelle.
Par tous moyens nous avons à nous battre, sans attendre même que l'Etat ait été coupé en deux, indispensable chirurgie.

Aujourd'hui commence l'Année du Rat, premier signe zodiacal chinois qui, s'il n'est pas toujours bienveillant avec l'espèce humaine dit-on, indique le commencement d'un cycle. Que cela soit celui de notre réaction offensive.

En attendant partageons le fromage blanc avec nos plus vieux ennemis.
bébé cerné de rats

Note TED : tableau d'effectifs et dotations


Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

mardi 5 février 2008

Six-Février par Brasillach

Robert Brasillach
R.B.: « Il y avait plusieurs jours que l'on attendait la fin de cette fièvre parisienne, l'explosion. Des mesures ministérielles hâtives avaient remué l'opinion. Les uns criaient à la dictature, les autres à l'imbécillité. Quand on sut que l'administrateur de la Comédie française, coupable d'avoir monté une pièce fasciste, le Coriolan d'un dénommé Shakespeare, était remplacé par un policier, Laurent déclara que c'était très grave ....
Le 6 février, qui était un mardi, une manifestation d'anciens combattants devait avoir lieu au Cours-la-Reine. La Chambre s'était réunie, elle discutait non avec inquiétude, mais avec gravité. On savait qu'elle allait voter la confiance au nouveau ministère. Mais c'était ailleurs que les dieux préparaient leur journée. Gilbert était passé place de la Concorde à la fin de l'après-midi. Il y avait de sombres masses noires de gardes mobiles un peu partout. Des gens désœuvrés. Des passants rapides. Aussi, ça et là de drôles de figures qu'on ne voit point d'habitude, même dans les quartiers les plus malfamés : pâles escarpes, inquiétantes démarches souples, grosses pattes de tueurs ! Gilbert songea qu'une certaine écume commençait sans doute à monter, et la griserie l'envahit...

... [il] se mit à marcher dans Paris, essaya d'approcher du Palais Bourbon encerclé par la police. Il faisait frais, sans faire froid. Il n'avait pas de chapeau, suivant son habitude, seulement un imperméable bleu foncé serré à la taille, et il ressemblait à n'importe quel jeune homme d'alors, humant le vent des futures révolutions. Il ne savait plus si le soir tombait, s'il était jour ou nuit, quelle heure marquaient les horloges des carrefours. A un moment il vit les anciens combattants. Il aperçut de longues files d'hommes en pardessus mouchetés de vert ou de rouge à la boutonnière, d'hommes un peu fanés, un peu gros, tous mêlés, tous pareils comme ils l'avaient été vingt ans auparavant. Et il les regardait avec curiosité, avec un peu de pitié aussi : - Voilà ceux qui ont perdu la paix, pensait-il. Voilà ceux que l'on a trompés, ceux à qui l'on a menti. Ceux qui se sont laissé faire et à qui on ne peut pas en vouloir. Voilà ceux auxquels il ne faut pas ressembler. Voilà ceux qui se réveillent aujourd'hui. Est-ce à temps ?

Il regardait cette foule sérieuse, ces pancartes : "Nous voulons que la France vive dans l'honneur et la propreté". Non, il n'y avait rien dans cette foule, paisible au fond, droite, pure, qui ressemblât aux foules que craignait Victor Caillé. Mais y avait-il le dynamisme, la violence, la joie créatrice qui, pas mal d'années plus tôt il est vrai, avaient saisi les anciens combattants d'Italie et d'Allemagne ? Foule de héros, foule de braves gens sans forfanterie, foule de devoir, serait-elle une foule créatrice ? Gilbert ne voulait pas y songer. Pour la première fois de sa vie peut-être, lorsqu'il passa devant les drapeaux, comme il n'avait pas de coiffure et qu'il voulait saluer, il leva la main à la hauteur de son épaule.

Il marchait, il allongeait son pas, il revenait autour de la Concorde, qui l'attirait. La nuit maintenant était tombée. Les voitures qui couraient au long de la Seine allaient sans doute très banalement à des affaires, à des plaisirs. Mais on avait déjà l'impression qu'elles fuyaient, loin d'un péril encore inconnu, qu'elles emportaient leurs occupants vers les régions plus paisibles, plus pacifiques au sens exact du terme, comme celles qui fuient une ville à l'approche de l'ennemi. Des gens sans raison semblaient eux aussi se mettre à courir, rue Royale ou boulevard Saint-Germain. Des étudiants, des ouvriers, attroupés au pied d'un réverbère, dans un cercle pâle, parlaient à voix basse, puis se dispersaient comme si l'on eût soufflé dessus. Gilbert lui-même parla, deux ou trois fois, dans cette soirée, avec des hommes qui lui demandaient du feu, avec des femmes en cheveux, un cabas au bras.
La ville allait accoucher.

Vers sept heures il se trouvait rue Royale, toujours seul, toujours errant sans but précis. Il ne s'était rien passé. Il avait entendu crier plusieurs fois "A bas les voleurs ! A bas les pourris !" puis le silence grouillant, le silence plein de piétinements et de murmures, était revenu autour de lui. Les feuilles du soir parlaient de la nervosité de Paris et prodiguaient pourtant les paroles lénifiantes, assuraient que le gouvernement voulait la justice, que la lumière serait faite, mais que toute tentative de désordre serait fermement arrêtée. Les feuilles politiques du matin avaient été plus violentes, convoquaient les adhérents des Partis au Cours-la-Reine. L'Humanité elle-même ralliait ses troupes auprès des anciens combattants, voire des Volontaires nationaux. Il semblait qu'au-dessus des divisions un vaste rassemblement national et social commençait à s'opérer, et les âmes simples en concevaient de grandes espérances. Gilbert essayait de garder quelque esprit critique, se demandait ce qui pouvait naître de tant de désordre, d'une absence de plan et de but aussi complète. Mais l'instant d'après il ne réfléchissait plus, il se laissait aller aux séductions de la nuit pâle et fraîche, aux conseils qu'elle prodiguait, et il ne voulait pas sentir autre chose que ce que sentait la foule qui l'entourait ...
Il se trouvait à ce moment-là près de l'arrêt de l'autobus S devant le Crillon, et regardait vaguement sans la voir, sous la grille, l'affiche de la mobilisation d'août 1914 qui s'y trouvait encore. - Il y a vingt ans bientôt, se dit-il lorsqu'il la vit. Vingt ans, ces vingt ans que j'atteindrai dans quelque mois.

les camelots du 6
A ce moment, un bruit singulier déchira l'air. Oui, déchira, comme une déchirure. Puis quelques bruissements, quelques bruits d'abeilles, encore peu nourris. Quelques cris aussi, et soudain, de cette foule en apparence paisible, des promeneurs se détachèrent, se réunirent ensuite, coururent en désordre. Il dressa l'oreille, s'avança au bord du trottoir, regarda de tous ses yeux. Il ne vit rien sur la place de la Concorde sinon les groupes compacts de tout à l'heure d'où émergeaient quelques drapeaux, mais ils semblaient en proie à un reflux marin. Un jeune homme sans manteau courut devant lui, ses cheveux couchés sous le vent. Puis il s'arrêta comme s'il le connaissait, il revint, lui prit la main d'un geste violent, et avant de repartir, lui cria dans le visage :
- Ils ont tiré, ils ont tiré !.........»
(Robert Brasillach, Les Captifs, inachevé)





1934 : le pays va mal, la crise de 1929 pèse sur l’économie et 350000 chômeurs crèvent de faim. Éclate en janvier l’affaire Stavisky et un scandale financier de plus. La République n’en finit pas de jouer avec ses majorités éphémères et trois gouvernements se succèderont pour le seul mois de janvier. La corruption fait rage chez les parlementaires et il faut être l’élu stupide d’un département arriéré pour ne pas se ruer sur les prébendes, les souscriptions à gogos, les mines du Potala ou du Zambèze.
Des ligues patriotiques de droite se sont créées depuis le Cartel des gauches de 1924 pour nettoyer les écuries d’Augias, et dans leur esprit sauver la France mise à l’encan par le parlementarisme.

camelots du roi
En tête les Camelots du Roi d’Action Française
, puis une multitude d’organismes issus de la Grande Guerre qui avec un million et demi de morts et quatre millions de blessés, n'est qu’à seize ans de mémoire. On a vu naître et mourir en 1920 le Faisceau de Georges Valois, puis sont arrivés en 1924 les Jeunesses Patriotes de Pierre Taittinger, la Fédération Nationale Catholique d’Edouard de Castelnau, le Francisme de Marcel Bucard, le Redressement Français d’Ernest Mercier, patron des pétroles ; un peu à part, plus œcuménique et républicain, et surtout plus nombreux, le grand mouvement des Croix de Feu du Lt-colonel comte de La Rocque , à l’origine réservé aux croix de guerre 14-18 mais qui s’étoffa par filialisation.

La RocqueLe 6 février 1934, les Croix de Feu manifestent leur exaspération rive gauche, les Camelots du Roi convergent rive droite vers la Concorde. Un pont à passer avant le Palais Bourbon. Les ligues de la rive droite font mouvement. Les gardes mobiles paniquent et tirent. Vingt morts. Les Croix de Feu appelées en renfort, déclinent. Le drame est joué, le putsch spontané a avorté. La République a eu très chaud.

Daladier qui présentait son cabinet radical à l’approbation de la chambre des députés se retire, apeuré. Albert Lebrun appelle Gaston Doumergue à la présidence du conseil, qui nomme au gouvernement des conservateurs, Philippe Pétain, Pierre Laval, André Tardieu. Il ne tiendra pas d’ailleurs plus loin que novembre.

Les socialistes crient alors au charron et veulent manifester le 8, les communistes idem, mais aux ordres de Moscou, ils ne manifesteront que le 9. Interdictions du préfet de police. Jacques Doriot y va quand même le 9 et laisse cinq camarades sur le pavé, raides morts. Les manifestations simultanées auxquelles s’associeront les syndicats en grève générale, défileront finalement à la place de la Nation le 12, chacun dans un sens. Les cortèges fusionneront. Le Front populaire est en devenir. La droite se vautre.

En 1936, le gouvernement de gauche dissoudra les ligues patriotiques y compris les Croix de Feu. Tout le monde alors se reconvertit pour survivre au décret, quatre ans !

Que reste-t’il de ces évènements ?
Une peur hystérique qui saisit le pouvoir en place dès que menacent des manifestations de droite (très rares) et d’extrême droite. Une vraie piqûre de rappel à chaque fois. La marche catholique monstre de Versailles a sauvé l’école libre sans discuter plus avant, car le régime se sentit perdu. Ce fut la dernière grande manifestation nationale. Par contre les désordres sociaux qui régulièrement annulent des mois de travail et gardent le pays captif de doctrines obsolètes, sont acceptés comme l’expression sacrée d’un prolétariat mythique, bien qu’il ne s’agisse maintenant que de corporations surprotégées au frais de la nation tout entière. On se penche sur leurs revendications, on entend, on biaise, on fait semblant, on se couche parfois pour remettre au suivant l’exercice réel du pouvoir. Les braillards font partie du décor républicain qui est si banal que les manifestants y viennent avec leurs enfants juchés sur leurs épaules afin qu’il se vaccinent à la révolution pour rire !

A cause d’un slogan abusif « 6 février 34 an I de la Révolution Nationale », il reste de 1934 l’amalgame inlassablement pétri par les gens de gauche et ceux qui les miment par nécessité, amalgame qui précipite ensemble les ligues d’alors, dont les Camelots du roi, la plus redoutée, le régime autocratique de Vichy, et le Front national d’aujourd’hui ; alors que s’ils vivaient tous à la même époque, on s’apercevrait vite qu’ils ne s’aiment pas, jusqu’à sans doute se combattre.

Onze ans plus tard, le 6 février 1945 à 9h48 au Fort de Montrouge : Une salve, et l’ultime détonation. Brasillach était happé par l’histoire. Il payait comptant son « entêtement » et son courage quand bien d’autres mettaient à reluire leurs galons tout neufs de FFI. De Gaulle qui avait refusé la grâce de l’écrivain, déclara après son exécution : «La justice n'exigeait peut-être pas la mort de Brasillach, mais le salut de l'État l'exigeait». La formule creuse resservira plus tard, sans nul procès, dès son retour aux affaires après le putsch de 1958, et surtout aux heures grises du reniement dans la lutte contre l'OAS.

Blondin et ses symbolesAntoine Blondin : « On parle aujourd’hui peu de Brasillach. Parce qu’il fut antisémite et collaborateur, il est entré à jamais dans le cortège funeste des maudits de notre temps. Doit-on pour autant vouer cette figure de notre littérature aux gémonies de l’histoire, comme le souhaitaient tous les détracteurs zélés qui n’ont pas feuilleté trois pages d’un seul de ses livres. Nous ne le croyons pas, d’autant que la figure de Brasillach reste marquée par l’héroïsme dont il fit preuve pendant son procès et les derniers instants de son existence. Il mourut pour ses idées, comme dans la chanson de Brassens, et cela devrait mériter une certaine indulgence de la part de ses fraternels adversaires. Témoin d’un engagement total, il doit inciter ceux qui parlent en son nom à retourner à la source de son œuvre pour goutter la parcelle d’un bonheur qu’il affectionnait tant. J’aurai aimé me promener avec lui. » (A. Blondin).

Moi aussi.




©SMC-SH81.2004
Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

Les plus consultés

Compteur de clics (actif)