mercredi 30 mars 2011

Un gouvernement pour quoi faire

La Belgique a la frite. Son pib va croître de deux pour cent, et l'industrie bosse comme jamais (clic). Les autorités administratives défendent les intérêts du pays dans les instances internationales, Union européenne, OTAN, conférences maritimes au départ d'Anvers, Zeebruges et Gand, etc... et dans la coalition de bombardement du Diable de Tripoli, bien pire que celui de Tasmanie.
Pourquoi dès lors réclamer un gouvernement comme le font tant de jeunes belges et le sympathique inrasé Poelvoorde ? Sans doute pour "être comme tout le monde" et l'image.

La crise belge - 290 jours aux affaires courantes - démontre l'inanité d'un gouvernement politique. Les Français connurent cette préemption des affaires publiques par la haute administration sous la Quatrième République, qui hors parlement, réalisa de bien grandes choses dans des domaines pointus comme l'énergie nucléaire, l'aéro-spatial, les infrastructures hydrauliques, les ponts et chaussées, sans parler de la renaissance de l'industrie, son grand oeuvre couronné par le paquebot France, sans oublier les Caravelles.

Contrairement à la France, la Belgique a la chance d'avoir un visage, le roi Albert II, et sa famille qui sillonne le monde en représentation du plat pays, une corporation industrielle et financière assez puissante¹, une vocation portuaire difficilement contournable, et une mentalité de bosseurs dans sa province du nord.
Qu'est-il besoin de débats filandreux payés au mois ?
Un cabinet de gestion des affaires courantes lui suffit bien, et ceux qui pétitionnent pour le retour des politiques aux manettes n'ont rien compris aux pays modernes. La Belgique est le prototype de l'Etat futur. Ramassé, efficace et technique. Elle devrait dans la foulée faire l'économie d'un parlement qui a de gros problèmes d'érection.

Du moins, devraient-ils pousser dans ce sens pour nous donner une démonstration complète, et laisser courir leur fédéralisme si ça les amuse, comme aurait dit Mitterrand.

Note (1): L'industrie belge est une des plus dynamiques d'Europe dans la chimie, la métallurgie, les machines, la construction de véhicules, l'appareillage électrique, elle exporte les deux tiers de sa production et place le pays au 16° rang mondial. Les arsenaux français qui ne fabriquent plus ni fusils ni munitions de petit calibre vont s'y fournir, à moins que ce ne soit la HK allemande qui nous vendent leur fusil d'assaut en remplacement des famas. Les grands patrons s'appellent, dans l'ordre de leurs émoluments, Carlos Brito (AB InBev), Albert Frère (GBL), Christian Jourquin (Solvay), Pierre-Olivier Beckers (Delhaize)...

Postscriptum :
Un bon article sur la question belge dans La Toile n°10 en pages 10-11.

samedi 26 mars 2011

Conseil dans l'Espérance du Roi

 

C'est la veille de l'Annonciation que la Charte de Fontevrault a émis sur mille fils du monde qui vibrent à ses annonces que le shadow cabinet royaliste français était né (clic). Conseil dans l'Espérance du Roi ou contre-gouvernement virtuel organisé par l'Institut Henri IV pour clore l'année du Vert Galant, la "chose" n'inquiète pas encore le pouvoir, tout à l'affaire de la raclée cantonale et des piqués sans sirène de la chasse française sur les tacticals bédouins, censés la faire oublier.
Mais il a tort.

La population française est au seuil de l'épuisement psychique tant elle en a ras-le-bol des bateleurs rationnaires de la politique qui se contredisent en connivence pour mieux l'empoisonner à l'arsenic de la social-démocratie. Le pays fier coule, doucement ; la faute à pas de chance, le sens de l'Histoire, le crépuscule inexorable de l'Occident coupable. Demain il fera plus beau, "demain" c'est le temps conjugué de la Démagogie. La droite de la Gauche™ est incapable génétiquement de réduire l'Etat prédateur au minimum vital - elle accroît encore la dépense publique en volume de 0,8% - et vient d'entrer en campagnes présidentielle et législative en frappant un grand coup... sur les faubourgs de Benghazi.

La Gauche™, titulaire de l'AOC mais en plein urticaire napoléonien, a ouvert le débat du chef providentiel comme un vulgaire parti fachiste, et au-delà se fout du tiers comme du quart pourvu que les postes que M. Strauss-Kahn leur offrira soient distribués comme il faut. Tariq Ramadan aux affaires cultuelles ; qu'en pense Me Brochen ? Les Lambertistes à Matignon.
La gauche de la Gauche™ veut mettre tout le monde au pas en commençant par le contrôle social généralisé des comportements individuels au nom d’une idéologie libératrice des chaînes rouillées du capitalisme sauvage. Et vivent les Chinois qui ont libéré il y a cinquante ans les esclaves tibétains de la théocratie néandertalienne en chapeaux comiques (Mélenchon + Néandertal) !

Hors-sol, au jardin des utopies, vaquent les souverainistes et les gros bataillons du Front national qui voient et comprennent tout mais ne projettent rien. Un programme pour gros ballots s'ils n'en sont pas, il faut le dire même si l'on s'en sert comme bélier contre la herse. Le destin de la Corée du Nord révisée n'est pas alléchant, même avec des néons dans la rue. C'est de cela que va parler M. Dupont-Aignan au prochain Mercredi¹ de la NAr sous les applaudissements des gaullistes de gauche qui y réchauffent leur nostalgie.

Ce régime est cul par-dessus tête à la merci de sa ploutocratie. Le micheton de base découvre avec effroi que l'Etat qui fut enfanté jadis pour la justice et la liberté est devenu à la fois cher et impotent, et maintenant ne le protège même pas des Huns de l'intérieur. Aucune autorité naturelle, mais de l'autoritarisme comme le dévoile le Médiateur Delevoye ; alors que les Anglais détruisent toutes les agences travaillistes budgétivores², prolifération chez nous des fromages républicains contrebalancée par la réduction des services basiques de proximité (affaires Bougrab, Boutin, etc. et 343 sénateurs à l'embouche qui font des trous à leur ceinture) ; culture de l'excuse si ce n'est celle de l'immunité - les ministres ne démissionnent jamais - ; normalisation des passe-droits, une nomenklatura de type moscovite est devenue une réalité, des mini-dynasties se créent partout ; une justice qui juge la Justice avant les justiciables ; une armée de... militaires, mexicaine par ses étoiles ; un gouvernement de théâtre agrippé aux micros comme une rock-star !
Et pourtant les livres nous disent que la France ne fut pas toujours un pays à l'abandon, incapable de joindre les deux bouts, dont on se moque dès qu'elle a le dos tourné. La France fut aussi un modèle, classique.

S'il faut réinventer un sytème social pérenne juste et financé, il n'est pas besoin de réinventer le principe de gouvernement ; il suffit d'actualiser celui qui en deux mille ans d'histoire a fait progresser le pays. Et ce principe est la monarchie qui offre l'autorité naturelle et la politique de temps long. C'est ici que semble-t-il le CER de l'Institut Henri IV veut travailler. M. Jean-Yves Pons nous en dévoile l'axe de construction :

Tous les Conseillers seront égaux et aucun ne dirigera le Conseil puisque, dans notre conception du pouvoir monarchique, le Roi gouverne et préside son Conseil. Il s‘agira donc d’une nouvelle « Table Ronde ».
Tous les courants royalistes français pourront y être représentés à la seule condition de s’interdire tout prosélytisme dynastique et de ne jamais exprimer publiquement, ès qualités de membres du CER, leurs préférences ou leurs engagements au service de l’un des princes de la Maison de Bourbon.

L'axe est parallèle à celui de la Charte de Fontevrault qui refuse de prendre parti sauf pour le providentialisme. Pas de prince désigné, chacun le sien in pectore, priant avec tous pour son retour sans le nommer. Je me doute bien que l'oraison de la Charte soit agréable à Dieu mais je m'inquiète de son influence sur la conduite des opérations, même si comme au désert, YWH y pourvoiera. Ce dont par contre je suis sûr, c'est que la Table Ronde sans le roi Arthur ne peut pas fonctionner, sauf à faire dire des messes ou partager une galette des rois.

Supposons que le CER occupe le domaine régalien et se limite à lui pour éviter les conflits. Une seule charpente doit porter l'ouvrage et la volonté politique d'un seul, au demeurant instruit pour la définir et la défendre, et je n'en vois pas autour de moi, un seul fera les tenons et mortaises entre la justice, la police, la diplomatie et la guerre. A moins de vouloir laisser l'affaire entre les mains d'un chef de gouvernement d'alternance, ce qui ruinerait le schéma, il faut un projet politique cohérent, bien délimité, suivi en continu, un projet pour la France, à pousser sur une voie directe ou détournée mais ressortissant au temps long et persévérant sur son axe. Je ne comprends pas ce qui retient l'Institut Henri IV de suivre les Lois Fondamentales du Royaume de France, ce serait plutôt son style puisque le Navarrais en est issu.

On en vient très vite à l'économique qui régente tout. Par là le CER abordera au rivage des valeurs. Que dira la Table ronde sur le modèle économique ? Doctrine sociale de l'Eglise ? Elle n'est qu'un prologue ; il faudrait écrire tout le reste. Nous n'entrerons pas dans les divers choix à faire, ce n'est pas le jour, mais les voies sont généralement inconciliables et il n'y a pas de troisième voie viable, nous en avons la preuve par la Dette. Il faudra donc évaluer le meilleur choix pour le pays dans l'état où la République l'aura laissé, et s'y tenir. Comment se passer d'un chef pour incarner la synthèse du projet économique ? Sauf à continuer la social-démocratie européenne en faillite, langue au chat.

Aussi attendrons-nous sagement que le CER trouve ses marques et choisisse surtout la clef de voûte nécessaire à cette construction, même parfaitement virtuelle, mais qui sait. Le roi en ses conseils fait le pendant du peuple en ses états, et tous sauf un parlent de décentralisation.

J'entends un Mérovingien qui vient.

(A suivre)


Note (1): Dupont-Aignan à 19h59 le mercredi 30 mars, au 4° étage du 17 rue des Petits-Champs Paris 1°, PAF 1€50
Note (2): il n'était pas si mal finalement le Plantagenêt

Dieu rebat les cartes

Embringué dans des primaires de haute fermentation comme son homologue socialiste, le parti Europe-Ecologie-Les Verts de Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit est secouru par le doigt de Dieu. Le Créateur de toutes choses a appuyé où ça fait mal, à la jointure des plaques tectoniques pacifique et eurasienne, punissant l’Empire nippon de sa présomption à dompter l’atome, lui qui avait jadis confirmé de terrible manière les calculs des Savants . Tournez, tournez rotatives, la presse à faire peur s'est renflouée et a porté les écologistes sur le pavoi des cantonales.

Exit la chorégraphie strausskhanienne de Monsieur Hulot l’hélicopteur, finie la diction patoisante de l’ayatollah norvégien, place aux poids-lourds de la cause anti-nucléaire. Greenpeace, les Amis de la Terre, Sortir du Nucléaire… ont, à micros ouverts, un boulevard. La contre-offensive du lobby Areva-EDF-CEA qui dispose d’arguments sérieux, ne pouvait pas se déployer dans le délai de six jours précédant le premier tour. Les bonnes questions aux écologistes ne leur sont pas posées car inaudibles dans le vacarme du tsunami alarmiste qui emporte tout sous lui. A cette heure au Japon, on attend la grosse réplique.

Ainsi, ces élections-test ont-elles vu monter deux extrêmes, comme il en va souvent dans les périodes d’angoisse, le Front national porté par la vague immigrationniste attendue des révoltes arabes impromptues, et Europe-écologie-LV dopée par une atteinte grave et subite à l’environnement. Les calculs minutieux et faux des tacticiens en soupentes travaillant pour les « partis de gouvernement » seront une fois encore justifiés a posteriori par de longues analyses dont nos énarques ont le secret, mais ne serviront pas à grand-chose pour se répartir les conseils généraux dès avant le second tour comme on l’entend déjà, car le couperet des 12,5% d'inscrits pour accéder à ce second tour peut désormais tomber sur tout le monde : les points gagnés sont toujours pris à autrui, la somme est cent.

Epilogue :
Cet entrefilet a paru hier dans La Toile n°10, trimestriel monarchiste dépoussiérant de la Conférence Monarchiste Internationale. Archivons ! Il met le doigt sur l’exhaussement par l’actualité des partis de deuxième division tels EELV et FN que le parti présidentiel a tenté de brider par le relèvement du seuil d’accès au second tour de 10 à 12,5%. Compte tenu du taux d’abstention¹ normal aux cantonales de 36%, la barre était placée en moyenne à 20% des votants. Avec un taux de 55%, mécaniquement la moyenne montait à 28% ; une gageure. Si les sondages ont donné dans l’ensemble la main à la Gauche, les cas particuliers sont nombreux avec des triangulaires redoutées avec le « diable », et des candidats sérieux disparus dès le premier tour. La démocratie bidouillée au motif de trier les candidats corrects et de dégager des majorités de gestion est une escroquerie de plus acceptée par l’Opinion, qui en définitive ne croit plus trop dans ce régime parlementaire du tohu-bohu pour tirer le pays, et se désintéresse déjà des détails.

Note (1) : Ministère de l’Intérieur : Il ressort des statistiques une grande amplitude du taux d'abstention sur l'ensemble de la période 1976-2004. Le taux moyen d'abstention est de 36,4 % des inscrits avec un maximum de 50,9 % en 1988 et un minimum de 29,8 % en 1992, soit un écart de 21,1 points. (JO Sénat du 02/09/2004 - page 2006)

mardi 22 mars 2011

Bachar, je te vois

Qui connaît le teteron-cotton ? D'al brès à la tumbo* comme disait Jean Boudou, la pièce de tissu le plus souvent blanc sert au berceau et de linceul. C'est une popeline économique à 35% de coton peigné pour 65% de polyester, qui est utilisée par tout le Moyen Orient. On l'approvisionne en balles et contrats de 20 tonnes. A Qingdao, les bateaux indiens chargent déjà pour Lattaquié les containers en provenance de Zhengzhou bourrés de T/C en lé de 60 pouces bobine de 3000 yards, car Bachar el-Assad, l'ophtalmologue british héritier de la trique alaouite, est contesté dans son pays. Sale temps que ceux qui courent. Les Chinois vont encore gagner au bord de la fosse. Ce n'est qu'un film. Justement pas ! Des linceuls, il en faudra beaucoup, si l'on veut bien se souvenir de la répression impitoyable des opposants dans les années quatrevingt du temps de Hafez el-Assad, le père du président actuel, où soixante-dix mille personnes avaient alors disparu !
* du berceau à la tombe

De tout le croissant vert, c'est la dictature alaouite la plus féroce. Et c’est l’excellent site Mediarabe.info qui nous dit tout (avec sa permission) :
quote
Après les dizaines de morts tombées vendredi et les centaines de citoyens enlevés samedi, le régime craint des débordements avec l’appel lancé aux mouvements kurdes pour rejoindre la contestation. Il tente de faire taire l’opposition en menant une attaque électronique contre certains de ses sites (ndlr : l’image ci-dessous est tirée d’un hacking pro-Assad, si on sait lire l’arabe).


Les tribus de Daraa, la ville endeuillée vendredi et samedi et encerclée par les chars d’assaut, ont lancé un appel général à la mobilisation et invité les mouvements Kurdes à rejoindre la contestation. Sur le site « Elaph.com », un appel a été lancé par des internautes pour « une vaste mobilisation ce dimanche, dans tout le pays, afin de déborder les autorités ». Les commentaires affirment à l’unanimité que « la peur est désormais vaincue par le peuple, et elle change de camp ».
La preuve c’est que le régime de Bachar al-Assad compte sur plusieurs milliers de combattants du Hezbollah pour réprimer. L’ancien député Maamoun al-Homsi appelle Hassan Nasrallah a retirer ses hommes, sinon ils seront réexpédiés dans des linceuls. La preuve est aussi que le peuple refuse la décision prise cette nuit par Assad, portant sur la réduction du service national de trois mois, passant de 21 à 18 mois (pour une compensation de 3 dollars par mois). Les jeunes n’en veulent pas et estiment que « le geste est non seulement insignifiant mais surtout, il intervient très tard ». D’autant plus que l’armée n’a plus mené de guerre depuis 1973, sauf pour massacrer les Libanais et réprimer les Syriens pour enrichir le Président et sa bande. Les appelés sont en plus spoliés par les gradés alaouites, et sont employés chez eux comme jardiniers, chauffeurs, et autres domestiques, avec le lot d’humiliations qui va avec...
La peur a changé de camp car le régime a envoyé une unité blindée à Daraa, ainsi qu’une unité de parachutistes de la Garde républicaine, et a bombardé la ville par les hélicoptères. Tout ce dispositif pour mater « quelques fauteurs de troubles infiltrés », selon le discours officiel !
unquote
(Mediarab.info dimanche 20 mars 2011)

Si la Syrie est déstabilisée, Israël doit se poser la question de pousser ou non à la roue parce que le séisme fera des répliques en Jordanie et au Liban. Il est difficile de dire déjà si les bouleversements attendus seront favorables aux peuples de la région, et pourquoi pas à l’Etat hébreu qui jusqu’ici n’a pas été vilipendé par les manifestants arabes que nous entendons sur nos téléviseurs – ce qui ne laisse de surprendre -, mais nous comprenons d’avance que « l’odeur de la liberté » puisse rendre fous des gens soumis à la connerie en bottes de fer d’un clan ultra-minoritaire depuis quarante ans ! Les Chiites alaouites ne représentent pas dix pour cent des Syriens. L’allié majeur de l’Iran des mollahs en Méditerranée se liquéfierait-il ? Téhéran fera tout son possible pour que l’affaire n’en vienne pas à ces extrémités, et la Turquie s’y mettra-t-elle peut-être aussi à des titres divers, comme l’orgueil d’un jeune leadership en Méditerranée orientale voulu par Erdogan et la crainte de l’irrédentisme kurde.
On commençait à s’emmerder depuis Lépante !



PS : La question « syrienne » se pose d’ailleurs symétriquement au royaume de Bahrein, qui est un petit Irak à lui tout seul, les sunnites commandant aux chiites dans le rapport de 2 à 8.

samedi 19 mars 2011

Que survive le Japon


Si je demande à mon voisin une liste de mots japonais il va se creuser la tête et me livrer la séquence suivante que je remets dans l'ordre alphabétique :
banzaï, fujiyama, hiroshima, kamikaze, karaté, samouraï, tora tora, tsunami, wasabi, zen

Sauf le dernier et le raifort en moutarde, tous évoquent la violence des hommes ou des éléments. L'archipel nippon est un concentré de violence, seulement contenue par une éducation de rigueur civique et une éthique civilisée de chaque instant.

Il serait presque vaniteux d'écrire quelque chose pour le Japon dans les circonstances présentes, aussi m'en suis-je abstenu jusqu'ici. Mais il faut aussi saluer la dignité de ce peuple vraiment magnifique dans l'épreuve, avant peut-être que ne s'effondrent ses structures mentales sous l'apocalypse annoncée.


Chaque billet de blogueur est comme un lumignon dans l'obscurité du futur. Nous, Français, sommes plus touchés que les autres parce que les Japonais sont très francophiles.



Multiplions ces petites lampes pour dire aux Japonais tout simplement que nous les aimons.



Image hébergée par servimg.com

Contrôle parental national

Mercredi 15 décembre 2010, le parlement s'affranchissait du juge pour faire bloquer des sites Internet illicites, à tous motifs du seul ressort de l’Office de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication. La France entrait subrepticement dans le club assez fermé des Big Broz du Web (voir la carte ci-dessous).


La manifestation (internationale) de Reporters Sans Frontières contre la cybercensure est passée inaperçue le 12 mars pour cause de nausées médiatiques ; sondage au triomphe de Marine Le Pen et tsunami de 23 mètres au Japon, sans parler de BHL à Benghazi.
Le filtrage des accès Internet, exigé maintenant des fournisseurs d'accès par l'article 4 de la loi Loppsi2, est "justifié" par la lutte contre la pédophilie et la pornographie, même si des associations de lutte contre les pervers, comme l'Ange Bleu, doutent fortement de son efficacité. Qu'importe, la pédophilie n'est que le cheval de Troie qui investit le cyberespace où il se passe des choses pas catholiques. Frédéric Lefebvre, qui dans l'emphase ne craint personne, amalgamait pour faire bon poids tous les malheurs suintant des écrans : « Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l'absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d'adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs oeuvres ? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde ». S'il sortait le dimanche, il aurait su que ce G20 existe déjà, c'est le Réseau Echelon et qu'il ne traque pas les pédales mais les terroristes et les narcotrafiquants.


Depuis le 15 mars, jour de la promulation de la Loppsi2 au JO de la République, les "bureaux" peuvent désormais y aller carrément, sans le regard du juge, sans retard et sans rendre compte puisque le "rapport annuel d'activité de l'Office avait été jugé inutile dans la même séance parlementaire. La CNIL jetée au bartas, listes noires, listes rouges, logiciels de traitement automatique des flux, chasse au mot-clé, ces messieurs de l'Etat français vont pouvoir se donner du bon temps avec une productivité inouïe.
Avec les moyens modernes de traitement électronique et le croisement des fichiers existants, on peut avancer sans paranoïa que chacun de nous part en fiche de police. La Réacosphère à livre ouvert n'aura plus besoin de se certifier [MRAP]. Les agences et ligues de traque à la Bête vont pouvoir compter sur le renfort inespéré d'un Office autonome qui laissera ou pas fuiter ce qui l'arrangera dans les circonstances politiques du moment. Licra, Mrap, Halde, c'est du jardin d'enfant ! Place à l'OCLCTIC, sous les ordres et contrôle de la Direction Générale de la Police Nationale sise place Beauvau.


Finalement la Loppsi2 instaure le contrôle parental du cybercitoyen. On savait bien que la démocratie rend con.

vendredi 18 mars 2011

Si vis pacem... ⑥

Avant-propos
Royal-Artillerie donne une série de six billets sur la stratégie chinoise des années à venir. Voici le sixième et dernier. Ce travail s'appuie sur un dossier publié le 10 décembre 2010 par le Qiu Shi Journal, organe doctrinal officiel du Comité Central du Parti communiste chinois. L'original est accessible en cliquant ici.
Chaque billet traite un des six points stratégiques recencés, sous une forme identique : évaluation chinoise de la menace américaine (en rouge), contre-mesures chinoises, analyse du piéton du roi (en bleu). Dans l'ordre, il s'agit de :
① la guerre économique
② la guerre financière
③ la guerre médiatique
④ la propagande anti-chinoise
⑤ les bruits de sabres
⑥ l'encerclement

L'ALLIANCE ANTI-CHINE


Le quotidien russe Независимая газета (La Gazette indépendante) publia un article le 27 octobre 2010 intitulé "Les Etats-Unis tissent une alliance anti-Chine". L'article déclarait que le Pentagone dépense largement pour étendre sa base de contention de la Chine. Washington essaie aussi de persuader le Vietnam et d'autres pays d'Asie du sud-est de rejoindre son alliance anti-Chine.
Actuellement, dans sa confrontation avec la Chine, l'Administration Obama est devenue de plus en plus rude. Ils sont en train d'essayer à la fois de former une alliance anti-chinoise comprenant les voisins et partenaires commerciaux de la Chine, et de former un front anti-Chine basé sur des questions conflictuelles telles que la Mer de Chine Méridionale et le taux de change du RMB (Yuan renminbi). Récemment, le Secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton a rendu visite au Vietnam et à d'autres pays en rentrant du Sommet Asie de l'Est. Elle y a fait une déclaration d'envergure annonçant que les États-Unis avaient la volonté de maintenir leur leadership en Asie. En Novembre 2010, quand Obama se rendra(ndlr: le texte du Qiu Shi publié le 10 décembre 2010 a été préparé début fin octobre) au Japon, en Indonésie, en Inde et en Corée du Sud, "La Chine " sera certainement un sujet de discussion important.

Répliques chinoises

A.- Attaquer à proximité. Les Etats-Unis semblent hautement intéressés à former une alliance anti-Chine très solide. Non seulement ont-ils fait une déclaration d'envergure sur leur retour en Asie de l'Est, mais ont aussi réclamé le leadership de l'Asie.
Ce qui est proprement insupportable est de quelle manière flagrante les Etats-Unis encouragent les pays voisins de la Chine à venir contre elle. Nous ne pouvons pas complètement les blâmer car les mouches ne vont pas sur les oeufs non fêlés. Des pays comme le Japon, l'Inde, le Vietnam, l'Australie, les Philippines, l'Indonésie et la Corée essaient de rejoindre le groupe anti-Chine parce qu'ils ont eu soit une guerre soit un autre conflit d'intérêts avec la Chine. Ils tentent d'engranger des bénéfices en utilisant les Etats-Unis, et tous ceux-là sont nos voisins autour de nous. Tout au long de l'histoire de la Chine nouvelle (1949), la paix en Chine n'a jamais été gagné en cédant, mais par la guerre.
En conséquence, la Chine doit respecter un principe stratégique de base : Nous n'attaquerons pas à moins d'être nous-mêmes attaqués ; si nous sommes attaqués, nous contre-attaquerons avec certitude. Nous devons envoyer un signal clair aux pays nos voisins que nous ne craignons pas la guerre, et que nous sommes prêts à tout moment d'entrer en guerre pour sauvegarder nos intérêts nationaux.
Les pays voisins de la Chine ont besoin du commerce international chinois plus que la Chine a besoin d'eux, vu les déficits commerciaux que nous subissons le plus souvent de ces mêmes pays. C'est pourquoi c'est eux et pas la Chine qui subiront les plus grands dommages s'ils la contrarient. La Chine devrait faire un bon usage de ses avantages économiques et de sa puissance stratégique. C'est aussi le moyen le plus efficace d'éviter la guerre.

B.- Attaquer dans l'espace. Toutes les forces stratégiques américaines dépendent de leurs puissant réseau spatial, qui est à la fois un avantage et une vulnérabilité des Etats-Unis. Aussi longtemps que la Chine pourra faire toute la démonstration de sa capacité à détruire n'importe quelle plateforme spatiale, et en particulier à attaquer, avec précision et pour un prix modique, les plateformes satellitaires américaines, la Chine posera une menace et une pression suffisantes sur les Etats-Unis. Comparés aux porte-avions américains, les satellites militaires américains sont plus vulnérables à une attaque. Les missiles chinois peuvent attaquer directement les satellites militaires qui d'habitude orbitent à une altitude inférieure à dix mille kilomètres. En 2007, quand la Chine testa un tir de missiles pour détruite un satellite abandonné, tous les Etats-Unis en furent choqués. La Chine devrait faire l'effort de développer des armes spatiales dès que possible, car c'est le moyen militaire le plus efficace d'attaquer les Etats-Unis. Si nous pouvons en fin de compte tirer des missiles depuis depuis un satellite, les Etats-Unis découvriront qu'ils n'ont plus d'endroit où se cacher ; ils se trouveront complètement exposés dans le rayon d'attaque de l'armement chinois. En même temps, la technologie chinoise des satellites est ce dont nous sommes le plus fier, à quoi nous sommes les meilleurs, et pour laquelle nous dépendons le moins (des forces étrangères). Elle est juste en retard d'une courte étape sur celle des Etats-Unis et de la Russie. Renforcer vigoureusement la construction de nos forces spatiales militaires devrait être non seulement le coeur de notre défense nationale mais aussi l'arme la plus puissante pour dissuader les Etats-Unis dans leur chantage militaire.

Nous devons apprendre comment explorer l'autonomie en faisant les choix les plus stratégiques et en développant des armes d'importance stratégique, au lieu de suivre la direction prise par l'armée américaine. Naturellement, le gouvernement chinois ne devrait pas avoir peur du battage médiatique occidental contre la menace chinoise. Défendre nos propres intérêts est plus important que n'importe quel truc publicitaire de relations publiques.
Quand le gouvernement des Etats-Unis a envoyé des troupes occuper l'Irak et l'Afghanistan, il n'a tenu aucun compte des critiques émises par les autres pays. Suivre notre propre voie est le reflet de notre confiance en nous-mêmes et c'est auss une stratégie.

Copyright : le texte français est traduit d'un original anglais produit par Chinascope.org avec leur permission explicite à Royal-Artillerie en date du 11 février 2011. L'original chinois sur Qiu Shi a été lu pour chaque billet de la série afin de dénicher tout contresens.

Analyse du piéton du roi

Disons déjà que le discours est ferme et mesuré sans incantations. On ne parle nulle part de grandeur de la Chine, de mission planétaire, et autres billevesées de préaux dont nous raffolons ici. Ceci étant dit, on aimerait plutôt que le discours publié par l'organe du Comité Central soit pure paranoïa. Or ce n'est à l'évidence pas le cas. Reprenons le paragraphe B d'abord.
Le groupe de rédaction sous-estime et la vitesse et la préparation à réagir du Pentagone si quelqu'un, et la Chine d'abord, commence à lui éteindre ses satellites. D'ici à ce qu'il en précipite un sur Pékin, juste pour voir, en donnant toutes les preuves qu'il s'agissait des retombées d'un tir chinois, il n'y a pas loin ! Secondement, les tirs de rétorsion sur le réseau satellitaire chinois (clic) combinés à la destruction des bases spatiales chinoises au sol, risquent de revenir cher à l'Empire imprudent. C'est pourquoi nous pensons que ce dernier paragraphe (rajouté peut-être à la fin car il y a deux numéros 5 de § dans le texte original pour 6 questions) est une figure imposée par l'état-major à la gloire de la modernisation des armées.
L'autre paramètre absent de l'analyse est la capacité de subversion des agences américaines. Ils ont failli réussir avec le Falun Gong et la réaction du gouvernement central a été tardive - beaucoup de hauts fonctionnaires "infectés"- et en conséquence brutale. L'inverse n'est pas possible car la ressource en américains anti-capitalistes est bien moindre que celle de Chinois anti-communistes. Il serait étonnant que la question n'ait pas été mise au point à Langley.
Mais revenons au paragraphe A.

Oui, les voisins de la Chine ont peur d'elle. Et dans le même temps ils en attendent leur propre développement et la richesse. Un marché d'un milliard quatre cent millions de gens au même endroit un jour solvable fait rêver tout producteur d'Asie du sud-est et d'Extrême-orient. S'ajoute à cela que la Chine historique est un véritable mythe en Asie. Tous se flattent d'en descendre d'une façon ou d'une autre, même si l'enfantement fut douloureux parfois. Il aura fallu que la Barbarie des confins du monde en vienne à bout au XIX° siècle et la précipite pour plus de cent ans en enfer, pour que le charme soit rompu. Mais elle renaît.
Il n'est pas sûr que la promiscuité militaire dénoncée par la Chine précipite en une alliance de type OTAN si la Chine avance prudemment dans son nouveau dessein d'être à l'abri chez elle des convoitises occidentales et japonaises qui l'ont jadis dépecée. Le meilleur moyen de convaincre ses voisins est de régler la question des eaux territoriales sur la base indiscutées des lignes d'équidistance aux continents en excluant des calculs tous les archipels coraliens. Deux cent cinquante îles et cailloux divers en Mer de Chine Méridionale, en prendre un c'est forcément prendre le suivant.
La seconde condition observable par tous est la manière dont sera conduite et gérée la réunification des deux Chines. Elle révèlera le poids des idéologues dans la nomenklatura aux manettes à Zhongnanhai. De l'idéologie communiste personne ne veut. Mais du chaos chinois, non plus.

Conclusion de la série

Par ce billet s'achève une série de six chapitres sur les stratégies chinoises à la lumière d'un dossier préparé par Mr Xu Yunhong (徐运红), fonctionnaire du CC non inscrit sur nos tablettes (un homonyme, membre suppléant du 15°CC, fut condamné pour corruption). La seule question que vous vous poserez est celle de savoir si la mentalité du CC est majoritairement ou minoritairement va-t-en-guerre. Si les fonctionnaires chinois en Hugo Boss, qui parlent trois langues et font leur mille yuans chaque matin en bourse, ont aussi les mains aux manettes, ou bien si les diplômés de la besogne issus des écoles du parti gardent leur pouvoir.
Quoiqu'il en soit, le Qiu Shi Journal a publié une mise au point pour se désolidariser de Mr XU Yunhong qui n'exprime que ses vues personnelles.
Qui a la vérité ?? Langue au chat !

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lundi 14 mars 2011

No-fly zone

Au Caire samedi dernier, la Ligue arabe a demandé au Conseil de sécurité des Nations Unies de décréter une zone d'interdiction aérienne au-dessus de la Libye. Et dans le même mouvement elle a reconnu la légitimité du Conseil National Transitoire de Benghazi comme représentant des intérêts libyens. OK ! What next ?
Normalement les armées de l'air des deux pays les plus puissants du Machrek devraient incinérer la chasse libyenne et ses infrastructures militaires pour la clouer au sol ! Je vise l'Algérie et l'Egypte. L'Algérie dispose de Mi-25, Mi-29, Su-24 et Su-30 au nombre d'environ 175 plus une vingtaine de Mig-23 d'entraînement. L'Egypte met en ligne des F16, des Phantom, des Mirage 2000 et des Mirage 5 au nombre de 340 plus 120 Mig-21 russes et chinois vieillissants.
L'armée de l'air de Mouammar K. est équipée des mêmes matériels que l'Algérie, Migs et Soukhoïs, dans les mêmes quantités¹. Attaquée des deux côtés elle ne fera pas le poids. L'Egypte seule en avait fait la preuve en juillet 1977 quand elle dut engager ses forces pour soigner l'urticaire du Guide suprême, exaspéré par Anouar el-Sadate.
Attendons donc le feu vert onusien.

Plus surprenant est le fameux CNT qui a conquis BHL et Sarkozy. Présidé par l'ancien ministre de la Justice de Kadhafi (ça c'est un cv !), il a distribué largement les maroquins du futur gouvernement intérimaire qu'il se refuse d'être. Trente-et-un courageux (un peu ambitieux quand même) s'y sont mis comme on va le voir par ici. En fait c'est un directoire constitué par trois personnalités, Mustafa Abdul Jalil Fudail déjà cité, Ali Al Issawi, ancien ministre de l'économie et du commerce de Tripoli, qui est en charge des affaires étrangères, et Mahmood Jibril, docteur en plannification stratégique de l'Université de Pittsburgh.
Ce CNT a quand même obtenu la reconnaissance de l'Ue et de la Ligue arabe, ce qui n'était pas écrit même en terre d'Islam.

La vocation du CNT est de surveiller l'administration des villes libérées. Il a déjà pondu un Comité de crise sous l'autorité du Dr Mahmoud Gebril Elwarfally (il est venu à Paris) qui va lui servir de fusible si le temps se gâte. Et c'est le pronostic du Pentagone, le temps va sérieusement se couvrir pour l'insurrection car elle a le dessous militairement et aucun voisin n'a prévu d'entrer en guerre contre Kadhafi et ses fils. Pourquoi ?

carte de Libye

Pourquoi ne veulent-ils pas y aller ? La solidarité arabe entre gouvernements malgré tout, mais surtout l'artillerie sol-air et les missiles d'infanterie dont les armées libyennes sont abondament pourvues. L'Afrique du Sud vient de les conforter dans leur attentisme, qui a proclamé qu'elle ne monterait pas contre Kadhafi. Ne resterait donc que "nous" !
Que pouvons-nous faire sans les Américains, mais avec nos amis anglais, et le blanc-seing réédité de la Ligue arabe ?
Amener deux groupes aéro-navals devant la Cyrénaïque et flinguer tout ce qui vole à l'est du 18° méridien et en profondeur jusqu'au 28° parallèle N; sachant pertinemment que des pilotes décidés passeront malgré tout au ras des dunes. Mais y en a-t'il tant que ça ?

La faiblesse de Kadhafi est plus que morale. Il va manquer de pièces et de munitions embarquées puisque il y a embargo. Son seul renfort, les mercenaires sahéliens et touareg ne lui sera pas d'une grande utilité en cas de No-fly-zone sauf à manoeuvrer les affûts quadruples, mais la chasse alliée ne va pas faucher les marguerites non plus !

Le plus sage, même électoralement parlant, serait pour M. Sarkozy d'attendre comment tourne le vent arabe, ce qui ne doit pas le priver de se préparer. Le Charles-De-Gaulle est à 72 heures paraît-il, mais il faut ré-embarquer et valider la flottille... et accepter de perdre un ou deux Rafales. Vous savez, l'histoire de l'omelette.

Note (1): il semblerait que beaucoup d'aéronefs soient indisponibles et que l'offensive en cours ne soit appuyée que par une vingtaine de Soukhoïs russes. Garde-t-il sa chasse pour "nous" ?

vendredi 11 mars 2011

Vers l'hégémonie ⑤

Avant-propos
Royal-Artillerie donne une série de six billets sur la stratégie chinoise des années à venir. Voici le cinquième. Ce travail s'appuie sur un dossier publié le 10 décembre 2010 par le Qiu Shi Journal, organe doctrinal officiel du Comité Central du Parti communiste chinois. L'original est accessible en cliquant ici.
Chaque billet traite un des six points stratégiques recencés, sous une forme identique : évaluation chinoise de la menace américaine (en rouge), contre-mesures chinoises, analyse du piéton du roi (en bleu). Dans l'ordre, il s'agit de :
① la guerre économique
② la guerre monétaire
③ la guerre médiatique
④ la campagne anti-chinoise
⑤ les bruits de sabres
⑥ l'encerclement

LES BRUITS DE SABRES

Manoeuvres militaires et guerre simulée. Récemment les Etats-Unis avec de multiples alliés ont conduit des manoeuvres militaires dans le Pacifique, en Asie du nord-est, en Asie du sud-est et dans d'autres régions. Plus particulièrement, ces manoeuvres se déploient dans des eaux qui entourent la Chine. Le 23 juillet 2010, les Etats-Unis ont mené l'exercice multinational biennal "Pacific Rim" dans les eaux proches de Hawaï ; y ont participé 34 navires, 5 sous-marins, plus d'une centaine d'avions militaires, vingt mille hommes provenant de quatorze pays.
Du 25 au 28 juillet, dans les eaux orientales de Corée en Mer du Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud ont fait un exercice militaire dont le nom de code était "Indomitable Will". Ce furent les manoeuvres communes américano-coréennes les plus grandes depuis trente quatre ans. Plus de huit mille soldats de l'infanterie, de la marine, de l'aviation et des fusilliers-marins participèrent à cet exercice. Le porte-avion à propulsion nucléaire USS George-Washington, le navire sudcoréen d'assaut amphibie¹ "Dokdo" (reconnu pour être le plus grand d'Asie) et plus de vingt autres navires de surface et sous-marins ont fait cet exercice.
Commencées le 11 août, les Etats-Unis et le Vietnam ont mené leur premières manoeuvres navales communes en Mer de Chine Méridionale. Les Etats-Unis ont envoyé plusieurs grands navires, dont le USS George Washington.
Le dernier exercice militaire commença le 16 septembre ; les Etats-Unis et la Corée du Sud firent dix jours de manoeuvres communes.
Les Etats-Unis incitent fréquemment la Corée du Sud, le Japon, le Vietnam et d'autres pays qui voisinnent la Chine à faire des manoeuvres militaires communes. Leur but est très clair : encercler la Chine militairement.

Note (1): le ROKS Dokdo a des capacités proches des Mistral français.

Répliques chinoises

Nul doute que les manoeuvres militaires américaines défient le facteur stratégique décisif de la Chine. Elle devrait activer sa réponse mais la question est de savoir répondre habilement. Où que ce soit que les Etats-Unis décident de conduire des manoeuvres militaires, choisissons un autre endroit pour mener les nôtres. Non pas pour éviter la confrontation ; mais c'est "assiéger Wei pour secourir Zhao"². La période doit être la même, mais le lieu peut être différent.
Dans les zones où les Etats-Unis ont fait une fois des manoeuvres militaires, l'armée chinoise devrait immédiatement organiser un exercice militaire avec un but clairement avoué, guerre simulée.
Il n'y a aucune raison que la Chine craigne le porte-avion américain. Pendant la Guerre de Corée, lorsque le contraste entre les forces respectives était bien plus grand qu'aujourd'hui, nous n'avions pas peur. Pourquoi aurions-nous peur maintenant ? Les Etats-Unis veulent-ils déclencher une guerre avec la Chine ? Les faits prouvent que l'Amérique est un tigre de papier qui ne peut même pas gérer l'Irak ou l'Afghanistan, sans parler de la Chine. Nous devrions certainement avoir la volonté stratégique et le courage de défier pareil ennemi. Comme pour les porte-avions, ils ne devraient pas mettre la pression sur la Chine. Venir courageusement au contact des porte-avions américains serait tout bénéfice, sans dommage aucun. C'est seulement par un contact en profondeur que nous comprendrons vraiment les porte-avions américains. Le but fondamental d'une guerre simulée par des manoeuvres militaires est de montrer la détermination chinoise à relever les défis au lieu de les éviter. Ceci enverra un message clair au monde que la Chine a la ferme volonté de résolument sauvegarder sa souveraineté nationale.

Copyright : le texte français est traduit d'un original anglais produit par Chinascope.org avec leur permission explicite à Royal-Artillerie en date du 11 février 2011. L'original chinois sur Qiu Shi a été lu pour chaque billet de la série afin de dénicher tout contre-sens ; deux ont été réparés dans le texte d'aujourd'hui :)

Note (2): la tactique "Wei pour Zhao" participe des 36 Stratégies faisant référence à une guerre du général Sun Bin en 354 avant JC (ère des royaumes combattants) où fut utilisée ce que nous appellerions aujourd'hui la déception.

Analyse du piéton du roi

Le Pacifique Nord est le champ de confrontation sino-américaine par définition. Une carte n'est pas inutile.


Jusqu'à récemment, la Chine voulait affirmer sa souveraineté sur "ses" mers, et à la manière de la Grèce en Mer Egée n'entendait pas la partager par des lignes d'équidistance. Du nord au sud sont chinoises par principe impérial, la Mer Jaune qui la sépare de la Corée, la Mer de Chine Orientale devant Shanghaï en direction des Ryukyu japonaises, dont la queue sud-ouest est disputée âprement, le Détroit de Taïwan qui relie la Mer Orientale à la Mer de Chine Méridionale où les riverains sont moins pugnaces.
C'est ainsi qu'elle a revendiqué et occupé des îles de Mer de Chine Méridionale à vue des côtes philippines, et qu'elle pousse ses patrouilles jusque devant l'archipel des Natuna (272 îlôts de rêve entre Malaisie et Kalimatan, riches en gaz). La grosse dispute est sur les Paracels. Elle a donné lieu à un combat naval sérieux le 14 janvier 1974 entre le Vietnam et la Chine, des morts et des bateaux au fond.
Nous présentons ci-dessous pour les amateurs une carte des équidistances en Mer de Chine Méridionale éditée par l'Université de Hawaï. On voit bien le schmilblick !

Quoiqu'il en soit, les manoeuvres fréquentes des Etats-Unis pour rassurer leurs alliés du moment sont le meilleur prétexte que puisse trouver la Chine à organiser les siennes pour apprendre d'eux la guerre d'escadre à laquelle elle n'est pas prête et qu'il lui faudra maîtriser obligatoirement pour s'affirmer comme grande puissance.

Dans l'hypothèse très probable d'un retour de Taïwan dans le giron impérial, c'est sur la Mer des Philippines et donc en Océan Pacifique Nord que la Chine prendra ses marques de souveraineté. Cette région est traditionnellement dans la zone d'intérêts décisifs des Etats-Unis et du Japon. On peut dire que tant que la Chine n'aura pas atteint cette ligne de confrontation en avant de sa marche maritime, les manoeuvres militaires des uns et des autres pourront rester dans le domaine de l'agitation diplomatique musclée, quelles que soient les frayeurs médiatiques suscitées par la propagande réciproque.
A partir du moment où la Chine gouvernera Taïwan, par le truchement du Kuomintang, elle y construira son "Pearl Harbor" pour être au balcon du monde. D'ici là, elle aura construit ses porte-avions. L'Empire du Milieu sera alors revenu.

Digest
L'intensité des manoeuvres multinationales militaires américaines ne peut que susciter des contre-manoeuvres navales chinoises d'affirmation de souveraineté, ce qui arrange la diplomatie de Pékin qui met une pression hégémonique intense sur "ses" mers. Au prétexte de contrer la parade américaine dans "ses" eaux, la Chine déploie sa propre parade et montre le pavillon au plus loin possible. Sa flotte océanique est en construction en privilégiant maintenant les groupes aéro-navals³, ce qui dévoile leur intention "pacifique".

Note (3): si la chaudronnerie, la propulsion, l'artillerie et bientôt la missilerie sont à l'heure, on ne peut en dire autant de la logistique et du règlement de combat aéronaval. C'est dans la fixation des procédures et dans leur mise en oeuvre que la marine chinoise est en retard. D'où l'intérêt des exercices de guerre simulée.

mercredi 9 mars 2011

La gangrène gazeuse d'un régime invalide

Le spectacle politique de ce presque printemps met le désastre en scène. Sur tous les plans ce pays s'enfonce ! Et les indicateurs aussi divers que les chiffres des Douanes, la satisfaction des citoyens, l'humeur des entrepreneurs, les préferences politiques du pays, montrent tous une fracture béante entre les corps sociaux et les "bureaux" de Maurras. Les "gens" en ont plus qu'assez de la nomenklatura politico-médiatique qui les envahit. Mais de révolution, point, le pays est maté, formaté, il ne raisonne pas. Il a des humeurs.

Les deux faits les plus signifiants de la semaine sont la percée de Marine Le Pen dans les sondages et le succès des mesures dilatoires du clan Chirac repoussant un mauvais procès aux calendes (grecques). Faisons un sort déjà au second.

Qu'un ancien président de la République soit poursuivi (avec son cabinet politique de jadis) pour corruption, prévarication, concussion, même si ce ne sont pas les termes de l'acte d'accusation, serait plutôt sain. Que la procédure suive son cours alors que le plaignant (Mairie de Paris) a accepté une transaction réparatrice du préjudice subi, au motif qu'une association morale (Anticor) s'est portée partie civile, laisse perplexe et souligne la force grandissante des ligues en tout genre qui "font la loi".

La magistrature réputée indépendante est incapable de faire cesser cette bouffonnerie, enfermée dans un droit corne-cul qui au dernier moment renvoie l'affaire chez le meilleur ami du prévenu dans un conseil à l'enseigne du sphynx, dont il est membre à vie ! On mesure là la complexité de l'usine à gaz judiciaire dont ce pays subit les effets, épisodiquement rapportés dans les faits divers de la presse à faire peur. Comme le régime politique qui l'encadre, notre droit est gangréné par l'Inextricable ! Les gens s'en méfient et le dicton "mieux vaut un mauvais arragement qu'un bon procès" n'a jamais été plus vrai.
Faut-il juger Chirac ? C'est trop tard ! Et le pays complice qui l'a élu plusieurs fois n'a pas besoin de cette ultime flagellation de déconsidérer un ancien président qui n'a commis aucun crime, quand même.

Mais c'est bien le leadership frontiste des sondages présidentiels qui fait bruisser le Landerneau politique. La carrière politique de nos répresentants est menacée par l'expression populaire de l'opinion, le populisme. Curieux que dans une démo*cratie on dénonce le popu*lisme, c'est quasiment pareil ! Nos élus vivent leur mandat comme un sacerdoce et font tous les efforts nécessaires à y mourir comme les escargots, debout ! C'est une spécificité française qu'il n'y ait en politique aucune vie après l'échec. Même les reclassements en division 2 sont difficiles car les prébendes sont tellement juteuses qu'il y a pléthore d'impétrants, féroces même, prêts à tuer parfois. La politique est une lutte.

Marine Le Pen rebat les cartes. Elle a la main. Les cantonales ne diront pas grand chose pour des raisons que nous ne développons pas, mais la présidentielle et les législatives de 2012 sont dans le même package. Et les 20 ou 25% du Front - s'ils persistent - détruiront tous les accords de second tour pour la députation, surtout avec les micro-partis insérés dans le jeu pour faire des équilibres mais qui, n'ayant aucun avenir national, ne voient que leur intérêt immédiat. C'est de la cuisine. Elle pue !

La nomenklatura en est consciente qui s'en inquiète beaucoup et commence à faire le siège des idées du Front national pour le débiner et le réduire, coûte que coûte. Le meilleur argument est intellectuellement l'inanité des propositions frontistes, quasiment impossibles à mettre en oeuvre sauf à déclencher une crise à la grecque. Mais les gens n'achètent pas ces critiques car le meccano Le Pen est cohérent et très efficace dans sa présentation, et comme il s'agit de convaincre en démocratie le plus grand nombre, on force le trait pour être compris des masses, même si quelques élites crient au charron. C'est imparable.
Le "pouvoir" installé se sent incapable de contrer les dénonciations du Front car il les a faites lui-même pour divers motifs et s'est avéré impuissant à y répondre. La question de l'immigration est un test. Les intentions étaient bonnes, à la réserve près que l'immigration choisie proclamait le pillage des cerveaux du tiers-monde à notre bénéfice, mais l'Inextricabilité de notre droit les a réduites à néant, sauf à prendre les résultats risibles des reconduites répétées des mêmes en frontière pour des résultats. Fallait-il assumer d'éventuelles remontrances de la "Conscience internationale" ? Bien sûr et fermer les frontières, chartériser les clandestins sans travail et proclamer l'immigration zéro. Quand bien même serait-elle impossible que de la déclarer enverrait un signal clair en brousse et dans les pays de l'Est grouillant de doryphores.

Dans la liste du Front, l'insécurité vient en bonne place. Le pouvoir, ayant à sa tête le chef de la police - incroyable ! - a été trahi par la magistrature qui a le réflexe de juger les lois en même temps que les prévenus. Ce chef n'en est pas un. Aurait-on confié la fonction au duc d'Otrante qu'on aurait vu la différence. L'indépendance de la magistrature autorise-t-elle la critique de ce corps constitué par un autre ou bien cette indépendance est-elle une immunité diplomatique ? c'est juste une question.

Le reste du programme FN est ici.

Ce régime pue parce qu'il est inadapté. La dernière mouture workable fut la constitution pseudo-monarchique de 1958. Elle fut gravement altérée par le césarisme du titulaire qui rechercha le plébiscite de l'Opinion en 1962, ce qui remettait dans le jeu la démagogie inhérente à la démocratie latine. Mais le pire était à venir. Les Français, querelleurs gaulois, ont en commun avec les Arabes de devoir être "gouvernés". Le quinquennat brisant avec la sagesse du temps long, a fait de la fonction suprême celle d'un candidat permanent. Il recherche donc les suffrages à chaque élection intermédiaire - et d'ailleurs les perd - puis corrige sa politique dans les domaines perdants, pour au final, ne rien gouverner du tout.
Un exemple entre vingt : les régimes spéciaux hérités de la soviétisation de 1945 ont été supprimés par remplacement de dispositions nouvelles, transitoires ou définitives... les compensant.
Appuyons encore : les ports (surtout Marseille) sont dégradés par des revendications catégorielles inouïes qui justifieraient l'Etat d'urgence. Silence... droit sacré de la prise d'otages syndicale ! Gaudin a reçu enfin son bâton de maréchal au Palais du Luxembourg, il peut se le carrer où je pense.
Le pouvoir est aux abois, son électorat le poursuit. La panique paralysante n'est pas loin. Sarkozy va-t-il remettre son titre en jeu tout de suite ?
Cela ne changerait rien au fond, la gangrène continue, le régime est inadapté.

samedi 5 mars 2011

Kadhafi for ever

La Chine a sorti 36000 compatriotes de Libye, plus 2000 "étrangers", sans crier gare ni faire le Vingt-Heures de Pujadas ! A-t-elle un plan de ridiculisation des Européens, vous savez, ceux de l'Union (européenne) Pour la Méditerranée ? A l'exception de l'Allemagne, toutes les puissances qui comptent en Europe ont des bases aéro-navales en Méditerranée ou proches, comme l'Espagne à Rota (Cadix), la Grande Bretagne à Gibraltar, la France à Toulon, l'Italie à Tarente, les Etats-Unis attachent leur VI°Flotte à Gaeta (Naples) et la RAF britannique dispose aussi de la base souveraine d'Akrotiri (Chypre). De quoi réunir sous court préavis l'invincible armada capable de protéger les opérations de cinquante ferries au même moment ! Oui, mais pour faire quoi ?


Les Chinois ramènent leurs gens en Chine, tous bons ouvriers qualilfiés du BTP, les Egyptiens prennent leurs ressortissants à la frontière orientale de Cyrénaïque et les Tunisiens les leurs à la frontière occidentale de Tripolitaine. Mais qu'adviendra-t-il de tous les autres ?

Le gouvernement Fillon-Juppé va transborder cinq mille Egyptiens d'ouest en est car ils sont - coup de pot - sur le trajet de la force "Jeanne d'Arc"¹ qui descend présentement de Brest vers la Mer Rouge. L'Egypte n'a pas donné son port d'atterrissage mais nous pensons à Port Saïd. Les autres réfugiés seront humanitarisés in situ et le trop-plein reconduit dans les pays d'origine non agités, en attendant que les choses évoluent en Libye... et autour ! Y a-t-il d'autres façon de faire ? Non !

Les défenseurs de l'ingérence, dans le sillage du bon Dr Kouchner, prêchent une intervention éradicatrice des bédouins fidèles à Ray-Ban-Man par les forces occidentales qui ne doivent en faire qu'une bouchée ! Au moins pire, la "no-fly-zone" intégrale calmerait leur prurit révolutionnaire de salon. Nous croyons utile de s'approcher sans tarder du guéridon divinatoire et d'interroger le maréchal Rommel sur les heurs et malheurs d'une guerre sans haine dans le désert mais cette fois gagnée.


Vous me direz que les moyens militaires actuels sont sans rapport avec ceux de l'Afrika Korps, mais au bout du bout, il y a un homme dans ses bottes qui se sent chez lui, le fusil d'assaut à la main, et qu'il faut retirer du paysage pour dire qu'on a fini le job. Les bédouins de Tripolitaine ne sont pas les Arabes des marais². Les anciens des opérations tchadiennes les connaissent bien et les respectent, et à moins pour nous de leur déclarer une guerre d'incinération (sous mandat onusien), ils seront comme le sable dans la main, impalpables.

De Ghadamès à Djaghaboûb, il y a près de 1400 kilomètres ouest-est, du Golfe de Syrte vers le Sud il n'y a pas de limite avant le massif (inexpugnable) du Tibesti (10 degrés de latitude) ! Kadhafi le sait qui est venu nous disputer la Bande d'Aouzou au Tchad. Le terrain n'est pas partout le désert plat que l'on imagine pour une bataille de chars, mais coupé de massifs érodés parfois hauts.

Au nord-ouest le Djebel Nefoussa (kabyle) fait 190km de long et culmine à 968m ; au sud, le massif volcanique du Tibesti culmine à 2286m en Libye mais monte jusqu'à 3415m au Tchad (4 autres sommets à plus de 3000) ; les djebels de l'intérieur comme le Djebel Akhdar en Cyrénaïque près de la côte (872 mètres), le Djebel as-Sawda en arrière du Golfe de la Grande Syrte et le petit massif de l'Hulayq al Kabir qui monte à 1200 mètres dans la région d'Al Jufrah, sont autant de points d'alignement et de résistance. Reste à la frontière algérienne les Monts Acacus (1428m) dont nous vous passons une image parlante. Ils sont adossés au plateau algérien du Tassili qui est à 1000m en moyenne sur 120000km².
Donc le champ de manoeuvre n'est pas la plaine à joncs entre Tigre et Euphrate (suivez mon regard) !

Les renforts touaregs montent déjà du Niger, du Hoggar, du Tchad et du Darfour, et monteront aussi longtemps qu'ils seront soldés.

Quid de l'Algérie
Le jeu de l'Algérie qui a une longue frontière commune avec la Libye en plein Sahara n'est pas clair. Cinq mille garde-frontières contrôlent les imports pour empêcher le trafic d'armes lourdes vers AQMI, mais dans l'autre sens la marée des mercenaires leur passe dans le dos. Ceux-là rapporteront des armes en quantité à la fin du conflit, qui nourriront toutes les disputes tribales de la région. Jusqu'en République sahraouie démocratique occupée ?
D'un autre côté, la victoire de la révolution libyenne couplée à des réformes sérieuses au Maroc, augurent mal d'un apaisement du mécontentement populaire algérien. La voie est étroite pour l'oligarchie militaire au pouvoir, elle navigue au gré de ses intérêts propres, sans principes affirmés. On peut penser que le chaos le plus médiatisé possible en Tunisie et en Libye sert leur cause en montrant à la jeunesse perdue d'Algérie mais surtout à la classe moyenne, qu'il y a bien pire !

Kadhafi, Gbagbo, même combat : durer
C'est Mouammar Kadhafi qui a l'initiative. Un fou a l'initiative. Soit il se retire "dans l'honneur" d'un exil négocié par Chavez, en compagnie de son infirmière ukrainienne - mais où ? au Vénézuela, pas de sable où planter la tente ! - et l'affaire se termine dans une conférence des tribus libyennes qui voudront peut-être revenir au modèle monarchique antérieur, gage de paix. Ils ont déjà retrouvé les drapeaux. Soit il fait sienne la Tripolitaine, expulse les insurgés, partage le pouvoir avec les tribus bédouines et les Touaregs du sud, et attend de voir la réaction internationale. Dans la mesure où les armes se taisent, même dans la paix des cimetières, il peut faire le roi de Tripolitaine jusqu'à sa mort - sûr que ça le botterait !
J'en prends le pari car les gouvernements détestent les reportages sanglants qui sont autant d'appels à intervenir. Mourir en silence ne les dérange pas. La "communauté internationale" s'est déjà accomodée de ses frasques malgré deux attentats aériens spectaculaires³, elle continuera, au moins pour l'or noir du Fezzan et l'exploitation tranquille des gisements voisins.

Maintenant, tout peut changer en mieux depuis que notre marchand de bois & philosophie s'est rendu à Benghazi faire une télé avec le Conseil National Transitoire et lui prodiguer ses conseils.
Le titre du billet exclut l'hypothèse aussi probable d'une défaite du raïs libyen, qui l'emporterait dans la tombe.
Mais c'est peut-être prématuré.


Note 1: BPC Mistral et frégate anti sous-marine Georges Leygues en escale à Toulon pour terminer leur armement. Le groupe part pour quatre mois d'application en mer des éleves-officiers de l'Ecole navale.
Note 2: c'est ainsi que le Foreign Office désignait les Chiites de Mésopotamie, leur prêtant peu de vertus guerrières
Note 3: Boeing-747 de la PanAm à Lockerbie (1988) et DC-10 de UTA au Ténéré (1989)
Postscriptum :
On ne peut laisser passer cette pépite que constitue l'analyse percutante du vieux Lider Maximo que le site Bellaciao a traduit pour nous : CLIC.
Une faute d'orthographe, de grammaire, une erreur à signaler ? Contactez le piéton du roi à l'adresse donnée en bas de page et proposez votre correction en indiquant le titre ou l'url du billet incriminé. Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

vendredi 4 mars 2011

La fabrique des amis ④

Avant-propos
Royal-Artillerie donne une série de six billets sur la stratégie chinoise des années à venir. Voici le quatrième. Ce travail s'appuie sur un dossier publié le 10 décembre 2010 par le Qiu Shi Journal, organe doctrinal officiel du Comité Central du Parti communiste chinois. L'original est accessible en cliquant ici.
Chaque billet traite un des six points stratégiques recencés, sous une forme identique : évaluation chinoise de la menace américaine (en rouge), contre-mesures chinoises, analyse du piéton du roi (en bleu). Dans l'ordre, il s'agit de :
① la guerre économique
② la guerre monétaire
③ la guerre médiatique
④ la campagne anti-chinoise
⑤ les bruits de sabres
⑥ l'encerclement

LA PROPAGANDE ANTI-CHINOISE

A mesure qu'approchaient les élections de mi-mandat, les questions phares n'étaient pas sur les candidats au Congrès, mais la Chine. C'était comme si tout devait être lié à la Chine. Tout le monde répétait constamment, "la Chine, la Chine, la Chine". Le New York Times rapporta qu'au moins vingt-neuf candidats aux élections de mi-mandat jouaient la carte anti-chinoise. Autant pour les Républicains que pour les Démocrates, la Chine, comme un sac de sable que l'on frappe à l'envi, est blamée pour la crise économique actuelle aux Etats-Unis. Les hommes politiques ont intérêt à manipuler les sentiments protectionistes toujours en hausse parmi les votants. Ces candidats sont en compétition dans l'utilisation du label "anti-Chine" pour amasser de cette façon des voix. L'intensité de la campagne anti-chinoise peut être qualifié presque de guerre civile contre la Chine.

Répliques chinoises

Aimer nos ennemis lointains. Attaquer un ennemi proche et faire ami avec un ennemi lointain fut l'un des morceaux les plus brillants d'une sagesse politique au cours du printemps et de l'automne. C'est encore la meilleure stratégie diplomatique pour la Chine. Concernant la tentative américaine de bâtir une alliance anti-Chine, les contre-mesures chinoises d'amitié avec nos ennemis lointains sont au nombre de trois :
. Premièrement, dés-intégrer les alliés traditionnels des Etats-Unis, en particulier l'Union européenne.

. Deuxièmement, renforcer la collaboration stratégique avec les pays voisins des Etats-Unis.

. Troisièmement, monter une coopération avec l'Afrique et d'autres régions auquelles les Etats-Unis ne portent pas attention.
Voyons d'abord comment mettre en oeuvre la première stratégie. La désintégration de l'Union soviétique¹ et une Russie affaiblie supprima le rival stratégique et la plus grande menace de l'Union européenne. Le souci de la guerre est extirpé de la pensée européenne et la paix est la norme. Il n'y a aucune raison d'exister en Europe pour les Etats-Unis, et il est quasi-certain que l'Europe n'a pas besoin des Etats-Unis dans l'arène militaire. Y a-t-il donc une nécessité économique pour les Etats-Unis ?
Les économies des Etats-Unis et de l'Union européenne sont assez homogènes ; elles sont plutôt en concurrence réciproque qu'interdépendantes. La crise financère globale a fait endosser d'énormes pertes par l'Europe et presque rien pour les Etats-Unis. Cela a fait reconnaître à l'Europe que les Etats-Unis ont une valeur moindre. De nombreux pays européens ont pris conscience que l'Europe n'a pas besoin des Etats-Unis et cette distanciation entre l'Europe et les Etats-Unis est une opportunité pour la Chine.
Les relations économiques complémentaires entre la Chine et l'Union européenne sont plus fortes que la dépendance économique entre l'Union européenne et les Etats-nis. Par conséquent, la Chine doit focaliser sa stratégie de "faire ami avec ses ennemis lointains" sur l'Europe. Récemment, la Chine a accru ses échanges avec la France, le Portugal, la Grèce, l'Espagne, l'Allemagne et le Royaume-Uni, renforçant ce faisant sa coopération économique avec l'Europe de manière significative. C'est la bonne direction stratégique.

Nous devons avoir le courage de mettre en oeuvre la deuxième stratégie. L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Même s'il n'est pas vraiment notre ami, il peut être utilisé pour contenir les Etats-Unis. En Amérique, les pays entourant les Etats-Unis ne forment pas un bloc. la Chine peut étendre sa coopération à Cuba, au Venezuela et à d'autres pays qui ne prennent pas leurs ordres aux Etats-Unis. En complément, la Chine doit renforcer sa coopération avec le Mexique, le Brésil, l'Argentine et avec d'autres pays du continent américain, dans les domaines économique et commercial. Les économies de ces pays ne concurrencent pas si vigoureusement l'économie chinoise, et il y a de large secteurs de collaboration, en particuleir dans l'agriculture. La Chine doit réduire son commerce agricole avec les Etats-Unis pour l'enrichir avec les autres pays d'Amérique. Elle doit faire bon usage de l'énorme marché agricole, un levier stratégqiue et diplomatique important, pour contenir la stratégie diplomatique des Etats-Unis.
Sur cette (ndlr: deuxième) stratégie, la Chine n'a fait ni bonne planification ni bomme mise en oeuvre ! On doit saisir l'opportunité actuelle où les Etats-Unis négligent le continent américain pour affaiblir leurs arrières stratégiques.

Troisième : Nous devons cultiver l'Afrique énergiquement. Pour le moment les relations diplomatiques de la Chine et des pays africains sont bâties sur une bonne base et les projections sont prometteuses. Les pays africains non seulement aident la Chine dans la compétition diplomatique internationale, mais dans les années récentes, nous avons aussi renforcé nos liens dans les domaines économique et commercial. Cependant, il n'y a pas eu beaucoup d'échanges militaires, d'où le manque de protection des intérêts stratégiques et économiques chinois en Afrique. La piraterie est endémique à la Somalie et la communauté internationale ne fait que crier au lieu de réagir efficacement contre la piraterie. Par conséquent la Chine peut utiliser cette situation pour étendre sa présence militaire à l'Afrique.

Copyright : le texte français est traduit d'un original anglais produit par Chinascope.org avec leur permission explicite à Royal-Artillerie en date du 11 février 2011. L'original chinois sur Qiu Shi a été lu pour chaque billet de la série afin de dénicher tout contresens.

Note (1): c'est le cauchemar du PCC qui a justifié à ses yeux et continue à justifier la répression féroce de Tian-An-Men (1989)

Analyse du piéton du roi

Débutants en démocratie appliquée, les cadres du Parti communiste chinois ont du mal à faire la part de la propagande électorale et la défense des intérêts bien compris d'une nation occcidentale. Ils ont encore plus de mal à accepter que le corps électoral n'y croit pas vraiment non plus, cela faisant parti d'un jeu périodique national télévisé que la moitié des gens zappe par manque d'attention.

La politique africaine des Etats-Unis s'est réveillée quand la France, l'allié historique le moins aimé, risqua de mettre en minorité le représentant américain à l'Assemblée générale des Nations-Unies à New York par le rallye des "mandataires" de la Francophonie. C'était lors de l'affaire d'Irak. Pivotant sur sa base traditionnelle de soutien au Maroc et tendant la corde par dessus l'Algérie complice (l'or noir commande) jusqu'à l'Egypte dont ils ont carrément acheté l'armée, les Etats-Unis ont neutralisé le détonateur lybien et commencé la longue marche de la reconquête des coeurs et des comptes. George W. Bush a fait un gros travail de lobbying derriere dans la tournée africaine anti-sida (de conserve avec Bill et Melinda Gates ?). L'US Army a pris ses quartiers à Djibouti, et le bizness américain est en tournée permanente sur tout le golfe de Guinée depuis Dakar. S'y ajoutent les connexions offshore dans le pétrole. Et Obama est kenyan.

Le PCC surestime gravement la collaboration sino-africaine qui du point de vue des administrations locales est une aubaine à prendre en passant et un levier pour faire monter les enchères auprès de leurs bailleurs de fonds traditionnels, mais pas un pacte d'amitié.
La colonisation rampante de la diaspora chinoise en Afrique commence à irriter les autochtones à deux motifs au moins, la jalousie de la réussite rapide des Chinois comme partout - ils savent travailler et se financer -, et le mépris endémique du céleste pour le akwai qui finit par transparaître dans le ton pris pour donner des ordres à la domesticité ou aux ouvriers agricoles.
Le pouvoir chinois serait bien avisé de prendre en considération les attentes et les moeurs politiques des habitants du continent africain et pas seulement d'apâter les responsables politiques. A défaut, leurs échoppes brûleront à la première émeute, comme en Indonésie et les contrats de matières premières seront caducs du jour au lendemain. Plus les morts.

Pour ce qui est de l'Amérique latine, c'est une autre paire de manches. Sur la carte, les points d'appui pour une politique agressive à l'endroit des Etats-Unis sont faciles à identifier. Venezuela, Bolivie, Nicaragua. Cuba est hors-jeu, et les trois précités sont des pays impuissants. Mais il reste tous les autres. Prêts à tous les accords commerciaux possibles, les pays normaux d'Amérique latine n'ont aucune envie de se confronter aux Etats-Unis si ceux-ci ne les briment pas. La seule politique du Département d'Etat est justement de coopérer dans le domaine économique sans s'ingérer dans le domaine politique intérieur.
La Colombie est un cas à part, d'un côté c'est le second Porto-Rico, de l'autre c'est pour Pékin la porte d'accès au continent sudaméricain. Le projet sino-colombien d'un chemin de fer sur canal sec (clic) pour le trafic de containers permettant de bipasser le canal de Panama est assez déstabilisant pour les Etats-Unis qui, après avoir perdu l'autorité politique sur "leur" canal, ont vu les ports d'entrée donnés aux Chinois de Hong Kong². Contrer ces infrastuctures ne pourra réussir qu'en aidant Panama à doubler les siennes pour garder l'avantage fret.
Donc business as usual est l'alpha et l'omega de la politique d'Hillary Clinton. Et jusqu'ici ça marche assez bien.

Par contre, faire fermenter l'anti-américanisme européen est assez bien vu. Les relais sont nombreux, actifs et bien placés. Les maillons faibles sont les PIGS plus la France et l'Italie, qui ne refuseront pas la perfusion même si elle les empoisonne.
Resterait à briser l'OTAN pour faire aboutir la "stratégie". Mais le pronostic n'est pas linéaire ni engagé. Si l'Union européenne ectoplasmique peut réagir à la médecine chinoise, la perception par les Européens d'une déstabilisation chinoise de l'Alliance atlantique risque d'avoir l'effet contraire, pour la bonne et simple raison que les pays d'Europe ont mis les quelques oeufs que leur laisse la social-démocratie dans le même panier et qu'ils n'en ont aucun à mettre ailleurs. Donc un seul parapluie, l'OTAN.
On notera en passant que la guerre d'Afghanistan menée par la FISA constitue des manoeuvres permanentes en vraie grandeur d'une armée complexe et l'on peut dire avec certitude que les états-majors OTAN ont aujourd'hui une préparation au combat sans égale ailleurs.
Le seul bénéfice que la Chine puisse retirer d'une subversion économique de l'Europe est de prévenir la réinstallation de barrières douanières réclamée par les partis nationalistes. Ce qui n'est quand même pas rien.

Digest
Les cadres du PCC imaginent assez bien l'avenir de la Chine qu'ils projettent sur des lignes droites. Ils ont le défaut de croire que l'environnement international tel qu'ils le voient est figé ou d'évolution lente comparée à la leur. Les nations européennes ont une vieille pratique de l'Afrique et celle-ci représente pour eux une bombe démographique qu'ils sont obligées de surveiller. Ils ne cèderont pas vraiment la place à une puissance lointaine qui met le développement des infrastructures de vie en dernière position de leurs soucis, laissant la bombe amorcée.
La situation latino-américaine est symétrique pour les Etats-Unis avec le facteur agravant de la continuité territoriale.
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