mercredi 31 décembre 2014

Saint-Sylvestre, un seul jour

Les graphomanes de la blogosphère s'échinent à récapituler l'année morte. Ça fait bien et c'est raccord avec les vœux qui normalement se déclenchent au premier de l'an derrière ceux de l'Elysée*. Royal-Artillerie va faire un résumé 360 fois plus ramassé que le standard de la profession. Nous allons ensemble revoir les dernières vingt-quatre heures de l'année. En vrac.

Ce qui m'a frappé vient d'abord de New York. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a mis au panier le protocole palestinien de sortie de crise dont je rappelle les trois points essentiels pour les lecteurs de sous-préfecture : retrait d'Israël des territoires occupés dès l'an prochain, proclamation d'un Etat palestinien dans les frontières internationales de 1967 avec pour capitale Jérusalem-est. Avigdor Lieberman qui est à la diplomatie ce qu'un yéti est au soufflage de verre a jugé aussitôt que « les provocations et les tentatives d'imposer des mesures unilatérales à Israël ne mèneront les Palestiniens nulle part ». Il est le ministre des Affaires étrangères de l'Etat hébreu et oublie que "nulle part", ces messieurs de Ramallah y sont depuis bien trop longtemps pour que ça finisse simplement, surtout avec l'empilage des provocations immobilières des promoteurs juifs en zone arabe ; je zappe le maintien de l'ordre à la schlague rappelant les beaux jours de l'Occupation.
Pousser les gens au désespoir encore et encore se termine parfois mal. La prochaine Intifada accourt et Lieberman ne veut pas la voir, confiant dans les chenilles de ses chars. Si dans la classe politique aux affaires à Tel Aviv il y avait cent shekels de bon sens, on y comprendrait que le monde et l'Occident surtout ont épuisé leurs glandes lacrymales aux malheurs d'Israël. A bon entendeur, salut, et tant pis pour les sourds, YHWH reconnaîtra les siens.

Il tournait un tweet hier soir repris d'une déclaration ancienne du défunt président de Zambie à propos de la Chinafrica : « “We want the Chinese to leave and the old colonial rulers to return. They exploited our natural resources too, but at least they took good care of us. They built schools, taught us their language and brought us the British civilisation… at least Western capitalism has a human face; the Chinese are only out to exploit us.”» (source The Economist-2011).
C'était en 2007, quand Michael Sata, une grande gueule politique alors dans l'opposition, faisait campagne contre le pillage du cuivre organisé par les Chinois qui avaient posé les "rails de l'amitié" pour charger plus facilement.
Là-aussi, il semblerait que les néocolonialistes n'aient pas tiré argument du ressentiment provoqué par leur cupidité pour améliorer leur approche des sociétés africaines. Un reportage hier sur la vanille de Madagascar, tombée dorénavant dans les mains chinoises, était édifiant. Les nouveaux maîtres ont baissé la qualité au bénéfice de la quantité et baissé les salaires aussi pour emporter plus de marge. Ce reportage sera rediffusé sur Public Sénat le dimanche 04/01/2015 à 04h40. Les vieux bwanas leur diraient dans l'oreille qu'il fut un temps où l'on trouvait du casque bleu à fricassée sur les marchés de l'intérieur du continent qu'ils ne le croiraient pas. Et pourtant ! Le chinois c'est moins dur à mastiquer que le suédois !

Nous rentrons tous d'Afghanistan, sauf l'appui-feu aérien de l'US Airforce, et les instructeurs yankees d'une armée nationale qui peine à se mettre en colère contre les pithécanthropes d'un islam revisité par des malades, à moins qu'il soit ainsi dans ses tréfonds, ce qui me saoule aussi ! Il y a des provinces afghanes où le protocole américain de Joe Biden a fonctionné, d'autres non. Ce protocole était de (1) Nettoyer le pays carré par carré, mettre au propre et remettre aux autorités locales entre-temps formées à niveau ; (2) Tuer Ben Laden ; (3) Sécuriser les ogives nucléaires pakistanaises. Rien à dire sur le (3), j'ignore tout comme tous, mais j'observe que l'Armée pakistanaise et l'ISI ont décidé de tuer carrément toute la racaille talibane des FATA après le massacre au collège de Peshawar il y a quinze jours. Incidemment ça va dans le sens de la sûreté des installations. Allah reconnaîtra les siens sans les mélanger.

Ce sera le dernier point du dernier jour : La Lituanie entre dans l'Eurogroupe. Ses fondamentaux sont excellents mais la première raison est bien sûr le renforcement de la sécurité nationale en intégrant totalement l'Occident. Les trois républiques baltes (2 baltes et 1 scandinave en fait) craignent de plus en plus que l'ours russe ne pète les plombs si rien ne va comme il le souhaite et c'est bien ce qui se passe en Russie et autour, Biélorussie, Kazakhstan, AzerbaIdjan ont plus que des réticences sur la façon dont Moscou soutient ses minorités. L'économie russe est gelée sur pied sauf l'inflation, le rouble brûle les doigts, le petit Csar passe pour un abruti et la diplomatie russe a perdu toute crédibilité. Le logiciel archéo-soviétique qui anime la réflexion du Kremlin n'augure rien de bon, et si nous devisons ici tranquillement adossés au fauteuil, à Vilnius, Riga et Tallin on serre les fesses ! Il semblerait quand même que le Pentagone prendra le risque de faire peur à tout le monde si les colonnes russes traversent les pays baltes vers leur enclave de Kaliningrad, oblast ruiné parmi bien d'autres. On peut s'attendre à une revendication de "couloir" comme pour Dantzig ou n'importe quoi d'autre selon les relectures stratégiques du moment. Penser que ce type est soutenu par de nombreux affidés en France me la coupe. Il a dû les impressionner en tuant un tigre saoul à mains nues ou un truc de ce genre !

C'est tout. Si vous lisez ce billet à partir de demain, la coutume m'autorise à vous souhaiter une bonne année. Enfin... on s'est compris.

Notes:
(*) que je me fais un devoir d'ignorer



samedi 27 décembre 2014

Confort de l'Histoire

Régine Salens¹ (Noblesse & Royautés) nous apprend que le prince de Bourbon replie les gaules de l'Institut Duc d'Anjou à la fin d'une année fertile en déclarations pugnaces et rassurantes sur l'état calamiteux du pays. La chose est confirmée par le Lien légitimiste² numéro 60 qui est tombé dans les boîtes juste avant la Noël. C'est maintenant l'Institut de la Maison de Bourbon qui retrouve ses faveurs et les Bauffremont ont donc remis le visage du prince Louis dans la bannière des pages dédiées au journal IMB-info, laissant sur l'index du site celui de son père, le prince Alphonse, fondateur de la structure. Les cadres de l'IDA sont invités à rejoindre !

Les raisons plus particulières de cette fusion n'ont pas de place sur ce blogue, mais l'expérience que nous avons retirée de confrontations passées avec les Ultrabrite de la Légitimité qui meublent la pensée de ce groupe patrimonial, nous laisse accroire que la politique est désormais rangée au rayon des choses sales pour laisser toute sa place à la Révélation et aux Lois immuables du Royaume de France, fondamentales, intactes, inapplicables, inutiles. «Souviens-toi!» sera la devise exclusive de la maison du Prince.

Pour avoir éprouvé le confort du commémoratif - le président de l'UCL se défendait un jour de toute ambition de restauration devant le monument au Comte de Chambord à Ste Anne d'Auray, en réponse au journaliste local qui faisait son papier - l'Institut de la Maison de Bourbon et ses relais vont continuer à propager le souvenir enjolivé de l'Ancien régime à destination des Happy Few disposant de temps libre, et organiseront deux ou trois cénacles confidentiels mais très pointus pour montrer le niveau entre soi.

Sans doute Louis de Bourbon a-t-il apprécié les cohortes serrées des Chevaliers Teutoniques, de Malte et du Saint Sépulcre qui le conduisirent au printemps dernier de l'église Saint Eugène à la cathédrale Notre Dame de Paris. Ça ne mange pas de pain et la photo est belle. Le vieux comte de Paris et son épouse espagnole étaient même venus l'accueillir sur le parvis. Pourquoi se compromettre encore dans des tentatives avortées de retournement des fatalités qui précipitent la France au déclin ? On fera l'Expiation à Paris et à Vienne, les Invalides, la Chapelle royale de Versailles, pourquoi pas un retour à Goritz, mais on ne se mettra pas en frais pour des commémorations connotées mettant en danger dons et legs, mécènes et subventions - que le futur me traite de menteur ! Le carton des vœux 2015 en famille est d'une rigidité de plomb, presque une corvée à voir la sécheresse du texte. La belle princesse n'arrive pas à sourire.


2014 fut aussi l'année où nous attendîmes avec impatience le corpus doctrinal du prince de Bourbon sous la forme d'un livre d'entretiens, annoncé, reporté, ré-annoncé, pour finir je ne sais où³. Nous pensions avoir plus à comprendre dans l'ouvrage qu'une simple déclaration de patrimoine comme en produit l'héritier d'Orléans qui se dit légataire des Quarante Rois en pure perte d'ailleurs, hors du mouvement royaliste, personne ne sait ce que représente cette "succession".

Alors ! Une queue de trajectoire ? l'ébauche d'un schéma constitutionnel dans la veine du discours de New York ? sans y croire, un peu quand même, l'établissement d'un vrai secrétariat politique comme son père l'avait monté en son temps ? Nous n'aurons rien, faute de nègre ou de matière, ou d'intérêt, nul ne le sait. Que le futur me fasse encore mentir ! J'en serais heureux.

Restent nous, les manants, gueux et drôles, ribauds et brigands du roi, pov'cons.
Rengainez vos rapières ! On vous demande de cotiser et d'applaudir au signal : passent les rois-mages partis aux écrouelles derrière la Fanfare royale d’Hanzinne.

Tiens, c'est demain les Saints Innocents ?

Bonne Fête !



(1) le billet est rédigé par l'un de ses équipiers, Léopold
(2) page 7, fin de la 3è col.
(3) Un Roi pour la France aux Editions du Moment avec Yves Derai et Jean-Baptiste Giraud.
Quatrième de couverture diffusée par l'éditeur:
Alors que la France traverse une crise politique majeure, d’aucuns évoquent la fin inéluctable de la Ve République et appellent de leurs vœux une VIe République. Et si cette VIe République prenait la forme d’une… monarchie parlementaire à l’espagnole ? Louis de Bourbon, potentiel Louis XX, trente-huit ans, héritier légitime de la couronne de France, se déclare "disponible pour la France". Il n'a pas, jusqu'ici et officiellement, fait état de ses intentions et de ses perspectives. Ce livre est un véritable "coming-out" d’un prétendant au trône qui se dévoile, mais prend aussi clairement position sur de nombreux sujets majeurs de société ou d’économie. Il confirme cet engagement et en explique pour la première fois longuement les raisons en acceptant de répondre aux questions de deux journalistes, etc.




jeudi 25 décembre 2014

Adresse de la Reine à ses sujets

Voici le discours de Noël de la Reine d'Angleterre. Ô combien j'aurais aimé entendre à la veillée un discours du Chef d'Etat français du même niveau. Les locataires à bail précaire du palais de l'Elysée n'ont pas la classe requise pour parler aussi simplement et chaleureusement à 80 ou 90% des citoyens qu'ils disent et croient représenter. Ils ne sont que les zizigougous de la pochette surprise démocratique, bien peu de choses, on va le voir. Quand on pense que Guy Mollet avait ouvert la discussion avec Londres pour une union des deux pays aboutissant forcément à prendre la reine Elizabeth II comme chef d'Etat français (clic), nous eussions été privés des Mitterrand, Chirac, Sarkozy et l'autre dont j'ai perdu le nom. Damned !

- SM Elizabeth II le 24 décembre 2014 -
In the ruins of the old Coventry cathedral is a sculpture of a man and a woman reaching out to embrace each other. The sculptor was inspired by the story of a woman who crossed Europe on foot after the war to find her husband.
Casts of the same sculpture can be found in Belfast and Berlin, and it is simply called Reconciliation.
Reconciliation is the peaceful end to conflict, and we were reminded of this in August when countries on both sides of the first world war came together to remember in peace.
The ceramic poppies at the Tower of London drew millions, and the only possible reaction to seeing them and walking among them was silence. For every poppy a life ; and a reminder of the grief of loved ones left behind.

No one who fought in that war is still alive, but we remember their sacrifice and indeed the sacrifice of all those in the armed forces who serve and protect us today.
In 1914, many people thought the war would be over by Christmas, but sadly by then the trenches were dug and the future shape of the war in Europe was set.
But, as we know, something remarkable did happen that Christmas, exactly a hundred years ago today. Without any instruction or command, the shooting stopped and German and British soldiers met in no man’s land. Photographs were taken and gifts exchanged. It was a Christmas truce.
Truces are not a new idea. In the ancient world a truce was declared for the duration of the Olympic Games and wars and battles were put on hold.

Sport has a wonderful way of bringing together people and nations, as we saw this year in Glasgow when over 70 countries took part in the Commonwealth Games.
It is no accident that they are known as the Friendly Games. As well as promoting dialogue between nations, the Commonwealth Games pioneered the inclusion of para-sports within each day’s events.
As with the Invictus Games that followed, the courage, determination and talent of the athletes captured our imagination as well as breaking down divisions.
The benefits of reconciliation were clear to see when I visited Belfast in June. While my tour of the set of Game Of Thrones may have gained most attention, my visit to the Crumlin Road Gaol will remain vividly in my mind.
What was once a prison during the Troubles is now a place of hope and fresh purpose; a reminder of what is possible when people reach out to one another, rather like the couple in the sculpture.

Of course, reconciliation takes different forms. In Scotland after the referendum many felt great disappointment, while others felt great relief ; and bridging these differences will take time.
Bringing reconciliation to war or emergency zones is an even harder task, and I have been deeply touched this year by the selflessness of aid workers and medical volunteers who have gone abroad to help victims of conflict or of diseases like Ebola, often at great personal risk.

For me, the life of Jesus Christ, the prince of peace, whose birth we celebrate today, is an inspiration and an anchor in my life. A role model of reconciliation and forgiveness, he stretched out his hands in love, acceptance and healing. Christ’s example has taught me to seek to respect and value all people, of whatever faith or none.
Sometimes it seems that reconciliation stands little chance in the face of war and discord. But, as the Christmas truce a century ago reminds us, peace and goodwill have lasting power in the hearts of men and women.
On that chilly Christmas Eve in 1914 many of the German forces sang Silent Night, its haunting melody inching across the line. That carol is still much-loved today, a legacy of the Christmas truce, and a reminder to us all that even in the unlikeliest of places hope can still be found.

A very happy Christmas to you all.
(courtoisie The Star de Toronto)
Poppy ou coquelicot

lundi 22 décembre 2014

Nous avons d'abord un problème politique

Le peuple va au ski l'esprit moins tranquille que d'habitude. Certes la neige n'est pas épaisse et moins de pistes seront ouvertes mais le tracas est ailleurs. On quitte pour quelques jours son chez soi, ses activités professionnelles, ses amis souvent, en ayant l'impression que rien ne restera fixé en notre absence, tout finalement peut arriver. Si l'avenir est bouché, le sol bouge et nous inquiétons même nos voisins qui nous regardent de travers. Nous percevons que le système est foireux, à la masse de gens sans travail qui nous entourent, et le pouvoir nous assomme de petites choses sans intérêts comme pour cacher son impéritie : feux de cheminée, crèches, cannabis, sans-papiers, dimanches ouvrables, aéroport de Nantes... Quelle que soit la compétence des services de l'Etat, le gouvernement en charge du pays ne donne pas confiance, à l'image du président qui a plongé lui-même dans la plus parfaite déconsidération en se comportant comme un... (inutile d'injurier un métier, il n'y en a pas de sots). Il faut dire qu'il a mis le paquet pour tester sur lui l'effet du Ridicule. En bref, il peut se passer n'importe quoi dans la plaine pendant qu'on améliore le planter du bâton !

Grâce au modèle social que le monde entier nous envie sans jamais oser le demander, les problèmes économiques français sont avant tout des problèmes sociaux. Si des génies de la saine gouvernance peuvent résoudre les équations financières, il n'y a qu'une volonté politique pour affronter les nombreuses dérives de l'assistance publique, sans encore toucher aux schémas de Ponzi construits partout pour faire rouler les trains du Progrès, qui, eux, convoquent un titan. Or les quinze dernières années ont montré à l'envi que nous - les cons - avions garni les allées du pouvoir de velléitaires et aucun caractère suffisamment trempé pour affronter lobbies, syndicats, corporations et autres gangs. Au-delà des compétences nécessaires, nous cherchons aujourd'hui une volonté politique. Et il n'y en a pas ! Par contre nous ne sommes pas en peine de mimes et de clowns dans l'emploi.

La fonction présidentielle est d'abord celle d'une pointe de pyramide, un repère fixe, visible de partout, un peu ce clocher au village qu'on voyait de tous les champs sur les chromos des calendriers. Nous n'en avons pas. Le dernier président qui émettait des ondes rassurantes était Georges Pompidou. Ils ont depuis dégringolé les marches : se sont succédé, un pharaon coupé des réalités qui déclara vouloir vider le programme de son adversaire de sa substance (?!); un pervers politique qui détruisit l'esprit entrepreneurial du pays pour nourrir ses électeurs ; un grand dépendeur d'andouilles qui tourna au roi-fainéant quand il eut compris qu'on ne pourrait rien lui reprocher s'il ne faisait rien ; une pile à décharge du modèle le plus vulgaire en rayon ; et puis ça, le casque de la rue du Cirque !
La fonction seconde est la décision. Inutile d'épiloguer... c'est un désastre.

La pyramide politique du pays n'a plus de faces planes, la pointe n'existe pas, la base est en liquéfaction lente parce que le premier parti de France est celui des émigrés de l'intérieur. Ils laissent le champ libre à un nouveau parti, celui des râleurs, sans programme construit ni tenable. Le bureau politique du Front national dérive sur la mer des idées en fonction de la pêche aux voix ; les prébendes sont maintenant à portée d'urnes, tout est valable, on frétille même du croupion. Entre-temps, le gouvernement donne le change en agitant le tapis de poussière mais les coups de menton du Premier ministre ne convainquent personne. Il faut dire que les hiérarques socialistes à la manœuvre sont particulièrement gratinés. Le sentiment d'inquiétude est général, il traverse aussi ma famille et je fais ce billet un peu découragé.

C'est paraît-il ce que n'éprouvent pas les sujets des monarchies du Nord, qui au milieu de leurs soucis ont quand même le repère du roi ou de la reine, astreint en famille à des manifestations coutumières exaltant les traditions rassurantes et communiquant avec leur peuple, sans arrière-pensées politiciennes, pour exprimer la continuation de la Nation. L'implication tardive de la Reine d'Angleterre dans la dispute écossaise fut... magistrale.
Pourrions-nous en France en bénéficier ?

Certainement ! Avec qui, est une autre histoire ! Nous avons aussi un problème politique de ce côté. On y reviendra.

lundi 15 décembre 2014

On replie l'ombrelle

La dernière barricade fut ôtée ce matin à Causeway Bay. Une poignée d'irréductibles gaulois ont été embarqués pour la forme. Ce billet n'est pas la relation des événements. Pour en savoir (beaucoup) plus, il faut lire en anglais le South China Morning Post et le Straits Times ou le Taipei Times. Ce billet est une réflexion personnelle gratuite sur ces événements. Personne n'est obligé de continuer :)

On savait déjà les Hongkongais particulièrement sensibles aux droits civiques, héritiers qu'ils sont quand même de la vieille Angleterre. On savait les Chinois continentaux capables de brutalité et même plus si Zhongnanhai lâchait la bride au gouvernement local, renforcé de milices improvisées sorties des bas-fonds. Le scénario était écrit d'avance et finalement personne ne l'a suivi. Les répliques du "tsunami de l'ombrelle" ont malgré tout atteint Formose et le Kuomintang restera la victime collatérale, peut-être la seule. Étonnant, non ? comme disait Desproges. J'essplique :

Après le premier mouvement de masse en défense de la démocratie altérée que le Royaume Uni parvint à arracher au pouvoir communiste chinois, on a vu un mouvement important défendant la sinisation du pays et de ses moeurs, prônant la paix économique et sociale pour préserver l'aura de Hong Kong, troisième puissance financière du monde. La galaxie Nylonkong c'est par ici ! Ce n'est pas rien, car c'est la première fois que les thèses de Pékin trouvent un écho parmi les Hongkongais "de souche". Jusqu'ici les acclamations étaient fabriquées par des contingents de continentaux qui manifestaient sur ordre de peur d'être renvoyés à la misère de leur commune dépopularisée. Pour une première fois est apparu un réflexe de prudence fondé sur deux réalités : la prospérité de la vieille colonie n'est pas inoxydable même si sa première richesse est l'état d'esprit des gens, intact malgré l'anschluss ; deuxièmement, la Chine devient la première puissance économique au monde et cela rend quand même fiers cette race d'entrepreneurs.

Lorsque les choses se sont durcies - assaut du parlement - tous les observateurs s'attendaient à un coup de massue du pouvoir central pour briser la contestation rapidement en faisant "disparaître" les traces comme d'habitude. Sans oser évoquer le 4 juin 1989, chacun pensait à une fin tragique possible, et nombreuses furent les familles à aller récupérer leur progéniture. La police de Hong Kong fut exemplaire au niveau de l'enjeu. Elle a su allier fermeté, mesure et pugnacité. J'aimerais voir agir le ministre de la Police de M. Hollande dans les mêmes circonstances.

Les événements furent observés attentivement de l'autre côté du Détroit et les Taïwanais ont viré le parti historique continental, le Kuomintang de Tchang Kaï Chek, de leurs préférences au simple motif qu'il engageait des négociations en tous domaines avec un ogre qui finirait par le bouffer. Et les gens dans leur immense sagesse de préférer le statu quo du chacun chez soi. C'est peut-être ce qui agace le plus Zhongnanhaï, perdre la collaboration obéissante du parti nationaliste, à cause d'une poignée d'étudiants qui ont voulu rejouer Occupy Wall Street à Hong Kong Central !

En terminant ce billet ne soyons pas naïfs non plus. Il va y avoir des représailles en sous-main menées par la police politique importée. Il n'est pas dit non plus que ces mesures soient toujours appliqués avec discernement. On va vérifier le procès d'intention.
Pour le moins, on s'aperçoit que le peuple de Hong Kong est déjà mature dans sa citoyenneté, complètement impliqué dans la dispute démocratique et capable d'aller au compromis ; ce qui n'est pas notre cas. Prenons-en de la graine.

 

jeudi 11 décembre 2014

Bulles mentales

Quand je serai grand, j'irai vivre en Théorie, car en théorie tout se passe bien. Ce petit clin d'œil à mes amis du Temps des Series' pour vous dire par le détail le scepticisme qui m'anime à contempler l'avenir de la cause royaliste, rien qu'à voir les contours de la bulle mentale dans laquelle tournent les adeptes du canal historique. Si je ne me suis jamais rallié au Sens de l'Histoire avec mon seau et ma brosse à blanc 'OASVAINCRA', j'ai pu malgré tout comprendre qu'elle se déroulait selon un axe, celui du temps qui marque l'impermanence en toute chose. Cette révolution proprement cosmique désorganise le confort intellectuel et moral de tout sectateur d'une foi figée, elles le sont toutes. Ce n'est pas si grave ; il suffit de s'en passer et de choisir l'Evolution à la Création.



En politique, nier l'impermanence c'est du suicide. Vouloir agir au sein de la cité, épingle sur le globe tournant sur lui-même et autour du soleil, et plus encore pour un Bogdanoff, avec une grille de lecture des événements fabriquée deux siècles avant vous, puis suivre un mode de réactions, proclamé empirique qui plus est, dont la première caractéristique est son intangibilité, c'est sans doute présomptueux, pour ne pas aller jusqu'à dire "se foutre du monde", involontairement s'entend. La philosophie dans ses grands principes traverse les époques sans prendre l'eau, mais c'est la reine des sciences ; il n'en va pas de même de l'art de gouverner au jour le jour. C'est justement un art. Une école de science politique ne peut s'en échapper, sauf à devenir le cénacle de ratiocinations gratuites. J'en vois qui cillent, un exemple fera meilleur effet.

Nous savons tous la différence entre pays légal et pays réel. Chaque semaine nous dénonçons l'autisme du pouvoir central et sa malfaisance dans la poursuite d'une idéologie mortifère déjà bien vieillie. Le pays élu ignore le pays qu'il croit représenter, le pays réel. Quel est-il donc ce pays réel ? Chez les héritiers de la formule inventée par l'Action française, le pays réel est un territoire entre quatre mers, coupé de montagnes, fleuves et bois, parsemé de châteaux et de calvaires, où vivent les descendants des Gaulois, catholiques et français toujours. Très bien ! Chez nous, on y sonnait de la trompe en leggings le soir avant de rentrer pour la soupe. Je mets mon duffle-coat, ma toque kazakhe et je sors voir. Apparemment les casques ailés sont restés aux porte-manteaux, juste au dessus du cor de chasse, et pour faire court, on en voit de toutes les couleurs. Vous avez compris où je veux en venir. Non ? Non !
Sont nés chez nous des non-Gaulois. Beaucoup et tous les jours encore. Un nombre tel qu'il est proprement ridicule de zapper cette population (hétérogène en plus) dans tout schéma politique à aucun niveau. L'article étant gratuit en facture et lecture, je ne perds pas de temps à chercher des pourcentages pour faire "théseux".

- Abd Al Malik -
Tous ces gens dont les racines familiales plongent dans les autres continents, entendent vivre ici et beaucoup d'entre eux veulent y réussir leur vie. A cet égard, le film d'Abd Al Malik, Qu'Allah bénisse la France, tiré de son roman autobiographique¹, est une provocation positive qui ne peut être jetée aux orties dans le cadre d'un refus généralisé de l'islam en France. Même s'il doit être contenu, idéalement confiné, l'islam est en France, certes bien loin du modèle de la haute époque comme nous l'a montré hier soir l'émission Des Racines et des ailes en Andalousie. Celui-ci en est-il une version dégénérée, un islam de contrebande ? je ne saurais juger mais Abd Al Malik, musulman élevé chez les curés comme Rachida Dati chez les bonnes soeurs, vit de son travail d'artiste après un cursus universitaire correct. Il nous dit vouloir gagner par lui-même sa place dans un espace social banal, non stigmatisé, ordinaire, pacifique, être comme tout le monde. Les royalistes, pour ne prendre qu'eux, vont-ils le repousser ? A quel motif ? Parce qu'ils ont lu Renaud Camus et sa théorie du Grand Remplacement ?

Qu'elle s'avère praticable ou fantasmée, il n'y aura pas de remigration, hélas. Celui qui a inventé le mot a cru trouver une solution. Ça ne reste qu'un mot. Le concept dérivé est impossible, infaisable. Du temps perdu à se rengorger d'une illusion supplémentaire. Allons-nous une fois encore, comme nos grands anciens, nier les réalités et persévérer dans un monde virtuel sans attaches concrètes dans les cerveaux citoyens ? Tout semble indiquer que les penseurs capables d'évolution ont déserté l'Ecole de Pensée au moment où nous devons nous réinventer pour contrer le déclin que tout le monde observe. Catéchisme de l'abstraction ou doxa d'un empirisme organisateur mal assimilé se disputent les méninges d'abonnés attirés par la simplification de constructions commodes, hors sol, qui tranchent tout au fil coupant d'une intelligence aiguisée certes, mais qui ne bâtissent rien en vrai ! Rien.

C'est François Huguenin qui le plus récemment, dans un ouvrage² resté fameux au sein du microcosme, a mis le doigt sur l'intemporalité cultivée par l'Action française. Il ne le dit pas comme ça mais comme un couvent de trappistes, elle est coupée des réalités du monde dont elle lit le quotidien derrière le prisme maurrassien. Cette analyse est un exercice intellectuel qui n'a jamais pu se traduire par aucune mesure spécifique concrète parce que l'aggiornamento fut de tout temps refusé, on dirait mieux : l'atterrissage ; sauf à archiver pour s'y référer à l'occasion mais jamais la faire évoluer ni en continuer l'invention, une oeuvre aussi considérable que celle de Pierre Boutang. Elle faisait trop d'ombre aux thuriféraires un peu justes du canal historique précisément. Ne soyons pas vache, mais le déroulé thèse-antithèse-foutaise a trop servi de facilité éditoriale.

- François Huguenin -
Et pourtant Charles Maurras, immergé dans son propre foisonnement et bien plus lucide que ses présents admirateurs, récusait le "maurrassisme". S'il ne fut pas capable d'appréhender tout son environnement et se laissa couler dans la Révolution Nationale du Maréchal faisant la balance entre Londres et Vichy, il avait bien quelque part l'intuition d'une évolution dialectique possible ou nécessaire - ce serait faire injure à sa mémoire que d'en douter. Sut-il à la fin qu'il avait raté le virage de la guerre dès Munich ? Quand il crie au procès "c'est la revanche de Dreyfus", on sent bien qu'il y a une immense distance entre les enjeux du moment et son appréhension du monde réel, le besoin aussi de s'en arracher. Superbement intelligent, logicien inégalable, admiré de son vivant, adulé par les bataillons compacts des Camelots, il n'en restait pas moins homme, et à sa surdité s'est ajoutée une cécité sociale qui composait un autisme évolutif jusqu'à devenir une marque de fabrique. Qui se souvient du mot terrible de Bernanos parlant du vieux sourd solitaire !

Cet autisme (enfermement) se retrouve aujourd'hui dans le mode opératoire des chapelles royalistes qui fonctionnent souvent sur le mode opératoire des écoles coraniques (je charge un peu mais c'est par affection). Porter la contradiction dans des débats comme je m'y emploie depuis 2005, débats voulus publics pour faire de l'audience, afin de déclencher une prise de conscience dans des domaines moins patrouillés par les intellectuels, est vain. Il n'est pas innocent que la population active soit absente du mouvement. On entre étudiant à l'Action française, on en ressort marié et salarié, on y revient à la retraite. N'y passent leur "vie active" que les contemplatifs (universitaires, littérateurs, moines, petits rentiers et lève-tard). Les munitions visant à protéger la tranchée sont nombreuses et bien rangées, et les jumelles sont interdites, des fois qu'on apercevrait une bonne idée non conforme. Les organes de propagande sont conçus comme des moulins à prière. Le titre vous dit tout le reste. Il est significatif que le soulèvement magnifique du peuple de France en défense de la famille n'ait rien emprunté à l'Action française ou si peu, car elle n'avait produit aucun outil utile.

Dans la dispute démocratique actuelle, elle pilonne les travers du gouvernement comme le faisait le quotidien historique, à la réserve près que sa propagande ne passe plus par aucun medium de masse et que les critiques aussi justes soient-elles entrent faiblement en résonance de celles d'organes bien plus puissants qui la couvrent de leur bruit. La diffusion est étique et rien ne permet de croire que cette misère médiatique soit déclarée insupportable au sein du mouvement royaliste. On la déplore, on s'en contente, on donne des leçons à qui n'entendra jamais rien, faute de watts ! L'idée de commencer par un tour de table pour réunir des moyens d'investissement dignes de l'enjeu n'a jamais fait mouche. De l'argent ? Mais de qui ? Le modeste site du Million du Roi fut moqué, ce qui serait sans intérêt si une véritable agence d'information avait été créée entre-temps. Rien, nada, à chacun sa quête, sa conférence à cinquante et dix sous, il n'y en aura jamais assez avec des pièces jaunes, mais qu'on le taise. Les Assises du royalisme de 2011 qui devaient mettre à plat les dysfonctionnements, débusquer les impasses, voire sanctionner des objectifs furent rapportées au motif d'une charge trop lourde à porter par leurs (deux) organisateurs qui se gardèrent bien d'appeler les renforts !!! C'est dommage.

- Eric Zemmour -
Mais le plus regrettable n'est pas ça. C'est une inclination à se choisir un "leader" hors les murs, laissant croire qu'il fait défaut au sein du mouvement. Malheur à qui osera critiquer alors le Monk du jour ! Sans remonter à Charles De Gaulle qui s'est bien amusé à jouer des ficelles du marionnettiste avec qui vous savez, je citerai dans le désordre des "républicains" acharnés comme Paul-Marie Coûteaux (CERES), Jean-Pierre Chevènement (CERES), Nicolas Dupont-Aignan (parti personnel), Marine Le Pen (parti personnel) voire Vladimir Poutine (Csar adaptable) et le dernier arrivé, Eric Zemmour (polémiste gaulliste radiophonique). Prenons le dernier cité. Sa compilation du déclin français³ va faire un demi million d'exemplaires vendus (il est là le million du roi :). Ce travail aurait pu être produit et certainement bien mieux rédigé par les gens de la Croix des Petits Champs - les cent premières pages sont un supplice d'attention qui laisse accroire que beaucoup de lecteurs s'arrêtent là. Mais l'ouvrage AF correspondant et facilement meilleur ne ferait, lui, aucun score. Pourquoi ? Parce que Zemmour fait une carrière "dans" l'Opinion depuis dix ans au moins. Il est sorti du trou et se bat sur tous les fronts avec un vrai talent de débatteur, ne manque aucun plateau, se rend indispensable aux producteurs d'émissions ; pour résumer, il mouille la chemise du matin au soir et n'hésite pas à faire de la téléréalité comme lorsqu'il est opposé à Nicolas Domenach. Son alter ego d'Action française n'est pas en capacité de se battre tous azimuts, non par défaut de pugnacité ou de courage mais parce qu'il s'enchaîne lui-même dans une problématique bornée de tabous et écrase sa démonstration d'un "sans le roi point de salut", conclusion qui gagnerait à être rare et soigneusement démontrée au cas par cas, avec une rhétorique moderne (comme s'y emploie confidentiellement mais avec bonheur Jean-Philippe Chauvin). Zemmour convertit en masse, nous ne convertissons pas. Le noyau n'augmente pas, à croire qu'il a pour jumeau un trou noir. A-t-on cherché pourquoi au fond du tonneau vide ?

A cause de ce syndrome de suppléance - à défaut d'entre entendus, prenons les porte-voix disponibles sur le marché politique - ne vous avisez pas de critiquer vous-mêmes ces phares de la pensée qui éclairent le chemin à prendre, balisé de vessies, il vous en cuirait. D'aucun se fit claquer le bec pour avoir osé parler après le député Coûteaux dans une réunion royaliste ; moi-même, plus modestement et sans dommage collatéral évidemment, fus-je sommé de m'amender sur ma critique contre Zemmour par le site marseillais de pensée automatique de La Faute à Rousseau ; après d'ailleurs avoir commis plus tôt dans l'année un billet contre Poutine qui a provoqué la démission du rédacteur en chef, trop sensible à l'ouverture d'angle selon son Conseil. Bien sûr, ces aliens de rencontre sont toujours une aubaine pour les cadres du mouvement. Ils amassent en formules faciles tout ce dont vous avez besoin pour penser droit et que l'océan de textes de la Vieille Maison ne pourra jamais vous révéler à moins d'être de la trempe d'un Tony Kunter. Pourquoi se défoncer à compulser la montagne AF et réfléchir parfois douloureusement si vous lisez du Maurras original, quand le prêt-à-penser est à portée de clic ? Et puis, faire faire plutôt que faire n'est pas un délit, non ?... sauf de paresse. Les journalistes d'avant-guerre doivent se retourner dans leur tombe à lire tous ces "invités étrangers" dans nos colonnes quand jadis ils pensaient par eux-mêmes et faisaient, eux, référence !

Pour conclure, sauf à se donner des moyens considérables pour suivre le train de la propagande médiatique, le vivre petit des dispositifs actuels de diffusion de la pensée royaliste, conjugué à l'entre-soi réducteur du brassage d'idées en vase clos, contribue à notre effacement de la scène politique où tout finalement se joue.
Mais croit-on réellement pouvoir changer quelque chose au monde très imparfait dans lequel nous tâchons de survivre ? Non !
Et c'est bien là toute notre force !


(1) Qu'Allah bénisse la France, Albin Michel 2004, 2014
(2) Une enquête intellectuelle et morale : L'Action française, Editions Perrin 2011
(3) Le Suicide français - Quarante années qui ont détruit la France, Albin Michel 2014




mercredi 3 décembre 2014

Le Génie des Alpages, hors le F'murr**

Le titre aurait pu être "Stratégie du pâté de cheval à l'alouette". Sur l'excellent site la remarquable madrassa royaliste de La Faute à Rousseau, un certain contributeur s'est plu à déployer ses "visions" stratégiques pour le siècle commencé. Et de nous enfermer dans la malle d'osier des "has-been", de celles qu'on oublie au grenier pleines d'objets cassés et inutiles. L'alliance de l'Empereur de Chine et celle du Csar de toutes les Russies scellerait notre sortie de l'Histoire. Il n'y en aura dorénavant que pour les empires du Nord, sauf à renverser nos alliances et à abandonner l'ami américain pour rejoindre sans doute le camp de la liberté nouvelle : le pensum est par ici. C'est à lire quand même.

T72 russe au Donbass 2014
Amalgamer la République populaire de Chine, deuxième puissance mondiale en devenir, populeuse et travailleuse, et la Fédération de Russie dont le PIB italien, gagné par l'extraction de matières premières au main de compagnies étrangères, s'étire sur 160° de longitude et dont l'empreinte au sol est forcément faible, relève de l'outrance dialectique. Suis-je le seul à penser que la Russie d'aujourd'hui est un colosse aux pieds d'argile ?
Bien sûr que non.
Un contributeur, apprécié du mouvement d'Action française², Yves-Marie Laulan, n'y va pas de main morte :
"... La Russie de Poutine ne fait plus peur, elle n’impressionne vraiment plus. Rattraper les USA est devenu clairement un rêve chimérique. La Russie a été ramenée au rang d’une puissance purement régionale. Elle ne pèse guère, sur tous les plans (militaire, économique, géopolitique), pas plus de 10 % – et encore ! – des États-Unis, ou même de la Chine. Tout le monde le sait, sauf Vladimir Poutine..." (sur Bld Voltaire, le billet complet : Requiem pour Vladimir Poutine)

Sans aller jusqu'à citer Guy Sorman qui a recontré Vladimir Poutine et n'en est toujours pas remis - il a eu peur, physiquement peur, c'est là ! - j'ai la conviction que la poutinophilie d'une frange importante de la classe politique aux affaires ou en attente est une maladie psychique dont on devrait analyser les ressorts dans le cadre du triple déclin des idées, de la nation et de l'Etat. Aussi, ce site d'artillerie démodée convie-t-il les spécialistes du cerveau à se pencher non sur la démence napoléonienne du petit Csar mais sur le bonapartisme ridicule des Français qui le suivent.

Nous terminerons la salve en attirant l'attention du lecteur distingué sur la myopie du Kremlin-des-espions qui n'a pu anticiper l'effondrement volontaire des cours du brut décidé par l'Arabie séoudite, premier allié des Etats-Unis, mesure qui ruine l'économie colonisée de la Sainte Russie, écroulant sa monnaie et dispersant ses capitaux par la fuite des comptes de l'oligarchie. Chapeau les stratèges ! Embauchez en France, s'il vous reste une marge d'extralucidité jusqu'au taquet inéluctable du soulèvement populaire quand les tonneaux de gnôle seront vides.

On ne relèvera pas dans ce long billet courageux une saisie trop superficielle de l'état réel de la Chine populaire, parfaitement connu des dirigeants communistes qui ont tous expatrié leur progéniture aux Etats-Unis pour la durée de leurs études et plus si possible, mais pas à Moscou, pas encore du moins. Comme c'est bizarre, mon cher cousin ! Pour terminer sur une note d'optimisme, on peut espérer que, dans sa grande bonté, Dieu qui aime la Russie, retire l'ancien employé du KGB des allées du pouvoir afin que les formidables atouts du pays soient investis dans le développement économique que son histoire mérite. Mais pour cela il faut rompre avec l'architecture mentale des années 50, ce dont Vladimir Poutine est incapable (tout autant que ses thuriféraires).

**F'murr né Richard Peyzaret et dessinateur génial de moutons à l'estive (clic)
(2) YM Laulan sur le site du CRAF :
- Les Années Sarkozy, Editions de l'Æncre
- Sarkozy, un bilan largement négatif
- Lettre ouverte à Alain Juppé
- la Vérité sur la fécondité en France

- la route traditionnelle reste au sud de la Russie -

dimanche 23 novembre 2014

Insécurité ressentie

Vous serez peut-être agacé de regarder ce reportage d'une manifestation islamique à La Concorde, à ce que j'en puis juger. Ce n'est pas long, cinq minutes à peine, qui commencent vraiment quand on voit le drapeau noir de Da'ech. Je ne commente pas, les images sont explicites, autant que celle que j'ai postée en pied d'article ; les portes du zoo ont cédé. Ce qui m'inquiète, c'est la retenue de la police anti-émeute ; on contient, on confine, on filme sans doute... et quoi après ? On accepte ?



Il y a longtemps que je ne repose plus mon esprit sur la police française (au sens large) pour me protéger des Huns d'aujourd'hui. Je sais qu'elle arrivera trop tard. Au mieux sera-t-elle exemplaire dans la technologie déployée... sur mon cadavre ! Scène de crime en blouses blanches, ADN, angles de tir, profondeur de la plaie initiale... sympa !

Qui pis est, faire confiance en la Justice française, c'est jouer aussi à la roulette russe. On ressent une coupable timidité à stigmatiser le prévenu politique ; et qui osera le relier lui et sa propagande au passage à l'acte d'un coréligionnaire ?
Tout ceci pour dire, en pure perte, que l'insécurité est aussi un ressenti.

Sur ce blogue, nous avons maintes fois exalté les fonctions régaliennes de l'Etat qui doivent être sa priorité absolue. Il semble de plus en plus que les missions subalternes voire carrément inutiles aient pris le pas sur l'essentiel. Un Américain de passage à Paris me signalait que nous vivions actuellement un "désastre" (en français dans la conversation) ; je n'ai pas su quoi lui répondre à part d'acquiescer de la tête ! Nos deux derniers présidents sont à ses yeux deux peigne-cul, obsédés par le zob comme l'ancien directeur du FMI, couards mais forts en gueule, incapables d'une vision d'avenir, incultes en économie et finance internationale, petits joueurs en tout !

Ce régime des partis détruit l'Etat qui architecture la France, autant qu'il divise sa Nation pour à dessein la cliver et jouer un camp contre l'autre plus cher du quart de point qui fera la victoire. L'élection est leur seul horizon. Stupidité de la démocratie ! Stupidité de la sélection¹ ! Stupidité du peuple !

La photo de l'abjection maintenant. Repos ! Vous pouvez gerber.

Courtoisie 20minutes

(1) je relisais en rentrant un billet de 2012 qui m'avait été inspiré par le spectacle désolant de la campagne présidentielle : Du bon sens (capétien). Toute l'affaire est viciée par ce cirque systémique ! Au roi et vite !

mardi 11 novembre 2014

Dernier armistice

A cette date l'an dernier, Royal-Artillerie terminait son billet du 75 par cette phrase : « L'an prochain, si nous faisons un billet le 4 août 2014, nous chercherons à comprendre le ralliement de Charles Maurras à l'Union sacrée, et nous briserons là ».

Nous n'avons rien écrit pour le déclenchement de la Grande Guerre, l'espace étant saturé par le pouvoir politique qui cherche par tous moyens à survivre à son impéritie, et nous n'avons pas évoqué le ralliement de Maurras et de l'Action française, qui, au souvenir des conversations que j'eus avec mes grand-pères, ne pouvaient se démarquer de l'enthousiasme qui embrasait casernes et campagnes après la fin des moissons pour une revanche.

La critique reviendra ensuite dans le journal d'Action française, au fil des opérations, et le site de La Faute à Rousseau publie chaque jour le billet "centenaire" de Jacques Bainville. C'est très instructif. Voici la livraison du 11 novembre 1914. Et nous en resterons là.

Un coup de clairon pour la route :



lundi 27 octobre 2014

Allumez les lanternes

Libres propos laissés au Lien légitimiste, qui sont publiés dans sa 59è livraison de septembre-octobre 2014. S'abonner pour six numéros par an à prix cadeau à l'édition électronique en envoyant son chèque de dix euros au Lien Légitimiste - 2, Le Petit-Prix - 37240 La Chapelle-Blanche-Saint-Martin. Edition papier à 24 euros.

Les étés ne se ressemblent pas. L'affluence aux manifestations estivales du mouvement royaliste s'est accrue et le niveau des intervenants a monté. Nous en avons remarqué quatre.
Prenons l'exemple des Journées chouannes de Chiré-en-Montreuil (Poitou), organisées par l'éditeur Diffusion de la Pensée Française pour la 42ème fois ! La manifestation a perdu son caractère de vide-grenier des auteurs rares pour offrir un faisceau de conférences de haute tenue. Qu'on en juge au pupitre où se succédèrent les Argouarc'h, Lugan, Hillard, Pichot-Bravard. Du lourd ! Aller cette année au Camp Maxime Réal Del Sarte du château d'Ailly (CMRDS en Beaujolais), c'était s'immerger dans une analyse particulièrement fouillée du libéralisme contemporain où fut présentée aux auditeurs nombreux la crème du genre. A ce niveau, avec une prime à l'érudition, on trouvait encore l'Université Saint-Louis sous la forme d'un Camp chouan au château de Couloutre (Nivernais) ; la bonne idée est d'en avoir rapidement publié les travaux afin de nourrir la réflexion d'une pensée légitimiste intégrale¹ au risque parfois pris de l'intransigeance, puisqu'à l'UCLF on ne racole pas ! La quatrième manifestation remarquée fut l'Université d'été de l'Alliance Royale à Paris où se succédèrent Me Triomphe, Joël Hautebert, Sandrine Pico Deprez et Yves-Marie Adeline sur le thème du réveil de la France, en continuation des grandes manifestations nationales pour la famille. 2014, un bon cru donc !

Tout cela concerne quelques centaines de personnes. C'est le syndrome du royalisme français, sa confidentialité, la crainte de se compromettre socialement, ce vieux respect humain ! Justement, les universités d'été apportent au royaliste les clefs utiles pour se défendre du scepticisme ambiant lorsque, plein de courage, il aborde en public la pertinence du système monarchique. Dérision, quolibets, querelle dynastique, mœurs princières ? Yves-Marie Adeline avait construit un dossier questions-réponses très utile au début de l'Alliance royale pour armer la réplique. Aujourd'hui, l'Union royaliste Bretagne Vendée militaire cherche à produire un format de propagande abrégé et percutant - exercice difficile - dans une série de minutes qui en font trois. De son côté, le camp « ultra » a délibérément choisi la formation approfondie en cellule locale pour armer les cœurs et diriger les consciences au sein du cénacle, et n'entend pas sortir en ville autrement que pour commémorer une page d'histoire. Ses travaux sont assez pointus et réservés aux cerveaux de la Cause. Recrutant toujours des jeunes gens pleins d'allant, les associations d'Action française en restent à la vente à la criée et aux conférences pugnaces ; on y colle aussi d'abondance.

Toutes ces structures brassent beaucoup de matériau, souvent de qualité, mais à quel effet finalement. Soixante CMRDS - c'est la manifestation la plus ancienne après le pèlerinage à Sainte Anne d'Auray - n'ont abouti à rien de tangible dans l'espace politique. La question qui se pose est très simple : veut-on avoir raison seul dans son coin pour satisfaire un mode de vie plutôt élitiste et une pensée érudite fondée sur ce qui fut le meilleur de la France ; ou bien veut-on changer, voire faire changer le système politique qui est en train de nous anéantir. Car il est vain de vilipender la classe politique en cour, de marcher mécontents par milliers entre Denfert et Champ-de-Mars, quand on n'a aucun but à atteindre après l'extinction des feux de l'actualité ?

Si la voie démocratique ascendante est débinée chez nous - on comprend le dépit des cadres de l'Alliance royale - y arrivera-t-on par en haut ? C'est la tentation des structures désarmées pour convertir en masse. Ce modèle a de grands ancêtres, les Jésuites à la cour impériale de Pékin et moins prestigieux, les Francs Maçons de l'aristocratie d'Ancien régime. En fait, si l'on excepte le jeu de chat et souris entre le président Charles de Gaulle et le défunt comte de Paris, réitéré sous François Mitterrand avec le même succès (?!), la dernière fenêtre d'opportunité d'une restauration par le haut s'ouvrit au moment de la constitution d'un gouvernement français en Afrique du Nord pendant la seconde guerre mondiale. A la veille de Noël 42, L'amiral Darlan est assassiné à Alger. Le 26 décembre à 11 heures, débarque à la villa Montfeld, où réside le général Giraud, le Prétendant qui lui demande de restaurer la monarchie maintenant en le nommant en lieu et place de l'amiral mort... mais tiède, le dit-défunt étant présentement livré aux condoléances populaires dans une chapelle ardente de la ville. L'affaire ne traîne pas et Henri d'Orléans est mis dans l'avion pour le Maroc espagnol au simple motif que le peuple n'est pas mûr pour une restauration qui ajoutera au désordre des circonstances.
Le commandant-en-Chef Henri Giraud était convaincu en son for intérieur² que la monarchie est un système éprouvé et qui donne l'avantage dans bien des domaines, mais au moment, elle était invendable et accessoirement, il ne se sentait pas la vocation d'un Monk ; son truc c'était la guerre !

La guerre est finie depuis sept décennies demain. Le peuple est-il mûr maintenant pour entendre les termes de l'offre politique ? Si la réponse est non, qu'avons-nous fait depuis la guerre ? Bien des choses certes, mais nous n'avons pas ré-acclimaté la monarchie dans l'Opinion. Or accepter les réalités nous indique que l'affaire sera tranchée un jour par cette Opinion méprisée, par ce peuple qui au bout du compte arbitrera le changement de paradigme au sens où l'entendait Louis XV en cas d'extinction dynastique³. La Nation est incontournable.

Pour cela il faut convaincre largement, non tant de plébisciter un roi en devenir que de laisser passer le roi accédant, voire d'y seulement consentir tacitement ou par désintérêt ; ce serait le minimum. C'est un long travail en ambiance hostile qui convoque, outre la patience prônée par les chapelains en attente de résultats, des ressources de tous ordres et financières aussi, auxquelles adosser des moyens d'attaque sur le terrain de la reconquête.

Tout serait plus facile si nous avions le plan. Que celui qui connaît la feuille de route royaliste lève le doigt. La question est posée à tous les maîtres de chapelle puisqu'ils ont saisi la badine de lieutenant général qu'on leur tendait, prenant aussi l'obligation qui va avec, répondre et assumer. Quels sont les objectifs ? Osera-t-on une gestion sanctionnée par des résultats mesurables ? Finalement, où veut-on aller et comment ? Ce serait la moindre des choses que les responsables allument les lanternes avant d'appeler les cotisations, mais surtout avant de mouiller de jeunes militants dans des gardes à vue éprouvantes.

(1) Cahiers Saint Louis 2014
(2) Un seul but, la Victoire, Ed. René Julliard Paris 1949
(3) Déclaration du 26 avril 1723 sur la succession à la couronne donnant la parole à la Nation

mercredi 3 septembre 2014

Boutang, un fantôme ?

Au jour J, la 15 serrait à droite et s'arrêtait pile devant le point de presse et mon père restait au volant, moteur tournant, une habitude sans doute acquise au maquis où couper le contact pouvait être fatal, même si ce n'était plus la même traction. Je bondissais dans la boutique et arrachait une "Nation Française" au présentoir des hebdomadaires, elle venait d'arriver et il y en avait peu. Si je devais faire la queue pour payer, mon père m'interrogeait du retard pour savoir si le marchand de journaux avait fait quelque difficulté. Jamais ! Déçu, il embrayait et nous rentrions à la maison dévorer l'édito de Pierre Boutang. Provinciaux de la montagne à vaches, nous étions sciés par l'acuité de l'intelligence du maestro qui enterrait profond tout ce ce qui se publiait alors dans la mouvance royaliste.


- en préparation depuis de longues années - 

La maison d'édition Les Provinciales a toujours le projet de publier huit cents pages d'éditoriaux de la Nation Française. La Somme politique de Boutang. Voici comment ils présentent l'ouvrage et nous économiserons notre clavier :

De Pierre Boutang nous préparons le recueil d’une centaine des éditoriaux les plus lumineux de « La Nation Française » (1955-1967). Ce livre doit faire connaître à un large public cet homme de la trempe d’un Jünger : « L’un des plus grands esprits de ce siècle » (Le Figaro), « auteur d’une œuvre multiforme et tempétueuse… d’une force de conviction et cohérence peu communes, et d’une imprudence qui se souciait peu des modes » (Le Monde). « Tout ce qui touche Pierre Boutang m’honore », aime à dire George Steiner.

En octobre 1999, les Éditions des Syrtes avaient édité une partie de son œuvre de critique littéraire (Les Abeilles de Delphes), et un deuxième volume est paru en avril 2003 aux Éditions du Rocher. Les Éditions de La Table Ronde préparent un gros volume de ses « Cahiers » métaphysiques. Mais ce vrai politique (au sens du parti des « politiques » au temps du roi Henri IV) brise au fil de ces chroniques-là la réputation un peu facile de pamphlétaire ou d’hermétisme qu’on lui a faite, car il s’y montre plein de mesure et de tendresse, directement en prise avec les soucis de son temps – et du nôtre – dans une magnanimité émouvante et une parfaite clarté.

La puissance philosophique de cette sorte de Péguy fulgurant s’était nourrie d’abord de vie réelle, et de celle tourmentée de son journal, où il se livra à une confrontation permanente avec ses lecteurs dans l’indétermination du temps. Cela commence avec les épreuves si douloureusement actuelles de la guerre d’Algérie (terrorisme et intégration), et cela s’achève au moment de la guerre de six Jours, par une série de textes particulièrement audacieux. Avec une hauteur de vue qui enjambait toutes les apparences trompeuses du siècle, les textes de ce recueil emportés sans effort au pas de course par une immense culture constituent, presque quarante ans après, L’Héritage de la Nation Française – le seul hebdomadaire que la France de Pascal, de Péguy, de Bernanos ait produit…

Royal-Artillerie ne manquera pas de signaler la parution de l'ouvrage qui est déjà un "collector". L'insupportable Juan Asensio que je lis régulièrement pour m'éviter le gonflement de chevilles, annonçait sur Stalker la parution imminente... en septembre 2009. Le même nous offre aujourd'hui une recension de la dernière réédition de Boutang, La politique considérée comme souci, impeccable as usual. Peut-être Olivier Véron devrait-il envisager une diffusion numérique de la compilation des éditoriaux de la NF pour surmonter les obstacles matériels apparemment plus forts que lui. Ce bouquin est indispensable. Aussi me suis-je permis d'inquiéter l'impassibilité de l'éditeur qui à mon "quand" répond adroitement.... "au moment opportun", ce qui reste "classe" quand même :

Les éditions des Provinciales reconnaissent un certain délai de refroidissement du canon, mais...
(1) elles ont déjà publié un premier segment de la Somme dans La Guerre de Six jours ;
(2) elles ont réédité La Politique-souci, pour nous faire patienter ;
(3) elles prennent en compte la révolution dans la communication intervenue dans la décennie. "Pour qu'un livre paraisse, il faut des justifications faramineuses, à présent…" nous confie Olivier Véron.

L'audience anticipée est-elle suffisante, doit être la bonne question. La réponse est peut-être dans l'édition numérique comme nous le pensons. Les rats de bibliothèque y perdraient beaucoup, huit cents pages, ça pose sur l'étagère, mais nous avons besoin d'entendre à nouveau Pierre Boutang, maintenant que les lignes bougent et qu'un changement de paradigme politique n'est plus très éloigné.



vendredi 29 août 2014

Quatrième minute nécessaire: les parlements

Voici la quatrième livraison de la minute de l'Union royaliste Bretagne Vendée militaire. Elle brosse la constitution et la pertinence des parlements provinciaux dans l'architecture étatique de l'Ancien régime.



C'est du concentré, mais il y a tout ou presque. On frise l'exploit ! L'organisation juridique de la monarchie d'Ancien régime mérite d'autres développements, d'autant que les particularismes locaux sont très nombreux. C'est la raison pour laquelle Royal-Artillerie avait cantonné ses recherches sur l'Etat quotidien d'Ancien régime à la province de Languedoc, n'ayant pas le format utile ni les compétences requises pour embrasser plus largement la question.

On notera simplement qu'avant le roi (au sens d'Etat) existait des seigneurs-justices qui localement assumaient cette fonction sociale et un système d'instances. Voir La justice du roi sur ce blogue.


vendredi 8 août 2014

Le choc à mains nues, impossible !

Comme tout vieux con réac, je suis les affaires du califat-nouveau-est-arrivé et l'exode des Nazaréens pour m'en indigner. Savoir les Chaldéens, Nestoriens et Syriaques expulsés du territoire qu'ils occupent depuis deux mille ans, me fend le coeur. Aussi, comme tous les blogueurs climatisés, suis-je attentif à la marche des armées en présence et à l'impassibilité précaire des armées d'observation. Il n'est pas long d'en faire la liste :

Cliquez sur l'image pour le Nord-Irak


En marche :
- l'armée de la République d'Irak, composées pour l'essentiel d'Arabes des marais et dotée de moyens d'appui aérien ;
- l'armée du Califat islamique, composées de bédouins arabes et d'étrangers musulmans, rééquipée sur les stocks abandonnés par la précédente ;
- l'armée du Gouvernement régional du Kurdistan (Irak) appelée souvent Peshmergas, mais qui semble avoir le dessous - cette guerre va décider du futur Kurdistan ;
- l'armée des Zeravani, la gendarmerie kurde alliée à la précédente ;
- l'armée du Parti de l'union démocratique (Kurdes syriens) ;
- l'armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (turcs).

En stand-by :
- l'armée de la République de Turquie, la plus puissante sur zone ;
- l'armée de la République islamique d'Iran, dans ses deux composantes antagonistes, les gardiens de la Révolution et l'armée régulière ;
- l'armée du Royaume de Jordanie ;
- la 5è Flotte américaine.

Le lecteur intéressé peut acheter la carte routière du Moyen-Orient pour ne pas s'embourber dans les sables mouvants et planter des petits drapeaux, ça change tous les jours. Pas de stratégie chez Royal-Artillerie pour aujourd'hui. Dans la liste, vous avez noté (ou pas) l'absence d'armée chrétienne, sauf la 5th US Fleet venant d'un pays où le président jure sur la Bible.

La dernière armée chrétienne de conviction fut celle du général Henri Gouraud, fameux pour son exclamation à la Grande Mosquée omeyyade de Damas devant le mausolée du libérateur de Jérusalem : "Saladin, nous revoilà !". C'était sous le mandat français conquis de force dans les années 20. Avant lui, pour retrouver l'épée, il faut remonter aux Etats croisés du Proche Orient qui se liquéfièrent à la capture de la citadelle de Saint-Jean-d'Acre, prise le 28 mai 1291. Ça fait un bail.
Néanmoins ces communautés chrétiennes étaient parvenu à survivre entre ces deux dates, tantôt protégées, tantôt assaillies, soit approximativement durant six siècles, dont un peu plus de quatre sous le régime ottoman. Les fidèles du Christ flottent comme le bouchon sur la vague, s'abandonnant au bon vouloir du tyran en place, et préférant toujours un pouvoir laïque, ou déclaré tel, qui endiguera ses ennemis de la religion de paix bien connue. D'où le succès d'estime du gang Assad et de la famille Saddam Hussein à l'époque moderne. Ce qui explique une partie de l'acharnement du nouveau "califat".

Le choc des civilisations, refusé par la vieille Europe sénile, est bien un fracas des civilisations et la géopolitique s'en mêle. Il est malheureusement dans l'ordre des choses que des communautés désarmées, ne pouvant que chercher des protections ci ou là, finissent par disparaître quelle que soit l'antériorité de leurs titres cadastraux. A moins qu'une armée chrétienne ne les défende en exterminant les vilains, ce que sembleraient vouloir faire les Etats-Unis depuis ce matin. Les rescapés leur en sauront gré, même si les troupes de combat ne tomberont plus du ciel. Ils ont déjà donné, sous les huées de la communauté internationale. C'est bon !

Pour finir sur une note optimiste, je ne vois pas grand avenir à la religion de la joue tendue dans le monde polémologique de demain. Le pape, combien de divisions ? il serait presque temps de s'y mettre pour de vrai.


samedi 2 août 2014

Au camp d'Ailly !

Si le vent du Nord a emporté ta cabine à Zuydcoote, avec la pelle et ton seau, si ta copine blonde à forte poitrine s'est enrôlée dans l'armée de Van Rompuy sans prévenir (en photo), si ton communiste de père a décidé de bouffer ton héritage avec une tarlouze jamaïcaine, si tu désespères de voir un jour un chef couillu nous sortir de la mouise sans faire des rails de cocaïne, prend ton fusil et va au camp !
Le programme est sans appel : cette année, on y est contre le libéralisme, ce qui fait un "contre" de plus, mais au-delà de la déploration traditionnelle, tu apprendras à réfléchir.
C'est la méthode critique qui compte, applique-la aux conclusions bien ou mal étayées, ne te laisse pas convaincre (il y a vaincre dans convaincre), assimile et adopte, et n'oublie jamais qu'en dépit des célébrations du VIII° centenaire de la naissance de saint Louis, la France d'aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec l'époque du chêne de Vincennes, mis à part les Croisades qui pourraient bien redémarrer. Connais le vrai pays réel, ce qui t'évitera bien des déboires au-delà d'une efficacité accrue !

Tout est dans l'affiche ci-dessous. On n'y dit pas que tu te feras des ami(e)s de qualité, mais c'est finalement ce qui restera quand tu auras tout oublié.




mercredi 30 juillet 2014

Réflexions sur Bouvines-2014

crédit Jean-Marie et Régine
@ Noblesse & Royautés
Nul n'a regretté l'absence du premier ministre catalan aux commémorations de Bouvines. "Bouvines ? Épelez ?" aurait-il dit à son chef de cabinet. Ni aucune autre absence finalement. Les reportages diffusés par le CER ou la Voix du Nord qui a remarqué Louis de Bourbon, ou même l'UPR qui a bien recadré les leçons tirées de l'histoire, se sont attachés à la commémoration, renvoyant ce faisant les politiciens à leur "communication" racoleuse chassant l'émotion pour exister.

La naissance d'une nation française sur les deux-tiers nord du pays - pour le dernier tiers, il faudra attendre la chute de Toulouse en 1228 et un futur apaisement du Midi ravagé par la croisade des Albigeois - telle naissance ne pouvait émouvoir un "président de la République", chroniqueur en chef des malheurs du temps, carrément inculte (mais son prédécesseur était pire), ni même les médias nationaux affairés à vendre de la soupe en sachet sur le dos des Gazaouis et des voyageurs crashés morts. On avait l'archevêque et le roi en "attente", que pouvait le peuple venu nombreux demander de plus ?

Les royalistes, eux, ont diversement apprécié les aigreurs d'estomac du vieux prétendant d'Orléans qui, apprenant la venue en vedette de l'aîné des Capétiens, s'est fendu d'un tweet et d'un communiqué "officiel" excusant son absence pour raisons personnelles et familiales (sic, c'était pourtant Bouvines!) et réaffirmant ses droits à la couronne de France, ce qui était pathétique en pareille circonstance. On ne le privait de rien, et ne lui en demandait pas plus ! Il faudrait une bonne fois que les choses soient claires, la maison d'Orléans n'est que l'héritière de la Monarchie de Juillet et n'a aucune légitimité à revendiquer l'exclusivité de l'héritage des quarante rois qui l'ont précédée. Pour plusieurs raisons et de son propre fait.

Vous ne pouvez être héritier de quoique ce soit qu'en vertu d'une ascendance. Or il y a eu rupture de la chaîne dynastique quand le duc d'Orléans, Philippe Egalité, fit couper le cou du roi de France Louis XVI après lui avoir pourri la vie de mille manières, fomentant troubles en continu avant et pendant la révolution française. Le même ascendant déclara pour la galerie n'être que le fils du cocher Montfort attaché au Palais-Royal..., et prit pour lui et sa descendance le nom d'Egalité, reniant ses origines. Le câble dynastique a été tranché à ce moment-là. On pouvait plaider la folie ou la bêtise mais cette rupture fut confirmée de la plus sûre des façons par l'usurpation du trône réalisée par son fils le duc de Chartres, Louis-Philippe Ier, au détriment du jeune duc de Bordeaux. La chasse aux Bourbons qui s'en suivit reconfirmait la confirmation.

Philippe Egalité
La descendance de Louis-Philippe est, comment dire, surnuméraire dans ses prétentions à la couronne de France, et ce serait trop charger la barque que de continuer la revue de détails. Orléans peut marcher sur les mains à faire le tour de l'Elysée pour obtenir des légions d'honneur qu'il n'avancera pas d'un pouce sur le chemin de sa légitimité, sauf à réduire ses prétentions à l'héritage de 1848. Ce qui peut d'ailleurs rallier des nostalgiques de la république des ducs. Charles Maurras et ses amis s'en contentaient, nous aurions mauvaise grâce à en faire plus en cas de vide dynastique, ce qui n'est plus le cas.
De bons états de service des enfants d'Orléans pourraient leur obtenir la présidence de la Croix Rouge française, comme en son temps Bourbon Busset, ou quelque autre fonction de prestige. Qu'ils s'en contentent.
Ce n'est que dans l'hypothèse de l'instauration d'une nouvelle monarchie française, déliée des lois fondamentales du vieux royaume, qu'Orléans pourrait présenter ses champions à la lice du tournoi de sélection. Il y ont leur chance, n'en doutons pas, et pourquoi ne la leur souhaiterions-nous pas bonne en nous adressant à la nouvelle génération qui n'a pas démérité ? Parlons alors d'avenir justement ?

La semaine d'années qui a commencé avec l'avènement du président de Corrèze verra un changement de paradigme. La République est usée jusqu'à la corde, nous n'en ferons pas le bilan. La situation économique améliorée, seule capable de cacher l'impéritie propre à ce régime démagogique, est bloquée sur les trois déficits, social, budgétaire et commercial, mortelle trinité. L'abrutissement sur un siècle du peuple français exclut un sursaut populaire de bon sens et la décrépitude morale des partis politiques annule tout espoir de Sixième république parlementaire. Le réflexe sera l'appel à César pour nettoyer les écuries d'Augias où personne ne veut aller patauger.

Que le coup soit monté par l'oligarchie pour obtenir l'assurance d'y survivre ainsi qu'au 18-Brumaire, ou qu'il le soit par les forces vives surfiscalisées du pays, attaquées sur leur patrimoine, il est le plus probable, l'appel à l'homme providentiel étant dans les gènes populaires. A partir de là, tout est ouvert, à l'exception d'un retour à l'Ancien régime, régime condamné quatre ou cinq fois par l'histoire après les Etats Généraux de 89. Tout est ouvert, à condition de donner confiance, y compris bien sûr une monarchie constitutionnelle. Cela se jouera au mérite, il n'y aura aucun passe-droits, aucune "légitimité" autre que celle acquise par acclamation, comme au commencement, à Senlis !
J'en parle à mon cheval.

samedi 26 juillet 2014

Demain Bouvines




Communiqué du Secrétariat particulier 
de Monseigneur le duc d'Anjou
VIII° Centenaire de la victoire de Bouvines
(1214 - 2014)


Le Prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou, aîné des descendants du Roi Philippe Auguste, a été invité par Monsieur Alain Bernard, maire de Bouvines, aux cérémonies officielles de commémoration de la bataille de Bouvines, le dimanche 27 juillet 2014.

En présence des représentants de l'Etat et de la Région, le Prince assistera à dix heures à la messe, célébrée par Monseigneur Ulrich, archevêque de Lille, en l'Église Saint Pierre de Bouvines, II se joindra ensuite à un moment de recueillement devant le monument commémoratif avant de participer à la réception prévue dans le parc du château.

Monseigneur le duc d'Anjou se rendra au concert donné l'après-midi.

Adhérents et sympathisants de l'Institut Duc d'Anjou sont invités à se joindre à cet événement.

Tous les royalistes de France sont invités à rejoindre.


samedi 5 juillet 2014

Mgr Dillon va aux États

Ceci est la relation abrégée d'un voyage en grand équipage du président-né des Etats de Languedoc à la veille de la Révolution française, comme nous la donna Lucy Dillon, sa nièce, future marquise de La Tour du Pin. L'archevêque irlandais de Narbonne, Arthur-Richard Dillon (1721-1806), était une "nature", passionné par l'administration de son fief en laquelle il brilla, bien plus que des choses surnaturelles qu'il jugeait sans doute impalpables, comparées à un canal, une route ou une faculté de sciences. Le Ciel ne lui en tint pas rigueur, qui déplaça en 2007 le cardinal Lustiger en grande pourpre à la translation de ses cendres de Saint-Pancras (Londres) à Narbonne. La notice de la Wikipedia donne l'essentiel et un peu plus. On en fera son profit.

De 1783 à 1786, Henriette Lucy Dillon suit sa grand mère aux Etats dans le train de son oncle l'archevêque. Elle a autour de 15 ans. Passionnée de chevaux dès son plus jeune âge - elle en sera plus experte pour monter une écurie que bien des maîtres de maison - elle décrit le système de transport de Paris à Montpellier. Dans son journal, elle explique par exemple que l'affaire de Varennes n'aurait peut-être pas si mal fini, si au lieu de chevaux d'escadron on avait confié la famille royale à des chevaux de poste et à des postillons habitués à mener grand train sans les fatiguer. Bon, c'est à elle maintenant :

- Berline -
Nos préparatifs de voyage, les achats, les emballages, étaient déjà pour moi une occupation et un plaisir dont j'ai eu le temps de me lasser dans la suite de ma vie agitée. Nous partions dans une grande berline à six chevaux : mon oncle et ma grand'mère assis dans le fond, moi sur le devant avec un ecclésiastique attaché à mon oncle ou un secrétaire, et deux domestiques sur le siège de devant. Ces derniers se trouvaient plus fatigués en arrivant que ceux qui allaient à cheval, car alors les sièges, au lieu de être suspendus sur les ressorts, reposaient sur deux montants en bois s'appuyant sur le lisoir (ndlr : pièce de bois transversale, qui est au-dessus de l'essieu d'un carrosse, et qui en porte les ressorts), et étaient par conséquent aussi durs qu'une charrette.
Une seconde berline, également attelée de six chevaux, contenait la femme de chambre de ma grand'mère et la mienne, Miss Beck, deux valets de chambre et, sur le siège, deux domestiques.
Une chaise de poste emmenait le maître d'hôtel et le chef de cuisine.
Il y avait aussi trois courriers, dont un en avant d'une demi-heure et les deux autres avec les voitures.
M. Combes, mon instituteur, partait quelques jours avant nous par la diligence, nommée alors la Turgotine, ou par la malle. Celle-ci ne prenait qu'un seul voyageur. C'était une sorte de charrette longue, sur brancards.
[... digression étrangère au grand équipage et conditions de route ...]

- malle-poste -
Nous courions à dix-huit chevaux, et l'ordre de l'administration des postes nous précédait de quelques jours pour que les chevaux fussent prêts. Nous faisions de longues journées. Partis à 4 heures du matin (ndlr : 6 heures en heure d'été actuelle), nous nous arrêtions pour dîner (ndlr : à midi). la chaise de poste et le premier courrier nous devançaient d'une heure (ndlr : eux démarraient donc à trois heures) . Cela permettait de trouver la table prête, le feu allumé, et quelques bons plats préparés ou améliorés par notre cuisinier. Il emportait de Paris, dans sa voiture, des bouteilles de coulis, de sauces toutes préparées, tout ce qu'il fallait pour obvier aux mauvais dîners d'auberge. La chaise de poste et le premier courrier repartaient dès que nous arrivions, et lorsque nous faisions halte pour la nuit, nous trouvions, comme le matin, tous les préparatifs terminés.
[...]
Après avoir parcouru 160 lieues (690 kilomètres) de chemins détestables et défoncés, après avoir traversé des torrents sans ponts où l'on courait risque de la vie*, on entrait, une fois le Rhône franchi, sur une route aussi belle que celle du jardin le mieux entretenu. On passait sur de superbes ponts parfaitement construits ; on traversait des villes où florissait l'industrie la plus active, des campagnes bien cultivées. Le contraste était frappant, même pour des yeux de quinze ans.
Le beau Languedoc atteint, nous arrêtons là le récit de Lucy Dillon.
Voilà la vérité de l'innocence, la description du pays et celle de la période des Etats est un régal pour le "patriote" (Chapitre III du Journal d'une femme de cinquante ans, Chapelot Paris, 1913 en ligne sur Gallica).



* ils passaient les gués de France, portes de voiture grandes ouvertes, afin que le flot la traversât sans la renverser !

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