lundi 19 juin 2017

Pause !

Emmanuel Jupiter Macron
Les Français rêvent depuis Gergovie de l'homme providentiel ;
ils l'ont !
Ils ne comprenaient pas qu'on puisse le brider dans toutes ses "bonnes intentions" en ne lui donnant qu'une minorité parlementaire qui le forcerait à la cohabitation ; ils lui ont donné une majorité nette et sans bavures à l'Assemblée nationale !
Ils détestaient leur classe politique corrompue ; c'est fait, on a abattu le taillis politique pour faire entrer la lumière sous la canopée démocratique. Assemblée renouvelée à 74% !
Alors quoi de plus ? Rien !
Emmanuel Macron a tout, l'allure, le cerveau, la jeunesse, la santé, la majorité présidentielle sans le Modem et un premier ministre super-carré. Les partenaires sociaux ont été prévenus comme le singe dans l'arbre qui assiste à l'égorgement du poulet ; le poulet s'appelle PS ou LR : les syndicalistes ne participeront pas à l'effondrement social du pays sous peine d'assèchement des fontaines de subventions et postes paritaires juteux. Ça calme !

Nul ne sait ce qu'il va advenir des Républicains tiraillés par les intérêts électoraux locaux mais disciplinés par la prébende et la dette du parti. M. Mélenchon atteindra son demi-siècle de carrière politique inutile et nuisible au sein d'un petit groupe d'insoumis qu'il finira bien par diviser avec ses objurgations disciplinaires. Le parti socialiste est carrément en faillite politique et financière. Le Front national accède à l'hémicycle avec une petite escouade qui sera peut-être plus assidue ici qu'au parlement européen mais qui pèsera peu car hors-sol sur les sujets économiques. A noter qu'il reste des traces communistes pour les archéologues du futur, qui se demanderont longtemps ce qu'ils faisaient là.
C'est donc du billard pour le pouvoir nouveau, sauf à mettre à jour les algorithmes sur le taux de désintérêt des électeurs convoqués. Mais si les gens s'en foutent, ils ne bloqueront pas non plus !

Alors, posons la carte électorale et retournons à la charrue. Que la République se débrouille dans ses truquages et ses lobbies, vu les tares du système elle ne pouvait se mieux porter qu'avec un président plébiscité et une chambre d'otaries ! La suite est pour la chronique des scoops et des scandales. Bon vent monsieur Macron, on reviendra !

Le blogue Royal-Artillerie part en pause quelque temps
et se met en mode Hotchkiss automatique
:

 


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A bientôt !


dimanche 18 juin 2017

Kanzler Kohl (1930-2017)

Je n'ai pas d'intérêt particulier à me souvenir de la carrière d'Helmut Kohl, sauf au moment de la chute du mur de Berlin. Panique dans les chancelleries devant le déferlement des Ostis en ville, tous klaxons hurlants. A la frontière, qui n'était plus qu'un stop routier, on donnait à chacun trois francs six sous (en deutschemarks) pour s'abreuver et manger un berliner avant de rentrer au petit matin dans le rêve communiste et gris.

Les quatre puissances occupantes cherchaient la posture qui préserverait l'avenir, de quoi, on ne savait toujours pas. Nul ne parlait de réunification, qui prendrait des années d'ailleurs... en conclusion d'une procédure de désoccupation qu'on ne savait par quel bout prendre. Alors vint le chancelier Kohl. Il avait contre lui la Grande Bretagne et la France. Il acheta les Russes (à milliards de DM) et donna des assurances aux Américains sur l'alliance transatlantique, puis il procéda : parité des marks occidental et oriental, négociation d'anschluss avec le cabinet de Pankow et rachat de la dette démocratique, établissement d'une agence de reconstruction des länder pourris, et réunification à la barbe de tous. C'était ça Kohl, un, deux, trois coups d'avance ! Vladimir Poutine en prendra de la graine qui était officier en Allemagne de l'est au moment de l'évacuation soviétique. Surprendre et miser gros !

L'Allemagne d'alors n'était pas dans la prospérité insolente qu'on lui connaît aujourd'hui - Schröder n'était pas encore passé par là - et la chancellerie fit feu de tous bois en mettant à contribution son budget fédéral et en encourageant la Deutschland AG à ponter dans la partie. Kohl avait la vista qui faisait défaut aux autres dirigeants, même Thatcher ! Cerise sur le martini dry de la réunification, il parvint à bloquer tout avantage concurrentiel de la France sur la période de reconstruction lourde en arrimant le franc français à la monnaie fédérale.

RIP, géant !

jeudi 15 juin 2017

Second tour

 Le Français moyen a plus de sens politique que la classe politique. Du fond de son fauteuil-télé, il jauge les hommes et s'amuse des programmes parce qu'il sait intuitivement que l'avenir est fait d'incertitudes, surprises, drames et tout le diable son train. Les slogans de campagne enrichissent le décor audio-visuel mais Sarkozy et son "travailler plus pour gagner plus" fut rattrapé par la faillite de Lehman Brothers ; Hollande et son ennemi La Finance, le fut tout autant par le terrorisme et la fronde interne au PS. Devant la page blanche du futur, l'électeur prime le caractère, la résilience, l'envergure du candidat-chef d'Etat bien plus qu'un programme qui l'ennuie.

Ainsi monsieur Macron a-t-il gagné, comme prévu dans ce blogue, sans programme sur sa bonne mine, au grand dam des connards* du vieux monde qui n'attendaient que les cents chapitres macroniens à mettre en pièces pour se refaire une doctrine. A voir la rage des foutraques de gauche et de droite, on devine la rancune des politiciens de métier blanchis sous le harnois des récitations ! Le Français, lui, n'a pas été freiné par la jeunesse relative de l'impétrant, sa réussite professionnelle et son parcours politique, sa belle cougar plus cultivée que la moyenne, l'absence d'un parti de gouvernement en soutien, les augures d'un désastre annoncé par les experts. Au lieu de quoi, le mec élu par les deux-tiers des votants contre la Fille du Pirate, les a bluffés le jour de son intronisation et les jours suivants au milieu des "grands" de ce monde qu'il donnait l'impression de n'avoir jamais quittés. Pareille aisance rassurait les Français qui revenaient d'un zébulon surexcité alternant jogging et vélocipède, au gros placide boutonneux, bite-au-vent et scooter en prime.

Aussi les connards* du vieux monde ne comprennent pas aujourd'hui les quatre cents sièges annoncés au palais Bourbon, et continuent à labourer le programme dont les Français se tamponnent ; mais de cela les génies de la programmatique ne veulent rien savoir. Mélenchon et les quarante bolivariens brandissent les accords de branche du Code du travail qui n'intéressent pas l'électeur, le sénateur Baroin et ses acolytes et rivaux, la CSG qui est un impôt caché que personne ne voit vraiment. Passons sur la caricature permanente des propositions d'autrui qui montre le niveau d'approche.

Après le programme inconvertible en voix, se brandissent les "valeurs". C'est quoi déjà ? Ben... les valeurs de la gauche(?!)... les valeurs de la droite(?!)... seul le centre n'affiche pas de valeurs spécifiques sauf de bon sens. Sans oublier les "valeurs de la République" ! A la réserve près que droite et gauche sont des notions historiques n'ayant plus cours légal. A côté d'eux-tous, les patriotes bleu marine lancent les dés pour quatre sièges après en avoir annoncé quatre-vingt avant la présidentielle, quarante juste ensuite. Leurs électeurs ne réagissent pas aux circonstances politiques, ne militent pas non plus mais attendent le succès comme la manne au désert.

Cramponnés au patriotisme subdivisé en courants, les cadres du Front désespèrent d'émerger en groupe au cœur des institutions. La faute à plein de choses parfaitement connues, encadrement faible, niveau faible, militants rares, mais un parti "personnel" comme le Front national ne peut pas se réformer ou s'adapter aux temps, sauf à tuer le duc de Guise. Le logiciel perdant-perdant va l'achever par le drainage de ses électeurs en sidération ayant enfin compris que la seconde n'enclenche pas sur les boîtes Philippot ! Un vrai parti de droite identitaire sans références à l'Occupation ou aux gaz a un boulevard devant lui ; un seul parti ! Deux et c'est déjà mort ! Qu'en pense Paul-Marie Coûteaux ?

Cédric Villani, Nobel de Maths
S'il leur en reste, du temps, les battus dénoncent ensuite le mode de scrutin et, après résultats, l'illégitimité des élus dans une arithmétique étrangère à la démocratie représentative, mais dont ils sont prévenus depuis... SOIXANTE ANS bientôt ! Madame Autain, charmante idiote au demeurant complètement à l'est mais avec du corsage, réclame la Sixième République qui devrait la porter à la Chambre (aucune insinuation). Le système politique briment les battus, clament d'autres. Tous invoquent la proportionnelle en faisant mine d'oublier qu'elle est réservée aux peuples matures et coalisables, à défaut de quoi le Général jugea qu'elle ne marcherait pas au palais Bourbon où les singes hurleurs au cul rouge claquent des pupitres et insultent à tout va. Mais justement, tout cela pourrait changer avec le renouvellement profond des députés choisis parmi les gens normaux et/ou intelligents.

J'aime bien la médaille Fields de mathématiques avec lavallière et l'araignée dorée à la boutonnière, Cédric Villani, capable d'un discours bien déroulé et puissant qui finit par surprendre au milieu des éructations habituelles des professionnels de l'alarme et de l'embrouille. La diversité du mouvement En Marche garantit seule une pluralité d'opinions dans l'hémicycle, les origines des députés Macron étant si différentes. Le danger d'un groupe majoritaire monolithique est donc une crainte infondée de la part de ceux qui n'en sont pas, d'autant que le groupe MODEM fera chambre à part, que Bayrou est rancunier comme une vieille fille, et qu'au palais du Luxembourg les gérontes ne semblent pas impressionnés. Reste que la moitié du corps électoral est parti pour Coblence, ce qui devrait rassurer les royalistes contempteurs de la démocratie d'étage régalien. Avec deux-tiers d'abstention, on ramènera le roi, croient-ils.

La méthode de raisonnement tactique utilisée dans l'infanterie française exige pour une mission définie la désignation d'un chef doté de moyens affectés. Le chef, c'est fait, les moyens, c'était à vous, vous les avez donnés ! Pour dimanche prochain, bordez les frontières de LREM en élisant des gens bien, capables d'un quant-à-soi, il y en a ! Normalement à ce stade de l'article, suit la litanie des connards* dont le Piéton salue la défenestration praguoise ; mais elle serait trop longue (désolé)!


(*) sobriquet affectueux de Dominique de Villepin désignant les députés avant la dissolution de 1997 !

mardi 13 juin 2017

Nos oignons royalistes

 

Recentrons-nous. Ignorant tout des dispositions retenues par l'Alliance royale pour les législatives 2017, je suis allé sur le site du parti et, cachée derrière deux pages, j'ai trouvé une liste (clic) de seize candidats (avec des erreurs de circonscriptions !).

Résultats du 11 juin 2017 (base Le Monde):

- 0,44% pour De Prévoisin (AR/3°Indre et Loire)
- 0,34% pour Paillard (DVD/8°Hauts-de-Seine)
- 0,20% pour De la Dorie (DVD/7°Haute-Garonne)
- 0,19% pour Brière-Saunier (AR/1°Eure et Loir)
- 0,18% pour Alexandre (DVD/3°Loiret)
- 0,18% pour Dufourg (AR/2°Indre-et-Loire)
- 0,08% pour Lelys (AR/2°Paris)
- 0,06% pour Lebreton (AR/8°Rhône)
- 0,05% pour Camus (DVD/3°Rhône)
- 0,03% pour Chabanet (DVD/17°Paris)
- 0,02% pour Devin (DVD/2°Yvelines)
- 0,02% pour Fautrad (AR/10°Loire atlantique)
- 0,01% pour Bélenguier (DVD/5°Bouches-du-Rhône)
- 0,01% pour Lamand (DVD/18°Nord)
- 0,01% pour Levavasseur (AR/1°Paris)
- 0,01% pour Petit-Galland (AR/1°Charente)

Précisons que les candidats n'avaient pas donné de bulletins de vote aux bureaux (nécessité pour l'électeur de l'imprimer chez soi) et que la campagne fut partout faite sans grands moyens d'affichage, aucun remboursement des frais n'étant prévu, évidemment. Reste le pourquoi : la démarche électorale lancée par Yves-Marie Adeline visait à profiter du tapage de la campagne pour diffuser à haute voix l'offre politique de l'Alliance royale. L'élection était un prétexte pour booster la communication. Devaient s'y agréger des moyens financiers de propagande suffisants au fil des adhésions provoquées par ce procédé.

Le parti a seize ans, les moyens de son insertion dans le paysage politique français ne sont toujours pas acquis. Après plusieurs essais, ça ne marche pas. Ne cotisant pas, je ne pose pas la question de savoir à quoi sert ce parti dont on n'entend jamais parler. Mais la question se pose aussi pour d'autres structures confidentielles qui survivent sans objectifs ni influence, mais font sans doute le bonheur de leur dirigeant par la position sociale qu'elles procurent dans les sous-préfectures. Tant que ça ne mange pas de pain dit la sagesse populaire... et c'est bien le cas, les velléités politiques ressortissent plutôt au domaine du romanesque et après tout, chacun a bien le droit de s'occuper comme il veut.
Entre-temps, deux supports de communication cessent leur activité. Le Lien légitimiste est stoppé et cherche un repreneur, le rédacteur en chef ne voulant continuer ; le site web du Conseil dans l'espérance du roi a arrêté son bulletin climatique quotidien. Les autres publications royalistes sont à l'étiage, à voir les appels fréquents et répétés à secours financiers. Ce n'est pas le jour d'épiloguer sur les raisons de ce patinage sur place - nous l'avons fait cent fois - mais il y a quelque chose qui ne marche plus dans le microcosme. Les chiffres d'audience de Royal-Artillerie ne sont pas enthousiasmants non plus, plutôt en pente.
Les fora sont morts, bien des blogues aussi qui s'adonnaient à la présentation d'idées personnelles. Aujourd'hui on recopie beaucoup des billets rédigés ailleurs ou recyclés, même sur LaFauteARousseau. Facebook et Twitter permettent encore de saillir l'intelligence du lecteur mais à petit jet et vite fait.

Manque l'argent et un chef charismatique pour tirer le char et réveiller tout le monde. Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie ».


lundi 12 juin 2017

Qatar, premier round



Alors que toute la Ligue arabe semblait aimantée dans la même direction lors de la visite de Donald Trump à Riyad, les conseillers du roi Salmane d'Arabie séoudite ont déclenché l'embargo sur le Qatar. Le motif exprimé à la face du monde est sans intérêt, car risible. Toute la péninsule laisse fondations charitables, confréries pieuses et autres organes islamiques financer les groupes de combattants musulmans jusqu'à atteindre parfois l'organisation du prétendu Etat islamique pour le Levant et l'Irak. Cela fait des années que le Qatar fait la nique au puissant royaume des Séouds, tant par le désalignement stratégique que par la propagande laïque d'Aljazeera. Et qui pis est, l'émirat, partageant un champ gazier sous le Golfe avec l'Iran des mollahs, est accusé de compréhension à l'égard du grand démon chiite assoiffé de conquêtes (Irak, Yémen, quoi demain...).

Une carte nous montre que le Qatar est une presqu'île accessible par mer et par air si l'Iran le veut bien, dès lors que l'Arabie Saoudite ferme le pédoncule terrestre. Donc les observateurs payés au mois supputent une provocation séoudienne visant à jeter le Qatar affamé par le blocus dans les bras de l'Iran, ce qui justifiera le déferlement d'une division blindée venant sauver le sunnisme arabe de l'hérésie. Remarquez que c'est arrivé au Bahreïn où la majorité chiite s'est soulevée spontanément jusqu'à ce que la dynastie El-Khalifa appelle le roi au secours, qui a fait donner les chars - il n'y avait que la Chaussée Roi Fahd à franchir. L'Iran a toujours nié fomenter des troubles, on peut ne pas le croire ou l'inverse, et noter que la contestation débordait largement la communauté chiite. Au moment d'écrire ces lignes, l'Iran force déjà le blocus par avion et fait manœuvrer une petite escadre au large du Sultanat d'Oman pour encombrer le détroit. Quant au Bahreïn, c'est devenu aujourd'hui un royaume maté, une valeur sûre pour les Séouds.


Mais il y a un os pour refaire le coup du Bahreïn au Qatar. Le Grand Turc s'en mêle, qui a fait voter au parlement d'Ankara le déploiement de troupes turques dans l'émirat où une base s'apprête à les recevoir. Le roi peut se mesurer aux Turcs loin de chez eux, en souvenir de l'épopée de Lawrence d'Arabie, et faire donner ses armées toutes neuves, mais le terrain est miné en quatre endroits : les alliés occidentaux ont cinq bases militaires : le CENTCOM des Etats-Unis a une grande base aérienne à El-Udeid (Qatar), une base navale pour la V° Flotte à Manama (Bahreïn), les Britanniques développent une base navale au port bahreïni de Mina Salman et la France une base marine active à Abou-Dhabi qui double ses capacités de Djibouti, plus une base aérienne (BA104) incluse dans la base émirienne d'El-Dhafra. Il y a peu de chances que les artilleries turque et séoudienne donnent de la voix sur zone. D'où l'offre de médiation de l'émir Sabah IV du Koweit, pris en tenaille entre l'Irak (toujours revanchard) et l'Arabie séoudite hégémonique, qui craint pour sa vie et ses puits.

Les deux pays occidentaux les plus "mouillés" sur le Golfe persique sont la France et les Etats-Unis, les Anglais étant toujours la référence historique. La logique diplomatique voudrait que les trois occidentaux s'entendent - il ne serait pas inintelligent que la Grande Bretagne soit investie médiatrice - et que commencent des discussions entre les Emirats arabes unis, l'Arabie heureuse, le Qatar en prenant soin de bien refouler la Turquie des salles de conférence pour les raisons qu'on vous expose ci-après. Un mot sur le sultanat d'Oman, voisin incontournable mais détesté de Riyad pour son indépendance d'esprit et sa position stratégique sur le détroit d'Ormuz alors que Riyad n'a nulle part ce type de levier géographique.

Recep Erdoğan refait à Doha le même coup que Vladimir Poutine avait fait à Damas en envoyant ses armées au secours de Bachar el-Assad. Comme Poutine, il a une petite base en construction près de Doha qui fait tête de pont ; comme Poutine, il veut surprendre les chancelleries du monde qui doivent l'admirer comme le Soliman revenu ; comme Poutine, il est très content de faire la nique aux Américains. Le déploiement turc est fait sous le couvert d'un accord de défense mutuelle de 2014 avec une clause automatique dite de "casus fœderis" (style art.5 du traité de l'Atlantique nord). Erdoğan signe ce genre d'accord avec qui il peut dans le projet ottoman d'un retour de la Turquie au premier rang des nations. L'intrusion de la Turquie n'apporte aucun crédit d'apaisement, a fortiori vis à vis de l'Iran. On voit bien que la paix n'est pas l'obsession d'Ankara qui semble vouloir prospérer sur les cassures arabes et le fumier commercial des Emirats. Et comme nous le voyons en Syrie, le gouvernement Erdogan ne se battra éventuellement sur le Golfe que pour ses propres intérêts qui... rejoignent ceux de l'Iran dans les provinces kurdes de l'Est.


Mais puisqu'on parle de Poutine, notons que le ministre des affaires étrangères El-Thani est monté samedi dernier voir Sergeï Lavrov à Moscou pour se plaindre du sort fait à l'émirat. Les Russes détestent que les fils noués dans l'affaire syrienne soient coupés et ré-entortillés autrement, juste au moment où l'on va en finir à Mossoul et à Raqqa avec l'organisation Etat islamique. Tout le monde a son filleul dans cette guerre et les rôles sont attribués, les hiérarchies aussi. Après bien des tâtonnements, le Kremlin est parvenu à rester du côté de la crosse en ménageant les loups sunnites et les moutons chiites pour la suite à donner. Mais nul à Moscou n'a l'intention de s'attarder sur l'Euphrate, la guerre coûte un bras et tout bouleversement, sans parler même d'une guerre déportée sur le Golfe, enferrerait les forces russes sur place. A la fin, on arrive à une confrontation américano-russe qui ne peut pas tourner en affrontement mais, vu les histoires d'interférences de hackers russes dans l'élection présidentielle américaine, ce n'est vraiment pas le moment de discuter d'une garantie de stabilisation du Golfe persique avec les Russes au Congrès de Washington.

Justement, comment va réagir le gorille de neuf cents livres qui sommeille dans le coin de la pièce ? Le président Trump n'est pas encore prêt, ce type de dossier inextricable ne pouvant être assimilé en une seule semaine. Et puis il est carrément obsédé par tous ceux qui voudraient le foutre à la porte de la Maison Blanche.

Alors, les Turcs, les Arabes, les comment déjà ? Emiratis, Qataris, Koweitis, c'est des dollars américains au moins ? Même pas, mon Commander-in-Chief, des piastres de nègres !
- Riyals, rials, dinars, dirhams...
- Ta gueule, Steve ! appelle-moi Mike Pompeo à Langley !


Quelle issue, sans issue ?
(1) Pronostic vital engagé pour le commerce de Dubaï.
(2) Quid du Conseil de coopération du Golfe qui manœuvre les divisions blindées ? Avec l'imbrication des accords mutuel de défense, partout ailleurs ce Conseil aurait volé en éclats. Sauf ici, vous savez l'expression "l'orient compliqué" ! Seuls le Quai d'Orsay et le Foreign Office y comprennent quelque chose, et nous n'y sommes pas.

jeudi 8 juin 2017

Premier tour


Les élections législatives de dimanche prochain ouvrent le dilemme crucial de notre démocratie : la procédure doit-elle représenter le pays ou bien gouverner le pays ? Tout dépend du jeu de miroir entre les organes exécutif et législatif. A quoi sert-il de représenter au parlement toutes les idées du pays, même idiotes, sinon à prévenir que l'opposition ne se transporte des chambres à la rue ? L'histoire nous apprend pourtant que confiner la contestation dans les hémicycles ne garantit pas la tranquillité en voirie. Sous le quinquennat Hollande, l'expression ouverte des oppositions de tous bords au palais Bourbon n'a pas diminué les manifestations de mauvaise humeur contre la loi "travail" du ministre El-Khomri, l'agitation étant quasiment professionnelle en France dès lors que la démocratie hurlante prime sur la représentation démocratique institutionnelle, on se demande à quoi servent toutes ces précautions constitutionnalisées. Les Frondeurs du Parti socialiste ont pourri tous les débats et n'ayant obtenu gain de cause ni pu renverser le gouvernement par crainte des résultats fâcheux d'une dissolution de l'Assemblée nationale, ils ont déporté la guérilla chez les centrales syndicales et les factieux.

La France dans ses trois déficits*, écrasée par une dette souveraine incommensurable, la bombe à retardement de la démagogie rampante, ne peut plus s'abandonner à ces gamineries extrémistes avant de commencer à réduire le périmètre étatisé qui la saigne. D'un côté le gauchisme bolivarien qui a partout échoué au prix d'une paupérisation extrême des classes populaires, de l'autre le parti de la cécité camouflant un trust politique familial dont la feuille de route est d'en vivre. En attendant que la Droite construise un parti conservateur fondé sur des principes solides et permanents, principes élaborés dans une doctrine politique capable de se battre à parité sur le théâtre du monde, le choix des électeurs responsables est limité à trois partis en capacité de gouverner sinon de débattre positivement sur la réforme nécessaire du pays : LREM, UDI, LR. Voter pour quiconque d'autre est perdre son temps. Que les éructations des démagogues en mal de prébendes ne fassent pas dévier le vote d'intelligence. Cerise sur le gâteux, le président Macron n'est pas hostile aux royalistes même s'il n'est pas monarchien encore.
(*) budgétaire, commercial et social

- LREM, la République en marche, est le centre-gauche du spectre politique utile et l'amalgame rare d'une large coalition non négociée pour la réforme. Il y a de tout, porté par la jeunesse d'esprit, un angle neuf, la lassitude de voir et revoir toujours les mêmes ; les observateurs lui promettent une large victoire en sièges dans le sillage de la présidentielle régénérante sous l'ombre du messie envoyé aux hommes par la haute bourgeoisie fatiguée des connards.

- LR, les Républicains, est devenu un syndicat de perclus dont le programme recouvre celui de LREM avec des exigences plus prononcées dans le domaine économique, quoique tempérées par des sondages défavorables, en fait c'est le plan Juppé. Des états d'âme dispersés fracturent le parti, tout au moins ont fortement entravé la propagande électorale en portant en avant disputes personnelles et scandales qui l'affaiblissent. Le premier ministre du gouvernement est issu de ses rangs, ainsi que les ministres de Bercy.

- UDI, l'Union des démocrates et indépendants est l'héritière du parti giscardien. C'est le centre-droit non-godillot et européiste clairement assumé. Force d'appoint, parti charnière, parti balance, la démocratie à la merci du nombre.

Tous ceux qui gravitent autour de ces trois partis viennent faire de la figuration, ou chassent les indemnités parlementaires, à la réserve près que dans chaque circonscription peuvent se rencontrer comme ci-dessous des personnalités politiques parfaitement recommandables et méritantes qu'il serait disgracieux de saquer !

Il demeure quand même une sorte d'exception française qui n'est peut-être pas innocente dans nos déboires démocratiques : à l'inverse de tous nos voisins et concurrents de l'OCDE, ce n'est pas le parlement qui forme le gouvernement mais le président élu au suffrage universel qui forme l'hémicycle susceptible de lui donner pouvoir. C'est du Jospin, quand il a choisi l'ordre des élections législatives et présidentielle au moment de l'instauration du quinquennat, mais c'est aussi une dérive monarchique mal comprise dans l'esprit supposé des institutions. Les textes parlent autrement. Ainsi dans la configuration d'aujourd'hui le président élu n'est pas issu d'un parti installé mais plébiscité. La rencontre gaullienne d'un peuple et d'un chef trouve sa pleine expression dans l'élection d'Emmanuel Macron. L'assemblée nationale semblerait superfétatoire avec cette prime populaire à l'exécutif mais il n'est pire danger qu'un gouvernement n'ayant à répondre de rien devant aucune représentation démocratique sauf à chercher le nihil obstat de l'autocrate.

La législature va être intéressante surtout dans sa résistance à la pression de la rue d'un côté et celle d'un président actif et intelligent de l'autre. Ne mettez pas n'importe qui sur les bancs, jouez les personnalités avant les programmes ! Mais attention : voter blanc en circonscription où généralement plus d'une douzaine de candidats s'offrent aux suffrages des électeurs est proprement débile. S'abstenir ou bouder c'est donner procuration à autrui, ne pas se plaindre ensuite. Et tant pis si aucun candidat royaliste ne peut percer ; c'était écrit dans le logiciel de préparation ; on y reviendra encore et encore.

Pliez les gaules, urnez dimanche !


Arnaud Richard (UDI), un vrai bosseur !


[ Postscriptum du 12.06.2017 : vidéo de collection ]


Législatives 2017 : la réaction de Jean... par larepubliquedespyrenees


Le Lien légitimiste nouveau n'attend que vous

Gérard de Villèle par Madame sous le noyer de Petit-Prix
C'est une opportunité rare pour un mécène de la cause royaliste. Coup de tonnerre, Gérard de Villèle appelle à candidater pour la reprise du Lien légitimiste dont il ne veut plus assurer la publication pour des raisons personnelles (santé). L'organe de référence de la Légitimité est un bimestriel de vingt pages sous format demi-tabloïd qui a une réputation de sérieux et d'indépendance, d'aucun le jugeant même trop libéral pour être lu à la veillée de la crypte ! Pensez donc, il a promu au fil des éditions l'économiste monarcho-anarchiste Hans Hermann Hoppe. Disert sur l'histoire de l'Ancien régime dans ses recoins oubliés et expert de la Restauration pour la raison que l'on devine, le Lien légitimiste est aussi un journal d'actualités du microcosme sachant critiquer discours et postures s'il y a lieu, et soutenir toujours la maison de Bourbon.

Le repreneur ne peut être seulement un bénévole motivé par l'incandescence de sa foi en le roi. Le média doit évoluer pour suivre la marche du temps, passer au format tabloïd sinon même berlinois, accroître sa pagination, pouvoir ultérieurement soutenir une périodicité mensuelle et se promouvoir par un site professionnel sur internet, etc etc... Si les bonnes volontés compétentes sont bien sûr un renfort utile dans toute démarche de communication, le défi - et c'est l'avis individuel et portatif de votre rédacteur préféré - ne peut être relevé que par une personnalité en capacité de distraire les fonds nécessaires à la rénovation du support pour exploiter la mine légitimiste jusqu'au bout, le bout étant bien sûr l'établissement du prince Louis de Bourbon dans le paysage quotidien des Français.

Le Piéton du roi, ne répondant pas aux critères proposés, sans pistoles et refusé au triste privilège de l'âge, ne peut remporter l'adjudication malgré son vif désir de voir continuer ce canal d'opinion de haute qualité qui lui fit l'honneur insigne d'accepter dans ses colonnes ses libres réflexions. De tout ce qui précède il n'est rien qui engage la publication ou sa rédaction, le présent billet étant une initiative personnelle et non sollicitée. Voici le scan du dernier numéro du Lien légitimiste raccourci à deux pages. Tout y est utile.


Joindre la direction du journal pour manifester ses intentions et s'informer sur les détails techniques indispensables à la reprise, c'est facile par courrier, courriel ou téléphone. A défaut, l'onglet Contact de ce blogue reste un moyen d'accès indirect.

M. Gérard de Villèle
Le Lien légitimiste
2 Le Petit-Prix
37240 La Chapelle Blanche Saint-Martin

✉ gerard 'chez' villele.com
☎ 0247 596 876

Yapuka !


Catoneo


mercredi 7 juin 2017

Six jours et cinquante ans

Les Israéliens ont commémoré le cinquantième anniversaire de la Guerre des Six-Jours (1967) qui vit leur armée vaincre la coalition de toutes les armées arabes voisines. Le 23 mai 1967, l'Egypte ferme le détroit de Tiran qui donne accès au port d'Eilat depuis la Mer rouge. Les signes avant-coureur d'une coalition de puissance de l'Egypte, Jordanie et Syrie incite Israël à frapper l'Egypte au Sinaï, puis la Jordanie en Cisjordanie et la Syrie sur le plateau du Golan. En six jours la guerre est perdue par les Arabes et Israël conquiert les théâtres d'opérations. Le Sinaï sera échangé contre la paix plus tard, et la bande de Gaza évacuée par les colons juifs qui s'y étaient installés après la guerre. La Cisjordanie sera pour sa part abandonnée au vainqueur par le roi de Jordanie et le plateau du Golan syrien annexé.



Cinquante ans plus tard, les Arabes, travaillés par l'irrédentisme islamiste, sont affaiblis comme jamais, l'Egypte ne contrôle plus le nord-Sinaï, la Jordanie est étouffée par le poids des réfugiés syriens et irakiens, la Syrie comme force militaire a disparu des écrans, laissant la guerre aux infanteries iranienne (Pasdaran), libanaises (Hezbollah) et à l'aviation russe. Mais Israël a-t-il gagné pour autant la partie ?

La frontière égyptienne est instable, la Cisjordanie est en insurrection larvée, seul le Golan est tenu d'une main de fer. C'est un piètre résultat ! D'autant que la résolution onusienne 242* reste la pierre d'angle de toute la géopolitique régionale. Peut-on dire qu'Israël n'a jamais fini sa guerre des Six-Jours ? Coloniser la Cisjordanie, Judée et Samarie des Ecritures, était compréhensible pour atteindre la frontière naturelle du Jourdain et surtout les captages d'eau de la montagne. Y conserver les populations palestiniennes participait sans doute d'une juste retenue humanitaire mais a abouti à paupériser et à humilier ce peuple au-delà du supportable. Insérer des colonies juives souvent fondamentalistes entre les zones d'habitation et d'agriculture palestiniennes revient à attiser l'espoir d'une revanche de génération en génération. Bien sûr, les commandants d'Israël ne pouvaient pas déporter en masse les vaincus (d'autant que les Palestiniens n'étaient pas une entité belligérante), à tout le moins auraient-il dû mettre en chantier dès le lendemain du cessez-le-feu les termes d'une cohabitation loyale et fructifère dans la zone utile, la Cisjordanie, s'ils avaient jugé que stratégiquement Israël ne s'en retirerait jamais. A l'évidence, c'est impossible mais la cohabitation est refusée. La situation de la Cisjordanie est entre le bantoustan, la Mitidja ou à Jérusalem, le ghetto de Varsovie. Au choix !


Mirages III de Tsahal


Sans employer les grands mots on peut juger que l'Etat hébreu ne sait pas terminer ses guerres, qu'il ne semble pas capable d'abandonner la chimère biblique d'Eretz Izraël à l'accomplissement de laquelle un esprit boutiquier du Sentier ne va pas suffire. Il y a défaut de niveau et une bombe atomique de précaution, autant dire rien de sûr pour l'avenir quoiqu'en pense le président foutraque des Etats-Unis qui dit vouloir forcer la paix. N'entrons pas dans les prémices des négociations israélo-palestiniennes sous la férule américaine, c'est comme vouloir émulsionner l'huile et l'eau, la vinaigrette n'est liée qu'un moment.

La seule lueur pourrait venir d'une association de la communauté juive mondiale avec quelque équivalent fondé par le monde arabe dans le but de créer un futur concret au Proche Orient, concret voulant dire bâtir ensemble des infrastructures lourdes, développer l'énergie renouvelable, l'agriculture durable, les sciences appliquées, travail en commun pour sortir du tête-à-tête haineux actuel. On peut rêver.


(*) Résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies:

Le Conseil de sécurité,
Exprimant l'inquiétude que continue de lui causer la grave situation au Proche-Orient,
Soulignant l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d'œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité,
Soulignant en outre que tous les États Membres, en acceptant la Charte des Nations unies, ont contracté l'engagement d'agir conformément à l'Article 2 de la Charte,

1. Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre l'application des deux principes suivants :

a. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ;
b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces ou d'actes de violence ;

2. Affirme d'autre part la nécessité

a. De garantir la liberté de navigation sur les voies d'eau internationales de la région ;
b. De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ;
c. De garantir l'inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque État de la région, par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées ;

3. Prie le Secrétaire général de désigner un représentant spécial pour se rendre au Proche-Orient afin d'y établir et d'y maintenir des rapports avec les États concernés en vue de favoriser un accord et de seconder les efforts tendant à aboutir à un règlement pacifique et accepté, conformément aux dispositions et aux principes de la présente résolution ;

4. Prie le Secrétaire général de présenter aussitôt que possible au Conseil de sécurité un rapport d'activité sur les efforts du représentant spécial. »


mardi 6 juin 2017

Overlord 1944

Cette année, une façon moins convenue de commémorer le Débarquement de Normandie avec le groupe de hard rock Overlord de Lyon :
Too Late To Pray évoque un G.I. parti de Saint-Louis (Missouri) jusqu'à Colleville-sur-Mer †, un court-métrage sensible sans prétentions qui va bien.



En prime, une série de photos vraiment étonnantes comparant les plages du débarquement jadis et tantôt, rassemblées sur le site Tuxboard (cliquer ici)

Toujours nous nous souviendrons et nos enfants après nous !


lundi 5 juin 2017

Ubu et la fake science

"What the fuck in America ?" me disait hier ma concierge américaine. C'est tout simplement l'aboutissement d'une longue guerre des fossiles contre les énergies renouvelables et le marché-carbone, menée par les frères Koch et leur groupement d'intérêts Americans For Prosperity qui tirent depuis 2008 à coups de millions sur les sénateurs et représentants rétifs. Pour comprendre de quelle façon le parti républicain a été "reconstruit" par le fric et pourquoi tous les ténors républicains du Congrès (sauf McCain) ont applaudi la décision de Donald Trump, il faut lire le long article de Davenport et Lipton dans le New York Times du 3 juin : How GOP Leaders Came to View Climate Change as Fake Science (clic).

Douze heures après le retrait fracassant du gouvernement US de l'Accord de Paris (COP21), la fronde s'est organisée à grandes enjambées par tous les territoires de l'Union. Vendredi matin, trois gouverneurs démocrates (CA, WA, NY), des dizaines de maires de grandes villes (dont Los Angeles, Salt Lake City, Atlanta, New York, Pittsburgh, la ville emblématique du discours de Mr Trump), des patrons importants, des dizaines de doyens d'université ont convergé dans une volonté de continuation des mesures visant à freiner le réchauffement climatique mondial. Le public ne va pas tarder à s'organiser et MM. Trump, Pence et Bannon vont faire se lever la pire contestation de leur politique populiste, sans lignes de partage ethnique, classe d'âge ou de revenu. il est difficile de gouverner plus mal en levant tout le monde contre soi sauf les red necks des Appalaches ! Que n'a-t-il promis en campagne pour se faire élire ! Au jour de parution de ce billet, la contestation aura grossi au niveau d'un tsunami*.

La presse entre dans le détail des conséquences du désengagement annoncé et ce modeste blogue ne va pas s'y frotter, mais il peut s'avancer sur le terrain psychologique. L'étude de comportement du cas Donald Trump s'achève sur sa façon grotesque de chanter à tue-tête l'hymne national en mémoire des soldats morts au combat le 29 mai dernier, tout en en gigotant sur place comme à l'Oktoberfest devant l'orchestre en culotte de peau. On rapporte que les parents des soldats morts ces derniers temps en furent outrés ! Mais lui s'en fout. Une étude de comportement du nouveau président des Etats-Unis ferait déjà quatre cents pages, jusqu'à vouloir prendre la main au pape pour faire un mano a mano de pure com (hoax) ! La présidence n'est qu'un théâtre, les décrets sont signés devant les caméras et retournés vers elles pour bien montrer la signature de Dieu. Quand il y pense, il toise ses interlocuteurs en levant le menton comme le Duce, pus se ravise sur un sourire pour la photo. Et finalement, il est partout chez lui, fait le pitre à la danse du sabre chez les Séouds, le monde lui appartient comme un grand champ de fric à moissonner. Donald le formidable est en scène du lever au coucher. Il adore parler de lui. On peut lire la version prononcée de la déclaration de retrait de la COP-21 devant son parterre de groupies sur le site de la Maison Blanche en cliquant ici. NDLR : sur les sujets de politique internationale l'administration Obama publiait jadis la traduction française du discours officiel dans la foulée (autre temps, autres mœurs).

Les deux axes soutenant la thèse climatosceptique américaine sont l'emploi domestique et les transferts financiers vers le Tiers-Monde. La transition énergétique est créatrice d'emplois, mais ce ne sont peut-être pas les mêmes, au mêmes endroits et ne s'adressent-ils pas non plus à la même clientèle électorale. Ce qui est probable en revanche, c'est que les emplois techniques induits par la révolution énergétique sont en train de quitter les Etats-Unis, sauf si Ubu change d'idée, ce qui est possible encore ! Quant à l'argent - juste obsession mais obsession quand même - les pays pauvres n'en ont pas demandé tant que ça au premier producteur de pollution cumulée de la planète, trois milliards de dollars seulement. Au fait, si le budget fédéral se retire, les GAFA pourraient couvrir facilement la contribution due. Il reste que l'esprit "positif" de la COP21 est un facteur de cohésion sociale dont les Etats-Unis n'auraient donc pas besoin ?

Ourse en zoo au Canada

Nous n'avons pas les compétences pour juger de la pertinence des mesures engagées à l'échelle du monde par les signataires de l'Accord, mais les yeux ouverts nous font voir que les glaces fondent au Groenland, que les inter-saisons raccourcissent en France, que les épisodes météorologiques sont plus violents, sans même faire l'inventaire des tornades, tempêtes et inondations en Amérique du Nord, les villes asiatiques sont irrespirables, en bien des coins l'eau pue. La planète change (à cause des gens sans doute, de la surpression démographique aussi) mais il n'est pas inutile de s'atteler sans attendre Trumpinator à son nettoyage de printemps, en grand et à fond. J'aurais préféré à la réponse ironique du président Macron "make our planet great again", un "make the earth clean again", c'est déjà herculéen et moins disgracieux à l'endroit d'un dirigeant qui n'a pas le niveau de la fonction.

Cette grande dispute illustre la faiblesse programmatique des démocraties qui se gouvernent sur l'instant, au sondage, au nombre et parfois comme ici, sous la puissance de la corruption institutionnalisée ! Les meilleurs projets des gouvernements démocratiques sont amputés des moyens de leur projection à long terme au bénéfice d'avantages politiques de court terme. Ce n'est pas que nos vieilles nations européennes en soient incapables mais elles courent d'une élection à l'autre et le renforcement de leur socle électoral prime tout, après le fameux état de grâce des cent jours qui ridiculise le régime. Après, est-ce la rue qui gouverne ? Vient en outre une mode nouvelle chez nous, celle de défaire les mesures prises par l'équipe précédente, surtout quand elles sont bonnes. Deux empires se projettent à trente ou quarante ans parce qu'ils ont détaché la géostratégie des débats quotidiens, ce sont des dictatures : la Fédération de Russie et la République populaire de Chine. Et pour la seconde, le dire au lendemain de l'anniversaire du massacre de Tian'anmen me coûte. Mais les perspectives assumées sont là-bas. Le revirement climatologique de Pékin est le fruit d'une analyse poussée sur des constatations irréfutables.

Sans appeler au pavois le despote éclairé qui remettrait les choses au carré (quoique !) on touche du doigt l'intérêt d'un pouvoir permanent libéré des passions partisanes qui s'occuperait des grands sujets de temps long. Un roi ferait ça bien. Imaginez que les trente plus grands pays du monde soient des monarchies actives. Les effets du réchauffement climatique les inquiéteraient gravement puisque leur progéniture recevrait la promesse de défis impossibles à relever, et en cénacle plus restreint que l'Assemblée générale des Nations unies, ils prendraient des mesures communes de sauvegarde dans l'intérêt de tous. Ceci ne doit pas diminuer les mérites des organisateurs de la COP-21 et de M. Fabius. Vingt ans de négociations, précipitées sur un résultat planétaire dans un sprint de trois ans, une procédure qui pourrait nous faire mentir sur l'incapacité des nations à s'entendre. C'est bien pourquoi l'intrusion grotesque de l'éléphant Trump dans ce magasin de porcelaines est du domaine des calamités. On n'avait jamais réuni 195 pays sur un texte de 39 pages !



Mais, soyons fair-play. L'éléphant peut être aussi un grand niveleur de difficultés. Que s'est-il passé entre les chefs d'Etat arabes et Donald Trump lors de son voyage chez les Séouds ? Sabre en main, dansait-il de joie ? Ce matin les téléscripteurs crépitent : l'Arabie séoudite (allié de référence des Républicains), le Bahrein (pays-hôte de la V° Flotte de l'US Navy), Les Emirats arabes unis qui tiennent toute la Côte des Pirates et plus sérieux, l'Egypte qui éradique systématiquement chez elle les Frères musulmans outre le fait qu'elle est la première puissance économique, démographique et militaire de la région, coupent les ponts avec le Qatar, au motif du financement avéré du terrorisme international. Si bien des politiciens français** sont abattus ce matin, c'est ailleurs que se lève le vent de la panique. Les fondations, associations caritatives ou pieuses de la péninsule arabique puis toutes celles du proche Orient savent qu'elle sont devenues depuis ce matin des cibles pour les polices secrètes arabes, bien plus redoutables que les nôtres. On va suivre maintenant la cascade d'accidents regrettables qui va nourrir le feu de la purification qui va blanchir ceux qui l'apportent. Un motif ? Je m'avance ? Donald Trump a convaincu les Séouds et leurs alliés qu'il irait jusqu'à vitrifier l'Iran si nécessaire sous condition de leur pleine collaboration dans la lutte contre le terrorisme islamique et pour la pacification du Moyen Orient. Toute autre explication sera bienvenue.


(*) Ampleur du mouvement de contestation et résistance écologique aux Etats-Unis suite au retrait de l'Accord de Paris : les élites américaines cherchent à réunir les gouverneurs des Etats fédérés, les doyens d'université, les grands patrons, les maires des métropoles. Il serait étonnant que la Maison Blanche, à moitié staffée et qui pis est, à partir du fond de panier, puisse affronter la bronca générale, les jours n'ont que 24 heures et le vieux président fatigue vite. Les coups de menton n'y suffiront pas !
(**) Lire le bouquin de Georges Malbrunot, Nos très chers Emirs

dimanche 4 juin 2017

Tian'anmen 89

 Les étudiants, employés et ouvriers de Tian'anmen ont aujourd'hui vingt-huit ans de plus, et ont gardé les mêmes convictions libertaires. Ils sont du gibier pour le pouvoir chinois, mais dispersés et réfugiés à l'étranger, ils ne peuvent être atteints facilement. La seule riposte à la modeste diffusion de leurs idées est de couper par tous les moyens les moyens de le faire. Alors s'organisent-ils sur les réseaux sociaux en se méfiant des intrus et autres agents provocateurs de la Crasse communiste ; ils entretiennent des cercles d'amis, fréquentent des gens intelligents, continuent à leur façon le combat pour les libertés publiques et politiques, douce utopie qui fit surgir les chars de la gérontocratie peureuse au petit matin du 4 juin. La guerre de l'intelligence est sans fin.
Salut aux morts !


jeudi 1 juin 2017

L'Europe tombe du hamac !


"Allo Norfolk, nous avons un problème". Le général français Denis Mercier, commandant l'ACT de Norfolk, a lui-aussi un problème. Et Royal-Artillerie a tout autant le sien si le blogue doit expliquer à son lectorat impatient cette dispute germano-yankee habilement camouflée jusqu'ici. Que devient l'Allied Command Transformation, l'agence de prospective atlantique, après l'ouverture des hostilités entre la Chancelière et le Commander in Chief des greens de golf ? Que devient le Stability Policing Concept Development* qui projette la stabilité obligatoire en avant du front de l'Alliance ? Sans ce volet impérialiste, l'OTAN devient réellement obsolète, puisqu'il encadre la lutte anti-terroriste sans frontières. Par le monde entier et jusqu'à Port Moresby chacun sait que la Chancelière Merkel entre deux pintes a douté à haute voix de l'implication de Donald Twitter Trump dans la défense commune atlantique, celui-ci répondant presque aussitôt en éructant un tweet assassin que les archives doivent archiver :



Le fin stratège que Joe-Six-Pack s'est choisi ne menace plus la Chine hypocrite ou la sournoise Russie mais son alliée de référence en Europe continentale, qui tout simplement le prend à son tour pour un con ! Tout réside dans le déficit du commerce extérieur subi par les Etats-Unis qui fabriquent une vacherie invendable en Teutonie. Le caprice enfantin du refus de serrer la main d'Angela Merkel, le petit billet à 350 billions qu'on lui passe lors de sa visite à la Maison Blanche, les insultes à peine voilées sur l'accaparement allemand d'avantages indus, la grossièreté innée du parvenu sans autre bagage que son argent lors de sa tournée européenne, son refus à l'obstacle de vieille carne infoutue de préparer ses réponses au G7 sur l'Accord de Paris (COP21), ses gamineries de corpulence hors de saison à Bruxelles et le golf cart de Taormina autant que sa moue sur un menton mussolinien ont eu raison de la patience allemande. A tel point que la déclaration d'Angela Merkel (ci-dessous) a été endossée immédiatement par son adversaire du SPD aux prochaines élections du Bundestag, Martin Schulz, et nul doute que les chancelleries européennes analysent dès aujourd'hui la nouvelle donne lancée sur le tapis vert depuis la kermesse CSU de Munich, les Anglais étant les premiers déçus de leur éviction du bac à sable.
« Die Zeiten, in denen wir uns auf andere völlig verlassen können, sind ein Stück vorbei [...] Wir Europäer müssen unser Schicksal wirklich in unsere eigene Hand nehmen.»

Soutenir le regard inquisiteur d'un enfant de sept ans et 110 kilos est une épreuve. Merkel ne compte plus subir l'affront de la Bêtise et si les mots de Munich précipitaient brutalement la synthèse de la diplomatie allemande, ils ont le mérite de mettre au net l'obscénité des nouvelles relations transatlantiques depuis l'intrusion du mogul newyorkais sur la scène du monde. C'est l'Europe qui est au contact des défis - d'aucuns diraient des provocations américaines - c'est l'Europe qui doit contenir la revanche russe et développer une économie de libéralisation sur un territoire qui va de la Volga jusqu'à la mer d'Okhotsk, c'est l'Europe qui en prendrait plein la gueule si les grands enfants se battaient un jour, c'est l'Europe le muet de la pièce, jusqu'ici. Mais pour faire entendre sa voix au-dessus du vacarme mondial, il faut revenir aux fondamentaux : si vis pacem para bellum !.

Sur la psychanalyse de Merkel on lira avec profit le billet en anglais de Meiritz, Reimann et Weiland dans le Siegel par ici. OK, ils se détestent ! What next ?



Que veut dire ne compter que sur soi dans l'esprit merkelien ? Sachant l'intuition pragmatique des Allemands (et des Prussiens surtout) on peut s'interroger sur le périmètre du cercle de chariots. L'Allemagne pense-t-elle se défendre efficacement à vingt-sept ? Elle acte la sortie de la Grande Bretagne du pacte européen de défense d'un côté, bloque la Turquie de l'autre, est-ce pour déployer des moyens nouveaux dans les Balkans ou en Baltique ? Le plus facile pour les Allemands est de nourrir le chapitre PSDC** du traité de Lisbonne et de... réarmer. Pour l'instant la Bundeswehr n'est même pas l'ombre de la Wehrmacht, mais la République fédérale dispose des savoirs, épures, plans et matières, prototypes plus l'indispensable : les usines de fabrication. En quatre ans la transformation peut être spectaculaire dans les trois armes. A l'échéance de dix ans, elle coiffe toutes les armées conventionnelles du continent, y compris celles du Royaume-Uni.

Mais la Chancelière de Prusse n'est pas un distributeur d'assurances gratuites. Pas question de dépenser sans compter dans les canons d'assaut si les voisins se vautrent dans les prestations sociales à compte d'autrui. La première raison est électorale, l'opinion allemande, pacifiste au fond d'elle-même, ne l'acceptera pas. L'Europe à défendre devra être rhénane avec des comptes publics en ordre, des déficits non récurrents et maîtrisés, une monnaie allemande et plus si affinités. C'est ici qu'on aborde aux dangers de la fédéralisation macronienne. La France est à fond sur son petit moteur et ne pourra pas faire beaucoup plus avant longtemps. Ce dont elle dispose aujourd'hui en matière de défense est mieux qu'ailleurs mais petit quand même dès qu'on quitte l'étang. Passer des pouvoirs budgétaires à l'Eurogroupe revient à donner l'approbation des comptes à la chancellerie du reich-sans-numéro, ce qui en français facile remet plusieurs clés du trousseau de la politique française à Berlin. Vu la gabegie structurelle des régimes Chirac II, Sarkozy et Hollande, on peut se laisser tenter par le nettoyage d'Hercule que rendrait indispensable et possible l'éventuel anschluss, et rebaptiser des rues du nom de "Pierre-Laval".

Quand, à la fin, les armées françaises et allemandes auront été remises à niveau, et même si s'y agrègent des armées cousines en capacité de les renforcer réellement - comme l'Italie et la Grèce en Méditerranée - il n'en demeurera pas moins que quatre mille cinq cents ogives nucléaires seront toujours dressées dans la Fédération de Russie pour dissuader ses voisins d'en faire trop. C'est sans doute sur la fracture du parapluie atomique que cassera l'Europe de la défense, les pays du glacis soviétique ne croyant qu'à la garantie américaine, même s'ils décomptent les jours qui restent à la présidence Trump. Que va inventer Ubu demain, tel est le leitmotiv de leur angoisse diplomatique.



(*) In order to meet this mission, NATO needs to develop an expeditionary approach and capability. The aim of this workshop is to identify a comprehensive list of Doctrine, Organization, Training, Material, Leadership, Personnel, Facilities and Interoperability requirements for an effective NATO Stability Policing Concept. This concept supports the Projecting Stability aspirations of NATO's Allied Command Transformation Campaign Plan designed to contribute to the realization of the overarching Warsaw Summit themes of defence, deterrence and projecting stability. La mission complète de stabilité globale de l'ACT par ici.

(**) Politique de sécurité et de défense commune (PSDC): elle comprend la clause identique de mutualisation que celle inscrite à l'article 5 du pacte atlantique. Ses termes explicites sont les suivants : « Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. Cela n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres ». La dernière phrase sauvegarde la neutralité de certains Etats tout en les faisant concourir à la défense commune par d'autres moyens.

Note d'ordre : Royal-Artillerie a toujours soutenu l'Alliance atlantique et son commandement intégré, au premier motif qu'elle formait la seule protection crédible en cas de guerre ouverte sur le continent européen et que ses procédures communes étaient une remise en cause permanente des procédures nationales, parfois simplifiées jusqu'à l'indigence par les ajustements budgétaires du moment. Elle le demeure malgré tout, mais il va y avoir un équilibre nouveau qui déplacera le centre de gravité au milieu de l'océan avec des conséquences financières importantes pour la vieille Europe qui vient de tomber du hamac.





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