Y a-t-il un agenda caché du G7 dans l'affaire d'Ukraine ? Quand en 1975 Valéry Giscard d'Estaing a inventé ce format convivial (alors G6) en dehors des chancelleries diplomatiques, c'était pour que les chefs d'Etat se disent des choses sans abonder aux conclusions documentées obtenues des rapports officiels. Ils pouvaient dériver de la ligne officielle, nuancer des positions par leurs sentiments intimes et se dire l'indicible au coin du feu. Les causeries de Rambouillet furent le lieu propice à des consensus qui n'apparurent pas dans les communiqués finaux. Toutes les réunions, sauf peut-être celle de Taormina avec le Grand Eructateur Trump, permirent de caler une position commune sur les soucis du temps. Mais cela, seuls les participants au premier cercle pouvaient le confirmer. Conseillers et sherpas ont engraissé le format depuis lors et il n'y a pas la même fraîcheur d'intention aujourd'hui qu'au départ, quoique l'agenda caché soit toujours possible. Pour en revenir à l'affaire d'Ukraine, il semblerait qu'une gestion des livraisons d'armements, lourds surtout, trahisse une queue de trajectoire pas forcément positive pour le pouvoir à Kyiv, si on y rajoute en plus l'intention objective de la France et de l'Allemagne d'arrêter les combats coûte que coûte, au grand dam des pays d'Europe orientale.
L'artillerie américaine livrée à l'Ukraine est mesurée afin qu'elle ne puisse atteindre le territoire de la Fédération de Russie, et les panzers allemands n'arrivent toujours pas (les équipages seraient en formation). Les douze canons Caesar français sont une goutte d'eau dans le fracas actuel. Les obusiers fournis par l'Europe occidentale et la Grande Bretagne n'ont pas l'allonge leur permettant de détruire la logistique russe en territoire russe. Est-ce un signe qu'il existe un agenda caché ? Et lequel serait-il ?
Si l'agenda caché existe, le seul vrai problème pour le G7 est d'avoir des interlocuteurs crédibles à Moscou : Poutine, Medvedev et Lavrov sont-ils prêts à négocier raisonnablement ou comprendront-ils que cette proposition d'arrangement est une faiblesse occidentale dont il faut profiter en faisant monter les enchères. Je serais tenter de le croire, tant ils sont persuadés d'avoir le mot de la fin avec la menace nucléaire. Ce qui laisse dire à l'Ukraine, qui sent bien que ça branle du manche, que toute concession en appellera d'autres. Le Kremlin est dans une démarche de capitulation jusqu'à tout y engloutir, économie, crédit international et sûreté politique intérieure. Une fuite en avant qui va bien finir par faire peur aux Chinois si les résultats ne sont pas au rendez-vous très vite, parce que cette économie mondiale, dont la Russie se retranche en ricanant, est le poumon d'acier de la Chine populaire sans l'oxygène duquel tout peut s'effondrer... à la veille du 20è Congrès du PCC en plus !
Pékin serait-il le seul canal d'accès au pouvoir russe capable d'être écouté ? Raison, logique peuvent s'y doubler d'une certaine insistance à se faire entendre, instrumentalisée par la reconstruction d'une sphère économique extérieure à la Fédération, seule chose pour laquelle le pouvoir chinois est prêt à se mouiller ; d'une puissance militaire russe rénovée, il n'en sera jamais question. Au contraire, l'étrécissement de la puissance économique russe entre dans le plan chinois de collaboration sibérienne pour capter à bon prix les ressources minières considérables dont l'empire du milieu a besoin. Une diminution du poids militaire russe en Extrême Orient lui convient très bien. Pékin est donc un canal d'approche qui pourrait déboucher.
On notera en marge que le Japon est au cœur de la dispute russo-occidentale, qui a décidé de doubler ses dépenses militaires en s'autorisant pour la première fois des systèmes d'attaque préventive. Les Kouriles ne sont pas si loin, et Moscou fait la sourde oreille sur la revendication légitime nippone de zones de pêche en eau froide inexploitées par la Fédération de Russie qui ne sait trop quoi en faire, après les avoir capturées sans combattre en 1945.
Pour nous résumer, l'agenda caché est probable mais impraticable avec le pouvoir aux commandes à Moscou. La guerre n'est pas gagnable. La Russie ne peut la perdre sauf à enterrer son régime politique mafieux ; la Russie ne peut pas la gagner contre une nation en armes de l'importance de l'Ukraine, à moins de la raser rock-bottom. Un proverbe cévenol que j'ai déjà cité nous donne l'issue évidente à cet affrontement d'un autre âge, construit au Kremlin sur le mirage d'une puissance économique russe capable de le soutenir longtemps : tout finit toujours par s'arranger, même mal ! Et l'on dira cette fois encore : "et tous ces morts pour rien !"
L'artillerie américaine livrée à l'Ukraine est mesurée afin qu'elle ne puisse atteindre le territoire de la Fédération de Russie, et les panzers allemands n'arrivent toujours pas (les équipages seraient en formation). Les douze canons Caesar français sont une goutte d'eau dans le fracas actuel. Les obusiers fournis par l'Europe occidentale et la Grande Bretagne n'ont pas l'allonge leur permettant de détruire la logistique russe en territoire russe. Est-ce un signe qu'il existe un agenda caché ? Et lequel serait-il ?
- Abandonner la Crimée une bonne fois au prétexte du référendum de rattachement à la Russie en 2014. L'alternative (refusée par Kyiv) aurait été de séparer les Raïons et Municipalités de Sébastopol du reste : Simféropol et le désert de Crimée en creusant l'organisation territoriale mise en place en 1992/2010. Ce territoire non-stratégique aurait pu retourner maintenant à une Ukraine fédérative, englobant les deux républiques fantoches du Donbass oriental, la ville fédérale de Sébastopol et sa base navale gigantesque restant à la Russie.
- Abandonner les deux oblasts de Louhansk et Donetsk. L'alternative (refusée par Kyiv) aurait été de mettre en application les accords de Minsk qui prévoyaient l'autodétermination des séparatistes russophones, au lieu de finasser en invoquant des conditions de calme impossibles à maîtriser. Il s'agit maintenant de tout le Donbass !
- Echanger ces Sudètes contre le retrait russe des côtes ukrainiennes de la Mer noire, garantir la sûreté d'Odessa et la liberté de navigation sur tout l'espace maritime (déminer).
Si l'agenda caché existe, le seul vrai problème pour le G7 est d'avoir des interlocuteurs crédibles à Moscou : Poutine, Medvedev et Lavrov sont-ils prêts à négocier raisonnablement ou comprendront-ils que cette proposition d'arrangement est une faiblesse occidentale dont il faut profiter en faisant monter les enchères. Je serais tenter de le croire, tant ils sont persuadés d'avoir le mot de la fin avec la menace nucléaire. Ce qui laisse dire à l'Ukraine, qui sent bien que ça branle du manche, que toute concession en appellera d'autres. Le Kremlin est dans une démarche de capitulation jusqu'à tout y engloutir, économie, crédit international et sûreté politique intérieure. Une fuite en avant qui va bien finir par faire peur aux Chinois si les résultats ne sont pas au rendez-vous très vite, parce que cette économie mondiale, dont la Russie se retranche en ricanant, est le poumon d'acier de la Chine populaire sans l'oxygène duquel tout peut s'effondrer... à la veille du 20è Congrès du PCC en plus !
Pékin serait-il le seul canal d'accès au pouvoir russe capable d'être écouté ? Raison, logique peuvent s'y doubler d'une certaine insistance à se faire entendre, instrumentalisée par la reconstruction d'une sphère économique extérieure à la Fédération, seule chose pour laquelle le pouvoir chinois est prêt à se mouiller ; d'une puissance militaire russe rénovée, il n'en sera jamais question. Au contraire, l'étrécissement de la puissance économique russe entre dans le plan chinois de collaboration sibérienne pour capter à bon prix les ressources minières considérables dont l'empire du milieu a besoin. Une diminution du poids militaire russe en Extrême Orient lui convient très bien. Pékin est donc un canal d'approche qui pourrait déboucher.
On notera en marge que le Japon est au cœur de la dispute russo-occidentale, qui a décidé de doubler ses dépenses militaires en s'autorisant pour la première fois des systèmes d'attaque préventive. Les Kouriles ne sont pas si loin, et Moscou fait la sourde oreille sur la revendication légitime nippone de zones de pêche en eau froide inexploitées par la Fédération de Russie qui ne sait trop quoi en faire, après les avoir capturées sans combattre en 1945.
Pour nous résumer, l'agenda caché est probable mais impraticable avec le pouvoir aux commandes à Moscou. La guerre n'est pas gagnable. La Russie ne peut la perdre sauf à enterrer son régime politique mafieux ; la Russie ne peut pas la gagner contre une nation en armes de l'importance de l'Ukraine, à moins de la raser rock-bottom. Un proverbe cévenol que j'ai déjà cité nous donne l'issue évidente à cet affrontement d'un autre âge, construit au Kremlin sur le mirage d'une puissance économique russe capable de le soutenir longtemps : tout finit toujours par s'arranger, même mal ! Et l'on dira cette fois encore : "et tous ces morts pour rien !"