lundi 30 mai 2022

Un agenda caché au G7 ?

agenda cuir
Y a-t-il un agenda caché du G7 dans l'affaire d'Ukraine ? Quand en 1975 Valéry Giscard d'Estaing a inventé ce format convivial (alors G6) en dehors des chancelleries diplomatiques, c'était pour que les chefs d'Etat se disent des choses sans abonder aux conclusions documentées obtenues des rapports officiels. Ils pouvaient dériver de la ligne officielle, nuancer des positions par leurs sentiments intimes et se dire l'indicible au coin du feu. Les causeries de Rambouillet furent le lieu propice à des consensus qui n'apparurent pas dans les communiqués finaux. Toutes les réunions, sauf peut-être celle de Taormina avec le Grand Eructateur Trump, permirent de caler une position commune sur les soucis du temps. Mais cela, seuls les participants au premier cercle pouvaient le confirmer. Conseillers et sherpas ont engraissé le format depuis lors et il n'y a pas la même fraîcheur d'intention aujourd'hui qu'au départ, quoique l'agenda caché soit toujours possible. Pour en revenir à l'affaire d'Ukraine, il semblerait qu'une gestion des livraisons d'armements, lourds surtout, trahisse une queue de trajectoire pas forcément positive pour le pouvoir à Kyiv, si on y rajoute en plus l'intention objective de la France et de l'Allemagne d'arrêter les combats coûte que coûte, au grand dam des pays d'Europe orientale.

L'artillerie américaine livrée à l'Ukraine est mesurée afin qu'elle ne puisse atteindre le territoire de la Fédération de Russie, et les panzers allemands n'arrivent toujours pas (les équipages seraient en formation). Les douze canons Caesar français sont une goutte d'eau dans le fracas actuel. Les obusiers fournis par l'Europe occidentale et la Grande Bretagne n'ont pas l'allonge leur permettant de détruire la logistique russe en territoire russe. Est-ce un signe qu'il existe un agenda caché ? Et lequel serait-il ?
  • Abandonner la Crimée une bonne fois au prétexte du référendum de rattachement à la Russie en 2014. L'alternative (refusée par Kyiv) aurait été de séparer les Raïons et Municipalités de Sébastopol du reste : Simféropol et le désert de Crimée en creusant l'organisation territoriale mise en place en 1992/2010. Ce territoire non-stratégique aurait pu retourner maintenant à une Ukraine fédérative, englobant les deux républiques fantoches du Donbass oriental, la ville fédérale de Sébastopol et sa base navale gigantesque restant à la Russie.
  • Abandonner les deux oblasts de Louhansk et Donetsk. L'alternative (refusée par Kyiv) aurait été de mettre en application les accords de Minsk qui prévoyaient l'autodétermination des séparatistes russophones, au lieu de finasser en invoquant des conditions de calme impossibles à maîtriser. Il s'agit maintenant de tout le Donbass !
  • Echanger ces Sudètes contre le retrait russe des côtes ukrainiennes de la Mer noire, garantir la sûreté d'Odessa et la liberté de navigation sur tout l'espace maritime (déminer).

Si l'agenda caché existe, le seul vrai problème pour le G7 est d'avoir des interlocuteurs crédibles à Moscou : Poutine, Medvedev et Lavrov sont-ils prêts à négocier raisonnablement ou comprendront-ils que cette proposition d'arrangement est une faiblesse occidentale dont il faut profiter en faisant monter les enchères. Je serais tenter de le croire, tant ils sont persuadés d'avoir le mot de la fin avec la menace nucléaire. Ce qui laisse dire à l'Ukraine, qui sent bien que ça branle du manche, que toute concession en appellera d'autres. Le Kremlin est dans une démarche de capitulation jusqu'à tout y engloutir, économie, crédit international et sûreté politique intérieure. Une fuite en avant qui va bien finir par faire peur aux Chinois si les résultats ne sont pas au rendez-vous très vite, parce que cette économie mondiale, dont la Russie se retranche en ricanant, est le poumon d'acier de la Chine populaire sans l'oxygène duquel tout peut s'effondrer... à la veille du 20è Congrès du PCC en plus !

Pékin serait-il le seul canal d'accès au pouvoir russe capable d'être écouté ? Raison, logique peuvent s'y doubler d'une certaine insistance à se faire entendre, instrumentalisée par la reconstruction d'une sphère économique extérieure à la Fédération, seule chose pour laquelle le pouvoir chinois est prêt à se mouiller ; d'une puissance militaire russe rénovée, il n'en sera jamais question. Au contraire, l'étrécissement de la puissance économique russe entre dans le plan chinois de collaboration sibérienne pour capter à bon prix les ressources minières considérables dont l'empire du milieu a besoin. Une diminution du poids militaire russe en Extrême Orient lui convient très bien. Pékin est donc un canal d'approche qui pourrait déboucher.

On notera en marge que le Japon est au cœur de la dispute russo-occidentale, qui a décidé de doubler ses dépenses militaires en s'autorisant pour la première fois des systèmes d'attaque préventive. Les Kouriles ne sont pas si loin, et Moscou fait la sourde oreille sur la revendication légitime nippone de zones de pêche en eau froide inexploitées par la Fédération de Russie qui ne sait trop quoi en faire, après les avoir capturées sans combattre en 1945.

Pour nous résumer, l'agenda caché est probable mais impraticable avec le pouvoir aux commandes à Moscou. La guerre n'est pas gagnable. La Russie ne peut la perdre sauf à enterrer son régime politique mafieux ; la Russie ne peut pas la gagner contre une nation en armes de l'importance de l'Ukraine, à moins de la raser rock-bottom. Un proverbe cévenol que j'ai déjà cité nous donne l'issue évidente à cet affrontement d'un autre âge, construit au Kremlin sur le mirage d'une puissance économique russe capable de le soutenir longtemps : tout finit toujours par s'arranger, même mal ! Et l'on dira cette fois encore : "et tous ces morts pour rien !"

samedi 28 mai 2022

E la nave va...

Caravelle de Colomb
...comme disait Fellini... enfin, la nave ! plutôt la nef des fous. La quête d'un bonheur possible appliqué à la plus large humanité, qui avait été pour les nations rescapées de deux guerres mondiales la nouvelle règle de gouvernance, est en train de disparaître sous les nuages noirs d'une volonté de puissance déchaînée sous la menace du feu nucléaire. Légitimées par l'histoire, recomposée souvent, les nouveaux tyrans remontent le curseur des causes à chérir aux prémices des deux conflagrations majeures de l'histoire humaine. Après avoir capturé leurs peuples, ils stérilisent le limes de leur empire afin de les protéger d'un réveil dangereux pour leur pouvoir. La Connerie en bottes de fer a beaucoup appris des échecs du passé. Malgré un logiciel d'asservissement des âmes éprouvé durant des millénaires dont on avait monté le son au maximum, il avait manqué aux tyrans modernes un moyen de terreur imparable qui plierait les nations de raison. La Chine populaire et la Fédération de Russie en disposent maintenant. On peut donc rejouer la pièce géostratégique de la Belle Epoque avec de nouveaux instruments à l'orchestre, et que crèvent les mécontents du réchauffement climatique ! C'est pas le moment, hein ? On se sort la plus grosse.

Entre Dimitri Medvedev dans la nouvelle salle de contrôle que Vladimir Poutine a fait enterrer au Kremlin :
- Viens voir Dima, le nouveau joystick que j'ai trouvé :
ON - lumière verte 🟢 : les nègres mangent !
OFF - voyant rouge 🔴 : les nègres jeûnent !
- Vache, Volodia, t'as trouvé ça où ?
- C'est Huawei qui m'a envoyé le prototype.
Ça commande directement la base de Sébastopol :
Vert, la flotte laisse passer le convoi de blé.
Rouge, la flotte stoppe le convoi de blé.
- Super, Volodia, mais ce ne sont pas les nègres qui nous font une guerre totale, mais la race dégénérée d'Occident !
- D'accord, Dima, mais c'est irrésistible quand même ! Et au billard à trois bandes, les nègres forceront les Américains à libérer les comptes bancaires russes.
- Tu es un génie, Volodia. Que Dieu te prête vie !


cul de lampe

De quoi sont menacés les empires russe et chinois ? De rien de plus que la libération des mœurs de leurs peuples et du risque de les voir penser par eux-mêmes en se fondant sur la philosophie naturelle qui fut développée il y a bien longtemps par les penseurs grecs et les penseurs chinois, lesquels n'y ont pas pris une ride. D'un côté, une coterie oligarchique venue de nulle part a confisqué tout un pays à son seul bénéfice (le taux d'attrition par concussion des crédits militaires russes est phénoménal) ; de l'autre, un parti historique et largement obsolète a encagé l'économie nationale et la pensée des gens pour garantir sa perpétuation par tous moyens orwelliens ; et dans les deux cas, quoiqu'il en coûte aux rétifs ! Ce qui reste étonnant quand même est que les pouvoirs russes et chinois ont décidé de ne pas se passer du théâtre démocratique pour légitimer leur étreinte sur les sociétés qu'ils exploitent ! Poutine fait des scores ajustés dans des scrutins largement truqués ; Xi veut faire voter le prochain congrès au knout, même si les ambitions concurrentes sont de plus en plus fortes au sein même des palais politiques. Ils ne savent ni l'un ni l'autre esquiver des pourcentages et c'est bien là qu'on mesure ô combien cons sont-ils !

Enivré de son pouvoir parce qu'il commande au Grand Jeu, Poutine, un ancien employé aux tampons du KGB mais rusé comme un singe des fortifications, a établi son empire éphémère sur onze fuseaux horaires au seul motif présentable de résister à l'esprit missionnaire qui règle et pourrit les relations humaines depuis Rahan ! Endémique à l'espèce humaine, cette impatience irrépressible des sachants du monde entier à faire partager leurs croyances et leur science à leurs voisins est à l'origine de toutes les guerres, alors qu'elle aurait dû n'être qu'un facteur de développement et de progrès par transmission des savoir-faire. Nous, occidentaux, découvrons que la "liberté chérie" est un souci très secondaire chez des peuples immenses s'ils obtiennent contre elle la sécurité du quotidien et une perspective d'amélioration future pour leur enfant. Un peu d'aisance matérielle en plus noiera liberté et démocratie associée dans le doute des complications. Cessons pour commencer de porter partout la sainte parole et à ne juger fréquentables que les peuples qui l'acceptent. Participons à l'enrichissement global par l'entraide économique, nos intérêts bien compris y étant sauvegardés, mais sachons aussi résister aux tentatives hégémoniques de tyrans qui avancent masqués derrière la dénonciation de notre modèle occidental et derrière une offre sécuritaire prémunissant leurs cibles contre notre coopération intéressée ; alors bien sûr que c'est pure philantropie de leur part. C'est ainsi que débrancher la Russie de l'économie globale en l'autarcisant et contrer les manœuvres chinoises de colonisation des nations insulaires du Pacifique-nord sont des réactions parfaitement légitimes avec ou sans exportation contractuelle de notre "modèle".
Une condition ? Réarmer, aussi longtemps que la force primera le droit, et ne se faire pas plus de soucis que nécessaires.
L'espèce est perfectible, à l'infini, et vogue la galère !

dimanche 22 mai 2022

Louis et Marguerite d'Anjou à New York

Louis de Bourbon
Le duc d'Anjou et sa charmante épouse sont allés ce mois-ci à New York au dîner annuel de charité de la Versailles Foundation (les tarifs en cliquant ici) et l'héritier des Quarante Rois s'est fendu d'un petit speech pas piqué des hannetons que vous découvrirez dans la langue de Rockefeller. Vous savez, celui qui a refait les toits du château après la Grande Guerre.

Comme le lui ont appris les docteurs de la loi, il s'y déclare héritier de la monarchie d'ancien régime par les Lois fondamentales du royaume - on ne va pas chipoter - mais plus intéressant, il entre en lice et dicte au pays, le nôtre, son avenir dans une monarchie revenue qui n'est pas moins que la question qui préoccupe tout le monde :

« Bel héritage, aujourd’hui plus moral que matériel, qui me confère, des devoirs de tradition et de charité [...] je témoigne des valeurs qui ont fait la France antique, telles que : la justice à l’image de saint Louis, la paix sociale et la richesse du peuple avec Henri IV, la beauté et la culture magnifiées par Louis XIV. Je ne peux pas conclure sans aborder la question qui préoccupe tout le monde. Y a-t-il un avenir pour la monarchie ? Il y en aura toujours, car le monde a faim et soif de vraie justice, de vraie morale. Nous avons tous besoin de références claires.»


Si j'ai un peu de mal à l'imaginer dès aujourd'hui sous la couronne de France, je pense que l'intention est bonne et que son tempérament le pousse à en découdre comme il l'a montré dans les misères socialistes faites à son aïeul et caudillo. Ira-t-il comme son père jusqu'à monter une sorte de conseil du roi en France en ébauches de ministères ? C'est la seule question qui vaille. Contrairement à ses cousins de Juillet, il ne chasse pas les décorations de la République ou de juteuses prébendes censées procurer l'ordinaire dans une vie de bâton de chaise. Il peut parler sans craindre qu'on lui retire ce qu'il attendrait de l'Etat. Il n'en attend rien. Lors de la grande dispute de Los Caïdos on pouvait légitimement penser qu'avec la direction de la Fondation Franco, la résistance aux séquestres fonciers, la ducature de sa mère, le soutien au parti Vox, il lui resterait peu de temps pour s'occuper de son destin français. L'inertie de l'Institut de la Maison de Bourbon l'agace-t-elle au point de reprendre les choses en main comme l'avait fait son père jadis, excédé par les imposants Baufremont, ou comme lui-même et quelques amis l'avaient tenté en créant l'Institut Duc d'Anjou en 2010, initiative pourtant utile qui ne survécut pas à la première enquête des Renseignements Généraux. Ne cherchons pas qui a lâché les chiens !

Souhaitons qu'il reprenne bientôt la route de France, maintenant que la pandémie est contenue.
Mais il y a de plus gros dossiers qu'avant au pupitre, sur lesquels il lui faudra être clair ; pour commencer : la guerre poutinienne d'Ukraine, la souveraineté énergétique et sanitaire, la décroissance due au réchauffement. On n'attend pas de lui des positions politiciennes ménageant la chèvre et le choux ou un avenir démocratique. Il parlait à New York de références claires, ce sera le vrai moment. On ne pourra cette fois se limiter à la famille chrétienne traditionnelle et aux convictions pro-vie.

Quand il aura parlé, les hommes se rangeront... ou pas.

samedi 21 mai 2022

"Guerre"

Appelé par le Sud pour "affaires vous concernant" j'ai meublé mon voyage de l'inédit posthume de Louis-Ferdinand Céline dont toute la presse a parlé : "Guerre". La quatrième de couverture de Gallimard en est un bon résumé. Elle dispensera aux nécessiteux d'acquérir l'ouvrage au prix mirobolant de 19 euros, mais permettra de tenir le crachoir intelligemment lors du prochain dîner de la Préfecture. La voici à titre gracieux :

LF Céline
Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l’action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l’œuvre de l’écrivain est mise au jour. Car Céline, entre récit autobiographique et œuvre d’imagination, y lève le voile sur l’expérience centrale de son existence : le traumatisme physique et moral du front, dans l’« abattoir international en folie ». On y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où, gravement blessé, il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu’à son départ pour Londres. À l’hôpital de Peurdu-sur-la-lys, objet de toutes les attentions d’une infirmière entreprenante, Ferdinand, s’étant lié d’amitié au souteneur Bébert, trompe la mort et s’affranchit du destin qui lui était jusqu’alors promis. Ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l’auteur n’avait jamais abordé sous la forme d’un récit littéraire autonome, apparaît ici dans sa lumière la plus crue. Vingt ans après 14, le passé, « toujours saoul d'oubli », prend des « petites mélodies en route qu'on lui demandait pas ». Mais il reste vivant, à jamais inoubliable, et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l'œuvre de Céline.

cul de lampe


Parce que mon grand-père, descendu au Col du Bonhomme en août 14, subissait au pied des Vosges la même séquence de l'ambulance, tel qu'on nommait les hôpitaux provisoires de campagne, j'ai acheté ce livre, attendant un récit pour soi-même d'une période douloureuse, récit désencombré de l'ordure dont Céline se fit une spécialité, mais tout de même enlevé et plutôt provoquant. Hélas, sa gouaille fameuse dans l'insulte-comme-un-art, est toute là, à nous décrire heurs et malheurs du lâcher de salopes sur Hazebrouck. Le plaisir de l'auteur dans l'emploi de mots crades, de jurons, d'injures salaces est tout entier, mais malgré ratures et repentirs, on sent l'ouvrage en cours, ni poli, ni fini, à juger finalement la démarche des éditeurs foutrement déloyale !
A quel motif s'arroge-t-on le droit de publier le travail en chantier d'un auteur disparu qui, en 1934, jugeait l'ouvrage inachevé - un mauvais livre cochon - pour le remettre déjà à son éditeur ? Certes, on viole les tombes antiques au prétexte de "connaître" l'histoire de civilisations disparues et les Anglais eurent des moulins à momies pour engraisser leurs champs. Faut pas gâcher ! Souvent les ayant-droits poussent au crime pour faire de la monnaie sur le génie familial qui, de son vivant parfois, les en avait privés pour des caprices personnels ou pour des "créatures" finalement moins chères, comme disait Sacha Guitry. Le dernier ayant-droit de Céline fut sa veuve Lucette, décédée, criblée de dettes en 2019. En remontant les ascendances, sans doute en a-t-on trouvé d'autres, affamés.

La liberté d'un auteur, surtout célèbre, est de disposer à sa guise de ses propres travaux d'écriture. Le piller après sa mort pour du fric est immoral, surtout dans l'inachevé, et doublement quand sa bibliographie suffit, ô combien dans ce cas, à la gloire planétaire de l'auteur. N'achetez pas !

dimanche 15 mai 2022

Nouvelles du blog

image de blog
Le blogue est en pause pour convenances personnelles. Et tout compte fait, il n'y a rien à dire sur les deux sujets qui cuisent sur les fourneaux médiatiques.
Sur la guerre d'Ukraine, les directeurs de chaîne se sont réveillés et produisent enfin des experts disposant des outils d'analyse à la bonne profondeur et l'intelligence synthétique qui nous permet de les comprendre. Je n'en citerai aucun mais ceux que l'on voit depuis dix jours sont les meilleurs. Les fumistes ont été rayés des cadres, je n'en citerai aucun puisqu'ils ne m'ont rien fait, mais il était temps de débarquer les charlots des plateaux. Le lecteur avide d'information guerrière peut donc aller sur La Voie de l'Epée et sur Defense One en plus de suivre les débats améliorés en plateaux.

Bien sûr, je pourrais diffuser ma superanalyse géostratégique mais des éléments déterminants font défaut, même en lisant aux meilleures sources ; le gros point d'interrogation est le basculement des pays scandinaves dans l'Alliance atlantique sans murmures à l'intérieur ni craintes. Nous ignorons beaucoup, c'est un fait.
Autre chose : ceux qui demandent un cessez-le-feu au moment où la situation s'inverse sur le champ de bataille au profit de l'ouest sont des "traîtres". C'est au contraire le moment de pousser plus fort !

L'autre sujet qui meuble les lucarnes bleues, ce sont les élections législatives de juin. Un billet n'est pas près de voir le jour sur Royal-Artillerie, sauf ire irrépressible du Piéton, puisque la procédure électorale est pourrie jusqu'à l'os au bénéfice des partis réputés de pouvoir. J'ai vu avec amusement que Jean Lassalle, empêché par la faculté de médecine, propulse son frère dans la prébende. Sacrés macaboundéous !

PS du 17/5/22 : A signaler pour finir que notre sémillant président a passé 21 jours (vingt-et-un ! trois fois sept !) à chercher partout son premier ministre (les heureux choisi.es se sont récusés les uns après les autres) avant de se rabattre sur un adjudant-chef de la technocratie, obéissante et besogneuse ! Avec l'introuvable madame Borne, la présidentialisation du régime est quasiment achevée. Mais pour faire quoi ?

Un peu de musique ?



dimanche 8 mai 2022

Tyrannosaures

drapeau soviétique sur Berlin

Honneur aux soldats morts les derniers jours de la guerre à Berlin. Ils n'ont pas fait semblant. Soixante et dix-sept ans plus tard, calé dans mon Voltaire, les pieds sur la fenêtre à contempler au soleil couchant la guirlande de gui qui orne le fleuve au long des peupliers, je devisais sur l'espèce humaine en ce jour de commémoration de l'incinération d'Adolf Hitler, en me demandant si Aymeric Caron est si décalé que ça à mépriser les hommes comparés aux insectes. Les hommes qui gouvernent les hommes ont trop rarement la vocation de se soucier du peuple pour qu'on leur fasse confiance longtemps. La supercherie démocratique n'est même plus cachée. Certains dirigeants deviennent les loups de la formule de Hobbes.

Dans la famille des Allumés j'appelle :

Xi Jinping, qui pousse le rêve de revenir aux marches impériales pour éloigner sinon stériliser toute influence exogène capable de compromettre l'avenir enchanté du Parti communiste chinois. Il est prêt à tout et, en communiste bien borné, il ne récuse aucune mesure à l'évidence contre-performante, comme par exemple la lubie du Covid Zéro. Qu'a-t-il à faire des peuples de Chine ? Beaucoup si ceux-là obéissent minutieusement aux consignes du Parti qui détient la science infuse, rien ou que dalles, s'ils le contestent, auquel cas la chirugie sociale extirpe les activistes ou déclarés tels du corps social et va jusqu'à les faire disparaître dans les méandres du digesteur judiciaire chinois. Mais le pire de tout n'est pas la colère intime des Tibétains ou l'insurrection larvée des Ouighours et des Mongols, mais la provocation permanente du bonheur taïwanais décorélé des soins intensifs du Parti communiste.

L'autre "impérial" est le plus dangereux parce que plus petit : Vladimir Poutine. Il n'a pas fait plus d'études que le précédent, mais il s'est rattrapé par la lecture d'ouvrages de russification à outrance jusqu'à former le projet d'un rôle à la mesure de sa propre estime, réunissant sous l'étendard de la Sainte Russie toutes les terres où les tsars de jadis ont pu poser le pied. Pour meubler ce délire hors des capacités de l'impétrant, tous les motifs sont bons même les plus éculés, comme la menace aux frontières que l'homme de Cro-Magnon utilisait déjà. Si le Chinois est fils de prince et le ressent, le Russe est fils de rien sinon d'un concours de circonstances ayant arrangé les affaires de la mafia qui a grandi sur le fumier des ruines soviétiques. Mais par ses accointances avec le patriarche de Moscou, il détient un morceau de la vraie croix et subjugue le moudjik.

L'autre fou est mon préféré : Kim Jong-un. Il forme un duo infernal avec sa sœur terrible, Kim Yo-jong. Ils jonglent avec la bombe atomique, comptant sur le bunker sans doute le plus profond au monde pour survivre à l'apocalypse qu'ils rêvent de déclencher, juste pour voir ! Le peuple nord-coréen n'est pour eux que du bétail incinérable, élevé pour satisfaire à la pérennité de la dynastie issue de la guerre de Corée. Ces trois déments eurasiens "règnent" sur seize cents millions de gens soit vingt pour cent de la population mondiale, ce qui mesure l'étendue de l'infection. Et il y en a d'autres, plus petits, partout.

Dans la famille des "grands missionnés", on trouve entre autres moins pires qui détruisent quand même leur pays - je pense à Bolsonaro - le Birman Min Aung Hlaing, le Nicaraguayen Ortéga, l'insubmersible Bachar el-Assad. A tuer ! Ces tyrans de division 2 se sont retranchés dans les palais du pouvoir à soigner leur bénéfice exclusif et "gèrent" leur peuple comme une ressource qui leur est due. C'est là que l'on touche du doigt la différence entre eux, légitimés par un protocole démocrasseux au comble du ridicule, et les monarques constitutionnels esquivant l'élection, qui vivent au milieu de leurs sujets pour en partager les sentiments ; mais plus fort encore pour la démonstration, est le cas des monarques absolus de droit divin qui n'avaient de limites que celles posées par leur tuteur, Dieu. Plus libres encore, ils avaient pour la plupart un réel souci de leur peuple. C'est l'amour du peuple qui a conduit Louis XVI à l'échafaud. Presque tous les rois de France ont montré une préoccupation sincère pour les conditions de vie des peuples à eux confiés, et ce ne furent pas toujours les plus grands les plus attentionnés.

Pause ! Hier avait lieu l'investiture d'Emmanuel Macron pour son second mandat présidentiel. On connaît ses idées, ses obsessions, son orgueil, mais où est le bonheur des gens ? Il a des soucis comptables générés par l'impéritie des cabinets politiques qui se sont succédés aux concours de démagogie ; des soucis de prééminence européenne que ses partenaires lui dénient ; des soucis de défense européenne qui n'impriment pas ; des soucis d'influence en Afrique sans projet décolonial sructuré. Ses contempteurs n'en ont pas plus. Le plus bruyant est même le plus dangereux à cause d'un agenda caché qui se dévoile à mesure qu'il forme la coalition d'opposition pour les élections législatives de juin. C'est un projet de collectivisation qui se dessine. Chacun va à la soupe, petite soupe, tiède potage, le bonheur du peuple ? Quelle idée ! On va le foutre dans la Constitution le bonheur et basta ! Que demande le peuple d'ailleurs ?
Ben oui : d'être protégé au-dedans comme au-dehors, soigné correctement et libre de s'occuper à vivre par lui-même. Dans ce pays qui s'est donné la mission d'exporter son modèle, nous en sommes très loin, malgré la prégnance d'un Etat total qui se mêle de tout, à nous faire rêver d'anarchie.

Tit'conclusion

Faite de glaise dit la légende, l'espèce humaine a besoin de transcendance pour ne pas sombrer dans sa bestialité génétique. Les rois procèdent de cette transcendance essentielle, les dirigeants élus, jamais. Il en est d'honnêtes certes, mais l'ambition personnelle prend trop souvent le pas sur le bien commun, et plus le temps passe à poste, plus la dérive se monarchise jusqu'à faire croire au titulaire éphémère qu'il est là en viager. Même les grands fauves démocratiques n'arriveront jamais à la cheville d'un roi oint. Toute démocratie est vanité. Demain, à midi heure de Moscou, on saura si la Troisième Guerre mondiale est possible. Ce ne sera pas anodin car nous ne sommes pas prêts. Pauvre de nous !

mercredi 4 mai 2022

La Totale

Le livre le plus lu aujourd'hui dans les états-majors est peut-être La Guerre totale de ce bon vieux Ludendorff, ainsi que se lève à l'horizon le pronostic d'une course au précipice. L'opération spéciale du Kremlin est ingagnable en l'état des forces et ressources en présence sauf fission du noyau atomique, et les inconvénients de cet échec, aussi dissimulé soit-il, risquent de jeter les apprentis-sorciers dans une guerre totale où la profondeur stratégique de la Fédération de Russie redonnerait l'avantage.

couverture de La guerre totale
D'expérience et par construction le peuple russe est formaté à la souffrance si la cause patriotique en vaut la peine. Et toute la propagande de l'Etat poutinien s'y emploie afin d'obtenir une "discipline" du peuple comme la cernait Erich Ludendorff : Cette discipline doit compter sur la voix de l'âme du peuple et sur le sacrifice de la vie mortelle de l'individu à la vie immortelle de la communauté populaire. Le tragique de la proposition sied au slave surtout par une levée en masse pour que à tout instant, peuples et armées [soient] prêts à engager leur force tout entière pour le salut de la communauté. Et si, comme l'ajoute le chef d'état-major de Guillaume II, les peuples ne comprennent pas les guerres d'agression, mais admettent un combat que nécessite la conservation de leur propre existence, la résistance ukrainienne permise par les fournitures occidentales va être proclamée à Moscou comme une menace existentielle pesant sur la Sainte Russie qui n'aura d'autre voie que celle de la guerre cette fois déclarée. Comment ?

En coupant le gaz !

Provoquant le chaos des économies européennes, la rupture d'approvisionnement en énergie industrielle va stopper maintes usines, libérant de gros effectifs ouvriers renvoyés chez eux dans un habitat sans chauffage l'hiver prochain. Bien sûr, l'Etat russe perdra tout l'argent de la vente mais il peut déjà prendre langue avec les consommateurs asiatiques pour rediriger ses exportations d'hydrocarbures en appelant des fonds chinois pour poser les oléoducs/gazoducs nécessaires. Il se rémunèrera pour le reste sur la vente de minerais et matières premières raréfiés et chères, et prendra son mal en patience jusqu'à la pose de la dernière vanne du parc gazier de destination. N'ayant rien à battre des règles et normes, les tubes et les stations peuvent être opérationnels en dix-huit mois quand le renversement d'alliance énergétique européen prendra plus de deux ans voire trois. Avec une bonne mise en condition du peuple russe, le délai est tenable. Il est moins sûr que les peuples européens tiennent une distance plus grande, pour une guerre qui reste malgré tout à leurs yeux une affaire de "principes".

Sauf révolution de palais, à voir la montagne d'insuccès du projet poutinien, la guerre totale est l'issue la plus vraisemblable. Au-delà des souffrances inévitables annoncées à l'Ouest, la nouvelle donne aura des conséquences inédites sur les concepts fondateurs de l'économie globalisée d'une part - la mondialisation heureuse est morte - et d'autre part sur la qualification des dirigeants européens qui ont abandonné leurs souverainetés essentielles (jusqu'aux bases pharmaceutiques) à des nations pouvant se déclarer hostiles du jour au lendemain. M. Macron et ses minions pensent-ils pouvoir encore se payer de mots dans le sillage de la doxa bruxelloise qui croit résoudre les approvisionnements de gaz comme celle des masques ou des vaccins ? Il leur faudra des résultats concrets. Le temps est fini des projections rassurantes, des lendemains gérables le cœur sur la main. C'est toute la classe politique française qui est en défaut. Depuis longtemps nous le savons.

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