mercredi 29 mars 2006

Le peuple en l'état (2)

"Le peuple en ses états" ! Diable !
Selon Charles Maurras, l’Etat est le fonctionnaire de la société. L’Etat, quand il est bien institué, n’a presque pas affaire aux individus. C’est sur les sociétés dont il a la charge, et c’est aussi sur leurs rapports mutuels, que s’exercent ses principaux attributs ; seuls les criminels, avec les héros et les saints, personnalités d’exception, ont des rapports avec l’Etat qui a le droit de connaître ces anomalies ou pour les honorer ou pour les châtier. Ajoutons à la liste des personnes en commerce directe avec l’état, le petit nombre de fonctionnaires, y compris les armées de terre et de mer. Pour tout le reste, un Etat normal laisse agir, sous son épée, la multitude des petites organisations spontanées, collectivités autonomes, qui étaient avant lui et qui sont la véritable substance immortelle de la nation.
Il faut laisser se constituer la France en une multitude de véritables républiques locales, professionnelles, morales ou religieuses d’ailleurs compénétrées les unes par les autres, mais se gouvernant par libres conseils spontanés
(ce texte est une contraction de l'original maurrassien, plus long).

Expulser le parlementarisme de l'état central et laisser fleurir les républiques locales, n'est-il pas façon de purifier l'étage suprême vers une gouvernance impeccable en déclassant la corruption des moeurs politiques aux niveaux subalternes ? Dans une note précédente, nous nous interrogions sur la capacité du peuple à se gouverner dans une démocratie de proximité.
En quoi ce matin, le parlementarisme retrouverait-il ses vertus supposées dès le moment où ce processus de choix politiques serait rapproché des besoins exprimés par les votants ? Aucun principe ne surgit pour nous le prouver. Mais on peut observer quelques indications.

Les assemblées régionales telles qu'elles fonctionnent en France, ne sont qu'un refuge pour des politiciens battus au niveau supérieur. Ils y transportent leurs utopies comme leurs expériences, avec le secret espoir d'en réchapper dans des circonstances plus favorables pour leur parti, ou à l'occasion de réinvestitures nationales leur faisant un meilleur sort. Il est amusant de noter qu'aucun leader politique ayant une ambition nationale n'est scotché dans une région : Il n'y pourrait revendiquer aucune "proximité" de son électorat, il serait marqué le plus souvent comme chef local des combines d'appareils, et finalement il bénéficierait de moins d'aura qu'un président de conseil général, a fortiori moins qu'un maire. Il est des députés-maires, des sénateurs-maires. Il n'est pas de conseillers-maires, ça fait cucu. La région, c'est le baiser du lépreux. La preuve Raffarin ! Et demain Ségolène Royal !

Les débats de ces assemblées, hormis la gestion courante des infrastructures et soucis décentralisés, ne visent qu'à reproduire les clivages des partis nationaux, sinon à faire office de chambres de revanche, ainsi que la Gauche les utilisent depuis son raz-de-marée provincial. Par ailleurs le désintérêt manifeste des caciques nationaux pour ces positions, allié au désintérêt manifeste des électeurs pour ces assemblées constituées sur des listes bloquées, permet au leader local selon son tempérament, d'agir en petit dictateur, avec chaque fois un goût immodéré pour de monstrueux gaspillages dans la communication de son ego : ci-dessous le Conseil régional Languedoc-Roussillon destiné à devenir le mausolée de Georges-Frêche Ier de Septimanie, à l'issue de funérailles grandioses qui relègueront celles de Lucky Luciano au niveau de l'enlèvement d'épaves !

conseil régional de montpellier
La vie "parlementaire" des régions PACA et Languedoc-Roussillon est exemplaire de ce déclassement de la corruption des moeurs à un étage subalterne. Les joutes autour du Front National ont donné la mesure de l'immense hypocrisie de cette classe politique de Division 2, sur laquelle l'électeur régional ne sent aucune prise. Mais le projet de décentralisation n'avait pas l'ambition de "démocratiser" les choix régionaux, mais d'appliquer un Plan quinquennal de type soviétique. La suite donnée tient de la fromagerie républicaine.

Passons en Division 3.
C'est curieusement la classe choisie par certaines pointures politiques pour prendre un bain de "réalité". C'est celle privilégiée par l'actuel président radical-socialiste de la République. Ce sont 95 clubs de notables qui s'occupent à la fois des vieux, des collèges et des routes, et constituent le vivier de la sinécure suprême, le Sénat. On ne s'y fait que des amis, obligatoirement sauf à chercher le suicide politique. Autrement dit, un Conseil général est une enceinte de consensus, dès lors que restent à la porte les grands élans partisans nationaux. Les conseillers généraux sont élus au suffrage direct, par canton. Chacun peut mettre un visage et une histoire sur son conseiller. C'est de la démocratie locale. Il est dommage et pas justifié de manière limpide, que les réformes discutées sur les étages d'administration du pays, visent à la suppression des départements créés par la Convention. A notre sens, c'est un des acquis positifs de la Révolution. Les départements ont créé une forte identification chez leurs habitants et leur découpage s'est avéré plus rationnel que celui des régions-programmes dont certaines sont "inexplicables" sauf à fédérer des "restes" !
En résumé, on remarquera que cette Division du sport démocratique institutionnalise une enceinte parlementaire sans parlementarisme. C'est encourageant.

Passons en Nationale (pour les réfractaires au football, c'est la Division 4).

conseil municipal sérieux
Nous sommes au niveau de la commune. Logiquement, c'est la circonscription de contact, et donc on devrait voir les enjeux partisans nationaux s'estomper ou disparaître. Ce n'est presque jamais le cas, sauf dans des communes rurales dépeuplées où la mairie est un sacerdoce redouté. Partout ailleurs, s'affrontent les idéologies. Il n'est que de lire les bulletins municipaux pour s'apercevoir de cette irrésistible tentation du baron local à s'élever à la grande politique en approuvant ou débinant les projets du niveau national, sans autre analyse personnelle que la répétition de slogans approuvés par le secrétaire général de son parti d'origine. Les réunions du Conseil municipal tournent de temps en temps à la foire d'empoigne mais rarement sur des questions triviales. Sur des principes !
Deux raisons à cela : d'une part, le Conseil municipal est la porte d'entrée des novices qui, s'ils sont ambitieux, veulent déjà se distinguer et construire un curriculum vitae utile pour l'ascenseur politique et social. D'autre part, la République s'est arrogée la mission de défense et illustration des Droits de l'Homme, et ses élus de premier niveau s'abandonnent souvent à les prendre au premier degré, contestant des décisions préservant pourtant l'intérêt général au détriment d'intérêts catégoriels certes, mais tabous. On identifie plus aisément le droit d'une catégorie que la "justice médiane" d'un choix de gestion. Par contre les manoeuvres ou bavardages du parlementarisme ne se rencontrent que rarement dans ces conseils qui sont voués à une certaine efficacité. Sauf peut-être en terre méridionale, où on adore s'écouter déclamer.

Qu'en déduire ?
La fonction crée l'organe. Le but à atteindre détermine le sérieux des délibérations.

Si l'on est contenu au concret, si le monde extérieur à soi attend des résultats, les dérapages du parlementarisme s'éloignent. On ne changera pas pour autant la propension naturelle du Français à donner son avis sur des questions qu'il maîtrise mal et surtout celles-là, les autres le lassant. Comme l'Italien ou l'Espagnol, le Français adore faire le roi, ratiociner, trancher, couper et remettre une tournée à la fin !

Maurras le Provençal montrait une certaine proximité populaire quand il conseillait de laisser s'épanouir le parlementarisme aux étages subalternes. Il suffirait de vouloir l'interdire pour que bientôt il envahisse tout.
Il faudra quand même se préoccuper de l'ADN gaulois tant qu'il en reste, qui multiplie les pavois de chef jusqu'au plus modeste des hameaux, suscite des présidences dans tous les domaines possibles, le plus large n'étant pas celui des clubs de Pétanque, conteste systématiquement l'autorité du seigneur depuis la fin du Moyen-Age, et finalement déteste l'autorité dès qu'il ne l'applique pas à sa progéniture.
Alors le projet maurrassien d'une "multitude de véritables républiques locales, professionnelles, morales ou religieuses se gouvernant par libres conseils spontanés" est peut-être un pirouette pour se distraire à nous contempler sur le nuage de l'Eternité auquel le maître avait fini par croire.

Il s'agit finalement de faire confiance à la nature humaine, en l'éduquant un peu quand elle passe sur les bancs de l'école. Prévoyons des cours de "Proportionnelle".
Et accessoirement, quand un homme politique triche, ne pas hésiter à le traiter du mot juste : démagoge, concussionnaire, menteur, satrape, voleur, etc... tous qualificatifs à tirer d'une liste bénéficiant de l'exonération pénale !

Rions de l'Anarchie monarchiste par avance !
D'application, elle sera bien autre chose.

lundi 27 mars 2006

Le peuple "en l'état"

"Le peuple en ses états, le roi en ses conseils".
La devise qui organise les libertés réciproques du roi d'exercer ses pouvoirs régaliens dans une indépendance absolue, et du peuple de gérer son quotidien comme il l'entend démocratiquement, est-elle toujours valable d'application ?

"Les libertés en bas" est un slogan qui présuppose une véritable procédure de choix populaires dans les structures de gouvernement provincial et local. Ce serait la panacée au désordre actuel des récriminations qui foisonnent, que l'on attribue généralement au déficit démocratique. Les gens rechignent parce qu'on ne leur a pas suffisamment parlé, dans des enceintes de débats. Ainsi dans le royaume rêvé, les gens seraient-ils convoqués plus souvent à trancher des questions de proximité, ce qui les impliquerait dans le "Politis" et arriverait à les transformer en citoyens responsables, capables dès lors d'envoyer des députés de qualité auprès du pouvoir central afin de lui exprimer le sentiment général de la Nation pour les questions supérieures. Le pouvoir suprême, attentif mais libre de ses propres choix, ne se soucierait finalement que de placer le pays dans les meilleures conditions générales du bonheur de la Nation, avec une vue à long terme favorisée par sa permanence, et un réflexe de pater familias qui a reçu du bon et transmet du meilleur, réflexe favorisé par la successibilité héréditaire. C'est l'utopie royaliste.

La question qui vient immédiatement après la "mise en conditions prospères" du pays par le roi et ses conseils, est celle de la capacité du peuple à gérer ses affaires locales. Parce qu'on a bien compris qu'il ne suffit pas de créer un environnement favorable et persistant pour que la nation exulte. Certes le peuple appréhendera plus facilement les tenants et les aboutissants des choix dont il se saisira ou qu'on lui confiera. Mais actionnera-t'il le "réflexe civique" du Bien commun, privilégiera-t'il son intérêt particulier, sera-t'il capable de le cerner d'ailleurs, agira-t'il plutôt en résonance de l'activisme de blocs trans-régionaux qui chercheront à passer par-dessus les intérêts locaux pour des campagnes de niveau national, pervertissant ce faisant la démocratie directe qu'on aura bien voulu lui concéder ? Tout cela à la fois, le système étant réputé le plus mauvais à l'exclusion de tous les autres.
parlement incendié
Mais avec une circonstance aggravante en France : La révolte populaire y a toujours été connotée "démocratique"; ce qui affaiblit d'avance le jeu démocratique réel. Une ville, une région seront à la portée d'émeutiers de toutes catégories qui y feront la loi. Qu'on se souvienne de la lamentable affaire du parlement de Bretagne, incendié par les Huns.

L'intelligence civique a depuis longtemps été déniée au peuple que l'on sait superbement idiot au point qu'on doive le faire voter au travers de règles électorales inextricables dessinant des cartes électorales artificielles, ce afin de proclamer des majorités qui ne sont rien de plus que l'agrégation d'intérêts minoritaires dont la coalition le demeure. L'escroquerie démocratique républicaine qui permet le hold-up d'une caste polymorphe sur les affaires de la Nation, a interdit d'éduquer les gens au maniement de la vraie démocratie. Je suis toujours admiratif à la juste arrogance de ces démocraties qui votent leur sécurité à la proportionnelle comme Israël. Il faut en avoir dans le pantalon ou plutôt savoir s'abandonner philosophiquement à une vertu nationale que l'on n'atteindrait collectivement que dans la simplicité. Même le scrutin basique présidentiel fait l'objet d'une préparation spéciale avec l'obligation d'adoubement délivré par les partis en place (500 signatures d'élus). Faire un cours d'instruction civique en France est un défi d'alchimiste. Expliquer à de âmes simples les modes de scrutins républicains adaptés chacun à un niveau de choix - prendre simplement le scrutin municipal -, devrait éveiller la méfiance des auditeurs intelligents. Pas besoin, les fabricants du système ont décidé un jour que le peuple devait faire confiance à ses centurions auto désignés, partis, syndicats, ligues et clans qui sauront y trouver - mais là n'est pas la question -, les chemins de leur intérêt et surtout de leur subsistance. Alors on rabâche à l'électeur, tout au long de sa vie, qu'il doit faire confiance en la République parce que elle est la seule à lui garantir sa liberté ! Et la plupart n'iront jamais chercher plus loin. "La plupart" en démocratie ça fait une majorité.

Question préalable à la limite du sacrilège : le peuple est-il "politique" ? Sait-il gérer la Cité ? Autrement dit, la démocratie directe est-elle l'os à ronger qu'on jette aux gens pour qu'ils ne s'intéressent pas plus longtemps aux enjeux nationaux et internationaux dont ils ne comprennent pas grand chose mais sur lesquels ils auraient beaucoup à dire si l'on en croit leurs représentants. Après tout, si le nouveau royaume prédispose à la démocratie directe contre l'avis "éclairé" de Voltaire qui y voyait la certitude de la dictature la plus néfaste, celle de la Bêtise, on ne peut oublier que déjà dans les temps antiques, on avait coutume de trier les électeurs parmi les résidents car on doutait que la sagesse citoyenne fût également répartie. On se méfiait des visages étrangers à la Cité, du défaut de maturité, de la condition sociale. Jusqu'à l'époque moderne on n'eut de cesse de restreindre la capacité à voter, et aujourd'hui encore le suffrage n'est pas véritablement universel dès lors qu'on exclut des urnes des résidents de longue date certes, mais ressortissants d'un autre pays, même si celui-là les a oubliés ou abandonnés depuis des lustres. L'accès des femmes aux urnes est très récent. Le référendum d'initiative populaire est un slogan creux qui terrorise les édiles. Mais dans le microcosme politique on échangerait bien ces désagréments de "la France d'en-Bas en position de dire tout et n'importe quoi", contre l'accès des élites "nationales" aux prébendes du plus haut niveau et l'établissement des siens aux étages inexpugnables des pouvoirs supranationaux. La tentation existe-t'elle chez les docteurs politiques du royalisme ?
Je réponds "oui" et qu'elle doit être combattue.

Revenons aux capacités politiques du vulgum pecus dont je fais partie. Regardons l'actualité. L'aventure un peu dérisoire du CPE laisse croire que l'électorat est au deux tiers gravement touché par la peste du slogan réflexe. Le peuple ne réfléchit pas, il s'émeut ! Il méconnaît le dispositif critiqué dont il n'a retenu que deux dispositions prédigérées par les syndicats et leurs remorques politiques. A la limite il s'en fout ! Surtout si les agitateurs professionnels le convoquent à tort et à travers au débat. Deux tiers de l'électorat sondé serait contre Monsieur Villepin. Sa loi était une brique dans le muret de contention des débordements anarcho-ethniques de novembre, en excitant la cupidité des entreprises pour embaucher à n'importe quelle condition des jeunes de banlieue qui auraient échoué dans le commerce du shit. Il fallait que les uns améliorent leur estime de soi et que les autres découvrent des talents cachés.
Au lieu de cela, les enfants de la bourgeoisie à l'abri de ces dispositions qui cessent à 25 ans 11 mois et trente jours d'âge, se sont révoltés contre l'Etat sous la houlette des fils de politiciens d'opposition. Qu'importe ! L'électorat adulte ne veut pas le voir ! Il braille lui-aussi et va accompagner une grève nationale de protestation contre la précarisation du code du travail précaire. C'est une histoire de fous, mais démocratique !

L'enjeu consistant à confier l'avenir des régions en totalité aux résultats de choix démocratiquement obtenus localement, est-il tenable ? Si l'on veut ouvrir une polémique, on posera la question qui tue :

  • Une nation qui laisse financer la recherche inlassable de son cocooning par les taxes qui devront frapper les enfants à naître ;

  • qui se laisse submerger par la violence sans dire plus que de gémir sur le désintérêt des CRS à l'égard de ses enfants : l'assaut des cités contre les manifestants-touristes-bourgeois des Invalides (quel clin d'oeil) est exemplaire d'une castration des jeunes élites complètement paniquées par une simple attaque à mains nues ;

  • une nation qui est tétanisée par la confrontation économique mondiale au point de se ranger plus que toute autre dans le camp sans issue de l'altermondialisme moustachu et primaire ;

  • qui aime d'abord ses loisirs au point de ne jamais oublier dans son entretien d'embauche le régime de RTT pratiqué par l'entreprise ;

  • qui ne croit en aucun autre principe que celui de précaution :

Cette nation peut-elle se gouverner "en ses états" ?

C'est un gros pari que lance les Royalistes.

jeudi 23 mars 2006

Mon prince descendra d'un vitrail ...

... à l'équinoxe de printemps quand le soleil renaissant percute de plein fouet les rosaces.
Croisés
C'est un sursaut moral dont le monde a besoin, au seuil d'une confrontation de plus en plus probable entre les empires renaissants, et piteusement, la France des Lumières et des Droits, arrive en tête de liste des chantiers à ouvrir, du moins si on l'aime encore.

Les ravages de la démagogie alliés à l'exacerbation institutionnelle des individualités, de l'égoïsme existentiel, ont quasiment détruit le tissu social de ce pays. Mais l'homme est un genre tribal, il ne survit qu'en groupe. Alors, après avoir aboli la lutte des classes comme la sublimation des intérêts particuliers dans le concept de nation, on parle sans cesse de communautés. On remarque sans piper mot que maintenant ces communautés défilent pour elles-mêmes, s'observent et refusent toute cohabitation temporaire comme l'a montré l'expulsion de Philippe de Villiers du carré VIP de la marche anti-barbares. Hier encore étudiants et lycéens défilaient sous les horions, non des CRS, mais des voyous du même âge qu'eux, venus de la banlieue, qui se sont exclus du système "mainstream" pour intégrer des tribus.

Feue la belle Nation doit devenir un patchwork d'intérêts concurrents qui se classeront les uns par rapport aux autres selon la vigueur de l'intimidation qu'ils déploieront à l'encontre des tiers, voire de la violence de leur affirmation, puisqu'on part du postulat que tous se valent en droit, et que toute hiérarchisation à froid serait "inégalitaire".
Ainsi, dès que le périmètre de ces intérêts "privés" est flou, on peut le préciser en définissant ce qui les opposent aux autres, tenus à l'extérieur.
  • Les Jeunes vont monter contre les Vieux, même si leur situation dans l'agenda vital est similaire et précaire, parce que les seconds ont tiré des traites sur l'avenir des premiers en leur ôtant les moyens et l'envie de les honorer.

  • Les Etudiants agissent involontairement sur des motifs bassement politiques contre les Apprentis, en détruisant quelques nouvelles chances de travail des seconds dans une querelle qui ne les concerne pas.

  • L'Economie marchande qui se revendique exemplaire en tout fourbit ses démonstrations comptables contre les Services publics réputés nids de fainéants ; et même s'ils sont indissociables, on est parvenu à y différencier les conditions respectives de travail et de sortie de la période active.

  • Les Pauvres contre les Riches, c'est le slogan le plus facile et racoleur en laminant l'entre-deux qui reçoit tous les coups, faisant croire aux premiers que la solution de leur misère passe par l'étranglement des seconds. Le seul inconvénient est que les agitateurs de cette fracture-là ne sont pas les moins aisés et deviennent schizophrènes.

  • Les Enfants contre les Parents par un appel général à une consommation effrénée de la jeunesse de tous milieux, en revanche de quoi on organise la pénalisation de cette rupture de générations en punissant les familles sans autorité.

  • La liste est sans fin. On en est venu déjà à faire s'opposer les religions !

Englué dans une dette trillionaire qu'il continue à creuser, gouverné aux sondages hebdomadaires par des couards qui instrumentalisent leur position pour favoriser leur carrière personnelle et dérisoire, le pays est stoppé sur place. Ce qui reste de sa puissance enfuie, rétrécit chaque jour. Sauve qui peut !
Alors se déchaînent les égoïsmes sur ce qui reste à prendre du bien commun. Les communautés se battent comme chacals en charogne. Le pays ignore son destin qu'on lui prédit dangereux, refuse son déclin qu'on lui assure inéluctable, et ne peut se raccrocher à aucun dessein : le Pouvoir au sens le plus large, n'a aucun dessein ! On attend les échéances démocratiques, sans vouloir comprendre que le régime politique est directement en cause, même s'il ne cumule pas toutes les responsabilités. Le désarroi peut laisser la place au désespoir.

Le jeu démocratique a fait le lit de la dictature d'une majorité prétendue, fabriquée souvent par une coalition disparate, sur des minorités souvent divisées entre elles, et donc incapables de résister. On en voit la caricature en Palestine ou en Irak, c'est l'essence même du système. Mais chez nous, le fameux "vous avez politiquement tort car vous êtes minoritaires" résume assez bien ce défi à l'intelligence. En politique donc, l'agrégé ne vaut rien contre deux maçons, qui n'auront de cesse de vouloir lui faire payer son autorité intellectuelle. La quantité prime. Elle s'affirme en contraignant les autres, légalement. Elle les pille, les déconsidère, les muselle. Ces choses-là ne durent pas éternellement.

Le régime français est en train d'agoniser en pourrissant tout l'espace sur lequel il est vautré. Même incinérée, les taches de la baleine morte sur le tissu de la Nation seront indélébiles. Il faudra que les successeurs fassent avec, si tant est qu'il s'en déclare, par ambition, amour du pays ou inconscience. Comme le fit lEmpire quand il reprit les affaires publiques au sortir d'une révolution dévastatrice, attendons-nous à devoir trier le bon, l'inutile, le néfaste et l'inclassable dans les décombres de la république qui aura émietté tout le pays en catégories et sous-catégories. Quand tout aura été éparpillé comme grains de fer dans la tasse de rouille, il faudra appliquer un flux magnétique pour leur donner un axe commun.
L'axe sera le dessein d'une Nation nouvelle : il est à créer ex nihilo tant sont corrompus l'Etat et la Nation !

C'est bien l'ouvrage d'un roi au dessus des partis, des factions, des intérêts privés.
Certes des recettes, des propositions visant à rénover les espaces économiques, politiques et sociaux, pourront être avancées par des esprits éclairés, mais leur interaction obligera à rechercher constamment l'arbitrage supérieur. On peut présager qu'à défaut de redevenir une grande puissance dans le monde d'aujourd'hui, la France s'ingénie à devenir un exemple rayonnant dans l'administration de son espace et dans la gestion des domaines non-marchands comme l'éducation, la morale publique, la cohabitation des religions, la solidarité des générations, la préférence nationale et la générosité tout à la fois, et enfin la justice.
France, pays des Lois !
Les domaines marchands, ceux de la recherche, de la sécurité, pourront être assainis et développés dans le cadre de coopérations étroites à la mesure des enjeux planétaires qui ricochent en permanence sur le pays. La France, impeccable dans sa gouvernance, allié attentif et sûr, aura regagné dès lors une autorité à la mesure de son histoire qui débordera largement de son classement au PIB.

On peut craindre que la tâche ne soit surhumaine. On peut aussi croire que Quelqu'un y aidera.

le roi de vitrailAbîmés par des rivalités d'un autre âge, les héritiers actuels de la tradition monarchique s'opposent à somme nulle, exacerbant au sein de leurs propres soutiens des divisions nombreuses. S'il n'y avait que le drapeau ! On ne compte pas moins de cinq "écoles", traversées souvent par des applications politiques antagonistes. L'union des royalistes sera-t'elle convoquée au débat final ? Rien n'est moins sûr. L'évidence d'un renouveau national peut très bien être partagée largement par l'Opinion sans qu'il soit nécessaire de demander leur avis aux chapelles royalistes. N'est-ce point un prince de France qui a renié toute attache avec le mouvement militant ? L'union, si elle est recherchée, ne coagulera sans doute qu'à partir d'un Catalyseur extérieur. Mais celui-ci pourrait agir aussi directement sur la Nation, sans passer par l'adoubement des chapelles, unies ou pas.

L'ardeur des convictions morales et politiques nécessaire à ce "grand oeuvre" ouvre la porte à un prince de vitrail, au sens que Jean Raspail lui donne dans « Le roi au-delà de la mer ».

Il reviendra !

lundi 20 mars 2006

Le roi du quartier

Le plus grand déficit politique dont souffre la France est le défaut de notoriété de l'offre monarchique dans les cités, me disait un ami de Sarcelles.
L'intelligence, la cohérence institutionnelle et la morale publique et privée qu'exige le projet royaliste, répondent aux questions que se posent ces Français, désabusés par les joutes aussi misérables que bruyantes qui prennent tout l'espace médiatique. Surtout les générations montantes, que le système crispé sur des privilèges décadents ne veut pas, ou ne peut pas écouter. La communication de l'Etat et des partis qui le portent, vers ces catégories sociales exotiques (mais pas autant qu'on le dit à droite) a depuis toujours été déléguée à des officines subventionnées, puisant leurs codes de déchiffrement dans les facultés de sociologie, et autres sciences molles de la couille. Classifications sur plusieurs axes, traductions libres ou inversées, récupérations politiques des ligues d'opinions ou des organismes caritatifs de tous horizons et confessions. Le travail d'identification et le traitement des particularités a versé dans l'académisme le plus abscons, au point que les messages que ces catégories émettent en retour à l'intention du pays, sont canalisés presque entièrement par le moyen de diffusion ...... du rap !
Il faut lire les textes pour comprendre; du moins si on est capable de lire du rap¹. En ce cas, on apprend beaucoup plus que dans les rapports filandreux commandés par la peur de l'inconnu !

Et le CPE vint !

Tout le monde a noté que les cortèges syndico-estudiantins ont eu beaucoup de mal à enrôler les Quartiers pour pousser avec eux le "cri primal", jusqu'à aller chercher de l'effectif dans les lycées qui sont quand même en dehors de l'épure. La précarité est devenue naturelle dans ces zones, et un contrat lambda-machin est mieux que pas de contrat du tout. Ce que ne peuvent savoir les Quartiers, c'est que ce CPE simpliste avait été monté par le gouvernement pour éveiller l'intérêt des PME rétives sur l'embauche à cause d'un code du travail qu'elles ne connaissent pas à fond et qui est piégeur. Le pétard d'allumage est maintenant mouillé. Les "améliorations" nécessaires pour l'accompagner, si d'aventure il est maintenu, finiront par le tuer chez les PME qui s'en méfieront, dès lors que les conditions ne seront plus simples et limpides. Le CPE ne sera pas choisi largement par les petites entreprises comme on avait pu le penser naïvement à Matignon.
Ainsi dans tout les cas, retrait ou maintien avec modifications, le code soviétique du travail demeure intact. C'est bien ce que voulait l'Opposition à toute réforme.

Dans ce contexte à la limite de la terreur intellectuelle, et connaissant l'enjeu pour la société des jeunes, voir défiler la "relève politique française" en tête de cortèges est à mourir de rire, littéralement. Une galerie à la Daumier.
Ce que le pays compte de caciques les plus "datés", les plus ridés, les plus usés au mensonge et à la manipulation des mœurs, protecteurs des avancées sociétales qui débordent de l'ouvrage républicain comme des gargouilles moussues, fonctionnaires de la concession perpétuelle des carrières, boutiquiers syndicaux conservateurs uniques au monde, cette horde chamarrée pour l'image formant la parade des "vieux-cons" au milieu des "déjà-vieux", cette marche des morts-vivants aurait dû déclencher au moins les quolibets des jeunes "périphériques" qui n'ont au fond d'eux-mêmes qu'une envie, leur casser la gueule. Mais la police veille. Les nationalistes veillent. Les camelots du roi veillent. Pourquoi ?
Si une fonction supplétive à certain syndicat-de-la-police-en-tenue, vu son exposition très bridée, est compréhensible pour les seconds, je n'ai pas de réponse pour les derniers. Mais nul ne peut douter que cet engagement très risqué médiatiquement, n'ait été mûrement pesé et décidé dans le cadre plus large d'une reconquête de l'opinion par l'AF. Alors, on recrute, les mecs ?

Revenons à "notre" déficit de notoriété.

En quoi le jeune français des cités serait contre le roi ? J'en entends qui se grattent !
Le roi pourrait être compris comme un super-caïd. Mais ce n'est pas l'enjeu, et serait faire injure à l'intelligence.

Pour le roi, je veux !
Un système, dès lors qu'il est juste, efficace, intègre et fiscalement moins coûteux ; s'il permet en plus l'épanouissement des libertés d'entreprise, libertés culturelles, un accès réel à la démocratie directe de proximité qui assure ainsi l'écoute attentive de ses administrés ; ce système, si en plus il met en avant des valeurs de morale et de justice, et supprime le "parlementarisme ridicule" qui fait pouffer toute la cité au bénéfice d'une représentation digne, ce système peut être reconnu comme une grande avancée. L'image d'un pouvoir personnalisé, fort et juste.

Justice, trois fois citée dans ce paragraphe, parce qu'à la base de toute offre politique populaire il faut répondre à cette première revendication qui monte des Quartiers. Or le régime actuel fait chaque jour la démonstration du contraire quand il exacerbe la lutte des privilèges acquis par l'émeute et laissant ce faisant foisonner les injustices. La gestion de pompiers que les gouvernements successifs nous montrent, consiste à creuser la construction républicaine de niches d'avantages en tous genres, correspondant chacun à la prise en compte d'un mécontentement catégoriel à une date donnée. Cette disposition factieuse devient vite à l'usage une des pierres de fondation de la société, à la conservation desquelles s'activent les bénéficiaires de tous ordres, bloquant toute remise en cause, même en simple intention. C'est une énorme rigolade que les conservatismes les plus ringards défrayent la chronique sociale de la Vè République, alors que ce modèle de régime naquit et fut accepté comme un moteur de tous les progrès. Deux cents ans de morts tournent dans leurs tombes.

La justice que l'on doit aux citoyens, ce ne sont pas les codes-pavés civil, pénal, administratif, social et fiscal, maniés par des comptables ou des cuistres qui sont obligés de se spécialiser dans les sous-codes pour y comprendre quelque chose. La vraie justice que le peuple peut ressentir n'est que l'application d'une gestion de bon père de famille. Ce n'est pas un terme de Bourse !
Courte définition oubliée : le bon père de famille va donner un peu plus d'attention et de moyens à celui de ses enfants qui a moins de prédispositions que les autres. Il exigera aussi un rendement supérieur à ceux qui ont été mieux dotés par le sort. La parabole des talen(t)s. Ceci est justice.
Dans ce régime, si par exemple au nom d'une meilleure égalité des chances un dispositif réglementaire concentre plus de moyens sur une couche défavorisée, cela participe de la gestion de bon père de famille qui est une noble cause acceptée par tous les autres au sein d'une nation solidaire, et non pas du clientélisme qui dévoie la démocratie jusqu'à la pourrir.

Alors pourquoi ne pas vendre le roi aux banlieues ?

Il s'agirait pour y parvenir que la doctrine politique soit popularisée, ce qui entraînerait un décapage en profondeur pour éliminer les scories passéistes dont la découverte braque souvent le novice qui s'instruit. Connaissons le pays réel vrai et non rêvé. Commémorons un peu moins en dehors de la société d'aujourd'hui ; attendons le roi pour attaquer l'exégèse complète des Lois fondamentales ; mettons le traité d'Utrecht dans la poche et l'agonie du comte de Chambord avec ; retardons l'exaltation des vertus de la monarchie absolue ; attendons que le pape nous parle à nous, pour convoquer la doctrine sociale de l'Eglise dans nos débats.

Définissons avec des mots simples dans des paragraphes-blocs, la république locale, un modèle social digne, l'Etat régalien compact, les libertés générales, la souveraineté nationale intelligente d'optimisation, la fonction publique efficace, la pérennité du pouvoir suprême, la fiscalité universelle citoyenne, la déprofessionnalisation du modèle social, etc.
Et si en plus, les "gens" étaient convaincus d'être aimés de leur souverain, la position deviendrait ... inexpugnable !

Et des Quartiers monteront à l'assaut de La Prébende les jeunes cohortes bigarrées du roi de tous les Français. De vraies chances pour la France. D'ailleurs roi et raïs, c'est la même racine, non ?

Note (1): Pour le rap, s'adresser au secrétaire général du Centre royaliste d'Action française qui sous le heaume gallois en connaît un sacré rayon. Comme quoi...


BREAK ! Pour changer de Cherubini....




mercredi 15 mars 2006

Du politiquement possible

Monsieur Yves-Marie Adeline entre en campagne présidentielle "pour le Roi".
C'est officiel. L'Alliance Royale dont il est le président communique sur cette déclaration de candidature. Nous vous y renvoyons pour votre meilleur profit en vous laissant cliquer ici.
Sans chercher à la résumer, nous extrayons un paragraphe de cette déclaration, qui la contient presque entière :

Adeline" Avoir un roi comme chef de l’État, c’est un gage d’unité pour un pays, c’est une façon de renforcer son identité tout en préservant la diversité de ses communautés ...
A l’heure de la globalisation de l’économie et de la coopération politique internationale, le roi permet, sans crispation nationaliste, de préserver et même de renforcer le sentiment d’appartenir à une même nation, permet de vivre les différences culturelles comme un enrichissement et non comme une cause de conflit."


Et c'est bien de cela dont nous avons urgent besoin.

J'apprécie particulièrement dans cette courageuse démarche, le parti-pris du politiquement possible. Pourquoi attendre l'effondrement complet de l'Etat et la crise de régime qui s'ensuivra pour imposer un choix minoritaire, à la merci de tous les amalgames qui se ligueront pour le combattre. Essayons de sauver dans l'appareil de pouvoir ce qui peut encore l'être, cela dans un programme de réduction de cet Etat devenu tentaculaire, impotent et si cher.
M. Adeline nous propose une progression raisonnable, démocratique. Portons au plus large sa propagande afin que nul en pays de France n'ignore qu'une offre politique alternative nouvelle est proposée sur la palette des choix. Cela provoquera heureusement l'électeur qui ne peut plus se satisfaire de l'alternance des camarades de promotion de l'énarchie. Il y aura un vote intelligent pour se démarquer du trompe-couillon actuel.

" Cette réinstauration d’un roi ne nécessite pas de bouleversements majeurs de nos institutions politiques. Il suffit de suivre la logique de la Vème République. Remplacer le président par un roi ne ferait que parachever l’oeuvre institutionnelle du Général de Gaulle."

On imagine aussi que le désengagement de l'Etat revenu sur ses pouvoirs régaliens qui en revanche seront renforcés, fera partie du programme.
Viendrait ensuite une réforme de la représentation nationale par le scrutin indirect dont les suffrages seraient exprimés par des collèges électoraux représentant le plus largement possible les intérêts particuliers de la Nation, ces catégories socioprofessionnelles dans lesquelles nous avons l'habitude en France de nous classer.
J'ai noté l'exigence d'une justice au-dessus des contingences partisanes qui serait incorporée au domaine réservé du chef de l'état, complétant parfaitement les deux autres domaines exclusifs que sont la diplomatie et la guerre.

On comprend bien que de telles novations impliqueront des retouches (c'est un euphémisme) à la Constitution ailleurs que dans les articles traitant de la fonction du chef de l'état et sa pérennisation. Il est donc extrêmement utile de le préciser dès le départ afin que l'Opinion mesure la réalité de cette offre politique dans le détail, et que la cohérence exemplaire du schéma, l'incite à donner son agrément.

Ce qui manque terriblement jusqu'à aujourd'hui dans l'expression "officielle" du mode d'administration de la nation sous un régime monarchique, c'est la forme précise de l'Etat. Les chapelles se réfugient trop souvent derrière l'in petto princier. Ce serait la responsabilité et la liberté du prince accédant au trône que de dessiner son Etat. Et même si des organigrammes traînent dans les tiroirs, sur lesquels d'aucuns se regardent en rêve prendre du grade, nul responsable sérieux ne s'autorise à dévoiler son impeccable construction. C'est un tort. Les temps anciens où le roi oublié débarquait sur la grève pour défendre son droit sont passés à la légende. Un pays moderne doit se défier de tout romantisme, trop de gens peuvent souffrir gravement des conséquences, et de se savoir devenus "sujets" ne les réconfortera pas !
Pas de tabula rasa ! Il faut bâtir patiemment. Et pour commencer, faire réfléchir le peuple le plus large aux bénéfices attendus d'un régime millénaire juste et pacifique, enfin revenu, par lui, pour lui !

"Démocratie équitable" dit Yves-Marie Adeline. C'est très justement ça !

L'Alliance Royale publie sa plateforme politique sur son site. Sans qu'elle puisse lier le candidat qui procède à une démarche personnelle, il est intéressant de s'y référer pour comprendre certains chapitres que nous évoquerons à l'occasion, plus tard. Elle est découpée en quatre chapitres :
- La fonction royale
- Le roi et le nouveau contexte institutionnel
- La réforme des institutions politiques
- Les grandes réformes de la société


En voici déjà son préambule :

L’objectif de l’Alliance Royale est d’entrer dans le paysage politique, en particulier par les élections et les médias, afin de replacer dans le débat public la question de l’institution monarchique, en tant que moyen de ré-ordonner la société française au bien commun.

Pour l’Alliance Royale, la question centrale est donc bien celle de l’institution monarchique. C’est là le cœur de son propos. Cependant, la France d’aujourd’hui n’est ni celle de Saint-Louis ni celle de Louis XVI. C’est la France du XXIème siècle.

Comment la monarchie peut-elle donc concrètement "ré-ordonner la société française au bien commun" ?

La plate-forme politique de l’Alliance Royale vise à appeler, et appeler seulement, à une réflexion nouvelle dans ce domaine.

Le but de l’Alliance est, en effet, que s’ouvre sans tarder un débat sur une réforme possible des institutions politiques et des principes de fonctionnement de la société, réforme inspirée et appuyée par la réaffirmation du principe royal.

Le document, qui ne vise en aucune manière à recouvrir l’ensemble des positions du mouvement, ne constitue donc pas un "programme électoral", marqué par l’énumération de mesures contingentes et de propositions de circonstance, qui, fondamentalement, ne changeraient rien.

Ce document est pleinement conçu, en revanche, comme une "plate-forme", c’est-à-dire une base à partir de laquelle pourront progressivement être définis ou mieux précisés les moyens permettant de donner au pouvoir politique la capacité de mener enfin des actions justes et souveraines, dans les divers domaines d’application : domaine familial, défense et affaires extérieures, politique sociale, action économique, etc.
(fin du préambule AR)


à suivre...

mardi 14 mars 2006

Les Janissaires du Roy

armes de MonseigneurLettre de Mgr le comte de Paris
A Monsieur Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris

Paris, le 3 février 2006,

Monsieur le Recteur,
Au nom des valeurs millénaires de la France, héritier des rois qui l’ont construite, je tiens à vous exprimer ma solidarité de chrétien.
Comment ose-t-on bafouer par des dessins caricaturaux ce que l’on n’a jamais imaginé, la face du Prophète Mohamed.
La honte nous saisit face à l’intolérable atteinte perpétrée contre le sentiment spirituel enfoui au cœur de chaque musulman.
Dans ce monde déboussolé, le respect du sacré aurait dû être le fondement d’un oecuménisme partagé. Des hommes de bonne volonté s’y sont déjà employés.
Ce n’est pas l’acte de quelque irresponsable qui nous détournera de notre détermination de construire une paix juste.
Acceptez, Monsieur le Recteur, l’expression de ma profonde amitié mais aussi de ma tristesse pour cette action insensée.
Bien à vous,
Très chaleureusement,
Henri, Comte de Paris


Et la question se pose de la place de l'islam dans le royaume.
On ne peut zapper la question comme on le fait à droite avec des slogans de verrouillage des portes de la cité, "stop" ! Ou pire, avec ce que l'on appelle sournoisement l'inversion des flux migratoires, qui serait une forme de déportation, en attendant quelque nettoyage ethnique sans doute. Il ne s'agit pas seulement d'étrangers musulmans qui voudraient imposer la manifestation publique et tapageuse de leur foi exotique, mais d'abord de Français musulmans qui ne désirent que vivre paisiblement la leur. Ne convoquons pas au débat les cohortes musulmanes qui sont venues nous défendre et parmi lesquelles s'est développé souvent un réel amour de la France. Laissons cela pour une autre fois.
Ils se disent cinq millions. L'administration n'en sait trop rien parce qu'elle n'a pas l'outil statistique. Combien sont-ils simplement de culture musulmane, combien de fidèles pratiquants, occasionnels ou fervents ? Qu'importe ! Les catholiques sont dans le même cas d'incertitude statistique. En fait personne ne veut vraiment savoir. Gardons ce chiffre rond de cinq millions.

mosquée de Paris
C'est une masse qui a de quoi décontenancer, dès lors que l'on exacerbe le sentiment national ou simplement le trigone agricole, chasse, pêche et traditions. Et pourtant elle est incontournable, pour partie enracinée. Ses adversaires cherchent tous les prétextes pour la combattre, le premier étant la sécularisation des préceptes religieux, en un mot l'islamisation de la société civile. Si nous commencions par regarder cela de plus près. Allons en Egypte mais comme le temps presse satisfaisons-nous du reportage d'un sociologue suisse, Patrick Haenni, qui étudia l'évolution de l'islam pendant trois ans au Caire.

Contrairement à une idée répandue en Occident, l'islam n'est pas figé dans le wahhabisme bédouin ou l'intégrisme rural. Il bouge beaucoup. Ce sont même ses défauts les plus criants qui servent de ressort à sa renaissance. La classe moyenne arabe a été choquée d'apprendre que le monde musulman était en pleine décadence et son retard sur le reste du monde quasiment irrattrapable (Rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement). A lieu d'accabler leurs traditions de tous les maux, les gens initiés à l'économie moderne, les marchands, banquiers, industriels, hommes d'affaires en tout genre, la plupart éduqués dans les universités occidentales, se sont interrogés sur les fondements originaux de l'islam en les décrassant des apports salafistes ultérieurs.

Or cet islam des origines s'avère convivial, interactif, progressiste, capable de surmonter la prédiction du clash civilisationnel et de prendre sa part de l'Universel sans avoir à l'arracher à quiconque. Pour peu que l'on s'abandonne à une honnête piété, le discours de Dieu s'éclaire et d'abord s'entend. Il suffit pour cela de petits ajustements de la vie quotidienne, et non pas de grands renoncements. On devient facilement un musulman pieux et un manager réactif sans rupture d'aucune sorte. Libéralisme et piété pour son équilibre intérieur. Car cet islam moderne est d'abord une aventure personnelle, la réalisation de soi. Il y a déconnection avec la politique idéologique portée par Nasser, encore plus avec le Djihad des fous de Dieu. On en est arrivé au positive thinking des Américains.
Foin des "califes supérieurement guidés" de l'âge d'or du Salafisme, les Lumières de l'Islam ! Abandonnées aussi les nôtres ! Voltaire et Rousseau ne leur sont d'aucun intérêt ni secours. Et le parallèle est facile avec les "born again christians" américains qui entendent Dieu chaque jour et ont réorganisé leur priorités : plutôt que l'Etat, la raison et l'égalité, le bourgeois musulman va choisir aujourd'hui la religion, l'individu, la morale, la responsabilité. Son sosie étranger, ce n'est pas l'universaliste français - ça fera mal à certains qui se prennent chez nous pour les interlocuteurs privilégiés du Proche et Moyen-Orient - mais le néo-conservateur yankee. Son inspiration, il la puise dans la littérature de management qui, empreinte de morale, contourne l'Etat omnipotent et impotent, et s’imprègne des valeurs de la culture d'entreprises efficace.

L'islam des Lumières que les Républicains français veulent acheter à travers des jardins d'acclimatation comme le Conseil français du culte musulman, va disparaître dans les coulisses de l'histoire, à peine né. Une fois encore le pouvoir est à côté de la plaque.
Nous devrions donc favoriser non pas le communautarisme (béat) de masse, mais l'essor de cet islam individuel qui a le premier avantage de se recentrer sur l'âme du fidèle et laisse de côté la sécularisation de pratiques parfois mal comprises, pour ne pas dire la subversion rampante de la nation par des intégristes en guerre contre nos coutumes sinon nos valeurs. Que nos managers, pieux musulmans, réussissent et tout le pays en récoltera les fruits. Que les salons féminins foisonnent comme au Caire ! Que l’appétit de réussir sa vie matérielle et spirituelle soit satisfait sur notre sol ! Que la morale personnelle retrouve droit de « cité » sans être enfermée dans une communauté distincte du reste de la nation, qui s'en plaindra ?

Il ne reste plus qu'à faire pareil du côté des chrétiens. Et les valeurs sulfureuses de la République seront enterrées, sans révolution dévastatrice. Et l’on pourra sans être montré du doigt, apprendre la belle langue arabe au collège comme l'avait demandé Boutros Boutros Ghali, président [heu...sorry, ex-secrétaire général) de la Francophonie.


Approfondir ?

Patrick Haenni chez L'Expansion
Al Ahram (en anglais) sur le sémillant télévangéliste islamopop Amr Khaled
Le soufisme en cliquant ici ou .

vendredi 10 mars 2006

Pour le parti !

Sur le forum de la Restauration Nationale, Philred a poussé le cri du cœur.

« J'ai cru dans beaucoup de choses. Mon coeur se rappelle qu’enfant, les rois et les reines ont marqué nos souvenirs. Ils sont toujours présents dans le coeur de mes enfants. La monarchie est toujours à l'heure d'aujourd’hui réservée à une élite qui ne pense qu'à perdre son temps en débat et en guerre de succession, alors qu'il faut prendre le taureau par les cornes, et militer activement au sein de chaque ville, de chaque village de notre beau pays. »
« Allez donc, plutôt que de siroter le passé, parler de la monarchie et de son devenir, du bonheur de ne plus avoir de luttes partisanes, de partir ver le futur au lieu de ressasser le temps enfui. Quand va t'on ouvrir des locaux ou l'on pourra accueillir chacun des Français qui voudra passer la porte et se renseigner sur le roi ? Un voyage en Béarn et une visite dans un hôpital par an, soyons raisonnables ! Il faut un état-major soudé derrière le roi, pour rassembler tous les sympathisants. Une stratégie d'envergure nationale. Des débats. Une présence télévisée accrue. »
« La Vendée en son temps a su se battre seule et contre tous. Rendons hommage à ses hommes et ses femmes morts pour notre gloire ».


Il a raison, l'ami Philred. La monarchie ne reviendra pas sur le nuage de la Providence, même si cela conforterait les thèses attentistes brodées autour de pastels sulpiciens par une nostalgie légitime. Abandonnons les prophéties rassurantes (ou inquiétantes) aux exégètes de la gnose miraculeuse, ne comptons pas non plus sur le pire à venir pour ramasser des morceaux de nation que tous se disputeraient comme chiens errants, encore moins, ne participons pas à la manoeuvre de panique orchestrée par les démagogues de sous-préfecture, qui suscitent les haines communautaires et ne tiendront pas vingt minutes plus longtemps que le réveil de la Bête. Soyons intelligents !

La monarchie reviendra par le peuple

Si son retour n’est pas « déclenché » par le peuple, du moins faudra-t-il son aval … en aval ; et que le bel ouvrage emporte son adhésion. Même si « Les rêves de grandeur et de conquête sont désormais condamnés à demeurer enfouis au plus profond des cœurs et chacun garde sa vérité secrète, de crainte qu'elle ne se dissolve en poussière au contact de la réalité comme une momie exposée brutalement à l'air libre...» (Jean Raspail), il faudra quand même affronter la lumière. Sortons de nos cryptes, pâles morts des royaumes anciens !

iris
Le régime actuel a mis deux cents ans à s’implanter. Il a tissé ses réseaux de pouvoir apparent, de puissance financière et d’idéologie fondamentale patiemment, en encaissant même deux guerres mondiales dont il fut un des originateurs principaux, jusqu’à l’inéluctable déclin du pays que la Nation a voulu lui confier, sur la foi déjà ancienne de lendemains enchantés, promis par des Lumières, … bien mal lues. Ce n’est pas se hasarder bien loin que de prédire à la cause monarchique un accès d’application, seulement dans les circonstances d’une crise grave. Qui pourrait être une crise financière de l’Etat et de ses structures ancillaires, déclenchant une crise de société, elle-même questionnant la validité d’un régime vaincu par sa propre gabegie budgétaire et sa décadence morale.

L’offre de recours à la monarchie ne risque d'être entendue au niveau des instances décisionnelles, à savoir parlement (ou ce qui en restera) et haute administration, que dans la mesure où auront été réunies quatre conditions préalables :
- une capacité de résonance au projet monarchique dans l’Opinion.
- une capacité politique à instaurer des institutions exécutives provisoires dans l’heure.
- un appel immédiat à plébiscite de confirmation du changement.
- un prétendant disponible et capable.

Evitons ce disant de couper les cheveux en quatre.

Pour aboutir sur les trois premières conditions, il faudrait un parti monarchique structuré et pugnace qui se jette dans l’arène démocratique. Sa première tâche devrait être de détruire tous les préjugés véhiculés par les adversaires, et malheureusement trop souvent par les militants royalistes eux-mêmes. Mais dans le même mouvement, le parti devrait construire pour le futur, en se départant, jusqu’au Te Deum de son plein succès, des commémorations en tout genre qu'il laissera aux associations ad hoc qui le font très bien, entre amis.

Comme tout parti politique, celui-ci devrait avoir un programme, essentiellement institutionnel, visant à compacter l’Etat sur ses pouvoirs régaliens, et libérer la nation du plus grand nombre possible de contraintes, sauf à entamer l’exigence prépondérante de justice pour tous. Un article de Steppique Hebdo, « Liberté, égalité, fraternité », en dit plus long sur la décadence des vertus républicaines à réparer.

Le programme du parti devrait être raisonné, sérieux, applicable et « futuriste ». Rien à voir donc avec les délires souverainistes postdatés actuels. Ce programme doit impérativement rassembler. Il serait dans le même sens avisé de couper aimablement les ponts avec les partis de l'exclusion en éructation permanente, qui restent bloqués sur la gestion de scores invariables, obtenus de « refuzniks » nationalistes que l’on maintient habilement dans leur exaspération. On sait qu’il y en a tout au plus vingt pour cent, compressibles parfois, extensibles jamais.
Sans rédiger le programme - quelle présomption ce serait, me chuchote-t-on dans l’oreillette - disons que le parti saurait se garder des vieilles lunes en quantités innombrables dans notre monde royaliste, et vivre dans son temps et dans celui à venir ; dirigé pour ce faire par des gens capables, ayant déjà prouvé compétence et tempérament dans leur environnement professionnel.

Parce que nous sommes en terre gauloise, terre des pavois, ce parti ne pourra échapper au Chef, charismatique. Charismatique pour s’imposer aux contempteurs naturels qui surgiront de son propre bord sur des motifs imparables, de sa meilleure exégèse de la doctrine maurassienne certifiée pour celui-ci, de son brevet contre-révolutionnaire maistrien pour celui-là, pour sa proximité inégalée d’avec la pensée du prince pour le troisième, pour son ascendance mérovingienne impeccable, etc.

Quid des moyens financiers ? Question incontournable. Un parti constitué autour d’un programme de gouvernement pourrait appeler des cotisations bien plus nombreuses que ne peuvent le faire des clubs de réflexion, aussi sagaces et pointus soient-ils. S’il est des moyens accessoires à ne pas négliger pour renforcer le nerf de la guerre, les masses à réunir obligent à se préoccuper d'une large adhésion populaire. C’est affaire de professionnels et pas d’associatifs, ni d’universitaires. (désolé)

Ce parti strictement politique saurait s’entourer de "think tanks" qui perfectionneront sa doctrine appliquée – c’est la fonction de certaines chapelles actuelles -, et qui lui serviront de projecteur sur les évolutions futures de la société et du monde – ce "think tank" reste par contre à créer en dehors de la voyance "catastrophiste" !

Ce parti devrait susciter une presse d’opinion de qualité visant à une médiatisation de masse par les moyens professionnels les plus modernes. On économisera un peu sur les affiches de potache que le « veau national » n’a pas le temps de lire, pour se concentrer plutôt sur la diffusion de l'offre politique avant même de travailler au contenu, dit autrement : commencer par le plus difficile.

Démocratique, écologiste, féministe, laïque, pour la justice, la famille, le labeur, ... ? royaliste bien sûr ! Le parti du roi !

Mais le chef de parti ne peut être le « roi ».
L'incarnation du recours n’a pas vraiment besoin d’être là, au milieu du jeu politique. Même au contraire, s'il m'était demandé un avis, je privilégierai plutôt le « roi de vitrail en exil » de Jean Raspail. Mais qu'entre les poses, quand il descend du vitrail, il acquière et conforte une formation politique et économique de haut niveau. Qu’il fasse des enfants, les éduque dans l’excellence et l'amour de la charge. Qu’il protège sa famille avant de protéger ma nation.
Qu’il nous attende ! Vive le roi. Il reviendra ! Ils reviendront !

roses blanches

lundi 6 mars 2006

Au Bonheur National

Au pays de l'abominable homme des neiges, on assiste à l'évolution parallèle inversée de deux royaumes glaciaires. Et c'est très intéressant.

Le "Pays des trésors enfouis" s'était défini depuis les années soixante comme le contrepoint parfait du Népal voisin. La vague hippie avait abordé Katmandou, et l'hospitalité légendaire du Gurkha démobilisé avait fait le reste. La ville entière s'était mise à fumer de la marijuana, les jolies filles s'allongeaient à la demande pour quelques banknotes, les hôtels louaient des bat-flancs pour trois fois rien, les restaurants servaient au menu borsch hongrois, potée auvergnate avec lasagnes à la crème en entrée, tiramisu grec en dessert, le tout sur Heineken, les routards aux longs cheveux, ruinés ou dépouillés dormaient dans les rues, s'y lavaient et déféquaient en groupe, et les rupins venus s'encanailler, montaient leur caméscope au trekking des hautes pentes pour y déposer leurs canettes en plastique. Le parangon de la démocratie élémentaire, mon cher Watson.

SM le roi du BhoutanLe Bhoutan regardait cela avec horreur et posait des barres de fer sur ses fenêtres. Pas de télévision, pas de journal quotidien à Thimphu, pas de construction hormis la réparation soignée des maisons médiévales, pas de vêture occidentale qui serre les joyeuses, et presque pas de touristes ; surtout pas les Allemandes en short !
Le roi du Bhoutan défiait l'Histoire et lançait son indicateur statistique du Bonheur National Brut comme un pied de nez élégant au FMI ; tout cela dans le but de préserver l'identité culturelle de son royaume hermétique dans la meilleure continuité.

Mais le lama perché dans son monastère des neiges sait des choses que même un roi peut ignorer : "La continuité n'est assurée que par le changement". En Occident nous avons inventé pour se faire, la roue, qui effectivement n'écrase jamais le même gravier dès qu'elle avance.

A l'occasion du règlement successoral dynastique de 2001 rédigé au fusil-mitrailleur, le Népal a manifesté son aspiration à revenir à une certaine discipline publique. Le retour de l'ordre tombait bien puisque d'une part, le nouveau roi n'était pas trop "parlement et concussion" mais donnait plutôt dans le style Frédéric II (qu'il n'a jamais connu), quand ses adversaires maoïstes prêchaient de leur côté pour le niveau moral populaire le plus élevé possible en vertu, compte tenu des altitudes pratiquées. Alors Amour, Gloire et Beauté à la maison finit par remplacer la parade vespérale, les rues devinrent calmes à la nuit tombée, calme encouragé par le couvre-feu royal, et les touristes considérés un peu comme surnuméraires. Finalement, l'hospitalité népalaise commenca à se dissiper comme les brouillards des cimes, pour avoir trop embrassé et si mal étreint. La situation déplaît aux tour-operators, et surtout aux démocrates cosmopolites qui forcent leur modèle partout, ne s'interrogeant jamais sur son échec éventuel. C'est toujours la faute à quelque chose qui est étranger au modèle sacré universel.

En face, au Bhoutan, le manque de télévision hertzienne avait été contourné par les loueurs de cassettes, et la pop culture avait commencé à entrer au moins dans les foyers, même si le folklore local garde toujours la faveur des populations très conservatrices. Le roi a décidé d'accompagner cette ouverture du royaume jusqu'à modifier les moeurs politiques d'une monarchie absolue en celles plus tendance d'une monarchie constitutionnelle scandinave. A part le climat identique, la greffe aura du mal à prendre. En effet, le peuple est partagé entre la possibilité de voir Sex In The City à la télévision nationale, et l'importation du désordre étranger qu'elle affronte ce faisant chaque jour à travers les nouvelles lucarnes bleues. Quant à sa consultation sur cent sujets qui autrefois étaient du ressort du roi en son conseil, la possibilité ne l'émeut pas vraiment, y soupçonnant des soucis qu'il ne réclame pas.

Ainsi sur des territoires semblables où vivent des ethnies cousines, voit-on d'un côté un monarque constitutionnel débordé par le jeu politicien démocratique retourner à la monarchie absolue pour tenter de sauver son pays - le parlement est dissous - de la révolte maoïste ; de l'autre un monarque absolu incontesté, tirant son régime vers une démocratisation représentative de proximité, contre le gré de son peuple. Les deux rois des neiges sont certifiés "dictateurs" par l’organisation américaine de cotation démocratique Freedom House qui ajoute ainsi l'insulte à la misère de son analyse.

"Le droit du prince naît du besoin du peuple", a dit René de la Tour du Pin. Quel est en l'espèce le besoin des peuples ? Eliminons pour la discussion le bien-être statistique qui dans nos longitudes peut être atteint la tête dans le four de la société de consommation et les pieds dans le frigo de nos espérances économiques et morales. Restons "politique".

Le besoin du peuple peut-il être défini par le meilleur Bonheur National Brut du roi Jigmé Singye Wangchouk ? Quoi de mieux ? Déjà le titre est son programme. Nous l'allons montrer tout de suite.

Les objectifs contraignants sont au nombre de quatre qui constituent les paramètres du BNB :
- autosuffisance du pays dans les domaines les plus nombreux afin de garder la main (coup de pied discret à la mondialisation et à la division internationale des productions)
- amélioration de la condition humaine
(ne pas se payer de mots, de chiffres, au résultat tout simplement)
- préservation des valeurs culturelles
(ce qui ne veut pas dire qu'elles soient figées dans une tradition immobile mais que leur évolution les conserve dans le "camp" des valeurs)
- préservation du milieu environnemental
(no comment)

Pour être atteints, ces objectifs sont dominés par des facteurs historiques au nombre de quatre :
- la paix entre et avec les nations voisines (c'est la condition sine qua non)
- une construction nationale autonome libre de toute domination étrangère afin de laisser s'affirmer l'identité politique, sociale et culturelle du pays
(le Code Napoleon n'a aucun avenir hors de France. L'universalité des valeurs est récusée)
- une religion comme pierre d'angle de l'identité nationale
(le liant national des âmes)
- des concepts étrangers importés ou non,
(pour garder une ouverture d'esprit critique en se défiant des modes)

Toute la politique du gouvernement et tous les projets de développement sont obligatoirement criblés à travers ce tamis du BNB
source : Bhutan Studies

Quand on applique le concept du BNB himalayen ligne par ligne à notre pays ouvert à tous les vents, on mesure la distance qui nous sépare encore de ce bonheur promis. Et dès qu'on appréhende le niveau d'exigences, on comprend vite que seul un régime vertueux et intelligent soit capable de le mettre en oeuvre.
Il nous faut un roi de la classe intellectuelle de SM Sigmé Singye Wangchouk, assisté des conseils avisés de ses quatre reines du bonheur national.

le roi et ses quatre épouses

mercredi 1 mars 2006

Les Trois Mousquetaires

Nous sommes à la veille d'une belle empoignade dont les royalistes français ont le secret. Rions sous les bombes.
Les sicaires bhopaliens portés sur des cygnes de Coromandel se sont posés quelque part en France ; ils visent les Bussettistes remis en selle par la querelle dynastique des branches matrimoniales légales et collatérales. On parle aussi des petites mains de fer du service action de la maison de Dreux qui auraient disparus à la frontière colombienne et progresseraient vers Caracas, à quel dessein je vous le demande. Des bruits courent à la Zarzuela quant à l'extinction des revendicateurs au béret amarante qui mangent l'honneur des isabéliens chaque matin entre deux briques crues au petit déjeuner. Et tout cela n'arrive à faire percer la Cause ni dans Closer ni chez Chazal et pas même chez Ardisson qui a pourtant la carte du club. Il manque une chaîne gothique spécialisée dans les jeux vidéo pour nous porter aux écrans. Décidément nous n'avons pas la culture de la Communication.

Elle ne servirait à rien pour essentiellement deux raisons, soutenues par deux compagnies de mousquetaires de couleurs différentes.

La Compagnie "argent et or" est organisée verticalement par des empilements nombreux qui se perdraient dans les nuages si le temps n'était si beau. Elle a lu dans les livres qu'un des soucis permanents de la Providence est de réparer le manque à régner dont pâtit feu le royaume de France et de Navarre, pour peu que le tapage de rosaires nombreux et puissants indisposent suffisamment les aiguilleurs du Ciel pour qu'ils y mettent un terme, en abondant au tonneau de nos imprécations. Et le Grand Monarque arrivera dans une étable par un petit matin froid sur le plateau de Langres, entre deux vaches laineuses ! Qu'est-il besoin de se préoccuper de l'Opinion dès lors que le miracle aura eu lieu. La Providence qui va jusqu'au bout de ses idées, ne pourra s'arrêter en chemin et touchera-t'elle dix ans plus tard de sa grâce, les coeurs de tous les Français. Par millions, ils marcheront vers Reims en acclamant le lieutenant du Christ revenu. On attend ! Repos, vous pouvez fumer.

La Compagnie "noire" se moque le la compagnie "sable et or" et de ses fanfreluches, perruques poudrées de troisième mi-temps, épées à glands et bottes chiées sur la cheville. La compagnie noire enfile l'uniforme lazariste à croix de zarmac mais sous la cape grise du carbonaro. Elle ne se déplace que le soir et porte le loup. C'est une compagnie d'affût. Si elle maintient le moral de ses effectifs par des campagnes nocturnes d'engluement des ponts d'autoroute voire des abribus, elle privilégie des taquetiques d'aubaine qui ont fait autrefois le succès d'autres unités retranchées comme elle ; et elle sourit d'avance, sans crampe de la mâchoire, ... à la chance. Tout l'état-major force son destin à travers une procédure que nous résumerons par "la main initiée dans le gant idiot".
Il ne s'agit pas moins que de bourrer les partis politiques qui ont pris la peine de se constituer en investissant beaucoup de bonne idées et de mauvais argent, par des moudjahiddines du roi intégralement convaincus du nec plus ultra maurrassien. A l'occasion, ceux-là dont on espère qu'ils seront positionnés en temps et en heure à l'endroit où se prendra la décision furtive d'installer Monseigneur, devront jeter hors du nid les oeufs du propriétaire pour faire éclore les leurs par le principe du coucou. Il suffit d'attendre la crise qui va tout vous prouver. Repos, vous pouvez fumer.

La troisième compagnie - il n'y a pas de septième - est la Compagnie "bleue". Elle refuse d'inscrire la Communication sur la liste des 7 péchés capitaux. Est-elle partie du mot de Chateaubriand pour lequel "les événements font plus de traîtres que les opinions", pour se défier de la tactique précédente ? Qu'importe, elle privilégie la réflexion de Pierre Boutang qui - de mémoire - disait que le droit du roi naît du besoin du peuple. Ce faisant, la compagnie "bleue" vient de décider de partir à l'assaut de l'Opinion, la fleur au fusil de ses convictions.

Yves Marie Adeline, capitaine de la compagnie bleue, a donc décidé de grimper l'échelle de la tranchée profonde de nos certitudes pour apporter au plus grand nombre de ses concitoyens une offre politique inédite.

Le roi tout simplement


Son délégué de Charente Maritime le dit en peu de mots : "Il est temps de réconcilier les Français autour de leur histoire. Dans une famille, c’est lorsque le Père disparaît que les enfants se déchirent. En monarchie, le roi ne meurt jamais. L’Alliance Royale se propose d’unir nos compatriotes autour d’un nouveau projet qui redonne l’espoir à la France, sa place en Europe et celle de l’Europe dans le monde".

Et les chapelles concurrentes de froncer le nez, et leurs cassandres inlassables, de répéter qu'il vaut mieux faire bouillir les idées magiques dans une petite marmite, et bien choisir qui doit la boire, plutôt que lancer une immense soupe populaire dont on ne sait qui la goûtera !

Comment imaginer d'obtenir le retour du roi par une autre voie que la voie démocratique ? Quand bien même des circonstances exceptionnellement graves privilégieraient-elles le recours à un arbitre suprême tel le prince, encore faudrait-il s'attendre, passés les premiers orages, que ce nouvel Etat doive au minimum être plébiscité par la population, à défaut de quoi, les fermentations gauloises traditionnelles emporteraient l'ouvrage dans une guerre d'opposition qu'on peut prédire violente, si ce n'est même une guerre civile dont se régalent par avance l'immense cohorte de ceux qui n'ont déjà plus rien.

Le site de l'Alliance Royale est construit autour d'un argumentaire de campagne très fourni. Formons le voeu de l'enrichir de nos contributions les meilleures dans le souci de convaincre le lectorat que son meilleur bouclier est le roi. Il faut que ce peuple désorienté sache hiérarchiser ses urgences et privilégier ce premier besoin qui, s'il était satisfait, lui apporterait les premières réponses capables de bloquer le déclin et calmer son désarroi. Le reste est programme.

Alliance Royale
APPEL AUX BONNES VOLONTES

Le président de l’Alliance Royale, annoncera sa candidature à la prochaine élection présidentielle et vous convie mardi 7 mars
à une conférence de presse
Accueil 9h30, début de la conférence 10h00 précises
25 rue du Docteur Lancereaux
Paris VIII
Métro ligne 9 St Philippe du Roule
Parking souterrain Haussmann-Berri


Cette candidature permettra de donner une ampleur jamais vue depuis 1974 à la propagande royaliste. En effet, dès lors qu'un candidat obtient 500 parrainages d'élus, l'État prend à sa charge l'impression et la diffusion des bulletins de vote, des professions de foi, des affiches et la pose de celles-ci. Ce qui veut dire que TOUS les Français sauront qu'il y a une alternative royale à la République et que TOUS les Français pourront prendre connaissance de nos propositions institutionnelles.

Mais pour cela, il faut réunir 500 signatures d'élus, principalement de maires. L'Alliance Royale a besoin de vous pour l'aider à réunir ces 500 parrainages. Si vous êtes un élu, si vous connaissez des élus, si vous voulez vous investir dans ce travail en allant démarcher les maires de votre département, prenez contact avec Christophe Paillard, chargé de la coordination de campagne : 17@allianceroyale.fr .

Nous remercions d'avance les volontaires qui se feront connaître.


Fin du communiqué de l'AR.
Bonne chance, nous ferons notre possible.

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