dimanche 29 juin 2008

21ème Lien légitimiste

armes de FranceLe 21° Lien est paru. Douze pages d'excellente facture comme sait les faire la communauté légitimiste. J'ai été scotché par le long édito "L'Histoire et nous ..." de Jacques Rolain qui est un travail de sous-solage des Annales compactées par l'Officiel du spectacle républicain. On y extrait quelques belles pierres enfouies ; je vous en cite trois qui se passent de commentateur.

Culture de la démocratie populacière : « Se met de plus en plus fréquemment en avant une agitation sociale qui prétend conditionner la vie politique au mépris de toutes les représentations et délégations électives tant prisées de nos démocrates pointilleux ».

Venin de la repentance :
« On a fait bon marché de l'oeuvre civilisatrice de la France, de la Belgique, de l'Allemagne, du Portugal ou des Pays-Bas, proclamant la nocivité intrinsèque de la colonisation et en évacuant avec dégoût et contrition les aspects positifs qu'elle eut , [...]chacun pouvait jouir de la paix, de l'alimentation, de l'irrigation, de l'administration, des écoles, des hôpitaux, de l'accès à la diversité des cultures »...

Commentant le discours de SS Benoît XVI au Comité pontifical des Sciences historiques :
« Dans le cadre de cette conception des études historiques il est toujours bon et souvent très utile, sinon nécessaire, de revenir pour créer les perspectives d'avenir au fondement des valeurs, qui sont aussi formatrices de convictions et inspirations d'engagements et d'action ».

En interlude, les trois pages sur La Varende, une chronique qui dure, se lisent d'un trait. J'y apprends toujours quelque chose. En écho au livre récent de Gouguenheim au Mont-Saint-Michel, Jacques Heers revient sur la fable arabe de la conservation des textes grecs et latins pour nous confirmer que Byzance fut la source majeure de la transmission du savoir antique.

le jeune Duc de Bordeaux
Je me suis fort amusé à lire l'histoire de la donation du château de Chambord au jeune Duc de Bordeaux fondée sur deux textes, l'un de Desternes et Galland à la Nouvelle Revue en 1902, l'autre du prince Sixte de Bourbon-Parme dans Le Correspondant en 1911 ; les Parme hériteront de leur oncle qui leur légua Chambord en 1883. Je ne fus pas trop surpris d'apprendre que dès l'an III de l'Usurpation, le domaine légalement acquis fut séquestré par la Justice au profit du nouvel Etat. Un premier appel de la duchesse de Berry à la cour de Blois invalidant la décision du tribunal de Bracieux, le souverain interjeta lui-même appel au motif savant mais nauséabond que le domaine offert par souscription publique à l'héritier jadis du trône était Bien national, et devait donc revenir à l'héritier de droit du moment. La captation de l'héritage des Condé ne pouvait leur suffire ; ils voulaient tout ! L'Histoire s'est vengée quand un des descendants décida de manger la baraque dynastique avec la gouvernante !

Hans-Rudolf MerzQuelle belle surprise de voir Gérard de Villèle venir (à son insu) sur ma marotte helvétique : deux belles colonnes sur la tradition démocratique suisse et sa pratique exemplaire. Comparée au spectacle des décombres institutionnels français, la démocratie de nos voisins mériterait une analyse approfondie de nos penseurs politiques qui passent leur temps à "tordre" l'expression naturelle du peuple par des constructions électorales scabreuses et des barrières de protection de ce qu'est devenue la classe politique française : un syndicat unifié de sortants. En passant, belle devise du ministre des Finances de Berne dont nous devrions faciliter l'immigration choisie, à défaut, le carrément kidnapper : "L'Etat doit rester svelte". Un meilleur réglage de la TVA permettra d'augmenter le PIB de 0,3 à 0,8%, soit un revenu supplémentaire par famille de 100 à 700 francs suisses. J'adore cette minutie horlogère dans l'analyse des complications. Il faut mettre l'ENA à Genève ou à Neuchâtel !

La dernière page est consacrée à la crise de l'Action française. Sanlis qui connaît bien toute l'affaire, prend des précautions pour ne pas ajouter au tumulte. femmes d'AFIl pivote sur des déclarations anciennes de Guy Augé, qui questionnait déjà certaines ambiguïtés du nationalisme canal historique. Déclarer que « le fameux compromis nationaliste se soit invariablement fait aux dépens de nos valeurs » pourrait choquer un royaliste non légitimiste, mais si l'on va au fond de la réalité, on est forcé d'en convenir. Le rapprochement opéré avec les cadres du CERES socialo-jacobin, renforcé d'un soutien public au Saint-Just de la Mitterrandie, dont la voiture prend à Paris sa rue de résidence dans le sens interdit pour rejoindre aisément son HLM de luxe, et qui nous fait de ronflants discours de civisme, contrevenait aux fondements mêmes de l'offre politique monarchiste. Son initiateur en fut indirectement puni à titre posthume puisque c'est le "CERES" qui fit l'éloge funèbre de circonstance pour ses obsèques à la Madeleine.

Il manque à cet article qui se termine sur la visite à l'Elysée du Duc d'Anjou pour la croix du père de la Morandais, la photo où notre athlète de prince serre la main du petit reître, qui fait quand même bonne figure.

On me dit dans l'oreillette que Louis a fait faire subrepticement un métré laser des lieux et les a trouvés petits et pompadouriens. Nous sommes rassurés, il ira à Vincennes où abondent les chênes centenaires.

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samedi 28 juin 2008

Réduire l'hydre bureaucratique

fonctionnaires électoraux à Marseille
Frère Xavier tâte le terrain et annonce un projet de suppression des départements créés par la Constituante. Un lecteur "Sceptique" du Figaro abonde au projet : « Combien un citoyen payant ses impôts peut- il "supporter" de "représentants" pour décider pour lui ce qui est bon pour lui ? On a ajouté un étage à la pyramide avec l'Europe et bien nous en a pris, le jeu se joue au minimum à cette échelle. Il faut pour des raisons évidentes d'efficacité réduire le nombre total d'étages, le département est l'étage logique car trop loin des instances du dessus et de fait trop loin des instances vraiment locales. Bien sûr ses attributions seront réaffectées. »
Les régionalistes comme Jean-Paul Huchon, poussent plus loin la réforme en "supprimant" l'étage national qui les encombre entre régions et Europe. Il faut dire que dans l'état de déliquescence des administrations centrales pléthoriques, on peut se demander à quoi servent tous ces milliards dépensés entre les exécutifs régionaux bénéficiaires des principes de subsidiarité et les instances fédérales qui dictent déjà la moitié du corpus législatif. A quoi nous rétorquons que le désordre n'est pas soluble dans la réforme de la carte administrative française ...

des papiers, des papiersLe désordre est entre les mains de l'Administration qui le crée, la seule aussi qui puisse le combattre et l'annihiler. La République, dans son système concurrentiel nourri de démagogie et réglé par l'argent, porte au pouvoir par le scrutin populaire souvent des arrivistes adroits, des nomenklatouristes sans vista par le scrutin indirect ; mais elle produit une haute fonction publique de qualité. Nous aimerions que le "contrôle qualité" descende les échelons et que l'incompétence des bureaux cesse d'être le cinquième des Beaux-arts.

L'incompétence et parfois l'arrogance se nourrissent du sureffectif, et dans ce domaine la France est une petite Sibérie patrouillée de mammouths. Le gouvernement Fillon fait ce qu'il peut pour débarrasser le pays de tous ses souteneurs, mais la tâche est surhumaine car la conscience civique des cibles est gravement émoussée par le coton du hamac statutaire. La manière connue d'opérer ces réductions indispensables est de supprimer physiquement le bureau. Aussi voit-on des trous dans le tissu des services aux usagers tiré sur tout le territoire par la social-démocratie. Mais la bureaucratie se défend bien, elle court comme le lierre ; arrachée ici, elle repousse là. Le "client" électoral affaibli qui laissera détruire son privilège, sera vite remplacé par un nouveau que l'élu devra s'attacher en distinguant son rapport à l'Etat de celui du vulgum pecus. C'est une vis sans fin qui raidit tout l'assemblage de la démocratie latine, la plus difficile à faire évoluer car elle mêle un clientélisme effréné et l'administration des usagers.

pyramide des strates de gouvernement
La destruction d'une strate administrative est relativement aisée comparée à celle d'une strate politique. Mais la carte administrative et la carte politique sont confondues depuis que les échelons départementaux ont été politisés, au nom de la décentralisation des choix politiques. C'est le corps administratif régional ou départemental qui donne sa consistance au pouvoir correspondant. On ne connaît pas d'élus de ces assemblées de division 2 prêchant le principe de suppléance pour transférer des compétences à Paris au motif d'efficacité ou d'économie. Et bien que la gabegie fasse rage dans maintes régions, on ne connaît pas non plus de dévolution de compétences nouvelles même minimes qui ne doive être assortie de transferts financiers nouveaux, même si une saine gestion couvrirait aisément le budget complémentaire. Mais tailler dans le gras déclenche l'hostilité des élus qui se sentent menacés dans leur (faux) prestige, et redoutent que se pose ensuite la question du nombre de sièges dans leurs assemblées délibératives.

L'administration d'échelon doit être rééduquée dans un sens civique en lui inculquant à nouveau le sens de l'Etat. Et dans la situation lamentable de nos comptabilités nationales, il est urgent de se défaire des cadres "mécontents" et insuffisants, par décret exceptionnel si nécessaire.

S'il neige un quatorze juillet, sera-t-il annoncé par les auspices de la réforme que le temps de tailler dans les représentations parlementaires est aussi venu ? Suicidez-vous, messieurs, nous nous chargeons du reste.

La parole est à la défense :
Une cocotte en papier ça peut quand même voler pour de vrai ! LA preuve :





Un site intéressant, le Club de l'hyper-république ou comment combattre la nouvelle bureaucratie internautique.
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mercredi 25 juin 2008

PESD in NATO

écusson EurocorpsLa Communauté* européenne de défense recyclée en pôle européen de défense au titre de la PESD** est un modèle d’hypocrisie dans le cadre de la Marche à l’Empire ! Avez-vous mené une horde de chats paître les moineaux au verger ? C’est à peu près ce que les présidents de la République française tentent de faire depuis dix ans en matière de stratégie. La démarche est sous-tendue par cette vieille défiance vis-à-vis de l’OTAN que nous sommes les seuls à ressentir mais que tous nos partenaires connaissent de nous. Un ministère européen de la Défense redonnerait du lustre à la pensée militaire française, procurerait des postes aux généraux sans troupe que le Livre Blanc va débarquer, et marquerait les frontières européennes de l’urine de notre indépendance. Après le consentement effectif des peuples concernés, aujourd’hui présupposé, il n’y manque que le principal : … le Nerf ! Je ne crois pas tellement exagérer ...

challenger UKD’autant moins que nos difficultés budgétaires apparaissent ci et là dans le débat d’orientation, au point de laisser croire aux autres que nous chercherions à mutualiser la dépense et à privatiser la gloire. En outre les exemples d’engagements militaires fournis pour exalter la convergence hors de la suzeraineté américaine sont tous des cas de non-guerre et s’apparentent à des opérations de gendarmerie de masse ; y compris l’engagement afghan, même si les gueux de la montagne s’avèrent particulièrement retors. La première définition qui ressort des textes préparés pour cette communauté de défense est la « gestion » des crises internationales. Pas d’odeur de cheddite dans le classeur. Au résultat, nous souhaiterions déployer sous notre commandement un corps de bataillons humanitaires coalisés, les médecins-pompiers-gendarmes sans frontières, mais quant à engager à chaud les futures brigades aéro-blindées russes, il nous faut encore réfléchir ! Pourquoi ?

Tigre FRLa guerre « ensemble » convoque la confiance au-delà de la convergence des perceptions. Or, les pays de l'Est ont moins confiance dans la France en guerre que nous le laissent croire les directeurs de l’OIF (francophonie). Ce pays a un réflexe fâcheux de dérobade. L'histoire est plus vivante à l'Est qu'à l'Ouest où les fabulistes sont en charge de son enseignement. A Munich, nous avons livré notre frère tchèque, notre frère puisque la Tchécoslovaquie d'alors se considérait comme le jumeau slave de la République française ; tout y était pareil, la culture et les arts étaient français, les industries collaboraient, les universités s'interpénétraient, les relations étaient si étroites et amicales qu’il n’y a plus d’exemple d’une pareille « fusion » de nos jours, même avec le Liban, tant célébré. Chamberlain n’en eut cure ; Daladier en période électorale, approuva. Ils furent acclamés.

En 39 nous avons déclaré la guerre "Pour la Pologne" mais n'avons pas attaqué le Reich, comme prévu aux accords de défense franco-polonais pour obliger la Wehrmacht à diviser ses forces. En 40 nous avons conclu un armistice séparé de confort, laissant le Royaume Uni seul à encaisser tout le choc de l’offensive allemande ! Quatorze pilotes français sauveront l’honneur à la bataille d’Angleterre sous la cocarde anglaise (quatre seulement finiront la guerre).

Leopards CAN
Pendant la guerre froide qui suivit la guerre de Corée, nous devînmes l'interlocuteur occidental privilégié des Soviétiques auxquels nous faisions mille grâces ! Nous avions même retiré d'URSS tous nos "honorables correspondants" sauf un, l’officier du SDEC de l'ambassade à Moscou. Nous étions aussi le grand ami des Ceaucescu(!), et décalquions de nos modèles yougoslaves l’autogestion des entreprises publiques et la DOT (défense opérationnelle du territoire). Nous étions mentalement intoxiqués par le marxisme-léninisme à tel point que le président Vaclav Havel en visite pour la première fois en France en 1994(!) en détecta immédiatement les nombreuses empreintes et déclara lors de son retour à Prague qu’il revenait d’une Union soviétique qui aurait réussi (je radote, je sais l’avoir déjà dit, mais ces gens perçoivent des réalités imperceptibles par les addictés au socialisme !).

EurofighterEn pleine guerre froide et pas si loin de son pic d’intensité que fut la crise de Cuba de 1962, nous avons quitté en 66 les commandements OTAN qui ont été chassés de France, mettant notre propre pays en grave danger car notre capacité de défense sur le théâtre continental était alors ridiculement basse ; ce retrait a bien sûr fragilisé l'Alliance durant toute la période de son redéploiement, et le « French Denial » devint un paramètre permanent de tous les exercices alliés ultérieurs ; traces indélébiles qui ressurgirent dans la presse américaine à l’occasion de la seconde guerre d’Irak.
Il est très présomptueux de notre part de croire que les pays de l’Est achèteront « notre » pôle européen de défense autonome, parce que tout simplement ils ne croient qu’à l’OTAN et à la détermination américaine ; celle-là même qui nous mettrait justement en danger selon notre lecture des causes d’une guerre. Au premier conflit d’intérêts stratégiques au sein de l’Alliance en période de crise internationale, nous nous retrouverons seuls ! Dans l'effroi, tout le monde choisira le Choc yankee à la Négociation philosophique française. Le président Sarkozy ressent des vibrations de ce genre mais ne peut les publier. Sa seule porte de sortie est de différencier les niveaux d'opérations :

Abrams USA l’Europe militaire, le ministère européen de la Défense, la gestion des crises de basse intensité et des cataclysmes naturels dans sa sphère géographique d’influence ; l’empire d’Alexandre le Grand (humour)?
A l’OTAN, le ministère occidental de la Guerre, l’immanence de la menace occidentale, la conduite de la guerre absolue (au sens de Clausewitz). Ce n’est pas traîner de sabres que de vouloir faire peur. Sage attitude au contraire !

La guerre vraie est-elle envisagée dans la PESD ? C’est un peu la question que les Américains nous posent, agacés de voir la riche Europe soigner ses modèles sociaux en réduisant ses budgets militaires. La Menace peut être évaluée par les analystes géostratégiques en azimut, calendrier et intensité, mais en aucun cas ceux-ci n’ont conclu à sa disparition, car la guerre est le propre de l’homme comme son rire ! Combien de fois me suis-je surpris dans le RER à maîtriser des pulsions de meurtre ?

Or pour vendre le projet de musculation de la PESD**, les Européistes à tout crin minimisent l’éventualité d’une guerre totale ou absolue, confiants dans la méthode Coué des discussions apaisantes, des conférences à l’eau glacée, des pauses-cafés explicatives, et des casques blancs d’interposition à compte de tiers.

UN Leclerc FR
Il est une conséquence de la PESD que nous préférons ne pas voir non plus, au contraire des Slaves qui la craignent ouvertement : que les Etats-Unis, à bout de souffle budgétaire et mobilisés sur le Moyen-Orient et le Pacifique nord, sautent sur l'occasion de la création d’un grand pôle de défense européenne pour retirer toutes leurs forces du sous-continent, laissant la riche Europe des Lumières se démerder. Comme les Européens seront incapables démocratiquement d’accroître leurs budgets militaires pour se mettre au niveau requis, en les doublant au moins car en dessous de 4% du PIB global nous ne ferons peur à personne, la Russie de Poutine ou une coalition du Croissant seront susceptibles de venir un jour ici dicter leur loi.

une flotte OTAN
Seule notre capacité physique et mentale de délivrer le Choc sera respectée par nos contempteurs, et la PESD c’est de l’eau tiède. La préparation d’une guerre ne doit être conduite que pour écraser les armées ennemies et les anéantir. Tout autre tentation de gradation de la riposte, d’apaisements préalables, affaiblit ostensiblement la garde, insinue le doute de notre résolution dans l’esprit de nos adversaires, ouvre des couloirs de contournement pour nos alliés les moins sûrs. Même si la conduite d’une guerre déclarée doit garder toutes les options possibles dans le cartable d’état-major, elle doit être annoncée comme implacable et brutale. Plus violemment vise-t-on l’éradication rapide des forces militaires ennemies, plus sûrement on protègera son peuple des souffrances d’une guerre interminée qui peut devenir totale, sinon subversive, et rapidement fatale dans l’état de désarmement moral où se trouvent bien des peuples d’Europe occidentale. Dans la ouate de notre modèle social nous avons atteint le point de liquéfaction morale.
Ceux de nos enfants qui se relèveront alors des cendres de la prochaine viendront pisser sur nos tombes défleuries : « Ils étaient donc si riches et si niais ! »

NATO star
En conclusion, fédérons un grand corps européen d’intervention humanitaire capable d’intervenir à bref délai par toute la planète, ce qui nous donnera une pose avantageuse dans les conférences internationales. Au même moment ramenons l’OTAN sur ses bases sûres et musclons la, après avoir choisi d’en être totalement "sans reproches ni murmures" ; sinon, de la quitter complètement avec le courage des martyrs chrétiens. Question de dignité, même si les allumettes ne servent qu'une fois.

Footnotes :
* CED de 1952 : voir l’article de la Wikipedia.
** PESD, Politique européenne de Sécurité et de Défense : voir également l’article de la Wikipedia et le dossier Euractiv.com


Le Chant du Diable

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lundi 23 juin 2008

8°GLR d'été

pont et quaiCe Vidourle qui sourd de la montagne à St Roman de Codières recevra-t-il quelques pièces de nickel sous le pont de Sommières le 31 juillet ? Des âmes simples peuvent croire que le torrent de France le plus médiatisé exauce les vœux des « pécheurs ».
C’est au Cart de la rue Emilien Dumas que les Manants du Roi organisent un séminaire pour ne pas dire une retraite, consacrée à l’échec. Un article très complet fait la présentation de cette session 2008 du GLR, le Groupe de Liaison Royaliste : cliquer ici.
J’y ai lu que « les positions des différents courants royalistes se sont incontestablement décrispées ces dernières années et même si quelques tentatives d’actions communes n’ont pas eu le succès espéré, elles ont eu le mérite de permettre la multiplication des contacts et des rencontres. Les jeunes notamment n’épousent plus les querelles de leurs aînés et aspirent à développer les synergies nécessaires ».
Après ce qui s’est passé au siège du Centre royaliste d’Action française et Place des Pyramides, je doute que la décrispation soit intervenue après la session 2007, même si des évènements graves ont eu lieu au Roycoland : mort de Serge de Beketch, mort de Pierre Pujo, jet d’éponge d’Yves-Marie Adeline, etc.

BoutangMais indéniablement se pose la question d’expliquer au fond les causes de « la quasi-inexistence du royalisme dans le paysage politique et médiatique français ». Au-delà des histoires inter-chapelles, cette parthénogenèse continue de la vieille AF, au-delà de la querelle dynastique qui, à mon avis, prend des tours plutôt que ne s’apaise, le problème numéro un est de remettre en marche l’horloge du royalisme qui me semble arrêtée à la mort de Pierre Boutang (1998) pour ne pas remonter plus avant.

Si l’idée monarchique n’a plus que droit de cité dans les caricatures de pouvoir, sa pensée dans sa forme politique épurée, son poids à sec, ne mord pas non plus sur l’Opinion ! Est-ce ce manque d’écho, mesuré dans ses résultats de campagne, qui a découragé le président de l’Alliance royale, trompé par un sondage douteux dans son analyse du spectre politique ? Nous aimerions le savoir.

La propagande est plus que jamais nécessaire, mais il faut tuer le père d’abord car il l’a envahie, par le labeur inlassable et quelque part magnifique des cénacles universitaires savants, mais déconnectés de la réalité politique et peu adroits dans l’action ! Sortie du microcosme monarchiste la relation à Charles Maurras est d’un poids écrasant, non pas tant d'une doctrine politique complètement oubliée du public, sinon mal comprise, mais pour une erreur d’enthousiasme à la fin de sa vie qui lui fit choisir le camp condamné ensuite. Dommage pour la nostalgie, mais la cause royaliste a besoin d’avancer ; les défis sont devant et pas derrière ! Extraire le texte du contexte, disent certains. Je préfèrerais la formule « assimiler complètement le texte et son contexte, en faire une culture intime, et comme aurait pu le dire Edouard Herriot, les oublier dans la construction de toute démonstration ultérieure ».
A refuser cet aggiornamento, on se retrouve dans la situation d’un journal historique de combat détourné vers le commémoratif, qui relie inlassablement l’actualité à une grille de lecture établie il y a près de cent ans, dans un monde qui a fait plus de chemin depuis lors qu’il n’en a parcouru depuis la chute de Constantinople.

YMA au marché du 7°Reste la question qui fonde toute l’action du GLR : sommes-nous capables d’unité ? Le mois prochain s’ouvrira donc la 8° session du GLR, et la question est officiellement à son ordre du jour. C’est déjà y répondre.
Je ne crois pas l’unité possible ni suffisante. Dit en passant, pour défendre son champion, il n’est pas exactement utile de dénigrer celui d’autrui puisqu’un jour, comme dans les primaires américaines, il faudra converger tous ensemble vers Reims !
La plus sûre façon de l’obtenir serait que la maison cadette prenne son rang, mais de mon point de vue, au ras du piéton du roi, c’est de notoriété dont la cause royaliste a besoin, et celle-ci peut être obtenue « par tous moyens même médiatiques » pour paraphraser le Martégal. L’unité serait un plus, si elle ne réduit pas une riche diversité, mais au stade d’avancement de ce projet de ré-ensemencement de l’Opinion, elle n’est pas primordiale, et ne mérite pas qu’on y consomme beaucoup d’énergie. C’est aussi un syndrome gaulois que de s’enthousiasmer de l’unité, pour, revenu au village, faire chacun pour soi tout son contraire.

Tant que l’offre monarchiste n’aura pas renversé le mur d’indifférence publique, la démarche d’unité sera prématurée car l’accession restera impossible, sauf dans des démonstrations vaseuses d’arrière-salle auxquelles je ne participe plus depuis longtemps. L’offre doit être résolument modernisée dans son contenu, sa présentation et ses vecteurs. Chacun comprend ce qu’on entend par là.

Pour finir sur une note politique, si la devise proposée « REFONDER LE ROYALISME POUR LIBERER LA FRANCE » cible une déclaration d’indépendance du pays par rapport à l’Union européenne, je crains beaucoup que nous ayons choisi le plus beau combat perdu d’avance de ce nouveau siècle. Mais que sert-il d'espérer s'il s'agit d'entreprendre !

flamme des Manants
Du 31 juillet au 3 août 2008
8° session du Groupe de liaison royaliste
Le Cart – 31 rue Emilien Dumas
30250 Sommières


Le tarif et le bulletin d’inscription sont attachés à la fin de l’article des Manants du Roi avec tous les moyens d’accès et de contact.

Vive le roi !



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samedi 21 juin 2008

Du Livre blanc de Morin

Morin relaxOn lit tout et n'importe quoi sur le Livre Blanc de la défense française.
C'est une réforme simple de conception et comme la guerre, toute d'exécution ! L'intention est, dans la même enveloppe budgétaire qu'aujourd'hui, de dégraisser les dépenses de fonctionnement pour rééquiper les armées en matériel neuf car ceux dont elles disposent aujourd'hui - on parle surtout de l'armée de terre - sont morts ou à bout de souffle. A titre d'exemple les avions Transall de transport de troupe sont au-delà de leur vie utile et vont d'une réparation à l'autre. La logistique de soutien en Afghanistan est confiée à des gros porteurs ukrainiens. Les hélicoptères de manoeuvre Puma sont au bout des pales. Le soutien de la EUFOR au Tchad est confié à des hélicoptères lourds russes. Les VAB sont encore bons pour le maintien de l'ordre mais plus vraiment adaptés à la guerre d'ambiance intense. Et la moitié des chars Leclerc sont immobilisés sur parc ou en maintenance dans les établissements du matériel faute de crédits ! ...

La bite et le couteau sont passés de mode, nous sommes revenus à l'époque du heavy steel, la préoccupation étant sur l'asymptote du "zéro mort" (OK en dialecte yankee). Inutile de faire charger la garde à cheval ! D'autant que Brigitte Bardot lancerait une campagne de sauvetage des équidés militaires.

On prévoit d'abord une chasse implacable au gaspillage (c'est pas moi, c'est l'autre), de fermer des installations obsolètes ou vides (les bases sans aéronefs), de réviser les tableaux d'effectifs surabondants dans le soutien aux combattants, de traquer les procédures dilatoires coûteuses en pénalités industrielles, etc.
On ne s'interdit pas non plus de pécuniariser un patrimoine foncier disproportionné et parfois de grande valeur quand il est en centre-ville.

avion A400M
Reste à se demander pourquoi faut-il un Livre Blanc pour approuver une saine gestion des fonds publics, la Cour des Comptes en fait des pages chaque année.
Les programmes bénéficiant des investissements garantis sont les avions de transport A400M, les hélicoptères NH90 et les véhicules blindés VBCI, véhicule blindé du combat d'infanterie, celle-ci restant malgré Rumsfeld la reine des batailles !

Arrivé là, on peut dire que ceux qui hurlent à la contraction budgétaire de notre défense pour réduire le déficit fatal des finances publiques mentent si le gouvernement ne ment pas, ou ne le font que par idéologie, le quantitatif étant un résultat d'analyse stratégique, pas un préalable.

En conclusion préliminaire, on ne saurait s'offusquer que notre gouvernement finisse la professionnalisation des armées que l'équipe précédente avait stoppé dans ses conséquences pour ne fâcher personne sauf les contribuables. Je partage la logique de Morin qui déclare que les forces armées n'ont pas une fonction de soutien de la consommation sur leurs territoires de casernement mais une fonction de protection de la nation à laquelle doivent tendre tous les efforts.

VBCI
Ce programme sera-t-il mené à terme au moment où Trichet remonte les taux monétaires, alourdissant gravement le service de la Dette publique qui dépasse déjà le budget courant du ministère de la défense ? Ci-gît ma plus grande crainte.
Par contre on peut s'interroger sur la réponse donnée à la synthèse finale.
Le dispositif général retenu déploie ses ailes sur un arc de conscience allant de l'Atlantique à l'Océan indien. C'est raisonnable pour une puissance moyenne très endettée. Il se donne pour points d'appui extérieurs, une base interarmes sur la façade atlantique (Libreville ou Dakar), une base interarmes de l'autre côté, au seuil septentrional de l'Océan indien (Djibouti), avec une base projetée dans le Golfe persique que les Emirats arabes unis vont construire à Abou Dhabi.

tenue FELINLes forces terrestres projetables nécessaires sont estimées à 30000 hommes, soit l'équivalent de l'effectif réalisable aujourd'hui, en tenant compte d'un corps mobilisable simultanément de 10000 hommes pour une opération métropolitaine, et la projection rapide de 5000 hommes en même temps sur un point particulier de notre zone d'intérêt (on pense à l'Afrique et aux DOM-TOM). Une escadrille de 70 avions d'appui-feu est également programmée en soutien sur théâtre extérieur.
Ces forces projetables sont capables d'entrer en premier sur tout théâtre d'opérations (comme seul le Royaume Uni y arrive aussi) et disposent de leur logistique propre pour des questions de souveraineté. Si le programme de renouvellement de la flotte se poursuit, il n'y a pas grand chose à dire contre le Livre Blanc jusque là.

Une question néanmoins pourrait être posée : au-delà des pures estimations comptables de la rue Saint-Dominique, les économies attendues d'une politique volontariste suffiront-elles à financer la bosse budgétaire de 3 milliards que représentent les programmes d'équipement en cas de surprise budgétaire (dans les opérations extérieures). L'Elysée s'est engagé à couvrir cette bosse par des ressources extérieures à celles du ministère de la défense. Mais quels crédits et où seront-ils annulés pour maintenir l'équilibre financier du fonctionnement des armées en cas d'engagement imprévu ? Jusqu'ici on ajuste par le report des crédits de paiement d'équipement.

Eurocopter NH90
Je ne suis pas sensible aux critiques des généraux ronchons, les mêmes qui poussent les exigences technologiques au-delà du raisonnable et compromettent le niveau tactique du combat par une fascination puérile de Star Wars. Je me souviens du rapport d'un camarade envoyé en mission lors de la Guerre de Kippour sur le Golan par le GIAT pour juger du comportement des derniers chars russes qui disposaient d'instruments d'acquisition nocturne modernes. Ce fut un combat de mêlée blindé de haute intensité. En moins de temps qu'il n'en fallut pour refroidir les fûts, tous les chefs de chars basculèrent leurs écoutilles et sortirent la tête pour commander le feu car la poussière était si dense qu'on risquait la collision. Tout était dans la vitesse de tourelle et d'approvisionnement de la culasse, ce que l'on savait depuis 1917.

Le char Leclerc est le plus formidable du monde, mais son entretien est littéralement extravagant (demander au chef d'atelier détaché au Liban) ; et qu'est-il besoin que le Tigre puisse voler sur le dos à 8000€ de l'heure contre 800€ pour la vieille Gazelle !

Le report du second porte-avions est déclaré d'ordre strictement budgétaire (500 millions par an sur 8 ans), par contre il est envisagé de mutualiser au sein de l'Alliance son escorte à la mer.

Il n'en demeure pas moins que si le format du Livre Blanc est effectivement réalisé, les forces armées françaises seront aussi puissantes, plus mobiles, mieux renseignées dans dix ans qu'elle le sont aujourd'hui. L'opération extérieure la plus nombreuse que la France ait tenté depuis 1945 hors de sa souveraineté fut la campagne de Suez où elle engagea 26.000 hommes en 1956 à côté des Britanniques. Donc l'intention actuelle ne peut être qualifiée de timide ; reste à assurer !

histogramme de la Dette
Nous parlerons une autre fois des implications européenne et atlantique du schéma retenu. Elles ne réagissent pas beaucoup sur le format des armées, moins que la Dette.

Le lecteur peut aller au fond des choses par les 3 liens ci-dessous :
Le Livre Blanc du ministère
Emission débattant du Livre Blanc (87 minutes)
Portail des auditions parlementaires sur le Livre Blanc



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vendredi 20 juin 2008

Carambolage des valeurs

La TNT nous offre la chaîne parlementaire où se tiennent de vrais débats. Le style de l'animateur-hachoir à la Guillaume Durand y semble proscrit. Cette placidité qui permet enfin aux uns et aux autres de développer leurs arguments sans chercher à placer le mot de cinq secondes qui fera mouche à l'Audimat, oblige aussi les intervenants à organiser leur pensée et à fluidifier son expression. C'est dans ces débats développés (la Cinq et BFMTV et d'autres en font aussi) que l'on aperçoit le mieux la collision des valeurs sociétales.

le drapeau en voileL'autre jour étaient réunis sur BFM le maire UMP de Vigneux-sur-Seine, le recteur de la mosquée du cru, la présidente de NPNS à propos de la location à huis clos du gymnase municipal à une association de femmes musulmanes pour un tournoi de basket inter-mosquées. Je dis tout de suite que ça ne me dérange en rien !
Poinsot, le maire bien-nommé, coincé par l'inpute-insoumise, invoque la laïcité positive qui lui a défendu de discriminer une association déclarée, en fonction de critères religieux. Très bien. Mais si l'association promeut la discrimination des sexes - pour ne pas dire leur hiérarchisation - elle contrevient aux lois fondamentales de la République, largement bafouées d'ailleurs par la bourgeoisie régnante depuis deux cents ans.

Une troisième valeur s'invite à la dispute après la laïcité et l'égalité des genres, c'est la liberté individuelle qui prévoit pour les femmes surtout, de ne pas être reluquées par les hommes libidineux quand elles se lâchent dans une compétition sportive. Le basket en hijab n'est pas inscrit aux JO mais ça ne saurait tarder, si ça leur plaît ainsi !

Une quatrième valeur est celle de la banalisation de l'espace public où la conscience de chacun ne peut être agressée par le comportement d'autrui. La tolérance s'exerçait jadis aux processions catholiques que la République limitait strictement à faire le tour de l'église du village. Le maire a contourné l'obstacle ici par le huis-clos. Que fera-t-il quand il aura sur son bureau un dossier pour la gay-pride de Vigneux ? Il dira oui parce que la pédale n'est pas une religion.

Une cinquième valeur surgit aussitôt dans le carambolage des valeurs, c'est le droit du citoyen (contribuable) de jouir des équipements publics qu'il finance sur les taxes. Toute restriction sauf grève entame le service public exigible et dans le cas de Vigneux s'apparente à une privatisation temporaire de l'espace commun. C'est très grave ! Surtout quand on n'a jamais l'intention d'aller faire de la gymnastique mais lorsqu'on se sent frustré de ne pouvoir éventuellement en faire au cas où ... la faculté vous y obligerait, vu la brioche que vous traînez au zinc du coin.

le maire PoinsotAlors, la présidente de NPNS, qui coupait tout le monde et chauffait surtout le recteur, véritable autocuiseur soudé à l'arc du bon sens obligatoire, interpella le maire et lui demanda de ses amis un projet de loi pour interdire le sport hallal public. Une valeur nouvelle naîtra peut-être un jour sur les tables de la loi républicaine si lourdes à porter.

La république est étouffée de lois et règlements dans tous les compartiments de la vie sociale. L'Etat se mêle de tout, ne faisant pas confiance aux édiles naturels que sont les maires, très souvent désintéressés et de bonne foi. Quand donc sera remise aux responsables politiques de premier échelon la liberté de gouverner leur territoire en fonction des moeurs locales et du jugement honnête qu'ils s'en font. Et s'il y a quelques imperfections parfois, elles nous confirmeront que la gestion est trivialement "humaine". Tout ce que nous pouvons leur demander est d'appliquer le principe connu du pot à mayonnaise, que nous vous exposons gratuitement ci-dessous :

le pot à mayonnaiseC'est l'histoire d'un pot et d'un café. Sur son bureau, un prof de philosophie avait disposé un pot à mayonnaise qu'il décida de remplir devant ses élèves de balles de golf. A ras bord, il leur demanda s'il était plein. OK.

Le prof prit ensuite dans son tiroir une boîte de graviers et la vida dans le pot. Ils se disséminèrent entre les balles, et le prof demanda s'il était plein. OK.

Il sortit ensuite une boîte de sable et le versa par dessus. Bien sûr le sable finit de remplir tout les interstices et à la question de savoir si ... Okay ! répondirent les élèves agacés.

Alors il présenta deux tasses de café cachées sous le bureau et les vida dans le pot. Tout le monde éclata de rire.

Quand le calme fut revenu il déclara : " le pot de mayonnaise est notre société" là dehors. Les balles de golf sont les valeurs importantes, la famille, la foi, la santé et la liberté. Les graviers sont les valeurs secondaires mais importantes, le travail, le logement, la voiture, etc. Le sable représente tout le reste des petites valeurs auxquelles on peut être attaché.
Si vous remplissez le pot de sable, il n'y entre plus rien d'important ou de primordial. Il faut respecter l'ordre des choses.

Or, au-delà de sa devise gravée aux frontons des édifices publics, la République nivelle les valeurs, détruit leur hiérarchie et se retrouve au centre du carambolage actuel que seul le bon sens commun peut réparer.

Denis TillinacDans l'émission de RTL "On refait le monde" du 19 juin, on parla de cette affaire du gymnase de Vigneux. Le brouhaha des valeurs enfla et le journaliste Denis Tillinac du Figaro dénonça plusieurs fois le désordre en stigmatisant "les valeurs de votre République". Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd puisque Jean-Philippe Chauvin a fait un excellent billet sur le sujet.

Ne prenons pas des vessies pour des lanternes !
Hiérarchisons.


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mercredi 18 juin 2008

De l'(in)utilité des fora

débat renaissanceLe forum cybernétique est un phénomène récent, disons qu'il termine son premier lustre. Il a ressuscité l'espace d'échanges à l'antique - d'où son nom de forum - que la TSF puis la télévision avaient détruit, cantonnant chacun dans son petit salon avec sa bière en boîte, ses chips, ses loukoums qui pèguent et les Gauloises blondes !
Il en existe de plusieurs modèles, depuis le forum de copains qui s'apparente à un tchat élaboré, jusqu'au grand forum de disputes terribles en passant par le forum fermé entre soi, le cénacle "connoisseurs only!".
Le forum royaliste Vive Le Roy est un forum ouvert à l'antique qui a fait l'objet d'une présentation complète sur ce blogue le 22 mai dernier...

Les forums fermés ont peu d'avenir parce qu'ils briment l'extraversion naturelle du participant. On poste son message pour qu'il soit lu & approuvé par le plus grand nombre d'internautes. Certes, l'approbation de ses pairs est toujours recherchée, mais le nombre, qu'il vous adule ou verse dans le ricanement, est une forme de reconnaissance de sa propre pointure. Attention aussi aux bulles de vanité qui crèvent plus tard et détruisent parfois le souffleur.

Les forums politiques, ouverts comme chambre de débat annexe à l'organe officiel qui fixe la ligne de combat, se sont révélés très vite comme de bons outils de propagation des idées mais aussi de leur raffinage, le forum étant un crible capable de trier les scories dialectiques inutiles, les contre-sens, les impasses.

La supériorité d'un forum sur l'échange oral, est que la matière dialectique est écrite, le fil de discussion se constitue de réponses, précisions et souvent aussi de digressions pour ne pas dire divagations. Il en reste quelque chose, et le forumeur fait assez vite attention à ce qu'il écrit car la trace est quasiment ineffaçable et son IP (numéro de protocole Internet) enregistré.
Pour le visiteur d'un forum, l'accès au débat est facile, même en cours de discussion, car l'histoire du fil est consultable directement, sans ouvrir des archives, en remontant simplement les pages, ce qui est impossible dans un débat oral.

discussion bouddhique
Comme beaucoup je fus surpris de la fermeture du forum militant d'Action française au mois d'avril. Le motif que ses administrateurs avaient sans doute fait tourner sept fois sur la langue, était que « ... pour un retour au pays réel, ayant toujours récusé la superficialité de l’engagement virtuel, et toujours soucieux de présenter des réponses concrètes aux maux contemporains, le mouvement estim(ait) qu’il (était) temps de s’émanciper de cet outil incomplet. » (source).

C'est un choix ! Sans choix ! Si vous quittez le champ cybernétique, vous ne le clôturez pas pour autant d'un haut grillage, et ce champ va être réinvesti par d'autres. Dans le cas qui nous occupe, les contempteurs de l'équipe directionnelle de l'AFE se sont déplacés vers le forum cousin. N'eut-il pas existé qu'ils en auraient ouvert un à leur guise - il ne faut que 10 minutes - et par leurs interpellations publiques, ils auraient forcé les "retraités" du Web à revenir dans les lices. C'est ce qui s'est passé sur "Vive Le Roy" avec l'avantage d'une administration œcuménique neutre (et débonnaire) qui a canalisé la polémique et a permis de mettre beaucoup de choses à plat. La crise du "10 Croix des Petits Champs" a finalement émergé et l'iceberg a presque été tiré à sec sur la grève pour y fondre.
Tout étant désormais sur la place publique, il reste aux acteurs de cette crise à trouver la façon d'en sortir sans détruire le "10". L'utilisation du forum a permis de vider l'abcès. A vouloir réformer l'Etat, commençons de nous exercer à celle de la chapelle ; les insuffisances, déconvenues, obstacles, trahisons de demain seront bien plus difficiles à surmonter que les présentes.

un forum antique
L'autre fonction intéressante d'un forum ouvert aux quatre vents - on s'y enrhume autant que sur son modèle antique - est d'autoriser la propagation d'idées marginales qui s'enterreraient d'elles-mêmes dans un blogue. Ces idées, aussi surprenantes soient-elles, sont nourries par la dialectique qu'elles suscitent, par le feu de contre-batterie qu'elles déclenchent, et finalement par l'inévitable synthèse vers laquelle d'expérience elles tendent naturellement.
Le forum Vive Le Roy connaît régulièrement de ces irruptions échevelées de grands rhéteurs ayant construit des théories spectaculaires et capables de les défendre pied à pied et complètement. C'est d'ailleurs tout leur plaisir et le nôtre. Sans le débat voire la dispute, elles n'émergeraient pas ; parfois leur pertinence finit par largement convaincre. Ces phénomènes convoquent chez moi l'image de ces tribuns acharnés à cœur, perchés sur une caisse à bouteilles, qui agrègent des foules à Hyde Park - chez nous, c'est interdit par les Renseignements Généraux depuis la prise de la Bastille.

le nain timideReste la question des timides. Le forum cybernétique est pratiquement le seul accès au débat politique des timides ou simplement des moins armés en rhétorique. Ils peuvent se contenter de lire. Cela ne préjuge en rien de leur capacité combative mais ils s'affranchissent ainsi de ce respect humain bloquant qui paralyse la participation à une discussion orale à laquelle ils pourraient être des contributeurs nets. Dans le débat physique, il faut parfois mettre un caillou sous la langue, applaudir ou se faire remarquer de ne point rejoindre l'enthousiasme général. Dans le débat cybernétique, qui n'en est pas moins réel que l'autre, chacun reste maître d'intervenir ou pas, en se déconnectant tout simplement.

Le forum est utile. CQFD.

Kardaillac
modo pluribus impar



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lundi 16 juin 2008

26ème EPEES

couverture du 26°Plus politique que la livraison précédente, la 26è des Epées a amélioré aussi sa maquette, fini les caractères gris sur fond anthracite, il faut dire que c'était le numéro du pinard littéraire ! La table des matières du 26 est en ligne sur le site de la revue, qui vous paraîtra un peu en décalage par rapport au contenu régulier du décamadaire. La revue est intellectuelle et critique, le site est plébéien et ronchon sans le talent du club éponyme.

Tous les articles sont bons, mais deux m'ont plus intéressé - c'est donc très subjectif.
Sous le titre Aux larmes, citoyennes, Alain Raison démontre (p.25) la régression de la condition féminine sous la Révolution où se déchaîne la misogynie institutionnelle qui survit encore de nos jours jusqu'à nous obliger à créer des lois de parité pour la combattre. Il se fonde sur l'ouvrage de Jean-Clément Martin "La Révolte brisée" publié chez Armand Colin en 2006.

femmes révolutionnaires
L'ouvrage semble exhaustif et non manichéen, ce que lui reprocherait en creux A. Raison quand il dit qu'il "est à regretter que JC Martin n'ait pas cherché des lignes de force dans les conceptions anthropologiques de l'époque". Mais il reconnaît aussi que la Révolution n'était pas un bloc et qu'en cette période troublée les Dames de la Halle hostiles à la Révolution allait à l'office de Noël prier pour Robespierre malade !

Le dossier "Révolution française : une histoire à vif" est une alternative économique au "Livre Noir de la Révolution" à 44€, en attendant qu'il passe en poche.

La réforme de l'Etat - politique de Gribouille (p.7) est une réflexion très utile de Sénac de Meilhan où la gouvernance tient lieu de gouvernement dans la contemplation de l'évaporation du pouvoir. L'incurie distancée du Brejnev pompidolien que fut Chirac, comme les tripatouillages institutionnels pro domo du locataire actuel, dissimulent mal la fusion de l'Etat et de l'Administration, fusion qui ouvre un boulevard à la Bureaucratie d'où que proviennent ses ordres, Bruxelles, Francfort, Londres ou New York voire demain plus loin.

Bureaucratie
On pourrait creuser la vacuité du pouvoir à Paris et se gausser des dévolutions européennes. Meilhan ne tombe pas dans ce travers populiste et s'attache plutôt à signaler le Désordre du pays légal qui est immense.

On trouvera un entretien inédit avec Ernst Nolte (p.46) sur la filiation des révolutions jacobine, russe, mussolinienne et nationale-socialiste. Le fantasme de l'homme pur déraciné de son terroir culturel ancien pour l'engager vers le progrès illimité de sa condition peut se briser sur le refus de chacun à devenir des "individus", pour rester ou redevenir des "personnes". Il se pourrait que les communautés premières se reclassent en "nations de personnes" s'opposant au magma des individus normalisés. « Cela veut dire que des Allemands feront peut-être de meilleurs Français dans un proche futur. Ce serait un nouveau monde qui serait bien loin de celui que la Gauche rêvait pour le futur ».

A signaler aussi une très bonne "lecture" de la Chine (p.14) par André Clapas. Il faudra revenir là-dessus à l'approche des Jeux olympiques.

Le dernier article (p.51) sur le Paris de l'Occupation photographié par André Zucca est celui que je voulais faire sur Royal-Artillerie "contre la bien-pensance des TDC de l'Hôtel de Ville". Amaury Chabert qui le signe, un fils de colonel peut-être, est moins virulent que je ne l'aurais été, mais dit tout quand même.

Petite égratignure : le claviste doit relire ; il y a par endroit des coquilles.

Abonnement à 28€ pour 5 numéros par chèque à l'ordre d'ADPR :
adressé aux ...
EPEES
6 RUE HENRI SAY
92600 ASNIERES



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samedi 14 juin 2008

Pour la confédération

vieux drapeau confédéréLe non franc mais pas si massif des Irlandais - la moitié des électeurs s'est déclarée compétente - forme le jugement en appel des jugements de première instance néerlandais et français. Non que le traité full size de 2005 ou sa version compactée de 2007 ait été approuvé ou refusé, puisque chacun en ignorait la trame mais se fondait sur les explications de texte délivrées par les tribuns les plus convaincants ou les plus sympathiques, mais parce que resurgit le déficit d'honnêteté intellectuelle des élites que l'on relève depuis le traité de Maastricht. La question de fond a été soigneusement évitée depuis l'origine de la Comunauté européenne.

Le parti socialiste n'a pas tort de distinguer le contenu du projet européen et son cadre opérationnel. Les gens s'intéressent au contenu, aux valeurs, aux modèles sociaux, moins au rubikcube institutionnel. Mais quand même, parce qu'il y a une instruction publique ancienne sur ce continent, ils savent d'instinct que le cadre institutionnel peut influer grandement sur la vie du corps social qu'il contient. Le fond de la question peut se résumer dans une alternative :
confédération ou fédération.
Jamais le débat n'a eu lieu, sauf épisodiquement et en ces rares occasions, il fut pollué par des questions triviales. Si ce débat avait été conduit honnêtement - mais sans nécessairement convoquer l'adoubement référendaire général à son issue - il aurait débouché sur la confédération. Pourquoi ?

L'Europe est une mosaïque de vieilles nations. Les nations celtiques comme l'Irlande, le Pays de Galles, l'Ecosse et la Bretagne mégalithique sont bimillénaires. D'autres impacts civilisationnels sont encore plus anciens, les Rutènes du Rouergue, dont vingt mille archers furent engagés à la bataille de Bituitos en -121, sont là depuis 25 siècles ! Et il en va partout ailleurs presque ainsi.
KouchnerCes nations ont des langues historiques particulières plus ou moins vivantes et des langues véhiculaires différentes sur tout le territoire européen. Le parlement européen travaille en 23 langues véhiculaires ! La langue est un facteur de différenciation important qui prend de la valeur dès que la pression ethnique étrangère s'accroît, donc une résistance au brassage. Par contre il faut reconnaître aussi que si les histoires de tous ces peuples sont différentes, elles sont évidemment imbriquées pour ne pas dire fusionnées. Ce fut le point de départ de l'idée européenne. Même la Turquie a une histoire européenne très copieuse, à nos dépens souvent.

Les nations sans passé cherchent désespérément à s'en fabriquer un. L'exemple des Etats Unis d'Amérique est le plus frappant. Leurs campus universitaires sont le plus souvent gothiques, leurs enceintes de pouvoir antiques ou baroques, les dômes romains ou impériaux abondent, leurs élites apprennent le grec ancien et le latin. Les officiers de West-Point connaissent les guerres puniques par coeur.

Pourquoi faudrait-il donc créer quelque sorte d'homme nouveau sur notre continent ? Pour que dans trois générations nous soyons lassés de notre uniformité et recherchions l'oeil humide les traces de nos particularismes ?

irlande pluvieuse
Que le grand marché commun obéisse à des règles communes d'échanges des services et des biens est une excellente chose pour l'économie de ce continent, dans la lutte de globalisation. L'affaire du "plombier polonais" ou la directive "frankenstein" sont des marottes agitées par des politiciens un peu stupides qui n'ont que le populisme à leur arc et les brèves de comptoir en bréviaire. De même que les règles de gestion des migrations d'oiseaux ne peuvent être "cantonales" ! La coalition de nos armées et une certaine normalisation des moyens sont indispensables à notre sécurité - on s'en souviendra lors de la prochaine guerre. Et on peut multiplier les domaines où une gestion commune centralisée est bien préférable à la cohabitation de mesures locales en perpétuel ajustement réciproque. La gestion rigoureuse d'un grand espace nous a été enseignée par l'Empire romain ; ce n'est pas du Jean Monnet !

Mais il est aussi une floppée de domaines nationaux dont la dévolution ne participe que d'une idéologie.
Composition des fromages, hygiène des hôtels, protection des aigles de Bonelli, etc. et chaque jour nos gouvernements veulent en ajouter au motif qu'il faut tout faire ensemble. Cette idéologie est le fédéralisme. Son fils naturel est un étage de pouvoir supplémentaire, et la nature humaine étant ce qu'elle est, un champ nouveau de carrières politiques et administratives. Ainsi les cabinets ministériels nationaux, les fonctions publiques nationales et internationales, les think tanks, poussent à la fédération car elle crée du pouvoir et des prébendes. C'est aussi sûr que le coup de pied de Vénus chez madame Putiphar.

BarrosoJe termine sur le suicide de la démocratie. Si la légalité du suffrage universel comme outil décisionnel à l'étage régalien - et les traités internationaux sont à ce niveau - n’est pas en cause dans les chancelleries, sa légitimité est fortement contestée par la Bureaucratie éclairée qui met en route déjà la phase de déception des voeux irlandais comme Sarkozy le fit des voeux français. Reconnaissons que les Irlandais comme les Français ou les Néerlandais ont voté sur vingt sujets différents de la question posée, y compris sur leur lecture assistée du traité de Lisbonne. Il est néanmoins très amusant de voir ainsi le principe démocratique dont nos politiques ont plein la bouche, se vautrer de si belle façon. Non, l'électeur n'est pas compétent pour tout trancher, et ce n'est pas son agrégation en corps électoral qui crée la pertinence du procédé. Souvenons-nous en dans notre propagande. Utilisons l'autodestruction du système démocratique qui se déroule sous nos yeux.



aigle de Bonelli
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