samedi 30 juin 2012

Pourquoi "Piéton du roi" ?


Personne ne m'a posé cette question au fond de la salle aujourd'hui. Mais il est arrivé quelquefois qu'on m'interroge sur le piéton du roi. D'autant que le blogue porte en titre l'artillerie de campagne et que la chevalerie y est parfois exaltée. "Piéton du roi" évoque un ralliement et une force, nous l'allons montrer tout à l'heure.
C'est à la bataille de Bouvines (27 juillet 1214) que l'Ost fut renforcé des milices bourgeoises n'appartenant pas à la pyramide féodale mais dont les carrés étaient commandés par des capitaines nobles. Pour la première fois depuis la Gaule antique, ce qui allait devenir la Nation faisait corps avec la Force juste du roi pour défendre le pays et les intérêts catégoriels qui y cohabitaient.
Ces milices étaient constituées de combattants à pied et formaient une infanterie autonome capable de manoeuvrer sur le champ de bataille quand la valetaille de la chevalerie utilisée jusque-là n'avait qu'une mission ancillaire.
Bouvines fut la révélation des piétons. Ceux des impériaux bousculèrent la maison du roi de France et celui-ci fut remonté in extremis par Tristan d'Estaing à qui il dut la vie ; les sept cents miliciens brabançons de Renaud de Dammartin sauvèrent l'honneur de la coalition impériale en refusant la reddition pour soutenir jusqu'au dernier l'assaut de la cavalerie française.
La bataille de Bouvines partagea la gloire entre la chevalerie féodale et le nouvel ordre des municipalités (qu'on appelait autrement). Cette évolution était au coeur du projet capétien, qui libérait le chef de l'Etat naissant des grand feudataires pour négocier une protection réciproque des bourgeois et du roi.
"Piéton du roi" est donc un clin d'oeil, une évocation du lien qui ne peut être rompu entre le peuple et son souverain. CQFD.




Pour terminer par un sourire cette grandiose évocation, voici la relation d'une conscription de piétons en pays d'Hierle en 1793 :
« Au mois de mars, tous les hommes de 18 à 60 ans de Sumène au nombre de 186 durent fournir un contingent de 30 soldats pour l'Armée du Var. On les réunit le 15 mars pour savoir s'ils voulaient désigner les partants au scrutin où s'ils préfèraient le sort. Le scrutin fut adopté par 123 voix contre 63. Alors commença une séance permanente du Conseil de la commune qui dura 40 jours jusqu'au 25 avril !
Les "123" avaient pour conseil Ménard, notaire, auquel un certificat de civisme avait été refusé à quatre reprises et qui réclamait toujours. Ils apportèrent tous un bulletin uniforme condamnant au départ les trente meilleurs patriotes ou protestants. La Municipalité cassa le scrutin, les bulletins devant être écrits ou dictés séance tenante sur le bureau.
Les "123" apprirent leur liste par coeur et le résultat fut le même. Fureur des patriotes, menaces du procureur de la commune. Le [directeur du] district [du Vigan] se transporta à Sumène et Tarteron (c'est son nom) s'épuisa à haranguer ses concitoyens qui persistèrent. Le directeur du district constata le vote.
Enfin, les représentants du peuple Bonnier et Voulland cassèrent le vote et l'on tira au sort. Ces soldats devaient être équipés par des réquisitions » (ce qui ne fut pas triste non plus, ndlr). La relation de cette affaire est tirée de Boiffils de Massanne.



vendredi 29 juin 2012

D'un bouffon l'autre


L'ancien président a été rejeté par son électorat pour manquements graves à la distinction de la fonction ; les Français, plus cruels que d'autres peuples quand il s'agit de rire d'autrui, ne supportaient pas la vulgarité du roi élu. Tout était devenu annonces, "com", slogans, médias, clichés, caméras, mauvais maintien et mauvais caractère, soit la définition du Français moyen, râleur, hableur, moqueur et démuni. Justement, le peuple d'instinct savait que ça ne collait pas. Et pourtant ils l'ont élu ce Français moyen cette fois, du moins beaucoup disent et je le partage, qu'ils ont sorti l'autre en prenant le nouveau comme chasse-clou.
A la fin, ils ont le même, en plus menteur !
Passons sur les frasques de ce ménage à trois plus sept qui nous rapproche de la Sublime Porte - Mme de Maintenant tombera-t-elle enceinte à l'Elysée pour finir Mme d'Avant-Hier ? - et allons à l'apparatchik : Fraise des bois, Flanby, Guimauve le Conquérant, Flagada Fraise, Mr Petites-Blagues, toutes gentillesses débitées au mètre par son propre camp, s'avèrent mal fondées. La manipulateur de couloir, concentrant ses talents sur la "motion de synthèse" du congrès en cours, s'est imaginé commander à la table du monde en usant de même. A cinq heures du matin, ce vendredi 29 juin, il avait plié la chancelière allemande dans la complexité de mesures croisées en tous sens à dessein, oubliant un peu vite que marquer le but en première période n'augure pas du match qui en comporte deux, et en politique internationale, trois ou quatre. Mme Merkel est vilipendée ce matin par la presse fédérale qui l'accuse d'avoir accepté tout le contraire de ce qu'elle affirmait chez elle depuis dix jours, on se souvient du « Moi, vivante...», sans comprendre qu'elle a été saoulée par un expert du shaker et de la dialectique ! "Magistral" a dit quelqu'un dans la salle de réunion. Mais un alqua-seltzer et ça repart.

Qu'on se le dise, le "Pacte de croissance" est une motion d'enfumage à destination des marchés et des opinions publiques latines et d'abord française. Le "Pacte budgétaire de Merkozy" est désormais ratifiable sans retard et intégralement (dixit M. Hollande) après avoir été suspendu pour "renégociation". Gag ! Rien n'a changé sur le plan de l'orthodoxie (supervision des budgets et règle d'or) et tant pis si les cent vingt milliards d'euros doivent arroser un jour tous les 27 pays de l'Union ; l'important n'était-il pas d'en parler devant la presse ? L'engagement des cinquante premiers milliards est faisable d'ici un an puisqu'il s'agit de crédits structurels inutilisés au niveau de la Commission européenne, par contre le solde (levier de la BEI et project bonds dédiés) mettra du temps pour se transformer en réalités, d'autant que les destinataires de ces faveurs seront soumis préalablement à un audit de la "troïka" comme demandé in extremis par Mme Merkel avant coma. D'ici là, l'eau aura coulé sous les ponts et le discours présidentiel s'adaptera. C'était la méthode Sarkozy.

Les marchés sont-ils enfumables ? Ses acteurs n'ont pas toujours le temps de conduire des analyses fouillées et se fient aux avis et notations de leur environnement professionnel. Déjà, ils ne sont pas bons puisque l'Europe cherche une fois encore de la croissance dans de la dette ! Pourtant les marchés réagissent bien, mais pas à la question posée, à la question ancillaire incorporée de force par Mario Monti dans le schmilblick nocturnal. Les dirigeants de l'Eurogroupe ont acté le principe d'une instance unique de supervision de leurs banques et ont convenu qu'elles pourraient être recapitalisées directement par le Mécanisme européen de stabilité financière (MES). Sera ainsi coupé le lien de "consanguinité" entre les banques et les émetteurs souverains ; et si les fonds alloués sont suffisants, une barrière sera dressée entre les difficultés bancaires et les déséquilibres budgétaires d'un pays, exactement ce que les marchés attendaient : pas de billard à trois bandes entre les divers véhicules de prêts. Mais à la croissance en Europe, ils ne croient pas.

L'INSEE vient de confirmer le "zéro" du premier trimestre, à lire la presse économique et l'humeur des entrepreneurs et commerçants, on se demande où serait l'epsilon du second. Par ailleurs, après avoir juré ses grands dieux la semaine dernière qu'il ne savait rien des réductions d'effectifs dans la fonction publique, il admet le cadrage aujourd'hui en minimisant sa portée dans des formules ampoulées dont il a le secret. Cette menterie cache-t-elle un enfumage des partenaires européens qui ont vu surgir les lettres de cadrage de M. Ayrault en plein milieu du Sommet ? On verra si le gouvernment se bat pour les faire voter ou s'il laisse noyer sa rigueur mussolinienne sous le flot des amendements corporatistes : les quatre cinquièmes de l'hémicycle sont des fonctionnaires.
Le programme électoral hollandais prévoyait une hausse annuelle des dépenses publiques de 1% l'an, les réductions demandées par les lettres de cadrage de Matignon couvrent donc de nouveaux engagements budgétaires, ce qui va à contre-courant de toute la zone euro. Les marchés le voient.

D'ici là, Mme Merkel s'est réveillée. Elle connaissait le jeu précédent qui consistait pour le président Zébulon à s'agiter en tout sens et parler fort avant de signer à la fin le projet allemand, elle découvre aujourd'hui le maquignonnage. Pas sûr que ça nous rapporte.

mardi 26 juin 2012

Les idées de l'UMP


Jean-François Copé a créé un groupe de travail à l'Assemblée nationale pour savoir ce qu'il doit penser. Car devenir chef de parti exige de penser ce que pense la majorité des penseurs du même. L'UMP pense-telle comme les laitues naissent ? Tes laitues naissent-elles ? Non, c'est une écurie de course pas un parti idéologique. A la réserve près qu'elle a toujours les ingénieurs, les commerçants, le team de paddock et l'essence, mais plus de voiture ! Si l'UMP avait des idées, elles les auraient sorties en campagne, c'est un peu tard maintenant de demander à M. Estrosi ou à M. Jacob de réfléchir, et dans les deux cas un peu vache aussi !
Alors on s'affirme par opposition.
Haro sur le coach, comme en football. Ce Patrick Buisson n'est jamais qu'un camelot du roi qui a réussi et su faire de la monnaie, ce qui est extrêmement rare dans ce milieu. Ayant préféré l'Algérie française à l'Algérie du FLN dont on vient de fêter les cinquante ans perdus, le patron de la chaîne Histoire s'est vu confier le moulin à prières pour développer en pugnacité les fulgurances filandreuses de M. Guaino, séguiniste reconverti dans le thuriférage. La dream team comprenait aussi le redoutable Guillaume Peltier qui est à la connerie ce que la Tour Eiffel est au puddlage du fer. Ils ont perdu. Tous des cons, chère médème, et Nullissimus, le sinisant du Poitou, de voir l'embellie en franchissant la faille. Ce pauvre Raffarin se croit un destin humaniste. Du lest !
Les trois cariatides de la campagne hongroise venant de la droite patriotique, la quatrième s'est sentie mal, et l'avoue ! Nathalie Kosciusco-Morizet peut en parler plus longuement que d'autres puisqu'elle y était, à charge pour elle de vendre les idées des phosphorants et accessoirement celles du candidat. Ouf, c'est fini, elle le dit !

Charles Maurras serait un antisémite, soutien indéfectible du régime de Vichy. Oui et non, mais plutôt oui. Antisémite on n'y reviendra pas en longueur sans non plus arguer d'un antisémitisme d'Etat qui ne veut rien dire. Vous l'êtes ou pas, et chacun de nous l'est aussi de temps en temps. Charles Maurras professait un antisémitisme construit intellectuellement et profondément assimilé qui est peut-être né de son agnosticisme foudroyant. Ça commence au Christ hébreu et le convoi s'ébranle. Les Juifs sont barbares.
Si son soutien au régime de Vichy s'est manifesté surtout par une défense continue (un peu myope) du maréchal Pétain, on ne discute pas de son aversion pour la Collaboration de Laval pas plus que de sa germanophobie quasiment instinctive. Mais le thème de la Révolution Nationale décalqué des thèses corporatistes de l'Action française lui a plu et cet adoubement a précipité à Vichy bien des royalistes, au moins autant qu'il en partait dans la Résistance et bien moins que tous ceux qui sont restés chez eux.

L'ascendance de Mme Kociusco-Morizet est juive de Courlande et le maillon qui a fait la réputation de son patronyme est communiste. On peut comprendre qu'elle ait souffert des références qui bornèrent la campagne de son champion. Et c'est lui faire un mauvais procès que de la traiter de conne parce qu'elle n'aime pas Charles Maurras. Personnellement je n'aime pas "tout" Charles Maurras, et ma préférence d'ouvrage à emporter sur une île déserte va à son art poétique en compagnie de la Recherche - tiens encore un Juif ! Ils sont partout.

Que va penser l'UMP ? Rien, Le logiciel de l'UMP ne produit pas d'idées. Il vend les idées du Château et rien ne va jamais si bien que lorsque le Château n'en a pas, comme sous le quinquennat de Jacques Chirac. Elle va compter, circonscription par circonscription, mouche à mouche, comment récupérer le manque à gagner la prochaine fois. Le jeu est très ouvert puisque dans un syndicat de la Prébende il n'y a aucune colonne vertébrale idéologique mais seulement des interdits et de l'avidité. Il est nocif au résultat de soutenir telle vérité, de faire telle réflexion. Puis ça se complique avec la fabrication d'alliance de second tour où le non-dit du premier peut être exhumé du Off par la presse. Des idées ? Non !


L'UMP c'est un tambour. Plein d'air !




lundi 25 juin 2012

Un peu d'éternité dans l'impermanence

C'est un texte qui avait été placé le 17 juin 2012 sur la plateforme de débats Newsring à propos d'une monarchie européenne. Il est archivé sur Royal-Artillerie parce qu'il le vaut bien, dirait Claudia Schiffer.

Les vieilles nations ont besoin d'un soupçon d'éternité au-dessus de l'impermanence du monde. C'est ce qui les tient droites. La monarchie répond exactement à ce besoin en pérénisant la pointe de pyramide, et aucune des monarchies européennes pas plus que l'empire nippon n'envisage d'abaisser sa construction institutionnelle vers le royaume de l'éphémère.
Les monarchies constitutionnelles exigent des réglages fins dans leur fonctionnement et dépassent la forme des lois qui les règlent pour n'en garder que l'esprit. La monarchie britannique est une alchimie bizarre où sous la triple clef de voûte du monarque (Etat, nation, église) les idées du gouvernement démocratiquement élu sont testées obligatoirement chaque semaine sur le titulaire de la charge qui exerce ses prérogatives de conseils et remontrances. Le pouvoir dans les mains de la Chambre des Communes le cède à l'autorité du monarque fondée presque tout entière sur l'affect populaire. Et ça marche. Un premier ministre britannique alternant au gré des glissements de l'Opinion ne revendiquera jamais l'incarnation de la nation. Aussi est-il déchargé de ce souci pour faire son travail.

A contrario, le président français, le plus souvent mal élu sur un socle de départ à 20% des votants (moins encore si on compte tout le monde) restera empêtré entre sa fonction de représentativité, sa fonction de guide politique et un management du quotidien récompensant sa clientèle. C'est peu dire qu'on mélange les genres, et que rien ne se fait bien.

Ceci dit, au niveau de l'Europe institutionnelle (puisque c'est la question) rien ne sera viable tant que le débat n'aura pas été tranché une fois pour toutes entre confédération et fédération. Aussi le choix du régime politique d'une autorité européenne est-il prématuré pour ne pas dire oiseux. Surtout dans le désordre actuel provoqué par le niveau médiocre des acteurs en fonction.

PS : Et le 22 juin M. Hollande achetait la Fédération à Rome

dimanche 24 juin 2012

Le sermon de midi


L'Anneau du Pêcheur de Jean Raspail (Albin Michel, 1995) est une histoire forte qui narre la perdition du canal historique de la papauté dans les sables de la morale adaptative aux forces du siècle. La corruption de la Curie romaine étalée ces jours-ci nous rappelle d'où provient la lignée de papes en charge de l'Eglise depuis le grand schisme d'occident. Née de combats sanglants entre princes romains et cardinaux avides de recouvrer les ors et prébendes déportés en France, actée à l'issue des compromissions politiques européennes du concile de Constance entre parjures et trahisons, elle est issue de la pourriture originelle et en recrée en continu, comme s'en désolait SS Benoît XVI dans la première homélie de son pontificat. Il voulait en arracher le clergé mais cette pourriture est consubstancielle à la nature humaine, elle en est le substrat, la promesse de vie, le regain. Il n'est que de souhaiter qu'elle conserve une forme spirituelle, voire intellectuelle, et ne s'incarne pas dans la concupiscence et parfois le sordide. Que l'Eglise ne sache que pêcher des pécheurs valorise ce fumier, mais qu'elle veille à n'en point être le composteur.

Les oripeaux de la puissance matérielle dont se parent la Curie ne peuvent cacher l'indigence de la puissance spirituelle qui recule partout devant la démocratie des concurrents. Sauf le bouddhisme qui est une école d'introspection égocentrique dense et perforante, les religions de masse délaissent l'eschatologie fondamentale pour la convivialité, la compassion, la charité dont le carburant est l'émotion. La progression spectaculaire des temples évangéliques est un marqueur très évident de cette dégradation spirituelle, parfois mentale. La haine mise en culture dans les mosquées fait son pendant, et on en construit beaucoup, preuve que la régression est générale. La quête des faveurs célestes les plus triviales envahit les temples taoïstes que la Chine a rouvert. Comme un canard sans tête l'homme court vers le bruit de ses congénères, il n'est pas sûr qu'il y apaise ses appréhensions existentielles. La survie de l'homme, seule entité vivante à connaître ce seuil, ne peut être à la merci d'églises en toc.

Quand "Benoît", le pape errant, se dresse face à l'agent diplomatique du Vatican au dernier jour de son retour vers Rome, devant la petite cathédrale de Sénez, c'est pour mourir debout, comme un saint des légendes, un pieu de chair et d'os pétrifié par son âme encore captive. Il attend l'ascension qui conjure la tragédie humaine. La pièce ne commence vraiment qu'à l'acte II. Le dénouement choisi par l'auteur, une inhumation officielle et discrète du successeur des papes d'Avignon dans la crypte profonde de la basilique Saint-Pierre, vise à réconcilier l'impossible par la simple extinction du signe. Or le signe n'est pas à la merci d'une pierre tombale, il court les âmes comme un feu follet, on le croit disparu là qu'il renaît ici et saute chemin faisant sans but, pour nous dire qu'il n'y a rien à comprendre et tout à croire, ce qui n'est pas d'acception commune dans ce monde en preuves. Et finalement la geste est dérisoire, seul vaut l'esprit. L'Esprit.

Amen.

vendredi 22 juin 2012

Le mouton rose

Le sommet euro-continental d'aujourd'hui à Rome est présenté chez nous comme une mise au pied du mur de la Chancellerie. Sans croissance, les économies malades de la Providence mettront l'Allemagne dans l'embarras deux fois : l'une par la récession générale détruisant les débouchés latins de la Deutschland AG, l'autre par le spectre d'une faillite emportant avec elle l'argent que l'Allemagne a consenti de leur donner. C'est faux.
L'accusé sera ce soir la France de M. Hollande, pour deux raisons pareillement.
L'une est que le programme politique annoncé - s'il est confirmé à Rome - va à l'encontre du bon sens dès que l'on sait qu'il n'y a pas de mine fiscale à creuser en France, celle-ci étant championne de pression fiscale (cf. Bernard Monassier dans Le Figaro de ce matin), l'autre que l'incrédibilité française est un ferment d'hystérie sur les marchés financiers. Personne au monde ne croit dans notre médecine socialiste, à tel point qu'on prend ça pour une blague électorale sans lendemain. Mais s'il est confirmé de la part de la délégation française que ce n'en est pas une, alors ce sera autre chose.

L'Allemagne avance sur un projet carré (que l'on peut détester) fondé sur la fédération des politiques économiques, fiscales et sociales, fédération qui une fois acquise ouvrira la porte à une mutualisation des problèmes rencontrés dans cet espace. Le dit-espace n'est pas prévu pour loger les 27 pays. C'est explicite.
Comme le décideur en filigrane de cette fédération est Berlin, la France a sans trop d'effort compris qu'elle y laissait sa souveraineté. A quoi les cousins germains répliquent : quelle souveraineté ? Vous n'en avez plus. Et c'est bien ce qui nous fait mal. Alors que nos cousins latins ont acté la perte de souveraineté dès lors qu'on téléphone partout pour faire l'échéance, la France, à qui reste un peu de l'ADN gaullien, se cabre... parce qu'elle n'a pas encore décroché le téléphone. Les débuts du gouvernement Ayrault, qui cherche déjà à combler un trou de 10 milliards cette année, nous promettent de bientôt tester la ligne.

Le chef de la Wilhelmstraße a tout à fait raison de dire que rien ne se redressera en Europe si le reste du monde continue à sérieusement douter de notre capacité à nous projeter concrètement dans le futur : « La réaffirmation du projet européen est la mesure déterminante pour restaurer la confiance et aussi pour surmonter la crise de la Dette. Aucun investisseur ne misera sur l'Europe s'il n'a pas le sentiment que l'Europe croit en elle et travaille pour la faire avancer [...] Elle est aussi notre meilleure garantie de prospérité dans un monde multipolaire qui se globalise, avec de nouveaux centres de pouvoir.»
On comprend maintenant que la réaffirmation du Projet européen actée dans une feuille de route signée par tous les participants est la condition sine qua non posée par la Chancellerie à ses partenaires pour simplement parler autour de la table. Même les mesures les plus urgentes concernant l'Espagne et la licence bancaire du FESF réclamée par l'Italie sont réglées par ce préalable.

Or la pragmatique Italie et la fière Espagne sont d'accord pour marcher à la fédération, pour des raisons différentes mais bien réelles ; l'une parce qu'elle doit absolument souder sa moitié utile, le Piémont-Lombardie-Emilie-Romagne, à la prospérité de l'arc alpin ; l'autre parce que son Etat central se délite sous les coups répétés de ses provinces industrielles séparatistes et qu'une fédération européenne lui donnerait de l'air en déplaçant la source de pouvoir hors d'atteinte et en élargissant le périmètre d'une solidarité coûteuse ; elle-aussi comme l'Allemagne est un Etat fédéral, mais non stabilisé.
La France, réticente malgré la liquéfaction de ses capacités, va donc être le mouton noir de la réunion en se payant de mots comme on en a entendus toute cette semaine.

Sans moyens décisifs, sans projet clair, lisible, résisterons-nous à l'Empire ? Nous ne pouvons pas y résister seuls. Ça se saurait.

Spéciale dernière (22/6-17:50)
A Rome, Mme Merkel a obtenu l'union politique et M. Hollande vient d'acheter la solidarité contre l'entrée dans une fédération à l'allemande. Extrait de la dépêche de Reuters :
Au fur et à mesure du renforcement de l'Union et de l'intégration européenne, « les eurobonds seront un instrument utile pour l'Europe et je continuerai à travailler dans ce sens », a ajouté le président français. Il a estimé que les abandons de souveraineté, que suppose le renforcement de l'intégration politique européenne, devaient être effectués en fonction du renforcement de la solidarité entre les membres de l'UE. « Les abandons de souveraineté ne sont pas possibles sans renforcement de la solidarité », a-t-il insisté. (fin du communiqué Reuters)
C'est exactement la formulation de l'exigence allemande : la solidarité contre l'union dans les règles. On saura le 29 juin à Bruxelles si la fédération est actée dans l'Eurogroupe.

jeudi 21 juin 2012

Faire évoluer la corrida


Demain c'est la feria de Saint-Gilles (salut André, mais je ne viendrai pas cette fois), l'occasion de revenir sur un débat sanglant qui eut lieu au mois de mai chez Newsring. Le piéton y a contribué dans les limites de son équanimité, à preuve la contribution rapportée ici et augmentée d'une proposition œcuménique (per un còp !):

« La façon dont les diverses cultures taurines prennent formes et significations les unes par rapport aux autres permet d’identifier, de délimiter et de différencier une aire culturelle sous influence hispanique. Cette approche s’inscrit pleinement dans une réflexion plus générale sur la territorialité » (Jean-Baptiste Maudet).

Sans aller jusqu'au Mexique, nous observons que le taureau est un marqueur puissant de territoires contigus allant du Rhône au Cap Saint-Vincent (Algarve). La décision de la Catalogne d'effacer cette empreinte ne brise pas l'arc taurin qui passe au-dessus par l'Aragon et la Navarre. Si ces "pays" ne peuvent être définis entièrement par leur participation à la tauromachie, ils s'y reconnaissent ensemble et cette occupation fait lien entre eux.
Le lobbying d'abolition des corridas y est perçu comme une intrusion dans leurs moeurs quelle que soit la pertinence ou l'ancienneté de leurs traditions. Et cette intrusion est partout celle du Nord. Sans remonter à la Croisade, on voit que la pression du Nord a été continue sur les modes de vie du Sud et les faiseurs d'opinion d'aujourd'hui parlent aux méridionaux comme à des enfants incorrigibles. Tout ce qui naît au Sud est risible, inconséquent, futile ou éphémère, d'ailleurs le Sud n'a pas de prix Nobel (ndlr: cette affirmation est un argument du lobby pour diminuer le niveau intellectuel de l'hispanité) !

Mais s'il plaît aux méridionaux de vivre tels qu'ils sont, à quel motif légitime des étrangers venus d'on se sait z'où, auraient compétence à réviser leurs moeurs pour leur dicter le bon comportement, leurs saines distractions, même leurs croyances acceptables ? Les abolitionnistes peuvent-ils comprendre qu'ils poussent le monde à l'uniformisation où toute différence culturelle finira écrasée par un Code moral universel. Qui montera au Sinaï le chercher ? Le peuple élu ?
La diversité n'est acceptable à leurs yeux que s'ils la contrôlent eux-mêmes.
Sur ce fil (ndlr: Newsring) nous observons la dictature des végétariens ! Et le Sud pouffe !
(fin de la contribution NWSRG)


Le jacobinisme à l'oeuvre chasse en meute, il suffit de s'intéresser cinq minutes à leurs blogues et réseaux sociaux caporalisés par deux ou trois grandes gueules pour le savoir. Il était inutile dès lors d'affronter sur Newsring les autistes de la bronca occitane Benchetrit-Szala-Altmeyer-Brocéliande (c'est une blague, il y a aussi Brizard, Rossi et Bassignani) et j'ai choisi de développer l'argument sur Royal-Artillerie, non pour soutenir l'afición qui se porte bien sans nous, mais pour explorer voies et moyens de vivre ensemble dans l'arc taurin. Peut-on vaincre la Mort sans tuer ? Telle est la question fondamentale.

Pour y parvenir il faut changer les codes et d'abord bien séparer les spectacles taurins participatifs comme la course landaise et les corridas professionnelles. C'est de celles-là dont nous parlons maintenant.
D'entrée, il n'y pas de demi-mesures ni de faux-fuyants, le combat reste un combat et l'animal doit être apte autant que le torero. Exit les corridas au rabais où, faute d'argent, on convoque des "amateurs" pour affronter des taurillons qui vont se faire littéralement massacrer. Quand une corne traverse l'un de ces gangsters, mon oeil brille d'intérêt. Un torero vise au surhomme, les miquets ne sont pas convoqués.
C'est d'abord la mise à mort qui hérisse les consciences progressistes et le sang versé à la pique. C'est aussi la confrontation terrible du cheval monté enfermé dans l'arène et du taureau quasi-sauvage qui fait plus que son poids.
Toute la beauté du combat est dans les passes de cape et la pose des banderilles. Ce n'est pas simplement une chorégraphie brillante et courageuse ; c'est une "lecture" de l'animal mais également de l'homme par les aficionados. Disons qu'il faut être formé pour y comprendre quelque chose, comme au criquet - un vrai sport de végétarien. Allons à la fin, à la faena. Quand le taureau est-il battu ? Lorsque il ne charge plus l'homme qui lui tourne le dos et s'éloigne en traînant la muleta derrière lui. Le combat est à mon sens terminé. La suite n'est pas utile même si le sacrifice participe du rituel, car elle convoque par moment des pulsions qu'on n'aime pas voir. Supprimons la mise à mort, après avoir supprimé le tercio de piques du début. Je pense qu'à ce compte un public averti pourra continuer à venir aux arènes sans exciter l'ire des défenseurs des animaux. Il y aura d'autres réglages à faire et une pédagogie de l'exercice à mettre en place. Les taureaux seront dans la force de l'âge provenant d'élevage réputés et les toreros certifiés d'expérience. Terminé les novilladas. Alors on aura transcendé le mythe en substituant à sa "réalisation" les signes du sacrifice, et seulement les signes.
Restera à éduquer les foules, en commençant à l'école primaire.
Les profs devront-ils avoir pratiqué ? C'est tout ce qui restera du débat.





- Il existe peu de littérature taurine ou tauromachique mais les Editions Verdier ont créé une collection spécialisée que vous pouvez découvrir en cliquant ici.
- Pour l'édification des adversaires de la tauromachie, le mot-clé "corrida" en moteur de recherche présente beaucoup de photos de toreros embrochés. Qu'ils soient rassurés, le Minotaure sait punir.
- Royal-Artillerie avait publié en 2010 un long article sur la tauromachie qui a été repris par extrait sur Newsring au mois de mai, déclenchant la fureur des végétariennes.

mercredi 20 juin 2012

G20, la France seule


Avant le G20 de Los Cabos, le président de la Banque mondiale Robert Zoellick avait sévèrement critiqué l'Europe dans The Observer et Der Spiegel sur la question de savoir non pas quel modèle choisiraient les responsables européens que toute la planète observe, mais s'il allaient finir par en choisir un, et quand ! C'est une façon détournée de néantiser le vingtième membre du G20, le quartet incompétent qui préside à l'UE, Barroso, Van Rompuy, Ashford et Schulz. Ces super-employés de maison n'ont aucune épaisseur et n'ont pas su profiter de leur permanence dans les institutions européennes pour faire les remontrances nécessaires et offrir aux Etats membres des pistes d'action.
Ces derniers sont coupables tout autant en ayant délaissé à nul effet la plateforme européenne pour débattre de leur avenir commun et le "grand jeu" est réouvert entre les trois espaces continentaux, latin, germanique et slave sur le choix fédéral ; les britanniques s'avançant, eux, au balcon du Mupper Show pour critiquer la scène en tirant sur ceux qui ne lui plaisent pas, comme Cameron appelant les entrepreneurs français à passer la Manche pour contribuer aux dépenses publiques britanniques à meilleur prix.
Se dessinent déjà des lignes de fractures entre les espaces précités, les clients de l'espace germanique (et son cousin scandinave) étant au seuil de former le noyau dur d'une Europe intégrée derrière Berlin pour échapper à l'enlisement actuel qui leur fait peur, comme le pense l'ex-patron du Crédit agricole. Cette année sera bonne pour les journalistes.

La France est en mauvaise posture car elle exerçait jusqu'ici sa politique européenne au niveau de Bruxelles, même si elle donnait l'impression d'un huis-clos avec l'Allemagne. C'était faux. Les discussions franco-allemandes ne valaient que par l'impact qu'elle avaient sur les sphères européennes. La France hors-champ – on le devine dans le communiqué final - est en situation aujourd'hui de se faire dicter la loi. La maison Europe parle allemand désormais.


- M. Hollande est à la droite de la belle présidente argentine, hors champ -

Il n'est rien sorti d'extraordinaire du G20 mexicain, on le savait d'avance. Le plus important était de faire concrétiser par les BRICs leur souscription à l'augmentation de capital du FMI dans l'enveloppe de 430 milliards de dollars approuvée à Cannes et augmentée à 450 hier. Ils achètent ainsi une influence accrue au détriment de la vieille Europe qui ne vient que pour 165 milliards, les Etats-Unis et le Canada s'abstenant. L'autre point crucial était la gestion des dettes souveraines de l'Euroland qui commence à jouer le rôle de l'homme malade du monde dans un registre créé jadis par l'Empire ottoman.
Une lecture minutieuse des termes du communiqué nous indique que notre président normal n'a pas impressionné son auditoire. Extraits (merci Les Echos) :

« les membres de la zone euro du G20 prendront des mesures de politiques nécessaire pour sauvegarder l'intégrité et la stabilité de la zone, améliorer le fonctionnement de leurs marchés financiers »... donc :
- casser la spirale négative qui s'est instaurée entre les banques et les Etats souverains en recapitalisant les établissements financiers et en améliorant les finances publiques ;
- appliquer le traité budgétaire (allemand) et favoriser une meilleure intégration économique et budgétaire pour la réduction des coûts d'emprunts des Etats ; le préalable de la Chancellerie est sauf ;
- utiliser les fonds structurels européens non engagés par Bruxelles ;
- déployer les prêts de la Banque Européenne d'Investissement ;
- lancer des project bonds pour financer des travaux d'infrastructure (rentables pour Berlin qui a la signature).

Aucun appel à mutualiser les dettes souveraines par les fameux eurobonds de M. Hollande. La France continuera à servir sa dette (en hausse) par appel au marché sur sa propre crédibilité et non pas sur celle du grand voisin qui là-dessus a gagné.

Les médicastres du G20 au chevet de la vieille Europe préconisent une fédération du modèle courant (américain ou russe) à côté d'une relance de la demande intérieure des pays ayant des soldes excédentaires d'échanges comme l'Allemagne, et la Chine pour faire bon poids puisque Mme Merkel avait dit que son pays ne pouvait tout faire seul.

Reste que les recommandations internationales devraient être appliquées au niveau de chacun des Etats participants avec les moyens politiques disponibles. Personne de sensé ne peut approuver aujourd'hui en Europe un programme qui remonte l'âge de la retraite à 60 ans, engage des dépenses publiques idéologiques et proclame la justice sociale au détriment des générations à naître, belle justice. Ce programme est ridicule, dangereux et flagorneur. Nous passons pour des nœuds et deviennent rares ceux qui pensent que nous parviendrons un jour à résorber nos trois déficits structurels. Donc nous ressortons affaiblis malgré le communiqué triomphant que l'Elysée est en train de rédiger comme une motion de synthèse socialiste.


Déclaration finale officielle en 85 points !
Le prochain sommet se tiendra à Saint-Petersbourg

lundi 18 juin 2012

Nous survivrons


La victoire des incapables aux élections législatives - il n'y avait pas le choix de capacités répondant à l'enjeu - nous amène à considérer sérieusement les possibilités de repli sur nos tenures, pour survivre à la grecque, en attendant que l'Europe meure et nous libère de la gangue de l'Etat-providence, avant regain.

L'arbre à pain
Dans le tiers sud du pays, il subsiste un miracle de la nature que l'on appelle châtaignier. Véritable arbre à pain de la cévenne, il est une base sérieuse pour toute exploitation de polyculture méridionale en dehors des plaines surchauffées de la garrigue. Son ombre n'est pas dangereuse au bétail contrairement à celle du noyer et il n'est pas difficile sur la qualité du sol. Convenablement situé et sans apport ni effort, le châtaignier devient un grand arbre qui couvre le sol de ses fruits en automne. Il suffit de les ramasser. Pour alléger le faix, l'usage veut qu'on écorce la châtaigne sur place et que seul le fruit comestible soit rapporté. Les châtaignes sont cuites à feu vif dans une grande poêle trouée et deviennent pareilles à celles du cornet de marrons ; mais la plus grande quantité est traitée pour la conservation.
On les fume à la clède jusqu'à dessication. Il reste à les battre dans un sac pour que la peau tombe et on les range au sec et au frais. Cuites à l'eau plus tard elles donneront un bouillon marron sucré.
La feuille de châtaignier sèche fait une excellente litière pour les animaux, exempte de parasites à cause des tanins ; les ballots de feuilles jadis se vendaient au quintal (50 kilos).
On vendait aussi le surplus de menu bois, les jets de souche et les branches latérales inutiles qui, refendus et formés en cercles, servent à tout.
L'arbre fournit un bois d'oeuvre quasiment imputrescible et les sujets conduits pour être les plus droits donnent la futaille à conserver le vin, industrie qui remonte en Cévennes à l'Antiquité.

L'herbe verte
Au débroussaillage, on fera place à la culture du chanvre indien qui va être légalisée par le showbiz socialiste. Les traversiers d'adret sont exactement les supports de cette culture importée, bien plus rémunératrice que les oignons qu'il faudra malgré tout conserver par endroit pour leurs qualités nutritives. A noter que l'huile de chanvre passe dans un moteur diesel atmosphérique. Consommée crue c'est un apport décisif en omega-3. Les tiges de chanvre sont une base textile recherchée car la fibre est très résistante à la traction. On me dit dans l'oreillette que le chanvre peut aussi se fumer. Faut voir.

Nous recommandons aux survivors d'acquérir dès demain de la broussaille cévenole avec le mas en ruine qui vous signale le puits ou la source. Pas cher, et d'avenir, faites marcher vos neurones. Les traversiers doivent être débroussaillés dès à présent et les châtaigniers convenablement élagués et replantés par endroit avec soin. En attendant, il faut un lexique pour le châtaignier cévenol, le voici :

* Bodzonet - bouiillon de châtaignes vieilles
* Brozucados - châtaignes devêtues fraîches
* Burla - battre les châtaignes séchées dans un sac pour ôter la peau
* Céoucléÿro - Jet droit montant d'une souche débarrassées de tous rejets. Se coupe au bout de 7 ans.
* Costognosous (los) - la période de ramassage des châtaignes (octobre-novembre)
* Clédo - fumoir à châtaignes
* Djenos-longos - arbre à châtaignes communes
* Djors - pousses parasites que l'on coupe au ras de leur reprise.
* Dooufinecos - arbre à marrons du Dauphiné, ne se sèchent pas.
* Dongal - châtaignier douvain greffé que l'on conduit droit pour la tonnelerie. Se coupe chaque 20 ans.
* Dougat - Jet qu'on laisse monter plus vieux que 7 ans pour obtenir des pièces de tonnellerie plus fortes
* Lentos - châtaignes séchées de conservation
* Ofotchous - châtaignes grillées dans leur peau brûlée
* Pélous - coques piquantes de la châtaigne


Postscriptum : Royal-artillerie a commis en 2006 un billet sur la frugalité cévenole :
Manger sous l'Ancien régime.


 - Emblème de la nouvelle France -



dimanche 17 juin 2012

Décanter l'Opinion à dessein


Nous attendons les résultats dominicaux pour mesurer l'escroquerie démocratique puisque, selon les "experts", le Parti socialiste est donné gagnant pour emporter les 289 sièges de majorité absolue à l'Assemblée nationale, laissant ainsi les coudées franches au cabinet Ayrault-2 : si l'on revient à l'expression des choix électoraux du premier tour qui tracent la carte idéologique du pays, on comprendra que 16,53% de l'Opinion va gouverner : 29,35% des voix par 56,32% de participation exprimée (chiffres de la place Beauvau).
Les docteurs en démocratie ont l'explication : les élections générales n'ont pas d'autre but que celui de donner une majorité de gouvernement répondant à l'exécutif choisi (non élu). Il n'a jamais été question de porter au parlement le panorama politique de la Nation, qu'on se le dise ! Et messieurs les experts de sourire devant pareille naïveté. Vous le verrez ce soir.
Il n'est dès lors pas étonnant que les émois de l'électeur soient débinés puisque on élit des bataillons. Ces bataillons sont préconstitués dans les états-majors politiques (de tous bord) et les places étant aussi chères à obtenir que juteuses à occuper, il n'y a pas de cadeaux. Font les frais de cette avidité, les candidats du Front national en défaut d'ancrage territorial à l'exception de Marion Maréchal-Le Pen à Carpentras qui bénéficie de l'érection mentale de la candidate socialiste, Ségolène Royal (investie puis torpillée à La Rochelle), le socialistes Karimet (investi puis dissident à Laon) et Pellois (dissident à Vannes), les 8 écologistes barrés par 8 dissidents socialistes qui ont faim, et Bayrou à Pau qui doit laisser le rond de serviette à Chabanne. Au couteau !

La suite est à l'avenant. Embrassons-nous Folleville en pétant dans la soie, les élus montent à Paris constituer les groupes et malheur aux isolés, ils lèveront dix fois la main en cinq ans pour faire dévier la nationale qui passe à fond de train dans leur village, en vain ! La sélection impitoyable du scrutin qui vise à constituer des entités-blocs est aggravée par la prime exorbitante donnée aux groupes parlementaires. C'est le deuxième intérêt des résultats de ce soir pour les partis : former les blocs.

Les groupes constitués ont leur propre organisation et leur propre règlement intérieur, ils élisent un président qui les représentera au sein de la Conférence des Présidents et qui disposera de plusieurs prérogatives importantes, comme la demande ou au contraire l'opposition à la création d'une commission spéciale, le droit d'obtenir une suspension de séance pour réunir le groupe, celui d'exiger le vote au scrutin public, d'appeler en séance à la vérification du quorum à l'occasion d'un vote, de préparer l'ordre du jour parlementaire mensuel propre à leur groupe, de proposer ou de s'opposer à l'engagement de procédures d'engagement simplifiées, ou encore le « droit de tirage » qui leur permet d'obtenir une fois par an l'examen en séance publique d'une résolution proposant la création d'une commission d'enquête. Chaque groupe, en fonction de son poids numérique au sein de l'Assemblée, désigne ses représentants au sein du Bureau et des différentes commissions. Ils recoivent une subvention financière propre calculée sur leur taille respective et disposent de bureaux et de salles pour se réunir (base Wikipédia). Les députés isolés cherchent à s'apparenter à un groupe même s'ils n'y sont pas décomptés. Il faut 15 députés pour former un groupe ! (merci qui ? merci Wiki)
Les communistes comme les écologistes sont inquiets. Auront-ils assez de députés pour former le groupe. M. Laurent du PCF a déjà prévenu que le règlement d'assemblée devrait être impérativement modifié s'il n'avait pas le quota de quinze puisqu'il n'était pas admissible, vu leur histoire et leur capacité de nuisance dans la société, que les communistes soient versés aux non-inscrits. On peut s'étonner de cette revendication des dinosaures de la parole articulée, mais il est bien certain que nous manquerions au devoir de mémoire à l'endroit des touristes étrangers de n'être plus le seul pays d'occident à chauffer sur son coeur les camarades d'assassins dont on s'est partout débarrassé.

Terminons par la problématique du Front national. On va la faire courte, rassurez-vous.
Dans un billet resté fameux (clic), nous avons démontré l'imperium de la territorialité politique. Le Front n'en a pas, et je pense qu'il n'en aura pas du vivant du Menhir. Le scrutin sélectif détruit les partis isolés sauf s'ils sont ancrés. Ainsi 13,60% de l'électorat (7,66% de l'Opinion) seront ce soir orphelins, sauf élection de témoignage de 1, 2 voire 3 députés frontistes. Non-inscrits par définition, ils ne pèseront d'aucun poids dans l'hémicycle et seront barrés du travail en commission.
La démocratie telle qu'elle est exercée en France laissera finalement le porte-voix aux deux partis PS et UMP qui n'ont convaincu au premier tour ensemble que 31,80% de l'Opinion (56,47x56,32%), pas même le tiers ! En anticipant les problèmes quasiment insurmontables auxquels notre pays va faire face après le clash attendu entre Paris et Berlin à la fin du mois, il n'est pas sûr qu'une procédure pareillement biaisée ait joué le rôle de catalyse contrôlée des impatiences populaires et que le peuple reste dans les clous pour aller à la corvée de bois. Dit en trois mots, ce parlement ne vaut rien.



samedi 16 juin 2012

Le Prince Naïf est mort


De son vrai nom, Naïf ben Abdoul Aziz el-Séoud, le défunt prince était jusqu'à hier vice premier-ministre du royaume chargé de la police et successeur désigné du roi Abdullah. Il avait un frère et un fils dans le job, l'un à la défense, l'autre au contre-terrorisme. Il est décédé (de leucémie aiguë foudroyante ?) dans un hôpital genevois à 78 ans, sa biographie est dans la wikipédia anglaise, je vous l'épargne. Son cas est intéressant.

S'il avait accédé au trône des Séoud, nous aurions eu le prototype du roi wahhabite, dur à faire pâlir les émirs salafistes, disposant de moyens illimités pour la propagation de la foi et bénéficiant du soutien indéfectible du Département d'Etat américain. La totale pour la marche à l'Europe, mais la solution aussi pour régler les métastases AQMI ! C'est assez simple, mais un peu long, je m'en excuse.

Tout a commencé le Onze-Septembre. Les avions qui tapent dans les tours ont été détournés par des Séoudiens et les liens tissés entre les chefs de tribus, au premier rang desquels la famille royale, et les intégristes musulmans partout dans le monde sont tellement connus que la cour de Riyad réfute aussitôt l'amalgame immédiat des services occidentaux. C'est Naïf, trois mois plus tard, qui consentira à déclarer que 15 des 19 terroristes sont bien de chez eux, les preuves accumulées étant flagrantes ; mais après s'être répandu quand même dans la presse arabe du Golfe pour désigner du doigt celui du Mossad, ce qui fera le miel du négationiste français Meyssan. Sa position est vite intenable puisqu'il est en charge de l'enquête, et n'a rien vu ; aussi prend-il le train en marche de la répression réclamée par les Etats-Unis (sans qui le royaume n'est rien, on ne le répète jamais assez) dès que al-Qaïda fait le faux pas d'attaquer au coeur du royaume en 2003, visant des cantonnements américains puis des bâtiments administratifs, ensuite le consulat américain de Djeddah et les infrastructures de soutien au complexe pétrolier d'Abqaïq ; Oussama Ben Laden, énivré de ses premiers "succès", crie partout qu'il va renverser la famille royale impie. C'est l'époque où il s'échauffe à parler du nouveau Califat.

Naïf y voit ni un combat politique malgré les résonances dans la mouvance wahhabite, ni une lutte contre la subversion, mais une corrida qui ne sera dénouée que par la mort de la Bête. Il n'y va pas de main morte et fait tuer presque tout ce qu'on attrape. Les résidus des colonnes alqaïdistes s'enfuient en 2007 au Yémen où le président Saleh les tolèrera comme atout de négociation ultérieure. Depuis qu'il a rendu son paquetage, le trident USA-Arabie-Yémen peut maintenant les finir.
En 2009, al-Qaïda visera son fils Muhammad (le contre-terroriste) dans un attentat à la bombe kamikaze, mais il passera au travers. La roue de la répression n'en prit que plus de tours. Mais Naïf ne s'est pas contenté de raffles et d'exécutions.

Sentant bien que les rangs alqaïdistes avaient été garnis d'intégristes chauffés à blanc par les imams wahhabites qui dénoncaient à longueur de prière les dérives sociétales d'un royaume en proie au démon de l'occidentalisation, Naïf avait décrété la purification morale du pays. N'avait-il pas dit au clergé local peu après sa nomination de "Crown Prince" l'an dernier que l'Arabie séoudite n'oscillerait ni ne transigerait jamais sur son adhésion à la doctrine wahhabite puritaine, et que son idéologie était la source même de fierté, de succès et de progrès du royaume séoudite. Ce n'était pas que des mots confortant sa position :
Il avait mis au point avec le clergé un programme de "sécurité intellectuelle" avec des stages de redressement des jeunes détenus politiques à qui on enseigne la loi islamique orthodoxe pour les arracher à d'inutile djihad. Le programme est suivi de près par les responsables de Guantanamo. Dans cette veine, il avait aussi élargi le champ d'intervention des Moutaween, la police islamique qui entre partout, se saisit des biens et des gens comme une Gestapo ordinaire.
Les princes libéraux voyaient dans son avènement celle du Grand Inquisiteur couvert du sang des décapitations, ce qui fait tache dans les boutiques de luxe du faubourg Saint-Honoré. C'est un grand soulagement pour eux consenti par Allah qui se prive du bras ferme de Naïf pour étendre son règne. Allah Akbar !

L'autre axe d'effort du Prince Naïf trouve également son origine dans le wahhabisme local : c'est la "réduction" des Chiites. Et ça tombe bien que la maison-mère soit en délicatesse avec les Etats-Unis. Sa lecture des affaires du monde, arabe spécialement, voyait partout la main discrète de Téhéran. Ce qui poussa le roi à intervenir massivement à Bahreïn pour réprimer le soulèvement populaire de Manama majoritairement chiite. Son intuition quant à l'implication des shias dans l'assassinat de Rafiq Hariri en 2005 s'est vérifiée depuis que le TSL en charge de l'affaire a convoqué à la barre le Hezbollah libanais et ses protagonistes désignés nommément. Ceci a également joué dans la décision de contrer tout de suite Bachar el-Assad et sa clique alaouite par le truchement de la Ligue arabe. Mais armait-il les Salafistes pour coombattre al-Qaïda reste tout de même la bonne question. Il n'est que de voir le déroulement de la révolution libyenne et le foutoir inextricable de la résistance syrienne pour avoir un doute.

Partisan du conflit ouvert, il disparait trop tôt pour libérer les Syriens qu'il entendait encager ensuite dans une belle république wahhabite gestapisée comme il les aime. Mais il sera regretté aux Etats-Unis parce qu'il avait tendance à aller au bout de ses projets, ce que nos démocraties ne peuvent toujours réussir. Faire faire ce qu'on ne peut faire, vieil adage du Foreign Office.
Sa disparition libère un peu d'espace à la tolérance, au dialogue inter-confessionnel et à l'instruction publique fondée sur l'apprentissage de connaissances utiles au pays. Mais jusques à quand ? Le jeu d'influences dans la maison des Séoud désignerait son frère Salman à sa place d'Héritier présomptif. Salman ben Abdul Aziz el-Séoud, ministre de la Défense, a une réputation de diplomate et d'arbitre conciliant ayant beaucoup de relations dans le monde... il a 76 ans et pas un tempérament de conquérant. En deux mots, il n'a pas le profil qui convient au tuteur.







PS : au même moment disparaît chez nous le sympathique Thierry Roland. Quelle collision au paradis entre un bavard impénitent au rire d'hyène en rut et le Torqemada pur jus ravi trop tôt à l'estime des siens.

Pardon, 53ème !

Eussions-nous fait des dettes en creusant des canaux que nous aurions aujourd'hui et les dettes et les canaux. Les dettes passent, les canaux restent. Au lieu de quoi nous avons accru fortement le cholestérol de nos fonctionnaires et autres catégories "spéciales" comme la République aime en créer pour l'achalandage. Il est très surprenant que les élites politiques qui ont gouverné ce pays depuis des décennies n'aient pas voulu encaisser les avantages du transport fluvial, pire, aient décidé chaque fois de faire tout son contraire. On parlera un autre jour de la voie ferrée qui va où les canaux ne passent plus.

Un seul convoi du type Seine-aval (un avalant depuis Gennevilliers par exemple) équivaut à 200 gros porteurs, soit un convoi autoroutier de 13 kilomètres de long s'il respecte les intervales du code. La consommation du pousseur unique est sans commune mesure, comme l'empreinte sur l'environnement. Mais il reste à répondre à la question du dernier mile comme en téléphonie, de quelle façon arriver au point final de livraison ? Tout mettre au bord de la voie d'eau ? Comme avant ???

Il y a des solutions intelligentes que certains appliquent sans attendre les incitations bureaucratiques. A partir de la rentrée le groupe FRANPRIX va faire entrer dans Paris 26 conteneurs par jour en partant de la plateforme multimodale de Bonneuil sur Marne jusqu'au port de La Bourdonnais sous la Tour Eiffel. Les fourgons peints aux couleurs du groupe (pub en ville non taxée) viendront charger les 450 palettes quotidiennes vers les supérettes parisiennes. On commence aussi à revoir des automoteurs sur le canal de l'Ourcq qui entrent à Paris chargés de denrées (fruits et légumes du Nord) mais la marge de progression est grande.



La grande affaire est le canal Seine-Nord et sa mise au gabarit européen. Vrai projet du Loch Ness, il a été régulièrement coulé par la gabegie budgétaire des gouvernements successifs de la V° République, et surtout parce qu'il n'appelait pas au dossier des technologies assez modernes pour faire reluire ses rédacteurs. D'autres pays où les ingénieurs sont moins gomeux ont fait le choix du fluvial et s'en portent bien. Si Rotterdam fait sept fois le tonnage du Havre (434 MT vs. 61MT) ne cherchez pas au-delà du génie portuaire des Hollandais avares, tout s'explique par l'hinterland fluvial qui dépote les quais bataves à grande cadence. M. Hollande aura-t-il l'argent maintenant, ou ira-t-il pleurer la solidarité berlinoise ?

Alfred Sauvy a dit un jour devant moi : « Si nous avions investi dans les transports publics l'argent que nous avons mis dans l'industrie automobile, le pays serait aujourd'hui bien plus riche et plus beau ».

Ce soir et demain, c'est le 53ème Pardon national de la Batellerie à Conflans Ste Honorine. Ambiance catholique et familiale dans un fief socialiste, ce n'est pas banal.





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vendredi 15 juin 2012

NKM dimanche

Je serais Longjumellois, je voterais Nathalie dimanche. Candidate de race, polytechnicienne diplômée de génie rural, femme à poigne dans un gantelet inox, elle douta publiquement que M. Borloo en ait deux lors du Grenelle de l'Environnement, et rien que pour cela, je l'admire autant que je déteste l'autre. Elle est de plus maire d'une commune francilienne dans un arrondissement difficile, ce qui traduit une appétance pour le concret après la réflexion.


Quel est son programme ?

Les "Non" d'abord :
- Pas de vote étranger à Longjumeau, ses lointaines origines juives tressaillent à l'idée d'un choix dicté par les métèques.
- Pas de révision du quotient familial dont les règles actuelles visent à reproduire une société plurielle en ne privilégiant pas certaines catégories sociales. Faut-il avoir plus d'enfants de pauvres pour être heureux ?
- Pas de fraude aux prestations sociales, sport national des souchiens et des immigrés ; les déficits commencent à diminuer en bouchant les trous de drainage.
- Pas d'arrêt de l'exonération de charges des heures supplémentaires qui majorent le pouvoir d'achat des actifs.
- Pas de bétonnage HLM de la circonscription pour faire plaisir aux bobos de Paris qui chassent les pauvres au-delà du périphérique. Que Delanoë les loge.

Les "pour" de la circonscription ensuite :
- L'hôpital de Longjumeau restera à Longjumeau même s'il n'y était pas à l'époque mérovingienne, car c'est un maillon sanitaire indispensable en Essone-nord avec 25000 hospitalisations et 50000 entrées aux urgences. C'est en plus une source d'emplois non négligeable, 1200 agents et 140 médecins.
- Le RER C, un des plus vieux train électrique du monde, mérite enfin sa rénovation car ses incidents d'exploitation sont si fréquents qu'une journée normale est signalée dans la presse locale.
- La gratuité de l'autoroute A10 jusqu'à chez elle par rachat de la concession.

Les "non" au plan national enfin :
- Contre le parti unique socialiste qui se superpose à la main-mise gauchiste sur l'information, l'éducation, l'université et la recherche ! Une France toute socialiste, trop c'est trop ! Il reste des pays d'accueil pour les camarades impatients d'une nouvelle soviétie. Ceux qui aiment Mélenchon prendront le train.
- Contre la réforme hollandaise de l'IVG par un président qui n'y connaît rien et assistance à la contraception des jeunes filles intéressées par l'ascenseur.
- Contre le mariage des folles en grand-blanc à la mairie de Longjumeau.
- Contre l'euthanasie rampante, sauf peut-être si le sujet a la carte du PS.
- Contre les enfants-jouets adoptables à l'encan. Un enfant c'est sérieux, ça paie les dettes.


Libre dans sa tête, candidate de tempérament écologique, Nathalie Kosciusko-Morizet est belle, intelligente et les résultats du premier tour des élections législatives laissent deviner un affaissement du raisonnement de son électorat sans doute trop chouchouté dans le passé. Aussi sera-t-il plus que temps dès le 18 juin d'ouvrir les chantiers d'assainissement des marais pontins du Hurepoix à la gent oiseuse et démocratique qui a mal voté, afin de lui mettre du plomb dans la cervelle.

Inscrits : 92.245
Votants : 57.089
Kosciusko-Morizet : 22.302
Thomas socialiste : 20.512
le reste sans intérêt.



Dimanche, votez beau, votez bien, votez NKM !
On devinera que j'ai un faible !


mercredi 13 juin 2012

Sous la férule d'Angela

Dans une tactique de contournement de la citadelle de Spandau, le président Hollande a invité aujourd'hui à l'Elysée trois délégués du SPD allemand. Veut-il entendre leur analyse sur l'ironie grinçante du chancelier Schroeder à son endroit, ou les convaincre que sa méthode de réduire la dette française par la dette européenne est bien supérieure à l'économie épicière de la chancellerie ? Nous anticipons le malaise qui régnera à l'Elysée au départ des Teutons qui descendront ce soir le parvis de la bonbonnière, l'air ahuri devant tant de bêtise !

On arrivera au bout du bout le 29 juin. La chancellerie allemande a balisé les travaux du Conseil européen de Bruxelles par une note de huit pages largement diffusée, destinée au SPD, au FDP et aux Grünen du Bundestag qu'elle rencontre à la mi-juin, et qui mérite un peu d'explication. Son titre est moqueur vis à vis des nouvelles positions françaises car le texte allemand les bannit de l'épure :
« Plus de croissance en Europe : emplois, investissements, innovation ».
Le Monde en a fait une recension à laquelle nous adressons notre distingué lectorat pour en dire ensuite ce que nous en pensons.
En voici les points forts :

- la croissance sera le fruit d'une réduction des dépenses publiques ;
- exemples à suivre : Canada, Finlande, pays baltes, Allemagne ;
- la réforme des codes du travail créera de l'emploi ;
- l'action décisive se situe au niveau de chaque Etat et pas au niveau européen ;
- l'efficacité de certaines administrations sera obtenue par la privatisation de leurs activités ;
- libéraliser partout le trafic ferroviaire ;
- les projets d'infrastructures seront jugés à l'aune de leur efficacité intrinsèque ;
- l'union budgétaire est un préalable à toute solidarité monétaire (eurobonds) ;
- l'Europe avancera à deux vitesses, les traînards seront laissés en arrière ;
- le texte ne cite par la taxe Tobin ;
- le texte ne cite pas l'union bancaire (à dessein).

A quoi s'ajoute la vacherie précitée de Gerhart Schroeder fin mai sur le "programme" socialiste français. On ne peut être plus clair, la délégation française pourra magouiller autant qu'elle en a l'intention dans les couloirs de Bruxelles comme elle a l'habitude de le faire dans les congrès du parti socialiste, l'Allemagne et ses clients¹ s'opposeront et elle obtiendra le renfort du Royaume-Uni. La diplomatie solidaire de M. Hollande va devenir solitaire, sauf si Mario Monti lui sauve la face, car l'art du compromis onctueux n'y suffira pas si la chancellerie s'entête sur son projet. Quel est-il ?

La République fédérale allemande marche à la fédération européenne pour au moins deux raisons simples. Elle connaît bien le mécanisme suppléance-subsidiarité, et elle a la force économique pour la dominer. On a qualifié ce projet déjà ancien de länderisation de l'Europe. L'obstacle est double, la France et le Royaume-Uni, deux anciennes puissances mondiales en déclin économique avancé malgré l'aéronautique et le nucléaire chez l'un, et la capitale financière qu'est la City chez l'autre. Dans tous les compartiments sauf le luxe, l'Allemagne mange sur la tête de ses partenaires européens.
De fait l'Allemagne va échanger la mutualisation (limitée) des dettes souveraines contre la réforme institutionnelle d'une fédération européenne qu'elle dirigera. Je paie, je parle ! Il sera facile de désintéresser l'Angleterre qui n'a jamais voulu mettre les deux pieds dans l'Union européenne et qui vient de rappeler par la bouche de M. Cameron son intention de demeurer hors de la zone euro et donc de l'Union budgétaire en construction. Reste à sortir la France du jeu car on ne pourra pas la convaincre, sa "grandeur" l'aveuglant. Déjà le "noyau dur" de 1994 (proposé par Helmut Kohl) avait échoué à Paris (gouvernement Balladur). Ils y reviennent surarmés cette fois.

La Fédération peut-elle se satifaire des frontières "carolingiennes" sans la France ? Non seulement elle le peut, mais elle risque bien d'attirer à elle les vieilles terres d'empire de la République française en capilotade. Un doigt de géographie : au traité de Verdun (843) l'empire partagé comprend grossièrement du sud au nord, outre la France actuelle amputée de la Bretagne, le Piemont-Lombardie, la Slovénie, l'Autriche, la Tchéquie, l'Allemagne de l'Ouest (d'avant 1990) et le Bénélux. Pourraient s'y joindre sans conditions, les états baltes et avec des aménagements spécifiques la Finlande et la Pologne ; le Danemark restant un cas spécial. Les terres françaises d'empire forment le tiers oriental de la République qui est aussi la partie de tradition industrielle. On aurait pu repartir du Saint Empire romain germanique dissous en 1806, mais c'était moins drôle.



Comme il est exclu que M. Hollande aille à Canossa, sauf à être sous l'influence de son entourage germanisant, il suffira de lui offrir le commandement des Gipsy Kings, celle de toute la latinité d'Europe méridionale et la Grèce en prime. On peut même lui faire miroiter une relance de l'Union méditerranéenne qui flatterait son surmoi. Ce serait certes beaucoup demander à ses capacités de manager corrézien, mais au sud, avec de la tchache, on peut avancer et il n'en manque pas. La fracture volontaire de l'Europe continentale en deux régions à vitesses adaptées ne sera pas bien difficile en l'absence de moyens de résistance disparus dans les pays du Club Med, d'autant que l'Europe teutonnique bénéficiera d'un atout souvent négligé, la continuité territoriale. Si les deux vitesses viennent et reviennent sur le tapis lors du sommet européen du 28-29 juin prochain, nous saurons que le projet est en marche. Nous serons déboutés de toute façon.
L'intendance suivra, disait le plus haut général que nous ayons eu. On mesure aujourd'hui son aveuglement !


La capitale de la Fédération ira-t-elle de Bruxelles à Aachen en 2020 ?





(1) Tout le bloc germanophone et au-dessus, la Pologne se ralliant ou pas.

mardi 12 juin 2012

CMRDS 2012


L'Action française a arrêté son choix sur la confiture de cornouilles d'Alec de Brosses pour nourrir son camp 2012. C'est un bon choix et c'est au château d'Ailly en Roannais, un complexe de réception de séminaires et manifestations en tous genres, agrémenté d'un parc de 80 hectares. Une présentation moins convenue de la propriété et du propriétaire nous est offerte par le Phengels, un site d'amateurs des jardins qui ne craignent pas l'ours. Tous les détails pratiques du "camp" sont déjà publiés sur la page CMRDS du CRAF.
C'est cent euros la semaine.
Intéressons-nous au thème.

Charles Maurras cette année va plancher sur la crise européenne, et pour profiter des séances dédiées à l'oeuvre de cet auteur, il est plus que recommandé de lire les six ouvrages au programme. On peut les trouver dans le circuit traditionnel, au siège du CRAF et dans les sections AF de province, mais peut-être que les "primo-accédants" au CMRDS préfèreront les télécharger ou les lire à l'écran. C'est possible.

La Politique naturelle
à lire en ligne chez Royaliste.org (ancien site)

L'Avenir de l'intelligence
à lire en ligne chez Maurras.net

Kiel et Tanger
à télécharger chez Maurras.net

L'Idée de décentralisation
à télécharger chez Royaliste.org

L'Enquête sur la Monarchie
à lire en ligne chez Archive.org (Université de Toronto)

La Démocratie religieuse
à télécharger chez Maurras.net

En fouillant sur Internet on trouvera d'autres supports.



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CMRDS 2012
du 26 août au 2 septembre 2012
au château d'Ailly en Roannais




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CRAF
10 rue Croix-des-Petits-Champs
75001 Paris
cmrds(chez)actionfrancaise.net


lundi 11 juin 2012

Décodage


Ce n'est pas la fleur aux dents que nous allons aux résultats, comme on dit au champ de tir. Le pourcentage le plus fréquent sur les circonscriptions visées par l'Alliance royale tourne autour de 0,20%. Certains seront contents d'exister dans les statistiques du ministère de l'Intérieur, oubliant un peu vite la raison de ce combat : notoriété et subsides. Si impossible n'est pas français, nul n'y est tenu non plus, et c'est abuser les jeunes militants que de les embarquer sur le frêle esquif du parti royaliste si par ailleurs les responsables nationaux ne se donnent pas préalablement tous les moyens de leurs légitimes ambitions. Nous faisons ce décodage le coeur un peu serré, mais certaines choses ne pourront être dites que de l'extérieur du parti. [Liste des circonscriptions investies].

L'échec de l'Alliance royale tient plus à la mise en musique loupée d'une stratégie qui se défend qu'à un défaut d'axe. Le renouvellement des corps élus de la république est bien une période propice à l'entendement des masses, et de ces masses le royalisme aura demain besoin. On avait bien compris que sur les cinq tours¹ de la procédure, le parti royaliste devait être présent à trois au moins pour remplir le contrat.

* Première phase : franchir la sélection de candidatures à l'élection présidentielle ;

** Deuxième phase : campagne officielle télévisée à égalité de temps et premier tour de l'élection présidentielle profitant de la diffusion d'une profession de foi royaliste à tous les inscrits ;

*** Troisième phase : campagne officielle et premier tour des élections législatives profitant... ditto ci-dessus .... des circonscriptions investies ; et rémunération des voix obtenues par subsides publics à hauteur de 1,70 euro la voix².

Le dispositif, à notre avis, n'est pas tronçonnable. La phase 2 lance la roue pour améliorer l'accès aux subsides publics de la phase 3. Sur chaque phase Royal-Artillerie a donné son analyse sans qu'on ne lui demande rien d'ailleurs, mais c'est la dure loi de l'Ouest numérique.

On comprend bien que la mise à feu du dispositif est primordiale puisque toute l'affaire est de communication. La notoriété est de la communication. Communiquer efficacement est éreintant. C'est pourquoi il faut décharger le candidat de l'intendance en lui adjoignant un directeur de campagne et un chargé de communication qui verront mieux les choses avec un peu de recul. A défaut d'un homme politique connu, c'est un prince ou un duc qui devrait se déclarer pour faire le buzz, car il ne s'agit que de cela.

Sortir un parti de l'anonymat convoque beaucoup de moyens financiers avant toute chose, mais aussi beaucoup d'idées électoralistes afin de capter l'attention du public qui signalera à son tour aux édiles qu'il y a quelque chose d'intéressant de ce côté.
Sur ces deux points, il y a défaut.

La deuxième phase étant ruinée, la troisième est en péril
La maintenir quand même répond à deux exigences : soutenir l'esprit combatif des militants et tâcher d'atteindre le seuil de reconnaissance de l'électorat qui déclenche les subsides publics afin d'améliorer les dotations du coup suivant cinq ans plus tard. C'est ce que font tous les partis trotskystes.
Etant compris que la fenêtre médiatique de chaque circonscription sera juste entrouverte, que les réunions électorales feront courir le danger de la salle vide, la recherche d'une notoriété rémunérée ne peut passer que par le tractage au marché, les discussions en voirie, le collage et in fine la distribution gratuite par la préfecture des professions de foi à tous les inscrits de la circonscription. C'est ce qui a été fait presque partout. Un soin extrême doit donc être apporté à ce matériel décisif de propagande. Nous ne revenons pas sur les couacs inadmissibles en queue de trajectoire. Mais avec seulement 34 candidats on passe à côté du coup décisif³ (sauf arrangements collatéraux).

Un chef, des moyens, une stratégie
Du triptyque ne reste aujourd'hui que la stratégie. Elle ne pourra être jugée pertinente ou inutile à la cause royaliste que le jour où le contrat des trois phases aura été exécuté complètement. S'il faut relancer les dés pour 2017 il vaudrait mieux s'y mettre tout de suite. Cinq ans c'est court pour la masse de travail à abattre. Avec qui ? Avec quoi ? De l'argent et une cohésion sans faille...


(1) parrainages et deux fois deux tours
(2) le parti qui recueille au moins 1% des suffrages dans 50 circonscriptions de métropole au minimum recevra env. 1,70 euro par voix, par an et pendant cinq ans.
(3) sur le concept novateur de démocratie liquide le Parti pirate a présenté 101 candidats dans ce but (qu'il a raté) mais avec plus de 75 candidats il a pu accéder aux écrans de la campagne officielle. La stratégie du PP a été définie lentement dans le courant de 2011 et dans les circonscriptions où il a eu les moyens de militer il a fait 2%.

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