vendredi 28 septembre 2018

Le Roi danse et ça explique tout !




Billet spécialisé. Dans un débat de cénacle, un contributeur musicien affrontait un doctrinaire de la transcendance qui fonde l'avenir de nos sociétés exclusivement sur le retour de l'hétéronomie (voir plus bas). Sauf si le talent d'un interlocuteur surpasse la moyenne, ce débat de casuistes épilés entre autonomie et hétéronomie n'a généralement que peu d'intérêt, sinon d'en comprendre les définitions pour les réutiliser dans un dîner en ville. Pourquoi ? les sociétés sont construites sur les deux principes de transcendance et de libertés horizontales, et leurs sources respectives changent à chaque époque. Les principes ne s'opposent pas, ne précipitent pas non plus dans un composé nouveau, ils cohabitent dans des sphères différentes (cité, individu, foi, commerce des âmes) et parfois se frottent comme l'huile et l'eau.

Pour avoir le dernier mot sur un contradicteur habitué à manier son esprit, le résident du légitimisme incandescent (minoritaire) qui n'accepte aucune dérive à peine d'excommunication (mais on leur a pris les allumettes, la poix et le bois) a ruiné sa dialectique éprouvée en arguant de sa science acquise et non infuse, signalant en cela une longue étude sous la lampe que l'autre n'avait pas endurée. Pour que les choses s'ordonnent sur un axe vertical, il confirmait dans la foulée que la vérité proférée tenait surtout de l'autorité indiscutable que lui confèrent ses responsabilités au sein d'un groupuscule de réflexion politique. Il en existe ci et là en province dans l'Union des cercles légitimistes de France et tous ne sont pas à brûler.

Mais loin de la boucler, comme le lui demandait l'inquisiteur au pied petit, le musicien s'est fendu d'une démonstration, parfois amusée, qu'on ne peut laisser croupir au fond de la crypte. Voila donc ce texte qui tient tout seul debout et que mon titre résume peut-être, voire autrement dit : quand le Roi danse, ce n'est pas gratuit !




Pour moi un homme politique est un peu comme un illusionniste. Il crée des illusions mais il ne faut pas qu'on voit le truc pour que le public s'émerveille et le suive.
Un musicien c'est différent. Il doit suivre la partition et ne peut pas cacher les fausses notes dans sa manche ou dans son chapeau.

Alors quand il transpose ses habitudes de justesse et de précision dans le langage il s'attend à ce que l'interlocuteur fasse de même. Mais l'homme politique n'a que faire des fausses notes car il y a des trucs pour les faire disparaître à la vue du public et il peut même répéter le truc plusieurs fois le public n'y verra en général que du feu.

C'est fascinant et avec le boniment qui accompagne le tout c'est encore plus efficace.
Alors oui je dois reconnaître que vous avez une sacré dextérité en politique que je n'aurais jamais et que je ne souhaite pas avoir d'ailleurs. J'aime trop la justesse pour me priver de ce plaisir.
J'ai vraiment admiré comment vous avez mis toutes les fausses notes que j'ai appelé cibles manquées dans le même sac pour les faire disparaître en un tournemain et non seulement vous usez avec un aplomb inouï des mêmes arguments que j'ai parfaitement réfutés pour répéter que je n'ai pas défendu des définitions que j'avais juste citées pour vous rappeler que la vôtre n'était pas la seule mais en plus vous n'hésitez pas après votre acrobatie de m'accuser moi de faire la pirouette que vous venez de réaliser vous-même sous les yeux du public.

Alors là oui, j'applaudis le "prestigiateur" comme on disait à l'époque.

Ceci dit, ne prenez pas mal mon observation, je sais que vous usez de votre art pour un bien car vous êtes dans un mouvement honorable et vous vous devez de garder une certaine position sur le Forum. Cela fait partie du jeu politique.

Vous avez raison de dire que votre mission est plus en adéquation que la mienne avec ce forum qui est politique et j'ai constaté effectivement que l'intérêt pour l'art est très limité. Des musiques sont mises en lignes parce qu'elles plaisent pour une raison ou une autre mais ça ne va pas beaucoup plus loin.

D'ailleurs ça ne fait que refléter le monde actuel qui utilise la musique comme une distraction et qui se cache bien de dire aux gens : "quand vous écoutez une musique, essayez bien de sentir les sentiments qu'elle insuffle en vous car elle peut vous nourrir ou vous nuire."

Je voudrais juste vous dire quelque chose au sujet de la musique. Si à l'heure actuelle elle est considérée comme une distraction secondaire, ça n'a pas été le cas dans le passé et dans de nombreuses civilisations. Depuis le roi David souvent représenté avec sa harpe dans les cathédrales, en passant par les guitaristes de la cathédrale d'Angers entourant le Christ, les vestiges du passé nous donnent un message que le monde actuel ne sait plus guère décrypter.

Les premiers Chrétiens chantaient en allant au martyr et même les Templiers ont chanté au bûcher. Aucune religion ne peut exister sans musique. Les Sumériens disaient que lorsqu'ils mouraient ils allaient au paradis du chant. Et dans la Chine ancienne, une civilisation d'une grande stabilité politique au cours de ses cinq mille ans d'histoire, toute la construction de l'Etat reposait sur la divine musique, et même le mètre étalon était la longueur d'une flûte donnant le fa ; quant à l'empereur, il choisissait ses ministres parmi les musiciens et les danseurs parce qu'il avait compris que l'habitude de justesse et de perfection que donne cet art entraîne une plus grande capacité à faire rayonner l'ordre et la justice dans le royaume.

Louis XIV a été un grand roi qui a fait rayonner la France dans toute l'Europe. Il est rare de trouver des personnes qui comprennent que sans sa formation très poussée de musicien et de danseur pendant sa jeunesse il n'aurait sans doute pas été le grand roi qu'il a été.

La musique et la politique n'ont pas toujours été aussi séparées. Mais à l'heure actuelle on est habitué à une politique du réel comme on dit, qui pour être pratique manque de cette transcendance si indispensable à l'homme.

Vous même, qui êtes si sûr d'être à l'opposé de la politique de la République, n'êtes pas exempt de cette influence de la technique politique courante.

Ce que je voudrais arriver à vous dire c'est qu'en négligeant l'importance de l'art, vous vous privez d'un allié très puissant qui pourrait vous apporter beaucoup. Si Dieu est au sommet de la pyramide, la beauté est la première chose qui suit car la Création est d'abord une œuvre de beauté. L'Eglise et les rois par la même occasion l'ont bien compris depuis longtemps. Sorti des catacombes vers la lumière, l'Eglise du Christ s'est pourvue de tous les attributs sensibles pour toucher les cœurs. Que serait la religion chrétienne sans les cathédrales, magnifiques œuvres d'art ; que seraient les chants sans l'acoustique des dômes ; que serait-elle sans les peintures, les mosaïques, les statues, les autels, les orgues, enfin toutes ces choses qui ne sont que des œuvres d'art que les hommes ont créées pour remercier Dieu de sa création et montrer sa grandeur dans un endroit protégé du monde extérieur. Sans parler des costumes, des bannières, de l'encens, et bien sûr des textes des Evangiles qui sont une poésie de l'esprit.

L'église orthodoxe repart en flèche alors que l'église catholique est en déclin. Il suffit de changer quelques éléments importants, de dégrader la partie artistique de la religion pour que le contact se perde avec le peuple. La messe actuelle a perdu de sa grandeur et ce n'est pas un hasard mais une volonté qui l'a conduit à cela. Déjà nous avons perdu une force en simplifiant le chant chrétien à l'époque de Charlemagne par rapport au chant d'origine.

Enfin ce que je veux dire c'est que vous pouvez devenir un grand technicien de la politique, comme on peut devenir un grand technicien de la musique mais ce qui compte surtout c'est de l'utiliser avec un sens artistique, ce qui signifie pour moi élever la politique ou la musique au divin vertueux.

Pourquoi est-ce si important ? Parce que justement c'est la grande faiblesse de la République que tout le monde peut constater. La République se fiche de la beauté transcendante pour le peuple. Elle donne le confort, la nourriture, les plaisirs et ça fonctionne.

Alors croyez-vous qu'en insistant sur l'hétéronomie cela va vraiment attirer le peuple aujourd'hui ? Certaines personnes bien sûr seront impressionnées par le mot et la démonstration dans un premier temps mais que va faire la plupart des gens ensuite. Ils vont chercher par habitude et par facilité tout d'abord sur Internet et vont tomber en premier sur Wikipedia aux ordres et vont trouver comme définition :

L’hétéronomie est le fait qu'un être vive selon des règles qui lui sont imposées, selon une "loi" subie. L'hétéronomie est l'inverse de l'autonomie, où un être vit et interagit avec le reste du monde selon sa nature propre.
Chez l'être humain, l'hétéronomie représente l'impossibilité concrète ou l'incapacité morale à se donner ses propres lois et à se régir d'après elles ; l'autonomie est chez l'humain la faculté de vivre et d'agir selon ses propres forces, motivation et morale. Il y a ainsi un double aspect externe : violence concrète d'une relation ou d'un système de pouvoir ; et interne : endoctrinement idéologique, pression sociale. La notion d'hétéronomie est très proche de celle d’aliénation bien que celle-ci soit tenue pour plus floue, moins technique (sauf chez Marx). L'épître aux Galates est l'un des rares textes de l'Antiquité qui discute de l'hétéronomie religieuse.

Et là vous avez déjà la masse qui va tiquer parce qu'ils ont tellement pris l'habitude de se référer à cela qu'il vont vite prendre la porte de sortie en se disant : je n'ai pas envie d'être asservi.

C'est pourquoi je pense qu'il faut attaquer la République sur ces point faibles. Vous le faites parfaitement bien par la remise à jour de l'histoire cachée, par les informations mensongères corrigées, mais vous négligez l'art alors qu'il y a un terrain extrêmement intéressant à exploiter.

Vous me dites que l'aristocratie que j'imagine n'a jamais existé parce que vous pensez à l'aspect politique, mais moi je parle d'une aristocratie d'esprit qui avait de façon innée le sens de la beauté et de sa transcendance divine, et c'est aussi en cultivant cela qu'elle imposait naturellement au peuple ce respect et cette envie de s'élever, et que les artisans et les artistes créaient des merveilles éclairés par cette transcendance venue d'en haut qui les éloignait de la laideur et par conséquent du mal.
Vincent Chevalier

(texte diffusé sous licence Creative Commons)


Sur le sujet d'une politique de l'art tel que développé par notre musicien, les réponses en prêt-à-penser n'existent pas au catalogue dialectique de pleine application. Dès lors on biaise. L'art ? C'est secondaire ! La doctrine irréfragable n'en a pas besoin pour convaincre. D'essence divine, elle se suffit ; d'ailleurs son exégèse n'est pas en libre-service mais exclusivement dévolue à ses nouveaux prêtres. On ne débat pas, ni du fond ni des conséquences, on assène, on ne dévie jamais. On frise la secte. Dans sa diatribe, le musicien utilise à son insu des mots interdits comme "attirer" ou "la masse" en ignorant que convaincre le peuple en nombre c'est tomber dans le ravin de la démocratie et du rationalisme. Faudrait-il faire raisonner l'auditoire alors qu'il lui suffit de croire ?

D'aucuns dirent jadis que ces groupuscules fonctionnaient comme des écoles coraniques, face au mur. Le fil de discussion le prouve à l'envi, contredire déclenche les récitations habituelles. L'issue prévisible est en ce cas de franchir le seuil pour ne pas perturber l'entre-soi. Sauf à vouloir se convertir en robot pensant, il faut quitter l'arène où rien ne pousse jamais. Ce que le musicien a finalement fait, avec élégance.





Postscriptum : Pour ceux de nos lecteurs qui le découvrent, ce débat spécial "autonomie vs. hétéronomie" est [ici]. Âmes sensibles s'abstenir, on y brûle des petits enfants et on mange les captifs... (humour). Pour parfaire le divertissement de nos lecteurs fidèles, ce forum d'angle étroit vient d'être inscrit au Roycoland de ce site sous le nom de "Forum ultrabrite".




mercredi 26 septembre 2018

Alors, on bouge ou on regarde ?


Donald Trump à la tribune des Nations Unies n'a montré aucun doute quant à son génie. Il a déroulé les bienfaits apportés à l'humanité par son courage politique et diplomatique comme un guérisseur de l'Ouest sauvage vante son élixir. Donald Trump n'a aucun problème, mis à part des histoires de sexe qui en France feraient sourire mais qui, aux Etats-Unis, donnent prise aux adversaires en mal d'arguments.

Parce qu'il n'y a pas réellement d'arguments sérieux contre Trump ! Sauf qu'il détruit la Société wilsonienne des nations et laisse du champ aux règlements de comptes régionaux. C'est la conséquence de l'unilatéralisme qui donne la part du lion au plus fort, quand il n'y a bien sûr qu'un seul "plus-fort". Par chance, le président américain exerce une dictature du bon sens plus que de caprices. Ce n'est pas un satrape parfumé à la lavande mais un entêté qui applique une politique de comptoir approuvée par les compagnons de tournée. Garçon, remettez-nous ça ! Jusqu'ici ça marche !

Ceci pour dire que le problème, c'est bien nous qui l'avons parce Trump et sa bande de chimps peuvent très bien réussir. S'il n'est pas dit qu'il arrive en même temps à résorber le déficit commercial américain, dénucléariser la péninsule coréenne, terminer l'affaire palestinienne par l'écrasement définitif des Palestiniens et faire sauter la théocratie iranienne par une révolution, rien n'indique pour l'instant qu'il y échoue ; même si l'aboutissement de ce programme inédit exigerait de gagner les élections de mi-mandat et une réélection en 2020 à la Maison Blanche. Ce n'est pas rien, mais la bête politique qu'on a vu en campagne électorale ne va pas manger le T-bone avec des baguettes !

On en vient aux fondamentaux, ces réalités que nous avons généralement glissées sous le tapis. Aucun pays d'Europe ne fait le poids, même l'Allemagne réunifiée doute du sien dans les affaires de tarifs douaniers. Bien sûr une confédération européenne gouvernée comme les quatre autres empires* pourrait tenir tête et défendre ses intérêts sans prendre des gants. Elle n'existe pas. Eut-elle existé d'ailleurs qu'elle n'aurait pas laissé l'Iran la menacer d'un programme de bombe atomique, ni lâché la bride aux sionistes qui mettent aux fers la main d'œuvre récalcitrante en terre sainte. A la première odeur de gaz, Assad aurait été enterré sous les décombres de son palais en béton armé. Elle n'aurait pas accepté non plus le dumping d'Etat de la Chine dans des secteurs concurrentiels qui menacent son avenir, ni que le tsar nouveau s'occupe des minorités russes en pays balte. En revanche, qu'il bouffe la Crimée russse, d'accord.

Mais c'est de la fiction. Le discours d'Emmanuel Macron à l'Assemblée Générale des Nations-Unies est un catalogue de vœux, une feuille de route proposée par un pays ayant encore un semblant d'autorité morale, mais comme le moine en son couvent, incapable d'agir à l'échelle du défi extérieur.

(*) Il y a quatre empires disons-nous : la Chine, l'Inde, la Russie et les Etats-Unis. Ce qui pourrait nous arriver est que par lassitude dans leurs affrontements, ils en viennent à s'entendre sur notre dos. Qu'ils nous assignent à chacun "leur" mission, "leur" segment de la division internationale du travail comme on disait jadis. Avec un Donald Trump totalement inculte en sciences politiques, on peut s'attendre à tout, y compris à des renversements d'alliance du samedi au lundi. Qui aurait parié un kopek il y a un an sur une négociation soutenue avec Kim Jong-un, un "type formidable" aujourd'hui ?

Lors des sommets OTAN et du G7 de Taormina en 2017, la chancelière allemande avait clairement fait comprendre et publiquement que l'Europe occidentale ne pouvait plus compter sur l'automaticité d'une cohésion atlantique en cas de crise. Le temps passé à faire vivre la démocratie chez elle et dans les pays voisins a mangé celui de la réflexion approfondie sur le chemin d'une réelle indépendance de l'Europe qui se retrouve divisée pour défendre les valeurs de ses civilisations. Il serait temps que les Européens raisonnent en termes de puissance et seule une confédération des nations européennes y répondra. Le diable est bien sûr dans les détails mais pratiquement je réitère ma suggestion d'un référendum européen pays par pays sur la seule question qui les résume toutes : confédération ou fédération ?

Les pays ayant voté pour la fédération se fédéreront entre eux et entreront comme entité unique dans la confédération qu'auront préférée les autres. Sans doute est-ce trop simple. J'en parle à Trump, lui, comprendra.


On peut lire le discours de Donald Trump aux Nations Unies en cliquant ici.



dimanche 23 septembre 2018

1830 - 1875 - 1987... 2030 ?!


Né de l'Usurpation, le légitimisme mourra dans la Légitimité revenue. D'ici là, la baisse de pression dans la sphère légitimiste française, que nous anticipons par le retour sur ses bases espagnoles du prince Louis de Bourbon, ne va pas entamer le légitimisme contemplatif qui remplaça le combat légitimiste à la mort du comte de Chambord en 1883. S'il renaquit vraiment en 1987, au-delà du cénacle des docteurs de la loi, ce fut par le surgissement du prince Alphonse de Bourbon sur la scène médiatique. La flamme s'était maintenue, tremblotante, jusqu'à ce millénaire mitterrandien. De par l'autorité naturelle et l'entregent du prince espagnol, elle se renforça à mesure qu'augmentait la revendication de la maison d'Orléans fondée presque exclusivement sur un vice de pérégrinité du dauphin Philippe de France, duc d'Anjou parti en Espagne sur réquisition de son grand-père Louis XIV, vice de forme que les âmes simples traduiraient par : "Qui va à la chasse perd sa place !" On est dans la cour des grands, les CM2.

Par sa présence l'aîné des descendants de Louis XIV actualise la fondation des Invalides

1875. Après la capitulation de Sedan et l'insurrection de la Commune de Paris (1870), la Légitimité comptait pour moitié sur les bancs monarchistes de l'Assemblée nationale élue en 1871, pour la plupart d'extraction foncière. L'irrésolution quasi-pathologique d'un prétendant âgé, isolé dès le début de l'exil par l'ostracisme des cours souveraines sur commande de Louis-Philippe, puis par leur désintérêt à l'avènement de Napoléon III, se conjugua aux intrigues de la faction d'Orléans qui ne pouvait attendre le décès de Chambord sans enfants pour prendre sa revanche et gouverner à nouveau. Au prétexte du drapeau blanc, la restauration capota au bénéfice de la République des Ducs. On oublia vite les D'Orléans, tant il fallait faire d'argent en pressurant la nation d'impôts pour relever le pays saigné par Bismarck : le plan Freycinet, mûri de longue date, entra en application dès 1878 pour deux cents lignes de chemins de fer et la rectification des canaux. D'ailleurs les républicains gagnaient les partielles les unes après les autres entamant les positions monarchistes. Pourquoi dès lors s'investir encore en politique, sinon pour faire voter des lois avantageant les riches aventuriers du progrès infini !

En province, il y eut une belle résistance des Culs blancs en milieu rural¹, spécialement dans l'Ouest, le Sud-ouest et le Midi de la France (sauf dans les Pyrénées orientales et le Var), faisant voter contre les "rouges" sur des programmes sociaux avancés - on pense à La Tour du Pin, entre autres - mais aussi contre la Forge et la Banque qu'Orléans représentait à son corps défendant depuis la Monarchie de Juillet. Mais peu à peu, surtout dans le Sud-ouest, les paysans choisirent des intercesseurs avançant sur une dialectique plus affûtée, des socialistes, des radicaux plus proches d'eux en parole, de vrais entrepreneurs en extraction de voix, des pros de la démocratie !
(1) Cf. Noblesse et représentation parlementaire de Jean Bécarud chez Persée (clic)

La Guerre de 14 fractura le paysage électoral en engloutissant pour un temps les idéologies au profit du patriotisme et des valeurs immortelles du pays. La Légitimité survécut au massacre en payant le prix fort comme tout le monde. Ce furent des princes de la maison de Bourbon Parme qui négocièrent une paix séparée avec l'Autriche-Hongrie (que Clemenceau refusa), et pas ceux d'Orléans qui avaient disparu de l'épure par la loi d'exil. Ce fut le commandant François de Bourbon Busset qui reçut les plénipotentiaires impériaux à la Villa Pasques de La Capelle (Aisne) le 7 novembre 1918 pour la capitulation allemande, pas les D'Orléans.

Alfonso-Carlos de Borbón (49-36)
Dans l'entre-deux-guerres, l'Action française sous la houlette de Charles Maurras ressortit du placard les princes exilés sans doute plus présentables que les carlistes moustachus en tenue de chasse au mouflon. Le succès de ce mouvement inédit leur redonna des couleurs. Pourtant, dans les combats électoraux, les orléanistes eurent moins souvent l'avantage sur leurs vieux adversaires qu'on ne l'aurait cru devant les rotatives. Par exemple, aux législatives de 1924, la liste légitimiste que l'on n'attendait pas sur la troisième circonscription de la Seine (de Rosnay-Bienaîmé-d'Andigné), fut devant la liste orléaniste de Léon Daudet (député sortant) et Maurice Pujo, éjectant le premier de la Chambre.

Après la seconde guerre mondiale et malgré les intrigues désordonnées du défunt comte de Paris, rien ne fut donné aux D'Orléans rentrés en France sous Vincent Auriol. De Gaulle, qui avait mal jugé l'opportunisme agité du chef de maison depuis la débâcle de 40, ne les avait pas rappelés. Des postes de prestige avaient été confiés à des personnalités de la vieille noblesse, comme la présidence de la Croix-Rouge à Jacques de Bourbon Busset. Ces personnalités dont certaines firent de longues carrières diplomatiques avaient l'avantage de l'impartialité dans leur gestion, contrairement aux effectifs fournis par les partis politiques. Il y avait aussi de la part des pouvoirs la recherche d'une certaine classe dans des fonctions exposées et l'instrumentalisation de la vieille souche d'Ancien régime dans la reconstruction morale d'un peuple archi-battu, aux mains des anglo-saxons. Entretemps mourut Charles Maurras (†1952) abandonné de tous hors du premier cercle, et de la maison d'Orléans bien sûr.

Sous la IVème République, les orléanistes rescapés du naufrage de la Libération reçurent quelques miettes (un peu plus sous Giscard d'Estaing plus tard) mais un halo d'impureté remontant au régicide inexpiable entourait les revenants et barrait leurs ambitions. Même l'affaire Darlan fut mise à leur débit dans certains milieux, je l'ai entendu évoquée à contretemps dans les années 60 quand le microcosme frémissait des bruits d'une restauration qui ne dirait pas son nom. Le temps qui efface tout faisait son œuvre comme toujours, jusqu'à ce que les frasques d'une famille trop nombreuse et mal élevée² n'entament un processus de déconsidération difficile à stopper. J'en reste à me demander si le jeu gaullien du chat et de la souris qui dévora le comte de Paris ne fut pas au second degré la perfusion d'un poison qui détruirait le chef de maison quand De Gaulle serait mort. La saga d'une fratrie de onze enfants livrés à eux-mêmes, si elle fit la fortune des pages glacées de la presse, accrut le désespoir des fidèles tiraillés par l'actualité judiciaire, au point de scinder le parti orléaniste en trois sous-partis ennemis puis aujourd'hui rabibochés, la Restauration nationale, la Nouvelle action royaliste et le Centre royaliste d'Action française. De nos jours, aucun prince (ou princesse) d'Orléans n'a une position sociale remarquable, ni dans la haute fonction publique, ni dans le CAC40 et pas plus dans le milieu universitaire ou la recherche, alors qu'on y trouve toujours la vieille noblesse légitimisante. La pente ne pourra être vraiment remontée qu'avec le départ de l'actuel comte de Paris qui résume à lui-seul les malheurs de cette maison.
(2) Relire Les Ténébreuses Affaires du comte de Paris par Jacques d'Orléans chez Albin Michel

La posture espagnole. Bien qu'handicapé par les guerres carlistes du XIX° siècle et le tumulte espagnol qui exila la maison de Bourbon, le légitimisme ne verra jamais le fil se rompre, même avec l'infant Jacques-Henri, moins passionné par la question que par ses conquêtes. Le chaos de la succession de Bourbon (c'est Hervé Pinoteau qui en parle le mieux pour avoir été au contact) fit place au long fleuve tranquille de la dévolution évidente par le couronnement de Don Juan-Carlos à la mort de Franco, aucun prétendant n'ayant le front de contester les termes de cette restauration imposée. Il est clair qu'à partir de 1975, l'aîné des Bourbons, barré de la couronne espagnole, n'avait pas d'autre choix que de réclamer ses droits en France, ce que les autorités françaises acquiescèrent à la surprise de beaucoup, en lui faisant l'honneur de nombreuses invitations au titre de l'aînesse. Si l'agitation du microcosme royaliste français reprenait alors des tours, la question n'en était pas une pour des institutions de référence comme le Saint-Siège et l'Ordre souverain de Malte pour qui la primauté de l'héritier espagnol était sans appel. Cette reconnaissance compte plus pour moi que les conclusions soporifiques de savants sur les lois de dévolution de la couronne de France et les triturations indigestes des lois fondamentales du royaume par le parti d'Orléans.

L'héritier en devenir est-il maintenant le jeune duc de Bourgogne, Louis de Jésus, né en 2010 à New York ? Son père semble très investi dans la défense de l'héritage franquiste et des valeurs traditionnelles qu'il transmet. Il faudra bien attendre dix ans avant de voir monter sur scène le petit duc, mais l'espérance est un puissant moteur et, dans ce mouvement royaliste spécial, surtout quand elle n'aboutit pas.

Confrontés à la réalité d'un pouvoir très compromettant dans sa pratique quotidienne - il y a loin par exemple de la coupe aux lèvres dans la réalisation des ambitions de Monsieur Macron - les légitimistes savourent un idéal pur et sans tache qu'une accession aux affaires pourrait corrompre. Quand on entend leurs chefs (autoproclamés), ils ne visent aucunement la restauration du royaume puisqu'ils se nourrissent à satiété de l'exaltation d'un passé glorieux que rien ne pourra jamais égaler. Le légitimisme est-il un jeu sentimental à justification intellectuelle qui meuble agréablement l'esprit ? Certains jours de disputes je le pense, d'autres jours je crois qu'il est le fil rouge de quelque chose qui ira loin.

La situation intermédiaire de basse pression que j'annonce, peut-être prématurément, convient donc très bien aux contemplatifs. Il sera toujours temps quand l'héritier et son frère jumeau seront grands de remettre en piste les dresseurs de prétendants qui feront claquer le fouet du protocole royal dans la cage aux stages. Mais Louis de Bourbon ayant subi ce dressage chez les Bauffremont, il se pourrait qu'il élimine ceux-là de son entourage, si ce n'est déjà fait, et protège ses fils comme sa propre mère avait essayé de le faire pour lui à la mort de son père, le duc de Cadix. Il a mis du temps pour comprendre certaines choses et le rôle d'otage valorisant la camarilla bourbonienne qui, au début, le promenait partout comme la chasse d'un saint. Mais c'était mal connaître son caractère ; Monseigneur Louis a quand même des chromosomes Franco.

La Légitimité a le temps pour elle. C'est un dogme de temps long qui vient de l'aube du monde puisqu'il est issu du modèle familial naturel. Un contributeur au forum du Trône & l'Autel, aujourd'hui pétrifié, me disait un jour que l'important était de passer le message de la légitimité de génération en génération afin qu'il éclaire le juste moment d'une restauration peut-être très éloignée dans l'avenir. Finalement, c'est une religion messianique et comme toutes les religions, elle a la vie dure, plus encore si elle est chimiquement cérébrale.
Malheureusement la corruption générale des mœurs convoque un gros ventilateur d'aération de cette puanteur qui nous fait nous insurger contre la dérive de notre civilisation, tandis que le légitimisme demeure propre sur lui, fidèle aux valeurs traditionnelles de la patrie, de la famille et du travail. Indéfectiblement lié à l'Eglise catholique pré-conciliaire, il semble, sur un même vecteur d'éternité, repousser une concrétisation forcément prosaïque. Son avenir est-il le nôtre ? Un combat virtuel pour une impossible monarchie sans se salir les idées® ? Le grand nettoyage que tout le monde attend appellera sans doute une dictature de tempête avant la monarchie de beau temps.


Note d'ordre :

Cet article est le dernier d'une série de trois billets, non liés entre eux, sur la légitimité incarnée par le prince franco-espagnol Louis de Bourbon :
- le premier suppute les intentions du prince de part et d'autre des Pyrénées sous le titre Louis de Bourbon double prince ;
- le deuxième tente de cerner la fragilité de la Maison d'Espagne sous le titre Une couronne en question ;
- le troisième, que vous venez de lire, est un exercice de style qui cherche dans la période moderne le fil rouge de cette revendication essentielle pour une monarchie héréditaire par primogéniture mâle, ce que n'est plus la couronne d'Espagne revenue aux Partidas d'Alphonse le Sage ; sans évoquer les futures ruptures de paradigme qui feront l'objet d'un prochain article.
Aucun des trois n'engage d'aucune manière le prince Louis de Bourbon.


vendredi 21 septembre 2018

Pornographie du Brexit

Teresa M. in the Mirror
La crémière s'appelle Angela Kasner pour les repentis communistes, Merkel pour les croyants. Theresa Brasier, à ne pas confondre avec Teresa May qui est une pompeuse de nœuds recherchée dans les nuits londoniennes, s'appelle aussi May. Theresa est plus grande qu'Angela même sans talons, mais ne l'impressionne pas, ça la voûte. A vouloir le beurre et l'argent du beurre, elle a eu le dessous lors du sommet informel de Salzbourg. Pourquoi vous parlé-je de ça ? Parce que notre avenir se joue entre elles-deux. Si elles ne s'entendent pas (ce qui est pour moi improbable vu l'imbrication des industries) nous perdrons beaucoup dans le commerce trans-Manche depuis que les Anglais ne produisent plus grand chose et que nous leur fournissons beaucoup. Si elles s'entendent, ce sera sur notre dos, je veux dire le dos des gitans européens du Club Med. C'est nous !
Ce qui est en jeu, au-delà des incantations de messieurs Macron et Juncker qui ne veulent pas pervertir les "valeurs" du marché unique par un accord à la con avec le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, c'est la zone de libre-échange ouest-européenne. Des pays que finalement nous connaissons mal (entendre Mélénchon parler de l'Allemagne nous signale le bougnoule qui n'est jamais sorti de chez lui) tiennent à cette ZLE comme à la prunelle de leurs yeux, parce que d'expérience et non par idéologie, elle représente la construction économique la plus florissante. Elle induit en outre des États à budget maîtrisé pour détourner le moins possible de flux et alléger le ballast sous l'activité marchande. De cette zone, nous n'en sommes pas !

Il est à parier que les intérêts bien compris des Pays-Bas, du Danemark, de l'Allemagne et de la République d'Irlande vont inventer les moyens inédits d'un accord avec la Première britannique parce que le commerce domine tout, l'expression des "valeurs" n'étant que son explication pour les demeurés. Business first ! laissons aux Latins l'émotion !

Le marché de la zone libre-échangiste précitée (on ne parle plus de Teresa là) représente 184 millions de consommateurs, hautement solvables. Autour de ce noyau mercantile, tournent les sous-traitants de la République fédérale (Tchéquie et Hongrie) et le groupe scandino-balte aux mœurs libre-échangistes. Avec la Norvège pétrolière, ces pays rajoutent 64 millions au bloc de départ.

La contestation du dogme macronien de solidarité radioactive regroupe donc 248 millions de consommateurs, soit presque la moitié la plus riche de l'Union européenne élargie, ensemble contigu que nous avons appelé plusieurs fois "l'Europe sérieuse". Etonnez-vous de ce que le Premier ministre néerlandais ait refusé le majorat français lors du dernier sommet de Bruxelles ! Commencez par réparer votre pays de cigales avant d'appeler les fourmis à contribution, a-t-il dit en dialecte !

Premier néerlandais Mark Rutte

Macron, Barnier, Tusk, Juncker et Moscovici peuvent aller se rhabiller, le Nord ne va pas se couper du marché britannique, non plus que de la City. Le désaccord intra-continental n'est pas intervenu tant que les négociations euro-britannique avançaient. Theresa May vient de déclarer au retour de Salzbourg qu'elle est dans une impasse. Faute d'accord dans un délai proche, elle va donc normalement vers un Brexit dur. L'Europe sérieuse, quoiqu'en disent ses représentants devant les objectifs, n'en veut pas, et de l'Endive de Savoie (Barnier) non plus. La crise possible dégagerait l'horizon en créant deux zones, l'Europe sérieuse et l'Europe rieuse, sans transferts compensatoires entre elles comme on le fait dans une vraie fédération. Chacun nettoie sa merde !

La France est incapable de se réformer pour toutes les raisons que l'on sait. Mais l'Italie si, qui dispose d'un excédent primaire avant service de sa dette et d'un gouvernement pugnace. L'autre gitane est l'Espagne dont le déficit rapporté au PIB est inférieur au nôtre et qui a des marges de progression en l'absence de contestation du camp retranché des "spéciaux". Ce qui nous pend au nez, c'est de nous retrouver seuls. La France seule disait Charles Maurras, mais jusqu'ici c'est l'Europe et l'euromark allemand qui servent de cache-misère. Nous sommes en déficit dans absolument tous les compartiments du jeu*. Notre classe politique est un ramas de couards et la technocratie n'a aucun poids politique. On va bouffer des rutabagas... à crédit !


Note (*): Dans le rapport Rapport 2017 de la Banque de France on lit : « La position extérieure de la France, qui reflète le patrimoine financier net de la Nation vis-à-vis de l’étranger, est débitrice à hauteur de 461 milliards d’euros à fin 2017, soit 20,1 % du PIB. C’est en-deçà de la limite européenne (35 % du PIB)». On doit donc être contents !

Postscriptum du 24.09.2018
Ceux des lecteurs, qui préfèrent un commentaire autorisé de la réunion de Salzbourg, feront leur profit des lumières d'Elie Cohen en cliquant ici sur Telos.


mercredi 19 septembre 2018

Une couronne en question

Ce blogue a toujours eu de l'indulgence pour la famille de Juan-Carlos d'Espagne au seul motif que l'accession au trône de 1975 n'était pas réellement un cadeau du dictateur mourant puisque les intérêts franquistes étaient toujours aux commandes dans presque tous les postes de l'Etat. Il faut dire quand même que l'assassinat de l'amiral Carrero Blanco en 1973 en avait incité beaucoup à favoriser la transition dans l'espoir de continuer à peser. Ayant assisté à son premier discours aux Cortes de Madrid (je radote, me dit-on dans l'oreillette), j'avais été étonné par la mâle expression du nouveau chef d'Etat et surtout l'enthousiasme de tous les députés, communistes compris, qui célébraient le retour à la normalité d'un pays jusque là coupé du monde aux plans politique et culturel, ses artistes étant pour beaucoup expatriés.

Le putsch du capitaine-général Tejero donnera au roi l'occasion d'entrer dans l'histoire en 1981. L'éléphant qu'il tua en 2012 l'en fera sortir. La presse d'investigation lâcha les chiens, on lui découvrit maîtresse(s) et enfant naturel, vrai ou faux. Il abdiqua. La Casa Real n'en était pas quitte pour autant. Sa fille Cristina fut pincée dans une affaire de détournement de fonds publics dans une histoire corne-cul impliquant son mari Iñaki Urdangarin, ancien handballeur, un coureur à ses heures et sans doute un peu juste pour faire l'escroc. Lui moisit en prison, elle, condamnée à une forte amende, aux dernières nouvelles "survit" en Suisse avec les enfants.

photo de Felipe VI et de son épouse
Un nouveau couple prend la lumière, Don Felipe et son épouse Letizia. L'occasion de redonner des tours au moteur ? Ce jeune roi est impeccable, grand, barbu, disert, ennuyeux et la reine son épouse fait le job très consciencieusement tout en sourires. Les deux infantes sont adorables. Tout irait pour le mieux si le couple retiré ne faisait pas d'ombre aux nouveaux titulaires de la charge. Or, si Juan-Carlos a abdiqué, il promène sa canne partout, dans les parades militaires et navales, les commémorations et j'en passe, jusqu'en Amérique du sud, démonétisant le prestige de son fils. Cette fonction ne peut souffrir aucune affaissement en Espagne où les républicains sont nombreux. La Reine déposée est de son côté toujours fourrée avec les infantes, jouant à la grand-mère protectrice devant les objectifs, au fort déplaisir de la Reine en titre qui gère une communication serrée (elle est du métier).

C'est une grave erreur que de faire cohabiter deux rois, deux reines, dans un pays qui n'est pas totalement converti à la monarchie comme le sont les pays nordiques. Les abdications inaugurées aux Pays-Bas sont acceptables chez des peuples royalistes jusqu'à la moelle, pas dans le patchwork espagnol où l'autorité naturelle doit correspondre à l'autorité fonctionnelle. Felipe n'a pas besoin de l'ombre portée du vieux roi qui n'a plus l'aura du commandeur de Dom Juan. C'est pire encore si la famille royale est entachée de scandale ou de mœurs relâchées. Il y a une exigence spéciale en ce domaine surtout dans le cas d'une restauration.

C'est le même problème qui se poserait pour une restauration en France. Le nouveau roi et son successeur, voire même jusqu'au troisième titulaire pour démontrer que le logiciel héréditaire fonctionne parfaitement, doivent être au niveau exigé par les responsabilités dévolues, compétents et irréprochables, tout comme leurs familles. On ne peut pas rater une restauration après une république ou une dictature, et les monarchies du nord installées depuis la brume des temps anciens ne sont pas le bon exemple ici.

photo des deux infantes
Le roi Felipe VI serait bien inspiré de sortir ses parents du protocole comme d'ailleurs son père a lui-même déclassé la branche aînée de Cadix puis chassé le dernier rejeton de l'Almanach. Il l'a fait par raison d'Etat et pour annuler d'avance toute situation équivoque dans le futur, voire une improbable revendication dynastique. Il devrait aujourd'hui accepter de se retirer loin des manifestations officielles, quelque part avec son épouse - s'ils se supportent encore - dans quelque manoir confortable et discret aux Baléares ou à l'Escorial, l'image frapperait. Comme Benoît XVI, que dans la même situation on ne voit jamais ou presque ! Le gouvernement compliqué du Saint-Siège serait impossible avec deux papes, pourquoi la couronne espagnole y résisterait-elle mieux ?

Bien sûr la mesure d'éloignement heurterait les consciences amollies de notre époque mais la fragilité de cette monarchie appelle à prendre des décisions, et si elles sont injustes sentimentalement et moralement, tant pis ! L'Espagne, si jamais rendue aux divisions anciennes, redeviendra le pays de tous les démons. Elle ne le mérite pas en elle-même et pour tout ce qu'elle nous apporte. Mais pendant ce temps, un vidéoclip très populaire dénonce les Bourbons avec violence - on y parle de guillotine - pour revendiquer une totale liberté d'expression et soutenir le rappeur Valtònyc, condamné pour outrages. Il est en fuite en Belgique, comme Puigdemont. Le clip se termine par le générique complet de la production, un essai de victimisation ? une façon d'inviter la justice à agir pour qu'elle se déconsidère ? Certains se le passent en boucle (c'est sous-titré en français). A suivre.





lundi 17 septembre 2018

Louis de Bourbon, double prince

Don Luis à la Féria de San Isidro
« Eres nuestro rey !» Ainsi furent reçus Luis Alfonso de Borbón et sa famille sur le parvis de la basilique Sainte-Croix de Los Caídos lors de la manifestation franquiste du 15 juillet 2018 contre la translation des cendres de son aïeul hors du mausolée. Je n'attendrai pas la conclusion de ce billet pour vous dire qu'il me plaît bien Don Luis Alfonso. Aussitôt connu le projet Suarez, plutôt que de torcher un communiqué filandreux de désapprobation depuis sa résidence de La Finca, il embarque dans la voiture femme et enfants vers Los Caídos pour se joindre aux partisans de son arrière-grand-père !

Avant même qu'il ne prenne la présidence de la Fondation nationale Francisco Franco, laissée vacante par le décès de sa grand-mère, fille du dictateur défunt, il était intervenu dans le champ politique espagnol avec une certaine autorité à l'occasion des affaires catalanes. Il faut dire que c'est un athlète portant beau, ce qui plaît bien aux Espagnols qui n'ont pas les mêmes goûts que nous. Nous sommes des cérébraux donneurs de leçons, ils sont des bretteurs qui portent les coups. A choisir pour le gouvernement des hommes entre l'athlète et le penseur, j'inclinerais pour l'athlète, surtout aujourd'hui où tout se fait en réaction immédiate au défi relevé.

Son compte personnel Facebook nous signale qu'il prend fait et cause pour les employés de la Radio-télévision espagnole menacés de purges par le nouveau gouvernement socialiste du président Sanchez et il soutient à nouveau les Espagnols catalans. Il perturbe la manif de la Diada en mettant l'hymne national à fond depuis son balcon. D'une certaine façon il réveille le franquisme qui dort chez beaucoup, fatigués des compromissions de la Casa Real avec les Cortes de Madrid, famille royale régnant par ordre du Caudillo, qui laisse faire tout et n'importe quoi sans rien dire, par le mémoricide de la guerre civile. Il semble à tous évident qu'en supprimant la visibilité des souvenirs de cette époque, la nouvelle nomenklatura veut gagner dans la rue la guerre qu'elle a perdue dans les livres d'histoire. D'où la demande d'exhumation de Franco dans la basilique en Valle de Los Caídos. Nous avons déjà suggéré de murer le mausolée sans rien y toucher, jusqu'à la fin de l'éternité. Le monument tiendra le coup jusque-là plus longtemps qu'une pyramide de Gizeh.

La vigueur avec laquelle Don Luis Alfonso défend l'héritage s'explique par l'histoire de sa jeunesse. Ayant perdu son grand frère sur la route, puis son père sur les pistes de ski, il s'est retrouvé à quatorze ans seul dans une société de femmes, sa grand-mère au quotidien et sa mère surexcitée en vacances, qui lui ont inculqué le respect du grand aïeul pour tout ce qu'il fit de positif dans ce pays, à commencer par les ponts, les barrages, les trains, l'industrie, la mise en valeur de la côte méditerranéenne et le respect obtenu sur la scène internationale malgré la paix des grands cimetières sous la lune ; jusqu'à ce que le général de Gaulle, chassé du pouvoir à Paris, vienne lors de sa tournée d'adieu au monde, rendre visite dans un parador au vieux dictateur toujours à poste, lui.

Don Luis Alfonso vibre pour l'Espagne. C'est un patriote. Il y a fait son service militaire dans l'Armée de l'air, aime Las Fallas de Valence, les courses taurines, suit les tournois de polo auxquels plus jeune il a participé, accompagne son épouse dans les concours hippiques où elle se défend bien (sa femme a du sang de conquistador), il adore ses gosses et les protège par une communication très maîtrisée. C'est un bel hidalgo que les magazines n'oublient pas parce qu'il a l'allure et l'assurance que les femmes adorent. Ses affaires à Madrid sont florissantes* au point qu'elles déclenchent des contrôles fiscaux ; il gère avec application la fortune léguée par sa grand-mère parce que c'est son métier et finalement, il n'a rien à prouver. Aussi est-ce en souvenir de la chimère française que son père chevaucha avant lui qu'il vient encore en France pour répondre aux invitations de l'Institut de la Maison de Bourbon ou de Présence du Souvenir Bourbonien. Hier dimanche aux Invalides il a suivi la messe annuelle de dédicace, revenant de Chisinau où il a participé à la cérémonie d'ouverture du XII Congrès Mondial des Familles par un discours très remarqué qui mérite d'être lu dans sa traduction française en cliquant ici. Il plaît chaque fois aux officiels et à l'état-major car il a de la gueule en étant très convivial : il en a reçu les épaulettes de capitaine de corvette de la réserve citoyenne.
(*) Selon le registre du commerce (BORME) il est administrateur de Borcorel SL dont l'objet social est la construction, la réparation et la maintenance d'ouvrages en tous genres, de la International Transaction System SL faisant du conseil informatique et surtout de Borvar Inversiones SL dont les actifs 2016 étaient valorisés à 9.130.657,94 euros (source El Español).

Avec son épouse aux obsèques de sa grand-mère
Sans être dans sa tête - mais sa mère y est sans doute qui n'aime pas les Bauffremont - on peut comprendre qu'à la force de l'âge, il puisse préférer s'investir dans la défense de ses idées en Espagne, son pays natal, où il a déjà une solide position sociale et médiatique que nos princes à Paris pourraient lui envier s'ils en cherchaient une ! Les subterfuges mémoriels qui le convoquent ici chez des nostalgiques de l'Ancien Régime en soins intensifs, sans efficacité prouvée ni moyens suffisants, l'amusent-ils encore ? Habitué de la gestion par objectifs sur résultats, il doit par moment bouillir de voir tant d'énergie dépensée à nul effet tangible.
Le eres nuestro rey de partisans prêts à se battre pour l'héritage qui est le sien, le motive certainement plus que nos "vive le roi" un peu folkloriques dans une République qui se défend mieux encore que la monarchie espagnole. Celle-ci est en danger, de plus en plus discutée pour sa mollesse. Les jeunes souverains font le job à la danoise, tout en photos convenues et reportages ennuyeux, mais la monarchie danoise est fondée sur des bases extrêmement solides, ce qui n'est pas le cas à Madrid. C'est le paradoxe du règne des Bourbons, rappelés par le Caudillo, mais qui refusent en même temps de s'impliquer dans le débat éthique. Ce retrait de la main dans le gant dévoile l'inutilité du dispositif en pratique, d'autant que la vertu d'unification du modèle est mise en pièces par les revendications d'indépendance des trois provinces importantes que sont la Galice, le Pays basque et la Catalogne. Les foules furent un temps juancarlistes par sentimentalisme plus que vraiment royalistes, jusqu'à la chasse à l'éléphant et les maîtresses du roi ! La fonction a été abaissée. Comme s'en plaignait jadis Ferdinand VII : comment gouverner un pays de dix millions de rois ! L'Espagne en a aujourd'hui quarante et c'est la meilleure définition de la République. La journée de la Diada Nacional à Barcelone a réuni mardi dernier un million de Catalans républicains ! Il n'y a pas grand chose à ajouter sinon que les locomotives économiques du pays dédaignent le roi d'Espagne. Tout peut arriver.

Dans ce tumulte et compte tenu du tempérament offensif de Don Luis Alfonso, un rôle s'offre à lui, créé par l'amoralité des pouvoirs, celui de mainteneur des valeurs franquistes en débordant sur toutes les valeurs de tradition. Ce rôle est difficilement compatible avec l'autre et sans doute occupera-t-il le temps libre laissé par ses affaires professionnelles. D'où son retrait possible et progressif mais non confirmé des affaires françaises. Certains légitimistes s'offusquent de son affichage compromettant socialement, même si au fond ils partagent ses valeurs. Avant même de connaître les intentions du duc d'Anjou, les orléanistes se réjouissent à grand bruit de sa dérive franquiste leur indiquant un retour sur ses bases espagnoles. Ils oublient un peu vite que c'est la décadence de la Maison d'Orléans qui a créé les conditions suffisantes pour importer l'aîné des Capétiens dans le schmilblick français. L'espace laissé par le déclassement de la maison royale historique presque ruinée par le goût de l'intrigue, la naïveté et l'orgueil du défunt comte de Paris, fut comblé en dénonçant seulement la paix d'Utrecht¹ et en rappelant les Lois fondamentales du royaume de France, toutes choses étrangères à la Monarchie de Juillet. On peut rire d'entendre les hérauts de l'Usurpation brandir aujourd'hui ces lois contre les prétentions espagnoles sachant combien souvent Orléans les a piétinées.

Alphonse, le chaînon manquant...

L'Infant d'Espagne et duc de Cadix, Alphonse de Bourbon, serait-il encore parmi nous qu'ils en rabattraient de beaucoup tant il leur était supérieur et d'abord en gestion de projet. On oublie qu'il eut la volonté affirmée de faire renaître en France le projet capétien au moment du millénaire décidé par François Mitterrand en 1987, lequel ne l'a jamais bridé dans sa progression (on sait pourquoi), et qu'il décréta un véritable bureau politique staffé et financé, projeté jusqu'en province par des relais motivés. Son CV très complet n'a pu être égalé encore par aucun de ses concurrents, ni par son fils d'ailleurs pour l'instant. A sa mort, la famille Bauffremont roula ce projet exigeant aux archives et repartit sur de pieuses bases mondaines, moins prenantes et moins délicates à négocier avec les Renseignements Généraux...

La démarche de contestation de Don Luis Alfonso pourrait ressembler bientôt à la contestation carliste qui défend Dios, la patria, los fueros y el rey et qui devrait réjouir le régent de la Comunión Tradicionalista, Sixte-Henri de Bourbon Parme, en lui apportant le renfort de l'aîné des Capétiens ; mais nous savons sa haine des Isabélitains² pour douter de son ralliement, d'autant qu'il a caressé, dans un entretien donné à la presse (Nice Matin), l'opportunité d'un hypothétique couronnement de lui-même par défaut de légitimité de tous les autres. C'est dommage ; ils gagneraient tous les deux à une réunion des carlistes à la branche aînée vivante plutôt que de célébrer les morts en boucle. Rien ne les sépare plus.

Les docteurs de la loi qui tranchent et coupent en lieu et place de l'héritier pourraient, si nécessaire, basculer le projet légitimiste sur le jeune duc de Bourgogne, Louis, d'autant que son père a usé d'insinuations en ce sens lors de la présentation des jumeaux aux Invalides au temps de l'Institut Duc d'Anjou, et qu'il a répété son assurance de continuité de l'histoire dans un bref échange publié par Point-de-Vue en juillet dernier. La Légitimité y perdrait beaucoup d'enthousiasme surtout dans la jeune génération. Quoique décide le duc d'Anjou pour son avenir en France, l'âge venant, l'expérience socio-politique accumulée créera en lui un repère de sagesse s'il le veut, et sans doute plaira-t-il à certains, dont je serai si Dieu me prête vie, de demander audience à l'aîné des Capétiens, Bailli grand-croix de dévotion de l'Ordre souverain de Malte et grand maître des ordres royaux disparus, pour en recevoir les conseils et les apaisements, comme on irait rencontrer au Mont Saint-Michel le roi de vitrail qui nous manque terriblement. C'est un joli voyage que celui de Madrid.


Courtoisie de La Couronne (humour)


samedi 15 septembre 2018

Pour l'euthanasie en politique !


Si la Droite a des problèmes, elle dispose aussi de solutions, faut-il encore qu'elle s'en saisisse. Je ne parle pas ici des écuries de course mais des gens de droite qui ont mal placé leur confiance et doivent se ressaisir. Macron a mis la Droite (comme la Gauche) au pouvoir et dans l'opposition en même temps, le plus sûr moyen de casser la coquille de noix. Mais ceci se joue au niveau politique sans vraiment impacter les Français qui dans leur ensemble laissent à Macron le bénéfice du doute dans son combat pour la destruction des syndicats, de la SNCF et tous les "en F", des fainéants et des allocataires à vie. Il est vrai que les représentants des partis de gouvernnement étaient loin d'être convaincants, usés par la prébende, l'âge et des discours ringardisés que plus personne n'entend. La Droite institutionnelle et la Gauche institutionnelle qui ont présidé, chacun son tour, à notre affaissement sont en soins palliatifs ; il faudrait maintenant les débrancher et foutre tout ça au cimetière des éléphants.

A l'horizon du siècle qui recule à mesure que le temps passe, se lèvent de nouvelles idées, de nouvelles gens, peu encombrées de codes "utiles" à leur carrière, peu formatées aux idées vieilles du XXè siècle mais instruits des choses de notre temps. C'est la génération anarchique d'Internet et d'ailleurs, c'est l'intelligence numérique qui prélude à l'intelligence artificielle qui terrorise les vieux (mais pas tous), et pour certain une intelligence pure sans béquilles. Ils apparaissent dans tous les camps pour aussitôt s'en échapper parce qu'ils ont plus d'énergie que la moyenne. J'en citerai quelques-uns qui m'apparaissent aussi sincères de convictions qu'intelligents dans leur concrétisation : Stéphane Bern, infatigable, l'abbé Pierre des tombes et châteaux, Mounir Mahjoubi, startuper avec un CAP de cuisine, Gérard Depardieu qui, à Pyongyang, a converti Yann Moix à l'aristocratie du verbe, Cédric Villani, "nobel" de math avec une araignée prête à sauter au plafond, Marlène Schiappa, femme au pieux comme au moulin, jamais en retard d'un revers sur le court, puis deux cents génies méconnus que l'on ne connaît pas encore, avant que d'arriver à la plus prometteuse, Marion Maréchal qui "fait" plus qu'elle ne parle, à preuve son ouverture de l'ISSEP de Lyon, montée sur fonds privés, une première depuis la construction du réseau des écoles hors-contrat de la Fraternité. Il faut des sous, il faut la manière de les obtenir. A ceux qui doutaient de sa détermination - ne l'avait-on pas vue se faire bronzer sur la plage dans les bras d'un fasciste italien ? (c'est de l'humour)- elle a répondu par la médiatisation de la rentrée des classes dans son école. Qu'est-ce l'ISSEP ?



C'est l'Institut de Sciences Sociales Economiques et Politiques (clic). Le site Internet, remarquablement dessiné, vous dit tout et qui fait quoi. On peut bien sûr s'y inscrire. J'ai choisi la présentation de la patronne et fondatrice de l'institut. Elle nous signale être épaulée d'un club de chefs d'entreprises partenaires qui assurent la période d'application et mentionne des stages d'aguerrissement qui sonnent bien à mes oreilles de vieux reître.



Quand elle aura réussi dans cette entreprise difficile, même si l'établissement est déjà prisé parmi les publics de droite - Yves-Marie Adeline avoue avoir attendu toute sa vie la création d'une telle école - Marion Maréchal pourra revenir en politique avec un titre sérieux - directrice générale d'une grande école - et une autorité morale confirmée. Nous avons besoin d'air frais, d'un esprit délié et cultivé, d'expérience et de charisme. S'y ajoute le courage d'avoir rompu avec l'entreprise titaniquesque de sa tante et la pathologie de l'aïeul abonné à l'autodestruction de ses projets. Il faudra attendre un peu et 2022 est trop proche, mais tout s'éclaire pour 2027. Patience !

vendredi 14 septembre 2018

Chasse, viande et traditions

La lettre de Pierre Van Ommeslaeghe, prof de philo à... (faut pas le dire) est ouverte. Il est donc possible de la diffuser sous licence Creative Commons. La voilà telle quelle, seule la toile et le fusil sont de mon cru. Rien à ajouter, 100% d'accord.

Compagnie des Palanges

L’ouverture de la chasse, dimanche dernier, semble vous avoir particulièrement excités. C’est d’abord la baisse du prix du permis national de chasser qui vous a scandalisés. Rappelons que le droit de chasser pour tous est une conquête de la Révolution française. Souhaitez-vous que cette pratique soit de nouveau réservée aux plus riches ? C’est ensuite la RATP qui censure la campagne publicitaire de la Fédération nationale de la chasse, « Les Chasseurs, premiers écologistes de France », et fait modifier les affiches. C’est, enfin, un déchaînement de haine de la part de certains végans et de prétendus écologistes, voulant interdire purement et simplement la chasse, quelle qu’elle soit.

Pourtant, s’il est des amoureux de la nature, qui la connaissent, ce sont bien les chasseurs. Qui n’a jamais parcouru la forêt un matin d’automne, le nez saturé d’odeurs, l’oreille aux aguets, l’œil rempli de bruns, d’ocres et de vert, ne peut dire qu’il aime la nature. Le chevreuil qui traverse le chemin, le sanglier qui déboule, le lièvre qui détale, c’est la cerise sur le gâteau. Quel écolo-bobo peut distinguer un canard souchet d’un colvert ? Un hère d’un daguet ? Une martre d’une fouine ? Comment se prétendre écologiste quand on est incapable de distinguer une buse d’un milan ? Vous ne comprenez pas que l’on puisse aimer les animaux et en tuer ? Ceux d’entre vous qui ne sont pas végétariens sont hypocrites. Ça ne vous gêne pas de manger de la viande pourvu que vous ne sachiez pas comment elle est arrivée dans votre assiette. Mais quel est l’animal qui a connu la meilleure vie ? La vache cantonnée dans une stabulation toute sa vie à manger, au mieux, du foin ou le chamois qui l’a passée à brouter dans les montagnes ? Le chasseur qui mange une bécasse l’a débusquée, visée, tuée. Il sait réellement ce que signifie manger de la viande. Cela signifie tuer un animal. Il l’a tuée avec le moins de souffrance possible (pas comme dans certains abattoirs) et respecte un plan de chasse qui limite les prélèvements.

Certains d’entre vous, plus cohérents, ont fait le choix de ne plus manger de viande. Pour autant, je ne doute pas que, cet été, vous avez tué des guêpes, des mouches, des moustiques. Pourquoi serait-il immoral de tuer un sanglier, pour s’en nourrir, et moral de tuer un insecte parce qu’il nous importune, voire simplement parce que nous en aurions peur ? Au contraire. Les populations d’insectes, une des bases de la chaîne alimentaire, sont en effondrement. Depuis 1989, il y aurait 80 % d’insectes en moins. Par contre, les populations de sangliers sont en expansion. Les agriculteurs se plaignent de leurs dégâts et reprochent aux chasseurs de ne pas en tuer assez (près de 700.000 l’an dernier, pourtant, deux fois plus en vingt ans). Si on ne les chasse plus, ils risquent fort de dévaster les cultures ; voire de s’inviter dans vos jardins comme cela est déjà arrivé.

Vous voulez préserver la biodiversité ? Mais ce ne sont pas les chasseurs qui la mettent en danger. Beaucoup de programmes pour la protéger sont mis en œuvre par leurs fédérations départementales. Ce qui met cette biodiversité en danger, ce sont les éclairages nocturnes ; c’est l’artificialisation des sols, notamment à cause du développement des centres commerciaux ; ce sont les produits phytosanitaires épandus dans les champs ; les plastiques rejetés dans la nature. Souvent les conséquences du mode de vie citadin qui est le vôtre.
PVO
(publiée sur Boulevard Voltaire le 10 septembre 2018)





Postscriptum du 15.09.2018

Sur Boulevard Voltaire hier, M. Eric Madigand apporte la contradiction au plaidoyer pour la chasse de Pierre Van Ommeslaeghe (c'est ici). Si les pratiques dénoncées existent, elles sont dans leur immense majorité le fait de chasses à parts. C'est une industrie de loisirs par actions. Elle sévit en Sologne mais aussi dans d'autres territoires propices à l'élevage du gibier et aux larges parcours de chasse. S'y adonnent des rupins qui achètent une "action" pour venir le week-end passer la journée, parfois avec des clients, parfois avec leur maîtresse, et qui ne peuvent repartir avec trois grives et un perdreau pour la ice-box de la malle.

On ne fera pas l'injure à PVO de prétendre qu'il ne connaît pas ce dont il parle, comme s'y aventure M. Madigand, parce qu'il vit au cœur d'un territoire cynégétique où l'on chasse derrière son chien, sinon en battue paysanne pour réguler les cochons qui, saturés de glands, descendent vers les cultures.

Quant à parler de "souffrance morale" du gibier, il eut mieux valu dire souffrance tout court ou traumatisme. Le toutou de La Folle de Chaillot n'a aucune morale ; il n'est pas construit pour. Et soutenir que les animaux ne sont pas des objets - avis que je partage - convoque leurs défenseurs à un stage d'une seule journée en abattoirs pour bien vérifier le monde réel et devenir le lendemain végétarien après une nuit blanche.

mercredi 12 septembre 2018

En remontant le méridien (4/4)

Voir l'abstraction lyrique d'un tableau Gutaï en fin de parcours soulage le visiteur de l'oppression d'outrenoir qu'il endure dans le musée de Rodez. La supercherie au goudron, brou de noix et autres noirs monochromatiques s'est déployée par le verbe. Il faut une imagination d'enfer pour "parler" du génie de Pierre Soulages. Le marché ne s'y est pas trompé qui a acheté, "le marché a toujours raison" dit le marchand, affaire de fric.
Mais le musée est beau, intérieur comme extérieur, et à l'instar de son aîné ruthénois, le Denys-Puech qui a rangé les sculptures du Grand Prix de Rome au sous-sol, il pourra dans trente ans s'utiliser pour exposer d'autres peintres, d'autres œuvres, du bel art, du grand art. Le multiplexe cinématographique qui voisine avec le musée est tout à fait en harmonie, l'ensemble est réussi. Merci Monsieur Censi.

La remontée vers le nord nous a laissé le temps d'errer en plaine de Garonne, un pays vide de gens entre Toulouse et rien, qui m'a fait revenir bien des souvenirs d'enfance et d'après. La souche de ce côté de l'arbre généalogique était à Samatan et à Pins-Justaret, mais mon aîné s'y ressource avec courage et écologie pour déplacer la montagne d'une rénovation immobilière qui tourne au barrage cambodgien de Marguerite Duras. La famille mettra Sisyphe dans ses armoiries !
Muret bientôt et un lycée Pierre d'Aragon qui commémore certainement la mort au combat en 1213 du roi Pierre II, venu prêter main forte au comte de Toulouse dans la première croisade des Albigeois. Plus fin tacticien que lui, Simon de Montfort, qui a son tour périra devant Toulouse cinq ans plus tard, l'y tuera à un contre dix. La rocade extérieure de la capitale aéronautique passée, c'est tout droit vers la A68, Rabastens AOC, Gaillac AOC etc...

Arrivés tard à Rodez, nous nous risquâmes en ville pour dîner. Ville ? La "ville" était vide de chez Néant ! Aussi vide que Saint-Martial au quinze août (voir le numéro 2/4). Il faisait douze degrés à l'ombre et la bise du nord ne nous laissait aucune autre chance que d'entrer dans une crêperie... bretonne ! Bon, ça reste celtique quand même. C'est le lendemain au saut du lit que nous courûmes au Soulages, surtout pour dire après que nous l'avions vu.
"Alors, alors ?"
Pas compris ! Désolé.


Rodez, ville malade : la moitié basse de la Rue Béteille, une très longue pente (en fait la RN88) qui monte à la cathédrale de grès rose que le monde entier nous envie, est sinistrée. C'est Alep. Tous les commerces sont fermés et les vitrines passées au blanc d'Espagne. Soit la mairie a projeté une opération immobilière d'ampleur, mais avec quel argent, les impôts locaux socialistes d'ici sont si démentiels qu'ils chassent les contribuables ; soit personne ne rachète fonds et murs au décès des propriétaires qu'on enterre dans des boîtes en carton biodégradable pas cher ! Des promoteurs privés construisent en revanche de gros ensembles sur le tour de ville pour sans doute achever de vider le département de ses habitants qui viennent tous s'agglutiner dans le Grand Rodez à proximité des cliniques, et dans le même temps ruiner les propriétaires fonciers d'aujourd'hui en faisant s'effondrer les loyers dans l'ancien, loyers qui sont déjà parmi les plus bas de France. Il faut dire que l'Aveyronnais, capitaliste né, s'est jeté dans les dispositifs d'acquisitions immobilières à compte de locataires sans trop mesurer le stock de preneurs disponibles. Il y a pléthore d'offres, et les locataires ne veulent entrer que dans un logement neuf ou récent. Dix euros/mois le mètre-carré du trois-pièces traversant et ensoleillé, refait neuf aux normes actuelles, charges comprises. On descend à six ou sept euros si la surface augmente ; et c'est bien moins cher encore dans la ville étroite. Pas d'issue !

Deux bouteilles de Marcillac AOC à l'épicerie du coin et roule bolide... On dévale la rue Saint-Cyrice à pic pour rentrer par Conques, tout droit... Mazette ! "Il" a frappé ici aussi : les vitraux de remplacement à l'église sont du même faisan, ondulations voire barres noires sur verre transparent et bleuté. Les moines ont payé ça ? Quelqu'un leur a dit de faire plus moderne, plus dans le vent du progrès... et le miracle roman de l'abbatiale de Conques a été sérieusement entamé par le vulgaire et le lucre. Quand on sait ce que fut l'abbaye de Conques, son lien spécial avec Saint-Jacques de Compostelle, son rôle dans la Reconquista au sein de la maison d'Aragon, j'en pleure ! On donne l'ouvrage à un baratineur sans talent qui fait marcher son petit monde au bagout sans cesser de compter. Il ne reste plus qu'à espérer la visite de quelque Rockefeller pour mobiliser des crédits d'indignation et revenir aux couleurs d'origine qui changeaient avec les heures du jour et le temps qu'il fait. Décidément Soulages n'est que vent qui passe par la tuile à loup.


Dans l'après-midi, nous franchissons le col de la Fageole pour entrer bientôt en "France" en laissant derrière nous le dernier évêché méridional, Saint-Flour : contrairement à ce que disent les mauvaises langues, les Sanflorains ne chuintent pas. Le reste du voyage est sans intérêt, Bison fûté a vu orange vif ; il ne s'est pas trompé. La route est de plus en plus longue qui permet de rêvasser aux pays quittés. Au fier et luxurieux comté de Foix par exemple, où "sévit" jadis la plus lascive et amoureuse des Croyantes du XIIIè siècle sous l'Inquisition occitane. Béatrice de La Gleize, successivement barouneto de Roquefort-les-Cascades puis de Dalou, que sautait son confesseur, Pierre Clergue, curé de Montaillou, une paroisse infestée d'hérétiques. Le brigand usait d'une magie contraceptive dont on a perdu la composition et qui nous aurait sauvés de la loi Veil. Je cite le carnet d'inquisition de Jacques Fournier, futur Benoît XII (cf. le manuscrit 4030 de la Vaticana pour qui aime les procès croustillants). C'est elle qui se confesse pour l'absolution de ses pêchés et accessoirement éviter le bûcher (ça a marché):
« Le curé portait quelque chose d'enroulé et de ficelé dans une étoffe de lin, de la grosseur et de la longueur d'une once ou de la première phalange de mon petit doigt, auquel était attaché un cordon qu'il me passait autour du cou. C'était, paraît-il, une plante. Il la faisait descendre entre mes seins jusqu'au bas du ventre. Toutes les fois qu'il voulait me connaître, il la plaçait à cet endroit, et l'y laissait jusqu'à ce qu'il eût fini. Quand il se levait, il me l'ôtait du cou. Si dans la même nuit il voulait me posséder plusieurs fois, il me disait : "Où est la plante ?". Je la retrouvais en la tirant par le fil que j'avais au cou. Il la prenait et me la mettait de nouveau au bas du ventre, la ficelle passant toujours entre mes seins... Je lui demandais un jour de me confier cette plante, il me répondit qu'il s'en garderait bien parce que je me hâterais, n'ayant plus peur de devenir enceinte, de me donner à d'autres hommes...»
Il la connaissait bien ! La belle se sauvera par le récit de ses aventures amoureuses devant un tribunal très attentif, et confiera s'être à la fin mariée, veuve de Dalou, en Aragon devant notaire, hors de l'Eglise et du sacrement obligatoire, avec un certain Barthélémy Amilhat, précepteur de ses filles du second lit, et prêtre catholique bien sûr. Une vraie nature.

Comme un fait exprès, on approche du pays de la Pucelle. Il faut contourner Orléans par la droite sauf à dormir dans la voiture. On finit par s'embrouiller en ville et sur les voies du tramway avant que de choisir de monter au compas. Soleil à gauche c'est le nord. Ouf ! La retenue de trafic a ceci de bien qu'en aval il n'y a plus personne. Afin de décrasser la vanne EGR, nous avons pu remonter la A10 par la file de gauche au grand galop avec des modèles rapides qui s'ennuyaient autant que nous. Finalement Maserati c'est bien, on ne voit jamais que le coffre et c'est une voiture trop rapide pour mon petit rétroviseur. Y en-t-il d'abordables sur le Bon Coin ? Des comme ça par exemple au prix d'une Twingo GT :

Une Quattroporte Sport GT à V8 Ferrari, quel design et le son !




0.- Prologue du voyage
1.- Poursuite du voyage
2.- Au soleil couchant du Languedoc
3.- Jusqu'à l'océan !
4.- En remontant le méridien


TERMINÉ ! REMETTRE LA CLÉ DE CONTACT AU CLOU !



mardi 11 septembre 2018

50 minutes de pause à New York !

Penn Station - 254 West 31st Street, New York, NY 10001




NO COMMENT JUST ENJOY !



WHY NOT TONIGHT ?

3 oz. rye whiskey
1 oz. sweet vermouth
3 dashes angostura bitters
1 maraschino cherry
1 iceberg
= 1 Manhattan

C'est con les canards, mais ça fait cossu*

C'est ainsi que le dernier empereur de la Cité interdite regardait chaque matin le miroir de la Tongzi que ridait le sillage des mandarins, parés de couleurs de vitrail sous le soleil rasant. Il leur jetait des poignées de blé écrasé et parfois de l'avoine à chevaux, puis il retournait à ses eunuques, autorisés à passer les portes du palais dès le petit matin, pour en recevoir l'hommage et les conseils timides. De la même manière à cent ans d'intervalle, les princes d'ici en situation d'accéder mais privés de miroir, regardent entre deux biscottes beurrées leur écran bourré de flagornerie courtisane. Dans le tiroir ils prennent des parchemins tout neufs et des médailles pieuses qu'ils jettent aux connards, euh... aux canards de la cour, mais pas basse. Et eux de réciter : "Vous z'êtes le plus beau des z'hôtes de ce bois". A dire vrai, aucun n'a de canards, ni de mare ou d'étang... c'est une allégorie !
(*) Michel Audiard in Cent Mille Dollars au Soleil d'Henri Verneuil

Il est très curieux de voir la dérive d'emmurement des prétendants au trône en ce début de siècle, surtout de celui dont on croyait l'esprit plus délié que la moyenne de ses concurrents. A l'heure de la cinquantaine, il s'enferme déjà dans son "château" de Dreux qu'il fait visiter comme un nouveau riche, joue au seigneur féodal mais sans fief ni censive, pavoise sa tour à son chiffre, remet des trophées aux gueux d'en-bas, sonne du cor du haut de chez lui pour fêter les champions du monde, fait partir la course cycliste, retranche ses enfants de l'école et, et, et... promeut les intérêts d'une fondation partisane qui défend des idées pro-vie - qui sont un peu les miennes - mais qui, dans une logique de récupération du pouvoir, le coupe des deux-tiers des Français qui devront un jour le plébisciter. Donc, même s'il ne le souhaite pas, il sort du jeu.

Son père, titulaire d'une charge virtuelle sans avenir à son âge, se confit en jeux de rôles, créant des ordres de chevalerie et des croix qui meublent ses longues soirées sous tisanes, court les messes de repentir et maintient à leurs frais une palanquée de chevaliers d'opérette enthousiasmés par des "titres en attente". C'est le pain dur qu'on jette aux canards de la mare que nous évoquions plus haut. Feu son père en faisait grand emploi pour son argent de poche. Ce microcosme confine au nanocosme mais qu'importe, il n'y a que peu de place devant l'âtre armorié !

L'abandon chez le parti d'Orléans du camp clos et, selon la formule de Brantôme, de ses combats à outrance, devrait réjouir les partisans de l'aîné des Capétiens, duc d'Anjou à ses heures, occupé à Madrid par ses affaires, sa famille et son clan, mais toujours prêt à se rendre disponible pour jeter lui-aussi du pain dur à ses canards français. Ô Dieu des Francs ! le voila parti combattre le gouvernement espagnol à la tête d'une fondation nationale franquiste héritée de sa mère, nouvelle duchesse de Franco à la mort de la sienne, fondation menacée de délégalisation par une partie des Cortes de Madrid, ce qui normalement devrait pousser son président à prendre le maquis comme dans la période carliste. C'est vrai qu'on commençait à s'emmerder ! N'est-ce pas Bauffremont, euh... Monsieur le Duc ?

Amerrissage impeccable !

La doxa anti-franquiste française lui interdit désormais de briguer le trône de France avec le minimum de chances nécessaire, au milieu de la République établie dont le cœur a toujours penché pour les républicains espagnols. Ce fait nouveau n'est pas mortel en soi pour la Cause, mais peut le barrer des manifestations régaliennes du souvenir où il est automatiquement invité, comme la messe anniversaire de la création des Invalides par son ancêtre Louis le Grand. Serait alors fini le plan "com" de l'Institut de Bourbon qui vise à imprimer son visage et sa prestance dans l'opinion à travers des manifestations qui ne mangent pas de pain politique et ne gênent pas les pouvoirs en place. Alors comme chez les D'Orléans à l'époque du défunt comte de Paris, sautera-t-on l'héritier de Louis XIV, incapable par immoralité et défaut de tenue correcte en Valle de Los Caídos, pour adouber son fils ?
L'espérance légitimiste ne pourrait que s'effondrer, car elle roule sur des lois à écartement fixe comme des rails de chemin de fer. Depuis la résurgence des Bourbons après la seconde guerre mondiale, les lois irréfragables du royaume ont été dès le départ le leitmotiv de la revendication légitimiste contre la branche cadette usurpatrice. Tout le principe dynastique partirait à l'eau, les ultrabrites nous le confirment : le peuple ne choisit pas son roi, Dieu y pourvoit. Circulez !

C'est à ce stade que l'on devrait se disputer sur la logique céleste qui a laissé crever le projet capétien issu du sang du roi David pour le relancer sur des bases en l'état improbables, si tant est qu'on les connaisse un jour. A part le roi d'au-delà des mers, le bateau blanc ou le retour de John Frum, je ne vois rien que je puisse expliquer pour faciliter la restauration par le Ciel en la reliant au passé. Et cela tombe très bien, l'affaire étant de foi plus que de raison, s'acharner à convaincre relève de l'intercession divine ou de la foudre ; à quoi j'ajouterais qu'on tue plus pour la foi que par la raison.

En attendant l'hypothétique renfort de la Providence, nous devons parler de monarchie tous les jours ou presque et ensemencer l'opinion à l'idée d'une famille royale, en lieu et place d'éphémères locataires de l'Elysée qui n'ont pas l'intérêt du pays chevillé au cœur comme des rois, ne possédant par eux-mêmes qu'un infime fraction du patrimoine, mesurable en toises, parfois à crédit ! Une personne étrangère au microcosme m'assurait tantôt que les émirs du Golfe, les princes de Monaco ou de Liechtenstein, le sultan de Bruneï et dans une moindre mesure les rois et reines du Nord, se démènent pour le bien commun et la perpétuation de leur monarchie parce qu'elle leur appartient, c'est leur "chose". A qui appartient la République française ? On le saura quand la banqueroute publique aura tari les prestations sociales généralisées à compte d'autrui. Se lèveront alors les contributeurs contre les assistés en colère ! La guerre de tous contre tous, la Gaule éternelle quoi ! Et personne au-dessus de la mêlée pour couvrir le vacarme et faire entendre raison, au canon s'il le faut.

D'accord, ce n'est pas tendance ! La famille royale l'est-elle encore ? Je vais de ce pas donner à manger aux canards. Les miens sont des colverts. 后会有期。À tchao, bonsoir !




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