jeudi 29 novembre 2018

DEMOS KRATOS


Le peuple des Gilets jaunes est le peuple tout court dès lors que 84% de la population les soutiennent. Son message n'est pas inaudible ou désorganisé, mais simple : ils disent à l'Etat : « vous nous faites mal, nous avons mal !»
Et ils ne se trompent pas d'interlocuteur dans un pays tout-Etat comme le nôtre. A la réserve près que la Nomenklatura est habituée à défendre en fond de court chez elle à Paris et pas sur quinze cents rond-points ! Les Etats généraux de Versailles où le roi s'endormait ne sont plus possibles puisque le "peuple" récuse ses représentants, mal-élus pour la plupart sinon couchés. Le "peuple" exerce sa souveraineté à sa place chez lui et pas dans les parcs à huîtres parlementaires qu'on lui a désignés. C'est le Demos Kratos.
Une forme de révolution qui ne dit pas son nom (au début elle ne s'appellent pas comme ça) mais qui dynamite la constitution-même du régime politique imposé et ses fameux corps intermédiaires à l'embouche. Ils sont maintenant trop gras pour trouver l'agilité intellectuelle qui transformerait l'insurrection en évolution. Ceux de la technocratie régnante, qui persistent à croire que tout est dans la faiblesse des explications, seront les premiers à la lanterne parce qu'ils ne se méfient pas. D'autres, venus du monde réel, supputent une vague scélérate qui peut tout emporter sauf la ruine. D'ailleurs les palinodies des pouvoirs publics d'étage régalien ne trompent même pas ceux qui s'y adonnent. Des gens comme Edouard Philippe, Marc Fesneau, Bruno Le Maire et même Gérald Darmanin et François de Rugy ne croient qu'à moitié ce qu'ils sont obligés d'expliquer sur injonction du Château. Ils savent les réalités remontées du terrain mais surtout connaissent la mécanique du désastre quand le ressort de la montre commence à actionner la roue dentée des lendemains meilleurs.

Pour rester pratique, le mouvement des Gilets jaunes est comme le bâton merdeux plus facile à prendre qu'à lâcher. Aucun schéma de gestion de crise ne s'applique. Le mouvement est insaisissable par les subterfuges traditionnels. Et c'est bien pourquoi Jupiter tente de noyer le mécontentement dans le labyrinthe d'une usine à bavardages sur tout le territoire, dès lors que le faire à Paris devient dangereux. Mais bavarder trois mois n'aboutira pas, les hausses de janvier et deux ouragans de neige vont aggraver le ressenti du mépris jusqu'à la haine. Demain tout est possible, en pire !

Quelques voix se sont élevées pour désigner le régime obèse d'Etat-providence comme cause originelle du malheur, puisque plus de la moitié de la valeur ajoutée par l'activité des hommes nourrit la stratification administrative du pays et n'y suffit même pas puisqu'il faut compléter le racket fiscal national de fonds empruntés sur les marchés financiers internationaux. Tout est à réformer pour cesser la course à la faillite, si l'on veut que le réacteur redémarre : l'Etat, l'impôt, le modèle social et ses métastases. Après quarante ans de récompenses aux vainqueurs des élections du moment, de gabegie soviétique en croissance perpétuelle, de prestations sociales à guichets ouverts pour tous les non-cotisants d'ici et d'ailleurs, de coulage général des fonds publics dans des fromages républicains appelés hauts commissariats, hautes autorités, commissions, comités, instituts, offices, ligues et partis, on devine que la réforme dépasse les capacités françaises - Schröder était allemand - et que le char de l'Etat peut verser au fossé par la conjonction du mécontentement populaire et du désamour des agences de notation. Effrayées par les images qui détruisent le fameux consentement français à l'impôt, par les comptes publics en déshérence et par l'absence de résultats économiques, elles risquent de nous trouver risqués et de prendre cher pour nous laisser survivre.

Solution ? Aucune.

Utopie ? Oui. Le Demos Kratos doit se retrouver au niveau pertinent de perception, les régions ou les départements, et acter la véritable décentralisation de l'Etat sur les modèles espagnols ou allemands, ou italiens d'ailleurs. L'Etat-nation est mort, la Nation ne peut plus le porter sur son dos, elle vomit.

Reste l'essentiel, le dispositif national qui signe "France" dans les enceintes décisionnaires, on l'appelle "régalien". Stricto sensu dans son périmètre recentré, il doit être confié à des gens compétents, choisis sur examen, et pérennisé par la permanence de ce pouvoir-clef indépendant. Police, Trésor, diplomatie, justice haute, guerre et monnaie doivent être soustraits au débat démocratique pour les préserver des dérives démagogiques, et tout le reste de la vie publique rendu au peuple qui en région s'organisera comme il veut. A quoi sert l'uniformité, le jacobinisme, l'égalitarisme ? à garder les moutons.

Alors tomberont les chaînes de l'idéologie marxisante qui nous a mis à terre, et s'épanouiront la créativité et le génie propre à ce peuple et à tous ceux qui s'y sont agrégés par amour de nous. Un roi et sa famille ne feraient pas mal en pointe dorée de la pyramide pour identifier cet Etat nouveau, d'ailleurs le mot régalien vient de là. Resterait à trouver quelqu'un... On en reparle bien sûr.



lundi 26 novembre 2018

In absentia

[Billet spécial pour initiés sans images ni lien 2.0]

L'histoire du premier quart de ce siècle nous jugera par contumace. On saura plus tard que cette période fut décisive dans le grand bouleversement du monde assis sur une planète en voie de réinitialisation quand furent détruits les paradigmes anciens derrière le dérèglement climatique et le naufrage des démocraties de Westminster.
Des chercheurs à loupes bioniques trouveront de minuscules fossiles dans les strates politiques éteintes qui parviendront jusqu'à eux, et seront surpris de les savoir si jeunes finalement. Au début du XXI° siècle, des fourmis demandaient un roi.
Le monde et le promontoire finistérien de la péninsule européenne qu'on appelait la France aura changé sans nous, sans les royalistes. Bien malin qui pourrait décrire le monde nouveau en cette fin de l'année 2018, mais redire que nous n'existons pas vraiment est fondé sur une réalité constatable dès lors qu'on prend le drone pour survoler le roycoland. Nombreux ont été - et bien avant ce petit blogue grognon - les cassandres qui prévoyaient de grands désordres sociaux rebattant les cartes. Quelques-uns demandaient même que les chapelles et leurs réseaux soient techniquement prêts à pousser les intérêts du roi le moment voulu dans une nation en effervescence, après bien sûr y avoir infusé l'idée de la restauration d'une monarchie moderne. Les chapelains restèrent sourds et sont presque tous partis depuis.

Le mouvement des Gilets Jaunes qui est l'expression d'un mécontentement de synthèse fermentant dans les couches laborieuses et démocratiques (disait Marchais) peut se retourner de lui-même ou presque en sédition populaire. La jacquerie fiscale est exaltée par le superbe mépris des fondés de pouvoir de l'oligarchie qui au lieu de désamorcer les mesures d'injustice flagrante, se prennent le chou à vouloir expliquer aux manants longuement et dans le détail pourquoi et combien ils ont tellement raison de décider à leur place tant ils sont cons. C'est la mission du Haut Conseil au Climat ou à la transition écologique ou énergétique, enfin, un machin pour noyer le grincheux, qui va être instauré demain depuis l'Olympe élyséen. N'importe quel échotier de sous-préfecture prévoit déjà un formidable frisson de refus et de haine à travers tous les territoires. La haute bourgeoisie blindée de thunes et la caste politique qu'elle entretient à grands frais vont-elles se réveiller avec les sectionnaires qui sonnent à la porte à cinq heures du matin, comme en 93, dis ?

Alors ? Alors ? Alors ? Avons-nous ensemencé l'opinion à l'idée d'une alternative à la République des oligarques ? Le grain lèvera-t-il enfin ? Et sommes-nous prêts pour la moisson et la mise au moulin ? QUE DALLES ! Nous n'apparaissons pas (m'a-t-on dit) dans le spectre politique actif sur le corps électoral, même si des spécialistes payés au mois nous mentionneront toujours dans une archéologie politique des droites en France. Mais quid du présent ?

Nous en sommes au même point qu'en 1952 (mort du Martégal). Nous n'avons pas beaucoup avancé ! Si l'on met à part les cellules de dégrisement au vin de messe avec ou sans camisoles - chacun les reconnaîtra - il ne reste, comme structure royaliste ayant l'intention de marquer d'une quelconque empreinte la vie politique de ce pays, que trois chapelles : la Restauration nationale réunie, la Nouvelle Action royaliste et l'Alliance royaliste. Elles n'ont en commun que leur impécuniosité et la faiblesse de leur propagande qui en découle. Aucune n'a jamais suscité l'intérêt d'un mécène, réuni un tour de table voire convoqué des assises royalistes pour organiser le financement d'une diffusion nationale du programme de restauration monarchique, un texte bien fondé et compréhensible en deux pages écrit gros. Ce n'est pas l'envie qui leur manque, ni le talent, mais les moyens de convaincre. Mais faudrait-il encore l'avoir ce programme.

Une seule chapelle en a publié un, l'Alliance royale. Il a un défaut rédhibitoire, c'est un programme à étudier dans une école de sciences politiques mais qui est invendable à l'opinion parce que trop compliqué. Usine à gaz classique où l'on compense un désavantage par un désavantage contraire. Je n'ai pas encore saisi le fonctionnement des collèges électoraux, peut-être par anti-parlementarisme primaire ni l'empilage des ministres d'Etat et Premier.

La NAr propose de réviser simplement la constitution gaullienne de 1958 pour pérenniser le chef d'Etat titulaire, ce qui est une approche pragmatique mais parfaitement confidentielle, personne en France de moins de 70 ans ne connaît ces gens. Reste la grosse chapelle.

La Restauration nationale réunie. Pas plus riche que les deux autres, elle arrive quand même à faire vivre des cellules locales dont certaines sont très visibles en souvenir des camelots du roi. La chapelle AF, qui gagnerait en efficacité à muter en vrai parti politique, publie désormais un mensuel de belle facture dans lequel on peut lire en page 39 son manifeste-programme : le voici, il tient en une ligne : « Défendre en toutes circonstances l'intérêt national et instaurer la monarchie ».
Le plaidoyer pour la monarchie et l'appel au rassemblement pour la réinstaurer est impeccable et se termine par une projection dans le futur où chaque mot compte. Le manifeste complet est en pied de billet. Voici déjà la conclusion :
Parce que le Roi incarne le lien entre l'héritage du pays et son avenir, seule la monarchie décentralisée et représentative garantira le juste exercice d'une puissance durable en répondant naturellement aux besoins d'autorité, de libertés et de représentation du pays réel et en permettant à la France de faire face aux enjeux du monde actuel.
Rien à dire. Mais qui le sait ? Tout le problème est là. Dans les analyses de physique sociale (comme Maurras désignait la politique) l'Action française a toujours eu raison et, après la mort de Maurras, a su se transformer pour coller justement au pays réel, mais plombée par les séquelles de la guerre et subissant la conspiration calomnieuse de ses ennemis elle a disparu des radars populaires ; et je ne veux pas blesser les anciens combattants de la Génération Maurras ou d'autres après eux, mais l'agit'prop de la régie centrale n'a jamais percuté.

Un mot sur le Groupe d'Action royaliste qui a fédéré des militants déçus par l'endogamie des chapelles : Le G.A.R. n’est pas un mouvement politique ni un parti, mais une structure militante tranversale de communication, d’actions et de formation politique, dérivée de l’Action Sociale Corporative qui investissait le champ du compromis social sur les bases historiques derrière René de La Tour du Pin, Albert de Mun ou encore Frédéric Le Play. Elle colle à la tradition du livre et de la trique des Camelots du Roi mais reste critique à l'endroit des capacités de commandement de Charles Maurras qui reste un maître à défaut d'avoir été un chef.


Voilà ! Aujourd'hui les classes laborieuses sont en plein désarroi. Nous avons des réponses qui peuvent les intéresser si nous bannissons le jargon de l'entre-soi et parlons vrai. Réorganiser l'Etat devient une évidence, au moins pour stopper le coulage des impôts et taxes dont nous sommes champions hors-catégorie.
Recentrer l'Etat sur le régalien et le visible, dégraisser à l'os tout le reste, décentraliser la collecte fiscale pour faire monter au front les collectivités locales insatiables de grandeur pour la gloire de satrapes de division 2, cesser la guerre quinquennale qui jette une moitié de la France sur l'autre moitié et condamne les vaincus à subir le gavage des vainqueurs, réfléchir au roi... etc.

Mais comment atteindre ces gens, sans argent, sans parti structuré, sans programme lisible par le plus grand nombre ? Expliquez-moi, je suis tout ouïe. Inutile de m'opposer la supercherie démocratique qui dispenserait de tout effort ou la lieutenance du Christ sur terre. Restons sérieux et raccord avec notre environnement socio-économique actuel.

In cauda, reste la question de personnifier l'offre politique. Nul ne pourra vendre la monarchie avec la famille en attente qui est complètement grillée dans l'imaginaire collectif, et Médiapart ou le Canard enchaîné ne s'en sont pas encore occupé ; pas plus qu'avec le beau franquiste de Madrid que j'aurais choisi en préférant l'athlète au bedeau. A l'impossible nul n'est tenu. Inutile de charger du lest dans un ballon qui n'a pas encore décollé. Paradoxalement les Lois fondamentales qui ferment l'angle sur ces choix imposés, sont le dernier rempart de la République. Il faut repenser le truc. « L’art de la guerre est un art simple et tout d’exécution ; il n’y a rien de vague, tout y est de bon sens, rien n’y est idéologie » disait Napoléon Ier dans le Manuel du chef. Cessons de mâchonner les grands principes, soyons pratiques, modestes, efficaces.

Merci d'être arrivés jusqu'ici.






MANIFESTE




L’Action française est animée par une double préoccupation : elle entend préparer la restauration de la monarchie et, dans l’attente du retour du roi, œuvrer pour la défense de l’intérêt national.

La restauration de la monarchie


C’est en jugeant les institutions selon leur capacité de faire vivre la nation française ou de la conduire à la décadence que les fondateurs de l’Action française ont conclu à la nécessité de restaurer la monarchie. Le nationalisme conduit logiquement au royalisme. La France est le fruit de la politique capétienne, poursuivie durant plus de huit siècles. Aujourd’hui, la monarchie conférerait à l’État des qualités bénéfiques :

L’unité, sans laquelle il ne saurait y avoir d’autorité véritable et qui est indispensable pour garantir l’indépendance nationale. Au contraire, la démocratie divise les français et entretient un état de guerre civile larvée. Les intérêts supérieurs du pays sont sacrifiés aux luttes partisanes.

La continuité et les successions paisibles, conséquences de l’hérédité du pouvoir. Ainsi des objectifs à long terme peuvent-ils être atteints. La continuité du pouvoir monarchique durant huit cents ans contraste avec l’instabilité institutionnelle des deux derniers siècles.

L’indépendance. Elle est la qualité d’un régime qui ne repose pas sur l’élection, laquelle lie le pouvoir à l’opinion publique, l’obligeant à pratiquer une démagogie éhontée pour recueillir des suffrages. Le régime électif est ainsi obligé de centraliser l’administration du pays. Il détruit les libertés locales, municipales, régionales, professionnelles, toutes ces petites républiques à qui le Roi permettait de vivre et de s’organiser librement. Dégagé des soucis électoraux, il serait en situation d’être un arbitre.

La responsabilité. Les intérêts dynastiques et personnels du Roi se confondent avec les intérêts nationaux, tandis que le pouvoir démocratique dilue la responsabilité dans des majorités et des scrutins.

La légitimité. C’est-à-dire un pouvoir s’exerçant en vue du seul bien commun, indépendant des groupes d’intérêts et des puissances d’argent. L’État royal puise sa légitimité dans l’histoire et les services qu’il a rendus au pays au cours des siècles. Il n’y a pas de légitimité en démocratie puisque le pouvoir est le fruit des compétitions électorales et que les partis l’exercent selon les caprices de l’opinion.

Ces vérités politiques, que la réflexion découvre, sont confirmées par l’histoire. La monarchie traditionnelle, chrétienne, héréditaire, décentralisée et représentative a fait la France et l’a conduite à son apogée.

Le bilan des régimes démocratiques, Républiques ou Empires, est autrement lourd : nombreuses invasions depuis 1792, instabilité constitutionnelle, luttes intestines et révolutions, affaiblissement général de la France.

L’Action française travaille donc à changer les institutions politiques. Ayant condamné le régime républicain, elle s’emploie à en débarrasser la nation. Ayant reconnu dans la monarchie la vérité historique de la France, elle s’efforce de la restaurer en la personne du Chef de la Maison de France.

La défense de l’intérêt national


Royalistes parce que nationalistes, les adhérents de l’Action française s’appliquent à défendre l’héritage en l’absence de l’héritier. Ils essaient de limiter les méfaits républicains en les dénonçant par la propagande et en les combattant par l’action.

Ils pratiquent à l’occasion le « compromis nationaliste », c’est-à-dire l’entente avec tous les patriotes pour mener telle ou telle campagne d’intérêt public.

Parce que la nation constitue le plus vaste des cercles communautaires qui soit, au temporel, solide et complet, l’Action française défend la France et ses prolongements outre-mer contre toutes les agressions intérieures et extérieures.

En conclusion, l’Action française convie tous les français à se rassembler sur le seul terrain politique afin de sauvegarder la nation française et lui rendre les institutions qui garantiront sa pérennité. Seule la monarchie répond aux besoins d’autorité, de libertés et de représentation du pays réel et peut permettre à la France de faire face aux enjeux du monde moderne.


samedi 24 novembre 2018

Le Piège

Paris samedi midi. L'insurrection, bon enfant pour le moment, des classes défavorisées n'entre pas dans les schémas de gestion de crise des gnomes de l'Elysée. Et plus curieusement, n'entre pas non plus dans les schémas descriptifs des chaînes d'infox en continu. Elles dénigrent, désinforment, puis au seuil du ridicule allégrement franchi, elles donnent la vraie info du jour, pour reprendre ensuite la démolition sur le canevas de l'Intérieur comme l'a fait Julien Arnaud sur LCI ou Laurent Neumann sur BFMTV quand ce n'est pas Olivier de Lagarde qui s'y colle sur France-info.

C'est Jean Lassalle, qui hier soir dans le TalkShow de RMC/story (où il a failli mettre une baffe au minuscule Barbier en cache-nez rouge) a saisi les tenants et aboutissants du piège Gilets Jaunes. Il est en effet inutile de demander aux "meneurs" leurs revendications puisque les insurgés expriment un mal-être profond, des fins de mois impossibles, l'humiliation d'un mépris de la classe aux affaires qui les domine de toute sa superbe et une colère que les barrages auto-alimentent.
Si vous allez chez le médecin, ce n'est pas pour rédiger son ordonnance mais pour lui donner vos symptômes et en recevoir le remède. C'est aux pouvoirs publics d'établir l'ordonnance, mais cette innovation ne cadre pas avec les logiciels de la technocratie, surtout celui mis en œuvre pour réformer notre société.

Ce logiciel qui aurait convoqué beaucoup d'intelligence artificielle, dit-on, est construit pour forcer l'obstacle, user les revendications dans des consultations fréquentes des parties adverses leur laissant peu de temps de réflexion, quand de son côté la presse accoquinée les met en pièces comme on l'a vu très explicitement dans les négociations ferroviaires. En fait la fracture existe vraiment puisque l'interlocuteur est assimilé à un adversaire contre lequel toutes les techniques dialectiques sont permises, y compris la désinformation (hausse du litre de gasoil due au baril quand il baisse de 20%). Dans le cas des Gilets Jaunes, ça ne fonctionne pas puisqu'il ne revendiquent pas pied à pied des mesures précises et que la dispersion des barrages autonomes ne produit pas un bureau national avec qui parler et qui serait obéi ensuite.

A l'heure où nous mettons sous presse, la manifestation parisienne dégénère en émeute au double effet de l'infiltration d'anarchistes violents et d'une doctrine d'emploi de la force indifférenciée. D'accord, c'est beaucoup demander au préfet Delpuech qui fut incapable de tenir la rue le Premier Mai contre les Black Block, que de gérer intelligemment l'infiltration. Et ne parlons pas du demi-ministre Nuñez qui nous a montré son savoir-faire à Marseille en spectateur impassible de la guerre des narco-trafiquants. Son dispositif visant à canaliser la manifestation vers le Champs-de-Mars, a été facilement percé sur les Champs-Elysées.


Il m'étonnerait fort que l'exercice de communication du président Macron mardi prochain sorte des rails technocratiques évoqués ci-avant même si la dialectique employée est en cours de peaufinement à l'Elysée pour coller aux réalités et aux auditoires. C'est mépriser les gens que d'évoquer un déficit d'explication. Si les pouvoirs publics sont restés sourds au mal-être de la base (sic), ils vont se retrouver cette fois devant un public sourd à son tour, qui ne veut pas "raisonner, comprendre, se lasser". C'est inédit mais le jeune président n'a qu'à s'en prendre à lui-même et à son style arrogant pour ne pas dire provocant. Le portefaix du monde nouveau s'est transformé en tête-à-claques. C'est mortel en politique.

Reste le cautère diabolique sur la jambe de bois. Compenser les taxes et l'insuffisance de pouvoir d'achat des classes populaires par des mesures fiscales d'accompagnement accroît mécaniquement le périmètre de l'Etat obèse, et sans impôts nouveaux qui déclencheraient une révolution sanglante, oblige à emprunter ces libéralités aux pétro-monarchies, augmentant d'autant une dette insoutenable. L'an prochain nous irons chercher pour vivre 225 milliards d'euros sur les marchés de bons (l'Italie à peine plus, 240 milliards). Nous continuons à manger le capital des générations montantes. Elles laboureront nos cimetières pour nous transformer en engrais.

jeudi 22 novembre 2018

Une Bataille de clowns



Confortée par le succès apparent de sa résistance aux supplications anglaises dans l'affaire du Brexit, la Commission européenne tient tête aux dérives budgétaires italiennes, ce qui en touche une sans faire bouger l'autre au Palais Chigi.

Chacun a bien compris que l'inflexibilité des services de M. Moscovici s'adressait plus aux dirigeants des partis populistes au pouvoir qu'à Giovanni Tria, Ministre de l'économie et des finances, sans étiquette. La France fait pire mais on accepte à Bruxelles l'enfumage de Bercy pour ne pas déplaire au jeune Napoléon Macron qui va sauver la gamelle en mai 2019.

L'affaire ne fait que commencer et on pourrait s'étonner du peu d'anticipation de ces messieurs de la Technocratie alogorithmique qui ne voient pas le génie maléfique dans la lampe à Matteo. La procédure de contrainte va s'enclencher par une punition qui pourrait atteindre 2‰ du produit intérieur brut émergé, ce qui est énorme et n'arrangerait pas les comptes publics. Peut-être énivrés par la mise au pas de l'Espagne, de la Grèce et du Portugal, ces messieurs de l'orthodoxie financière pensent faire plier les "Horrorclowns*" du gouvernement italien mais rien ne sera moins simple. Si Paris a pris sans vergogne fait et cause pour la "punition", deux autres acteurs sont attendus sur ce dossier qui pourrait gonfler dangereusement pour les institutions de Bruxelles, les marchés avec la BCE et le Groupe de Visegrad.
* Der Horrorclown comme le Spiegel appelle Salvini
Les marchés sont complètement froids quant aux motifs des uns et des autres, ils constatent le rapport de forces au moment, ajusté des notes de confiance données par les agences. Le spread entre les bons du Trésor italiens et allemands sera plus efficace pour calmer le jeu que les cris d'orfraie bruxellois.
La Banque centrale européenne quant à elle, détient une montagne de bons italiens par le quantitive easing de Mario Draghi et doit maintenir leur valeur au bilan. Il est donc probable que des facilités seront accordées. A noter que jusqu'ici l'Italie transfère chaque année un solde de contribution européenne de cinq milliards d'euros qui pourrait lui servir si éclate la guerre des bons, au seul motif un peu capillotracté, que c'est Bruxelles qui a énervé les marchés en s'immisçant dans la trajectoire de relance économique de la péninsule.

Le groupe de Visegrad qui (sauf Bratislava) n'est pas dans l'Eurozone, considère la crise d'un œil intéressé, attendant d'en saisir son avantage contre Bruxelles. L'Autriche quitte la présidence tournante à la Noël et va peut-être les rejoindre.

Au vu des certitudes de l'Europe sérieuse et profitant du renfort de la reine des Gitans (c'est nous) la Commission va se draper dans les textes d'autorité et se cabrer, jusqu'à ce que ses éternels débiteurs rallient le gouvernement italien dans son combat du faible au fort. L'affaire sortira alors de l'Eurozone pour ouvrir une crise entre le centre et sa périphérie, exactement comme en France. Arriveront à la fin de la "guerre" les élections européennes pour soumettre la querelle aux souverains princes, les peuples européens.
En l'état des positions actuelles on imagine déjà les résultats dans six mois : raz-de-marée illibéral ! En France, second grand corps malade de l'Eurozone, la ruée des mécontents va exploser le compteur des partis nationalistes. Si tout se passe aussi mal que le génie maléfique de Salvini l'aura décidé, c'est une fronde majoritaire au parlement européen qui va s'agglomérer autour et contre le bloc germanique pour rendre la vie impossible à la Commission. Une carte montre mieux de quoi on parle : les peuples rétifs formeraient un continuum de Gdansk à Vienne et Milan et sans doute rejoints par ceux de la France du Nord et de l'Est.



Sortir de cette crise fondamentale, que l'on ne pourra pas nier plus de six mois, ne peut s'envisager que par une consultation générale des populations sur l'avenir souhaité pour l'Union européenne. En fait, revenir au référendum de 2005 ! Et (c'est une marotte de Royal-Artillerie) poser la vraie question qui guidera tout le reste :
Fédération ou Confédération ?

Pour finir sur un radotage à la Caton-le-Vieux : les pays ayant choisi la fédération fusionneront dans le style de la République fédérale d'Allemagne et rejoindront tous les autres dans la Confédération européenne. C'est trop simple !

Charles Barbanès est mort

Il est vraiment triste d'apprendre le décès de Charles Barbanès, animateur infatigable de la Cellule de Recherches sur Internet de Louis XVII, CRIL17, et comme dit l'à-propos de son site : cette cellule de membres appartenant au Corps mystique du Royaume de France en survivance, s'est constituée dans l'espérance de la résurrection du Royaume de France.

Nous avions échangé nos avis sur des fora royalistes puis sur ce blogue et je lui avais quelquefois opposé l'invisibilité d'une descendance du Temple au temps des peines que ce pays a subies et qui auraient justifié son retour. Au cours de ses recherches, Charles Barbanès a excavé un formidable matériau qui a permis de constituer des chaînes de présomptions véritablement fondées, mais il lui a toujours manqué le maillon décisif, infractable. Il est aussi devenu le prisonnier de sa thèse et de ses nombreuses archives, ce qui pouvait être lourd à porter par moment. Mais il continuait avec un incroyable courage comme le montrent ses dernières interventions sur le site de la CRIL17.

La probabilité de sortir ce maillon décisif des tréfonds de l'histoire demeure intacte même si les troubles de la période révolutionnaire ont éparpillé et détruit beaucoup de preuves n'en laissant accessible que leurs commencements. Il est à souhaiter qu'un historien reprennent l'ouvrage où il est tombé des mains de Charles Barbanès et lui fasse un jour l'hommage d'une heureuse conclusion.

Dans le dernier billet RA sur l'affaire Louis-17 et lui répondant directement puisqu'il m'avait transmis ses ouvrages numérisés, j'avais ouvert une fenêtre de recherche que peut-être ses successeurs pourraient explorer et qui disait ceci :
" ... [ils] devraient creuser la question d'outremer, en se souvenant qu'il n'était pas si difficile de traverser l'Atlantique à cette époque, les échanges étant nombreux et fréquents. Les îles françaises de la Mer des Caraïbes étaient trop petites pour cacher un dauphin de France, les plantations de la côte (américaine) étaient infestées de Français des deux camps, mais le Sud-Dakota auquel on accède facilement en remontant le Missouri et où les Indiens comprenaient le français aurait pu convenir."
Mes plus sincères condoléances à son épouse et à sa famille. Il a bien mérité de reposer en paix et souhaitons-lui de connaître là-haut la fin de l'histoire qui a passionné sa vie terrestre.


mardi 20 novembre 2018

Islam en France, LE rapport

Prologue

Al-Mawlid an-nabaoui ou Naissance du Prophète est célébrée le 12 rabîʿ al awal (3è mois du calendrier musulman) et ça tombe aujourd'hui. Christophe Castaner, ministre des cultes, lance le travail d'une réforme des lois anti-cléricales de 1905 à destination de l'islam (et des évangéliques aussi), une occasion comme une autre de faire le point sur la controverse qui enfle chaque jour un peu plus, jusque sur les barrages jaunes du Tiers Etat aux cris de "Rentrez chez vous !" : sommes-nous (1)envahis, (2)devenus "terre de mission" ?
@(1) : oui
@(2) : oui
La France est une vieille amie des Musulmans. Sans remonter aux professeurs arabes de l'École de médecine de Montpellier ou au pacte de François & Soliman, la fréquentation des Maures et des Turcs n'a jamais cessée dans notre histoire. Ce fut dans l'armée du Second Empire que s'établit plus largement le dialogue entre deux préhensions du monde et ce, dès la guerre de Crimée où les Turcos (algériens) tinrent leur place de belle façon. Puis au Mexique, puis en 1870, toujours devant ! On pourrait parler de la Grande Guerre qui motiva l'érection de la Grande Mosquée de Paris, de la Seconde et du Tata de Chasselay etc... Il en reste un régiment de Spahis et un de Tirailleurs dont les tenues ou les insignes parlent d'eux-mêmes.


Cette collaboration s'est doublée après-guerre d'une population de travailleurs berbères puis arabes dans nos usines et sur les chantiers de plein vent, population que l'on vit aussi sur les marchés, dans des échoppes orientales où se vendaient de l'huile en jarre et des olives en vrac. A la différence des intégristes d'aujourd'hui, ils ne voulaient ni nous convertir, ni nous imposer leur mode de vie dans l'espace public et, de vous à moi, ne pratiquaient pas beaucoup, sauf à fêter les dates rituelles de l'islam. L'islam endormi, dirait Ferhat Mehenni, dirigeant kabyle en exil à Paris. Tout a changé !

Le débat du grand remplacement agite autant de craintes que de bêtises et personne de sensé ne le nie. Il suffit de sortir de chez soi, jusque dans la plus paumée des sous-préfectures, on croisera un homme à barbe et babouches en chemise de nuit. Est-il là pour nous remplacer ou vient-il tel le coucou dans le nid d'autrui vivre sa charia chez les autres ? Le pays est islamophobe au sens littéral qui veut dire qu'il a peur. Les phobies ne sont pas bonnes conseillères en France où l'on a toujours massacré autrui pour desserrer l'étau de l'angoisse, et de nous proclamer "civilisés" ne sert qu'à enfouir cette pulsion de détruire la cause du tourment au plus profond de nous-mêmes sans l'annihiler pour autant. Les pouvoirs publics refusent de prendre la mesure de cette fermentation parce qu'elle les condamne : cela fait presque vingt-cinq ans que la mèche a été allumée (sous Chirac) et que la classe politique dite de gouvernement a refusé d'en suivre la pyrotechnie. Que faire, que dire ? Pourquoi le saurais-je ?






Par contre l'Institut Montaigne a publié le travail d'un normalien passé aux affaires, qu'il présente en quelques mots:
Hakim El Karoui, agrégé de géographie, a enseigné à l’université Lyon II avant de rejoindre le cabinet du Premier ministre en 2002. Après un passage à Bercy, il rejoint en 2006 la banque Rothschild. En 2011, il rejoint le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger où il est co-responsable de l’Afrique et du conseil au gouvernement français. En 2016, il fonde sa propre société de conseil stratégique Volentia. Il est également essayiste et entrepreneur social et il a créé le club du XXIe siècle et les Young Mediterranean Leaders.

Le rapport qui ne mérite pas le tiroir fait 620 pages que vous pouvez télécharger ici. L'institut en offre en plus gracieusement, deux moutures plus digestes : une version abrégée (clic) de 90 pages à lire dans le métro et un résumé exécutif (clac) de 8 pages destiné aux journalistes des chaînes d'information continue ; mais sur son site, il développe le travail avec honnêteté. C'est la conclusion que nous allons reprendre ici, et pour la critiquer il faut au moins avoir ingéré d'abord la version abrégée. Le Piéton n'est pas d'accord avec toutes les propositions formulées par M. El Karoui, mais à défaut de pouvoir proclamer le Grand Rembarquement, il essaie de les comprendre et de les retenir.

Le long article de l'Institut Montaigne "La Fabrique de l'islamisme" avec animations, tutoriels et liens méthodologiques vers d'autres travaux dans le même domaine est accessible ici. C'est assez énorme. Voici les conclusions exécutoires et un petit avis de Royal-Artillerie à chaque fois (RA1...7):


« Il ressort de notre analyse (ndlr: c'est el-Karoui qui parle) que l’islamisme est une véritable idéologie, très mal connue en Occident, un récit global qui vise à donner une explication au monde, un sens à la vie, un destin collectif aux musulmans ; il pense par lui-même avec ses propres concepts, sa grille d’analyse et sa vision du monde. Les valeurs portées par l’islamisme sont bien souvent orthogonales aux valeurs occidentales, d’où le sentiment de confrontation que beaucoup d’Occidentaux ressentent face à l’islamisme. Et ce n’est pas la peur qui doit nous guider pour imaginer une réponse. C’est plutôt la raison. »

RA1 : Première déduction, les deux paradigmes occidental et oriental pour faire court ne sont pas miscibles. Il faut du courage pour continuer à raisonner, mais l'auteur a su montrer qu'il en avait pas mal. On dit aussi qu'il a l'oreille du président.

« En France, il faut créer une institution chargée d’organiser et de financer le culte musulman (formation et rémunération des imams, construction des lieux de culte, travail théologique et lutte contre l’islamophobie et l’antisémitisme) : l’association musulmane pour l’islam de France (AMIF)... Par ailleurs, il est essentiel de disposer d’un discours religieux musulman en français alternatif à celui aujourd’hui dominant sur les réseaux sociaux, le discours salafiste. A l’image du dispositif PREVENT mis en place par les Britanniques, la France doit se doter de moyens et de réseaux importants pour diffuser ce contre-discours. »

RA2 : On comprend que la queue de trajectoire serait d'extirper l'islam de ses origines bédouines, mais serait-il pensable d'expurger la Bible pour la mettre à la "mode d'aujourd'hui" ? Cet aggiornamento lèvera contre lui toutes les forces intégristes de l'islam. Qui sera capable de résister ? D'expulser en masse les imams étrangers ? Castaner ? Macron ? Wauquiez ?

« Réinvention de la promotion du discours républicain. L’islamisme prospère sur de nombreux ressorts, parmi lesquels le sentiment, dûment relayé, d’un vide du discours public qui va bien au-delà du simple discours politique. Or, la République doit affirmer son modèle comme un modèle ouvert mais fondé sur des valeurs, des principes et des règles dont la normativité n’est pas discutable. »

RA3 : le problème est que le discours républicain n'est plus d'acception commune. Il est de plus en plus discuté, au début par les extrêmes des deux bords, maintenant au sein de la classe moyenne centriste qui voit ses propres valeurs dévorées par les normateurs de l'oligarchie. Les "valeurs" proclamées et jamais explicitées ne sont rien moins que les valeurs naturelles à l'humanité. Elles ne seront pas suffisantes à contrer le fanatisme du discours intégriste qui créé une humanité nouvelle de droit divin jusqu'à soutenir en chaire au fin fond des déserts que la terre est plate.

« Mobiliser le ministère de l’Éducation nationale : former les cadres et les enseignants à la laïcité qu’ils ne connaissent pas toujours. Leur apprendre à interpréter les manifestations de l’extrémisme religieux aussi. Comprendre ce qui est admissible au nom de la liberté de croyance et ce qui ne l’est pas parce que cela viole cette même liberté de croyance (qui est aussi celle de ne pas croire) est crucial. »

RA4 : On demande beaucoup au corps professoral, déjà insuffisamment formé à son métier de passeur des savoirs et franchement mal payé. La réforme des esprits ne peut tout entière s'opérer à l'école, même si des cours de morale seraient bienvenus. C'est d'instruction qu'il s'agit d'abord, le reste est à négocier hors les murs de l'Éducation nationale qui a déjà échoué sur son propre titre. Quant à proposer la langue arabe dans les options scolaires comme le demande le rapport, c'est un autre débat qui ne croise pas nécessairement l'organisation de nos défenses culturelles.

« L’État doit mieux s’organiser pour savoir d’abord précisément ce qu’il se passe, au-delà des questions liées directement à la sécurité et à l’ordre public. Si des mesures fortes et utiles ont été prises pour gérer les individus les plus violents, tout ce qui se situe en amont du phénomène est méconnu et peu pris en charge. L’État se doit d’améliorer la connaissance des tenants idéologiques et des aboutissants politiques et sociaux de l’islamisme... La question diplomatique est également cruciale dans le dispositif de résistance à l’islamisme. Tout d’abord, un travail d’explication doit être entrepris vis-à-vis des pays qui financent et tentent de contrôler leur communauté d’origine tout en ayant des leviers politiques sur la France. »

RA5 : Le renseignement intérieur n'est qu'une question budgétaire. On sait faire depuis Fouché. Par contre les contre-feux diplomatiques demandent une certaine force de conviction appuyée sur des finances en ordre et des armées plus "impressionnantes" que les nôtres aujourd'hui, outre les moyens d'intervenir où bon nous chante pour jouer notre avantage. Ce ne sont que des rapports de force que l'on peut dissimuler derrière des communiqués apaisants, mais à la base, c'est du brutal.

« Une coopération religieuse avec le Maghreb et les pays du Golfe est à envisager sérieusement. Nous avons donc des intérêts communs dans le champ religieux. Dès lors, la coopération devrait se pencher, outre le développement d’un contre-discours face aux terroristes et l’organisation du pèlerinage, sur un travail théologique dont l’objectif serait de trouver les bonnes réponses aux concepts salafistes saoudiens qui posent tant de problèmes en France. C’est le paradoxe de la situation : la propagande saoudienne est à l’origine du développement du salafisme. Mais, l’on ne combattra pas efficacement le salafisme sans l’Arabie saoudite. L’arrivée de Mohamed Ben Salmane, le prince héritier, est de ce point de vue une opportunité. »

RA6 : c'est raté !

« La montée de l’islamisme est également un sujet européen. Il mérite la mobilisation des institutions, notamment le Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE), pour faire évoluer leur façon d’aborder la problématique et s’atteler à partager les enseignements et bonnes pratiques de chaque membre. »

RA7 : La machine européenne est inadaptée au contrôle des esprits (la preuve par Orban, Kaczyński, Salvini et consorts) et trop lourde à opérer. Chaque pays doit agir en fonction de ses propres besoins sans appliquer encore des directives tombées du ciel sur la libération des âmes. Il n'y a rien de commun entre les problématiques française et tchèque par exemple, sauf des pitons où pendre le voile de l'insuffisance des politiques publiques comme le hijab ou tout autre vêture exotique, des épiphénomènes qui détournent de l'essentiel.


سأصل حيث تغرب الشمس


Conclusion

Il n'en demeure pas moins que le rapport est bienvenu parce qu'il n'est pas tout dans ses conclusions mais dans des analyses fouillées qui resserviront. C'est un monument et l'idée de ce blogue aujourd'hui n'est que de le signaler à ses lecteurs fidèles, parfois assourdis de commentaires définitifs d'éditocrates douteux... que je ne citerai pas pour ne pas dévier du sujet. Tableau-cadeau de Zo :


Le Rêve du Croyant d'Achille Zo


Epilogue

Lors de la première mouture de cet article didactique, nul n'imaginait que le parti algérien du FLN allait propulser Abdelaziz Bouteflika dans la campagne présidentielle d'avril 2019 pour un cinquième mandat. Il n'y a pas lieu ici de "juger" de la pertinence de ce candidat, cette annonce semblant relever de la politique politicienne dans les antichambres ministérielles algéroises.
Si l'incroyable se réalisait, le chaos probable déclencherait un vrai tsunami d'une jeunesse sans emplois vers le nord de la Méditerranée, et la question de notre rapport à l'orient compliqué deviendrait prégnante.
Il ne s'agira pas alors de trois ou quatre mille désœuvrés mais peut-être d'un million de désespérés de culture musulmane qui parlent notre langue et tenteront de se sauver du néant. S'y prépare-t-on dans les hautes sphères de l'orgueil énarchique ? Ça m'étonnerait. Le Quai suit-il ?

dimanche 18 novembre 2018

En attendant l'oracle...

Si j'étais président de la république j'aurais pris le temps de lire notre Constitution et compris à la fin du 5è article que tous les problèmes de mes prédécesseurs venaient justement d'une forfaiture qui a consisté à réunir tous les pouvoirs, même les plus triviaux, dans les mains du titulaire. La Constitution dispose que « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État...». Il est donc l'arbitre des effets produits par la politique du premier ministre qui conduit l'Etat en application de ses propres pouvoirs constitutionnels (art.20 et s.).

En respectant le paradigme original, monsieur Macron aurait pu apparaître à la télévision samedi soir à 21 heures pour demander publiquement au cabinet Philippe de revoir sa copie de la transition écologique pour les trois années à courir jusqu'à la fin du quinquennat et pour lui proposer l'inversion des tâches qui privilégierait les mesures de saine économie et de purification de l'air avant que de passer à l'écologie punitive en fin de processus s'il devait contraindre pour faire aboutir une réforme essentielle.

Mais M. Macron s'est mouillé depuis le premier jour dans la politique du quotidien et les désagréments de la campagne des gilets jaunes contre lui le laissent à nu. Il voulait tout faire, dire et trancher, il est bloqué, non par les institutions, mais par la "résistance populaire" qui a cessé d'entendre et comprendre. Nous sommes en démocratie crient les docteurs de la loi, le président a cinq ans pour déployer sa politique et sa légitimité procède de l'élection de mai 2017. Oui, sauf que les "gens" n'entendent plus la rengaine démocratique chantée par la bourgeoisie aux affaires : « vous avez voté pour nous, on fait ce que l'on veut !» Or les citoyens peuvent assez simplement gripper les rouages, mais nous nous dispenserons de le leur expliquer pour ne pas apparaître sur les radars de la Stasi. Ceux de Tarnac vont s'en charger :-)

Un observateur professionnel mais pas moins payé au mois a déclaré sur une chaîne de désinformation que le voyage au Reichtag aujourd'hui ressemblait un peu à celui de Baden Baden en mai 68. Squeezé au plan intérieur, le président part se faire reluire devant le Bundestag au titre de l'écrasement des armées allemandes de 1918 pour verser dans les chopes le sirop de la réconciliation. Ce dont tous se tapent là-bas, leurs problèmes étant plus prégnants que la commémoration de leur double humiliation. En son absence, les ministres à Paris sont tétanisés et se taisent*. L'oracle sera de retour ce soir.

Musardant hier soir sur mon écran plat à 20% de TVA, j'ai aperçu celle qui a lancé la pétition contre la hausse des carburants, Priscillia Ludosky. Visage net, grande maîtrise, ne coupe pas la parole à la pie bavarde élue de Paris que le parti majoritaire a délégué pour promouvoir la transition technocratique, elle écoute et répond d'une phrase, complète, précise, documentée, assassine. Impressionné ! On aura retenu que les pouvoirs publics sont allés au plus facile finalement, par paresse ou arrogance, sans creuser de vrais problèmes polluants mais plus difficiles à résoudre que d'assommer simplement de taxes le citoyen qui roule. Qui a pensé une transition juste et durable ? Qui serait capable de l'expliquer ? Le président s'est disqualifié, le premier ministre sent le sable mou sous ses pieds et pense à la belle métropole du Havre comme un autre rêvait de Lyon, le ministre en charge de Rugy est au climax du principe de Peter. La communication est en panne puisqu'elle n'imprime plus, et les Européennes arrivent !

C'est dans cinq mois que la conséquence de l'autisme gouvernemental va apparaître. Sauf révolte générale à tous motifs ou pour seulement le plaisir gaulois de foutre le bordel, le divorce et partage de la nation va se lire dans les urnes. Le débordement des partis va déclencher une boucherie politique pendant la campagne électorale pour capter le mécontentement qui sauvera la prébende à Strasbourg. Les listes d'opposition systématique ont, pour le moment, le vent en poupe comme d'ailleurs dans bien d'autres pays européens. Si les partis de la négation font un vrai score au parlement européen, ce seront autant de sièges en moins pour les partis du ronronnement démocratique et par conséquent des majorités à requalifier pour les débats à venir, dont les principaux sont l'élection du président de la Commission avec les mesures de sauvegarde découlant du Brexit, sans parler évidemment d'élargissement de l'Union.

Quand le jeune général Buonaparte se saisit d'un drapeau régimentaire de la 51è Demi-Brigade d'infanterie, il force le pont de bois d'Arcole mais tombe au marais à la merci des Autrichiens. L’adjudant-chef Belliard et les grenadiers de la 51ème l'arrachent à son funeste destin et permettent pour les deux jours qui suivent l'expression de son génie tactique ; la bataille d'Arcole ne fait que commencer. Qui peut faire la liste de ceux du gouvernement actuel qui se jetteront dans le marais pour sauver le général en chef, à part Benalla bien sûr mais ils l'ont viré. Nous sommes en démocratie, le maillon faible suscite invariablement l'évaluation par chacun de ses propres chances de se mieux placer voire de succéder. C'est le régime qui veut ça, le régime de l'envie, le régime du combat politique permanent. L'accueil au Bundestag n'aura aucun impact, ni mémoriel, ni diplomatique. Le cirque recommence lundi matin où tous attendent le lion devenu vieux.


(*) PS de 22:00 - La prestation d'Edouard Philippe chez Laurent Delahousse au journal de 20h de FR2 confirme qu'il est ligoté dans la dialectique de l'Elysée sans pouvoir dépasser les banalités d'usage qui ont été convenues par la cellule de crise. Les éléments de langage sont les mêmes que ceux employés par François de Rugy et Christophe Castaner, une volière de perroquets. Cette robotique du déni ne peut que conforter le mécontentement des laissés pour compte. Le pouvoir n'aura évité aucune erreur.

samedi 17 novembre 2018

Badawi, l'autre blogueur en danger

Après le démontage vivant de Jamal Khashoggi sur la table du consulat séoudien d'Istamboul, le Québec s'inquiète du sort d'un blogueur emprisonné au royaume d'Arabie pour avoir appelé à la liberté de conscience. Son épouse Ensaf et leurs trois enfants étant réfugiés à Sherbrooke, c'est le gouvernement provincial qui a rallumé le mouvement d'opinion en faveur de la libération de Raef Badaoui, prix Sakharov 2015, par le truchement d'une bande dessinée déroulant les circonstances de cette histoire.

Radio France internationale fait le point complet de l'affaire avec une autorisation de republier dont nous nous sommes saisis. N'hésitez pas à ouvrir les liens proposés par la rédaction de RFi pour mieux connaître ce dossier exemplaire de la toxicité de certaines constructions mentales.



jeudi 15 novembre 2018

Une colère désenchantée

Le charme est rompu. Cellezéceux qui ont suivi le discours du porte-avions se sont surpris à vagabonder en esprit, à décoller, voire à bailler, le petit moulin à paroles ne moulait plus le grain de la rhétorique macronnienne, on entendait Canteloup !
La charge présidentielle ayant été rabaissée à sa fonction de communication, celle-ci compte plus que tout mais ne supporte pas l'à-peu-près. Puisque le titulaire "doit" vendre sa politique aux sondeurs et aux éditocrates qui font l'opinion, autant que ce soit un professionnel de la publicité. Ce qui n'est pas le cas. Bévues et embarras ont été nombreux cette année au nom de la transparence, et les hésitations, "meurtrières" parfois. Comme on dit dans l'arme blindée - cavalerie : « si tu fais une connerie, fais-la vite !» Or M. Macron n'a pas fait de service militaire.

Nous pourrions faire cent lignes de reproches à hauteur de la déception, mais ce qu'il reste de neutralité ou plus rarement d'approbation dans le peuple tient uniquement à l'incurie voire au ridicule en posture de ses adversaires politiques. Pour une fois on va les citer. A tout seigneur...
Marine Le Pen est sur les rails de la doxa frontiste dont "la colonne vertébrale idéologique est faible" comme le dit le politologue Jean-Yves Camus dans Le Bien Commun de novembre (p.15), et sortie de trois thèmes populaires, elle ne montre aucune capacité à gouverner, ses adjoints pas plus !

Laurent Vauquiez n'est pas audible, ou bien n'est pas même écouté. Sans doute est-ce facile de simplifier sa pensée au maximum pour la faire avaler par les moins intelligents de nos concitoyens mais à la fin, c'est la classe moyenne qui te prend pour un con. D'accord, et il bénéficie du renfort d'Eric Ciotti !

François Bayrou - ne vous étonnez pas de le trouver ici - commence à évaluer l'action du chouchou légèrement en-dessous de ses propres capacités réflexives. Il pourrait faire mieux. La statue figée du sage palois va devenir le reproche permanent du Commandeur de Dom Juan. Le soutien des centres va se déliter à l'approche des Européennes sans pour autant que le château soit pris d'assaut.

Olivier Faure n'imprime pas. C'est une question de personnalité et une conséquence du syndrome Hollande. Le succès d'icelui a convaincu que le plus fade ou le plus foireux avait ses chances pour décoller, ce qui convoqua bien du monde socialiste sur le pont d'envol. Il n'existe plus de socialiste en capacité d'accéder.

Jean-Luc Mélenchon a usé son registre clownesque jusqu'à la corde mais tout le monde en rit encore chez les humoristes, ce qui ne va pas arranger ses affaires au sein du parti de La France Insoumise. Sans majuscules, la France insoumise sera dans la rue le 17 novembre en dehors de lui et de ses aboiements. Le capital de sympathie populaire a coulé entre ses doigts comme le sable du garde-temps. Il ne le sait pas bien sûr !

C'est bien le désamour des Français pour le fringant président qui le met en péril. Certes argue-t-il : il n'est pas comme Donald Trump arrimé à des élections de mi-mandat et il se sent élu pour cinq ans sans que cela ne se discute, sauf outrage constitutionnel... mais si le putsch est improbable, il y a pire.

J'explique. La France bénéficie d'un régime de faveur des agences de notation parmi les grands débiteurs de l'OCDE parce que c'est un pays de fiscalité facile et que le patrimoine public et privé couvre largement la dette souveraine. L'impôt, très lourd en terme de PIB, rentre. On le dit partout dans la galaxie financière.

Justement et tout est là : la révolte des gilets jaunes brise le consentement général à l'impôt. Les gens moins favorisés ont parfaitement compris que leur travail, leurs pensions sont une ressource puisable sans limite pour continuer un Etat obèse et une classe bourgeoise qui en profite. Les calculs savants du bulletin de salaire ne parlent pas. Les primes à la casse des vieux Diesel n'intéressent que ceux qui n'en ont pas besoin et profiteront de l'aubaine pour acheter une seconde voiture pour le gosse. Les gens voit des taxes partout comme Blanche-Neige des nains !

Depuis le temps que la manifestation des gilets jaunes est annoncée, le gouvernement aurait dû se souvenir de la jacquerie bretonne des Bonnets Rouges qui avait enrôlé tout le monde jusqu'aux conseillers municipaux de bien des villes. Au lieu de quoi, le gouvernement menace, ce qu'il n'a jamais su faire contre les blocages agricoles, les poids-lourds escargots, les manifestations en tout genre qui emmerdent le monde ; parce qu'il y a des syndicats impliqués. Mais les gilets jaunes vomissent les syndicats qui, pour eux, font partie du problème puisqu'ils sont insatiables et vampirisent les travailleurs, salariés ou indépendants, dans leur défense du dernier modèle soviétisé d'Europe occidentale, à peu d'effet puisque le chômage semble incompressible !

Il est trop tôt pour pronostiquer une suite à la manifestation du 17 novembre, mais si le gouvernement la fait déraper par des coercitions inutiles, c'est une jacquerie nationale qui pourrait bien se déclencher sur tout le territoire en dehors de quelques grandes métropoles. Il sera trop tard pour raisonner cellezéceux qui auront franchi le Rubicon de la désobéissance civile. Il y a analogie avec le Vaffanculo-Day italien !

mercredi 14 novembre 2018

Pablo de Almocita

Le répertoire royaliste est fourni de chansons de tradition mais il est plutôt rare de le voir s'enrichir de "nouveautés" puisque le but de l'exercice est plus souvent d'exalter le passé et ce qui fut composé jadis. Aussi je mâche mon plaisir à fredonner Espoir légitime avec le duo Adamanta, en attendant que sonnent les cuivres sous la canonnade de la restauration qui vient :



Luis-Alfonso de Borbón y Martinez-Bordiu, un prince monté sur boules qui se bat !


Paul Prieto est un vieux routard de la musique traditionnelle qui a écumé le répertoire latino-américain au gré de ses rencontres pour faire partout des tournées très courues. Assagi, il est revenu sur le filon français du folklore français avec un bonheur certain pour son public (son press book est assez impressionnant).
Comme nous le montrent ci-dessous ses Confidences musicales d'une exquise finesse, il explore une transcendance de la musique que d'autres appellent "inspiration" mais qu'il décèle comme un souffle de l'Esprit.

On notera la mise page par incrustations dans ce petit concert de vingt minutes. Sa vie, son œuvre comme on dit, sont reprises sur un site perso que je vous engage à découvrir à la fin de ce billet. Notez qu'il diffuse sa production sur CDs, même en période de fêtes.




D'ascendance andalouse, Prieto ne se quitte pas sans une contribution flamenca, et c'est une buleria que nous avons choisie en version acoustique :




Compléments

Mais comme chacun sait sur ce blogue, le Piéton du roi a ses préférences et ne les cache pas. Le tempo lent du répertoire médiéval peut se discuter. Pourquoi tous les chants de troubadours et tous ceux de la ménestrandie sont-ils lents aujourd'hui, languibouls, dirait-on chez moi. Quelles sont les bases d'interprétation ? la longueur de la note ? Langue au chat !

On sait d'expérience que lorsqu'un air est dansé il est plus rapide que simplement chanté, surtout dans les danses piquées comme la polka ou la bourrée. Mais cela touche aussi la grande musique, jusqu'à ce que l'on découvre dans des archives royales les chorégraphies jouées à Versailles chez Louis XIV : le morceau joué à la vitesse d'exécution classique actuelle obligeait les danseurs à stationner en l'air en attendant la note. Dans le répertoire régional (je ne connais vraiment que celui du Rouergue) tous les airs sont chantés par la plupart des groupes comme des complaintes - le comble est de chanter "Au Pont de Mirabel" en polyphonie bigourdane alors que c'est un air de lavandière et diantre pas l'évanouissement d'une damoiselle languissant au donjon de ne jamais voir la clef ; ou comme Le grand Pierrou qui se hâte de bon matin pour aller voir son béguin et qu'on fait marcher au pas de la Légion ! Sauf à bourrée, tous les airs sont ralentis et mêmes des chant à tuer comme l'hymne du Rouergue*, où s'entendent nettement les coups de talon dans la mélodie, ce qui est regrettable pour la transmission.

Si on revient au Moyen Âge, il est utile de rappeler que le tempérament des gens de l'époque diffère énormément du nôtre. On les représente enténébrés et désespérés, balancés entre l'hystérie de la violence (canalisée par la guerre) et les conditions sanitaires précaires qui abrégeaient les vies et les amours, mais les chroniques qui narrent la bravoure et la sauvagerie des assauts ne s'accommodent pas de soirées lancinantes à entendre de la musique ennuyeuse. On y mangeait, buvait, dansait et faisait tourner les femmes au son de tous ces instruments que l'on a retrouvés. Alors pourquoi chanter lent ?
(*) Premier couplet avec talons :
Du Rouergue nous sommes
Et nous nous en vantons,
Car nous sommes des hommes
Qu'ont du poil au menton,
Qui s'y frotte s'y pique,
Le Maure ou le Sarrazin
...

Pour finir, nous allons écouter trois versions d'un chant argentin que j'ai chanté dans mon jeune temps, la Arribeña de Atahualpa_Yupanqui, et ces trois interprétations font référence :
- celle de Leda Valladares & María Elena Walsh en 1955 (mp3 sur Archive.org)
- celle de Mercedes Sosa en 1977 (page de Musicme)
- celle du duo Talvikki (Prieto) dans les années 80 en vidéo ci-dessous :


C'est la troisième qui est la meilleure, pas seulement pour le tempo juste mais aussi parce qu'une émotion trop débordante de l'interprète peut gâcher le plaisir ; l'interprétation cristalline des Talvikki séduit.
Zambita arribeña,
¿De dónde vendrás?
Quién sabe qué ausencias
Y qué nostalgias llorarás
Quién sabe qué ausencias
Y qué nostalgias llorarás.

Allá en las quebradas
Y en el pajonal
Se estira tu canto
Como un lamento del piedral
Se estira tu canto
Como un lamento del piedral.

Por esos cerros se llevan los vientos
Los tristes acentos de mi soledad.
Y a veces el llanto se vuelve canto
En el andar
Y a veces el llanto se vuelve canto
En el andar.

Zambita arribeña,
Tal vez un amor
Te dio la tristeza
Que en estos tiempos sufro yo
Te dio la tristeza
Que en estos tiempos sufro yo.

Caminos andando
quién sabe por qué,
Igual que la zamba,
Con un recuerdo viviré
Igual que la zamba,
Con un recuerdo viviré.

Por esos cerros se llevan los vientos
Los tristes acentos de mi soledad.
Y a veces el llanto se vuelve canto
En el andar
Y a veces el llanto se vuelve canto
En el andar.


Paul Prieto

Epilogue

Ayant soumis par courtoisie le présent billet au nihil obstat de l'auteur, j'en ai reçu l'imprimatur et divers commentaires dont voici un extrait ciblé :
« Pour développer un peu sur cette observation exacte que vous avez faite sur la lenteur de certaines pièces anciennes réinterprétées par la plupart des groupes, j'ajouterai que bien souvent le problème est lié à plusieurs éléments :

- L'idée d'une longue note bourdon avec une mélodie éthérée et planante est liée à une sorte d'irréel médiéval influencé entre autre par l'utilisation outrancière du synthétiseur dans des films « médiévalisants » plus surnaturels qu'historiques.
- L'utilisation par les producteurs de disques de chanteurs ou chanteuses qui sortent d'une formation classique où la voix est traitée très différemment de ce qui pouvait exister dans le passé.
- Le fait que le musicien et le chanteur dans le temps étaient bien souvent la même personne et le rythme des instruments d'accompagnement entraînait le chanteur qui s'accompagnait lui même tandis que les chanteurs actuels ont tendance à étaler leur voix et le musicien leur fabrique un lit musical qui devient en quelque sorte comme le lit des fumeurs d'opium où l'on est invité à des rêves hallucinatoires plus qu'à des réalités dansantes. Il est amusant de noter qu'à notre époque on appelle chanteur lyrique le chanteur d'opéra qui ne s'accompagne jamais de la lyre ou d'un autre instrument à cordes alors que le chanteur lyrique était par définition à l'origine un chanteur qui s'accompagnait lui même à la lyre.
- Enfin les chorales suivent en général le même chemin que leur chef de chœur sorti d'une école de chant académique et qui va forcément avoir tendance à tout « classiciser », transformant la voix naturelle en ce lyrique Wagnérien qui a succédé au style Rossinien tellement plus fluide, mettant les piano-forte du classique là où ils n'ont rien à y faire, comme dans les chansons anciennes et transformant des airs médiévaux en une espèce invertébrée mutante qui comme vous le remarquez fort justement provoque un inévitable ennui.

Il est intéressant de remarquer que même une pièce lente qui conserve une base rythmique solide peut être fort agréable à l'écoute et ne pas lasser. Puisque vous semblez être un connaisseur de la musique d'Argentine, vous devez connaître les Vidalas, qui bien que possédant un tempo lent ont une vigueur poignante en plus de leur paroles poétiques sur le thème de la vie et la mort.»

lundi 12 novembre 2018

Une défense européenne intégrée ?

On signale en vigie l'émergence du serpent de mer de la défense européenne. Ce sont les célébrations du centenaire de l'Armistice qui ont offert au président de la République l'occasion de se démarquer du consensus transatlantique en pressant le pas d'une intégration de nos forces militaires. Sauf que... nous sommes seuls de chez Seul dans ce registre, nul autre que nous ne croit en une armée européenne, y croyons-nous nous-mêmes ?

Certes il y a déjà des coopérations quasi-permanentes, toutes dans le cadre atlantique et ses codes d'emploi, et aussi des gesticulations comme la Brigade franco-allemande parfaitement inutilisable mais dont le financement était toléré parce qu'elle représentait les prémices d'une "prochaine" force européenne combinée. La BFA est le test-même que ça ne marche pas sauf pour les prises d'armes. Il y a coexistence, parfois cohabitation, mais les règles d'emploi restent différentes, les systèmes d'acquisition et de combat également, jusqu'à la doctrine qui interdit d'engager la brigade au complet dans un conflit impliquant une seule des deux nations participantes. Seule la logistique ou les missions de gendarmerie, neutres par définition, sont envisageables comme on le vit en Bosnie-Herzégovine lors des guerres de Yougoslavie, et un peu à Kaboul au sein de l'ISAF, mais c'était surtout pour entraîner l'état-major de Müllheim en lui faisant respirer la fine poussière afghane qui traverse les filtres des climatiseurs.


Ce n'est pas l'arrogance récente du président Macron à l'endroit de nos voisins qui mine son projet de force européenne. C'est intrinsèque aux nations auxquelles il s'adresse. Nul n'achète ! Eliminons de l'épure les orientaux. Aucun ne se fait prier pour abonder au T.E.D. NATO aussitôt que Mons le demande, et même en dehors de l'Alliance, ils ont répondu présent aux anglo-américains lors de l'affaire d'Irak. Ils n'ont aucune envie de distendre la ligne de vie qui les relient au Pentagone. Avec un voisin aussi agressif que Vladimir Poutine, ils estiment ne pas pouvoir se le permettre ; les Européens de l'Est ne diront jamais oui à une CED sauf si elle est montée par les Américains eux-mêmes. Et puis Munich 38 n'est pas si loin dans leurs esprits.

Mettons de côté la Scandinavie qui a une géographie spéciale et ses propres problèmes de cohésion avec trois pays dans l'Alliance (Norvège, Danemark et Estonie) et deux (Suède et Finlande) qui réactivent leur neutralité armée, au point de participer aux exercices OTAN en zone atlantique.

Le Benelux est un cas à part : c'est le carrefour chaque fois dévasté par la guerre et il ne lâchera pas la proie pour l'ombre ; outre les plus grands ports du monde au nord du tropique, il abrite en plus des commandements OTAN majeurs à Mons et à Brunssum. Donc ils renouvellent leur système d'arme aérienne par du F35 américain sans états d'âme.

Restent cinq pays, pas un de plus : l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie avec le commandement naval de Naples et la Turquie qu'on oublie toujours. Le reste, c'est peanuts !
S'il fallait concrétiser l'ambition d'une force européenne active, nous devrions convaincre ces quatre pays. Oui, les quatre ! Voulez-vous les passer en revue ?

L'Allemagne héberge le commandement atlantique aérien à Ramstein et accueille pratiquement tous les stocks matériels des brigades américaines programmées pour l'Europe et stationnées aux Etats-Unis, en plus de la logistique de transport et sanitaire (Landstuhl). Après une période de transferts budgétaires vers la réforme sociale et le développement industriel, elle commence à reconstruire ses armées, ce qui lui est facile puisqu'elle dispose outre l'argent, d'usines d'armement si performantes qu'elle a ses clients dans le monde entier ; et jusqu'en France qui a choisi Heckler & Koch pour armer son infanterie. Les poilus de 14 ne le croiraient pas.

Le problème n'est pas dans ses capacités mais dans ses intentions. La fibre pacifiste vibre très bien dans l'opinion germanique qui garde encore la mémoire d'un pays complètement rasé par la dernière guerre mondiale. D'ailleurs le chancelier Schröder n'eut aucun mal à refuser d'entrer dans la querelle GW Bush-Sadam Hussein. Il n'eut pas même besoin d'invoquer la constitution fédérale qui l'empêchait alors d'exporter des troupes ; ce fut Nein !, ce qui mit en rage Condoleezza Rice, on s'en souvient. Mais tous les accès aux facilités atlantiques en Allemagne furent ouverts et sûrs, pour le plus grand bien de nos blackwaters français qui allèrent s'y faire recoudre.

Leopard 2 à gué

Que la Chancellerie ou le Bendlerblock planchent sur des coopérations industrielles en Europe n'augure pas d'un progrès quelconque vers une force commune avec les quatre autres pays précités. Si l'Allemagne est le moteur économique de l'Union européenne, elle a une zone de chalandise qui va très loin vers l'Est et maintenant jusqu'en Chine par la nouvelle route de la Soie. Les pays est-européens sont ses clients obligés, ses sous-traitants, et la mise en valeur de la Russie post-Poutine n'attend qu'elle avec peut-être le Japon à l'autre bout.
S'impliquer dans une défense européenne puissante doit s'inscrire dans sa stratégie fondamentale qui n'est pas du tout belliqueuse. Donc, malgré les sourires et les poignées de main, le point d'interrogation est très gros ! Bien sûr si la défense intégrée faisait tourner à fond ses usines, on pourrait en rediscuter.

L'Italie héberge à Naples la 6è Flotte américaine et le commandement OTAN interarmées qui va avec. Elle est l'acteur incontournable en Méditerranée parce qu'elle y dispose d'une flotte performante et moderne et surtout de chantiers navals technologiques de grande capacité qui travaillent bien. Les armées de l'air et de terre sont au niveau OTAN depuis toujours, parfaitement réglées et intégrables rapidement dans tout dispositif. C'est l'allié sur qui compter à la mer, et c'est aussi la bévue de Sarkozy que de l'avoir méprisé dans l'affaire de Libye. Aujourd'hui encore il sera très difficile au gouvernement français d'appeler l'Italie à collaborer sur une maquette de défense européenne, surtout après les insultes de Macron et de Lemaire vis à vis de la coalition au pouvoir à Rome.

Disons que l'Italie sera à convaincre quand nous en aurons fini avec tous les autres. Mais de but en blanc, ils vont nous envoyer "siffler là-haut sur la colline"... ! On terminera par le Royaume-Uni.

La Turquie d'Erdogan est le mouton noir de l'Alliance, mais outre que le sultan n'est pas éternel, la fondation stratégique de la coopération turco-américaine est solide. Les armées turques doivent tout aux Américains qui leur ont appris la guerre moderne et leur ont donné accès aux états-majors les plus avancés au monde. Même si Donald Trump a fait fuiter le retrait des soixante ogives nucléaires de la base d'Incirlik près d'Adana pour menacer de débrancher la Turquie du poumon d'acier américain si elle exagérait en Syrie, les relations restent normales car le Pentagone, sur site depuis 2003, sait combien est ingérable la situation régionale et comprend les obsessions d'Ankara. Il se souvient aussi que la chasse turque a descendu un Soukhoï russe en 2015 pour préciser de quel côté se battaient les Turcs. Rappelons aux étourdis que la Turquie contrôle le Bosphore et les détroits des Dardanelles et de ce fait la sortie de la flotte russe de la Mer noire sous le régime de la Convention de Montreux de 1936. Elle tient en plus deux milles kilomètres de côte face au nord, autant dire qu'elle partage avec la Russie à Sébastopol le contrôle de la mer.

Si l'adversaire à surveiller avant qu'il ne devienne un ennemi en vrai est la Russie - qui d'autre sinon pour l'instant - une défense européenne ne peut faire l'économie de la Turquie qui tiendrait le sas de protection du front sud d'Europe occidentale. Avec les deux riverains européens (Roumanie et Bulgarie) elle boucle l'arc d'écoute et de renseignement, le dispositif d'alerte. Qu'il y ait des questions à résoudre avant que de l'inviter à rejoindre n'étonnera personne mais est-ce indispensable d'être dans l'Union européenne pour participer à la défense européenne ? La Norvège et demain le Royaume-Uni nous prouveront un jour le contraire. Quant à ceux de nos stratèges qui pensent qu'inclure la Turquie est mettre un pied dans l'Orient compliqué, nous leur signalerons que nous n'avons pas eu besoin d'elle pour nous mettre tout seuls dans les embarras.

Le Royaume-Uni après avoir été l'ennemi héréditaire est devenu l'allié héréditaire. Son format équivaut le nôtre tant dans les capacités d'armement que dans celles d'entrer en premier sur un théâtre désigné. Elle est l'alliée privilégiée des Etats-Unis pour qui elle contrôle la mer de Norvège et le détroit de Danemark. Sa force nucléaire est sous double clé, elle met en œuvre une missilerie américaine et maintenant des avions américains. S'il n'est pas question de la détacher des liens spéciaux anglo-américains, le Royaume Uni peut être un renfort de poids comme l'élément atlantique le plus avancé des Etats-Unis vers l'Est. Sans mouiller l'Oncle Sam, elle peut réaliser ses vues en participant à des actions militaires ou de guerre avec nous. C'est une vieille nation guerrière invaincue depuis 1781 (Yorktown).

Elle dispose d'une industrie d'armement performante qui collabore déjà avec les missiliers français et reste très forte en aéronautique et en sous-marins. Au sol c'est un renfort apprécié, tellement qu'il lui échoit souvent la partie difficile des opérations (le Chatt-el-Arab en Irak, le Helmand en Afghanistan). Si une défense européenne intégrée n'exige pas de rompre avec les Etats-Unis - pourquoi le faudrait-il - le Royaume Uni est le contributeur décisif, mais à ses conditions bien sûr, comme toujours.

Groupe naval de la Royal Navy

On fera grand profit du dossier publié par l'Institut Montaigne en appui du groupe de travail Cazeneuve-Robertson et que l'on peut consulter in extenso (100p.) ou dans un simple résumé en cliquant ici.


OK. On voit bien jusqu'ici les atouts des pays composant une hypothétique défense intégrée mais on ne sent pas l'élan ni l'écho du projet français chez aucun d'eux. Tout le monde a la coopération en tête mais les interdits et arrière-pensées sont nombreux, et finalement la convergence est faible. Alors que faire pour défendre l'Europe ?

Commençons par le plus évident, le plus simple à définir, le plus petit dénominateur commun : REARMONS !

Un état-major intégré, comme il est très facile d'en monter un, c'est prouvé, ne servira pas à grand chose s'il faut téléphoner chaque jour aux Etats-Unis pour enrôler des moyens de logistique, communications, cyberguerre, couverture aérienne ou satellitaire etc...

Le président Trump a les idées simples et favorisera le réarmement européen dès lors qu'il allège le fardeau transatlantique américain et évite de traverser l'océan au moindre pet de travers de l'ours russe. Exemple concret: la déstabilisation des Etats baltes et de la Pologne aurait dû être contrée par les armées résidentes en Europe et ne pas appeler la 3è Brigade blindée américaine stationnée à Fort Bliss (Texas). Profitons-en pour grandir en force et courage, en dépassant le plafond des deux pourcent du PIB pour les dépenses militaires. Bien sûr il nous faudrait des comptes publics à peu près en ordre pour y atteindre. Alors commençons par réparer nos finances et "en même temps" dressons les plans d'un réarmement d'ensemble avec des collaborations industrielles européennes - l'Allemagne discute avec nous du futur char de combat sous sa direction* - et la liberté de défense autonome nous sera donnée de surcroît le jour venu, même s'il est pour l'instant éloigné.
(*) à Eurosatory 2018, KNDS (Krauss Maffei Wegmann & Nexter Systems) a présenté un prototype d'Euro Main Battle Tank franco-allemand, conçu sur le châssis du Leopard 2A7 portant la tourelle du Leclerc, destiné à tenir son rang avec le M1A2 contre l'Armata

Pratiquement, pour ce qui concerne la France, il faut rénover et muscler le corps de bataille destiné à combler notre béance du nord-est en dépassant l'échantillonnage actuel, renforcer les brigades de spécialités, ajouter un second groupe naval du format CDG sur la Manche, la Mer d'Iroise et le golfe de Gascogne, écrire les plans de réactivation des missiles Hadès Nouvelle Génération tant que la Russie déploiera les mêmes dirigés vers nous (c'est l'histoire du traité abandonné récemment par Donald Trump) et mutualiser les moyens de cyberguerre sur tout le continent, ce qui logiquement pourrait être le premier état-major européen intégré sans froisser les susceptibilités. Mais il n'y aura pas ce faisant de grandes inaugurations, de grandes conférences, de grands forums médiatiques et le bénéfice politique sera au départ très mince, sinon même négatif puisqu'il faudra compter avec les agents d'influence du Kremlin que ce mouvement dévoilera, juste avant de les déporter derrière l'Oural ! Hi hi ! Royal-Artillerie tient la liste en archives :)


Projet d'avion multi-rôle franco-allemand


Reste la question de la guerre asymétrique. Elle ne sera pas affrontée par un commandement intégré classique mais par un renseignement co-opéré en continu, couplé à des unités de réaction rapide et définitive. En fait c'est d'un système classique anti-aérien qu'il s'agit: le radar de veille détecte, le radar d'acquisition et poursuite envoie la trajectoire du mobile et déclenche la contre-batterie. Ainsi tous les services européens de détection doivent être inter-opérés et les réactions appliquées par des forces mobilisées en permanence sous délai zéro. Ça se fait déjà mais on gagnerait à systématiser le procédé et à déterminer une fois pour toutes la queue de trajectoire par défaut. Dans le doute ne t'abstiens pas ! Faudra-t-il sous-traiter la question à l'intelligence artificielle et ses robots ? C'est déjà en partie le cas.

Faut-il ajouter que tout projet d'intégration devrait éviter les couloirs de Bruxelles pour avoir une chance de se réaliser sans gaver de crédits une bureaucratie insatiable ? En espérant que cet article éclairera vos discussions dans les dîners en ville... veuillez agréer, chers lecteurs, l'assurance de mon remerciement pour la distraction apportée à établir les punchlines qui feront mouche :

- La réticence historique des évadés du Pacte de Varsovie
- Le raidissement scandinave aux gesticulations russes
- L'absence d'alternative au Bénélux
- Le pacifisme allemand vs. la santé insolente de leur industrie d'armement
- La marine italienne décisive en Méditerranée
- Les 60 ogives atomiques d'Adana
- La double-clé de la dissuasion nucléaire anglaise
- La sous-traitance de la guerre asymétrique aux robots


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