mardi 28 mai 2019

Clap de fin pour Les Républicains ?

Faire boire un âne qui n'a pas soif, tel était le défi de François-Xavier Bellamy. Le décollage des sondages avait rallié à lui les éternels prébendiers qui viennent au secours de la victoire mais tout était faux, sauf le talent.

Les gérontes enfuis sous les parasols de l'Olympe se frottent les mains ; ils ont fait le bon choix. Alain Juppé a été payé cash ; Jean-Pierre Raffarin recevra un chèque en bois car nul n'a besoin de ses pirouettes-cacahuettes, pas même pour la Chine où il gobe tout ce que les autorités lui servent, mais on a parlé de lui à la télé ! En plus il a adhéré sans connaître aucun des deux programmes, ni celui du Château ni celui de sa formation ; c'est la définition même du "dîneur". Xavier Bertrand fait carrière au soleil du Nord, craignant toute ombre qui le dissimulerait aux foules enthousiastes. Jean-François Copé a justement attendu les convictions exprimées pour s'engager, comme quoi ce parti est un self-service des valeurs. Gérard Larcher comme Valérie Pécresse, ayant marqué des réticences sur le CV "Sens Commun" de la tête de liste, sont dans le « Je vous l'avais bien dit !»

LR-2019, le parti Les Républicains, est le résidu sec de la liquéfaction du parti-écurie présidentielle formé d'agrégats intéressés par l'issue victorieuse d'un chef et par les rétributions qu'il engage à leur endroit mais ne partageant pas la même idéologie, c'est peu dire. Quand s'éloigne la victoire, chacun revient sur ses fondamentaux quand il en a, ou bien au métier d'extracteur en voix s'il n'en a pas d'autre. Ne faisons pas la revue des grandes gueules déçues, elles passent en ce moment le Styx vers les enfers de l'inutilité. Le pays n'en veut plus. Ce n'est pas Bellamy qu'on a refusé, c'est la liste et le politburo.

Pourquoi dès lors chercher à revitaliser, rassembler ? C'est un leurre. Pourquoi ? A écouter les commentaires amers des caciques, on entend critiquer l'axe de campagne, les choix du président Wauquiez, la trocadérisation du discours de M. Bellamy. Si vous réfléchissez - une minute ne rend pas migraineux - vous découvrez que le gros problème de ce parti d'agrégats disparates est de changer de convictions. Les convictions c'est pour les cons. Il faut promouvoir des convictions qui gagnent ! On perd ? Changeons-les pour des convictions qui gagnent. Mais qu'on se rassure, c'est pareil au Parti socialiste.

Pour bien comprendre, écoutez ce que disent au même moment les Insoumis. Ils acceptent d'avoir fait des erreurs de propagande, des colères inutiles, et surtout un déficit d'empathie, des maladresses avec les Gilets jaunes, mais à aucun moment il ne leur viendrait à l'idée de renier leurs convictions pour en choisir d'autres plus rémunératrices en voix.

Les deux partis de la vieille gouvernance (PS et LR) sont à l'étiage pour n'avoir pas brandi les bonnes convictions ! C'est énorme. C'est pourquoi nous recommanderions, si la question nous était posée, d'incinérer le parti des Républicains jusqu'aux racines, de débander ses permanents, de rembourser les cotisations avec l'argent de la vente de l'immeuble et de mettre ses élus au pilori pour vagabondage de valeurs, sauf Patrick Balkany qui n'a jamais varié !

Après quoi viendra le temps de monter un parti de droite convaincue, avec des lignes sociétales claires, un projet européen lisible, une doctrine économique moderne sue de tous et un véritable amour du pays. Le dernier jour de la campagne électorale des Européennes, Laurent Wauquiez dans un ultime élan signalait que "sa" liste pousserait à reconnaître les racines chrétiennes de l'Europe à Strasbourg. Ce serait une belle bannière au-dessus d'un programme nouveau, assumé dans la fierté, avec les valeurs gréco-romaines qui vont bien aussi. Peut-être que les fondateurs de ce nouveau parti trocadérien recruteraient-ils parmi les segments sains de la Nation et plus seulement dans la bourgeoisie affairée et cupide. On peut rêver ?


dimanche 26 mai 2019

Europarlement 2019-2024

La seule information valable est la répartition des sièges au parlement de Strasbourg qui commande la constitution des groupes et anticipe les possibilités de coalition. Euronews comme France24 font leur soirée électorale sur ce thème, elles sont les seules. Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à la page des résultats européens de France24. Le reste est dérisoire.

La dispute nationale télévisée n'a d'autre intérêt que de faire de l'audience et renchérir le prix de la seconde de publicité. La semaine qui vient donnera l'occasion de revenir sur l'effondrement des Républicains que personne n'anticipait, à cause du niveau d'excellence de la tête de liste.





Postscriptum du 28/5/2019 : Répartition du corps électoral français aux Européennes de 2019 :

Sic Transit Gloria Mundi !


jeudi 23 mai 2019

L'Alliance royale a son mot à dire

Les instituts de sondage ne leur donnent aucun député. Ils ont peu de moyens mais de bonnes idées et leur démarche n'est que de notoriété. Ils méritent pourtant d'être écoutés, 1:30 minute ce n'est pas long et intéressant tout à la fois. Ce que nous dit le délégué général du parti royaliste dans le cadre de la campagne officielle pour les élections européennes, Robert de Prévoisin, est à mâcher lentement :





dimanche 19 mai 2019

Mission impossible

HC Strache
Heinz-Christian a-t-il refusé d'appuyer sur le bouton de renvoi d'ascenseur ? Vice-chancelier d'Autriche, au cœur de l'une des plus emblématiques capitales de l'Europe, Herr Strache s'est-il senti plus fort que l'officier traitant du Kremlin ?
Alors qu'il était parvenu à dédiaboliser son parti et lui-même, il ignorait qu'un ami qui lui voulait du bien l'avait filmé en train de se faire marabouter par une belle Slave à Ibiza. C'est con mais ultra-classique dans le manuel de prise d'intérêt du KGB. L'affaire, qui va grossir puisque le ministre de l'intérieur (FPÖ) est mouillé dans une fuite de secrets d'Etat, ferait un bon chapitre chez John Le Carré. Combien sont-ils comme lui pendus à la corde de leur passé ?
Enormément !
Nous ne parlerons pas des députés poutinolâtres comme Dhuicq, Mariani, Terrasse ou Lambert (clic) qui courent les manifestations russes où résonne le timbre de l'homme fort. Les mêmes ou presque et quelques autres comme Myard ou Lassalle sont allés sucer Bachar el Assad à Damas, à se demander s'ils sont étanches aux informations que leur position recueillait. Non, ces idiots utiles ne croient pas l'être, mais il en est ailleurs qui l'acceptent sciemment.

Au-delà du cercle parlementaire, il y a des agents d'influence du Kremlin à Paris, et même des émissaires sur compte russe chez nos princes, au moins un ! Mettons à part les russophiles qui sont en adoration de l'âme slave et de la civilisation de cet immense pays qui a toujours fasciné les Français, pays fantastique en un sens, le premier. Quand à seize ans, tu as dévoré l'intégrale de Dostoïevski, tu restes marqué à vie. Puis il y a ceux qui ont épousé de belles Russes et qui peuvent en parler de l'intérieur comme Matthieu Buge qui a publié en 2016 un "Abécédaire des clichés et fantasmes occidentaux*" chez Novyi Vek Media (Moscou) avec une joyeuse mauvaise foi communicative, le talent palliant la vérité si besoin.
(*) Le Cauchemar russe, Editions l'Inventaire, diffusion Actes Sud

Il est établi maintenant que la russophilis gagne parfois les esprits les plus déliés. Après une conférence à Saint-Pétersbourg dans le fief de Vladimir Poutine en mars, qu'est allé faire Marion Maréchal au forum économique de Yalta, manifestation instituée par le Kremlin pour banaliser l'annexion ? Sa tante, mieux avisée cette fois, a décliné l'invitation, la jugeant lourde à porter dans la campagne électorale européenne. Doute salvateur mais pas pour longtemps : Strache la plombe elle-aussi.

L'affaire ne déstabilise pas que la coalition Kurz à Vienne. Strache, Orban et Salvini étaient jusqu'à hier les trois représentants emblématiques de la droite dure européenne au pouvoir. Les acteurs du printemps patriotique, Marine Le Pen, Geert Wilders et quelques autres moins connus venus d'Europe orientale, ont cherché à faire masse lors de leur rassemblement de Milan, hier. Tous les ingrédients étaient réunis pour constituer une force redoutable de destruction de la technostructure bruxelloise. Ça ne va pas le faire. On peut déjà prédire une fracture ouverte désormais entre tous les acteurs de cette conférence du fait de la politique clivante du Kremlin. Que peut-il se passer encore cette semaine décisive ? Les partis orientaux de la droite au carré ont la phobie des Russes à des degrés divers - ils ont payé pour - et ils ne vont pas se livrer à des partenaires qu'ils jugent infectés.

Les relations du Front et du Kremlin ne sont pas claires pour ceux qui connaissent le travail de sape de l'ennemi. Et il y a une question d'argent entre eux un peu comme dans l'affaire Strache. Cette suspicion va affecter la constitution du groupe parlementaire européen appelé par Marine Le Pen pour faire bloc contre les eurolâtres à Strasbourg. Aucun nationaliste oriental ne va confier quelque chose à un Mariani par exemple.

Rien qu'en les citant on voit très bien la ligne de fracture :
Russophobes : Vrais Finlandais, Ekre estonien, Parti populaire danois, Volya bulgare, SPD tchèque, Vlaams Belang belge
Indéterminés : Sme Rodina slovaque, PVV néerlandais, AfD allemande (à cause du soutien de la communauté allemande originaire de Russie)
Russophiles : FPÖ autrichien, La Lega italienne, le RN français

S'il est très vraisemblable que le Rassemblement national puisse envoyer 22 députés** à Strasbourg, grâce notamment à la qualité dialectique de sa tête de liste Bardella, la constitution d'un groupe à lui seul lui sera refusée par le scrutin (il faut 25 députés) et il ne pourra pas agréger autour de lui la force sur laquelle il comptait pour agir enfin dans cette enceinte parlementaire aux mains de la bienpensance (PPE, S&D, ALDE...). Donc on s'achemine vers une participation relativement passive du RN comme pour les mandats précédents. Seule restera la victoire sur la liste Macron mais l'enjeu véritable de l'exercice n'est pas vraiment là, l'Europe affronte des défis autrement plus importants que ceux de la politique intérieure française.

(**) Un dernier sondage (IFOP) donne 24% au RN mais les listes mortes font 15% au total, donc la répartition des sièges se fait sur 85 et pas sur 100, ce qui fait 28% des votes utiles

vendredi 17 mai 2019

Concubinage franco-allemand

Manfred Weber
L'amitié radieuse franco-allemande survendue par le président Macron a-t-elle jamais existé ? Sur le site de La Faute à Rousseau, Gérard POL brosse le portrait d'un couple en voie de séparation faute de projet commun (clic). C'est la chancelière qui a explicitement dévoilé la fracture en terme non équivoque de "confrontations". Nous offrons ci-dessous un simple coup de projecteur avant les élections européennes sur cet aspect essentiel du fonctionnement des institutions, sachant que le prochain président de la Commission européenne risque fort d'être allemand comme le souhaite Angela Merkel et le récuse Emmanuel Macron qui dénie déjà au Parlement européen le choix du premier président arrivé en tête, l’Allemand Manfred Weber (PPE). Une "confrontation" de plus qui mine le maintien de séances parlementaires à Strasbourg.

On a pu y croire à l'époque Giscard-Schmidt où l'Allemagne avait accepté de ne pas reconstruire une diplomatie et nous laissait le dernier mot au Conseil européen. Puis vint le programme socialo-communiste en France qui a beaucoup choqué nos voisins, pour s'apercevoir finalement que le déclassement de la France ne pouvait que lui profiter. A partir de là, l'amitié a muté en confrontation d'intérêts, amiable ou pas (abrogation du service militaire en France).

Les premières réactions négatives françaises à l'anschluss germano-allemand de 1990 (les Anglais partageaient nos réticences d'alors) ont convaincu les Allemands de "faire pour soi". Ainsi Kohl a-t-il offert la parité des marcs aux "orientaux" en déprimant sa propre économie cliente des produits français, et payé très cher le déménagement des troupes soviétiques hors du nouvel espace allemand, ce qui lui donnait la primature en Europe centrale OTAN.
De même quand Mitterrand a (dit-on) forcé la Chancellerie à prendre l'euro, les Allemands ont vite compris qu'ils étendaient la zone DEM à toute l'Europe occidentale, en prenant en plus la BCE à Francfort.

La France est moquée quand on l'appelle la "Grosse Nation". Nous ne leur servons plus à rien au plan politique, nous sommes plutôt encombrants dans certaines enceintes internationales où le business prend le pas sur les grands principes (nucléaire iranien). Dans leur esprit, les défis qu'ils affrontent ne nous convoquent pas à leur solution.

Les diplomaties obéissent à la dérive des plaques, c'est de la tectonique. L'Allemagne va accroitre sa zone de chalandise et son espace au détriment de la France impécunieuse et déjà mendiante (mutualisation des gabegies). Dans son compartiment stratégique, elle est prête à partager la Baltique orientale avec son plus gros fournisseur de gaz, aussitôt que Trump aura quitté la Maison Blanche.

Le couple franco-allemand est pour les Allemands une vieillerie de la guerre froide sans grand avenir et ce sont eux qui cesseront les premiers l'acharnement thérapeutique.

jeudi 16 mai 2019

Quelle Europe ?

A dix jours du scrutin européen, Royal-Artillerie succombe aux sollicitations de son lectorat fidèle pour donner une opinion qui en vaut d'autres - mais pas toutes - sur l'Europe que nous pourrions souhaiter (c'est une blague).

- Roots ! -

Celle-ci ne sera ni socialiste (ou fasciste c'est égal) ni populiste (tous les partis démocratiques le sont devenus) mais construite sur le seul principe de réalités. Le temps nous est compté par les empires qui nous menacent carrément et sans doute en restera-t-il bien peu pour philosopher tout en se disputant. Les choses, procratinées depuis trente ans et maintenant retardées par la recherche d'une impossible unanimité à vingt-sept, se dénoueront dans l'urgence des défis que nous affronterons. Pour se bien faire comprendre, citons l'affaire de la téléphonie 5-G : le bras de fer entre Huawei, les Etats Unis, la République fédérale et les développeurs occidentaux ne va pas courir de conférence en conférence. Elle sera tranchée autour de deux pôles, l'un allemand, l'autre américain. C'est plus important que le calibre des melons ou le taux de particules fines. Le monde ne nous laissera pas le temps des raisonnements spécieux ou de longues incantations en conférences de presse avant de nous convoquer aux lices du camp clos.

Divisés, nous succomberons les uns après les autres car nous sommes chacun trop petits au pantographe de la mondialisation. La division des Européens est explicitement à l'agenda des nouveaux ogres, Trump détache la Grande Bretagne et la Pologne, Poutine aide par tous moyens les partis déconstructeurs comme le RN français, Xi appâte les malades comme la Grèce et l'Italie par la médecine douce des routes de la soie. Divisés, nous mutualiserons nos insuffisances, nos défauts, nos bêtises (nous avons tant déconné depuis le Congrès de Vienne). Ensemble, nous ferons faisceau de nos atouts. Ensemble ? La question ne se pose plus, sauf chez quelques nostalgiques de La France seule que plus personne de sensé n'écoute. Ensemble, oui, mais ensemble comment ?

La poussée des identitaires dans tous les pays de l'Union bloque la fédéralisation qui fut jusqu'ici la trajectoire de la technocratie bruxelloise sur le modèle éprouvé des Etats Unis d'Amérique. Le nationalisme endémique devait pour elle se contenter de particularismes régionaux, les Etats-nations devenant une circonscription linguistique.

A défaut donc de fédération à 27 il faut explorer voies et moyens d'une réactivité de même nature que celle de nos contempteurs dans les domaines qui l'exigent. C'est facile à écrire. Prenons les choses dans l'ordre d'apparition sur scène.

(A) La grande force de l'Europe est son marché commun des biens et services librement praticable. Cinq cents millions de consommateurs solvables achètent (et importent) des normes communes. Notons en passant que ni les Chinois ni les Américains ne sont parvenus à imposer leurs propres normes dans le Marché commun, sauf dans des niches étroites très spécifiques (circulation aérienne par ex.). Qui dit normes, dit aussi normes de production agricole afin que les produits distribués partout soient au-dessus des planchers qualitatifs acceptables.
Ce marché commun crée beaucoup de valeur ajoutée à l'échelle du continent et tout ce qui pourrait l'entraver diminue la richesse disponible, pour partie redistribuable.

Le bras armé du marché commun est la Douane. Fédérons alors les douanes - elles travaillent déjà de concert sur un code douanier unique - et nommons un Secrétaire général des Douanes européennes qui sera l'interlocuteur européen obligé pour toutes les questions de commerce mondial. La part prépondérante de la communauté européenne dans le commerce mondial nous donne toute légitimité de défense dans les guerres commerciales allumées par les uns et les autres à des prétextes stratégiques ou bassement politiques. Notre Secrétaire général parlera d'égal à égal avec les ministres du commerce extérieur chinois, américain, russe ou brésilien et à l'OMC dès lors qu'ils n'auront aucun canal de déviation de leur lobbying.

Pour faire bon poids en frontière, il serait intelligent de subordonner au Secrétaire général des Douanes les corps nationaux de garde-frontières et le corps européen des garde-côtes à créer. Un seul numéro de téléphone pour entrer.
Première conclusion pratique : on peut protéger ce marché sur son périmètre et le fermer quand c'est nécessaire, mais on sanctuarise le principe de libre circulation intérieure. L'invocation terroriste pour fermer les frontières intérieures est une ânerie parce que le terrorisme n'a jamais été bloqué en douane pas plus que le tabac ou la cocaïne et que pour le vaincre, il faut aller à la racine du chiendent et l'arracher pour qu'il crève. C'est un choix national.

(B) L'autre valeur commune est la monnaie. Sans entrer dans la dispute académique des devises privées de l'Ecole autrichienne d'économie, dispute qui enfonce les monnaies régaliennes, la force d'un empire est aussi dans la monnaie qu'il bat. Avant l'euro, seulement deux pays européens avaient une monnaie cotée au tableau chaque jour, la République fédérale et son deutschemark, la Grande Bretagne et sa livre sterling. Toutes les autres monnaies du continent étaient cotées par opposition, avant de dévaluer périodiquement pour rattraper le wagon de tête. Les ressusciter dans chaque pays européen reviendrait à redonner la prééminence aux deux anciennes et à déclasser toutes les autres à nouveau. Qui prendra du franc neuf en monnaie de réserve avec l'état de calamités financières déclaré en France ? La monnaie nationale revenue deviendrait une monnaie de circulation intérieure que les acteurs économiques devraient échanger pour une monnaie internationale dans tous les actes du commerce extérieur ; autant dire qu'au change quotidien elle s'effondrerait et naîtrait un marché noir du DEM ou du dollar comme en Iran.

Seconde conclusion pratique : Qui dit monnaie, dit banque centrale d'émission. Qui dit émission dit volume imprimé et taux de pension. Ces deux actions conditionnent l'économie. Si les Etats Unis fonctionnent à cinquante Etats fédérés avec une Réserve fédérale indépendante des pouvoirs politiques, il est difficile de combattre cette organisation en Europe occidentale si les Etats sont honnêtes. Le souci de saine collaboration des Etats entre eux devrait les obliger à soutenir leur monnaie commune en impulsant chez chacun d'eux des conditions économiques et fiscales productrices de richesse à l'équilibre budgétaire, comme on le fait dans bien des pays où on vit heureux.

Avançons. Deux questions s'avèrent inextricables au moment : ce sont la diplomatie et la guerre. L'histoire du continent est une des plus riches du monde en drames de toutes sortes. Il s'ensuit que les diplomaties nationales héritent de cette histoire et en sont durablement marquées. Le temps n'est pas venu d'unifier nos diplomaties que nous allons passer en revue :

Deux grandes diplomaties mondiales subsistent, la française et l'anglaise. Elles ont hérité de leur rayonnement européen, de victoires qui les ont épuisées et de leurs empires coloniaux. Elles divergent souvent, l'anglaise ayant un réflexe de retenue dans ses interventions jusqu'au jour où elle fait débarquer les boys qui ravagent tout pour l'exemple, puis rentrent au pays des brumes et des ondées. La France a la même, sauf que porteuse d'un message universel, elle demeure sur place et s'y fatigue à raccommoder des gens qui se détestent.

L'Allemagne n'a pas de diplomatie autre que celle de la Deutschland AG. Daimler-Benz, Bayer, Siemens, Badische Anilin sont les ambassades du pays le plus pacifiste au monde, prêt à payer pour ne pas se battre. D'autres pays ont des diplomaties circonscrites à leur région qui ne mériteraient pas une mutualisation stricto sensu : citons l'Espagne et l'Afrique du Nord, la Pologne sur la Baltique et l'Ukraine, l'Italie en Méditerranée centrale, la Grèce en Méditerranée orientale. On comprend dès lors qu'une diplomatie commune européenne est impossible sauf à organiser des canaux de coopération sur notre hémisphère comme ne le font pas si mal Frederica Mogherini et son staff.

Pour ce qui concerne la défense européenne, on a devant soi la lubie typiquement française de vouloir imposer aux autres nos conclusions stratégiques sans avoir les moyens d'en forcer l'achat. Pour tous, absolument tous les pays européens, la défense européenne est assurée par l'OTAN. Ont-ils tort ? Une prochaine guerre si elle éclate, nous le dira. Souhaitons de ne jamais savoir. Faire campagne pour cette défense européenne rejetée in petto par tous nos voisins frise l'escroquerie. Pour qui se prennent-ils à avancer seuls sur ce chemin sans issue ? Pour qui nous prennent-ils pour nous vendre l'impossible ? Les listes européennes promouvant une défense intégrée sont à bannir ; c'est un leurre à gogos ou à gaullistes.

Troisième conclusion pratique : à l'impossible nul n'est tenu. Une diplomatie européenne serait utile aux marches de l'empire en ce qu'elle surmonterait les obsessions nationales nées de confrontations anciennes. La grande diplomatie resterait dans les mains de ceux qui peuvent encore l'actionner, la diplomatie de proximité serait quant à elle remise au Service fédéral des Affaires étrangères et de la Politique de sécurité existant. Bien sûr les Polonais gueuleront mais si cela nous évite une guerre avec la Russie, ce ne sera pas cher payé. A défaut, ils pourront toujours devenir le Porto Rico balte des Etats Unis. A l'inverse, renforcer la diplomatie italienne en Libye serait efficace car elle assume la création de garde-côtes libyens capable de tenir les eaux territoriales.

Comme nous l'avons souvent dit, en matière de défense, une coopération étroite avec les Anglais musclerait nos forces, et symétriquement une coopération franco-allemande dans les usines d'armement nous assurerait des moyens de qualité sans aller encore les chercher outre-atlantique. Le socle de défense reste l'OTAN, une machine de guerre éprouvée qui est dénoncée par tous nos adversaires, ce qui en montre la force dissuasive.


Le reste n'a aucun intérêt à la fédéralisation dans la mesure où ça ne circule pas. Droits de l'homme, santé (normes de potabilité... mais qualité de l'air, si), normes hôtelières, normes universitaires (le marché triera les compétences sans exclusive). Par contre les normes de construction automobiles doivent être européennes comme toutes les certifications des engins circulants et des opérateurs qui les conduisent tels les chauffeurs routiers (c'est un exemple). Mutualisons ce qui en vaut la peine et laissons les Nations libres d'organiser leurs sociétés. Il n'y a pas d'épure miraculeuse, l'Europe restera longtemps un projet en construction, inachevé, c'est un legs de l'histoire. Mais déjà pointent à l'horizon des défis qui risquent de faire précipiter la désunion en cluster de combat, c'est le défi aérospatial.

(C) Après le marché commun en libre pratique, notre deuxième force est l'aérospatial. Nous sommes à parité en aéronautique avec les Etats-Unis et nous sommes un acteur majeur en astronautique, bridés seulement par la congruité des budgets nationaux. Le secteur des missiliers européens fait également référence à l'international quand ça pète quelque part. Mais pour la première fois depuis longtemps - en fait depuis la ruée vers l'or noir - nous sommes confrontés à des compétiteurs strictement privés qui disposent de capitaux libres en quantité, c'est-à-dire non gagés sur des politiques sociales, pour développer les rêves spatiaux de demain. J'ai nommé Amazon (Jeff Bezos), Virgin (Richard Branson), SpaceX (Elon Musk).
Il y a sept ans, Bernard Werber confiait à Atlantico que « l’entreprise [était] en train de devenir la nouvelle cellule de reconnaissance, une cellule plus dynamique et plus libre que l’Etat. Un chef d’entreprise n’est pas élu démocratiquement, il n’a pas besoin d’être aimé, il a juste besoin de gagner de l’argent. La conquête spatiale qui demande de lourds investissements financiers se passera donc très probablement des Etats et les entreprises construiront des lanceurs privés mais aussi des fusées, des satellites et des vaisseaux spatiaux ». On y est. Space X livre la station spatiale internationale avec ses propres fusées en récupérant les étages propulseurs d'arrachement à l'attraction terrestre.

Quatrième conclusion pratique : Ce défi peut-il être relevé par les Etats européens ? Non ! Le modèle socialiste européen stérilise le capital, et ceux qui en créent comme l'Anglais Richard Branson, expatrient leur recherche et développement pour sortir du carcan taxateur. D'autres capitalistes européens se lanceront-ils dans l'aventure spatiale ? Nul ne le sait mais apparemment il ne semble pas que nous ayons, même ensemble, les capitaux libres nécessaires. Ce défi ne sera pas relevé par l'Europe institutionnelle, mais par des génies à naître. Favorisons leur éclosion et la création de richesse avant de dévorer le capital pour la survie des demeurés !


mardi 14 mai 2019

Hommage aux commandos Hubert

Alain Bertoncello et Cédric de Pierrepont






Chant d'accompagnement des cercueils quittant les Invalides

Loin de chez nous, en Afrique, combattait le bataillon,
Pour refaire, à la Patrie, sa splendeur, sa gloire et son renom.

La bataille faisait rage, lorsque l'un de nous tomba.
Et mon meilleur camarade, gisait là blessé auprès de moi

Et ses lèvres murmurèrent, si tu retournes au pays,
A la maison de ma mère, parle-lui, dis-lui à mots très doux

Dis-lui qu'un soir, en Afrique, je suis parti pour toujours.
Dis-lui qu'elle me pardonne, car nous nous retrouverons un jour.





lundi 13 mai 2019

Un prix mérité !


13 mai 2019 : 61 ans après le putsch d'Alger qui stoppait la dérive décoloniale de la IVè République, c'est une Marocaine et quelques autres Nord-africains comme le séfarade Zemmour qui tentent de nous défendre contre la subversion du fascisme islamique, affublé des atours de la liberté, des droits à, et de la laïcité qui bloquent ses contempteurs.

Après une carrière de combats (cf. la Wikipedia), elle reçoit une haute distinction maçonnique, et bien que royaliste, nous nous en faisons l'écho parce qu'elle la mérite et qu'elle en est très fière.



Ainsi le Grand Orient de France a-t-il décerné à Mme Zineb El Rhazoui le prix Marianne Jacques France vendredi dernier. Le GODF nous indique que « le prix Marianne Jacques France est remis chaque année dans le cadre des Utopiales maçonniques. Il salue une personnalité s’étant distinguée par la défense constante des valeurs républicaines tout au long de sa carrière. Sculpteur et franc-maçon, Paul Lecreux dit Jacques France, réalisa en 1881 un buste de la République qui connut alors un grand succès populaire. Sa Marianne originelle a été déclinée dans une version maçonnique qui orne nombre de loges du Grand Orient, ainsi qu’en une version dépouillée des symboles maçonniques et portant les grandes dates de la République.»

Outre nos plus vives félicitations pour son courage et sa pugnacité, nous souhaitons que Zineb El Rhazoui soit retenue comme modèle de la prochaine Marianne. Même si le GODF n'est pas notre tasse de thé au jasmin, ce prix apporte au lauréat une certaine protection, dans ce cas, contre la barbarie islamiste et la lâcheté islamique qui lui tient la porte. Ancienne journaliste de Charlie Hebdo, elle et son mari vivent sous protection policière.

Tous nos vœux de bonheur.

jeudi 9 mai 2019

S'il n'est pas mort...

...ça y ressemble !

8 mai 2019 les Champs Elysées attendent le président

Le verbiage trop convenu que la chaîne d'Etat nous a laissé surprendre à l'Arc de Triomphe, et la lenteur très arrosée du serrement de mains de monsieur le Président dévoilent les prémices de la cachexie politique. Si Emmanuel vit encore, Macron est mort.

Le prochain scrutin aura lieu le lendemain de l'Acte XXVIII de la révolte molle des Gilets jaunes chez qui le slogan le plus répandu est devenu « Macron ! Démission ! ». Les sondages, qui par habitude ne sont pas hostiles au chef de l'État - restons entre amis - donne 21,5% des intentions de vote à Calamity Loiseau (©Epoka) sur une participation attendue de 40% de l'électorat, soit un résultat calculé à 8,6% du corps électoral. Ce chiffre ridicule ne permettra de claironner aucune victoire dans aucun des deux camps arrivés en tête, et se posera à nouveau la question de la légitimité d'un président qui ne se relance pas.

Parlons alors d'Europe. Le projet européen d'Emmanuel Macron est au cœur du programme décennal. Il a commencé par là en visitant en premier la Chancellerie du Reich, réclamant une solidarité budgétaire à travers les eurobonds ou tout autre dispositif de mutualisation de la gabegie latine, ce qui provoqua l'humiliante rebuffade du chef de file de l'Europe sérieuse Mark Rutte, premier ministre du roi des Pays-Bas : "Réparez votre pays avant d'organiser les nôtres !". On notera sans y insister que cette année la France fut mise en minorité lors de la prolongation du Brexit à Bruxelles.

Le programme européen de madame Loiseau, qui fut si long à rédiger dans les soupentes du château, reste sur la trajectoire macronienne d'imposer à leurs frais notre modèle à nos partenaires, quels que soient leurs propres soucis. Synthèse RFi : Investir mille milliards d'euros d'ici 2024 pour les énergies et les transports propres, taxer le carbone des produits importés en Europe, un SMIC adapté à chaque pays européen, élargir Erasmus aux collégiens et lycéens.... Venant d'un pays exsangue qui finance son fonctionnement sur la Dette et les taxes pléthoriques, les propositions sont particulièrement osées. L'Europe sérieuse (dite du Nord) ne nous prend pas au sérieux justement, nous sommes un gros furoncle sur l'Eurogroup. L'Europe rieuse ou latine refuse pour sa part notre leadership, sachant bien que le pouvoir réel supranational qui les fait vivre est à Francfort et à Berlin. Reste l'Europe désoviétisée qui, au réflexe pavlovien du chat échaudé craignant l'eau froide, oppose les plus pressantes réserves aux demandes de la France socialiste, sauf si d'aventure nous demandions d'augmenter les transferts financiers vers elle, les PECOs n'étant venus que pour ça.

Si la défiance est au maximum à l'intérieur - 60% de soutien aux Gilets jaunes -, elle ne l'est pas moins chez nos voisins de plus en plus fatigués de la Grosse Nation. A la grande exportation, notre diplomatie n'est pas plus flambarde. Le copinage initié avec Donald Trump que monsieur Macron devait charmer irrésistiblement est un flop. Le magnat newyorkais ne prend en considération aucune difficulté que ces décisions causent chez les pays étrangers, alliés ou pas. La France seule ne le fera jamais plier et nos intérêts sont en remorque des intérêts allemands bien plus grands que les nôtres. A l'orient de nos défis, les efforts d'amélioration de la balance commerciale et stratégique avec la Chine populaire sont vains dès lors que le ministère chinois ad hoc a compris que le Marché commun est une union douanière intégrée et gouvernée à Bruxelles, et qu'aucune décision nationale de commerce extérieur n'y sera validée si elle ne s'applique pas à tous les autres partenaires qui en l'espèce ne sont pas des godillots. Même la chancelière Merkel a des difficultés à se faire comprendre des autorités politiques chinoises pour cette raison. Pékin, "rival systémique" assumé de l'Union européenne, pousse les routes de la soie chez les pays démunis et se s'inquiète pas du reste sauf à installer chez elle des chaînes de montage payées par l'industrie occidentale. Restons dans le concret, se disent-ils...




Le 27 mai au matin, après le vacarme des éditions spéciales, se réveillera un président pas moins honni que la veille, qui traînera comme un boulet le pourcentage de 8,6%+/-epsilon, pourcentage humiliant que ses adversaires colporteront sur tous les plateaux médiatiques. François Hollande avait subi une forte érosion de popularité qui, à la fin du processus, l'avait conduit à se retirer de la lutte électorale. On oublie d'ailleurs qu'il avait bien mieux gouverné après le jour de sa renonciation qu'avant. Emmanuel Macron n'aura pas franchi la moitié de son mandat qu'il se retrouvera déjà dans la même situation, un président rejeté par la rue et plus souvent moqué que son prédécesseur. Comment réformer alors ? En dissolvant la Chambre ! Il y est condamné.


Le désert du 8 mai - un président au coeur de sa garde approche de l'Etoile



samedi 4 mai 2019

Méditation au rond-point

Sur un réseau social à l'emblème de l'oiseau bleu, l'exquise Sophie de Menthon exprimait sa perplexité quant au soutien général que reçoit le mouvement des Gilets jaunes dans ce pays. Tout est dans le dernier mot :
@SdeMenthon - « Aux 60% qui soutiennent les gilets jaunes: il faudrait commencer à prendre conscience que vous contribuez à déstabiliser le pays et qu’il n’y a rien d’autre à attendre sinon vous endetter vous et l’État @MouvETHIC. Sans compter que vous encouragez la violence. Incompréhensible.»

Ce sentiment d'incompréhension est largement partagé chez les élites françaises qui pointent les incohérences et incompatibilités des revendications populaires dans le pays le plus redistributeur qui soit, le plus taxé, le plus endetté pour faire l'échéance de ses fonctionnaires pléthoriques. On serait tenté de leur donner le point mais ce qu'elles ne voient pas est une nation malade d'elle-même. La Nation française a pourri sur pied, elle s'effondre lentement. Et la nature ayant horreur du vide comme le montrent les villages en ruines recouverts de lierre, cette Nation malade habitant le plus beau pays du monde va être submergée par les nouveaux barbares, vigoureux et pleins d'envies. Abonné à l'Itinérant, hebdo de clodos jadis ayant muté en magazine de qualité (je recommande), je lis par curiosité et un peu en diagonale le cahier d'annonces légales qui le fait vivre. Sans avoir besoin de pointer, les deux tiers des annonces sont le fait d'entrepreneurs étrangers ou d'origine étrangère par leur patronyme. Les deux tiers !!! Deux tiers du risque économique de base est pris par des étrangers en France ? Dans mon chef-lieu de canton de 30000 habitants il ne reste qu'une boulangerie française ; toutes les autres sont arabes (ou perse) et elles gagnent chaque année un prix au concours départemental du pain. Le matin passe la benne à ordures : qui est au cul du camion ? Des étrangers. L'emploi paie mal ? pas du tout, très bien au contraire. Mais il faut se lever à 5 heures. Près de la gare s'est construit un gros ensemble immobilier, un quartier entièrement neuf gagné sur les épandages : j'observais cet hiver sous la neige les pointes d'épingles noires qui bougeaient sur les immeubles en construction. Les trois-quarts des ouvriers du bâtiment sont noirs. Mon voisin a fait isoler son pavillon par l'extérieur, tout le chantier parlait arabe. Trois maisons ont été construites à la place d'un garage désaffecté tout à côté de chez moi, tout le chantier parlait balkanique... je peux en faire dix pages sans oublier la métallerie d'en-face autrefois française (des amis y travaillaient) aujourd'hui yougoslave (je ne sais de quelle ethnie)... Tout ça pour dire que le grand remplacement dénoncé parfois abusivement par la bande à Camus est surtout un remplacement dans le travail. Qui livre chez Fedex, UPS, DHL, TNT si ce ne sont des arabes ou des noirs ? Qui va monter demain chez moi mon lave-vaisselle Bosch made in Turquie, 10 euros que ce sera un noir ! Gros déficit de courage dans la population de souche, Antilles comprises. Alors le mal-être se diffuse, le cancer de la frustration métastase, la culpabilité pointe son nez, le Gaulois râle, la Nation se liquéfie.



Le mouvement des Gilets jaunes ne mobilise pas grand monde, trente ou cinquante mille, cent mille, deux cent mille sur une population politique de quarante-cinq millions de citoyens. Mais à son spectacle, chaque samedi, la Nation (ou 60% de la nation selon Mme de Menthon mais c'est monté à 84% en novembre 2018) résonne de l'expression de ce mal-être, elle vibre ! S'il est reconnu que l'assistanat généralisé a provoqué chez nous un affaissement mental sans égal en Europe à tel point que le sevrage devient dangereux, la route est courte vers la mise en cause des cadeaux empoisonnés que fit le Conseil national de la Résistance de 1945 à un peuple battu. On ne peut comprendre cette dépression sans dénoncer le régime politique conservateur qui depuis cinquante ans trafique la représentation politique et stérilise l'innovation sociale par l'arrosage des clientèles. Cette perception d'un régime en défaut fut patente au sein du mouvement des ronds-points de 2018, qui se défiait de tout ce qui pouvait ressembler à un corps intermédiaire, chambre ou ordre professionnels, parti politique, syndicat etc... La construction même de la Vè République en est ébranlée dans l'esprit des citoyens, sa constitution est vue comme une entrave, l'organisation des pouvoirs qu'elle induit, le boulet du forçat à la cheville du citoyen. On ne peut gouverner durablement une démocratie comme la nôtre si la moitié du corps électoral est barré d'accès aux hémicycles législatifs. Il n'y a pas lieu aujourd'hui de dauber sur la gabegie généralisée du régime de prébendes, la corruption morale d'une classe politique professionnalisée, la dictature d'une technostructure d'habiles et malins formatés à l'identique dans les canaux d'alimentation des cours, cabinets et administrations du pouvoir central. Non, nous nous en tiendrons au déclassement de la moitié de la Nation, ailleurs les Intouchables, ici les Invisibles.

Pour représenter les gens et en même transporter les disputes de la rue à la Chambre, il n'y a que des élections à la proportionnelle. On objecte à l'établissement de la proportionnelle dans les scrutins nationaux qu'elle empêcherait la formation de majorité de gouvernement du pays. Ce qui exclut l'exercice de coalition que pratiquent tous autres les pays européens. Sont-ce des génies de la démocratie ? Peut-être ! Nous avons déjà montré ici que la coalition est jouable dans des systèmes à la proportionnelle sous condition de contrainte, nous n'y revenons pas (cf. Parlementarisme de 2007 sur ce blogue).
L'autre objection est double. D'une part, la confection des listes électorales ouvriraient la porte à l'allégeance et à la caporalisation des groupes parlementaires. La transformation du député libre en godillot date des débuts de la Cinquième où l'électeur et le mode de scrutin majoritaire à deux tours envoyaient à la chambre des bataillons UNR ou UDR ou RPR tout à fait mécaniques de soldats stupides aux ordres, ce qui n'a pas augmenté l'estime des électeurs à leur endroit. D'autre part, le déracinement du député soi-disant hors-sol l'éloignerait encore plus de ses mandants. Ce qui est un gag quand on voit la distance mise entre eux deux. Essayez d'avoir rendez-vous. Mais notons que cette distance imposée s'est un peu réduite depuis l'explosion de la colère. Il y a cent façons de connecter l'élu au peuple, il suffit d'en choisir une qui soit distincte du mode électif.

Instaurer la proportionnelle et dissoudre l'Assemblée nationale dans la foulée aurait été une mesure suffisamment dramatique pour stopper la dérive du ressentiment général à l'endroit du Macronisme. Au lieu de quoi l'Elysée a mis en page un catalogue des Trois Suisses de la Réforme tranquille sur déficits aggravés et dette accrue. Qu'il ne se plaigne pas maintenant que le compte n'y soit pas dans le cœur des révoltés, malgré l'avalanche de milliards toujours non financés. Les gens n'attendaient pas la manne des Hébreux, mais une refonte du modèle social vers plus d'efficacité, de libertés et quelque part de bonheur. Le pouvoir, isolé dans l'entre-soi, captif d'une discipline de projet, ne l'a pas compris. Ce qui manque à ces messieurs, ce n'est certes pas l'intelligence pure ni la pugnacité, moins encore la résilience, c'est tout simplement la culture de l'Etat et celle du gouvernement des nations, choses qui ne s'apprennent pas dans une école de bachotage. Ces gens sont des touristes. Ils vinrent, cherchent à durer, seront chassés à marée descendante. Ceux qui les précédaient étaient des nomenklatouristes issus des partis politiques, blanchis sous le harnois de la prévarication, corruption, concussion et arrogance pour faire bon poids. Pour que ça marche, il faut barrer les cons et les rusés de l'accès au pont du navire. Le régalien doit être remis entre des mains compétentes et intègres, une aristocratie au sens premier. En reste-t-il ? Il semblerait plutôt que les meilleurs dans ce profil aient déserté la politique pour l'aventure personnelle dans des champs d'action où ils peuvent se réaliser sans perdre leur âme et l'honneur. A défaut d'en trouver suffisamment si l'on doit compléter les tableaux d'effectifs de forts en thème sans imagination, il faudrait au moins que la pointe de pyramide soit née pour l'emploi et ne combatte pas toutes griffes dehors pour s'y hisser ! En attendant que le régime nouveau stabilise l'Etat central, les royalistes devraient diffuser plus largement l'offre de compétence et pérennité de la monarchie pour la France de demain, sans se perdre dans les vieilleries d'hier. Dit en passant, les 60% de Mme de Menthon correspondent à la prévision d'abstention aux prochaines élections européennes.


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