Le motu tarde comme dirait l'évêque de Dijon. Veut-on laisser passer le happening marial à la grotte de Massabielle de ce soir, jamboree-rave que l'épiscopature nationale a lancé en concurrence des fêtes de l'Aïd el-Kébir ?
Il était temps que l'Eglise catholique surenchérisse sur les Evangéliques sauteurs, Les Jéhovistes rythm & blues, voire les Derviches tourneurs en tutus longs qui frappent à la porte de l'Oecuménisme, à peine de voir le denier du culte fondre comme neige au soleil. Car la guitare sèche en soutien de chansonnettes insignifiantes, comme ma paroisse m'en a infligé le jour de Noël, ne fait plus le poids contre les caissons de basse et les gongs !
Et puisque les ascendances davidiques de la Vierge Marie sont chargées de psaumes, dont nous avons perdu la partition musicale, vive le "Rock à Bernadette" en guise de prières. Ca peut faire du chiffre, en comptant en âmes bien sûr.
En France, notre religion s'est embourbée dans le siècle, et elle brasse pour s'en défaire comme l'imprudent dans les sables mouvants. Elle chasse les phénomènes de société. Le "sociétal", la rue, sa misère ! L'Eglise catholique a été phagocytée par le Secours catholique. Les fidèles sont obsédés par l'humanitaire, les saints nouveaux ont pour la plupart couru au secours des affligés pour leur propre mortification, les figures de proue actuellement sur scène ne sont vues que dans le caritatif ou le larmoyant, voire la provocation délibérée.
Une réflexion de madame Catherine Vautrin, en charge des indigents d'ordre et pour compte du gouvernement Villepin, m'a beaucoup surpris. Les foyers d'hébergement public assortis d'un parcours de réinsertion bien encadré, sont presque vides ! Il ne faut pas longtemps pour comprendre que les malheureux mis à la rue sont devenus d'abord des "a-sociaux" et que le fond de la question est avant tout mental, physiologique ensuite. Subissent-ils un syndrome d'autodestruction ? Les spécialistes payés pour leur expertise ont la réponse.
En l'attendant, j'ai la conviction intime que c'est le désarroi spirituel qui initialement jette les gens dehors à l'occasion d'un accident de parcours.
Le "qu'est-ce que je fous là ?" est la question déclenchante.
Y répondre par un "Jésus vous aime" ne sert à rien si le spirituel n'a pas été ensemencé d'une vraie doctrine théologique donnant un sens, un axe de parcours à la vie.
L'Eglise catholique se fourvoie dans sa mission sociale qui a pris toute l'énergie sur sa mission didactique spirituelle. Elle se met en compétition avec de nombreuses structures de charité profanes ou religieuses, et, ne faisant ni mieux ni moins bien qu'elles, disparaît dans le paysage de "l'humanitaire".
Sa vocation n'est pas de faire du chiffre et elle n'y parvient d'ailleurs plus. Sa vocation est d'être un pôle de Vérité, facilement accessible à tout un chacun, donnant une garantie de bonne fin par la grâce de la Foi.
Tout le reste n'est qu'agitation, prosélytisme corrupteur de l'essence même de la religion.
Le motu proprio qui devrait réunir la Fraternité sacerdotale saint Pie X à l'Eglise romaine est attendu par certains comme le signal d'un renversement d'alliances, au moins de priorités. Remettre la primauté du spirituel sur le temporel allumera un phare que les âmes perdues auront le choix d'atteindre.
Cette mise en marche vers l'Explication est commencée depuis si longtemps vers les églises des faux prophètes, des lamas, des gourous. On n'y sert pas la soupe à heure fixe ! Le contact y est même rude parfois, mais la gnose distillée rétribue l'impétrant d'une sérénité longtemps enviée par celui qui s'est rendu à elles.
Quand l'Eglise qui détient sa vérité universelle, se contente de bondieuseries enfantines et calme ses ardeurs évangéliques dans le soulagement des misères humaines ou dans le tapage du boogie-woogie, elle passe à côté de la mission centrale assignée : l'Explication de l'homme.
S'il reste du temps pour la soupe, tant mieux ; mais il y a aussi la société civile pour s'occuper des contingences matérielles ! On n'a pas besoin d'avoir fait le séminaire pour allumer un camping-gaz.
Au fait, au cours de ses dix-huit apparitions à Bernadette Soubirous, l'Immaculée Conception ne lui a jamais parlé de monter une soupe populaire, ni de soulager la misère du monde : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l'autre. »
Elle a réclamé la pénitence des pêcheurs et l'adoration.
Programme désuet ?
Par contre celui de la Discothèque de Dieu est accessible par un simple CLIC sur la pochette d'EXO en concert ci-dessous.
dimanche 31 décembre 2006
jeudi 28 décembre 2006
Bourbon on the rocks
Le fort d'Agra de l'empereur Akbar.
En cette fin d'année nous ne vous passerons pas les voeux du prince Balthazar-Napoléon de Bourbon pour la simple raison qu'il pourrait bien les adresser lui-même aux Français, depuis la visite que lui fit le prince Michel de Grèce en novembre 2005 (selon l'AFP).
Nous avions évoqué en janvier dernier l'histoire magique de cette famille. Nous vous renvoyons aujourd’hui aux bons auteurs qui ont minutieusement excavé les plus menus détails de cette réussite française qui croise la folle saga des bégums de Bhopal.
- Muslim Women, Reform And Princely Patronage : Nawab Sultan Jahan Begam of Bhopal par Siobhan Lambert-Hurley, chez Routledge, nov. 2006
- Les Bourbons de l'Inde, aux Editions Christian à Paris, 2003
- The Begums of Bhopal par S.E. Shayraryar M. Khan, chez Taurus à Londres, 2000
- Splendeur et Crépuscule des Maharadjahs par Vitold de Golish, chez Hachette à Paris, 1963
- L'Inde des rajahs par Louis Rousselet, chez Hachette à Paris, 1875
Que le Jean-Philippe de Bourbon qui débarqua un jour au milieu de XVIè siècle sur les rivages des Indes fût le fils du célèbre Connétable Charles III de Bourbon ou pas, n'ajoute rien au tempérament exceptionnel de la race qu'il fonda. Il avait sûrement de qui tenir si la maxime "bon sang ne peut mentir" est vraie. La descendance fit honneur au patronyme, légitime ou usurpé, qu'importe, jusqu'à ce que tourne le vent de l'histoire.
Si le premier venu à Agra, grand et de belle assurance aux dires des chroniqueurs, fut chef-artilleur de l'empereur moghol Akbar, il dut avoir un sens inné du pointage des canons pour établir sa famille de si belle manière et la rendre visible aux yeux du pouvoir durant quatre siècles. Mais il eut au départ la chance de rencontrer un despote éclairé intelligent, tolérant et ouvert, qui n'est pas sans rappeler Frédéric II de Prusse. Il finira légat de l'empereur Akbar à Delhi.
Les Bourbon prendront plus tard des positions de vizir au service des bégums de Bhopal qui gouverneront avec eux le sultanat sur quatre générations de 1819 à 1926. La french touch avait dû survivre dans la descendance car il ne fallait pas en promettre aux filles de fer du clan Pachtoune de Tora Bora.
Général en chef, premier ministre, régent même, catholiques au pays des reines musulmanes, ils ont tout fait, jusqu'à la confiscation générale de 1971 qui balaya maharadjahs, sultans et leurs nawabs par la même occasion.
Les terres leur furent prises et de leur splendeur les Bourbon de Bhopal n'ont gardé que leur foi catholique, la paternité de beaux édifices et une montagne de souvenirs. Ils ont pris leur place dans la vie civile normale et sont souvent cités à Bhopal comme curiosité.
Le dernier est gentleman-farmer et avocat au barreau, c'est le premier de la dynastie à travailler. Le portail de sa maison est à l'emblème du lys de France. Il a un humour british avec lequel il déguise son relatif dénuement quand il plaisante sur leur situation de Bourbons on the rocks !
Les enfants de Me Balthazar-Napoléon Bourbon apprennent le français.
Dès fois que le téléphone sonne !
Longue vie à eux.
lundi 18 décembre 2006
Sortir de la querelle dynastique
Sur son blogue de campagne, qui commence d'ailleurs à ameuter la contradiction, ce qui prouve une certaine audience en progrès, Yves Marie Adeline esquive la question qui tue, la querelle dynastique, en motivant sa position :
"A propos de mon silence sur ce sujet, l’un de vous m’écrit: ” Est ce une position délibérément neutre entre cette guéguerre de prétendants, pour permettre de relever la fonction royale dans l’esprit des gens ?” Ma réponse est clairement: “oui”. Je m’explique. La dernière fois que les royalistes ont été majoritaires dans une élection législative, c’était en 1873. 400 députés royalistes! Mais divisés en deux camps exactement pareils: 200 pour le prince de Bourbon, 200 pour le prince d’Orléans. Une exactitude diabolique, tant il est vrai que “le diable” signifie “le diviseur”. A cause de cela, la royauté ne put être instaurée."
Royal-Artillerie avait en son temps relaté ce désastre sous le titre Nuncamas.
Je n'ai pu voir l'émission de Stéphane Bern sur les Orléans, mais un "valet de coeur" en a rendu compte sur un forum de plein vent. Bern marche à l'affect, mais il est généralement pointu même complaisant. Le premier mérite de ce rendez-vous a-t-il été de renouer un dialogue à connotation politique entre le père et le fils ? J'attends de voir l'enregistrement. Le serrement de mains de St Germain l'Auxerrois au début de cette année avait été bref. Querelle de famille ? Les grandes maisons n'ont pas de vie privée, on y danse au vu et su de tous, c'est Louis XIV qui a réglé cette chorégraphie, et soi dit en passant, on peut la tenir pour une grave erreur, alors que le secret de la Sublime Porte avait su préserver le "principe" ... presque jusqu'au bout de l'agonie.
Pour l'instant on peut retenir des déclarations diverses de la famille de France qu'elle privilégierait éventuellement une monarchie de type parlementaire et "socio-libérale" plus proche de la démocratie exercée par la République actuelle, à la limite, une monarchie de type norvégien, même si tout prétendant capétien déteste aucune autre référence que française. Peut-on résumer en disant que la Monarchie de Juillet ne serait pas si décalée que cela comme futur avatar de notre république oligarchique ?
J'ignore si Stéphane Bern a l'intention de convoquer le Bourbon sur son divan, et je ne l'y attends d'ailleurs pas. Il y a matière à scandale aussi de ce bord-là, c'est bon pour l'audience. Le prince Louis ne se pose (apparemment) aucune question, pour ne l'avoir peut-être pas étudiée. Il se réclame du "Je suis" sans prétendre à rien comme on le lui a conseillé. Sa légitimité est clairement assise sur les Lois fondamentales du royaume de France et renoue le fil avec l'Ancien régime dans la continuité du comte de Chambord. On n'en sait pas vraiment plus.
Aucun des thèmes sensibles de la politique française n’a donné lieu à analyse ou commentaires de sa part, non plus que de la part de son secrétariat. Se suffit-il pour le moment des déclarations plus politiques de feu monseigneur son père le duc de Cadix ? L’essentiel de son action est commémoratif. Il en faut ! En attendant peut-être une période de plus intense réflexion.
Personne d'autre que les précités ne revendique quoi que ce soit, depuis que le Bourbon-Naundorff a ravalé ses prétentions, l'os de Hollande n'ayant pas parlé. Pour aller au tréfonds des choses on pourrait examiner les droits carlistes et ceux de Bourbon-Busset, et pour le fun ceux du Bourbon-Bhopal, le seul dont la famille a tenu de très hautes fonctions militaires et de gouvernement de manière ininterrompue, des origines jusqu'à la fin assez récente des maharadjahs. Mais à quoi bon ; le prince que la France attend, d'où qu'il vienne est celui qui aura la vision juste de notre destin, et s'il nous est bénéfique, de l'accomplir ; à l'inverse, de nous en arracher.
Quel est-il donc notre beau prince extralucide ?
"Celui que LA LOI désigne" répondent en coeur les chapelains de la Contre-révolution, sûrs d'eux. La monarchie étant successible par l'hérédité, il suffit de remonter l'état civil ! Pour le reste, le principe primant le prince, les problèmes seront résolus en temps et en heure. Easy !
Si le principe de dévolution automatique du trône qui vise à couper court à toutes manoeuvres d'alternance ou d'usurpation, a trouvé son accomplissement dans le système d'héritage familial, en quoi est-il interdit de redémarrer le principe à zéro, puisqu'il y a eu un début à tout ?
Parce que remonter les états civils légitimes est assez scabreux dans les deux lignées avec des ruptures en tous genres, et même un péché originel inexpiable en droit canon.
Comme on dirait en musique, la mélodie dynastique n’est pas raccord. Et à voir le ton employé par les maisons et leurs hérauts alors que nous ne sommes pas même en situation de ré-instaurer un roi, la dispute tournera vite en guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Les boulets rouges s’appellent Utrech, Egalité, Godoy, Chartres, Anjou, Lazare, et sont approvisionnés en quantité au droit des pièces de gros calibre.
Sinon et pourquoi pas, devra-t-on un jour caractériser et différencier l’offre monarchique de chacune des branches concurrentes en précisant les modèles à choisir, promus par chacune, pour que la question soit tranchée hors d'elles une bonne fois, au prétexte que « le droit du prince naît du besoin du peuple » ?
D’un côté une monarchie libérale et laïque.
De l’autre côté une monarchie de simple droit divin.
Votez ! On verra bien !
Après sa succession automatique, le second avantage de la monarchie capétienne est la formation spécifique prodiguée au prince du berceau à la tombe, nous assurant d'une grande pénétration dans sa fonction, par définition unique.
Les jeunes prétendants actuels répondent-ils à cette exigence de qualification poussée ? Les dauphins n'allaient-ils pas se former en Dauphiné ? Il n'y a plus de province de manoeuvre, mais on peut y suppléer par un parcours scolaire de haut vol, ensuite dans de hautes fonctions de l'administration ou en entreprise.
On peut objecter que le choix qui nous est proposé ne répond pas complètement à ce critère de formation longue et poussée. Et nous soutenons que dans une monarchie active au XXIè siècle, le prince doit être au niveau de ses conseillers, et exceptionnellement décisif. Le "principe" ne fera pas tout, du moins il ne faudrait pas qu’il prime de trop haut ! Le prince fera autant que le principe pour consolider la royauté.
A défaut, nous devrions nous contenter d'une royauté représentative du modèle scandinave. Mais peut-être est-ce dans ces limites plus faciles à cerner que nos jeunes princes préfèreraient s'épanouir.
La question suivante découle de tout cela.
Si un homme se levait qui démontrerait de fortes qualités intellectuelles et une aptitude certaine à faire souche dans de bonnes conditions physiologiques - ça fait un peu directeur de haras, me dit-on dans l'oreillette -, et qui, ce point est primordial, voudrait devenir roi, avec tous les avantages mais aussi tous les inconvénients de la charge par nos temps modernes, sur quel motif se fonderait-on pour lui barrer la route dès lors qu'il répondrait aux avantages du principe monarchique capétien ? Aucun !
Il n'y en a aucun, à peine d'embourber les espoirs de la France dans une querelle dynastique perdue d'avance.
Bien au-delà des Lois fondamentales, la question fondamentale à poser aux prétendants est la suivante : " S'il advenait qu'un homme paré de toutes les qualités de la charge, dans les principes capétiens, se présente devant les instances de décision de la Nation et revendique l'onction de Reims, les lignées survivantes actuelles se rangeraient-elles sous sa bannière pour le servir, et vous-mêmes, prétendants au trône, ferez-vous hommage ?
Laissons le mot de la fin au président de l'Alliance Royale :
"Ce sont 150 ans à peu près qui nous éloignent de la dernière application du principe royal, après bien des déboires. Peut-on imaginer que, après cette rupture de légitimité, un prince pourrait venir sans une rencontre véritable, un accord profond avec le peuple de France? C’est impensable. Autrement dit, on ne fera pas la France sans les Français. Le temps venu, cette rencontre se fera. En attendant, ne perdons pas notre énergie à courir après des querelles passées ou des ombres d’hier, faisons de la vraie politique, ici et maintenant."
Le temps venu, un prince descendra bien du vitrail !
"A propos de mon silence sur ce sujet, l’un de vous m’écrit: ” Est ce une position délibérément neutre entre cette guéguerre de prétendants, pour permettre de relever la fonction royale dans l’esprit des gens ?” Ma réponse est clairement: “oui”. Je m’explique. La dernière fois que les royalistes ont été majoritaires dans une élection législative, c’était en 1873. 400 députés royalistes! Mais divisés en deux camps exactement pareils: 200 pour le prince de Bourbon, 200 pour le prince d’Orléans. Une exactitude diabolique, tant il est vrai que “le diable” signifie “le diviseur”. A cause de cela, la royauté ne put être instaurée."
Royal-Artillerie avait en son temps relaté ce désastre sous le titre Nuncamas.
Je n'ai pu voir l'émission de Stéphane Bern sur les Orléans, mais un "valet de coeur" en a rendu compte sur un forum de plein vent. Bern marche à l'affect, mais il est généralement pointu même complaisant. Le premier mérite de ce rendez-vous a-t-il été de renouer un dialogue à connotation politique entre le père et le fils ? J'attends de voir l'enregistrement. Le serrement de mains de St Germain l'Auxerrois au début de cette année avait été bref. Querelle de famille ? Les grandes maisons n'ont pas de vie privée, on y danse au vu et su de tous, c'est Louis XIV qui a réglé cette chorégraphie, et soi dit en passant, on peut la tenir pour une grave erreur, alors que le secret de la Sublime Porte avait su préserver le "principe" ... presque jusqu'au bout de l'agonie.
Pour l'instant on peut retenir des déclarations diverses de la famille de France qu'elle privilégierait éventuellement une monarchie de type parlementaire et "socio-libérale" plus proche de la démocratie exercée par la République actuelle, à la limite, une monarchie de type norvégien, même si tout prétendant capétien déteste aucune autre référence que française. Peut-on résumer en disant que la Monarchie de Juillet ne serait pas si décalée que cela comme futur avatar de notre république oligarchique ?
J'ignore si Stéphane Bern a l'intention de convoquer le Bourbon sur son divan, et je ne l'y attends d'ailleurs pas. Il y a matière à scandale aussi de ce bord-là, c'est bon pour l'audience. Le prince Louis ne se pose (apparemment) aucune question, pour ne l'avoir peut-être pas étudiée. Il se réclame du "Je suis" sans prétendre à rien comme on le lui a conseillé. Sa légitimité est clairement assise sur les Lois fondamentales du royaume de France et renoue le fil avec l'Ancien régime dans la continuité du comte de Chambord. On n'en sait pas vraiment plus.
Aucun des thèmes sensibles de la politique française n’a donné lieu à analyse ou commentaires de sa part, non plus que de la part de son secrétariat. Se suffit-il pour le moment des déclarations plus politiques de feu monseigneur son père le duc de Cadix ? L’essentiel de son action est commémoratif. Il en faut ! En attendant peut-être une période de plus intense réflexion.
Personne d'autre que les précités ne revendique quoi que ce soit, depuis que le Bourbon-Naundorff a ravalé ses prétentions, l'os de Hollande n'ayant pas parlé. Pour aller au tréfonds des choses on pourrait examiner les droits carlistes et ceux de Bourbon-Busset, et pour le fun ceux du Bourbon-Bhopal, le seul dont la famille a tenu de très hautes fonctions militaires et de gouvernement de manière ininterrompue, des origines jusqu'à la fin assez récente des maharadjahs. Mais à quoi bon ; le prince que la France attend, d'où qu'il vienne est celui qui aura la vision juste de notre destin, et s'il nous est bénéfique, de l'accomplir ; à l'inverse, de nous en arracher.
Quel est-il donc notre beau prince extralucide ?
"Celui que LA LOI désigne" répondent en coeur les chapelains de la Contre-révolution, sûrs d'eux. La monarchie étant successible par l'hérédité, il suffit de remonter l'état civil ! Pour le reste, le principe primant le prince, les problèmes seront résolus en temps et en heure. Easy !
Si le principe de dévolution automatique du trône qui vise à couper court à toutes manoeuvres d'alternance ou d'usurpation, a trouvé son accomplissement dans le système d'héritage familial, en quoi est-il interdit de redémarrer le principe à zéro, puisqu'il y a eu un début à tout ?
Parce que remonter les états civils légitimes est assez scabreux dans les deux lignées avec des ruptures en tous genres, et même un péché originel inexpiable en droit canon.
Comme on dirait en musique, la mélodie dynastique n’est pas raccord. Et à voir le ton employé par les maisons et leurs hérauts alors que nous ne sommes pas même en situation de ré-instaurer un roi, la dispute tournera vite en guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Les boulets rouges s’appellent Utrech, Egalité, Godoy, Chartres, Anjou, Lazare, et sont approvisionnés en quantité au droit des pièces de gros calibre.
Sinon et pourquoi pas, devra-t-on un jour caractériser et différencier l’offre monarchique de chacune des branches concurrentes en précisant les modèles à choisir, promus par chacune, pour que la question soit tranchée hors d'elles une bonne fois, au prétexte que « le droit du prince naît du besoin du peuple » ?
D’un côté une monarchie libérale et laïque.
De l’autre côté une monarchie de simple droit divin.
Votez ! On verra bien !
Après sa succession automatique, le second avantage de la monarchie capétienne est la formation spécifique prodiguée au prince du berceau à la tombe, nous assurant d'une grande pénétration dans sa fonction, par définition unique.
Les jeunes prétendants actuels répondent-ils à cette exigence de qualification poussée ? Les dauphins n'allaient-ils pas se former en Dauphiné ? Il n'y a plus de province de manoeuvre, mais on peut y suppléer par un parcours scolaire de haut vol, ensuite dans de hautes fonctions de l'administration ou en entreprise.
On peut objecter que le choix qui nous est proposé ne répond pas complètement à ce critère de formation longue et poussée. Et nous soutenons que dans une monarchie active au XXIè siècle, le prince doit être au niveau de ses conseillers, et exceptionnellement décisif. Le "principe" ne fera pas tout, du moins il ne faudrait pas qu’il prime de trop haut ! Le prince fera autant que le principe pour consolider la royauté.
A défaut, nous devrions nous contenter d'une royauté représentative du modèle scandinave. Mais peut-être est-ce dans ces limites plus faciles à cerner que nos jeunes princes préfèreraient s'épanouir.
La question suivante découle de tout cela.
Si un homme se levait qui démontrerait de fortes qualités intellectuelles et une aptitude certaine à faire souche dans de bonnes conditions physiologiques - ça fait un peu directeur de haras, me dit-on dans l'oreillette -, et qui, ce point est primordial, voudrait devenir roi, avec tous les avantages mais aussi tous les inconvénients de la charge par nos temps modernes, sur quel motif se fonderait-on pour lui barrer la route dès lors qu'il répondrait aux avantages du principe monarchique capétien ? Aucun !
Il n'y en a aucun, à peine d'embourber les espoirs de la France dans une querelle dynastique perdue d'avance.
Bien au-delà des Lois fondamentales, la question fondamentale à poser aux prétendants est la suivante : " S'il advenait qu'un homme paré de toutes les qualités de la charge, dans les principes capétiens, se présente devant les instances de décision de la Nation et revendique l'onction de Reims, les lignées survivantes actuelles se rangeraient-elles sous sa bannière pour le servir, et vous-mêmes, prétendants au trône, ferez-vous hommage ?
Laissons le mot de la fin au président de l'Alliance Royale :
"Ce sont 150 ans à peu près qui nous éloignent de la dernière application du principe royal, après bien des déboires. Peut-on imaginer que, après cette rupture de légitimité, un prince pourrait venir sans une rencontre véritable, un accord profond avec le peuple de France? C’est impensable. Autrement dit, on ne fera pas la France sans les Français. Le temps venu, cette rencontre se fera. En attendant, ne perdons pas notre énergie à courir après des querelles passées ou des ombres d’hier, faisons de la vraie politique, ici et maintenant."
Le temps venu, un prince descendra bien du vitrail !
Le roi de carreau !
jeudi 14 décembre 2006
Charpente féodale (1)
Ou fragments d'histoire d'un territoire cévenol de la hutte celte au marquisat poudré. En trois parties.
Partie I : le territoire envahi
Quand on veut envahir les Cévennes en venant de la voie domitienne qui forme un arc le long du Golfe du Lion, le plus simple est de remonter le long des fleuves côtiers ou les affluents du Rhône. Il n'y en a pas tant que cela : de l'orient à l'occident, le gardon d'Alès et Anduze, le Vidourle et l'Hérault. Dès que l'on monte vers le nord, on passe de la plaine cultivée à la garrigue basse, puis à la garrigue haute et l'on atteint un piémont torturé et défendu par un relief agressif, fendu par ces rivières. Ainsi l'Hérault qui nous intéresse ici surgit au confluent de trois défilés en patte d'oie, qui forment la porte naturelle d'un territoire homogène et chaotique à la fois. C'est le pays d'Hierle.
Jusqu'en 1730 un seul passage fut praticable entre deux murailles rocheuses, en remontant la rivière de l'Est, souvent à sec par un affaissement souterrain de son lit ; les deux autres forment des gorges dangereuses où les eaux montent subitement au premier orage et noient les sentiers de rives.
Si le pourtour de ce pays difficile d 'accès est protégé par de hautes montagnes, le parcourir dans tous ses recoins une fois entré, est paradoxalement facile, des cols assez bas et nombreux permettant de passer d'une vallée à l'autre. C'est un pays de châtaigniers depuis toujours, ce qui permet de penser que les Celtes y installèrent des villages importants à chaque confluent de torrents. On relève qu'ils inventèrent la barrique à vin au bénéfice des Romains, et Hierle depuis des temps immémoriaux fut un pays de tonnellerie alors qu'on y produisait très peu de vin ; ce qui prouve que le châtaignier fut exploité là très tôt. Ce point n'est pas anodin.
Les historiens disent que les Cévennes furent peuplées bien avant la plaine de Bas-Languedoc à cause de la ressource inépuisable du châtaignier, et pour le confort dû à l'absence de moustiques et de miasmes des marais saumâtres. L'arrière-pays par rapport à la mer était vraisemblablement plus riche que la plaine d'ajoncs brûlée de soleil.
La pax romana
Les Romains qui conquirent la plaine et fondèrent la Narbonnaise un siècle avant JC, ne pouvaient ignorer les territoires plus peuplés de l'intérieur, au moins pour les taxer. Hommes de la ville, ils n'investiront le territoire pas plus avant que pour la collecte du Fisc, mais habiles administrateurs, ils perceront une voie de part en part pour le patrouiller aisément jusqu'au Rouergue et Gévaudan plus riches. Colonialistes avisés, ils bâtiront un oppidum à l'entrée de la souricière : Ganges ! Qui restera très longtemps une entité étrangère au pays d'Hierle. De nos jours, Ganges appartient à un département différent et même ses habitants ont des particularismes assez différents de ceux du Vigan ou de Sumène.
Pays enclavé, il y eut donc peu de mélanges en Hierle, sauf aux meilleurs de partir vers les emplois rémunérateurs de la Province où les Romains avaient fait pousser des villes admirables, de Narbonne à Nîmes et Arles.
L'influence nouvelle est néanmoins traçable en pays d'Hierle par le repli des cultes druidiques aux sources des torrents, laissant l'espace libre pour des édicules ci et là abritant le génie du lieu. On les consacrera plus tard à la Vierge Marie ! Finalement il restera de cette domination civilisatrice, le cadastre fiscal, le droit romain ou raison écrite, remarquable de logique et de hardiesse, et in fine la propagation discrète d'une foi nouvelle à partir du deuxième siècle de notre ère, qui au fil des siècles deviendrait un puissant ferment de discorde.
En attendant, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes modernes quand le barrage qui contenait les Barbares, céda. 399 ! Déferlent sur la Narbonnaise les Vandales et autres hordes hurlantes qui pillent et cassent tout ce qu'ils ne comprennent pas, et laissent derrière eux, en route pour l'Espagne torride, une terre brûlée. Quinze ans plus tard déboulent les Goths. 416 ! Ce n'est plus la horde de guerriers, c'est tout un peuple en armes, avec femmes, enfants et vieillards, plus doux de moeurs et déjà dégrossi, qui préférait la nature aux ruines glorieuses des cités romaines qu'ils ne relèveront d'ailleurs qu'assez tard. Pour paraphraser Charles Maurras, le Goth " veut vivre, s'emparer, s'assurer d'une multitude de biens; il est tout yeux, tout âme pour les astres, la mer, les prairies, les jardins, les vignes et les blés, un peu ivre de tout ce que lui manifestent la terre et le ciel (La musique intérieure)".
Les Wisigoths, les Francs
Les Goths qui avaient une perception de l'administration romaine pour avoir longtemps séjourné aux limes de l'empire d'Orient, se répartirent le cadastre avec une incroyable minutie et fondèrent un empire depuis le Piémont transalpin jusqu'en Catalogne et Aragon et plus bas encore. Le royaume d'occident fut dit wisigoth car attribué aux sages, aux avisés. Les nouveaux venus appliquèrent leur droit féodal que tient debout une pyramide d'hommages, et diffusèrent un droit canon de l'Eglise arienne, car c'était aussi des chrétiens. Le royaume fonda une unité de moeurs dont il ne reste aujourd'hui que cette langue dite occitane, parlée de Gênes à Barcelone.
Le pays d'Hierle où les Goths laissèrent beaucoup de terres aux anciens propriétaires - c'est l'origine des alleux -, coula des jours paisibles sous l'aimable joug wisigothique, dont la vie quotidienne était codifiée dans le Bréviaire d'Alaric. Ceci jusqu'à l'attaque des Francs du roi Théodobert qui déboula du Gévaudan en 526. L'Eglise qui poussait derrière pour écraser la concurrence du schisme arien, fonda le diocèse d'Hierle, et c'est à partir de cet évêché franc que le pays devint une entité politique distincte de l'ancienne Narbonaise. Ce fut aussi la première guerre de religion en ces contrées qui allait en subir d'autres.
Cent ans plus tard, le diocèse qui s'avérait contrôler au meilleur endroit la route Provence-Rouergue, fut complété d'une administration militaire et civile pour devenir une baronnie, la baronia arisdii. Mais sa configuration accidentée, sans doute aussi le caractère têtu du peuple de ses côteaux, et plus sûrement la grande distance de l'autorité morale religieuse qui résidait à ... Metz, laisse penser que le baron d'Hierle rechercha la suzeraineté des Wisigoths qui s'étaient maintenus au bord de la mer, à portée de voix.
La stabilité ne dura que cent ans.
Les Sarrasins
Ceux qui allaient venir laisseraient les Vandales au rayon des comiques à moins que ce ne soit les descendants des mêmes qui avaient pu échapper aux sables maurétaniens. 720 ! les Maures remontant l'Espagne en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, passent les Pyrénées et ravagent la Septimanie wisigothique. La baronnie d'Hierle n'est pas épargnée, même après que Charles Martel descendant de Poitiers, ait récupéré Nîmes en incendiant ses arènes en 752. S'ils ne s'installèrent dans le pays cévenol pas plus longtemps que pour monter des camps de pillards - on en connaît les emplacements par la toponymie - le saccage fut total. Le reflux maure ne fut terminé qu'en 790.
Le pays d'Hierle ruiné n'avait plus assez d'habitants pour justifier un diocèse et la baronnie fut rattachée à Nîmes, comme à la fin de la période romaine.
Charlemagne
L'administration carolingienne stabilisera tout le royaume et son régime féodal. En 892, le comte de Toulouse Raymond II joignit à ses domaines le comté de Nîmes duquel découlait tout le reste. Après cinq siècles de troubles, la société apaisée, délivrée des invasions, se recueillit dans l'indépendance individuelle en réaction contre le collectivisme gallo-romain ou l'oppression sarrasine, et la terre fut divisée en presque autant de parcelles qu'il y avait de feux, toutes administrées par un codex de droits et devoirs réglant la condition de chaque propriétaire et ses contributions à l'Etat. Ce régime féodal que l'on détecte avec précision dans les archives dès l'an 900, subsistera jusqu'en 1789. La baronnie ne redevint ni gauloise, ni romaine, ni même mérovingienne, mais wisigothe !
(à suivre)
Partie I : le territoire envahi
Quand on veut envahir les Cévennes en venant de la voie domitienne qui forme un arc le long du Golfe du Lion, le plus simple est de remonter le long des fleuves côtiers ou les affluents du Rhône. Il n'y en a pas tant que cela : de l'orient à l'occident, le gardon d'Alès et Anduze, le Vidourle et l'Hérault. Dès que l'on monte vers le nord, on passe de la plaine cultivée à la garrigue basse, puis à la garrigue haute et l'on atteint un piémont torturé et défendu par un relief agressif, fendu par ces rivières. Ainsi l'Hérault qui nous intéresse ici surgit au confluent de trois défilés en patte d'oie, qui forment la porte naturelle d'un territoire homogène et chaotique à la fois. C'est le pays d'Hierle.
Jusqu'en 1730 un seul passage fut praticable entre deux murailles rocheuses, en remontant la rivière de l'Est, souvent à sec par un affaissement souterrain de son lit ; les deux autres forment des gorges dangereuses où les eaux montent subitement au premier orage et noient les sentiers de rives.
Si le pourtour de ce pays difficile d 'accès est protégé par de hautes montagnes, le parcourir dans tous ses recoins une fois entré, est paradoxalement facile, des cols assez bas et nombreux permettant de passer d'une vallée à l'autre. C'est un pays de châtaigniers depuis toujours, ce qui permet de penser que les Celtes y installèrent des villages importants à chaque confluent de torrents. On relève qu'ils inventèrent la barrique à vin au bénéfice des Romains, et Hierle depuis des temps immémoriaux fut un pays de tonnellerie alors qu'on y produisait très peu de vin ; ce qui prouve que le châtaignier fut exploité là très tôt. Ce point n'est pas anodin.
Les historiens disent que les Cévennes furent peuplées bien avant la plaine de Bas-Languedoc à cause de la ressource inépuisable du châtaignier, et pour le confort dû à l'absence de moustiques et de miasmes des marais saumâtres. L'arrière-pays par rapport à la mer était vraisemblablement plus riche que la plaine d'ajoncs brûlée de soleil.
La pax romana
Les Romains qui conquirent la plaine et fondèrent la Narbonnaise un siècle avant JC, ne pouvaient ignorer les territoires plus peuplés de l'intérieur, au moins pour les taxer. Hommes de la ville, ils n'investiront le territoire pas plus avant que pour la collecte du Fisc, mais habiles administrateurs, ils perceront une voie de part en part pour le patrouiller aisément jusqu'au Rouergue et Gévaudan plus riches. Colonialistes avisés, ils bâtiront un oppidum à l'entrée de la souricière : Ganges ! Qui restera très longtemps une entité étrangère au pays d'Hierle. De nos jours, Ganges appartient à un département différent et même ses habitants ont des particularismes assez différents de ceux du Vigan ou de Sumène.
Pays enclavé, il y eut donc peu de mélanges en Hierle, sauf aux meilleurs de partir vers les emplois rémunérateurs de la Province où les Romains avaient fait pousser des villes admirables, de Narbonne à Nîmes et Arles.
L'influence nouvelle est néanmoins traçable en pays d'Hierle par le repli des cultes druidiques aux sources des torrents, laissant l'espace libre pour des édicules ci et là abritant le génie du lieu. On les consacrera plus tard à la Vierge Marie ! Finalement il restera de cette domination civilisatrice, le cadastre fiscal, le droit romain ou raison écrite, remarquable de logique et de hardiesse, et in fine la propagation discrète d'une foi nouvelle à partir du deuxième siècle de notre ère, qui au fil des siècles deviendrait un puissant ferment de discorde.
En attendant, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes modernes quand le barrage qui contenait les Barbares, céda. 399 ! Déferlent sur la Narbonnaise les Vandales et autres hordes hurlantes qui pillent et cassent tout ce qu'ils ne comprennent pas, et laissent derrière eux, en route pour l'Espagne torride, une terre brûlée. Quinze ans plus tard déboulent les Goths. 416 ! Ce n'est plus la horde de guerriers, c'est tout un peuple en armes, avec femmes, enfants et vieillards, plus doux de moeurs et déjà dégrossi, qui préférait la nature aux ruines glorieuses des cités romaines qu'ils ne relèveront d'ailleurs qu'assez tard. Pour paraphraser Charles Maurras, le Goth " veut vivre, s'emparer, s'assurer d'une multitude de biens; il est tout yeux, tout âme pour les astres, la mer, les prairies, les jardins, les vignes et les blés, un peu ivre de tout ce que lui manifestent la terre et le ciel (La musique intérieure)".
Les Wisigoths, les Francs
Les Goths qui avaient une perception de l'administration romaine pour avoir longtemps séjourné aux limes de l'empire d'Orient, se répartirent le cadastre avec une incroyable minutie et fondèrent un empire depuis le Piémont transalpin jusqu'en Catalogne et Aragon et plus bas encore. Le royaume d'occident fut dit wisigoth car attribué aux sages, aux avisés. Les nouveaux venus appliquèrent leur droit féodal que tient debout une pyramide d'hommages, et diffusèrent un droit canon de l'Eglise arienne, car c'était aussi des chrétiens. Le royaume fonda une unité de moeurs dont il ne reste aujourd'hui que cette langue dite occitane, parlée de Gênes à Barcelone.
Le pays d'Hierle où les Goths laissèrent beaucoup de terres aux anciens propriétaires - c'est l'origine des alleux -, coula des jours paisibles sous l'aimable joug wisigothique, dont la vie quotidienne était codifiée dans le Bréviaire d'Alaric. Ceci jusqu'à l'attaque des Francs du roi Théodobert qui déboula du Gévaudan en 526. L'Eglise qui poussait derrière pour écraser la concurrence du schisme arien, fonda le diocèse d'Hierle, et c'est à partir de cet évêché franc que le pays devint une entité politique distincte de l'ancienne Narbonaise. Ce fut aussi la première guerre de religion en ces contrées qui allait en subir d'autres.
Cent ans plus tard, le diocèse qui s'avérait contrôler au meilleur endroit la route Provence-Rouergue, fut complété d'une administration militaire et civile pour devenir une baronnie, la baronia arisdii. Mais sa configuration accidentée, sans doute aussi le caractère têtu du peuple de ses côteaux, et plus sûrement la grande distance de l'autorité morale religieuse qui résidait à ... Metz, laisse penser que le baron d'Hierle rechercha la suzeraineté des Wisigoths qui s'étaient maintenus au bord de la mer, à portée de voix.
La stabilité ne dura que cent ans.
Les Sarrasins
Ceux qui allaient venir laisseraient les Vandales au rayon des comiques à moins que ce ne soit les descendants des mêmes qui avaient pu échapper aux sables maurétaniens. 720 ! les Maures remontant l'Espagne en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, passent les Pyrénées et ravagent la Septimanie wisigothique. La baronnie d'Hierle n'est pas épargnée, même après que Charles Martel descendant de Poitiers, ait récupéré Nîmes en incendiant ses arènes en 752. S'ils ne s'installèrent dans le pays cévenol pas plus longtemps que pour monter des camps de pillards - on en connaît les emplacements par la toponymie - le saccage fut total. Le reflux maure ne fut terminé qu'en 790.
Le pays d'Hierle ruiné n'avait plus assez d'habitants pour justifier un diocèse et la baronnie fut rattachée à Nîmes, comme à la fin de la période romaine.
Charlemagne
L'administration carolingienne stabilisera tout le royaume et son régime féodal. En 892, le comte de Toulouse Raymond II joignit à ses domaines le comté de Nîmes duquel découlait tout le reste. Après cinq siècles de troubles, la société apaisée, délivrée des invasions, se recueillit dans l'indépendance individuelle en réaction contre le collectivisme gallo-romain ou l'oppression sarrasine, et la terre fut divisée en presque autant de parcelles qu'il y avait de feux, toutes administrées par un codex de droits et devoirs réglant la condition de chaque propriétaire et ses contributions à l'Etat. Ce régime féodal que l'on détecte avec précision dans les archives dès l'an 900, subsistera jusqu'en 1789. La baronnie ne redevint ni gauloise, ni romaine, ni même mérovingienne, mais wisigothe !
(à suivre)
mercredi 13 décembre 2006
Charpente féodale (2)
Partie II : le régime féodal
Quand les Wisigoths débarquèrent en Hierle leur chef s'attribua la souveraineté pleine et entière du territoire sur la base du cadastre fiscal romain. Les droits déjà inscrits, souvent iniques, étaient dénommés Justices et comportaient outre le droit de juger, les droits de police, banalités, aubaine et confiscation. Ces droits seigneuriaux d'origine romaine feront l'objet de grandes disputes jusqu'à la fin du régime féodal. Ils corrompirent l'essence du droit wisigothique en le pécuniarisant à outrance.
Justice et fief
La loi d'évolution des sociétés distingua très tôt la Justice et le Fief, au point que les juristes de ce temps ne les confondaient jamais. La Justice était une seigneurie de pleine souveraineté sur les habitants du territoire ; le Fief organisait l'interaction des propriétaires des sols.
Le chef-lieu de la Justice était dénommé Castrum, plus tard château.
Le baron, propriétaire de toute la terre, en gardait suffisamment pour son train de vie et sa descendance, et distribuait le reste à ses subordonnés sous réserve des devoirs féodaux, essentiellement militaires et d'assistance en tout autre péril.
Les parties concédées devenaient des fiefs, héréditaires, mais qui devaient retourner au Seigneur si la lignée bénéficiaire s'éteignait. Tout dévoiement était payant.
Le chef-lieu du fief était dénommé Capmas (maison de tête), et plus tard manoir.
Un fief qui sautait en lignée collatérale devait être racheté au droit de Relief au prix d'une année de revenu.
Un fief aliéné était soumis au droit de Quint, au cinquième de sa valeur fiscale.
Jusque là c'est simple.
Le seigneur du fief ne pouvant (comme le baron) le cultiver en totalité avec ses gens, le morcelait et en donnait les pièces détachées à bail. C'était une emphytéose perpétuelle dont il conservait la nue-propriété dite domaine direct, et dont il louait le domaine utile moyennant le paiement d'une Censive annuelle. C'est l'origine du fermage.
Le possesseur du domaine direct s'appelait seigneur directe ; il détenait aussi un droit de préemption en cas de vente du bail, qu'il monnayait par le droit de Prélation au treizième de la valeur du fonds vendu.
Le possesseur du domaine utile s'appelait tenancier.
L'hommage était l'essence du fief ; la censive l'essence de la roture.
S'il advenait que les domaines direct et utile soient réunis dans la même main, la terre devenait un plein fief, ou alleu. Le chef-lieu de l’alleu était dénommé Mas, plus tard, maison.
Le peuple ne regrettait pas le régime romain bien qu'il ait produit des merveilles dans l'aménagement du territoire et l'embellissement des capitales. L'esclavage, tare de l'Antiquité, avait disparu avec les Goths. Lui avait succédé le servage bien moins avilissant. La condition de l'homme suivait la condition de la terre. Sous la surveillance du seigneur justicier, le possesseur de fief ou d'alleu était libre, le tenancier avait un chez-soi légalement protégé, une terre, une famille ; sa domesticité ne subissait pas la mésestime des autres puisque considérée comme la force motrice de l'économie rurale.
Tout autour se tenaient les clercs chargés des âmes de tous sans condition sociale, et des arts libéraux. Chacun des clercs jusqu'au moindre était personne libre.
Les biens-fonds appartenant à l'Eglise furent constitués de la même manière que les biens-fonds de l'Etat militaire. On ne s'y attardera pas.
Tout ce beau monde passa quelques siècles jusqu'au Xè à créer des péages et octrois en tous lieux de passage obligé, fortifiant leurs demeures et leurs greniers pour protéger leur puissance, réguler la vie économique et ponctionner l'activité humaine à proportion des fruits du terroir acquis ou concédé, mais dans les limites supportables par leurs sujets qui avaient le sang vif. Ce n'est pas pour rien si la région est surtout connue pour les exactions de la guerre des Camisards.
Grandeur des barons d'Hierle
Le premier baron d'Hierle était issu de la puissante maison d'Anduze qui régnait sur d'immenses domaines en Septimanie et était alliée aux comtes de Toulouse, vicomtes de Nîmes, de Béziers, et aux Seigneurs de Montpellier. Cette grande famille s'était divisée en plusieurs branches sur des territoires distincts mais attenants, adoptant chacune un patronyme propre.
Le Seigneur justicier d'Hierle prit le nom de Bermond. Une branche collatérale établie au bord de la baronnie sur la Justice de Saint-Martial se nomma Estienne.
La baronnie suivit le sort de toutes les possessions de la maison d'Anduze jusqu'à la croisade des Albigeois, quand le roi de France confisqua les domaines comme il le fit largement partout en Languedoc, au bénéfice de la couronne ou de ses barons francs, compensant quelque fois tardivement la capture d'une rente. Hierle passa sous le joug de France en 1226, contre 600 livres de rente accordée en 1243.
Le dernier Bermond réussit à se faire restituer la baronnie en 1254. Il mourut en 1294 sans enfants, non sans avoir vendu aux paroisses d'Hierle pour 6000 sols tournois, quasiment tous les droits seigneuriaux, à savoir la création d'offices municipaux, le droit de four et de moulin, de pêche et chasse, de lignerage et pâturage et les garanties d'emprisonnement arbitraires (cautions). C'était le 5 novembre 1275.
En 1280 il vendait la Justice d'Hierle à Pons de Saint-Just. Exeunt les Bermond.
Pour le moment la baronnie restait entière.
La maison de Saint-Just était à l'époque dirigée par l'aîné de la famille, évêque de Béziers dès l'âge de 18 ans ! Il fit un peu de monnaie en usant du droit seigneurial qui lui restait, le droit de tabellionnage, créant moult notaires et scribes. Faute d'héritiers en ligne (bien sûr), Hierle va rester dans les mains de la même génération pendant 23 ans. C'est une fille qui recueillera l'héritage et se mariera avec un Peyrefort, lui apportant en 1303 la baronnie intacte, sauf les droits utiles déjà vendus.
(à suivre)
Quand les Wisigoths débarquèrent en Hierle leur chef s'attribua la souveraineté pleine et entière du territoire sur la base du cadastre fiscal romain. Les droits déjà inscrits, souvent iniques, étaient dénommés Justices et comportaient outre le droit de juger, les droits de police, banalités, aubaine et confiscation. Ces droits seigneuriaux d'origine romaine feront l'objet de grandes disputes jusqu'à la fin du régime féodal. Ils corrompirent l'essence du droit wisigothique en le pécuniarisant à outrance.
Justice et fief
La loi d'évolution des sociétés distingua très tôt la Justice et le Fief, au point que les juristes de ce temps ne les confondaient jamais. La Justice était une seigneurie de pleine souveraineté sur les habitants du territoire ; le Fief organisait l'interaction des propriétaires des sols.
Le chef-lieu de la Justice était dénommé Castrum, plus tard château.
Le baron, propriétaire de toute la terre, en gardait suffisamment pour son train de vie et sa descendance, et distribuait le reste à ses subordonnés sous réserve des devoirs féodaux, essentiellement militaires et d'assistance en tout autre péril.
Les parties concédées devenaient des fiefs, héréditaires, mais qui devaient retourner au Seigneur si la lignée bénéficiaire s'éteignait. Tout dévoiement était payant.
Le chef-lieu du fief était dénommé Capmas (maison de tête), et plus tard manoir.
Un fief qui sautait en lignée collatérale devait être racheté au droit de Relief au prix d'une année de revenu.
Un fief aliéné était soumis au droit de Quint, au cinquième de sa valeur fiscale.
Jusque là c'est simple.
Le seigneur du fief ne pouvant (comme le baron) le cultiver en totalité avec ses gens, le morcelait et en donnait les pièces détachées à bail. C'était une emphytéose perpétuelle dont il conservait la nue-propriété dite domaine direct, et dont il louait le domaine utile moyennant le paiement d'une Censive annuelle. C'est l'origine du fermage.
Le possesseur du domaine direct s'appelait seigneur directe ; il détenait aussi un droit de préemption en cas de vente du bail, qu'il monnayait par le droit de Prélation au treizième de la valeur du fonds vendu.
Le possesseur du domaine utile s'appelait tenancier.
L'hommage était l'essence du fief ; la censive l'essence de la roture.
S'il advenait que les domaines direct et utile soient réunis dans la même main, la terre devenait un plein fief, ou alleu. Le chef-lieu de l’alleu était dénommé Mas, plus tard, maison.
Le peuple ne regrettait pas le régime romain bien qu'il ait produit des merveilles dans l'aménagement du territoire et l'embellissement des capitales. L'esclavage, tare de l'Antiquité, avait disparu avec les Goths. Lui avait succédé le servage bien moins avilissant. La condition de l'homme suivait la condition de la terre. Sous la surveillance du seigneur justicier, le possesseur de fief ou d'alleu était libre, le tenancier avait un chez-soi légalement protégé, une terre, une famille ; sa domesticité ne subissait pas la mésestime des autres puisque considérée comme la force motrice de l'économie rurale.
Tout autour se tenaient les clercs chargés des âmes de tous sans condition sociale, et des arts libéraux. Chacun des clercs jusqu'au moindre était personne libre.
Les biens-fonds appartenant à l'Eglise furent constitués de la même manière que les biens-fonds de l'Etat militaire. On ne s'y attardera pas.
Tout ce beau monde passa quelques siècles jusqu'au Xè à créer des péages et octrois en tous lieux de passage obligé, fortifiant leurs demeures et leurs greniers pour protéger leur puissance, réguler la vie économique et ponctionner l'activité humaine à proportion des fruits du terroir acquis ou concédé, mais dans les limites supportables par leurs sujets qui avaient le sang vif. Ce n'est pas pour rien si la région est surtout connue pour les exactions de la guerre des Camisards.
Grandeur des barons d'Hierle
Le premier baron d'Hierle était issu de la puissante maison d'Anduze qui régnait sur d'immenses domaines en Septimanie et était alliée aux comtes de Toulouse, vicomtes de Nîmes, de Béziers, et aux Seigneurs de Montpellier. Cette grande famille s'était divisée en plusieurs branches sur des territoires distincts mais attenants, adoptant chacune un patronyme propre.
Le Seigneur justicier d'Hierle prit le nom de Bermond. Une branche collatérale établie au bord de la baronnie sur la Justice de Saint-Martial se nomma Estienne.
La baronnie suivit le sort de toutes les possessions de la maison d'Anduze jusqu'à la croisade des Albigeois, quand le roi de France confisqua les domaines comme il le fit largement partout en Languedoc, au bénéfice de la couronne ou de ses barons francs, compensant quelque fois tardivement la capture d'une rente. Hierle passa sous le joug de France en 1226, contre 600 livres de rente accordée en 1243.
Le dernier Bermond réussit à se faire restituer la baronnie en 1254. Il mourut en 1294 sans enfants, non sans avoir vendu aux paroisses d'Hierle pour 6000 sols tournois, quasiment tous les droits seigneuriaux, à savoir la création d'offices municipaux, le droit de four et de moulin, de pêche et chasse, de lignerage et pâturage et les garanties d'emprisonnement arbitraires (cautions). C'était le 5 novembre 1275.
En 1280 il vendait la Justice d'Hierle à Pons de Saint-Just. Exeunt les Bermond.
Pour le moment la baronnie restait entière.
La maison de Saint-Just était à l'époque dirigée par l'aîné de la famille, évêque de Béziers dès l'âge de 18 ans ! Il fit un peu de monnaie en usant du droit seigneurial qui lui restait, le droit de tabellionnage, créant moult notaires et scribes. Faute d'héritiers en ligne (bien sûr), Hierle va rester dans les mains de la même génération pendant 23 ans. C'est une fille qui recueillera l'héritage et se mariera avec un Peyrefort, lui apportant en 1303 la baronnie intacte, sauf les droits utiles déjà vendus.
(à suivre)
mardi 12 décembre 2006
Charpente féodale (3)
Partie III : Dispute et division de la baronnie
La maison de Peyrefort fera hommage au roi de France pour Hierle juste avant la guerre de Cent ans. Elle s'alliera plus tard avec les Seigneurs de Ganges réunissant enfin dans la même main tout le pays d'Hierle et sa seule porte d'accès au Sud. Cette position forte acquise sans grand effort, aiguisera l'arrogance des nouveaux Justiciers envers leurs vassaux.
C'est pendant cette période troublée de la guerre anglaise que la baronnie sera finalement divisée.
L'ancienne branche Estienne de la maison d'Anduze descendit un matin de son castrum de St-Martial et prit l'une des trois vallées, profitant d'une dispute entre deux frères Peyrefort qui avaient expatrié leur différent à Paris ! De toute l'histoire de la baronnie, c'était la première fois que le régime féodal ne se régulait pas localement par application du droit en vigueur en Languedoc (Nîmes, Montpellier ou Toulouse), mais par une décision de justice prise à l'autre bout du monde, au Parlement de Paris. La décision fut évidemment contestée, le dernier Seigneur justicier debout marqua sa victoire chèrement acquise en révoquant franchises et libertés coutumières de ses vassaux et et de leurs communautés (municipalités) ; et le pays d'Hierle passa au parti des Anglais !
La guerre finie mais pas les désordres, il était temps de retrouver la confiance de ses sujets et le 14 juillet 1451, le baron Peyrefort octroya une charte à la ville de Sumène, la plus remuante, lui permettant de se fortifier contre six vingt moutons d'or comptant, et le droit de leude sur toutes marchandises vendues à Sumène par des étrangers à la baronnie. Le grignotage ne cesserait jamais entre bourg et château à l'avantage du premier. Les franchises consulaires des bourgs construisaient un Etat distinct de la baronnie originelle, même si toujours imbriqué dans celle-ci.
La veuve du dernier baron d'Hierle n'ayant eu que des filles, vendit le pays en lots vers 1517. C'était la fin du Moyen Âge. Une dizaine de hobereaux fortunés se taillèrent des seigneuries dans ce qui avait été un simple baronnie militaire franque. Les lambeaux furent transformés en marquisats (4), vicomté (1), baronnies (3) dont une, la plus petite des trois, reprit le nom de Hierle ; et au XVIIIè siècle il y avait en plus douze Justices n'attendant que l'occasion d'être érigées elles aussi en dignités brillantes. La gloire d'antan de la maison Bermond, libérale et cathare, sentait maintenant le talc de Luzenac de perruques trop nombreuses.
Le modèle féodal s'était corrompu. L'adage fondateur "Nulle terre sans seigneur, nul seigneur sans terre" avait été amputé de sa seconde moitié. La noblesse se déracinait.
Il était bien vu dans les salons de la Renaissance, de critiquer le système comme une relique médiévale, le taxant même de période obscurantiste. A partir de sa division, il ne restait pas deux siècles à l'entité d'Hierle avant que de disparaître complètement, engloutie par la vanité des parvenus à bouclettes.
Le fromage des clercs
Neuf siècles de cessions, partages, réunions, franchises, rachats, divisions de droits, avaient fait le lit de la Chicane qui trouvait son pain dans l'inextricable. Certains reprochent aujourd'hui aux Croisades et à l'importation de moeurs byzantines le pourrissement du droit commun, bien que le Bréviaire d'Alaric n'ait été qu'une adaptation du code Théodose. C'est vrai qu'à comparer les actes juridiques du haut Moyen Âge qui sont limpides, et les rédactions aussi obscures que pompeuses des minutes du bas Moyen-Âge, on mesure la distance mise par les cuistres entre les savants et les administrés pour le renforcement du pouvoir des premiers.
Le foisonnement des règles était devenu un désordre inexplicable, fleuri d'injustices en tous genres, au bénéfice des mêmes qui se revendiquaient à bon compte les héritiers de droits immémoriaux. Agrippée à ses privilèges fiscaux, la noblesse sciait l'arbre qui la portait. A la terre, elle ne croyait plus !
Petit rappel sur la noblesse.
La noblesse constituée en état regroupait les personnes ayant acquis des charges à privilèges essentiellement fiscaux, ou les ayant reçues du souverain en rétribution de services éminents, d'une part ; et de l'autre, les possesseurs de seigneuries ou fiefs, les seuls nobles féodaux que des siècles plus tard on pouvait reconnaître encore à ce qu'ils possédaient des droits honorifiques comme la forme exclusive de leurs girouettes ou le crénage de leurs murs, prélevaient la censive et percevaient des droits utiles regroupés sous le terme de banalités.
Sans diminuer le mérite de quiconque, la différence était de taille (sans jeu de mots), et bien des droits injustifiés voire usurpés !
La République déboulant sur ce mescladis en promouvant l'utopie universelle et son corollaire immédiat, l'envie, allait démonter les pyramides féodales, anéantir les privilèges anciens au profit de nouveaux, et retourner à la centralisation forcée et à l'unification romaines.
Le vieux code romain devint le code Napoléon.
Avec cela, on allait fabriquer un homme nouveau, égalisé, interchangeable, déracinable et finalement corvéable à merci où qu'il aille, au prétexte de la liberté de tous et d'abord celle des puissants et affairés, cent fois plus qu'auparavant.
La boucle était bouclée, et la Hierle féodale allait disparaître pour de bon cette fois, en rentrant "dans le rang".
Il n'en reste rien, sinon que son territoire forme l'essentiel de l'arrondissemnt occidental du département du Gard, curieuse excroissance sur une carte que vous comprenez maintenant ; sous-préfecture du Vigan. A noter que la voie ferrée stratégique de Sommières à Tournemire aujourd'hui désaffectée, qui permettait de basculer rapidement des moyens militaires du sud à l'ouest du Massif Central, emprunte l'axe de la voie romaine Provence-Rouergue, construite pour ces mêmes raisons.
Remerciements
... aux âmes tranquilles de Louis Bousquet et d'Isidore Boiffils de Massanne, érudits passionnés d'archives introuvables, sans qui notre histoire, hors les grandes batailles, ne serait qu'un trou noir.
La maison de Peyrefort fera hommage au roi de France pour Hierle juste avant la guerre de Cent ans. Elle s'alliera plus tard avec les Seigneurs de Ganges réunissant enfin dans la même main tout le pays d'Hierle et sa seule porte d'accès au Sud. Cette position forte acquise sans grand effort, aiguisera l'arrogance des nouveaux Justiciers envers leurs vassaux.
C'est pendant cette période troublée de la guerre anglaise que la baronnie sera finalement divisée.
L'ancienne branche Estienne de la maison d'Anduze descendit un matin de son castrum de St-Martial et prit l'une des trois vallées, profitant d'une dispute entre deux frères Peyrefort qui avaient expatrié leur différent à Paris ! De toute l'histoire de la baronnie, c'était la première fois que le régime féodal ne se régulait pas localement par application du droit en vigueur en Languedoc (Nîmes, Montpellier ou Toulouse), mais par une décision de justice prise à l'autre bout du monde, au Parlement de Paris. La décision fut évidemment contestée, le dernier Seigneur justicier debout marqua sa victoire chèrement acquise en révoquant franchises et libertés coutumières de ses vassaux et et de leurs communautés (municipalités) ; et le pays d'Hierle passa au parti des Anglais !
La guerre finie mais pas les désordres, il était temps de retrouver la confiance de ses sujets et le 14 juillet 1451, le baron Peyrefort octroya une charte à la ville de Sumène, la plus remuante, lui permettant de se fortifier contre six vingt moutons d'or comptant, et le droit de leude sur toutes marchandises vendues à Sumène par des étrangers à la baronnie. Le grignotage ne cesserait jamais entre bourg et château à l'avantage du premier. Les franchises consulaires des bourgs construisaient un Etat distinct de la baronnie originelle, même si toujours imbriqué dans celle-ci.
La veuve du dernier baron d'Hierle n'ayant eu que des filles, vendit le pays en lots vers 1517. C'était la fin du Moyen Âge. Une dizaine de hobereaux fortunés se taillèrent des seigneuries dans ce qui avait été un simple baronnie militaire franque. Les lambeaux furent transformés en marquisats (4), vicomté (1), baronnies (3) dont une, la plus petite des trois, reprit le nom de Hierle ; et au XVIIIè siècle il y avait en plus douze Justices n'attendant que l'occasion d'être érigées elles aussi en dignités brillantes. La gloire d'antan de la maison Bermond, libérale et cathare, sentait maintenant le talc de Luzenac de perruques trop nombreuses.
Le modèle féodal s'était corrompu. L'adage fondateur "Nulle terre sans seigneur, nul seigneur sans terre" avait été amputé de sa seconde moitié. La noblesse se déracinait.
Il était bien vu dans les salons de la Renaissance, de critiquer le système comme une relique médiévale, le taxant même de période obscurantiste. A partir de sa division, il ne restait pas deux siècles à l'entité d'Hierle avant que de disparaître complètement, engloutie par la vanité des parvenus à bouclettes.
Le fromage des clercs
Neuf siècles de cessions, partages, réunions, franchises, rachats, divisions de droits, avaient fait le lit de la Chicane qui trouvait son pain dans l'inextricable. Certains reprochent aujourd'hui aux Croisades et à l'importation de moeurs byzantines le pourrissement du droit commun, bien que le Bréviaire d'Alaric n'ait été qu'une adaptation du code Théodose. C'est vrai qu'à comparer les actes juridiques du haut Moyen Âge qui sont limpides, et les rédactions aussi obscures que pompeuses des minutes du bas Moyen-Âge, on mesure la distance mise par les cuistres entre les savants et les administrés pour le renforcement du pouvoir des premiers.
Le foisonnement des règles était devenu un désordre inexplicable, fleuri d'injustices en tous genres, au bénéfice des mêmes qui se revendiquaient à bon compte les héritiers de droits immémoriaux. Agrippée à ses privilèges fiscaux, la noblesse sciait l'arbre qui la portait. A la terre, elle ne croyait plus !
Petit rappel sur la noblesse.
La noblesse constituée en état regroupait les personnes ayant acquis des charges à privilèges essentiellement fiscaux, ou les ayant reçues du souverain en rétribution de services éminents, d'une part ; et de l'autre, les possesseurs de seigneuries ou fiefs, les seuls nobles féodaux que des siècles plus tard on pouvait reconnaître encore à ce qu'ils possédaient des droits honorifiques comme la forme exclusive de leurs girouettes ou le crénage de leurs murs, prélevaient la censive et percevaient des droits utiles regroupés sous le terme de banalités.
Sans diminuer le mérite de quiconque, la différence était de taille (sans jeu de mots), et bien des droits injustifiés voire usurpés !
La République déboulant sur ce mescladis en promouvant l'utopie universelle et son corollaire immédiat, l'envie, allait démonter les pyramides féodales, anéantir les privilèges anciens au profit de nouveaux, et retourner à la centralisation forcée et à l'unification romaines.
Le vieux code romain devint le code Napoléon.
Avec cela, on allait fabriquer un homme nouveau, égalisé, interchangeable, déracinable et finalement corvéable à merci où qu'il aille, au prétexte de la liberté de tous et d'abord celle des puissants et affairés, cent fois plus qu'auparavant.
La boucle était bouclée, et la Hierle féodale allait disparaître pour de bon cette fois, en rentrant "dans le rang".
Il n'en reste rien, sinon que son territoire forme l'essentiel de l'arrondissemnt occidental du département du Gard, curieuse excroissance sur une carte que vous comprenez maintenant ; sous-préfecture du Vigan. A noter que la voie ferrée stratégique de Sommières à Tournemire aujourd'hui désaffectée, qui permettait de basculer rapidement des moyens militaires du sud à l'ouest du Massif Central, emprunte l'axe de la voie romaine Provence-Rouergue, construite pour ces mêmes raisons.
Remerciements
... aux âmes tranquilles de Louis Bousquet et d'Isidore Boiffils de Massanne, érudits passionnés d'archives introuvables, sans qui notre histoire, hors les grandes batailles, ne serait qu'un trou noir.
jeudi 7 décembre 2006
Le roi, le peuple et le tyran
Quand, harcelé par les règlements et bureaux en tout genre, et poussant d’un pas lent les cailloux du chemin de halage, je me désole de la dérive totalitaire de nos démocraties qui n'en finissent pas de se défendre en piétinant les principes mêmes qui les fondent - car organiser la démocratie c'est une gageure qui ressemble à conduire une horde de chats - je me dis que le roi s'il venait en lieu et place du satrape éphémère de l'Elysée, mais en CDI cette fois, pourrait bien s'exalter dans les bottes d'un tyran, comme l'époque moderne ne cesse de nous en proposer. Après tout !
La République est tyrannique depuis sa fondation car elle se sent très fragile, et si elle prête aux communistes le slogan "pas de liberté pour les ennemis de la liberté», elle est d'essence totalitaire pour sa propre survie ; mais elle y met les formes et a diffusé une rhétorique adaptée qui dissimule ses turpitudes philosophiques. Elle est soulagée de renaître chaque matin.
Le principe monarchique (qui ne requiert pas un roi pour s'exercer) trouve son aboutissement et ses garanties dans la royauté, et sans être chauvin, dans la royauté du modèle français. Ce modèle secrète ses propres limites infranchissables, ce qui explique qu'il n'y ait eu aucun Tyran de France en treize siècles.
Lieutenant du Seigneur sur terre, le roi de France est un cas à part dans le panthéon des rois. Le sacre confirmait cette "commission" divine. Ainsi que l'a dit Donoso Cortes "les peuples n'obéissant en la personne du prince qu'à Dieu seul, exprimaient la plus haute et la plus glorieuse prérogative humaine, celle de ne se soumettre qu'au joug de l'autorité divine". Sa fonction animait en lui deux corps distincts, le premier, le corps politique et sacrificiel, le second commun à l'espèce humaine. C'est ce joug sacré que les révolutionnaires ont voulu anéantir.
Y réussissant, ils ont donné le bout de la laisse coupée à quelques-uns d'entre eux qui ne pouvaient appartenir au même étage moral. Après deux cent sans de raffinage du concept, on confirme le dicton "la démocratie c'est l'envie" en contemplant la foire d'empoigne actuelle qui ferait remplacer au fronton de nos gloires la devise triple dont nous sommes si fiers par celle plus ramassée qui fait reculer la Mort : " Le Ridicule ne Tue plus ! "
Le samizdat Multitudes avait expliqué il y a quelques années la dualité des deux corps en insistant sur le politique.
Citant Kantorowitz il y était dit que « le Roi a en lui deux corps, un corps naturel et un corps politique. Son corps naturel considéré en soi est mortel, sujet à toutes les faiblesses, qu’elles viennent de la Nature ou par accident, de la stupidité de l’enfance ou de la vieillesse, ou des infirmités physiologiques qui peuvent survenir à tout un chacun.
Mais son corps politique est un corps qui ne peut être "vu" ni "utilisé". Incarnant la politique et le gouvernement et désigné pour diriger le peuple et gérer le bien commun, ce corps est complètement dénué des faiblesses dont le corps naturel est sujet et, pour cette raison, ne peut être invalidé ou mis en cause par ces faiblesses.
Ce dualisme au coeur du monarque souverain lui a donné les moyens par lesquels il a pu stabiliser son image devant le public au moment où le peuple est devenu partie constitutive de l’Etat. La concentration du pouvoir entre les mains du Roi signifiait l’unité du Peuple : le Roi devenait un symbole vivant du Corps politique tout entier. »
Les penseurs politiques contemporains ont-ils usé de cette notion des deux corps du roi pour rechercher des continuités entre la vie politique médiévale et la vie politique moderne ? Il est toujours tentant, même dans l'esprit progressiste, de se raccorder à la Tradition. Au minimum, ça décore.
C'est Michel Foucault qui a défendu la thèse du « roi à deux corps » pour traiter du citoyen politique moderne, à la fois souverain et usager de l'Etat. Grave affaire que le statut politique du souverain sujet de lui même. Malgré tous les cours d'éducation civique prodigués dans l'enseignement, le peuple n'a pas encore compris ce phénomène "naturel", sauf quand on lui dit d'un air convenu que c'était une blague !
« Il faut couper la tête du Roi et on ne l’a pas encore fait dans la vie politique » s'est écrié Foucault un lundi matin. On cherche encore d'où vient la lumière de cette recommandation. Peut-être de la réalité imaginaire qui loge cette souveraineté, ce roi, dans les institutions représentatives du peuple, érigées pour régler la vie de la société en tout ! Le peuple serait dès lors son propre tyran. Il accepterait bientôt que cette tyrannie perçue confusément, s’incarne dans un satrape comme nous en voyons surgir périodiquement dans les démocraties. Il faudrait donc couper la tête régalienne invisible en chacun de nous pour se prémunir de cette corruption de la démocratie. Mazette !
Ce corps immortel l'est-il vraiment ? Etant donné que l’ordre marchand capitaliste-politique-économique s’est étendu au sein et autour de toutes les conditions matérielles de notre vie quotidienne, la figure du « Corps Immortel » devrait transparaître dans la plupart des produits culturels qui la cernent et s'en nourrissent. Or c’est bien le cas. Les vecteurs culturels les plus puissants convoquent cette souveraineté impalpable et immanente à l’explication du Monde et de sa Justice. Le principe de souveraineté émiettée ne peut survivre que s'il est sublimé. On y parvient quand c’est du cinéma.
Au lieu de chercher l’immortalité du principe de souveraineté dans ce concept fumeux de la conscience collective et de la responsabilité « démocratique », laissons-le donc s'incarner dans le roi traditionnel qui dispose des attributs reconnus pour cela. Tout le monde comprendra enfin !
Mais alors que les « deux corps du roi » à la fois renforçaient autrefois et dépendaient de la confiance dans l’image chrétienne du lieutenant de Dieu, la confiance dans la relation entre Constitution et Autorité dépend aujourd’hui de mécanismes différents : Politiquement mortel, le président élu au scrutin universel sanctifie la Constitution immortelle. Le futur roi ne peut entrer dans ces chausses. Quoique ?
Deux solutions :
Soit nous appelons une reine d’Angleterre et le tour est joué. En passant, nous pourrions confier le trône au Plantagenêt et résoudre la querelle dynastique. Le marquis de Worcester,Henry Somerset, est du sang de Richard Cœur de Lion. Lance basse, il passe sur le ventre de quiconque, et venant d'Angleterre il aura parfaitement assimilé le rôle éminemment décoratif.
Soit nous appelons un roi « entier », indépendant, pour reconstruire une monarchie ab solu. Il suffit pour cela de royaliser la fonction occupée par le président actuel qui détient plus de pouvoirs que Louis XIV. Le roi rentre bien dans ces chausses. En ce cas il faudra trouver une "pointure". Easy !
La tyrannie est la tentation des médiocres. Le sang de France est au-dessus de ces contingences. Mettons un roi pour nous prémunir du tyran.
(ce billet tient lieu de Question Fréquente n°8)
mardi 5 décembre 2006
Communication, muer !
Sur le forum ViveLeRoy j'avais ouvert un fil consacré à un redéploiement de la propagande royaliste sous un titre un peu provocateur réclamant une relève : "Place aux Jeunes".
L'axe de réflexion est de basculer presque tout l'effort de propagande royaliste sur Internet en lançant un plan d'investissement massif de la Toile. La structure majeure peut être une agence de presse (semi-)professionnelle entourée de sites politiques de réflexion et d'une nuée de blogues d'opinion rédigés.
Le Web est aussi interactif. Poster une information déclenche des réactions en chaîne. Sur les listes de news (Google, Yahoo, etc.) on voit apparaître par exemple AgoraVox qui n'est pas une agence classique, mais un sorte de gros blogue qui traite l'info sous un angle spécifique et qui sait comment se faire balayer par les robots des moteurs de recherche.
Il n'est donc pas nécessaire de connaître la filiation d'AgoraVox pour être interpellé par ce site par le biais de Google, par exemple.
Un blogue quotidien d'agence sera rapidement puissant s'il expose de l'information commentée, des talents, des prises de position, des vidéos d'actualité brûlante, et pas obligatoirement à propos du mouvement royaliste (on manquerait vite de matière). Ce travail pourra facilement ouvrir la porte à un ou plusieurs sites plus réfléchis.
C'est le vieux principe du quotidien+hebdo+mensuel.
L'ensemble pouvant être coordonné par un comité informel de professionnels de la Communication, sympathisants mais observateurs du monde médiatique, car ainsi que le dit très bien un intervenant de ce forum :
"Il serait de bon ton que les royalistes sortent de leur isolement et rentrent en contact avec tous les groupuscules de mouvances diverses qui existent. J'ai vu l'autre jour dans "le Choc du mois" un petit encadré sur les Manants du Roi, considérant la bonne qualité des interventions qui y sont apportées, hélas chacun agit un peu pour sa chapelle, et pas que les royalistes.
Si tous les mécontents de France et de Navarre créent leur ligue pour rassembler des gens, certes ça rassemble, mais ça divise aussi ; et puis avec le temps des divergences se forment qui ne sont plus rattrapables.
Il serait donc bon de faire un mouvement de rapprochement, qui ne nous obligerait pas à renier nos idées, mais à grouper nos forces autour de la lutte, quelle que soit sa finalité."
J'ai ramassé quelques idées ci-dessous.
Le support de propagande adapté à notre temps est Internet. Même la presse écrite la plus prestigieuse y est passée, et la tendance est à y mettre tout. Se pose déjà la question douloureuse de la valorisation du travail. Next point -->> !
Investir la Toile ne peut se faire que massivement et en continu pour percer et sortir de la masse d'information traitée quotidiennement. Il ne s'agit pas de multiplier les blogues ou les forums qui renvoient éventuellement sur des sites politiques royalistes (il n'y en a que trois vraiment actifs) mais d'être présents dans les commentaires de l'actualité et au débat quotidien d'idées ; et pas forcément sur les questions royalistes, mais sur TOUT.
Après quelques disputes, j'ai tapé un peu fort je l'avoue, je persiste à préconiser la création d'une agence de presse cybernétique tenue par des royalistes.
Ce serait un site hyperactif lancé comme AgoraVox ou la MENA (il y en a d'autres), qui s'immisce dans l'actualité quotidienne pour être capté par les moteurs d'amplification de l'information.
Inutile pour cela de royaliser les nouvelles, le but n'est pas de ressusciter la Pravda, mais de profiter simplement de l'audience acquise pour mettre patiemment les points sur les "i" quand c'est nécessaire. Les temps électoraux actuels sont pain béni. Les déclarations des uns et des autres sur le besoin de durée pour les réformes, sur l'intérêt général primant le particulier, sur l'équité envers les générations futures, sur la pérennisation des moyens militaires, etc... appellent la clé de lecture royaliste.
Pour démarrer sur cet axe il faudrait redéployer les moyens actuels consacrés à la presse papier afin de pouvoir attirer au moins un jeune professionnel média. Tout chapelain qui veut bien comparer le tirage de son organe de presse principal avec l'audience mesurée chez Les Manants du Roy par les connexions établies sur leur site, peut être convaincu de la pertinence de leur approche.
L'affichage royaliste de cette structure de communication continue n'est pas primordial. D'ailleurs les blogues crypto royalistes qui font du chiffre ne sont pas ceux qui arborent d'abord le pavillon fleurdelisé, mais ceux qui percutent avec talent !
Autour de cette agence, les blogues d'opinion doivent foisonner, les forums, mais aussi les sites les plus divers, nationaux ou provinciaux, les sites commémoratifs ( Chambord, URBVM) ou même étranges comme Le Grand Roi ou La Messe En Mer. Il existe déjà beaucoup de production royco sur la Toile. L'important est de faire masse !
Dans le désordre actuel des esprits, l'urgence de l'offre monarchiste est telle que cette démarche aboutira fatalement. Afin d'éviter le surgissement d'une nouvelle structure de communication à côté des structures existantes, il serait avisé que les chapelles prennent langue et, sans disparaître, se regroupent pour créer un puissant vecteur médiatique moderne capable de tirer toute la nébuleuse royaliste vers son destin.
samedi 2 décembre 2006
Propagande élargie
Voici une vidéo diffusée par DailyMotion sur une réunion-débat autour de S.E. Dieudonné M'bala M'bala, calé au fond d'un voltaire, quelque part en France. Il s'agissait de discuter de la visite du prévenu à la fête Bleu-Blanc-Rouge du Front National au Bourget, où il fut reçu avec tous les égards dus à son rang.
La prise de vue en amphi est assez sombre, mais c'est le discours des intervenants qui est intéressant. Le commentaire muet du bouffon également.
Cliquez !
écran élargi
Vidéo envoyée par hurraken
On savait déjà que la population des Quartiers n'avait pas de religion faite quant aux partis politiques ; on savait aussi que les scores du Front y étaient bons. On a gardé sous le boisseau que l'Alliance Royale dans les dernières élections auxquelles elle a participé, a fait ses meilleurs résultats bien que modestes, dans les quartiers difficiles, surtout dans le nord de la France.
En mars de cette année, Royal-Artillerie sous le titre "Le roi du Quartier" avait évoqué cette jachère électorale en mettant en lumière des prédispositions cachées de ces populations pour le royalisme, essentiellement le goût de l'autorité, la préservation de la cellule familiale, l'habitude de la hiérarchie. Nous ne parlons pas ici des voyous qui gâchent la vie de ces gens, sous le regard désabusé des autorités bavardes mais incapables. Ce billet relayé jadis sur deux forums royalistes n'eut aucun écho, sinon négatif, les sections de propagande des chapelles ayant d'autres chats à fouetter que de chercher des voix, chez les pas-blancs en plus ! Logique !
Si l'on veut admettre que l'instauration d'une monarchie se fera avec le consentement du peuple, quelle que soit la manière de l'obtenir, et non par surprise au milieu d'un grand désordre, on doit chercher à convaincre sur nos thèses dans tous les compartiments de la société, à commencer par les populations politiquement neuves (ou désabusées au sens littéral).
La propagande doit être adaptée au vécu de la cible, la présentation de la doctrine monarchiste modernisée et tournée carrément vers l'avenir. Laissons un temps l'histoire des Mérovingiens, le mécanisme de la capitation, le traité d'Utrecht et le procès de Marie-Antoinette.
Cette propagande doit en revanche prendre à bras le corps les contraintes de tous ordres que subissent ces populations et leur apporter des solutions spécifiques.
Question : les partis royalistes qui s'intéressent à la vie des Français ont-ils des réponses pour les Quartiers ?
Attendons leurs réponses.
Pourquoi si peu d'écho dans le mouvement royaliste sur ces sujets ?
Je n'ai pas cherché longtemps.
On ne traite chez nous que le problème des désordres en tous genres, allant pour certains très inquiets, jusqu'à l'analyse d'une guérilla ethnique, planifiée par quelques gnomes inexpugnables réfugiés dans les cavernes du Warziristan ! Sinon la réaction basique du royaliste militant est de ne pas s'intéresser à ces Français de troisième classe parce qu'au fond de soi on ne souhaite que leur départ, voire pour les moins mauvais leur disparition de l'épure ethnique par emprunt de l'ascenseur social de blanchissage. Pourquoi se fatiguer pour une catégorie rejetée in petto !
C'est une réponse puérile.
Ces populations dont les ancêtres ne furent pas les Gaulois sont maintenant enracinées dans le terreau français et vont y proliférer. Elles sont parties intégrantes du peuple. On devrait avoir acquis une certaine habitude de les voir vivre parmi nous depuis le temps que nous avons des possessions outremer ! Quoiqu'il en soit, leur taux démographique les rend incontournables en politique parce qu'elles en déplacent le centre de gravité. Les laisser à la marge est une faute stratégique, et pire encore de les ignorer délibérément.
A moins que le royalisme ne soit qu'une occupation de cénacle académique poussiéreux avec quelques gerbes d'oeillets à dates fixes, comme on le juge de l'extérieur !
Ne doit-on pas avoir l'ambition de dépasser les conférences pour trente convaincus, les commémorations discrètes, les manifestations squelettiques, les universités d'été désertées; et ... de cesser de fourvoyer les jeunes du mouvement dans un militantisme de bonne camaraderie certes, mais finalement stérile. Qu'ont produit en cinquante ans à l'étage politique de la société, les efforts de propagande des deux chapelles ennemies d'Action française ? Des tirages confidentiels de revues de qualité, mais aucune notoriété de la Cause, et un certain dédain des princes. Sans doute parce que les questions traitées par les responsables politiques sont obsolètes ou étrangères aux vrais sujets d'inquiétude du peuple.
Ah, j'oubliais que du peuple on s'en moque, tant il est nul en réunion ! Alors des envahisseurs, n'en parlons même pas !
Post scriptum
Nous sommes en campagne !
Royal-Artillerie, aimablement autorisé par l'Alliance Royale, publie en fin de billet, une des questions fréquentes auxquelles tout militant royaliste est confronté, avec ou sans commentaire du claviste.
QF.7 La république a au moins réussi à uniformiser les lois, les coutumes, même la langue, alors que c’était sous l’Ancien Régime un fouillis incroyable.
Il est vrai que sous l’Ancien régime nos rois n’ont pas cherché à homogénéiser à tout prix la société française. Ils ont construit patiemment la France, sans avoir recours à la Terreur ou à l’extermination comme l’a fait la République, dont le résultat, en France comme dans ses colonies, est de s’être acharnée à détruire les particularismes et les différences régionales, enlevant à notre pays comme aux pays colonisés une partie de leur âme. Sous la royauté, ces différences seront par nature respectées, parce que l’unité autour de la personne du roi est plus forte que tout, comme c’est le cas au royaume de Belgique. Sans cela la France finira par se dissoudre, mais après tout ne serait-ce pas la finalité de la République ?
La prise de vue en amphi est assez sombre, mais c'est le discours des intervenants qui est intéressant. Le commentaire muet du bouffon également.
Cliquez !
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Vidéo envoyée par hurraken
On savait déjà que la population des Quartiers n'avait pas de religion faite quant aux partis politiques ; on savait aussi que les scores du Front y étaient bons. On a gardé sous le boisseau que l'Alliance Royale dans les dernières élections auxquelles elle a participé, a fait ses meilleurs résultats bien que modestes, dans les quartiers difficiles, surtout dans le nord de la France.
En mars de cette année, Royal-Artillerie sous le titre "Le roi du Quartier" avait évoqué cette jachère électorale en mettant en lumière des prédispositions cachées de ces populations pour le royalisme, essentiellement le goût de l'autorité, la préservation de la cellule familiale, l'habitude de la hiérarchie. Nous ne parlons pas ici des voyous qui gâchent la vie de ces gens, sous le regard désabusé des autorités bavardes mais incapables. Ce billet relayé jadis sur deux forums royalistes n'eut aucun écho, sinon négatif, les sections de propagande des chapelles ayant d'autres chats à fouetter que de chercher des voix, chez les pas-blancs en plus ! Logique !
Si l'on veut admettre que l'instauration d'une monarchie se fera avec le consentement du peuple, quelle que soit la manière de l'obtenir, et non par surprise au milieu d'un grand désordre, on doit chercher à convaincre sur nos thèses dans tous les compartiments de la société, à commencer par les populations politiquement neuves (ou désabusées au sens littéral).
La propagande doit être adaptée au vécu de la cible, la présentation de la doctrine monarchiste modernisée et tournée carrément vers l'avenir. Laissons un temps l'histoire des Mérovingiens, le mécanisme de la capitation, le traité d'Utrecht et le procès de Marie-Antoinette.
Cette propagande doit en revanche prendre à bras le corps les contraintes de tous ordres que subissent ces populations et leur apporter des solutions spécifiques.
Question : les partis royalistes qui s'intéressent à la vie des Français ont-ils des réponses pour les Quartiers ?
Attendons leurs réponses.
Pourquoi si peu d'écho dans le mouvement royaliste sur ces sujets ?
Je n'ai pas cherché longtemps.
On ne traite chez nous que le problème des désordres en tous genres, allant pour certains très inquiets, jusqu'à l'analyse d'une guérilla ethnique, planifiée par quelques gnomes inexpugnables réfugiés dans les cavernes du Warziristan ! Sinon la réaction basique du royaliste militant est de ne pas s'intéresser à ces Français de troisième classe parce qu'au fond de soi on ne souhaite que leur départ, voire pour les moins mauvais leur disparition de l'épure ethnique par emprunt de l'ascenseur social de blanchissage. Pourquoi se fatiguer pour une catégorie rejetée in petto !
C'est une réponse puérile.
Ces populations dont les ancêtres ne furent pas les Gaulois sont maintenant enracinées dans le terreau français et vont y proliférer. Elles sont parties intégrantes du peuple. On devrait avoir acquis une certaine habitude de les voir vivre parmi nous depuis le temps que nous avons des possessions outremer ! Quoiqu'il en soit, leur taux démographique les rend incontournables en politique parce qu'elles en déplacent le centre de gravité. Les laisser à la marge est une faute stratégique, et pire encore de les ignorer délibérément.
A moins que le royalisme ne soit qu'une occupation de cénacle académique poussiéreux avec quelques gerbes d'oeillets à dates fixes, comme on le juge de l'extérieur !
Ne doit-on pas avoir l'ambition de dépasser les conférences pour trente convaincus, les commémorations discrètes, les manifestations squelettiques, les universités d'été désertées; et ... de cesser de fourvoyer les jeunes du mouvement dans un militantisme de bonne camaraderie certes, mais finalement stérile. Qu'ont produit en cinquante ans à l'étage politique de la société, les efforts de propagande des deux chapelles ennemies d'Action française ? Des tirages confidentiels de revues de qualité, mais aucune notoriété de la Cause, et un certain dédain des princes. Sans doute parce que les questions traitées par les responsables politiques sont obsolètes ou étrangères aux vrais sujets d'inquiétude du peuple.
Ah, j'oubliais que du peuple on s'en moque, tant il est nul en réunion ! Alors des envahisseurs, n'en parlons même pas !
Post scriptum
Nous sommes en campagne !
Royal-Artillerie, aimablement autorisé par l'Alliance Royale, publie en fin de billet, une des questions fréquentes auxquelles tout militant royaliste est confronté, avec ou sans commentaire du claviste.
QF.7 La république a au moins réussi à uniformiser les lois, les coutumes, même la langue, alors que c’était sous l’Ancien Régime un fouillis incroyable.
Il est vrai que sous l’Ancien régime nos rois n’ont pas cherché à homogénéiser à tout prix la société française. Ils ont construit patiemment la France, sans avoir recours à la Terreur ou à l’extermination comme l’a fait la République, dont le résultat, en France comme dans ses colonies, est de s’être acharnée à détruire les particularismes et les différences régionales, enlevant à notre pays comme aux pays colonisés une partie de leur âme. Sous la royauté, ces différences seront par nature respectées, parce que l’unité autour de la personne du roi est plus forte que tout, comme c’est le cas au royaume de Belgique. Sans cela la France finira par se dissoudre, mais après tout ne serait-ce pas la finalité de la République ?
vendredi 1 décembre 2006
Bal de la Saint-Nicolas
Les Lys de France vous invitent au bal de la Saint-Nicolas
au Château de Breteuil (à Choisel en vallée de Chevreuse)
le 16 décembre à partir de vingt heures.
Programme de qualité pour une assemblée choisie, n'attendez pas pour demander votre carton.
20h30
Concert de Noël dans la chapelle du château
Florence GUILMAULT
Artiste lyrique
22 heures
Ouverture du Bal
Minuit
Arrivée de « Saint Nicolas et son âne »
Réservations jusqu'au 6 décembre au prix de 35 euros pour la soirée.
Toute information par courriel auprès de :
nicolas.chotard@wanadoo.fr
Lys de France
BP 80 434
75327 Paris Cedex 07
Post scriptum
Nous sommes en campagne !
Royal-Artillerie, aimablement autorisé par l'Alliance Royale, publie en fin de billet, une ou deux des questions fréquentes auxquelles tout militant royaliste est confronté, avec ou sans commentaire du claviste.
QF.5 Au moins, en république, la loi est la même pour tous!
Dites plutôt que la loi est faite pour un homme uniformisé, statistiquement moyen, ce qui est monstrueux. Cela conduit à exclure de la loi ceux qui ne sont pas comme tout le monde, ou les indésirables, les inutiles. La loi uniforme conduit à l’injustice. Elle doit au contraire tenir compte des situations de famille, des métiers, des particularismes locaux. Et pour cela, il faut que tous ces gens puissent être représentés sincèrement, et non pas au travers des idéologies et des partis.
Voici ce que se propose de faire l’Alliance Royale : redonner vie aux différences régionales (au sens non folklorique du terme), tout en conservant une identité française, grâce à la personne du roi ; redonner vie à la famille, en la prenant réellement en compte, légalement, institutionnellement. Tout cela la république ne peut le faire, au nom de l’égalité des individus.
NDC : qu'en est-il au demeurant des différences religieuses ? Au-delà de la liberté de conscience qui va de soi, la monarchie garantira-t-elle la libre pratique du prosélytisme religieux qu'importent chez nous des communautés "exotiques" ?
QF.6 La condition des Juifs et des femmes sous l'Ancien régime ?
Ce serait oublier l’importance des femmes avant la Révolution. C’est la Révolution et l’Empire qui les ont rendues civilement mineures, en cherchant à imiter le droit romain. Et puis, il y avait énormément de Juifs dans les administrations de province. Aux Etats Généraux de 1789, les Juifs votèrent, et envoyèrent leurs cahiers de doléances. A Bordeaux, l’un d’eux faillit même être élu député du Tiers-état. Quant à l’antisémitisme et à la misogynie, ce sont des mots qui n’ont pas de sens sous la monarchie, et qui vont justement prendre toute leur force dans ce XIXè siècle si épris de Liberté théorique, et tellement républicain.
NDC : La vie des Juifs sous l’Ancien régime est d’une grande diversité selon les époques et les provinces. On peut dire aussi que leur mise sous surveillance s’aggravera au fur et à mesure de l’expansion catholique au Moyen-Âge. C’est moins le pouvoir royal que l’Eglise et eux-mêmes qui les ont différenciés.
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