Moment, s.m. s'entend en mécanique du produit d'une force par sa distance à un point ou à un axe ; c'est ainsi qu'on dit que la somme des moments de deux composantes est égale au moment de leur résultante, par rapport à un point quelconque pris dans leur plan (Maurice La Châtre, Dictionnaire universel, Paris 1854)
Comme l'affirmait Vaïsse Villiers - je ne le sus que plus tard après être passé mille cinq cent quatre-vingt-seize fois devant sa plaque de rue pour aller à l'école - l'histoire est cyclique, une roue lente toujours en mouvement sur un moyeu qui orbite dans l'univers du Destin. Aussi souriais-je souvent par la suite d'entendre que l'histoire ne repassait pas les plats sans parler du fameux sens marxiste de l'Histoire qui permit à la France de se retirer de toutes ses positions pour devenir la nation qui pérore en souvenir de sa grandeur. Je compris aussi pourquoi de grands esprits avaient investi tant d'énergie à produire des leçons édifiantes à l'attention de leurs contemporains comme Grandeur et décadence de l'Empire romain, qui n'était finalement qu'un solennel avertissement. Il est plus que temps de mettre en perspective - si ce n'est trop présomptueux - la décadence de l'empire occidental !
Est-il besoin d'en faire la démonstration ? Même pas, la démographie négative et la part étrécie de richesses produites par l'Occident rapportée au total de l'activité humaine sur terre parlent d'elles-mêmes. Ce reflux est-il une décadence ? C'est le début d'une bonne question à laquelle tous les gouvernements répondent non, plutôt un ajustement historique de la tectonique des continents. Sans revenir à Dioclétien ou Charlemagne, nous retrouvons aujourd'hui l'époque pré-industrielle où les maîtres du moment étaient au Milieu du monde, ce qui ne se voyait pas autant qu'aujourd'hui puisque ceux-là n'avaient aucune envie de s'impliquer plus loin que les marches impériales. Prospérait au-delà des sables de l'océan steppique l'Europe des nations combattantes, en guerre permanente (7 ans, 30 ans, 100 ans...) jusqu'à ce qu'au XIXè siècle, la putréfaction de l'empire mandchou ne les attirât et leur permît de mettre en coupe réglée le Centre du monde pour s'en repaître. La cupidité générale déséquilibra les appétits réputés légitimes - à chacun son empire mondial - jusqu'à jeter tous les uns sur tous les autres pour qu'à la fin, l'Occident se dévore lui-même. Deux guerres mondiales ont réglé pour longtemps la question des suprématies. L'épuisement occidental à s'entretuer a laissé revenir contre lui les empires défunts qui renaissent de leurs cendres. Le balancier de Vaïsse Villiers qui s'était perdu derrière Alpha du Centaure, revient. Sa masse inertielle est monstrueuse, à voir les dégâts qu'il a déjà causés. Et nous le regardons grossir, sidérés ! Nous ne faisons que ça.
Les dirigeants occidentaux qui ont blindé leurs modèles socio-économiques dans les rets des organisations internationales sont empêtrés dans des logiques mercantiles et morales de premier échelon. Ils brandissent des libertés dans certains domaines qui rapportent et des obligations impératives dans d'autres qui les gênent. Ils ne voient pas les enjeux ou les laissent aux analystes stratégiques que l'on ne lit pas. De vista ? point ! mais, le nez dans le guidon, un contrôle tatillon des peuples réputés indociles et plus intelligents qu'eux. Le futur lointain n'est appréhendé que par les cerveaux numériques de la Silicon Valley pour faire court, et plus du tout par les états-majors partisans qui gèrent nos sociétés civiles dans le champ des mœurs plutôt que dans celui des équilibres pérennes. Quand chez nous on en arrive à jouer le redressement du pays sur un Gosplan bureaucratique donné à un politicien raté, il y a de quoi affûter les pointes des rapières. A les voir s'agiter comme des papillons sous la lampe, on laisse naître en soi le sentiment que le système prétendument démocratique a sélectionné le fond du panier, la division 2, les recalés de la Production, des bavards diarrhéiques, des mangeurs de mots, des intellectuels assis selon le mot d'Audiard ; alors qu'il nous faudrait des cons qui marchent. Mais regardez la distribution ! La plupart des noms entreront demain comme insulte populaire dans Le Petit Robert. Rien ne bouge. Cette sous-classe politique nous laisse subir notre environnement géopolitique. La France est le paillasson du monde.
Ce n'est pas partout pareil, à preuve :
Le mandat américain de Donald Trump, un richissime promoteur et animateur télé avec pas cent sous d'idées mais du bon sens, aura plus fait pour contenir les assaillants de l'Occident que tous les clubs dédiés à l'hégémonie de l'American Way Of Life. Son ego démesuré l'a précipité contre "l'Impossible" et malgré les prévisions catastrophiques des instituts payés au mois, il l'a fracassé. Souvenez-vous, on ne pouvait affronter la Chine qui était devenue l'usine du monde et détenait un matelas impressionnant de bons du Trésor, des encaisses gigantesques en devises prêtes à s'investir à milliards dans les routes de la soie, une marine de guerre en constante augmentation, des projets de développement partout jusqu'en Afrique ou Papouasie, et le top du top, une fabrique universitaire qui déversait des dizaines de milliers d'ingénieurs chaque année comme CocaCola des canettes à Dunkerque ! Il fallait négocier intelligemment et retraiter pas à pas en attendant la démocratisation inévitable d'un peuple ayant goûté aux joies de la société permissive de consommation, sans parler de l'effondrement des banques régionales percluses de créances bonnes à jeter à la décharge. On attendait les désordres civils intérieurs qui finiraient par casser l'élan irrésistible du monstre capitalo-communiste aux intentions douteuses. A l'évidence Trump n'a rien compris à ce raisonnement tout en finesse. Il a juste comparé les chiffres de la balance commerciale : action !
On pourrait en dire autant des prétentions insupportables de la théocratie iranienne à vouloir imposer la nuit islamique sur tout le Moyen Orient. Israël a signalé aux services américains que l'Iran laissait tomber le corset nucléaire en investissant tout son disponible dans la conquête de l'Irak pétrolier et dans l'implantation de bases en Syrie visant Israël. Non seulement Trump est sorti du traité nucléaire, mais il a fait tuer le numéro deux du régime islamique, le général Souleimani, proconsul des ayatollahs à Bagdad, en attendant de faire plus à la première occasion. Le message a été reçu cinq sur cinq. Les mollahs ont fait des funérailles grandioses en menaçant le monde entier, puis ont abattu par erreur un avion civil chez eux. Les autorités irakiennes et les tribus arabes qu'elles représentent ont pris les Iraniens en grippe et Israël continue de casser en Syrie le dispositif des Pasdaran au fur et à mesure qu'il est reconstitué. Les menaces réitérées sur le Détroit d'Ormuz n'inquiètent que les écoles de journalisme, les acteurs régionaux sachant que la côte iranienne de Bandar Abbas sera vitrifiée au premier dommage consenti par la Vè Flotte en Mer d'Oman. Sans doute la France de son côté, impliquée durablement dans le Golfe persique par ses accords imprudents de défense, se rassure-telle de la pugnacité de la brute au chien de prairie mort sur la tête. Qu'en sera-t-il de son éventuel successeur avec ses deux heures de lucidité quotidiennes ? C'est un autre article, mais on se prépare à un coup d'Etat en Iran donnant tous les commandements aux Gardiens de la Révolution en péril ; pas la révolution, le système de prédation nationale des Gardiens. Un troisième article ? D'autres zones à soucis reçoivent la même attention trumpienne au premier degré entre deux greens, que ce soit le scandale du partage des charges de l'Alliance atlantique, le merdier coréen, et moins dangereux mais plus rémunérateur en voix, l'immigration hispanique, la loi & l'ordre et les maquiladoras mexicaines... D'où LA question : Donald Trump arrivera-t-il à bloquer le balancier de Vaïsse Villiers ?
Bien sûr que non ! C'est affaire de fondamentaux. L'histoire des hommes obéit à des tendances lourdes que rompent provisoirement des éruptions violentes comme les guerres, la peste, les calamités naturelles ou la fission atomique, ce qui ne veut pas dire que ces tendances ne puissent être déviées quand elles ne peuvent être contrées. Et là nous voyons que le régime démocratique qui administre nos sociétés et qui devrait veiller à leur perpétuation est complètement inadapté. Elles doivent être gérées à l'horizon du siècle, mais ce sont des gens souvent mal élus sur des horizons si proches d'eux - cinq à six ans - qui décident et l'inadéquation du régime politique en devient risible comparé aux enjeux.
L'impermanence du monde a toujours un sens, même si ce sens n'est pas une ligne droite vers le paradis soviétique mais plutôt une orbite à plan mobile qui va et revient. L'histoire du monde depuis la haute antiquité nous le prouve. En foi de quoi, on ne peut conduire un pays au jour le jour. Le facteur temps long doit être intégré à l'épure de la gouvernance, et nous en sommes si loin ! Tout le monde peut comprendre ça, même autour d'un feu de palettes sur le rond-point. Sans en faire une obsession, ce régime parlementaire de chahut institutionnel n'est pas capable de parer le retour du balancier mégatonique que nous allons prendre en pleine poire. Inde et Chine ne nous feront pas de cadeaux ; elles ont des comptes à solder. Et l'Afrique, milliardaire en désœuvrés, nous garde un chien de sa chienne puisqu'il faut bien trouver un responsable à son déclassement. La Russie prendra son gain ! L'Europe fera des proclamations morales ou juridiques, l'Amérique du Nord se ramassera chez elle pour encaisser le choc de la boule de démolition.
Nous avons besoin dès aujourd'hui d'un Etat fort, pugnace et commandé, capable d'affronter les empires revenus, seul ou en coalition. Le nôtre est un Etat totalitaire à moitié crevé qui exhale une odeur de gangrène gazeuse et coûte un pognon de dingue* en perfusions. Nous devons resserrer notre Etat sur le domaine régalien strict et débander les voraces qui nous privent de l'essentiel. Une parasélite politique pléthorique, des dizaines de milliers d'associations ou syndicats incapables de vivre sur cotisations, un système social ravagé par une fraude aux prestations et pensions quasiment consentie, un clergé médiatique concordataire (un milliard d'aides à la presse), des saltimbanques payés à ne rien foutre, des étages administratifs redondants où se cramponnent les rationnaires de la République, leurs fils et leurs neveux. La situation confuse et insécure crée un sentiment général d'étouffement chez les masses laborieuses ! Brisons les contraintes accumulées au fil des campagnes électorales. Les périodes de moindre coercition furent souvent celles de grande créativité, inventivité, solutions pratiques, du moins de ce côté-ci de la Sainte Carte**. Les "commandeurs" dans l'âme sous-estiment toujours les capacités de l'espèce humaine à s'organiser en autonomie quand on l'abandonne à elle-même. Ils mangent sur des schémas hiérarchisés qui remontent de l'îlotier de quartier qui vérifie les masques jusqu'au général d'armée qui écrit sa page dans l'encyclopédie, en passant par tous les grades de la prébende publique. Ainsi le régime actuel bouffe-t-il plus de la moitié de la richesse produite pour exister.
Les gens capables d'entraîner et d'organiser les autres au niveau du quartier, de la ville, de la province ont souvent de meilleures capacités d'anticipation que les habiles et les malins qui se font élire sur des promesses sans lendemain. Trouvons ces gens capables et lançons des Exodus à Saint-Nazaire, direction les Kerguelen pour nos surnuméraires, à moins que quelque pays ne nous les prenne en route. Et n'oubliez jamais que la parasélite ne disparaît que quand on lui fait peur (comme en mai 68).
Au-dessus des collaborations de premier et deuxième niveau, au pays des vingt ou cent républiques nouvelles contractant entre elles, il nous suffirait d'avoir un roi, un roi actif en ses conseils, qui représenterait notre pays, son âme, sa continuité, veillerait à notre défense avec "ses" armées, et à qui s'adresseraient les autres nations pour échanger plans et projets de commun bénéfice. L'anarchie*** plus un ? C'est ça ! Il faut faire confiance aux hommes de bonne volonté et de bon sens plutôt qu'à ceux qui font métier de vivre à nos dépens. Le vrai modèle à la fin, c'est une grande confédération helvétique, couronnée pour cause de paradigme gaulois. Si nous ne savons pas la faire, invitons des Suisses à l'organiser chez nous. Ce ne serait pas la première fois que la France en carence appelle des étrangers doués à son service. La liste en est très longue, jusque dans la foration des fûts d'artillerie sous Louis XV.
A suivre...
Notes :
* Collectivisme en reconstruction :
- 56% du PIB en dépense publique
- la fiscalité la + forte de l'OCDE et peut-être du monde.
- les plus forts impôts de production en Europe après la Grèce (on va les diminuer dans le plan industriel de relance)
- un Etat qui se mêle de tout et si mal, mais considère le domaine régalien comme sa variable d'ajustement
- une Justice misérable (on jugera Balladur en janvier prochain pour les rétrocommissions de... 1995!)
- une économie administrée par l'Etat, que l'on appelle "mixte" où le secteur public est presque partout déficitaire
- le record mondial de lois, règles, règlements et normes avec une perversité particulière à aggraver les directives européennes
- la remise en question régulièrement de la propriété privée
- l'incapacité à assurer l'ordre de base
** La carte appelée aussi "la carte interdite"
*** Ce billet est le dix-huitième de Royal-Artillerie avec le libellé "anarchie"
* Collectivisme en reconstruction :
- 56% du PIB en dépense publique
- la fiscalité la + forte de l'OCDE et peut-être du monde.
- les plus forts impôts de production en Europe après la Grèce (on va les diminuer dans le plan industriel de relance)
- un Etat qui se mêle de tout et si mal, mais considère le domaine régalien comme sa variable d'ajustement
- une Justice misérable (on jugera Balladur en janvier prochain pour les rétrocommissions de... 1995!)
- une économie administrée par l'Etat, que l'on appelle "mixte" où le secteur public est presque partout déficitaire
- le record mondial de lois, règles, règlements et normes avec une perversité particulière à aggraver les directives européennes
- la remise en question régulièrement de la propriété privée
- l'incapacité à assurer l'ordre de base
** La carte appelée aussi "la carte interdite"
*** Ce billet est le dix-huitième de Royal-Artillerie avec le libellé "anarchie"