lundi 31 janvier 2022

L'heure de la "chouette"

L'affaire était annoncée à grand tapage, qui ne fut pas soutenu, aussi longtemps que l'actualité n'offre mieux, plus clivant, divisif, scandaleux. L'alarme et le scandale sont les deux mamelles de l'info en continu qui ne vit que d'audience. Demain ce sera le satyre assassin Lelandais !

Ainsi le jacassement insupportable de la pie Taubira parvint-il à couvrir dimanche le frou-frou des suavités sucrées de l'arrivée de Marion Maréchal dans la campagne présidentielle. "Back to the trees !" a-t-on envie de crier à la sorcière vaudoue, qu'on puisse entendre enfin les propos rassurants de l'égérie blonde des conservateurs totaux. Parce qu'on l'écoute, elle, contrairement à Valérie Pécresse que le téléspectateur zappe ! Parce que son charme dont elle sait si bien jouer avec sa coqueterie dans l'œil, est ce qui manque à Eric Zemmour pour éloigner la peur qui plane sur son programme radical quand il s'adresse à la droite classique et cocue d'avance.

Marion Maréchal

Que Marion Maréchal ne soutienne pas sa tante n'est un scoop pour personne, sauf pour le fond de panier des puceaux de l'école de journalisme, puisque les deux Le Pen ont rompu il y a cinq ans maintenant et que la fille du Pirate a procédé à des purges staliniennes au sein de son parti renommé RN, afin d'éliminer la concurrence de l'altière beauté au parler clair. Marion Maréchal ne "lâche" pas Marine Le Pen puisqu'elle ne l'a jamais "tenue". Elle a néanmoins un agenda.

Le projet de sa vie est un four ! Il n'a pas suffi d'un hall d'entrée très réussi, de communiquer abondamment et dans l'emphase sur les cursus de l'ISSEP à Lyon, pour que la nouvelle ENA prenne ses marques, obtienne la reconnaissance d'un diplôme et soit submergée de candidats-étudiants. Avec un effectif de cours de sténodactylographie, quelques profs de droite et un cycle de séminaires, la fusée du tradi-conservatisme français s'est crashée. Qui ne risque rien... bien sûr ! On devine ensuite que l'un des esprits les plus déliés de la classe politique française, savourant d'avance l'averse d'applaudissements à son discours de tribune, ne pouvait pas se reconvertir dans le mannequinat, quoique ! Elle aime la politique plus que les sciences politiques, c'est de famille. Arrivent en juin prochain les élections législatives, et il lui faut trouver chaussure à son pied dans une investiture jouable. Le nouveau parti Reconquête est le vecteur idoine sur cette trajectoire électorale. D'autant qu'Eric Zemmour fut un temps son mentor et qu'ils s'entendent bien en ville. Certes, elle ne dira jamais que Tonton Léon n'a aucune chance d'accéder au second tour, malgré le renfort de vieilles carnes attirées par la lumière médiatique, d'autant qu'il est probable qu'il ne le croit pas lui-même - il est trop intelligent - mais pour agréger la masse critique nécessaire à sa candidature à la députation elle se doit de faire semblant et de chanter avec les autres : "Elle est des nôtres, elle a bu son verre comme les autres !".

Marion Maréchal

Deux réflexions gratuites : l'arrivée de Marion Maréchal chez Reconquista n'aura qu'un effet booster limité, puisque ses supporters ont déjà décidé de voter Zemmour. Par contre le problème se pose au Rassemblement national : Marion Maréchal a gardé des partisans au sein du parti Le Pen qui pourraient trahir par sympathie, sinon par arrivisme. Il faut dire que beaucoup de cadres RN, et pas que les maréchalistes, regrettent qu'un discours mieux articulé, plus intellectuel et plus résilient sur une ligne de droite décomplexée, ne soit pas porté par leur candidate. Il y a des gens qui savent parler et débattre comme Jordan Bardella ou Nicolas Bay, mais il en faudrait bien plus pour déborder des bataillons "ras-le-front" vers ceux de la classe moyenne inférieure en quête de réformes (les gilets jaunes des ronds-points). Marion Maréchal parle à ces gens-là et dans le même mouvement à la fachosphère dont elle coche toutes les cases ! Bruno Mégret anticipe l'émiettement du parti, mais vu ce qu'il y a subi, on ne peut entièrement faire confiance en son jugement. Je ne sais ce qu'en pense le petit télégraphiste Ménard qui ne cesse de s'agiter dans l'imploration d'une réunion de gens qui se détestent. Se sent-il une vocation de sous-maîtresse au One-Two-Two de la droite forte organisant une partie carrée ? Ce type m'horripile. Carrément, mais son heure est passée, les candidats n'ont rien à foutre du petit maire de Béziers qui se croit un destin national. Bon ! On va de nouveau entendre Marion Maréchal, et c'est déjà l'effet kiss-cool.

dimanche 30 janvier 2022

Rénovation - note d'ordre

 

©RA 2005
* le régalien au roi *
* les états aux gens *
* la couronne aux dieux *


Le dossier Rénovation est constitué de dix articles qui tirent les leçons du passé, même lointain, du présent bien sûr, et permettent de projeter dans l'avenir une possibilité de restauration monarchique. Si le principe prime le prince, celui-ci est indispensable. Aussi doit-on s'atteler à produire des candidats de talents formés à l'emploi ; qui eux-mêmes ne seront pas d'un grand secours si l'environnement institutionnel est vicié ou vicieux. C'est donc la pyramide du socle à la pointe qu'il faut embrasser tout entière, ce qui n'est pas aussi difficile qu'on peut le redouter de prime abord.

Le socle institutionnel favorise ou défavorise une restauration monarchique. Propager le plus largement possible la réforme de notre Etat est le moment le plus important sur l'axe d'effort. C'est le dixième article qui s'y colle. Mais il faut déblayer en même temps les obstacles à la marche en avant. Tous les obstacles.
Si pour la restauration qui vient, une dispute dynastique hors de saison diminuait dramatiquement les chances d'une accession à l'emploi du candidat le plus apte à régner au recommencement du royaume, il serait légitime d'écarter les plaideurs et de trouver la troisième voie qui mettrait tout le monde d'accord, contents, pas contents ! Qu'importe à la fin ! Sans doute devrons-nous casser les codes pour échapper au blocage des lois abolies. Toute l'évolution, toute l'histoire des découvertes est une fracture des codes légués pour laisser naître de nouveaux systèmes. La désignation du prince en charge parmi le vivier dynastique pourrait, comme on l'a souvent dit sur Royal-Artillerie, découler de la victoire circonstancielle de quelqu'un, celui (ou celle) que nous appelons d'habitude : "le dernier debout au milieu des ruines à Paris", plutôt que le premier à Reims dans le char à bœufs. L'évolution de notre société a remisé définitivement la berline de Gand. Les Français sont vaccinés au chef. Un chef va au charbon. Ce fut vrai des vieux rois, et ça le redevient. S'ils n'y prennent garde, les rentiers dynastiques, qui se sont juste donnés la peine de naître, vont tomber de l'échelle ! Mais le principe s'appliquera, en tirant de l'histoire les erreurs qui ruinèrent la monarchie, toutes les erreurs pour n'y pas revenir.


Dans l'ordre de publication sur Royal-Artillerie nous trouverons donc les dix articles suivants :

armes du piéton
Catoneo


vendredi 28 janvier 2022

Le cancer sahélien

Le fondamentalisme musulman est une menace sur notre civilisation gréco-romaine en ce qu'il exalte une barbarie mentale et morale fondée sur l'observance minutieuse de rites surannés et de superstitions dont l'Occident s'est défait à la Renaissance, même si des métastases ont couru jusqu'à la fin du XIXè siècle. Nous sommes au XXIème ! Mais dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, ce fondamentalisme musulman n'est que la tunique de Nessus dont se sont emparé des groupes ethniques sahéliens méprisés, les laissés pour compte dans la Grande Corruption de l'Indépendance africaine. Incorporant des combattants revenus du Djihad afghan et syrien, ces groupes sont devenus terroristes et narco-trafiquants, pour à la fin se noyer - mais ce n'est pas encore la fin - dans le sirop onusien de l'aide humanitaire permanente. Les "fiers" combattants du Prophète iront à la soupe internationale avec leur petite gamelle et leur petit bidon d'eau. Ceux d'entre eux qui l'auront refusé méditeront sur la supercherie des soixante-douze vierges, six pieds sous terre. Ceci pour dire que la cause des maux sahéliens est à traiter "en même temps" que ses effets, si l'on veut bien terminer l'affaire pendant la présente décennie.

fillette nomade du Niger

La réorganisation des Etats et la pacification des rivalités ethniques présupposent la collaboration des gouvernements et de leur administration afin de redessiner l'épure héritée de l'empire, usée jusqu'à la trame. Ce qui implique de faire droit aux légitimes revendications des peuples délaissés, pour faire simple, équilibrer droits et devoirs de chaque tribu et placer l'Etat au dessus de la grille ethnique (le plus dur). Sans aller plus loin, on a compris que ce n'était plus possible au Mali et au Burkina Faso, ni en Centrafrique d'ailleurs. Combien de temps, dès lors, entendons-nous braver la raison en demeurant en pays hostile, au motif de plus en plus faisandé de protéger la métropole et nos voisins des menées terroristes ? Aucune des agences fondamentalistes au Sahel ne promeut la conquête de l'Europe, nous disent les savants. M. Macron et ses minions croient-ils tenir longtemps la frontière française sur le fleuve Niger ? Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre que tant Barkhane que Takouba ne font qu'éroder la force de nuisance des groupes djihadistes africains sans l'anéantir, la remonte nécessaire à combler l'attrition que nous générons étant inépuisable.

Il y a deux pays du Sahel qui méritent notre appui dans la pacification de leur espace, la Mauritanie et le Niger. Le Tchad peut s'en sortir seul avec un peu d'appui aérien comme on le fit contre le colonel Khadafi. La Mauritanie développe au quotidien un modèle assez fin de gestion de son territoire et des peuples qui y broutent, en propageant par des imams une pratique déradicalisée de la religion et en patrouillant inlassablement les espaces reculés du pays. Le Niger, l'autre république des sables, joue le jeu de l'internationalisation du conflit et coopère avec les Français et avec les Américains. Nous pouvons réorienter notre appui sur ces deux pays et laisser l'ONU jouer avec les juntes noires et les stocks de riz. De toute façon qui est en danger par la subversion islamiste du Mali ? L'Algérie. Il serait temps qu'elle se sorte les doigts et prenne sa part du problème. Ras le bol de leur tirer les marrons du feu !

Info : les forces spéciales danoises, venues remplacer les forces spéciales suédoises remontées sur la Baltique orientale (Gotland etc.), ont refait le sac et rentrent au Danemark sur demande de la junte de Bamako. Sortons du schmilblick sahélien et laissons les Russes se faire tuer à leur tour. Musclons nos bases de Dakar et de Niamey (ou N'Djaména), apportons aux pays combattants la surveillance aérienne et l'appui-feu par voie aérienne ou artillerie Caesar. Et basta ya !

plaine du Niger

Reste les gens. Les Français d'âge avancé gardent une affection particulière pour les peuples du Sahel, et se sentent mieux à l'aise en leur compagnie qu'en celle des Balkaniques, des Hongrois ou des Russes par exemple. Il y a la communauté de langue et d'esprit - l'agence de coopération francophone naquit à Niamey en 1970 et ses fondateurs étaient Senghor (Sénégal), Bourguiba (Tunisie), Diori (Niger) et Sihanouk (Cambodge); un système d'enseignement similaire et des cursus universitaires accomplis chez nous ; une histoire commune et deux guerres mondiales traversées ensemble. Ça compte. La jeunesse s'en tient à la langue commune. Mais l'intérêt que nous leur portons ne peut justifier un corps expéditionnaire permanent sur quarante degrés de longitude. Les agitateurs de l'opinion contre la France coloniale, sur lesquels s'appuient les juntes militaires, signent le motif de notre retrait, s'ils ne sont pas combattus fermement par les administrations locales. Inch Allah pour la suite ! On regardera la guerre des couleurs sur France24 et sur Al-Jézira, qui ne sera pas pire que ne le fut celle du Soudan, quelques deux millions de morts plus tard. Les juntes militaires planquées derrière un bouclier Wagner à Bamako ou à Ouagadougou pensent-elles y survivre ? Incinération !

mercredi 26 janvier 2022

Au format "Normandie"

Je prends le risque. Même si celle de Troie fit mentir Jean Giraudoux, la guerre de Kiev n'aura pas lieu. Le format Normandie-Niemen (NN) va l'engouffrer dans un tunnel diplomatique dont nul ne sait les conséquences... à l'Ouest. Certes, il serait facile de feuilleter l'histoire pour désigner l'Ukraine comme les Sudètes du petit tsar et les accords gaziers russo-allemands, le pacte Molotov-Ribbentrop. Mais deux acteurs du quadrille NN ne veulent pas se battre, laissant les deux autres comme chiens de faïence sur le manteau de la cheminée. Le plus important est Olaf Scholz qui a décidé qu'il n'irait pas sur la pente glissante d'une opération Barbarossa Reloaded. Le second est le comique-président Zelensky qui a l'intime conviction de s'entendre à la fin entre anciens amis avec Gazimir Poutine, même s'il hurle au charron (c'est un acteur). Ce "doute métaphysique" enrage les saber-rattlers de l'anglosphère qui instrumentalisent sans vergogne la crise géopolitique européenne à compenser leurs déboires de politique intérieure. Boris Jonhson n'est plus que l'ombre du clown hirsute et triomphant qu'il fut au débarquement de Theresa May (il faut lire la presse anglaise en ligne); ses palinodies ne font plus rire personne en Angleterre, les enquêtes sur les pots de départ ou d'anniversaire, pendant le confinement et le deuil de la reine, avancent. Le Brexit est devenu un joyeux bordel dans les mains d'incapables, et tout le Royaume-Uni les dénoncent comme de super-connards.
Joe Biden quant à lui, descend l'escalier du désastre des élections de mid-term qui verra le Parti de l'Âne perdre de sa superbe dans les deux chambres du Congrès de Washington. Pressé par l'horloge biologique, il a précipité le travail législatif et n'a pas sû mater ses Insoumis, lesquels ont horripilé de leur brocante socialiste le camp républicain. On peut ajouter que la campagne politique ininterrompue de Donald Trump est particulièrement déloyale et peu digne, venant d'un ancien président ; mais deux procureurs de New York s'affairent aux affaires et vont le faire tomber du côté qui penche, le côté fiscal comme Al Capone.
Joe Biden n'est pas fou au point de déclencher une guerre européenne pour remporter les Mid-Terms et continuer l'aventure de sa vie (il a parlé de se représenter en 2024); mais il peut subir une crise d'hypothermie politique et laisser passer des ordres dangereux mal-compris. Il gaffe en continu ! Alors que nous reste-t-il ?

format Normndie

Les chancelleries françaises et allemandes sont parfaitement à l'aise pour analyser tenants et aboutissants de la paranoïa poutinienne. Elles l'ont déjà fait. Poutine et Lavrov, son Raspoutine, ont fait une erreur majeure en balayant toute négociation avec les pays d'Europe occidentale, privilégiant la confrontation "d'homme à homme" avec le patron de l'Alliance atlantique. Ce statut de grande puissance mondiale obtenu de haute lutte n'est pas tenable pour une économie du niveau celle de l'Espagne parce que le tonnage d'acier en mouvement et le chantage aux matières premières n'y suffira pas longtemps. Mobiliser des divisions en rase campagne pendant des semaines, faire tourner les escadres et voler des bombardiers et gros-porteurs a un prix, un prix très élevé en intendance, logistique et usure nerveuse des troupes et des états-majors. Ce que peut faire la Chine, deuxième économie mondiale adossée à 1,4 milliards d'habitants, la Fédération de Russie, peinant à administrer un vaste empire des neiges sur onze fuseaux horaires avec seulement 0,146 milliard d'habitants, ne peut le faire.

Discuter avec l'Allemagne, la France et l'Italie aurait été certainement plus fructueux pour le Kremlin. Non qu'ils auraient cédé sur l'essentiel, mais auraient su trouver des accomodements latéraux préservant la face des excités. Et l'essentiel, c'est quoi ?

Contrairement aux pharisiens à principes, l'essentiel n'est pas le droit international qui n'est institué que pour être violé, mais c'est la paix du gaz et l'orgueil de l'ours, pour ne pas dire la vie des gens. Ce qui font profession de juriste international vont avoir une rupture d'anévrisme, mais qu'ils sortent du chapeau les séquences d'apaisement que ce fameux droit international a suscité en temps de crise ! Il n'y en a pas. C'est de la décoration (comme les lois fondamentales du royaume). On peut donc s'asseoir sur deux concepts mais on peut menacer en même temps sur deux frontières.

Les deux concepts brandis par le Département d'Etat sont la porte ouverte de l'OTAN et l'ukrainéité de la Crimée. Je me souviens parfaitement qu'après la dissolution du Pacte de Varsovie, Bill Clinton s'était opposé à la candidature des quatre de Visegrad. Mais avant de continuer, faisons un sort à la légende de l'élargissement sournois de l'Otan vers l'Est sous la période Gorbatchev que l'Occident aurait trompé : les discussions diplomatiques concernaient alors le statut de l'Allemagne un jour réunifiée et le déport de la frontière atlantique de l'Elbe à la ligne Oder-Neisse. L'URSS existait toujours, avait trois cent mille hommes en RDA, et le Pacte de Varsovie, contenant entre autres les pays de Visegrad, était toujours en activité (relire le Diplodocus). C'est après l'effondrement de l'URSS que ça a bougé. Accueillir les pays de l'Est ? Bill Clinton y voyait un puits sans fond pour la rénovation en dollars d'une énorme casse militaire rouillée, avec pour seul avantage de crisper les futures autorités russes desquelles on attendait des accords d'investissements lourds en Russie libre. Entre deux "cigares", il avait vu clair ! Mais l'insistance de la Pologne d'abord, actionnant un lobbying efficace sur la côte est, permit de forcer la porte de l'OTAN, et suivirent les autres du groupe précité, bien conscients que la situation nouvelle ne resterait pas si calme en Europe orientale quand l'écume de l'effondrement soviétique aurait disparu. En fait, comme sous l'avons trop souvent dit sur ce blogue, l'élargissement de l'OTAN vers l'Est est le résultat d'une avancée des pays libérés par l'URSS vers l'OUEST, mais pas d'une politique délibérée d'endiguement de la Fédération de Russie, même si l'accession au pouvoir d'un lieutenant-colonel binaire du KGB d'un mètre 65 a fini par rafraîchir l'ambiance.

Donc la "porte ouverte de l'OTAN" est un concept relativement récent, comme en inventent régulièrement les gnomes en soupentes pour organiser le monde à leur main. On peut très bien dire que le concept a vieilli et finlandiser l'Ukraine avec des garanties physiques sérieuses au sol. Pour commencer, le Donbass doit retourner sous la souveraineté de Kyiv dans une fédération des provinces relativement autonomes. C'était en filigrane dans l'accord de Minsk. Des accords commerciaux avec l'Union européenne doivent être possibles (sur le modèle turc) et toute intégration peut prévoir la participation de la Russie à la table de négociation (compter dix ans de travail intense !). En contrepartie, les forces russes doivent reculer à bonne distance de la frontière ukrainienne et cesser les manœuvres à portée d'artillerie. Les attaques cybernétiques doivent cesser et les usines à trolls russes, fermées.

La Crimée historique fut tout (tatare, ottomane, russe) sauf ukrainienne. Elle est composée de deux entités: la municipalité de Sébastopol qui est une ville à statut fédéral comme Moscou et Saint-Pétersbourg (elles ne sont que trois), avec la base navale impériale des mers chaudes ; et le désert de Crimée gouverné par Simféropol. Ce désert de Simféropol sans eau ni ressources pourrait entrer dans une fédération ukrainienne avec la République Populaire de Lougansk et la République Populaire de Donetsk. La presqu'île de Crimée est accédée par un pont mixte fer-route au-dessus du détroit de Kertch qui termine la mer d'Azov baignant les côtes des deux adversaires. Il y a donc matière à parler ensemble de choses concrètes et développables. Mais comme on ne peut compter sur la bonne foi perpétuelle russe que célèbrent chez nous les agents d'influence du Kremlin incroyablement nombreux ces jours-ci, il s'agit de mettre en scène, sans pour autant les actionner, des menaces implicites sur deux frontières sensibles de la Fédération de Russie : la triple frontière balte avec les eaux de la Baltique orientale au nord-est de Gotland ; la frontière polono-russe de l'enclave de Kaliningrad. Comme souvent dit ici, il faut faire une offre de développement conjoint de l'enclave russe située au sein de l'Union européenne, et le faire savoir au peuple russe pour lui montrer que l'Occident n'est pas l'ogre décrit par le parti de Poutine.

En résumé, l'Europe occidentale doit reprendre la main en douceur - que Macron et Poutine se parlent, c'est très bien - contre l'instrumentalisation anglo-américaine et l'hystérie polonaise du PiS. On ne doit pas craindre la "révolte" des PECOs qui, sans l'Union, ne sont que des bantoustans allemands. Alors oui, il se joue gros dans le format Normandie, mais j'ai un doute sur la finesse d'approche de notre danseur de claquettes.


Postscriptum du 22.02.2022
En ordonnant à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes du Donbass dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 février, Vladimir Poutine a déchiré les Accords de Minsk, détruit le Format Normandie, et provoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ ONU. La diplomatie européenne est en échec et le binôme franco-allemand retiré du jeu de l'oie. La main repasse à Washington.

lundi 24 janvier 2022

Quinte floche royale : un projet politique

Suite à pique et dés noirs
| Justice | Guerre | Sûreté | Diplomatie | Trésor | + 12 | 

Spécial royco ! Comme nous l'avons souvent dit, l'offre politique monarchiste ne percera que si elle est compréhensible du plus grand nombre. Non tant qu'il faille en convaincre beaucoup, que pour désarmer les foules ameutées jusqu'à l'hystérie par les milices de la bourgeoisie régnante contre tout projet la menaçant. Parler du roi lèvera le vacarme d'un retour des tyrans orchestré auprès des médiats de masse par les profiteurs du régime actuel, aussi conviendra-t-il d'être fort et clair en toute compagnie ! Il n'y aura pas de place ni le temps pour les biais dialectiques, les arrières-pensées qui passent devant, les complots en chemin, pis que tout, le combat des grimoires.

Dans l'état de calamités avancé où se trouve notre pays - ce qui n'empêche pas un président à crédit d'aller faire le coq à Bruxelles - il sied de sauver l'essentiel pour qu'il ne soit pas emporté par la crue des taux d'intérêts que les banques centrales annoncent, au milieu de tous les déficits qui plombent déjà notre société avachie et son économie déglinguée. L'essentiel, comme son nom l'indique, c'est le "régalien". La nation française demeure par son Etat. En France c'est comme ça. Ce sera peut-être la rupture de paradigme du siècle : il faut sauver l'Etat dans sa quintessence, soit les cinq domaines qualifiés que sont la Justice haute, la Guerre, la Sûreté, la Diplomatie et le Trésor.

Ces cinq domaines doivent être arrachés à la dispute démocratique qui clive la nation et derrière laquelle se cachent des intérêts catégoriels puissants, souvent antagonistes, afin qu'en cas d'embolie économique et financière, il reste un socle solide d'où repartir. Le meilleur gardien des domaines régaliens est un roi en ses conseils, parce qu'il est détaché de toute contingence partisane capable autrement d'influencer le choix du référent et le gouvernement quotidien des hommes. On a pu penser mettre un conseil permanent de sages comme autorité suprême, voire un président one-shot, pour sept ans comme dans les constitutions de 1875, 1946 et 1958, mais il est prouvé que ces clefs de voûte sont friables, influençables, quelquefois vénales, parfois inadaptées (et la voûte tombe comme en 40!).

C'est d'un pacte qu'il s'agit.

Un deal à passer entre le peuple et le nouveau pouvoir royal. Aux uns le domaine public, aux autres le domaine régalien. L'accord doit être tranché par un référendum à majorité qualifiée (2/3 ?) et doit comporter une clause de non-ingérence réciproque afin que la souveraineté des uns et des autres soit pleine et entière dans leur champ d'application. Et c'est pourquoi le domaine régalien préservé doit avoir un périmètre fixe délimité strictement et non invasif. Si jusqu'ici on a compris ce qui revenait à la monarchie, qu'en est-il du domaine public gouverné par le peuple en ses parlements, voire directement à l'helvétique ? Tout le reste, aussi loin que se portera l'envie de collectiviser la nation ! Voulez-vous que l'Etat se mêle de tout ? Cotisez, cotisez tous, puisque la Providence est morte, le socialisme l'a tuée. Payez vos impôts en chantant et que soient affichés aux portes des mairies les rôles fiscaux de tous les contribuables comme on le fait ailleurs ! Et commencera la dispute sur l'étendue du champ d'application des politiques publiques. On peut faire une courte liste qui additionne les deux dés de l'image :

  • Assurance maladie nationale, privée, hôpitaux généraux, hôpitaux spécialisés, dispensaires publics, cliniques privées
  • Assurance vieillesse nationale, privée, fonds de pensions, allocations et secours
  • Instruction publique nationale, régionale, départementale, municipale, privée
  • Universités, recherche fondamentale, grandes écoles, écoles techniques, apprentissage
  • Justice basse, tribunaux d'instance et justice consulaire, cours d'arbitrage, adm. pénitentiaire
  • Ecologie pratique et météo, polices municipale, cantonale, des voies, des marchés et des sols, monopoles du quotidien (postes, tabacs...)
  • Aménagement du territoire, ponts et chaussées, ports et canaux, transports (Plan, pas plan...)
  • Recherche et sécurité énergétique (production, surveillance et transport)
  • Recherche et développement industriel, aérospatial, militaire, arsenaux d'Etat
  • Recherche agronomique et gestion des espaces agricoles
  • Gestion des zones économiques exclusives et de la pêche
  • Gestion du budget de la nation, fisc
Ces douze ministères sont responsables devant le parlement national (pour moi, monocaméral) qui élit périodiquement un premier ministre sur la base des résultats électoraux. Nous reviendrons décrire les cinq domaines régaliens plus tard. Il ne reste plus qu'à rédiger un projet de constitution, en évitant de l'encrasser de réminiscences anciennes, et surtout en se gardant qu'il se mêle de tout après avoir constaté la ruine du modèle total antérieur. Le temps de la philosophie politique est passé. On rentre tout sur six pages ? Et on détaillera dans des "capitulations" séparées. Chiche ?

Il ne restera qu'à verser le liant du pacte dans le nouveau moule pour le péréniser. Le seul ciment qui tienne est l'affect des peuples pour leur roi, leur reine. C'est un facteur indispensable dont la définition dépasse les capacités analytiques du Piéton. Dans cette équation nouvelle pourra entrer l'héritier d'une dynastie anciennement régnante, s'il en a le talent et la permission du Ciel, puisqu'il sera toujours à lui lié.

Quelques mots des cinq domaines régaliens - on en a beaucoup parlé sur ce blogue déjà.

  • La Justice haute : essentiellement des cours d'appel auxquelles s'adresseront les cours régionales : Cassation, Cour d'appel de Paris, Conseil d'Etat, Cour des Comptes, Cour d'arbitrage, CSM, la direction des cultes. La fonction de garde des Sceaux attachée à l'Etat régalien prendra tout son sens.
  • La Guerre : le pays devra être prêt en toutes circonstances à soutenir une guerre contre lui. Il ne s'agit pas de gérer une crise, mais de riposter de manière décisive tant sur le théâtre métropolitain que sur les théâtres d'outremer. Nos armées ont été concues pour entrer en premier sur des territoires en crise ne disposant pas de la parité tactique. Pour faire la guerre, la vraie, il faut doubler le budget militaire selon le général Lecointre, ancien chef d'état-major ; le but étant toujours de faire peur !
  • La Sûreté : douanes, gendarmerie et police nationale seront déployées en symbiose sur des missions bien définies pour préserver la paix civile et mener les enquêtes criminelles.
  • La Diplomatie : ayant un des premiers réseaux diplomatiques au monde, nous n'aurons aucune difficulté à le maintenir, s'il reste dans les clous de nos intérêts propres. Elle déploiera les agences d'influence actuelles, Alliance française, COFACE, Business-France, FranceAgriMer, etc.
  • Le Trésor : avec les grosses banques et caisses publiques de développement comme la BDF, la CDC, la BPI etc. Même si l'émission de monnaie et la fixation des taux de pension sont fixés collectivement par la Banque centrale européenne où nous devrons prendre toute notre part après être redevenus sérieux, il restera à financer les budgets votés, et à gérer les effets d'une dette centenale sur les politiques publiques, en réduisant le poids du service de la dette qu'assureront les générations montantes. France-Trésor est un bel outil, qui devra être réorienté.

Voilà l'ébauche. Il y a des trous, des redondances mais on peut phosphorer dessus ad libitum. Chacun peut prendre un domaine et l'emplir de ses observations, sans perdre de vue qu'il s'agit d'un nouveau pacte national : le régalien héréditaire est détaché du domaine public rendu au peuple en ses Etats. Est-ce assez clair ? Vos commentaires bienvenus.



LE REGALIEN AU ROI

LES ETATS AUX GENS

LA COURONNE AUX DIEUX




Ce billet est le troisième d'une séquence "Rénovation" qui forme la deux millième contribution du Piéton du roi au blogue Royal-Artillerie. Elle se compose des trois articles suivants : NB: Le dossier sera bouclé par une note d'ordre (un canevas de consultation) à la fin du mois.

samedi 22 janvier 2022

*Нехай помруть росіяни !

* "Crèvent les Russes !" (nouveau slogan ukrainien) -


Les analystes en polémologie sont partout interdits devant l'insondable mystère du cerveau de Vladimir Poutine. Au cours d’une entrevue avec le premier ministre de l'époque en Russie en 2011, Joe Biden, vice-président de Barack Obama, lui avait dit : « Je vous regarde dans les yeux et je ne pense pas que vous ayez une âme ». Lequel lui avait répondu en souriant : « Nous nous comprenons », ce qui trahissait un certain décontenancement. C'était à l'époque du reset USA-Russie post-Clinton. Depuis lors le lieutenant-colonel du KGB disparu est entré dans un rêve de tsar : réunir les peuples russes éclatés dans des entités hostiles à la Fédération, que sont l'Ukraine, la Transnistrie, l'Abkhasie, l'Ossétie du Sud, la Biélorussie, la Lettonie et l'Estonie. Ces Etats ne sont pas des nations, il n'y a qu'une nation, la russe. Que l'Ukraine et la Biélorussie ait disposé chacune d'un siège à l'ONU dès le début comme membre-fondateur au sein de l'Union soviétique ne l'impressionne pas. Que les peuples de ces pays, quand ils sont consultés, n'aient d'autre envie que leur liberté, non plus ! Qu'ils soient plutôt fascinés par la civilisation occidentale dont on dit jusqu'ici tant de mal, n'intéresse pas le gouvernement russe qui est devenu une énorme agence de renseignement, déstabilisation, flicage et basse police tout à la fois, tournant sur elle-même sans influences extérieures. Les Ukrainiens de 2022 ne sont plus ceux de 2014. Ils ont fait leur choix, c'est Niet ! Et les malfaisants du Kremlin n'en veulent rien savoir puisque ça ne correspond pas à l'axiome poutinien de la nation éparse. La réalité doit correspondre à l'image mentale que s'en fait le tsar. D'où le danger !

V. Poutine

Enivré par la destruction de Grozny, par la capture sanglante du Donbass ukrainien et celle de la Crimée, Vladimir Poutine cherche à théoriser ses pulsions pour les inscrire dans l'histoire : faire renaître l'empire éternel, bien qu'il se soit effondré sous son propre poids en 1991. Le danger est qu'il n'est entouré que de courtisans, sinon d'anciens Tchékistes sélectionnés pour leur fidélité à toute épreuve, qui le confortent dans sa "mission". Prendra-t-il le risque d'entrer en guerre contre l'Etat ukrainien pour prouver à ses affidés qu'il tient fermement la barre de l'empire, est le souci des chancelleries. Le défi est carrément psychiatrique. Poutine et tout le Kremlin se sont construit un mode irréel, un jeu de rôles, où ils naviguent de niveau en niveau, gagnants des points à mesure qu'ils avancent. Le défi de l'Occident est de les sortir de l'écran vidéo pour les faire atterrir. Il est possible que des oligarques hors les murs suggèrent au petit tsar que le prix à payer sera tel pour l'économie, que le peuple russe finira par refuser le rêve non essentiel du retour de l'Union soviétique et se soulèvera. Cette économie de rentes minières captées par les familles mafieuses est sous-développée et peu performante (12ème PIB mondial), drainée en plus par des dépenses militaires difficiles à soutenir, qui brident tout développement sérieux au-delà des deux grandes métropoles. Il faut souhaiter qu'ils soient convaincants avec tous ceux qui, au pouvoir, ont amassé des fortunes exterritorialisées, lesquelles seront sequestrées en cas de guerre.

Jusqu'où le bluff ira-t-il ? Parce qu'il faut se persuader que le Kremlin est engagé dans un grand bluff pour trouver le sommeil. Jusqu'où les alliés dictatoriaux - on pense à la Chine populaire - laisseront-ils délirer Vladimir Poutine sachant bien qu'une confrontation Est-Ouest mettra à mal toutes les économies du monde, jusqu'à fragiliser partout les régimes basés sur la coercition des peuples ? Je ne voudrais pas être à la place du conseiller à la Maison Blanche qui sera chargé d'influencer la décision de Joe Biden en cas d'invasion de l'Ukraine. Au résultat (comme on dit au champ de tir), la pression inconsidérée de Vladimir Poutine sur les anciennes républiques de l'Union soviétique a paradoxalement renforcé leur attachement à l'OTAN, a reconstitué des forces armées occidentales sur la frontière, a fait entrer des escadres atlantiques en Baltique orientale et en Mer noire, a retourné les pays neutres de proximité comme la Suède et la Finlande, et a refait l'unité des PECOs contre l'ours russe. Quand ils ont intégré les deux structures (OTAN et CE) tous ces pays ont dit à l'Ouest la même chose : l'Ours est rentré dans sa caverne mais il va fatalement en sortir un jour, affamé. En attendant, le parlage continue.


tanks

Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack in everything
That's how the light gets in !
(clic)

jeudi 20 janvier 2022

Au souvenir du roi décapité

denier Louis xvi
C'est demain l'anniversaire de l'exécution du roi Louis XVI. « Fils de saint Louis, montez au ciel !» lui dit l'abbé de Firmont face à la Veuve. Le roi tressaillit et s'abandonna à ses bourreaux. Il était dix heures dix ce 21 janvier 1793. La France venait de se damner.

Pourquoi Louis XVI ne fit jamais l'objet d'un procès en canonisation est une question qui revient souvent dans le monde "chouan". Sans doute les rois ne sont-ils pas installés en leur royaume pour faire carrière de saint, mais pour prendre soin de leurs sujets et de les gouverner avec justice et fermeté dans leurs faiblesses, contre leurs errements. Le roi décapité, pour cent raisons que nous savons tous, a failli à sa mission, laissant tomber ses peuples sous l'empire de la Haine la plus cruelle. S'il est mort en martyr, ce ne fut pas pour sa foi et il ne vécut pas en "sainteté" bien qu'il fut très pieux. Seul personnage vertueux de la Cour, disaient ses contemporains avant que le temps ne se gâte, il fut bon père, mal amant, impolitique parfois dépassé bien que le plus instruit des princes de ce temps, mais ne verra jamais l'abîme où conduisait son irrésolution. Des milliers de Français en moururent avant et après lui (à Paris, Nantes, Lyon, Toulon... et le génocide vendéen), certains dans d'effroyables conditions, qui pouvaient appeler au repentir du royal supplicié.
Si l'Eglise n'a pas fait droit en 1820 à la revendication de sa fille Marie-Thérèse, c'est parce que l'institution n'était pas directement visée par la condamnation du roi. On pouvait arguer que quelques autres saints du martyrologue chrétien était de la veine politique, mais il a dû sembler dangereux au Saint Siège de s'y aventurer. Les royalistes, qui n'ont que faire des arguties pontificales, prient chaque année pour ce roi brave et bon, auquel ils gardent toute leur affection.

Nous y penserons pendant la messe de tradition pour le repos de son âme qui se dira après-demain samedi 22 à midi pile en la basilique Saint-Denis, à l'invitation du Mémorial de France et en présence de l'aîné des Capétiens. Le lendemain dimanche un office sera célébré à la Chapelle expiatoire, 29 rue Pasquier à Paris (IMB).


Traditionnelle marche aux flambeaux pour le roi mort à Paris samedi 22. Départ de la Place Saint-Augustin à 18h00





Postscriptum du 22/01/2022 : le duc d'Anjou, positif au coronavirus chinois, n'a pas fait le voyage de Paris pour assister aux messes en mémoire de Louis XVI.

lundi 17 janvier 2022

La fatigue des ducatures

Un des premiers billets de 2005, qui faisait une large part à l'émotion d'Emmanuelle de Dampierre, grand-mère de Louis-Alphonse de Bourbon, fut écrit sur la titulature d'Anjou de Charles-Philippe d'Orléans par son oncle Henri VII d'Orléans. Il fut repris en référence sous la cote 26 dans la notice Wikipedia du précité.

C'est de la dispute d'Anjou qu'il s'agit à nouveau, pour la venue à Paris de Louis de Bourbon cette semaine, et ce billet-ci n'est que la revendication d'une certaine crédibilité à soigner chez nos princes pour faciliter la tâche du mouvement royaliste. D'Albufera à Uzès, il y a trente-trois ducs réguliers héréditaires français, plus quatre non patentés chez les d'Arenberg, les Riquet de Caraman, les Pérusse des Cars et ceux de La Rochefoucaud (source). Tous les autres sont purement décoratifs.

Charles-Philippe d'Orléans
Charles-Philippe d'Orléans
Tous les titres créés après l'extinction de la monarchie sont réputés de courtoisie, sinon "en attente", une façon élégante de dire "de fantaisie". Aussi est-il convenu d'en prendre son parti et d'en sourire, sauf à voir se lever une querelle de ducs qui empoisonne le microcosme royaliste déjà partagé entre deux dynasties concurrentes, sinon trois quand on met dans la crécelle la maison de Parme. Dans la querelle d'Anjou, on peut regretter que le feu comte de Paris ait manqué à l'étiquette qui veut qu'on ne reprenne pas un titre déjà porté dans la grande famille du vivant de son titulaire, comme on le fait des prénoms dans toute famille roturière. Elémentaire, mon cher Watson. Cette faute de carre, après bien d'autres, a créé quelques difficultés mondaines au prétendant d'alors qui s'est attiré les ricanements de branches adjacentes à la maison de Bourbon. Entretemps, c'est le duc d'Anjou Louis-Alphonse de Bourbon de la branche aînée qui présidera samedi prochain la messe de requiem pour Louis XVI à Saint-Denis et le lendemain à la Chapelle expiatoire de Paris, et pas le neveu d'Orléans à qui personne n'a pensé.

C'est aussi une forme d'orgueil à peu de frais qui avait poussé Henri VII d'O. à créer pour lui-même un titre de "duc de France" évoquant le duc des Francs mérovingiens Pépin (645-714), France voulant dire à cette époque "la plaine de France", un vaste territoire plat s'étendant au nord de Paris où est implanté aujourd'hui le premier complexe aéroportuaire continental. D'ailleurs "Stade de France" veut-dire la même chose. Donc le duc de la Plaine a adoubé son neveu du titre de duc d'Anjou, déjà porté depuis l'entre-deux-guerres par la branche déposée de la maison d'Espagne dans l'intention de renouer avec ses racines. Le manque d'à-propos n'a surpris personne pour qui le connaissait, et le titre conféré n'est pas reconnu au Bottin et je doute fort qu'il soit inscrit dans l'annuaire de la noblesse française. Pour enfoncer le clou et le neveu, il le nomma Grand maître de l'Ordre équestre et latéral de Saint-Lazare de Jérusalem pour le prestige d'un bel uniforme et la position sociale à compte d'autrui. Dur dur !

Il eut été préférable, pour la prestance avantageuse de Mgr Charles-Philippe, qu'il garde sa titulature dans un tiroir comme un Laï See de nouvel an et évite de la promener partout, jusqu'à en affubler sa chère et tendre Diane, déjà duchesse de Cadaval au Portugal. Mais de ce côté, les choses pourraient changer si la duchesse en vient à raccourcir son titre, comme le disent les tricoteuses de Noblesse&Royautés.

Pour les royalistes de mon âge et ceux de la génération précédente pour laquelle il était sourd-muet, le duc d'Anjou était l'aîné de la maison de Bourbon, espagnol certes, mais héritier présomptif de plein droit de la couronne disparue, par Philippe V d'Espagne, duc d'Anjou et cadet du Grand Dauphin de France. J'insiste sur "disparue", ce qui signale quand même la vanité de la posture. Autrement dit, le titre de courtoisie d'Anjou, revenu en France par la branche d'Orléans sans historicité, en manque singulièrement ! Ne pourrait-on suggérer à ces messieurs déposés qu'il serait cent fois plus simple que le prétendant d'Orléans prenne le titre de "duc d'Orléans" et le prétendant légitimiste prenne celui de "duc de Bourbon". D'autant que le titre de Paris n'a pas survécu au comte Othon (†1032), pas plus que celui de duc de France qui lui n'a jamais existé. Que les princes redeviennent sérieux et nous étudierons avec la meilleure bienveillance leurs qualifications dans l'emploi. Qu'ils cessent le trafic de décorations, les ordres de chevalerie sans monture, les titres ronflants cotisés qui cachent mal leur impécuniosité chronique. L'autorité naturelle n'a besoin d'aucun titre ; à croire qu'ils en manqueraient. En attendant qu'ils se posent sur terre, revoyons dans la lucarne Le Petit Duc (1878) de Meilhac, Halévy et Lecocq qui, aux dires des critiques de la Belle Epoque, fut un enchantement d'opérette.

Catoneo dit LeGrand
Duc de Kardaillac et des Chats
Mestre de Camp au Royal-Artillerie
Capitaine de l'Infanterie de Marine
Abonné au Gaz et à l'Eau
Propriétaire

chat Rayban

samedi 15 janvier 2022

L'épouse du Margrave est morte

Aliette Raspail avait 92 ans. Nos condoléances sincères à son fils Quentin et à sa fille Marion. S'échappe de la lampe magique le dernier souffle d'un royaume mental que Jean Raspail avait construit de sa plume dans l'attente d'un autre, qu'il savait ne jamais devoir revenir, bien qu'il y aidât autant qu'il put. J'avais écrit il y a douze ans une exaltation de la Patagonie raspalienne dont je replace l'entame ici aujourd'hui en guise d'eulogie.

« Si vous brassez le ciel de votre imagination d'un grand éventail à chimères, il peut transmettre une vibration dans le manche vous indiquant que vous avez touché quelque chose. C'est l'incarnation fortuite d'une idée. Vous en sentez la masse et les contours, quelque chose s'est métamorphosé venu de l'impalpable et a pris corps. Ainsi en va-t-il de certaines utopies que la force mentale peut faire naître dans la réalité. Il s'agit ce matin d'un royaume liquide, un empire marin, quelque avatar moderne d'une Atlantide archipélagique, possédé par l'esprit mais sans souveraineté établie, autre que celle livrée par l'intense chaleur des coeurs : j'ai nommé l'incroyable réalité du royaume de Patagonie. Seule la psychanalyse du maître saurait nous dévoiler les ressorts intimes de cette création, mais le royaume attendu en France et absent, ce royaume tant désiré et qui ne viendra plus, justifie à lui-seul son dérivé patagon.»

Avec la disparition de la veuve du Consul général de Patagonie, il y a quelque chose de grand qui s'enfonce dans le brouillard de l'oubli. Que reste-t-il debout de grand dans cette nation ? Pardon, ce n'est pas le jour. Requiem æternam dona eis, Domine : et lux perpetua luceat eis : in memoria æterna erit justus : ab auditione mala non timebit. Qu'elle repose en paix auprès de son époux. L'étonnante conversation va continuer... sans nous.

Aliette et Jean Raspail

jeudi 13 janvier 2022

Du microcosme

Spécial royco ! Le 2000ème article de Royal-Artillerie se termine sur un point d'interrogation : Serons-nous prêts au jour de l'insurrection qui vient ?. A vue de nez, non ! Et jamais ne le fûmes ! L'impuissance est consubstantielle au mouvement royaliste comme nous le montre son histoire. Comment se défaire de cette malédiction est le préalable à tout renouveau royaliste en France. J'en demande d'avance pardon au distingué lectorat de Royal-Artillerie si ces propos peuvent choquer, mais dans l'état de sédimentation du mouvement monarchiste il est temps d'en venir à la raison avant de laisser parler le cœur.

Typique de "la droite où l'on n'arrive jamais" comme disait Yves-Marie Adeline, le mouvement royaliste n'a jamais surmonté la liquéfaction de la menace qu'il représentait encore le 5 février 1934, ni l'erreur stratégique de Charles Maurras du 9 février 1941. Dans un article du Petit Marseillais, le Martégal évoqua la divine surprise du programme de Révolution Nationale, apportant jour après jour un soutien indéfectible au maréchal Pétain, le seul républicain des derniers maréchaux. Défendre jusqu'au bout Philippe Pétain contre les évidences d'une dérive meurtrière qui allait tourner à l'abomination n'était pas un cadeau pour la suite. Sa myopie fatale emporta toute l'Action française dans le même opprobre après-guerre, malgré les cohortes de royalistes qui avaient rejoint Londres, l'empire ou la Résistance. La classe politique battue en 40 renaquit de ses cendres plus arrogante encore à la Libération pour avoir perdu la guerre et réinventa le combat contre les "ligues dissoutes" qui contestaient sa captation illégitime des pouvoirs. Une conspiration du silence s'installa donnant tout l'espace aux organes et partis de gauche revenus. Malgré le nouveau souffle de Pierre Boutang et de ses amis cherchant la lumière dans un réhaussement intellectuel de qualité, la vieille maison expulsa tout aggiornamento dans des chapelles latérales qu'elle voulait obscures, se cramponnant aux vessies maréchalistes jusqu'à complète banqueroute du journal au terme d'une longue agonie. Ainsi a-t-on vu et successivement la parthénogenèse de la Nation française, de la Restauration nationale, de la Nouvelle Action française, du Groupe Action royaliste et quelques autres décédés en chemin. Les légitimistes ne furent pas non plus en reste qui se scindèrent entre "libéraux" et intégristes purs blancs pour se détester copieusement par dessus les tombeaux de la race épuisée.

Se diviser pour s'affaiblir semblait être l'ADN du mouvement qui s'est en plus investi dans la ridicule querelle dynastique, un combat de fantômes si on allume le projecteur des réalités qui les fait disparaître. Tout ça pour aboutir récemment au constat terrible que rien ne sera jamais prêt au jour de la rupture de paradigme. Malgré un combat courageux de tous les jours, Jean-Philippe Chauvin, pour qui j'ai une estime particulière, mourra royaliste ! Les campagnes politiques se succèdent en l'absence d'offre monarchiste. L'exemple récent le plus frappant fut l'incapacité du mouvement royaliste à embrayer sur l'irruption des Gilets Jaunes sur les ronds-points ! Manquait-il dans notre poche à tous un vademecum dialectique du royaume à venir ? Sans aucun doute ! L'Ecole de pensée pas plus que les Cercles ultras n'a jamais atterri sur un rond-point !
Seule l'Alliance royale a conçu et diffusé une plateforme politique jouable sur le papier, mais l'impécuniosité tragique de toute chapelle en odeur de sainteté, l'a privée d'un retour sur investissement après que son fondateur, vexé de l'hostilité sourde des chapelains et de celle explicite du prétendant d'Orléans en stage de Légion d'Honneur, jeta l'éponge au motif des parrainages impossibles à récolter. Il eut été mieux inspiré de persister sur un axe que nous trouvions juste et pertinent : faire la propagande du roi adossée à une nouvelle constitution sans s'indigner des embûches politiciennes qui lui faisaient perdre du temps. Nec Spe Nec Metu, la lutte continua néanmoins dans l'honneur (clic).

microcosme au microscope

Le Piéton ne cherche pas noise aux chapelles. Il leur dit simplement que le mouvement royaliste français tourne en rond au lieu de s'élancer sur un axe de conquête des esprits. Il fut un temps où, sous l'impulsion du Groupe de liaison royaliste, dissous depuis, l'idée avait germé de tenir des assises du royalisme (clic) pour mettre le problème de l'impuissance chronique sur la table. Tout fut bon à ruiner cette idée dangereuse. Les positions acquises sur un socle restreint de militants, mais aussi un réflexe de conservation des hypothèques souscrites par les aînés disparus, eurent raison d'un nouvel aggiornamento. La monarchie du futur passera après la promotion de vieilles idées du XIXè siècle, après la nécrologie de gloires à jamais enfuies. Est venu maintenant le moment d'affronter les docteurs de la loi qui désignent impérativement le successeur de Charles X sur le trône de France comme le résultat d'une équation tirée des Lois fondamentales du royaume ou de traités anciens, les déviant selon les circonstances. Jamais ! Et cette aversion des penseurs royalistes à réfléchir sur le faisceau de paramètres à réunir pour qu'une monarchie active, réactive et de temps long arrache le pays d'aujourd'hui à son déclin, me navre. C'est le petit schéma de la monarchie héréditaire successible par ordre de primogéniture mâle qui tient la rampe, bien qu'il ait échoué, complètement et trois fois. Ce qui m'émeut n'est pas la gloire à venir d'un roi superbe et bien entouré, mais la survie de la France que j'aime et que je sens passer entre mes doigts comme le sable fin de la plage du Grand Travers. Pourquoi la plupart des intellectuels royalistes refusent-ils de phosphorer sur une rénovation de l'offre politique ?

Le peuple n'est pas arithméticien mais de souche gauloise et franque, ou pire en un sens et pour partie récente, de culture caïdale. Il n'acceptera jamais le rejeton blafard d'une ancienne famille régnante déposée. Il attend le condottiere qui lui donnera envie d'être plus grand qu'il n'est grand. C'est comme ça ! Demandez aux mânes de Charles de Gaulle puisqu'il revient à la mode en période électorale. Alors ne venez pas avec un aquarelliste, un aîné foudroyé par la toxoplasmose, un bedeau, un libraire, un comptable ou un employé aux écritures de son beau-père, ça ne le fera pas. Désolé vraiment, mais ce billet de clôture n'est pas gentil parce qu'aucun motif de se réjouir ne court l'arène royaliste française, qui semble cultiver avec gourmandise l'obsolescence et la loi salique de 353 (si, si !), niant tout darwinisme : Evolution, Adaptation ! Un conseil pour la route ?

Acceptez, messires chapelains, d'être nommés sur mandat impératif d'objectifs négociés, et déchargés sur quitus au terme de la mission. Toute l'affaire est à repenser en tenant la rampe du modèle entrepreneurial, à défaut de quoi les tribuns persisteront à vouloir briller dans des conférences du mécontentement à cinquante pélerins, qui n'agrègeront que des convaincus, la plupart refusant de se compromettre pour le roi, passé la porte. L'énergie à convaincre s'obtient par la dynamique. Galette, messe, camp n'y suffisent pas. Tout ceci est sans doute maladroit sinon même indûment arrogant, mais pour commencer le vrai combat il faut un projet clair, compréhensible par tous. Il faut accoucher d'une réalité ! On va revenir là-dessus, ce mois-ci.



Ce billet est le deuxième d'une séquence "Rénovation" qui forme la deux millième contribution du Piéton du roi au blogue Royal-Artillerie. Elle se compose des trois articles suivants :

mardi 11 janvier 2022

Est-Ouest

T64-2017

La semaine diplomatique Est-Ouest est séquencée en quatre tiers (comme au Bar de la Marine) et bizarrement s'est engouffrée dans le défi politique intérieur russe qu'affrontera Vladimir Poutine s'il fait mine de reculer. Sa réélection truquée de 2024 est conditionnée par la gloire rapportée du Front, parce que les résultats intérieurs ne sont pas au rendez-vous du culte soviétique de la personnalité et qu'il lui faut des succès étrangers, même si l'opinion russe est assez rétive aux aventures lointaines. On résume la semaine en cours :

  • 1/3.- Négociation américano-russe à Genève sur les menaces acceptables de part et d'autres. Les Américains montent l'enchère sur les missiles.
  • 2/3.- Mise au clair des positions stratégiques réciproques entre l'OTAN et la Fédération de Russie en ressuscitant le COR à Bruxelles.
  • 3/3.- Rapport à l'OSCE de Vienne présidée par la Pologne, sur les positions acquises, en présence de l'Ukraine et des neutres.
  • 4/3.- Rapport informel au secrétariat du Conseil des Etats de l'Union européenne pour englober les institutions bruxelloises dans le schmliblick à la demande expresse d'Ursula von der Leyen et du président éphémère Macron.

Ce quatrième tiers n'est pas décidé à l'heure où nous rédigeons ce billet mais n'est pas douteux, sauf à vouloir humilier la France qui tient la masse d'arme financière pendant six mois : paye et tais-toi ! Mais Stoltenberg peut très bien rendre à Macron la monnaie de sa pièce sur la mort cérébrale du pacte atlantique et laisser l'UE de côté. D'ailleurs le format "Normandie" (France, Allemagne, Russie, Ukraine) n'a été retenu à aucun moment, la Russie voulant parler au patron et à lui-seul.

De mon point de vue, il ne sert à rien de discuter avec l'actuel pouvoir russe. Toute concession pour arrondir les angles sera vue comme une faiblesse l'autorisant à monter demain ses exigences. A l'inverse tout refus explicité de ses exigences sera traduit pour l'opinion russe comme une menace imminente appelant une réaction préventive. Ne comprenant que la force, il faut la leur montrer dans un total silence. Garder aussi à l'esprit que ces gens ne prospèrent que dans les crises qu'ils créent pour légitimer leur prise du pouvoir. Quelle aubaine pour eux que ce complexe du siège par l'Occident de la Fédération de Russie ! Qu'en pense monsieur Fillon ?

On notera que tant le Département d'Etat américain que le ministère russe des Affaires étrangères ont exclu dès le départ de la séquence diplomatique la participation de l'Union européenne institutionnelle pour ne pas perdre le temps en verbiage et consultations interminables. Tout se fait, se décide entre fondés de pouvoir participant aux réunions. On touche du doigt la complète impuissance du bloc dès qu'on sort du chapitre OMC. Pire : on voit aussi que chaque pays européen tout seul ne pèse rien en temps de crise grave. La promenade de Josef Borrell au Donbass marque notre sympathie aux autorités de Kiev mais ne leur donne aucune réassurance. L'Europe est à la croisée des chemins : Confédération lente à réagir et juste bonne à décaisser ou Fédération souveraine en diplomatie et à la guerre ? Pour des pays comme la France qui ont une "grandeur" à défendre, le dilemme est insoutenable : périr ou se rendre !

Encore une fois nous touchons du doigt la chimère d'une défense européenne qui n'ira jamais plus loin que la constitution d'un état-major sans troupes ni canons et qui de toute façon n'est conçue par son principal promoteur (la France) que comme une gendarmerie internationale, manœuvrant plus dans l'ordre humanitaire que dans l'intimidation de puissances. Nous n'avons aujourd'hui que les moyens d'intimider des pays mal armés. Plus gros, l'Allemagne se dérobera pour sauver les concessionnaires Mercedes. Mais pour revenir à la négociation Est-Ouest, qui ressemble de plus en plus à celle que l'on mène avec un preneur d'otages dans une banque, chacun s'aperçoit que le challenge, peut-être impossible à satisfaire, est de renvoyer Poutine dans ses "22" sans lui faire perdre la face ; sauf à vouloir la guerre qui pourrait le détruire à la fin. Poutine a sorti le gros braquemart, qui ne rentre plus maintenant dans le pantalon. Il faudrait un Talleyrand pour y mettre la main.

Postscriptum
Sur le même sujet en plus développé sur Telos : Ukraine, la guerre annoncée de Vladimir Poutine par Gilles Andréani
Sur le même sujet chez Royal-Artillerie : Le sur-bluff russe du 18.12.2021

lundi 10 janvier 2022

La faille au fond du Détroit

Petit chapeau

Ce billet a été rédigé le 15 décembre 2021 après qu'ait apparu plusieurs fois ce mois-là dans la presse diplomatique américaine l'expression "One China-One Taiwan" qui confirmait mon intuition d'une dérive diplomatique discrète plus que secrète au Département d'Etat sur la question de Taïwan. Il a été mis sur étagère en attendant le premier incident grave provoqué dans le Détroit par l'Armée populaire de Chine avant le nouvel an lunaire, mais une analyse plus fine annonce une crise économique intérieure insoutenable par le Parti, que provoquerait la réaction chimique d'une invasion éventuelle de Taïwan. La Chine est trop imbriquée aujourd'hui dans l'économie mondiale pour que la société civile accepte d'être ruinée par les caprices idéologiques d'autocrates indéboulonnables... jusqu'à preuve du contraire. Prudence est mère de sûreté, même chez les fiers-à-bras communistes. On ira de la gueule, mais sans plus, telle est du moins le pronostic de Royal-Artillerie, en attendant le démenti dans le sang et les larmes... des autres ! Le nouvel an chinois, c'est dans vingt jours. On entrera dans l'année du tigre, en plus !

aigle vs. panda

L'accord explicite de convergence sino-américaine sur l'unité de la nation chinoise résulte de plusieurs actes, après la reconnaissance diplomatique de Richard Nixon et Henry Kissinger emboîtant le pas à Charles de Gaulle :
  • Les Trois communiqués dont le premier (I) fut rédigé à Shanghaï par Richard Nixon et le Premier ministre Zhou Enlaï en 1972, stipule les positions respectives sur tous les voisins du périmètre chinois, Taïwan étant réputée incluse dans le périmètre.
    Vous pouvez le lire en cliquant ici.

    Le deuxième communiqué (II) rédigé en 1978 sépare les relations diplomatiques exclusives entre Washington et Pékin des relations commerciales, culturelles et autres que les Etats-Unis maintiendront avec Taïwan.
    Vous pouvez le lire en cliquant ici.

    Le troisième communiqué (III) de 1982 réitère la volonté de coopération dans tous les domaines, réaffirme les communiqués précédents pour Taïwan et envisage une réduction des ventes d'armes, sous réserve par ailleurs que la République populaire veuille soulager la pression sur le Détroit.
    Vous pouvez le lire en cliquant ici. Ce communiqué est suivi des Six assurances données par les Etats-Unis à Taïwan.

  • Les Six assurances à Taïwan (clic) ont été éditées par le Département d'Etat à l'intention du Congrès des Etats-Unis. Elles sont la feuille de route de toutes les administrations américaines depuis 1982, et ont été formalisées en 2016. On peut les lire ici ou les résumer comme suit :
    Elles réaffirment le Code des relations américano-taiwanaises de 1979 (TRA) (c'est presque un livre), la liberté de vendre des armes américaines à Taïwan et réaffirment la neutralité des Etats-Unis dans les relations diplomatiques sino-chinoises dans lesquelles les Etats-Unis s'interdisent d'entrer. Ce dispositif a été reconfirmé solennellement aux Etats-Unis le 4 décembre 2020.

  • Le TRA (Taiwan Relations Act), précité, est une loi du Congrès qui dispose de tous les élements de coopération avec Taïwan dans les moindres détails. Voilà, vous avez la base documentaire.

En 1998, furent ajoutés à la série les "trois non" de Bill Clinton que l'on avait connu mieux aspiré : non à l'indépendance, non à deux Chines, non à "One China-One Taiwan", en plus de la non-participation aux institutions internationales. Mais si les caciques du PCC purent frétiller d'aise, la proclamation fut un coup d'épée dans l'eau.

Depuis l'arrivée de Donald Trump aux affaires, les relations sino-américaines se sont raffraîchies sur fond de duplicité de la partie chinoise dans les domaines technologiques (espionnage caractérisé) et commerciaux (dumping généralisé). Les services américains se sont rendus compte qu'ils n'avaient plus en face d'eux la même Chine que celle avec laquelle leurs prédecesseurs avaient passés ces accords de coopération établissant un modus vivendi dont on prévoyait une amélioration à mesure que monterait le niveau de développement du géant réveillé. Le problème est que les trois acteurs parties à la dispute ont changé, le plus stable dans ses conviction restant quand même le parrain américain. A noter en passant que le Japon directement impliqué dans les hostilités n'est jamais intervenu.

Que s'est-il passé depuis les accords de 1982 ?

La situation géopolitique des années 80 était simple et très favorable à la paix. Le pouvoir chinois était affairé au décollage d'une Chine ensablée dans le soviétisme obèse des grandes corporations d'Etat. Il avait déroulé le tapis rouge aux investisseurs industriels étrangers pour gagner du temps. Les entrepreneurs taïwanais, parmi bien d'autres, s'engouffrèrent dans les programmes subventionnés ou détaxés jusqu'à constituer au Guandong de véritables villes industrielles taïwanaises. Les grands manufacturiers internationaux actuels chinois comptent nombre d'entreprises taïwanaises.
Sur l'île, c'était le Kuomintang qui tenait la barre dans l'objectif d'une réunification, à l'avantage bien sûr de ses cadres, et qui s'appuyait sur le transfert continu de technologie au continent. Le pouvoir à Pékin y avait répondu par une formule culte : un pays, deux systèmes ! De fait, s'ouvrirent des liaisons maritimes et aériennes au-dessus du détroit et on échangea des délégations et des visas pour que les populations se connaissent. Les Américains étaient enchantés ravis de voir le chemin emprunté par les Chinois des deux rives, qui allègerait bientôt le fardeau de leur présence militaire au Japon.

Puis arrivèrent au pouvoir à Taïpeh les "indigènes" qui n'avaient cure d'un quelconque anschluss à la mode communiste améliorée et revendiquaient une spécificité formosane propre à les distinguer des Foukiénois et des Cantonais de l'autre rive. On avait oublié que la prise de gage de Tchang Kaï-chek en 1949 n'était pas loin de la conquête de l'Algérie par Bugeaud, mais eux, s'en souvenaient ! En l'an 2000, la "démocratie" mettait un coup de pied dans la fourmillère diplomatique dès l'avènement de son premier chef d'Etat élu, Chen Shu-bian ! Bête noire de Pékin par ses déclarations intempestives, il sera succédé en 2008 par le candidat du Kuomitang Ma Ying-jeou et jeté en prison en 2009 pour corruption agravée. Les "affaires" allaient reprendre comme avant, sauf qu'à l'élection de 2016 c'est à nouveau le camp des "indigènes" qui revint au pouvoir en la personne de Mme Tsai Ing-Wen. Elle sait se moquer du pouvoir communiste en soutenant que l'île ne déclarera pas son indépendance puisqu'elle est indépendante de facto !

Mais de l'autre côté de l'eau les choses ont aussi changé. A partir de 2007, le clan Xi prend les rênes du parti au niveau du secrétariat central et fait de la place dans sa hiérarchie pour promouvoir Xi Jinping. Lui, comme d'autres fils de princes communistes, veut sauver le maoïsme du capitalisme débridé qu'ils ne maitrisent plus et s'invente une feuille de route hégémonique (le China Dream) pour revenir en pleine gloire aux frontières du dernier empire. Et de fixer la date de réunification, par la force si besoin, au centenaire de la fondation de la République populaire de Chine en 2049. A partir de là, les discours offensifs du président Xi Jinping et des responsables diplomatiques n'ont jamais cessé, jusqu'à l'outrance, même au ridicule parfois.

Pour les Américains, relativement bien disposés jusqu'à l'avènement de Xi Jinping à la présidence, les paramètres géopolitiques ont sérieusement bougé, la Chine populaire d'aujourd'hui n'étant plus dans l'état d'esprit de la Chine populaire d'hier, fondé sur la conciliation et la coopération économique. C'est l'affrontement qui est partout recherché par les Chinois, jusqu'à faire dire à Jean-Claude Juncker que la Chine était devenue un "rival systémique", au sens où elle travaille inlassablement à imposer son modèle dictatorial partout où c'est possible.

Arrive ensuite en 2017 le vingtième anniversaire tonitruant et militarisé de la rétrocession de Hong Kong, date encadrée de la répression sauvage de deux manifestations de jeunesse ayant convoqué chaque fois plus d'un million de Hongkongais à Victoria Park ! La première fut la révolte des parapluies de 2014, la seconde, celle de la démocratie en 2019. Terminée par la loi de sécurité nationale typiquement vague qui est désormais l'intrument de destruction massive de toute contestation, fut-elle bénigne, cette répression a eu le résultat imprévu qu'aux yeux du monde, le slogan "un pays, deux systèmes" est mort ! Outre le fait que le pouvoir chinois, défié dans sa superbe, s'est assis sur le traité international sino-britannique pour ne pas perdre la face dans l'ancienne colonie anglaise, les Américains - qui ne sont jamais intervenus à Hong Kong par aucun service parallèle - ont pris acte de ce que la partie adverse, avec laquelle ils avaient traité jadis, avait disparu et que tout revenait sur la table avec de nouveaux interlocuteurs, certainement pas de bonne foi. Certes, Anthony Blinken ne le dit pas comme ça, mais les analystes américains à Washington parlent désormais de "One China, One Taiwan" : le concept de la Chine unique a vécu ! Les Taïwanais en ont pris acte depuis longtemps, et se moquent ouvertement des Continentaux qui persistent dans une guerre civile de soixante-dix ans aujourd'hui, qui ne veut plus rien dire pour eux. Entretemps ils ont établi chez eux une démocratie du modèle de Westminster, garantissant l'alternance, et comptent bien la conserver. Et cela rend fous de rage le pouvoir chinois qui redouble sa propagande anti-nationaliste à usage intérieur.

Pour bien enfoncer le clou dans le crâne des loups guerriers qui ont cru en allant au cinéma qu'ils allaient mettre le monde à genou, Joe Biden a invité officiellement Taïwan au Sommet des Démocraties en oubliant évidemment la république tyrannique de Chine. Hurlements ! Production précipitée d'un opuscule montrant au monde effaré la supériorité en tous domaines de la démocratie à la chinoise ! Ils y croient en plus ! Tous en rient !

On assiste donc à une dérive diplomatique lente qui éloigne deux notions concurrentes depuis le début des relations sino-américaines, la reconnaissance d'une souveraineté informelle de la République populaire de Chine sur l'île de Taïwan d'une part, bien qu'elle ne l'ait jamais gouvernée ; et d'autre part, la coopération en tous domaines (sauf diplomatiques) des Etats-Unis et de Taïwan. Alors que l'intention d'origine était de laisser converger les deux postures de part et d'autre du détroit, on observe aujourd'hui leur découplage. Et se réaffirme chaque semaine l'engagement américain à défendre l'île contre toute attaque. Ce que les Continentaux ne peuvent dénoncer puisqu'ils ont accumulés des régiments d'artillerie balistique sur la côte du Foukien, unités de destruction aveugle du pays ciblé et non pas les appuis d'une éventuelle opération amphibie. Quoiqu'ils disent ou crient, ils sont contredits par les faits : l'intention est bien la destruction. Comme au Xinkiang, comme à Hong Kong, comme aux Tibets (int. et ext.), comme en Mongolie intérieure. Admonestations diveses et communiqués vengeurs du ministère chinois des Affaires étrangères sont-ils encore lus dans les chancelleries ?

Quel est le frein à l'attaque chinoise ?

Avant d'y venir, un petit rappel pour les plus distraits. La valeur stratégique de l'île de Taïwan justifie tous les efforts américains de ne pas la voir tomber dans les mains d'un régime désormais hostile, parce que la ligne de défense américaine de l'Océan pacifique nord est celle dite des îles (First Island Chain de Taïwan aux Ryukyu), qui ferment les mers de Chine méridionale et orientale entre Philippines et Japon. Formose est la plus importante en superficie et en géographie défensive, les montagnes y dépassant trois mille mètres. Conquise, l'île serait transformée en un gigantesque Gibraltar inexpugnable et menaçant la Mer des Philippines, le bassin pacifique nord-ouest et l'archipel nippon par le sud-ouest. Taïwan est la porte de l'océan.

Ceci dit, les forts en thème de la polémologie prédisent que l'affaire de Taïwan doit être bouclée en moins de quinze jours par la Chine populaire avant que le monde ne se réveille. Le risque de perdre la bataille en laissant derrière eux une île chinoise en ruines et un peuple chinois anéanti qui passeraient en boucle sur les écrans du monde entier est le premier obstacle à l'accomplissement du "rêve". Le Parti n'y survivrait pas et les dirigeants passeraient en Haute Cour juste avant les poteaux d'abattage. Si les Américains se sont laissés un peu distancer sur la zone d'effort sous les mandats Obama, ils reviennent en force et dynamisent leur allié principal, le Japon qui réarme. Si la traversée du détroit (hors période des typhons) est jouable, avec quelques pertes quand même, l'opération amphibie proprement dire sera plus ardue puisque les plages taïwanaises sont assez bien défendues et que les montagnes juste en arrière et préparées permettent d'engager sans délai la guerre hybride contre la force mécanique d'invasion. A garder à l'esprit, que la masse de manœuvre nécessairement surdimensionnée dans un réflexe impérial de supériorité tactique ne pourra être mobilisée en cachette puisque toute la zone est surveillée par les satellites et les agents au sol, et qu'on connaît en détail toutes les unités pré-positionnées jusqu'au niveau compagnie. Aucune surprise stratégique ne sera possible (voir sur RA la recension de l'analyse de Taner Greer sur la guerre de Taïwan (clic).

Les autorités taïwanaises sont prêtes à minimiser toutes les provocations qui sont quotidiennes et nombreuses pour n'apparaître jamais dans le rôle de l'agresseur, autant que la propagande chinoise s'y emploie. Nul ne connaît les plans américains de défense, ce qui est une bonne chose et vraisemblablement dissuasif vis à vis de Pékin, mais il est presque sûr qu'ils s'accompagneront d'une campagne d'ostracisation du pouvoir chinois et d'un blocage des échanges commerciaux et financiers capable de mettre à mal les usines et la classe ouvrière si l'agitation chauviniste préalable n'a pas lavé le cerveau des masses.

L'autre paramètre est l'âge des protagonistes. A 79 ans, après avoir longtemps attendu sa consécration, Joe Biden n'entend pas entrer dans l'histoire comme le président qui a laissé envahir Taïwan par les communistes, d'autant qu'il est chahuté sur le front intérieur par les radicaux démocrates et les républicains trumpiens. Il lui reste deux voire six ans à tenir ferme. On peut être sûr qu'il y pense chaque matin, surtout depuis le retrait de Kaboul. Son grand adversaire en a 68 et, si le Ciel lui est clément, il en aura 95 pour fêter le centenaire de la RPC. Il a donc le temps pour lui, mais chaque année qui passe instille en lui le doute de ne pas être celui par qui l'empire des Grands Tsings a été reconstitué. Des deux, il est paradoxalement le plus pressé tout en pâtissant de la ferveur courtisane qui entoure les autocrates, leur faisant faire des bêtises.
L'expansion chinoise soutenue par les routes de la soie est adossée à un immense pays fragile et dont l'extraordinaire démographie est très difficile à gouverner. On sait les défis intérieurs monstrueux qu'elle affronte, le dernier étant la banqueroute annoncée de la promotion immobilière qui fait 30% du Pib chinois. Mais sa faiblesse est dans la dépendance au commerce extérieur qui fait tourner ses usines et distribue les salaires sans lesquels la classe ouvrière narguée par les nouveaux riches - souvent cadres territoriaux du parti - et frustrée d'espérances se révoltera. L'autre main dans le piège est l'investissement chinois dans les banques de développement qui forment la toile d'araignée des interdépendances financières et nourrissent le Parti. La masse de manœuvre est pour longtemps dans les mains du monde capitaliste même si le yuan chinois n'est toujours pas librement convertible. Mais il n'y a pas que l'argent et la fermentation sociale. Plus largement, on commence à voir mûrir un sentiment de rejet chez des populations où les compagnies chinoises ont exagéré leur arrogance naturelle de la-race-supérieure-quoiqu'on-en-dise, et ce sentiment pourrait muter en haine pavlovienne mettant en danger cette expansion dite "win-win", quelles que soient les garanties attachées aux investissements chinois qui se trouveraient carrément "nationalisés" ou détruits par les peuples des pays-hôtes surendettés. Qui se souvient du grand pogrom d'Indonésie contre les "communistes chinois" en 1965 ?

L'histoire notera, en marge des grands évènements du XXIè siècle, un glissement sémantique chez les communautés chinoises d'outremer qui jusque dans les années 90 revendiquaient leur appartenance à la souche immémoriale la plus ancienne au monde. Ces communautés se déclaraient "chinoises" spontanément. Elles se disent aujourd'hui hongkongaises, taïwanaises, singapouriennes tout aussi spontanément. Dans d'autres pays comme la Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie, elles cherchent à disparaitre dans leurs patronymes et leurs mœurs. Pour les fils du Ciel, le communisme c'est aussi la honte.

Conclusion évidemment provisoire

Le pouvoir chinois a claquemuré avant Noël la cité-capitale de l'Ouest, Xian, treize millions d'habitants, pour tenir sur son axiome zéro-virus. Cette posture n'est pas tenable dans la durée avec une démographie aussi dense que la chinoise, quelles que soient les précautions obligatoires imposées par la police. La crise économique mondiale en dents de scie impacte les débouchés des manufactures qui, sauf contre-ordre ou banqueroute, devront licencier des travailleurs postés moins qualifiés, lesquels grossiront les rangs des désœuvrés - pour certains, sans abri - qui ne laisseront pas passer longtemps les Maserati du gouvernement local. On déjà vu des voitures de police retournées par la foule en province il y a quelques années, en protestation de la corruption des cadres du parti local. Plus grave, le doute court la classe moyenne quant à son avenir : le test est sa réponse aux objurgations du pouvoir à faire plus d'enfants pour sauver la pyramide des âges. La classe moyenne qui a les revenus suffisants pour couvrir la dépense associée aux enfants en Chine, ne bouge pas. A tel point que les couples cadres du Parti ont reçu instruction d'agrandir leur famille jusqu'à trois enfants. la Nomenklatura concernée va obéir pour conserver ses privilèges puisque rien n'est "volontaire" sous ce beau régime, mais la classe moyenne civile en restera à sa prospective pessimiste.
En dehors des grandes manifestations patriotiques spontanées qui concourent entre elles d'une province à l'autre pour montrer au Central combien fort est le soutien au Parti dans les territoires, l'humeur des gens n'est pas à la guerre, surtout pour une île qui finalement n'attend plus rien du continent et - à ce que les derniers voyages organisés par les agences avaient montré aux touristes chinois - vit tranquillement sans revendication aucune !
Certes nul n'est à l'abri d'une pression trop forte du complexe militaro-industriel qui saura "vendre" aux civils une victoire facile sur l'île factieuse avant que les gros cons d'Occident n'aient le temps de réagir, sachant aussi qu'une guerre extérieure gagnée légitimera toujours ce genre de régime totalitaire aux yeux du peuple abruti de propagande. Mais quand même, il reste quelques administrateurs réalistes à Zhongnanhaï pour exprimer leur doute sur une promenade de santé à portée de missiles de la VIIè flotte US, qui obéit elle-aussi aux influences de son propre complexe militaro-industriel.


drapeau de Taiwan

Taïwan est un pays indépendant qui a pour nom République de Chine, un régime créé de l'Empire finissant par le docteur Sun Yat-sen en 1912. Les chancelleries qui ont dû ouvrir ensuite les canaux diplomatiques avec la République populaire de Chine communiste, gardent aujourd'hui un œil bienveillant sur cette vraie démocratie qui ne demande que de vivre libre et en paix avec tous ses voisins.

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