Préambule d'actualité
Pendant ce temps ils ont bien du mérite, les blogmestres de la droite dure, de trouver une balistique stratégique à la guerre russe d'Ukraine. Si l'intention du petit csar est claire et répétée, pour ne pas dire assénée en continu, la non-prise en compte des collatéraux laisse accroire que le lt-colonel du KGB de Dresde n'était qu'un employé aux tampons, alors qu'il est un génie dont le dossier de canonisation avance dans les comptes bancaires du patriarche Kirill. Celui qu'une frange majoritaire de la droite française voyait jusqu'ici comme le saint sauveur de la race blanche né de la tradition la mieux ancrée dans les valeurs du passé, le dispute à Gribouille dans l'exécution de son projet ouvertement impérial. Il ne faut pas être très hostile pour prédire la ruine de l'ouvrage en faisant la liste des résultats attendus par tout ce que le monde compte de compteurs.
L'économie d'abord !
A la Noël russe, si une économie marchande de pénuries survit à la guerre par des échanges licites avec les grands pays émergents et la contrebande sur le marché du double-usage, elle aura perdu le marché de proximité de sa première valeur d'exportation : gas, pétrole, houille russes auront disparu des marchés européens et nippons. Certes ils pourront les revendre au tiers-monde, mais ces matières à prix d'ami se substitueront à des flux antérieurs qui par la force des choses devront être détournés où on les attend : le marché de l'énergie est à somme nulle dès lors que tout écart entre offre et demande est ajusté par le prix de marché. La Russie de M. Poutine aura diversifié sa production vers des pays tiers, moins solvables, moins disants. Et le Kremlin aura perdu son tout premier levier de chantage sur l'Europe, le plus facile, on-off !
Chat échaudé... les investissements étrangers dont la Russie a tant besoin pour relever le niveau de vie général de sa population, seront mesurés voire adossés à des garanties métalliques tels que les Etats en exigent des pays en guerre, surtout bien sûr s'ils en ont en réserves. Mais c'est moins l'argent que les connaissances qui se tarissent ; le transfert des technologies avancées est stoppé pour longtemps, les pays émergents n'y suppléeront pas. Le déclassement technologique de la Russie est affiché pour au moins deux générations ; ce qui va sortir les gens du Kremlin de la cour des grands. Trop d'usines sont à l'arrêt faute de composants ou de sous-ensembles pour que l'embryon d'industrie russe puisse redémarrer avec des alternatives chinoises ou indiennes (et à quel prix ?). En attendant ils clouent leurs avions au sol et ne livrent ni voitures modernes ni biens d'équipement domestique.
La force ensuite
On dit que la Russie bénéficie des stocks énormes de l'Union soviétique, suffisamment pour n'avoir pas à s'inquiéter de leur consommation dans le temps. Mais vu le taux de coulage des crédits militaires d'entretien depuis trente ans, nul ne sait, et peut-être le Kremlin pas plus que d'autres, ce qui est bon de guerre dans ces stocks et ce qui est bon de casse ! Et comment entretenir correctement une missilerie de précision sans les cartes électroniques de rechange ? En les faisant faire en Chine populaire au prix fort ? qui pis est, le produit est consommable par définition. Ils en reviendront - c'est déjà fait - aux missiles non guidables d'ancienne génération qui cherchent un effet de masse et de terreur sur des cibles au juger et maintiendront au plus haut niveau la réprobation de l'opinion internationale.
L'aviation russe ne combat pas, elle bombarde, et on aimerait voir ce que ses démonstrateurs de foire feront dans le vrai ciel contre des aéronefs occidentaux. Quant à l'arme blindée, elle semble inépuisable, moins quand même que les équipages qui n'en voit pas le bout. On est loin de la Percée de Sedan ! Les destructions sont impressionnantes (des deux côtés) même après deux gorgées de vodka.
La nouvelle stratégie ?
Les objectifs naturels de la Russie à son occident sont la rive gauche du Dniepr pour reconquérir la terre historiquement slave, et le corridor de Suwalki qui relie l'enclave russe de Kaliningrad à la Biélorussie occidentale par la Lituanie. Les trois pays baltes à forte minorité russe seraient alors coupés de l'Union européenne par la terre (mais pas par mer). A supposer que l'enclave ne soit pas devenue cible légitime de guerre et qu'ils y parviennent au prix de moults renoncements ou désaccords occidentaux, ce serait pour en faire quoi ? Pour battre la carte au mur de la baguette magique devant une assistance médusée ? L'Union soviétique revenue serait probablement dès lors ostracisée comme elle ne le fut jamais du temps de l'URSS et sa désorbitation conduirait certains pays comprehensifs à l'être moins, selon leurs intérêts bien compris.
Quelle joie s'emparerait alors des peuples ukrainiens et baltes libérés par la Russie, à reprendre les bonnes habitudes des queues alimentaires et des tickets de rationnement ! De la pénurie de tout et de tissus. Tous en gris dans la crasse de la Bêtise d'Etat ! Allez à la messe, c'est gratuit !
Comment tenir longtemps une position aussi exposée avec une économie effondrée sous perfusion indienne et chinoise ? Au prix exorbitant de compensations insoupçonnées jusque là. Les Indiens sont assez tordus et cupides pour extraire le meilleur avantage possible de la position de faiblesse de la Russie. Mais si on a parlé de la rive gauche du Dniepr, on pourrait maintenant parler de la rive droite de l'Oussouri et de l'Amour. Ce territoire dont les Russes sibériens ne font rien, faute de capital-risque et de courage au labeur, intéresse de plus en plus la Chine populaire dont la population du Dongbei piaffe d'impatience à mettre en valeur des terres autrefois chinoises qui leur manquent aujourd'hui.
En conclusion...
La guerre d'Ukraine n'est pas gagnée, loin s'en faut. Mais une chose est sûre, l'Europe réarme. Et ce réarmement se fait sur des armes de prochaine génération apportant aux pays décisifs dans l'affrontement une puissance de feu inégalée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L'Allemagne projette à l'horizon de vingt ans la première armée conventionnelle du continent. Ils ont les usines à niveau et le savoir-faire. La France sera obligée de suivre, en distrayant des crédits de ses prestations sociales, sauf à disparaître de l'échiquier européen. La Grande Bretagne se saignera aux quatre veines pour tenir ses atterrages orientaux et le Détroit de Danemark qui la contourne. La clique mafieuse de Moscou n'aura plus qu'une réponse à faire, brandir ses ogives nucléaires. Bonne nuit les petits !
Que la paranoïa de Poutine apprenne aux chroniqueurs de tous les bords à ne pas se fier aux analystes payés au mois en matière de soviétologie et à laisser passer les vrais kremlinologues devant, qui eux, lisent entre les lignes, tendent les fils au bon endroit et comprennent l'état des lieux dans un monde complexe et irrationnel. C'est le charme russe ! Alors quand d'aucuns émettent un doute sur les qualités profondes de Poutine et déconstruisent sa mission salvatrice - qu'on lui paie des milliards - il serait prudent dans les rédactions de droite au moins, de lever un sourcil et de s'interroger. On en est moins ridicule ensuite, à chercher à rattraper le coup de manière fort piteuse, quand ce n'est pas de se jeter dans des théories du complot des services américains, des illuminatis et autres rose-croix qui font rire les gens sensés. Que cela serve !
Le sommet de l'OTAN à Madrid s'est achevé sur l'incorporation de deux pays neutres au commandement intégré de l'Alliance. La Suède et la Finlande ne font plus confiance aux locataires actuels et futurs du Kremlin et rejoignent l'Ost ! Ce sera dans l'histoire moderne la plus grosse défaite de Poutine que d'avoir fait avancer la ligne de crise sur sa propre frontière occidentale ; n'y était jusqu'ici exposée que l'enclave de Kaliningrad, qu'il avait fallu surarmer pour faire croire à ses habitants qu'ils étaient menacés par l'ogre Sam, ce qu'ils espéraient secrètement. La Turquie pour sa part, a obtenu la modernisation de son armée de l'air et la répression du parti communiste kurde en Scandinavie. On verra s'il elle a aussi les mains libres au Rojava syrien. Pour le moment elle s'affiche comme convoyeur de grains parce que le crédit russe ne peut pas laisser pourrir le grain ukrainien dans des entrepôts bombardés en même temps que s'annonce une famine au tiers-monde, dernier vestige de l'influence de Moscou sur terre, depuis son expulsion de la zone OCDE.
Pendant ce temps ils ont bien du mérite, les blogmestres de la droite dure, de trouver une balistique stratégique à la guerre russe d'Ukraine. Si l'intention du petit csar est claire et répétée, pour ne pas dire assénée en continu, la non-prise en compte des collatéraux laisse accroire que le lt-colonel du KGB de Dresde n'était qu'un employé aux tampons, alors qu'il est un génie dont le dossier de canonisation avance dans les comptes bancaires du patriarche Kirill. Celui qu'une frange majoritaire de la droite française voyait jusqu'ici comme le saint sauveur de la race blanche né de la tradition la mieux ancrée dans les valeurs du passé, le dispute à Gribouille dans l'exécution de son projet ouvertement impérial. Il ne faut pas être très hostile pour prédire la ruine de l'ouvrage en faisant la liste des résultats attendus par tout ce que le monde compte de compteurs.
L'économie d'abord !
A la Noël russe, si une économie marchande de pénuries survit à la guerre par des échanges licites avec les grands pays émergents et la contrebande sur le marché du double-usage, elle aura perdu le marché de proximité de sa première valeur d'exportation : gas, pétrole, houille russes auront disparu des marchés européens et nippons. Certes ils pourront les revendre au tiers-monde, mais ces matières à prix d'ami se substitueront à des flux antérieurs qui par la force des choses devront être détournés où on les attend : le marché de l'énergie est à somme nulle dès lors que tout écart entre offre et demande est ajusté par le prix de marché. La Russie de M. Poutine aura diversifié sa production vers des pays tiers, moins solvables, moins disants. Et le Kremlin aura perdu son tout premier levier de chantage sur l'Europe, le plus facile, on-off !
Chat échaudé... les investissements étrangers dont la Russie a tant besoin pour relever le niveau de vie général de sa population, seront mesurés voire adossés à des garanties métalliques tels que les Etats en exigent des pays en guerre, surtout bien sûr s'ils en ont en réserves. Mais c'est moins l'argent que les connaissances qui se tarissent ; le transfert des technologies avancées est stoppé pour longtemps, les pays émergents n'y suppléeront pas. Le déclassement technologique de la Russie est affiché pour au moins deux générations ; ce qui va sortir les gens du Kremlin de la cour des grands. Trop d'usines sont à l'arrêt faute de composants ou de sous-ensembles pour que l'embryon d'industrie russe puisse redémarrer avec des alternatives chinoises ou indiennes (et à quel prix ?). En attendant ils clouent leurs avions au sol et ne livrent ni voitures modernes ni biens d'équipement domestique.
La force ensuite
On dit que la Russie bénéficie des stocks énormes de l'Union soviétique, suffisamment pour n'avoir pas à s'inquiéter de leur consommation dans le temps. Mais vu le taux de coulage des crédits militaires d'entretien depuis trente ans, nul ne sait, et peut-être le Kremlin pas plus que d'autres, ce qui est bon de guerre dans ces stocks et ce qui est bon de casse ! Et comment entretenir correctement une missilerie de précision sans les cartes électroniques de rechange ? En les faisant faire en Chine populaire au prix fort ? qui pis est, le produit est consommable par définition. Ils en reviendront - c'est déjà fait - aux missiles non guidables d'ancienne génération qui cherchent un effet de masse et de terreur sur des cibles au juger et maintiendront au plus haut niveau la réprobation de l'opinion internationale.
L'aviation russe ne combat pas, elle bombarde, et on aimerait voir ce que ses démonstrateurs de foire feront dans le vrai ciel contre des aéronefs occidentaux. Quant à l'arme blindée, elle semble inépuisable, moins quand même que les équipages qui n'en voit pas le bout. On est loin de la Percée de Sedan ! Les destructions sont impressionnantes (des deux côtés) même après deux gorgées de vodka.
La nouvelle stratégie ?
Les objectifs naturels de la Russie à son occident sont la rive gauche du Dniepr pour reconquérir la terre historiquement slave, et le corridor de Suwalki qui relie l'enclave russe de Kaliningrad à la Biélorussie occidentale par la Lituanie. Les trois pays baltes à forte minorité russe seraient alors coupés de l'Union européenne par la terre (mais pas par mer). A supposer que l'enclave ne soit pas devenue cible légitime de guerre et qu'ils y parviennent au prix de moults renoncements ou désaccords occidentaux, ce serait pour en faire quoi ? Pour battre la carte au mur de la baguette magique devant une assistance médusée ? L'Union soviétique revenue serait probablement dès lors ostracisée comme elle ne le fut jamais du temps de l'URSS et sa désorbitation conduirait certains pays comprehensifs à l'être moins, selon leurs intérêts bien compris.
Quelle joie s'emparerait alors des peuples ukrainiens et baltes libérés par la Russie, à reprendre les bonnes habitudes des queues alimentaires et des tickets de rationnement ! De la pénurie de tout et de tissus. Tous en gris dans la crasse de la Bêtise d'Etat ! Allez à la messe, c'est gratuit !
Comment tenir longtemps une position aussi exposée avec une économie effondrée sous perfusion indienne et chinoise ? Au prix exorbitant de compensations insoupçonnées jusque là. Les Indiens sont assez tordus et cupides pour extraire le meilleur avantage possible de la position de faiblesse de la Russie. Mais si on a parlé de la rive gauche du Dniepr, on pourrait maintenant parler de la rive droite de l'Oussouri et de l'Amour. Ce territoire dont les Russes sibériens ne font rien, faute de capital-risque et de courage au labeur, intéresse de plus en plus la Chine populaire dont la population du Dongbei piaffe d'impatience à mettre en valeur des terres autrefois chinoises qui leur manquent aujourd'hui.
En conclusion...
La guerre d'Ukraine n'est pas gagnée, loin s'en faut. Mais une chose est sûre, l'Europe réarme. Et ce réarmement se fait sur des armes de prochaine génération apportant aux pays décisifs dans l'affrontement une puissance de feu inégalée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L'Allemagne projette à l'horizon de vingt ans la première armée conventionnelle du continent. Ils ont les usines à niveau et le savoir-faire. La France sera obligée de suivre, en distrayant des crédits de ses prestations sociales, sauf à disparaître de l'échiquier européen. La Grande Bretagne se saignera aux quatre veines pour tenir ses atterrages orientaux et le Détroit de Danemark qui la contourne. La clique mafieuse de Moscou n'aura plus qu'une réponse à faire, brandir ses ogives nucléaires. Bonne nuit les petits !
Que la paranoïa de Poutine apprenne aux chroniqueurs de tous les bords à ne pas se fier aux analystes payés au mois en matière de soviétologie et à laisser passer les vrais kremlinologues devant, qui eux, lisent entre les lignes, tendent les fils au bon endroit et comprennent l'état des lieux dans un monde complexe et irrationnel. C'est le charme russe ! Alors quand d'aucuns émettent un doute sur les qualités profondes de Poutine et déconstruisent sa mission salvatrice - qu'on lui paie des milliards - il serait prudent dans les rédactions de droite au moins, de lever un sourcil et de s'interroger. On en est moins ridicule ensuite, à chercher à rattraper le coup de manière fort piteuse, quand ce n'est pas de se jeter dans des théories du complot des services américains, des illuminatis et autres rose-croix qui font rire les gens sensés. Que cela serve !