jeudi 30 juin 2022

Impair, passe et manque !

Préambule d'actualité

Le sommet de l'OTAN à Madrid s'est achevé sur l'incorporation de deux pays neutres au commandement intégré de l'Alliance. La Suède et la Finlande ne font plus confiance aux locataires actuels et futurs du Kremlin et rejoignent l'Ost ! Ce sera dans l'histoire moderne la plus grosse défaite de Poutine que d'avoir fait avancer la ligne de crise sur sa propre frontière occidentale ; n'y était jusqu'ici exposée que l'enclave de Kaliningrad, qu'il avait fallu surarmer pour faire croire à ses habitants qu'ils étaient menacés par l'ogre Sam, ce qu'ils espéraient secrètement. La Turquie pour sa part, a obtenu la modernisation de son armée de l'air et la répression du parti communiste kurde en Scandinavie. On verra s'il elle a aussi les mains libres au Rojava syrien. Pour le moment elle s'affiche comme convoyeur de grains parce que le crédit russe ne peut pas laisser pourrir le grain ukrainien dans des entrepôts bombardés en même temps que s'annonce une famine au tiers-monde, dernier vestige de l'influence de Moscou sur terre, depuis son expulsion de la zone OCDE.

T72

Pendant ce temps ils ont bien du mérite, les blogmestres de la droite dure, de trouver une balistique stratégique à la guerre russe d'Ukraine. Si l'intention du petit csar est claire et répétée, pour ne pas dire assénée en continu, la non-prise en compte des collatéraux laisse accroire que le lt-colonel du KGB de Dresde n'était qu'un employé aux tampons, alors qu'il est un génie dont le dossier de canonisation avance dans les comptes bancaires du patriarche Kirill. Celui qu'une frange majoritaire de la droite française voyait jusqu'ici comme le saint sauveur de la race blanche né de la tradition la mieux ancrée dans les valeurs du passé, le dispute à Gribouille dans l'exécution de son projet ouvertement impérial. Il ne faut pas être très hostile pour prédire la ruine de l'ouvrage en faisant la liste des résultats attendus par tout ce que le monde compte de compteurs.

L'économie d'abord !

A la Noël russe, si une économie marchande de pénuries survit à la guerre par des échanges licites avec les grands pays émergents et la contrebande sur le marché du double-usage, elle aura perdu le marché de proximité de sa première valeur d'exportation : gas, pétrole, houille russes auront disparu des marchés européens et nippons. Certes ils pourront les revendre au tiers-monde, mais ces matières à prix d'ami se substitueront à des flux antérieurs qui par la force des choses devront être détournés où on les attend : le marché de l'énergie est à somme nulle dès lors que tout écart entre offre et demande est ajusté par le prix de marché. La Russie de M. Poutine aura diversifié sa production vers des pays tiers, moins solvables, moins disants. Et le Kremlin aura perdu son tout premier levier de chantage sur l'Europe, le plus facile, on-off !

Chat échaudé... les investissements étrangers dont la Russie a tant besoin pour relever le niveau de vie général de sa population, seront mesurés voire adossés à des garanties métalliques tels que les Etats en exigent des pays en guerre, surtout bien sûr s'ils en ont en réserves. Mais c'est moins l'argent que les connaissances qui se tarissent ; le transfert des technologies avancées est stoppé pour longtemps, les pays émergents n'y suppléeront pas. Le déclassement technologique de la Russie est affiché pour au moins deux générations ; ce qui va sortir les gens du Kremlin de la cour des grands. Trop d'usines sont à l'arrêt faute de composants ou de sous-ensembles pour que l'embryon d'industrie russe puisse redémarrer avec des alternatives chinoises ou indiennes (et à quel prix ?). En attendant ils clouent leurs avions au sol et ne livrent ni voitures modernes ni biens d'équipement domestique.

La force ensuite

On dit que la Russie bénéficie des stocks énormes de l'Union soviétique, suffisamment pour n'avoir pas à s'inquiéter de leur consommation dans le temps. Mais vu le taux de coulage des crédits militaires d'entretien depuis trente ans, nul ne sait, et peut-être le Kremlin pas plus que d'autres, ce qui est bon de guerre dans ces stocks et ce qui est bon de casse ! Et comment entretenir correctement une missilerie de précision sans les cartes électroniques de rechange ? En les faisant faire en Chine populaire au prix fort ? qui pis est, le produit est consommable par définition. Ils en reviendront - c'est déjà fait - aux missiles non guidables d'ancienne génération qui cherchent un effet de masse et de terreur sur des cibles au juger et maintiendront au plus haut niveau la réprobation de l'opinion internationale.

L'aviation russe ne combat pas, elle bombarde, et on aimerait voir ce que ses démonstrateurs de foire feront dans le vrai ciel contre des aéronefs occidentaux. Quant à l'arme blindée, elle semble inépuisable, moins quand même que les équipages qui n'en voit pas le bout. On est loin de la Percée de Sedan ! Les destructions sont impressionnantes (des deux côtés) même après deux gorgées de vodka.

La nouvelle stratégie ?

Les objectifs naturels de la Russie à son occident sont la rive gauche du Dniepr pour reconquérir la terre historiquement slave, et le corridor de Suwalki qui relie l'enclave russe de Kaliningrad à la Biélorussie occidentale par la Lituanie. Les trois pays baltes à forte minorité russe seraient alors coupés de l'Union européenne par la terre (mais pas par mer). A supposer que l'enclave ne soit pas devenue cible légitime de guerre et qu'ils y parviennent au prix de moults renoncements ou désaccords occidentaux, ce serait pour en faire quoi ? Pour battre la carte au mur de la baguette magique devant une assistance médusée ? L'Union soviétique revenue serait probablement dès lors ostracisée comme elle ne le fut jamais du temps de l'URSS et sa désorbitation conduirait certains pays comprehensifs à l'être moins, selon leurs intérêts bien compris.

Quelle joie s'emparerait alors des peuples ukrainiens et baltes libérés par la Russie, à reprendre les bonnes habitudes des queues alimentaires et des tickets de rationnement ! De la pénurie de tout et de tissus. Tous en gris dans la crasse de la Bêtise d'Etat ! Allez à la messe, c'est gratuit !

Comment tenir longtemps une position aussi exposée avec une économie effondrée sous perfusion indienne et chinoise ? Au prix exorbitant de compensations insoupçonnées jusque là. Les Indiens sont assez tordus et cupides pour extraire le meilleur avantage possible de la position de faiblesse de la Russie. Mais si on a parlé de la rive gauche du Dniepr, on pourrait maintenant parler de la rive droite de l'Oussouri et de l'Amour. Ce territoire dont les Russes sibériens ne font rien, faute de capital-risque et de courage au labeur, intéresse de plus en plus la Chine populaire dont la population du Dongbei piaffe d'impatience à mettre en valeur des terres autrefois chinoises qui leur manquent aujourd'hui.

En conclusion...

La guerre d'Ukraine n'est pas gagnée, loin s'en faut. Mais une chose est sûre, l'Europe réarme. Et ce réarmement se fait sur des armes de prochaine génération apportant aux pays décisifs dans l'affrontement une puissance de feu inégalée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L'Allemagne projette à l'horizon de vingt ans la première armée conventionnelle du continent. Ils ont les usines à niveau et le savoir-faire. La France sera obligée de suivre, en distrayant des crédits de ses prestations sociales, sauf à disparaître de l'échiquier européen. La Grande Bretagne se saignera aux quatre veines pour tenir ses atterrages orientaux et le Détroit de Danemark qui la contourne. La clique mafieuse de Moscou n'aura plus qu'une réponse à faire, brandir ses ogives nucléaires. Bonne nuit les petits !

cul-de-lampe grenouilles

Que la paranoïa de Poutine apprenne aux chroniqueurs de tous les bords à ne pas se fier aux analystes payés au mois en matière de soviétologie et à laisser passer les vrais kremlinologues devant, qui eux, lisent entre les lignes, tendent les fils au bon endroit et comprennent l'état des lieux dans un monde complexe et irrationnel. C'est le charme russe ! Alors quand d'aucuns émettent un doute sur les qualités profondes de Poutine et déconstruisent sa mission salvatrice - qu'on lui paie des milliards - il serait prudent dans les rédactions de droite au moins, de lever un sourcil et de s'interroger. On en est moins ridicule ensuite, à chercher à rattraper le coup de manière fort piteuse, quand ce n'est pas de se jeter dans des théories du complot des services américains, des illuminatis et autres rose-croix qui font rire les gens sensés. Que cela serve !

Le discours si républicain de José Gonzalez

Avant-propos

Du bruit dans le Landerneau politique parisien, le doyen d'âge est originaire de l'Algérie française, d'Oran précisément. Il lui a suffit d'évoquer la rupture de 1962 et le mal qu'elle lui fit pour que les grandes voix de la république couchée s'émeuvent et qualifient ce moment de "génant". Il leur en faut si peu ! Ce vieux militant du Front national n'a pas exalté l'OAS ou la colonisation, non ! Il a juste fait comprendre qu'il venait de là-bas contre son gré. José Gonzalez, parfaitement honorable, a sa fiche Wikipedia. Voici son discours pour vos archives.

José Gonzalès à la tribune du palais Bourbon

Allocution du doyen d'âge à l'Assemblée nationale lors de la séance du 28 juin 2022


Monsieur le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, mes chers collègues, c’est avec émotion et solennité que je m’exprime aujourd’hui, ayant le vénérable privilège d’être le doyen de notre assemblée.

Sans attendre, j’adresse à chacune et chacun d’entre vous, élus de métropole, élus d’outre-mer et représentants des Français du monde, mes plus sincères félicitations pour son élection ou sa réélection (applaudissements).
J’ai, en ces moments, une pensée toute particulière pour ceux qui m’ont précédé dans cet inestimable honneur d’ouvrir la première séance d’une législature, en particulier pour le vénérable parlementaire que fut Édouard Frédéric-Dupont et pour ce grand Français que fut Marcel Dassault. Qu’il me soit permis de saluer son arrière-petit-fils, notre collègue Victor Habert-Dassault, réélu au siège du regretté Olivier Dassault.
Cette émotion, nous sommes nombreux à la ressentir au sein de cet hémicycle où nous accompagnent de leur écrasante présence toutes les glorieuses figures de l’histoire de France qui nous ont précédés sous ce dôme de lumière. Ce lieu qui résonne encore de tous les grands débats qui ont marqué notre vie démocratique est un lieu d’histoire, mais aussi, peut-être, pour les millions de Français qui attendent beaucoup de nous, un lieu d’espoir. En ce lieu sacré de la représentation du peuple français, de l’expression de la volonté nationale, vous voir réunis côte à côte, par ordre alphabétique, au-delà de toutes nos divergences, est un symbole d’unité française.

Ce symbole touche l’enfant d’une France d’ailleurs que je suis, arraché à sa terre natale et drossé sur les côtes de Provence par les vents de l’histoire en 1962. J’ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d’amis. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie... Pardonnez mon émotion, je pense à mes amis que j’ai laissés là-bas (applaudissements).
Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie par le sentiment d’abandon et les périodes de déchirement. Comme nous tous, je n’en doute pas, je sais combien cette exigence d’unité française est nécessaire, notamment dans les temps complexes que nous traversons. J’émets le souhait, mes chers collègues, qu’elle éclaire nos débats et inspire nos décisions.

Sur décision du peuple, une assemblée profondément renouvelée s’installe.
Chacun ne pourra que se féliciter que la sagesse du corps électoral ait pu venir compenser la brutalité d’un mode de scrutin qui a parfois fait naître chez certains Français l’amertume de ne pas être représentés. Les courants même minoritaires sont toujours utiles à la richesse d’un débat démocratique ou à l’émergence de nouveaux thèmes dans le débat public. Mais nous ne devons pas oublier qu’en choisissant l’abstention, nombre de compatriotes nous appellent certainement encore à une réflexion sur la représentativité politique et la démocratie sociale.
La configuration politique de cette assemblée nous fait vivre une situation presque inédite dans l’histoire de la Vème République, avec une représentation nationale appelée à prendre une place plus centrale.
Sans méconnaître ni l’expression de nos convictions propres, ni les passions légitimes qui animent chacun d’entre nous, cet hémicycle est un lieu où doit vivre le débat ; et sans perdre de vue le sens du mandat que nous ont confié nos électeurs, il nous appartiendra de trouver les voies et les moyens pour œuvrer collectivement pour le bien du pays et dans l’intérêt des Français, notamment des plus modestes et vulnérables d’entre eux.
Permettez-moi, au seuil de cette législature, d’émettre le vœu que cette situation politique particulière développe l’écoute, le respect et le dialogue, plutôt que l’invective, la confrontation stérile et les anathèmes ; qu’elle contribue à réconcilier les Français avec la politique et avec les politiques ; qu’elle permette à chacun de redécouvrir à cette occasion l’utilité du débat et de la décision politiques pour l’amélioration de la vie quotidienne de tous.

Je nous souhaite d’être des législateurs audacieux et fructueux ; à chacun d’entre vous, je souhaite le meilleur dans l’accomplissement de son exaltante mission et je forme, pour notre patrie, des vœux de belle et grande réussite.
Vive la République ! Vive la France !
(applaudissements)

mardi 28 juin 2022

Au mur, les cons !

affiche de campaggne EnMarche
Non, non, il ne s'agit pas du tableau syndical se moquant des plaideurs contre la misère du monde importée, pas plus que du mur sacré des Fédérés, quoiqu'on pourrait bien le repeindre afin d'y présenter, les yeux bandés, le motif de notre juste courroux ; non, il s'agit de nous, de vous, de moi ! Les cons, c'est nous ! Même pas circonvenus, trompés à l'insu de notre plein gré, on nous aurait menti ? tiens, d'ailleurs c'est de ça qu'il s'agit : de la morphine démocratique, du dopage républicain d'un peuple immature qui va payer, cher, très cher, sa connerie. Tout part de là, le peuple est souverain, on est en France, et s'il est con, il l'est souverainement.

Parce que tous ces mecs qui se pavanent à nos frais sous les ors de la République, les fesses en arrière et le menton levé, n'ont pas pris d'assaut le Capitole ! Pas du tout ! Nous les y avons mis !

Bruno Lemaire s'émeut de la remontée des taux. Parce qu'il est intelligent et informé - ça ne va pas toujours ensemble - il prend au sérieux le prix de pension du 10-ans français qui, tel le cordeau détonnant de la pyrotechnie financière, va renchérir l'abondement hebdomadaire au tonneau des Danaïdes de la dépense publique française. Les caisses sont vides, toutes, les comptes sont en rouge vif, et les peigne-culs de l'Elysée projettent de se maintenir aux commandes en tirant des chèques en bois sur notre capacité d'emprunt afin d'apaiser le peuple qui a eu l'imprudence de les élire, eux et tous ceux qui sont arrivés en 1981 et par après, dans les fourgons de la Gauche plurielle ; fameuse gauche dépensière à compte d'autrui qui va bien plus loin sur les bancs de l'Assemblée que la gauche certifiée, autrui étant - selon la formule de Royal-Artillerie - nos enfants et les leurs, si ce ne sont ceux qui naîtront de tous ceux qui ne sont pas nés encore ! Nous sommes la civilisation du hamac qui détruit son futur. Les générations montantes devraient s'en saisir pour prendre les commandes. Par les urnes ? De force ?

Par les lanternes !

Les Cassandre habituelles vous ont déjà expliqué comment mourir à crédit, les Marc Rousset, Charles Gave, Charles Sannat et tant d'autres nous promettent des journées noires, longues comme des semaines, longues elles comme des mois ! Auxquels on avait coutume de répondre qu'un pays comme la France, adossé à un capital aussi fabuleux que le nôtre ne risquerait jamais de perdre la confiance des agences et des marchés. Nous n'étions pas l'Argentine, merde ! Sauf que... nous n'avons plus d'industrie et donc nous n'arrivons pas à vendre aux autres ce qui nous permettrait de payer nos importations de biens mais d'énergie d'abord, parce que nous n'avons pas non plus suffisamment d'énergie, notre agriculture est au péril du déclassement, à ce que disent les chambres d'agriculture ; et nous n'avons pas d'armée digne de ce nom. Avec trois jours de munitions nous faisons rire. L'hôpital public est à la ramasse, les infirmières le fuient en nombre, et notre système public d'éducation n'est pas mieux, on embauche des cloches pour faire l'effectif minimal enseignant (écoutez Brighelli).
S'ajoute au tableau de calamités la nouvelle tripolarisation du territoire politique qui rend le pays et pour longtemps ingouvernable ! Pourquoi les institutions financières étrangères prendraient-elles nos bons du Trésor à vil prix ? Nous allons les placer aux taux italiens avant l'automne, bien plus cher donc, et encore l'Etat italien n'a pas de déficit primaire comme nous-autres ! Les zinzins acceptent nos bons parce que l'Etat français a la réputation de faire rentrer l'impôt facilement. Avec un peuple de veaux, c'est facile. Mais si les fermentations sociales attisées par les désordres parlementaires déclenchent l'insurrection générale, le consentement à l'impôt disparaitra avec elle, et la confiance de nos prêteurs aussi ! Nous entrerons en division 2, celle des pays à risque. Et le roi Macron sera nu, son pouce dans le cul !

jeudi 23 juin 2022

Minus inter pares

Les danseurs mondains faisaient valser les femmes finissantes sur des musiques languissantes dans toutes les villes d'eau d'Europe occidentale au mois de juillet 1914. On avait bien tué un archiduc d'Autriche le mois précédant celui-ci, mais dans un pays si paumé que ça ne prêtait pas à conséquences. Puis en trois tours de manivelle on démarra la guerre continentale qui allait devenir "Grande" par le jeu des alliances imprudentes. C'était le 3 août. Personne ne l'avait vue venir, sauf peut-être chez les services d'espionnage, tous les contemporains s'accordaient sur ce point. "Tac tac badaboum ! Ça allait swinguer dans les nuées", des morts par millions.

En ce mois de juin finissant, j'ose espérer que les tenants de la défaite russe à outrance qui comptent sortir Poutine de sa trajectoire paranoïaque avant qu'il ne fasse sauter le bouchon de champagne nucléaire, ont toutes les billes et les synthèses offrant la certitude d'une queue de trajectoire favorable. Partant du principe que "nous" ne savons rien de significatif - ce sont des super Cray-One qui tournent au Pentagone - nous sommes conviés à nous en remettre à l'expertise des professionnels de la profession ; qui eux savent déjà où sont les points "omega" du colonel Goya. Les facteurs de l'équation sont trop nombreux pour que nous les intégrions dans un essai de synthèse et chacun de vous les connaît déjà. Nous n'entrerons pas en polémologie. Mais si ça foire ?

L'hypothèse B est que la pègre de sociopathes qui sévit au Kremlin décide de ne pas perdre la guerre déclarée, jusqu'à transformer la Fédération de Russie en gigantesque terrain de défense opérationnelle, dut-elle revenir deux siècles en arrière en acceptant la ruine de son économie marchande, au prétexte d'éternité imparable de la nation. Mais c'est peut-être là que pêche le chat : comme son nom l'indique, il y a beaucoup de nations dans la Fédération que nous allons citer pour faire savant, et pour comprendre que tout le monde ne se lèvera pas au coup de sifflet du petit Csar, planqué dans son bunker, le jerrycan d'essence dans l'armoire : Adyguès, Arméniens, Altaiens, Kazakhs, Bachkirs, Tatars, Tchouvaches, Bouriates, Caréliens, Finnois, Darguines, Avars, Lesghiens, Koumiks, Lacks, Tabassarans, Azéris, Yakoutes, Kabardes, Balkars, Kalmouks, Karachaïs, Tchékesses, Abazes, Khakasses, Komis, Maris, Mordves, Oudmourtes, Ossètes, Géorgiens, Tchétchènes, Ingouches et les slaves russes, ukrainiens et biélorusses, les plus nombreux. Pour faire simple, il y a aussi des minorités au sein de la République de Russie. La Russie est un vaste pays multiethnique, multilingue, multiculturel et multiconfessionnel, composé de plus de cent soixante-dix nationalités établies dans ses frontières et beaucoup de sous-groupes autochtones réputés peu importants par Moscou (+). Vous vous demandiez pourquoi Poutine n'avait pas déclaré la mobilisation générale ? Pour une guerre sans but, dans laquelle aucun agresseur n'a pénétré le territoire de la Sainte Russie sans en montrer non plus l'intention ? La mosaïque peut se briser, le puzzle impérial se défaire. On en a vu d'autres.

Nous sommes au seuil de trois guerres chaudes : la guerre russe, la guerre de la farine, la guerre climatique. Impréparés comme nous le sommes, ce n'est pas le moment de convoquer des miquets à la passerelle. Or c'est bien ce que le peuple français a laissé faire. Revenons donc chez nous.

Jeudi 30 juin, M. Macron rend les clés du camion "Europe". Après son semestre à nul effet, ses déboires électoraux et sa molle réaction - en avoir ou pas - il redevient minus inter pares avec le stigmate du double-jeu dans l'affaire d'Ukraine où la France ne pèse rien, sauf par les mots, malheureux parfois. Puis il y a la pose condescendante, la main protectrice sur l'épaule du président Zélensky, lors du voyage des quatre dirigeants européens à Kiyv. Toute l'Ukraine, et les pays de l'Est qui se saignent aux quatre veines pour founir de l'armement et accueillir des réfugiés en nombre, ont vu cette tartufferie ! Volodymyr Zélensky est un chef d'Etat, ô combien, mais notre yuppie national ne le perçoit pas comme tel, qui se prend pour l'assurance-vie d'un vrai chef de guerre au charbon, lui, 7/24. Heureusement que l'Ukrainien a souscrit des contrats chez d'autres compagnies plus sûres. Pour qui se prend M. Macron ? Quelque modèle d'in-fini.

lundi 20 juin 2022

Macron brise la glace

Macron
Comme Jésus marchait sur l'eau du lac de Tibériade, Emmanuel Macron marchait sur le plafond de verre du front républicain. Il est passé à travers !
C'est sa pratique de la fonction qui a aminci la glace au point qu'elle se rompe. Le Rassemblement national est entré à la chambre basse du parlement, et sans doute pour longtemps. Le vieux Menhir en avait rêvé, sa fille l'a réalisé.

Menacé de calamités, méprisé, battu et moqué, la moitié du corps électoral a envoyé une assemblée plus représentative du pays, autant du moins que le mode de scrutin trafiqué au bénéfice des sortants au prétexte de majorité, l'a permis. L'autre moitié de ce corps a abandonné toute illusion électorale (+).

Ce qu'il se passera demain dans la production des lois de la République ne sera pas différent de ce qu'il se passe chez tous nos voisins. Notre exception démocratique (visant à atténuer la celticité de nos intérêts locaux) se fracasse sur le Mécontentement général. Mais la condescendance, le mépris, l'arrogance jusqu'à l'insulte du président n'ont pas peu fait pour ruiner la clef de voûte du régime : une majorité obéissante. Son ressemelage devient inutile. Le processus législatif basé sur "le bloc permanent" devient inopérant - la garde-chiourme Ferrand-Castaner est déjà débarquée - et nous allons assister aux fractures politiques habituelles entre les vizirs potentiels, coalisés jusqu'à hier. La majorité présidentielle devrait éclater en trois groupes, dont celui d'Edouard Philipe déjà en selle pour 2027. La coalition hétéroclite du cartel des gauches va en faire autant, aidée en cela par les divergences internes non pontables. Voici de gauche à droite les cartes à jouer probables par groupes (les deux seuils importants sont à 15 et 60 députés) :
  • PCF : 12
  • LFI : 72
  • EELV : 26
  • PS : 23
  • LREM : 170
  • Rad. : 3
  • MoDem : 46
  • HORizon : 26
  • UDI : 3
  • LR : 61
  • RN : 89
  • Solde et divers : 46
C'est maintenant que va apparaître d'une part l'incapacité génétique de M. Macron a négocier en continu, et d'autre part l'inutilité d'un premier ministre-collaborateur aux ordres comme Mme Borne. Il va falloir plus de finesse en politique que la caporalisation qui a prévalu jusqu'à hier ; et comme l'intelligence à Matignon deviendra vite insupportable au locataire de l'Elysée, cette chambre sera dissoute à la rentrée après le gros échec annoncé de la réforme des régimes de pensions. A l'issue de ces quatre tours électoraux, on notera la mort de tous les traîtres, à la notable exception de l'inoxydable Eric Woerth. Marion Maréchal peut se reconvertir, elle appartient au passé. Pour finir, une mention spéciale pour Jordan Bardella qui a montré tout au long de l'exercice une maturité politique rare à son âge, exprimée clairement dans une dialectique posée et articulée. Tiens, personne n'a parlé de restaurer le roi. Reste à jauger la perte d'influence dans les enceintes européennes d'un président français battu. Le tour français s'achève le 30 juin, la Tchéquie lui succèdera avec un agenda très différent ; puis ce sera la Suède, membre influent de l'Europe sérieuse agacée. Que du bonheur pour les cigales !

samedi 18 juin 2022

Pays réel vs. pays rêvé

Spécial royco. Pour une simple réflexion dans l'article de Royal-Artillerie sur le premier tour des législatives (clic), doutant de la pertinence à valoriser les candidats du parti Reconquête!, que je qualifiais d'obsédés par l'islam, s'est levée une objection parfaitement naturelle qui dénotait un décalage entre le pays tel qu'on l'aime et le même tel qu'il est réellement. J'ai répondu qu'on ne pouvait faire une thèse dans un commentaire, mais à la réflexion, envoyons la thèse.

Le pays France d'aujourd'hui, un 18-Juin en plus, n'est plus dans cette citation de Charles de Gaulle : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Sinon la France ne serait plus la France ! » Ben oui ! La France - comme bizarrement tous ses voisins européens - ne répond plus aux critères de race et de religion. Elle a subi la pression démographique du tiers-monde cherchant à se sauver de la misère et comme aucune nation n'est étanche, pas même la Corée du Nord, des races extérieures à l'ethnographie traditionnelle du pays de destination se sont infiltrées dans la pyramide française des âges, ce qui en soi n'est pas une calamité, surtout s'il s'agit de la réflexion d'un chrétien. Justement, la religion chrétienne n'est plus majoritaire en France, essentiellement par une dépression de la foi plus que par l'importation de cultes étrangers. La déchristianisation a commençé à la Renaissance quand les clercs sont revenus à l'antique, et elle s'est poursuivie en pente douce jusqu'à aujourd'hui sans qu'il soit possible de la freiner. C'est l'âme humaine qui se libère et contre ça nul ne peut rien : Nietzsche qualifiait prêtres et sorciers de "faux monnayeurs" et quand le doute métaphysique s'installe, la conversion devient impossible. Ce qui signifie qu'emprunter la voie de la rechristianisation du pays pour accéder à la royauté revient à entrer dans un tunnel qui ne débouche pas. Jean Raspail liait les deux pour déplorer l'impossibilité d'aboutir. Il noya ses désillusions dans l'écriture de magnifiques romans. Alors si ce pays n'est plus celui du général De Gaulle, quel est-il donc ?

- Vaimalama Chaves, Miss Tahiti 2018, Miss France 2019,
sur une chanson de Henri Salvador -


Curieusement il est toujours et encore celui de Joachim du Bellay : "France, mère des arts, des armes et des lois". Et ce malgré les hordes noires que redoutait Charles Maurras ! Toujours et encore le plus beau pays du monde ; un monde en réduction, des montagnes aux plaines, à la mer, le finistère européen et pour finir, pays du meilleur pain et du meilleur vin, pays du luxe et des avions, pays de l'élégance féminine et de l'esprit français. Il suffit de le patrouiller en tous sens - comme le fit Jean lassalle par exemple - pour s'apercevoir qu'à l'instar de la Rome antique ce pays fonctionne par ses nègres. Ce n'est pas d'une couleur qu'il s'agit mais d'un statut social. Non européens les qualifierait mieux, aliens serait désobligeant, ils sont partout. Absolument, jusque dans l'infanterie. Ce n'est donc pas la peine d'énumérer les activités les plus pénétrées puisqu'ils sont partout. En passant, relevons que l'ubérisation de l'économie a plus fait pour une population exogène en déficit d'accession à l'emploi que tous les plans banlieues réunis.

Quand donc le royaliste actif va-t-il intégré cette réalité d'un pays réel différent du pays rêvé de son enfance, pour les plus âgés ? Et pour les royalistes doublement puisqu'ils le raccordent à une époque pas moins rêvée ; comme le disait une fois Gérard de Villèle avec d'autres mots peut-être mais pour l'essentiel ceci, parlant de l'Ancien régime : ils exaltent une époque qu'ils n'ont pas connue ailleurs que dans des livres et le plus souvent des livres hagiographiques. La citation de Talleyrand vantant la douceur de vivre de l'Ancien régime s'applique-telle à sa classe sociale ou à l'ensemble de la population française ? La réforme fiscale indispensable à la pérennité du royaume, mère de tous les désordres dès qu'elle fut annoncée, était-elle praticable en l'état des pouvoirs exclusifs remis au roi en ses conseils de privilégiés ? Il est légitime de questionner le roman royaliste comme de rappeler que Louis XIV avoua sur le tard avoir négligé le prix exorbitant de ses guerres sur le peuple ; que les armées de Louis XV furent incapables de conserver l'héritage pendant que celui-ci s'étourdissait avec les filles-de-rue du Parc au Cerf. A la fin de leur trajectoire, « les Capétiens avait achevé de détruire le Moyen Âge, lentement, patiemment. Sortis des entrailles de la féodalité un pressentiment secret leur disait que cette œuvre était un suicide¹ ». Est-ce pour cela que Louis XVI ne s'est pas battu contre la Révolution ? Instruit, très instruit, il savait que l'omnipotence royale était de façade et n'avait plus d'appui dans la nation, que les régiments fermentés par les idées nouvelles n'étaient pas commandés, ce que la mutinerie des Suisses de Nancy se chargea de lui prouver. Le césarisme exacerbé par le roi-soleil avait déchiré le tissu cadastral de la féodalité décentralisée par essence pour le plus grand malheur du pouvoir central. Il aura suffi de prendre le Château pour saisir tout le royaume. Le centralisme inséparable du despotisme obérait toute résistance des corps constitués contre un peuple insurgé. Il y a plein de questions pour remettre les choses à l'endroit et baliser une future restauration. Parce qu'il faudra bien y arriver un jour à cette restauration monarchique pour sauver le peuple qui habite ce merveilleux pays des démons de la Bêtise.
(1) Boiffils de Massanne, 1869


C'est pourquoi chez Royal-Artillerie la monarchie est un principe, rationnel, démontré. On n'y tombe pas en pamoison ; il n'y a pas de miracles en attendant le Mérovingien caché (quoique !). On ne prend pas les décorations ou les titres au sérieux, ni les ordres de chevalerie, ni les prétendants-de-naissance. L'agnosticisme fait le reste. « Le roi est la clef de voûte idéale puisqu'il pérennise l'idée de Nation, l'incarne toute et la domine. Il sert de repère fixe dans les périodes de tumultes, apaise les contentieux, recherche le bien de chacun et de tous, et par éducation, est au fait de la chose publique très tôt dans sa vie. La charge de roi accumule l'expérience nécessaire à l'exercice de sa fonction pendant une période plus longue que la seule vie du titulaire au moment. Le roi dont le souci premier est le legs d'un héritage toujours mieux consolidé n'est prisonnier d'aucun dogme, d'aucune idéologie, d'aucune loi supérieure à celle qui le sacre. Le roi est enfin la garantie d'un rajeunissement périodique de la clef de voûte nationale quand s'ouvre sa succession. Le modèle est naturellement évolutif » (cf. page "à-propos" de Royal Artillerie).

L'intention du blogue est de donner le plus de billes possibles pour aboutir - c'est le but du dossier de rénovation qui exige sa mise en chantier dans le pays tel qu'il existe en vrai et pas sur le chromo délavé d'une France disparue. Les monarchistes réalistes, comme ceux de SYLM, de Royauté-News et Royal-Artillerie à l'occasion, ne sont pas seuls dans le microcosme. Ils partagent bien des évidences et surtout une grande fatigue à voir certains royalistes nier le réel pour s'exalter en incantations solitaires, les deux pieds dans le tub d'eau bénite. Pour le Groupe d'Action Royaliste (GAR) Jean-Philippe Chauvin a publié un texte très court mais essentiel sur ce pays réel² qui risque bien de ne pas coïncider au pays des royalistes. Le voici in extenso, sans sa permission et il terminera cet article :
(2) In memoriam "pays réel, pays légal" de Charles Maurras.


cul de lampe

L’on ne fera pas la Monarchie sans les Français !


« Un royaliste conséquent doit refuser le fatalisme comme la facilité ou le dilettantisme : il doit bien plutôt privilégier, pour un militantisme efficace et convaincant, "la recherche, la discussion, l’action", sans méconnaître les enjeux du moment et les perspectives du lendemain, et il doit saisir les opportunités qui se présentent, non par démagogie mais par discernement. Si le royalisme n’est pas un "dîner de gala", il ne doit pas être non plus un repoussoir pour nos concitoyens : la bonne tenue des royalistes dans la société française (ce qui ne signifie pas leur ralliement aux principes de la société de consommation, si peu sociale dans ses applications) et leur capacité d’écoute du "pays réel" dans toutes ses particularités, y compris parfois les plus dérangeantes, n’est pas, pour autant, l’abandon d’une certaine rigueur politique et intellectuelle, mais la mise à portée des idées monarchistes à un nombre suffisant et satisfaisant de nos concitoyens et la possibilité d’un consentement démocratique à la proposition royale pour la magistrature suprême de l’État par une large part du corps social et électoral de notre pays.
Car l’on ne fera pas la monarchie contre les Français, mais bien avec eux ou, du moins, sans leur hostilité : dans l’ordre chronologique et stratégique, la royalisation des forces vives de la nation, de celles qui entraînent les autres, apparaît bien comme cette nécessité qu’il faut reconnaître et assumer pour établir dans de bonnes conditions et durablement la monarchie à la tête de l’État…»
JPC le 23 mai 2022 pour le GAR


village de Curemonte

mercredi 15 juin 2022

Dimanche, dérailler le train !

Emmanuel Macron en TGV
Sans bilan auquel s'adosser, sans campagne présidentielle, sans campagne législative, monsieur Macron croit dur comme fer que les EHPAD de la République vont lui donner la chambre mauve qui le sauvera du compromis humiliant. Le despotisme mal éclairé du patchwork d'Ensemble! doit être barré d'accès, sauf à verser le pays au ravin, à commencer par le ravin de la dette abyssale. Pour ce faire, pas une voix ne doit aller à un candidat de la majorité présidentielle, mais s'il y a une possibilité de ne pas voter pour La France insoumise (bien vérifier les allégeances au sein de la Nupes), saisissez-la. En cas de duel Ensemble!-LFi, saisir les gaules et partir aux esches.

Approfondissons un peu. Touter majorité relative des partis macroniens ruinera l'omnipotence jalouse du narcisse de l'Elysée. Il s'est plu à gouverner cinq ans dans le secret des soupentes du Château ou au milieu du cercle étroit des conseils de défense ; dans l'entre-soi des copains et assistants dévoués à sa personne plus qu'à sa fonction. Il ne supportera pas les rebuffades des oppositions prêtes à négocier leur visibilité au Palais Bourbon dans l'optique d'une législature écourtée ; parce qu'il est impensable que le mari de Brizitte supporte longtemps que soient brisés sur les bancs de l'Assemblée ses "visions européennes" et ses caprices d'enfant gâté.

Quelle sera la situation du pays ce lundi 20 juin ?

Les dix plaies d'Egypte ! A commencer par un budget primaire de l'Etat fortement entamé par la remontée des taux d'intérêt des bons placés chez nos prêteurs. Le taux français à 10 ans est passé au-dessus des 2,5% (Italie à 4%). L'arbitrage entre la gabegie sociale et le service de la dette ne pourra que lever un fort mécontentement dans le pays, autant que le groupe bolivarien de liquidation de l'économie libérale sera puissant à l'Assemblée nationale.

Les faibles marges de manœuvre de Bercy seront annihilées par les déficits augmentés partout (commerce extérieur, pensions, sécurité sociale) soit par la remontée des taux soit par le débondage de promesses électorales visant à contenir les mécontents chez eux. Mais même avec de l'argent, il n'est pas sûr que les gens s'apaisent. Le pays se détourne du pouvoir (70% d'abstention sur la classe d'âge 18-35) qu'il juge coupable en tous domaines, même ceux dans lesquels il n'est coupable de rien ou si peu. Augmentation du prix du caddy, hausse du plein, hausse des loyers, hausse de tarif des services contraints lourdement taxés (eau, gaz, électricité, fuel domestique), hausses des prix de transport... et de "tout le reste" ! La chose est entrée dans les têtes et il ne sert à rien de sortir des chiffres officiels contredisant ces assertions-réflexes, la messe est dite. S'y ajoute la révélation que nos armées ne font pas le poids dans le monde des grands. En quarante ans, nous avons perdu toute la masse critique de la puissance militaire nécessaire à nos engagements, mais pas la masse de képis étoilés. On en voit même devant la caméra de BFMTV pour un chien écrasé quand notre armée mexicaine a trois jours de munitions devant elle en combat intensif. Alors les gens n'écoutent plus les politiques et ne croient plus à rien, sauf à eux-mêmes !

Avec seulement vingt pour cent des inscrits avec lui au premier tour de la présidentielle, et 12.5 % aux législatives, que va faire notre Mickey national devant l'effondrement de sa crédibilité ? Le paon ! la roue ! Au CNR et dans tous les Ségur, Grenelle, conventions citoyennes et autres happenings destinés à noyer les revendications sous des promesses intenables sans argent ? Une majorité simplement relative à la chambre basse sera une terrible punition. Il faut arrêter le train Macron avant qu'il ne percute l'insurrection qui vient !

lundi 13 juin 2022

Munich !

Ce billet pourrait être le deuxième d'une courte série entamée par celui du 30 mai 2022 (clic), et qui s'achèvera au soir de la capitulation négociée de l'Ukraine.

La dernière analyse tactique du colonel Goya (clac) laisse comprendre que la guerre statique s'installe en Ukraine, prélude à un conflit prolongé, aussi longtemps que les ressources russes et américaines pourront y être versées. De part et d'autre on creuse tout en protégeant ses lignes logistiques. Les prises de cotes exigent des semaines. C'est Verdun tous les jours et la guerre de 1915-1917.

Ce qui me met la puce à l'oreille est la visite annoncée à Kiev des trois fées Carabosse européennes ayant déclaré qu'il ne fallait pas humilier Vladimir Poutine : Olaf Scholz, Emmanuel Macron et Mario Draghi. Que ne vont-ils à Moscou sommer Poutine de cesser le chantage aux grains qui met en péril l'alimentation de pays très peuplés en lui commandant d'ouvrir la mer aux convois. Bien sûr ils essuieraient un refus du csar buté, au prétexte des sanctions commençant à ruiner son économie de bric et de broc. Mais le message, double, serait entendu clair et fort à la FAO et chez les pays dépendant des céréales ukrainiennes :
- la Russie et l'Occident vont les laisser crever ;
- mais la Russie en crèvera derrière ; elle deviendra la planche pourrie sur laquelle le Sud ferait bien de ne plus s'aventurer !

La démarche aurait eu plus de poids si le premier ministre anglais, quel qu'il soit, avait rejoint les continentaux ; mais la visite est à Kiev, pas à Moscou. Si Boris Johnson n'y va pas, c'est qu'il organise le front du refus de capituler avec les anciens pays de l'Est et la Scandinavie en soutenant manu militari l'effort de guerre ukrainien. Contrairement à cet investissement dans l'effort prolongé - qui rappelle celui de Winston Churchill abandonné à son sort par la France en juin 40 mais qui releva l'affront dans l'honneur et vainquit - ces messieurs raisonnables nous font irrésistiblement penser à Daladier, Chamberlain, auxquels se serait joint le Comte Ciano. Il ne s'agira pas moins que de vendre au président Zélensky la perte du Donbass, de la mer d'Azov et l'abandon du rêve criméen en échange de la neutralité d'un nouvel Etat ukrainien diminué certes mais conservant un accès à la mer (comme l'Irak du Foreign Office). C'est d'ailleurs ce que la diplomatie de Kiev avait grosso modo proposé le mois dernier à Istanbul à la partie russe en remaniant les Accords de Minsk. La procédure éviterait l'humiliation du capo russo di tutti capi ! Et après ?

poutine cible

L'équation suivante n'a que deux facteurs : l'état de santé de Poutine ; l'état de calamités de l'économie russe.

Le petit csar va-t-il crever ?
Sa succession sera normalement violente comme dans les familles de la mafia sicilienne. Il n'empêche qu'un nouveau chef de famille rebattra les cartes et qu'il faut moins s'attendre à un doctrinaire qui prolongerait la mission évangélique de Poutine que d'un chef de clan plus impitoyable que ses concurrents pour garantir ses intérêts.

L'arrière va-t-il tenir ?
La doxa veut que le peuple russe soit inépuisable dans sa résistance au malheur. A ce qu'on voit, cette résilience semble moins sûre à l'ouest de l'Oural et dans les grandes villes occidentalisées. En Sibérie et en Extrême-Orient on ne sait pas, jusqu'à ce que la mobilisation générale soit décrétée par un état de guerre. Nonobstant l'enthousiasme relatif et toujours mis en scène par les chaînes du pouvoir - il n'y en a pas d'autres - l'économie russe a dépassé le stade de l'érosion et entame celui de la ruine. Certes, il entre encore beaucoup d'argent que rapportent les exportations d'énergie, mais tout cet argent est versé dans le tonneau sans fond de la guerre, dans le marché noir international de la rechange et, bien sûr, dans les comptes de l'oligarchie et la corruption endémique du complexe militaro-industriel. L'économie civile n'en voit rien. Les "marques" ont disparu, les flottes de taxis se réduisent faute d'entretien, on commence à démonter de vieux avions pour réparer les plus récents, il y a de moins en moins de choses à acheter dans les rayons alimentaires et non alimentaires ; les ventes d'automobiles ont dégringolé de quatre-vingt pourcent. Chômage agravé, baisse du revenu distribué par une économie qui ralentit, consommation rapide de l'épargne des ménages ; à l'heure d'Internet on ne peut pas être sûr de cette fameuse résilience russe. L'autre surprise est plus inquiétante pour le pouvoir russe :

Après de grandes déclarations de fraternité à la vie à la mort, la Chine populaire n'intervient pas, même si elle nourrit le marché noir de la rechange et des règlements internationaux. On dit que Xi Jinping a très mal pris le fait d'avoir été baladé en février 2022 comme n'importe quel chef d'Etat occidental quand Poutine masquait encore ses intentions offensives. Dans la phase de crédibilité du parti écornée par la gestion du Covid-19 et avant le XXè Congrès, le gouvernement chinois ne souhaite pas indisposer les nations occidentales plus que de raison. Aussi la Russie ne bénéficie pas d'un contournement chinois des sanctions occidentales. Et cela fait une grosse différence même si Poutine n'est pas intéressé par l'Intendance.
Ce que produira l'effondrement économique de la Russie est un mystère. Bravo aux experts qui peuvent faire dix minutes sur un plateau avec un seul verre d'eau.

Il en est un qui parle peu souvent mais quand même : Hubert Védrine rejoint le président Macron pour combattre et parler. Mais il avoue que son intuition lui susurre qu'il n'y a jamais eu d'agenda diplomatique à Washington et que la guerre russe d'Ukraine a été retournée nommément contre Vladimir Poutine lui-même, dont le Pentagone et le Département d'Etat veulent se débarrasser. Auquel cas, la situation tactique deviendrait secondaire si la guerre durait assez longtemps pour disloquer le Kremlin après avoir ruiné l'économie russe. Malgré ses milliers d'ogives nucléaires, la Russie post-communiste serait effectivement ramenée à un statut régional, son pouvoir de nuisance partout ailleurs étant fort amoindri par la stérilisation de son économie domestique. Quant à l'Ukraine ? Oui, bon, l'omelette, les œufs...

jeudi 9 juin 2022

Doit-on voter dimanche ?

Par principe, non ! La chambre de godillots, obtenue par trucage du scrutin, est sortie de l'épure constitutionnelle qui lui octroie la souveraineté par délégation du peuple, pour faire de l'enregistrement automatique des projets de loi de l'Exécutif ; pis encore, le président réélu qui semble n'avoir d'autre projet quinquennal que lui-même, lui ôte sa fonction de production intellectuelle en créant parallèlement un Conseil national de la Refondation (CNR ! c'est ambitieux et putassier à la fois), énième leurre narcissique destiné à agiter le tapis médiatique au bénéfice de l'image projetée dans sa page d'histoire !
Utilement, oui ! C'est ce que nous allons voir :

Nous avons besoin d'un parlement pour entériner la réforme plus que jamais nécessaire de l'Etat. Mais les jeux de pouvoirs de la Vè République et sa dérive autocratique nous amènent à considérer qu'une chambre basse sans majorité absolue est la meilleure protection des citoyens devant les délires élyséens. Il faut donc passer entre les partis idéologisés qui souffrent tous du syndrome hégémonique et favoriser les personnalités de caractère et de bons sens.
Pas une voix ne devrait aller aux partis de la "majorité présidentielle" (Ensemble!) pas plus qu'aux partis rassemblés de la gauche soumise à M. Mélenchon, dont le programme bolivarien est annoncé partout comme une calamité. Voter sinon pour d'autres candidats parce qu'ils sont investis par des partis comme LR, Reconquête! ou RN ne servira à rien. LR est un syndicat de sortants sans idées neuves ; RN est le ramas des mécontents primaires et n'a pas montré d'innovation programmatique ni au Palais Bourbon ni à Strasbourg ; Reconquête! n'ira pas plus loin que son obsession islamique qui ne peut déboucher sur une reconquista, c'est trop tard.
C'est donc dans chaque circonscription qu'il faut choisir l'honnête homme dont le pays va avoir besoin sur les bancs de l'Assemblée. Et tout motif est bon s'il exclut les deux groupements de partis précités (Ensemble! et Nupes).

Le maire de ma commune se présente. C'est un bon maire, jeune juriste, qui a su gérer l'héritage explosif d'une gauche plurielle endettée par corruption partisane (il fallait financer le PSU). Il ne se pousse pas du col et me connaît dans la foule, c'est un politique adroit, l'honnête homme dont j'ai besoin à la tribune de l'Assemblée. De plus, sa qualité de député-maire l'aidera à défendre les intérêts municipaux au sein de la communauté urbaine. J'ai donc un choix facile et j'en profite.

Rappelons à ceux qui ont la chance d'avoir un candidat lassallien dans leur circonscription qu'ils n'ont pas besoin de réfléchir longtemps comme nous le disions ici. Ces gens authentiques sont dans le vrai. Ajoutons pour finir que les pitreries de voter blanc ou nul ne servent à rien sauf à compliquer le dépouillement bénévole. Autant aller à la pêche au silure !

silure de la Loire

mercredi 8 juin 2022

L'Allemagne réarme

Gepard allemand
L'état critique des forces de défense de la République fédérale, au moment de compter ses billes dans l'affaire d'Ukraine, a conduit la Chancellerie et le Bundestag à programmer cent milliards d'euros à la reconstruction d'une armée crédible. Contrairement à ses partenaires européens moins bien dotés, l'Allemagne dispose d'usines d'armement lourd en capacité de fournir des équipements avancés dans les quantités souhaitées. Il suffit à la Bundeswehr et à la Deutsche Marine de passer commande, et tournent les machines-outils ! Pour la Luftwaffe c'est plus compliqué car les productions sont en coopération internationale, mais ça peut le faire en intégrant des programmes européens ou américains avancés. On devine que les usines françaises seront impactées à des degrés divers, char de bataille, avion du futur, pour lesquels nous allons entrer en concurrence avec le reste du monde, appâté par ce budget phénoménal adossé à une économie performante et à des financements sûrs. Pour peu que les effectifs servant ces armes soient incorporés en nombre, à la fin de cette décennie, l'Allemagne disposera d'une puissance lui permettant de revenir sur son axe impérial traditionnel : Rhin-Main-Danube-Bosphore. Elle sera la première armée continentale d'Europe occidentale ; et elle aura les félicitations de Washington en laissant apercevoir une prise en charge euro-allemande de l'effort de défense, soutenu jusque-là par les contributions américaines. Il serait étonnant qu'à terme la Chancellerie de Berlin n'instrumentalise pas sa nouvelle puissance dans le compartiment géopolitique qu'elle avait jusqu'ici très modérément investi au regard de son poids économique. Quelqu'un dans la salle voit-il d'autres conséquences ?

Prenons l'affaire par l'autre bout. Le peuple allemand est pacifiste dans l'âme, et le chancelier Gerhart Schröder l'a démontré en 2003. La Deutschland AG l'est aussi, qui multiplie ses concessions automobiles à mesure que cessent les guerres ci et là. Mais depuis... Rossbach (1757) les capitaines de l'industrie teutonne ont une aversion particulière pour l'arrogance militaire française, ce qui explique en partie les difficultés des programmes bilatéraux. Or, le projet macronien de défense européenne, s'il se heurte au scepticisme de tous les pays de l'Est, révulse tout pareil l'âme prussienne qui dort dans leurs usines d'armement. Le programme allemand de réarmement donne à l'industrie allemande et au-delà d'elle, à la classe politique allemande, l'argument décisif pour se soustraire au majorat français proclamé urbi et orbi depuis Paris. A échéance de dix ans, la Bundeswehr mangera sa tagesuppe sur notre tête, question de moyens budgétaires. La fable de l'entrée en premier des armées françaises sur tout théâtre d'opérations extérieures se fracasse sur nos capacités réelles de guerre intensive contre un ennemi à parité. Oui, nous entrons partout en Afrique mais pas si longtemps tout seuls. Nous sommes confinés au combat d'alliance, qui nous ôte toute supériorité tactique dans l'approfondissement d'une défense européenne. Même au Sahel, nous sommes dans une alliance occidentale pour mener la pacification du territoire, et nous n'y arrivons pas ! Alors, seuls ? Oui, nous avons la bombe atomique de non-emploi qui sert d'ultima ratio mais qui ne pèse pas dans une guerre conventionnelle fermée comme la guerre d'Ukraine.

Il y a un bébé dans la bassine.
On pourrait faire un gros paragraphe sur l'utopie d'une défense commune préalable à la production d'une stratégie commune des pays impliqués. C'est l'inverse qui risquerait de marcher, à quelques-uns. Mais il est un effet collatéral intéressant à toute cette agitation : l'accroissement inéluctable des capacités industrielles européennes dans le domaine de l'armement. Au lieu de battre le pavé dans la posture du paon, M. Macron serait mieux inspiré d'oublier l'expression publique de ses visions et distraire plutôt les fonds nécessaires à la remise en route des chaînes de production militaire, dans la double optique de réarmer la France d'une part et d'offrir à nos partenaires européens une alternative aux productions extra-européennes, de l'autre. Baissons ce ton politique agaçant et mettons des moyens dans l'industrie tant que l'opinion française l'accepte. On me dit dans l'oreillette qu'on n'a pas un flèche à mettre dans le schmilblick.
Evitons donc le ridicule d'une loi-programme étirée à l'infini et remisons nos grandes idées jusqu'à meilleure fortune. Avant de nous lancer dans la recherche-développement d'armes cosmiques sans pouvoir dépasser le stade du prototype, commençons par ce que nous savons faire déjà : une véritable armée de mêlée (char-avion-canon) et une flotte océanique qui découragera nos contempteurs outremer.
Quid des Pluton ?

mardi 7 juin 2022

Résistons!

Jean Lassalle

Le parti de Jean Lassalle lance une cinquantaine de candidats dans le jeu de quilles de la députation dimanche prochain. Ce parti, son leader mais surtout les idées qu'il promeut ont la préférence du piéton du roi. Il refonde l'Etat sur la chaîne et trame communale. Résistons! est littéralement le parti du bon sens et de l'empirisme organisateur. Son programme, bien plus développé que ne le disent ses adversaires qui le cantonnent aux municipalités, peut se résumer en trois phrases :

- Commencer par écouter les gens du commun, les actifs surtout, leurs attentes, leurs intuitions ;
- Recentrer la réflexion et la production politique au niveau du citoyen (ndlr: ce que Macron a tenté par deux fois dans le marathon des maires et la convention citoyenne mais sans succès);
- Reprendre la main à la technocratie hors-sol.

En fait, il ne s'agit pas moins que de se séparer de la bourgeoisie d'Etat qui a mis le pays en coupe réglée à son profit. Il serait avisé de ne pas se priver de la brutalité nécessaire qui calmerait l'envie de manœuvrer des pouvoirs hiérarchisés contre le peuple, ainsi qu'on l'a vu au moment des gilets jaunes sur les ronds-points. La porteuse du programme c'est peut-être la justice avant le droit. Ce parti d'enracinés mériterait d'avoir son groupe à l'Assemblée nationale.

Le CV de chaque candidat est sur la page des circonscriptions investies par le parti en cliquant ici.
  • Alpes maritimes 6ème : Cagnes s/Mer - Philippe Touzeau-Menoni
  • Aube 1ère : Troyes et Bar - Lydie Pieplu
  • Aude 2ème : Troyes - Gérard Lenfant
  • Aveyron 1ère : Rodez-Espalion - Antoine Da Cruz
  • Aveyron 2ème : Villefranche et Decazeville - Florian Barthe
  • Aveyron 3ème : Millau - Jean-Marie Daures
  • Finistère 6ème : Châteaulin - Tiphaine Beaulieu
  • Finistère 7ème : Douarnenez - Jacques Tanguy
  • Gard 3ème : Bagnols et Villeneuve - Christophe Prévost
  • Gard 4ème : Alès à Pont-St Esprit - Dominique-Richard Passieu
  • Gard 5ème : Le Vigan à Anduze - Antoine Capaldi
  • Gironde 4ème : Bordeaux-Talence - Christine Gaillard
  • Gironde 6ème : Mérignac - Franck Bonhomme
  • Haute Garonne 5ème : Toulouse-Grenade - Jérôme Piques
  • Haute Garonne 6ème : Colomiers - Sylvie Bonnemaison
  • Haute Garonne 7ème : Muret - Angelique Eymond
  • Haute Garonne 8ème : Saint-Gaudens - Wilfried Serre
  • Haute Garonne 10ème : Revel - Baptiste Marquie
  • Hérault 4ème : Lodève à Ganges - Jean-Noël Fleury
  • Hérault 5ème : Clermont-l'Hérault - Charles Salvaing
  • Jura 2ème : Saint-Claude - Jérôme Linda
  • Landes 1ère : Mont-de-Marsan - Sébastien Cazaubon
  • Landes 2ème : Dax - Sophie de Brosses
  • Landes 3ème : Aire-sur-Adour - Christelle Lassort
  • Loire-Atlantique 5ème : Châteaubriant - Romain Vincent
  • Lozère 1ère : Mende à Villefort - Christophe Castan
  • Maine & Loire 2ème : Angers-sud - Miguel Lys
  • Maine & Loire 6ème : Angers-ouest - Bruno Ciofi
  • Nord 10ème : Tourcoing - Marcellin Brazon
  • Nord 12ème : Dunkerque - Ludovic Lussiez
  • Hautes Pyrénées 1ère : Lannemezan - Pierre Claret
  • Hautes Pyrénées 2ème : Tarbes - Jean-Marc Dabat
  • Paris 4ème : Ternes à Chaillot - Jérôme Perreau
  • Paris 10ème : Chinatown-Montsouris - Jacqueline Deneuve
  • Paris 13ème : Javel-Vaugirard - Mickaël Marinho
  • Paris 14ème : Auteuil à Dauphine - Christine Kratz
  • Pyrénées atlantiques 1ère : Pau - Jacques-Henri Soulere
  • Pyrénées atlantiques 2ème : Pontacq - Emilie Lassus-David
  • Pyrénées atlantiques 4ème : Mauléon - Julien Lassalle
  • Pyrénées atlantiques 5ème : Bayonne - Hélène Susbielle
  • Pyrénées atlantiques 6ème : Saint-Jean de Luz - Marielle Goitschel
  • Pyrénées orientales 1ère : Perpignan - Anthony Chiffre
  • Pyrénées orientales 3ème : Prades - Henri Guitart
  • Rhône 1ère : Lyon - Célina Vuarin-Appa Plaza
  • Rhône 9ème : Caluire & Cuire - Alexandre Chavanne
  • Rhône 10ème : Saint-Genis-Laval - Fatiha Chanelet
  • Bas Rhin 1ère : Strasbourg - Yamina Grosjean
  • Seine & Marne 9ème : Combs-la-Ville - Pierre Moretti
  • Seine-Saint-Denis 5ème : Bobigny - Sonia Airouche
  • Tarn 2ème : Albi-Carmaux - Corinne Darmani
  • Tarn & Garonne 1ère : Montauban - Dylan Perrinaud
  • Val de Marne 6ème : Vincennes - Benoît Willard
  • Yonne 2ème : Avallon-Vezelay - Florian Frayer
  • Amérique du Nord : NYC à LA - Emmanuel Itier

dimanche 5 juin 2022

D-day 2022

Avec le jubilé de platine et le débarquement de Normandie c'est la "semaine anglaise". Soixante-dix-huit ans plus tard, nous comptons plus que jamais sur la prise en compte de nos intérêts par le condominium anglo-américain qui définit et gère la stratégie européenne malgré les rodomontades françaises. La faute à qui ?
A nous ! 100% !

paras américains avant largage sur le Cotentin
- Le stick 77 de la 101st Airborne prêt à décoller la nuit du 5 juin 1944 pour un largage sur Carentan -

La question Europe-USA. Le raisonnement américain nous concernant est simple : "Vous, Européens, avez choisi de privilégier des régimes de protection sociale avancée pour ne pas dire extravagants, en réduisant vos moyens de défense à un niveau ridicule, défense que vous remettez entre nos mains. Ne nous prenez pas trop longtemps pour des cons, celui qui paie gouverne ses intérêts propres".

Nous sommes donc le jouet de la politique américaine qui, ne l'oublions pas, suit un cycle de huit ans haché en quatre périodes de deux ans. Il peut donc y avoir des ruptures de tendance et le "complot américain" n'est pas si sûr qu'il continue dans la durée depuis la victoire de la Guerre froide, mais nous n'avons aucune influence sur la tendance du moment. M. Macron en a fait l'amère expérience, deux fois ! Dès l'effondrement de l'Union soviétique, dans lequel notre contribution était nulle, nous nous sommes autorisés à basculer les ressources fiscales attribuées à nos armées vers les caisses sans fond de la protection sociale. En 1991 nous avions 1200 chars de combat, en 2022 nous en avons 222 (c'est facile à retenir). Comme nous l'avons déjà dit, sans appeler les renforts américains nous sommes dans l'incapacité de nous défendre si d'aventure un pouvoir plus belliqueux encore que celui de M. Poutine avançait sur le territoire de l'Europe orientale. Et tous les pays de l'Est savent que tant la France que l'Allemagne d'aujourd'hui sont des nains militaires en combat intensif. Nous avons une belle armée expéditionnaire capable de gérer des hostilités du fort au faible quand celui-ci n'a ni chars ni avions ni canons. Sortis de ce genre d'opérations de gendarmerie coloniale, nous avons des unités de démonstration (qui font vendre) mais jamais la masse critique pour un engagement à parité de capacités. Alors à vouloir troquer l'OTAN contre la Politique de sécurité et de défense commune européenne (Lisbonne 2007) pilotée par la France, nous serons toujours seuls de cet avis ! Dans cette situation de dépendance assumée, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes et c'est le seul message sensé qu'avait passé Donald Trump à l'Europe occidentale : "Sortez-vous les doigts et défendez-vous, merde !" ; ce qu'Angela Merkel avait compris comme l'annonce d'un désengagement prochain des Etats-Unis, et c'est tout ! alors qu'elle aurait dû réagir et lancer le plan de réarmement à cent milliards de Scholz !

Si l'Europe est un embarras, qui somme toute leur coûte cher, c'est la Chine le vrai souci des Etats-Unis. La Russie (PIB de l'Espagne avant la guerre qui va passer sous la barre fatidique des mille milliards de dollars l'an prochain) a le destin d'un Katanga avec des ogives nucléaires, mais ça reste gérable pour Washington, surtout si on ruine son économie en la ramenant au statut de fournisseur de matières premières non transformées dont les prix sont fixés à Londres et à Chicago. La Chine par contre, est le premier souci parce qu'elle menace tout le Pacifique nord, et plus bas jusqu'aux Salomons, et parce qu'elle a les moyens humains, industriels et scientifiques de défier les Etats-Unis dans le compartiment de l'innovation, ce dont les Russes sont incapables (et plus encore maintenant que les talents ont calté). Poutine de surcroît, seul dans son château, n'a pas la carrure d'un empereur, et que dire de ses affidés tous tombés du même vieux moule.

Voilà ! Donc en 2022 nous comptons encore sur le déstockage des armes américaines, sur la puissance industrielle des usines d'armement américaines et sur la mobilisation des GI's pour nous défendre ! L'affaire d'Ukraine se règlera à temps et contretemps entre Moscou et Washington, et quoi qu'il arrive si Dieu lui prête vie, Vladimir Poutine aura obtenu un avantage important pour lui et le pouvoir qui lui succèdera, celui de n'avoir que deux interlocuteurs décisifs au monde, Washington et Pékin. L'Europe-providence, trop hétérogène pour précipiter en puissance, fera où on lui dira de faire ! Avec nos régimes sociaux dispendieux et notre culture des loisirs, nous nous sommes rendus sans combattre et sommes à la merci pour longtemps des empires autocratiques revenus, défendus par un autre empire, démocratique certes, mais qui ne nous écoute pas. Commémorons le 6 juin notre abaissement, sans oublier que c'est le 17 juin 1940 que nous avons capitulé définitivement.


jeudi 2 juin 2022

Le jubilé du siècle

bouquet de felurs


Soixante-dix ans de règne qui, à nous Français, ne disent rien de plus que ce que nous racontent les photos sur papier glacé d'une reine exceptionnelle, qui aux yeux du monde entier n'a besoin d'autre titre pour la désigner que "La Reine". Et pourtant, il y a bien plus que les photos et la saga Windsor. Le réglage fin de la monarchie constitutionnelle anglaise, s'il gère la parade, permet une co-souveraineté politique entre le monarque héréditaire et le Parlement de Westminster. Ce réglage est défini par la coutume, ce que notre constitution française de droit écrit ne pourra jamais atteindre dans sa réduction cartésienne. Il y a quinze ans dans ce blogue, nous méditions sur la comparaison de nos textes fondateurs sous le titre de Suprématie de la coutuime. En voici la conclusion, après les cornemuses de circonstances, sans chichis et bon enfant :



C'était lundi passé (5 nov. 2007) le discours du Trône de S.M. Elisabeth II. Sa prestation devant les chambres réunies ne signifie pas autre chose que sa prééminence comme chef permanent de l'Exécutif, et la lecture d'un texte soigneusement préparé par le Premier ministre, la reconnaissance par le souverain de la volonté populaire exprimée par le suffrage universel. C'est une souveraineté croisée. A noter qu'outre-manche le futur premier ministre va au combat électoral comme chef de parti et qu'il n'y a pas de surprise ; le peuple désigne exactement le locataire du 10 Downing Street. Mais le chef de l'Exécutif, au nom de qui sont publiées les lois après "Royal Assent", est aussi commandant en chef des forces armées, et gouverneur suprême de l'Eglise d'Angleterre qui n'est pas séparée de l'Etat (nota : l'islam ne sera jamais à parité chez eux). Son rôle est strictement d'influence, laquelle tient toute dans la personnalité du souverain en charge au moment.
Reine Elisabeth II
Au plan international cette influence est grande surtout à travers le système de dominions dans le Commonwealth. Et l'on sait bien que le prestige de la durée est insurpassable pour un monarque de caractère. Surtout si la comparaison vient de chez nous ... Peut-être ce face-à-face permanent entre le monarque et la nation n'est-il pas adaptable en France ? L'orgueil citoyen a trop longtemps était mis en culture ici qu'on puisse aujourd'hui le réduire. La nation n'est en face que d'elle-même et il n'y a personne pour lui répondre, sauf une laitière en plâtre dans la salle des mariages de la mairie ! Le face-à-face anglais a franchi les siècles et reconnaissons que leur monarchie a su évoluer sans autre accroc que la révolte de Cromwell (1649) qui régna dix ans sur des principes despotiques proches de nos empires, cent cinquante ans avant nous. Ils eurent le temps de se vacciner contre les miracles alors que nous continuons à courir toujours comme des canards sans tête derrière l'homme providentiel. Le plus surprenant reste quand même la pérennisation du régime féodal foncier à travers cette monarchie constitutionnelle, et dans un autre domaine, l'inventivité économique d'un pays traditionnel à coeur mais résolument moderne dans ses orientations sociales. Comme quoi, ils sont assez doués les Rosbifs. Entre-temps nous avons expliqué au monde la marche à suivre. Après avoir "inventé" les Lumières, nous avons essayé deux empires, deux moutures de monarchie, cinq républiques, et nous ne rions même pas d'aborder aujourd'hui aux rivages de la sixième, tout en continuant à expliquer au monde la marche à suivre ! En fait la Pratique, nous n'y connaissons rien ! Nous sommes des rédacteurs impénitents, cramponnés à notre Torah déroulée par les clercs : une nation de boutiquiers gouvernée par des notaires.
Et si nous essayions la monarchie constitutionnelle au lieu d'une 6ème République ? Avec une charte de seulement 2 pages (écrit gros), sans préambule triomphant ni codicille castrateur.


coquelicot

Que Dieu garde la Reine !

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