mercredi 29 février 2012

Le billet des 1001 nuits

Royal-Artillerie a sept ans, l'âge de raison, et 999 billets y ont été publiés. Arrivé au millième billet, se posent des questions sur lesquelles je ne m'épancherai pas, la pire n'étant pas celle de l'utilité de ce "combat" mais le pourquoi de cette obstination. Ce blogue est-il une thérapie comme beaucoup le sont ? J'en parlerai à mon psy dès que j'aurai de quoi. Pour le moment j'ai changé le sopha du salon, on ne peut pas faire les deux. Laissons la philosophie de la communication de côté et rions ensemble.

Il est venu le temps d'exposer le projet caché des Kerguelen qui poursuit le Piéton depuis tant d'années. Archipel de la taille d'une Corse, couverte de choux sans une chèvre, les Kerguelen loin des dieux et des yeux du vieux Ptolémée, n'ont jamais lutté pour leur indépendance. Y règne la paix, propice à la promotion immobilière dans le cadre réchauffé de l'hémisphère antipodique. Ce n'est pas pour demain matin, mais après-demain déjà !




On a dit beaucoup de mal du climat pour en détourner les envieux, mais les relevés pieusement conservés n'ont jamais donné plus froid que -10°C et plus chaud que 21°C, avec des vents, certes soutenus mais pas tous les jours non plus à 150 km/h, jolie brise relativement courante dans les cinquantièmes, ce qui disqualifie quand même la vache betizu au profit du zébu qui n'a pas de cornes. Il y pleut autant, disons à peine plus qu'au Pays basque, une bruine horizontale comme à Ouessant-voit-son-sang !

Les espèces vivantes de départ sont le choux bio, l'éléphant de mer bio, le lapin bio et le manchot bio. On oublie trop souvent ce que l'on ne voit pas, mais l'archipel recèle de véritables forêts imergées de kelps de 30 mètres de fronde, riches en iode, protéines, vitamines et sels minéraux indispensables à la bonne humeur. Le côte est poissonneuse et la ZEE de l'archipel fait la taille de la métropole, 575000km² exactement. Elle mérite toute notre attention et une colonisation responsable protégeant les équilibres écologiques. Parlons-en maintenant.

Plusieurs survols en hélicoptère russe nous ont convaincu que le projet le plus ancrable serait le phalanstère à 1620 pipes de Charles Fourier à la place des cabanes qu'on distingue sur la photo de Port-aux-Français (ici), non parce que Fourier est un pré-marxiste de gauche, mais pour son sens aigu de l'harmonie heureuse. C'est un château de Versailles dépouillé de manières, sobre et digne à la fois, comme en fait partout Ricardo Boffil, dans lequel chacun se sent roi... ou "caïd", dira la brochure de l'AMF et Standard & Poor's réunis.



Reste à choisir les heureux gagnants parmi la population métropolitaine ayant le goût de l'aventure. Nous pourrons progressivement offrir un logement à 16200 colons, en dix phalanstères de luxe couronnés d'éoliennes, extraits de leurs cités malodorantes et taguées, et déportés au bénéfice du doute.

Les saboteurs, les anarchistes irrécupérables, les sournois, les mauvais esprits, les bien-penseurs et les surfeurs peroxydés pourront être reclassés plus au sud, à l'ombre des cocotiers de Heard island.







ROYAL-ARTILLERIE
vieux blog à consommer sans modération





dimanche 26 février 2012

Éloge de la pratique


Je vaquais hier à mon horticulture d'intérieur et faillit bien me couper à la pince à bonsaï quand un ministre anglais déclara sur mon écran plat que les économistes si diserts lui faisaient penser à des experts en amour connaissant les 360 positions mais à jeun d'avoir rencontré une seule femme ! Et dans ma tête je faisais la liste des prétentieux de ce côté-ci de la Manche, n'ayant jamais dirigé quoi avec succès, ou misé gros. J'entends mieux les avis d'un Soros qui va mettre cent millions sur ses idées, qu'un théoricien d'amphithéâtre climatisé sans le rond. Il est aussi des "professeurs" avides d'applications concrètes et qui s'insèrent dans des structures décisionnelles d'ampleur considérable en y jouant leur notice historique dans l'encyclopédie. C'est de l'un d'eux que nous parlons plus bas.
Dans la sphère royaliste, le tollé fut unanime quand on apprit que les Goldman Sachs' Boys prenaient les affaires en main à Francfort, en Grèce et en Italie. C'est d'ailleurs très étonnant de voir cette méfiance systématique à l'endroit des praticiens non élus, de la part de gens peu enclins à promouvoir la démocratie. Que n'a-t-on dit des commissaires bruxellois et de la technocratie ! Qu'importe, ce n'est pas le sujet du jour. Le temps ne fait rien à l'affaire même s'il a fait oublier à beaucoup que les ministres de nos rois n'étaient pas responsables devant les cours du royaume ni devant quelque parlement d'éructeurs ! Richelieu, Mazarin, Vauban, Colbert, Louvois, Dubois, Turgot, Fleury... étaient tous technocrates. Critiquer les pros est carrément stupide, surtout quand la situation est délicate. Effectivement, le milieu royaliste est très mélangé.

C'est Mario Monti qui fait la démonstration. D'où vient-il et comment est-il là ?
Diplômé de Yale, puis recteur de l'université Bocconi de Milan, il est nommé commissaire au marché intérieur et plus tard à la concurrence, retourne à l'université pour devenir conseiller international de la Goldman Sachs, puis l'un des présidents de la Trilatérale et siège au conseil des Bilderberg. Le temps des miquets laqués au pento s'étant achevé en Transalpine, le président ex-communiste Giorgio Napolitano lui demande en novembre de mettre en jeu sa réputation et de nettoyer la merde ! Il forme un cabinet de combat qui obtient la confiance du Sénat et de la Chambre basse, avec des majorités écrasantes. Alessandra Mussolini a voté la défiance, elle cherche encore à comprendre la question.
Président du Conseil et ministre des Finances : Mario Monti ... l'Illuminati pour beaucoup
Ministre du Développement économique des infrastructures et des transports : Corrado Passera, président de la banque Itesa Sanpaolo
Ministre des affaires étrangères : Giulio Terzi di Sant'Agatta, ambassadeur
Ministre de l'Intérieur : Anna Maria Cancellieri, ancien préfet à poigne
Ministre de la Défense : Giampaolo Di Paola, amiral, chef du Comité militaire de l'OTAN
Ministre de la Justice : Paola Severino, avocate pénaliste et vice-présidente du CSM
Ministre de l'Agriculture : Mario Catania, haut fonctionnaire du ministère, lauréat du concours des dirigeants
Ministre du travail : Elsa Fornero, professeur à l'université de Turin
Ministre de l'Environnement : Corrado Clini, chirurgien de formation, haut fonctionnaire du ministère, siège au conseil de l'agence atomique italienne ENEA
Ministre de l'Instruction : Francesco Profumo, président de Colombus, recteur de Polytechnique Turin, président du CNR (recherche), il est passé par Ansaldo, Telecom Italia, Unicredit, Pirelli etc etc...
... et quelques autres. Pas un seul nomenklatouriste de la politique !
Au travail !
Il a fait ses Cent jours et déjà l'admiration des Italiens, à qui cette révolution culturelle plaît beaucoup. Le problème était-il l'Italie, qu'elle devienne aujourd’hui une solution ? Vingt milliards d'euros d'économies sur la gabegie latine, jungle administrative ouverte à la serpe, fraudeurs poursuivis, jusque dans les chiottes dirait Poutine, libération des contraintes corporatistes, publicité universelle des revenus, décapage à l'acide du code du travail, remise à plat des retraites, et 55% de popularité à la clé aujourd’hui.
Quand son prédécesseur avait juste le droit de s'asseoir à la table du Conseil européen et de la boucler, Mario Monti peut se permettre de faire une lettre à la kanzlerin psychorigide Merkel, cosignée par le Premier anglais Cameron et le ministre-président néerlandais Mark Rutte, dans laquelle il condamne les apartés bilatéraux de la soi-disant locomotive franco-allemande. Cette lettre étonnante précéda l'accord à 25 et forme en huit points sa colonne vertébrale. Au résultat, l'Italie accroît son excédent primaire quand la France, en campagne électorale complètement démagogique, creuse son déficit primaire, du moins dans les anticipations politiciennes, car en réalité, le FMI et les marchés nous rosseront dès après les législatives de juin.
Nous n'avons personne d'aussi élégant et couillu à la fois, maniant l'humour d'un esprit fin, et capable de décisions impopulaires a priori. Il a su monter en un tour de main, sans consultations filandreuses, un véritable « exécutif politique », ce dont nous avons ici le plus grand besoin ! Des idées pour quoi faire ? Le bon sens y supplée. Action !

Mario Monti partira à la charrue en avril 2013 à la fin de la législature en cours. 70 ans, le bel âge pour un sauveur. Sapir et Todd peuvent raccrocher la jaquette des puceaux à la patère et feuilleter les 360 positions.

samedi 25 février 2012

La Route des Trolls


Il me tient à coeur avant de finir cette série de mille billets de pousser à la réhabilitation (de l'absinthe, me dit-on dans l'oreillette). C'est vrai, j'ai gardé la cuiller percée en argent¹ de mon grand-père. De réhabiliter disais-je, la panse de brebis farcie écossaise proposée à Edimbourah sous le doux nom de Haggaisse ! Ouh là là ! "Tout d'abord j'ai cru que c'était de la crotte, puis après y avoir goûté, j'ai regretté que ça n'en fût pas" (Jacques Bodoin, 1958). Nous sommes condamnés au haggis par l'Auld Alliance que l'indépendance prochaine de l'Ecosse peut revivifier. Elle a déjà son site web, très bien fait dit en passant et bien sûr une association active, Le Lien franco-écossais : Auld Alliance, le lien Franco-Ecossais est une association de terrain, jeune et opérationnelle et qui a pour objectif de redonner à l’Auld Alliance ses lettres de noblesse et la place qui lui revient auprès du plus grand nombre, en France, en Ecosse et dans le reste du monde nous dit Patrick Gilles, son président.

La vieille alliance, scellée en 1165 entre les rois de France, d'Ecosse et de Norvège contre l'Angleterre, a porté fruit de 1296 à 1560, année de sa révocation par l'Ecosse quand les chefs de clans passèrent à la Réforme. Certains effets du traité, comme la double nationalité, perdureront longtemps et le point final de 1906, au moment de l'Entente cordiale, n'en serait pas un². Signalons la compagnie écossaise du siège d'Orléans, la garde écossaise des rois de France, de Charles VII à François II, puis hors-traité, la première compagnie de la garde jusqu'à Charles X, et de nombreux combats ensemble ; signalons aussi le Collège des Ecossais de la rue Cardinal-Lemoine au Quartier latin, en la chapelle duquel repose le cerveau de Jacques II d'Angleterre (Stuart) ; pour finir, rappelons que les deux exils de Charles X furent écossais, à Haly Ruid (Edimburgh), avant que les frimas ne les convainquent de repartir la seconde fois pour l'Autriche. Tout atteste donc de la vigueur de ce lien spécial. La Wikipedia propose un article très complet sur l'Auld Alliance auquel nous vous adressons par ici.

Bien qu'elle ne soit plus mère des arts, des armes et des lois, la France aurait tout intérêt à chercher un rapprochement avec certains pays du Nord qui ont encore un préjugé favorable à son égard, l'Ecosse et la Norvège en sont, l'Islande aussi. On peut discuter à l'infini de nos intérêts bien compris en Méditerranée ou en Afrique, mais ils nous coûtent finalement beaucoup sans parler de l'énergie diplomatique consommée à entendre chiens et chats, à vouloir sauver des positions indéfendables parce que abandonnées il y a longtemps, faute d'idées et de persévérance, quand ce n'est pas d'intelligence comme aux Echelles du Levant. Certes la pression démographique situe nos problèmes au sud, mais l'avenir de l'Europe est au nord, par le réchauffement climatique (si le GIEC a raison).


Les trois empires du nord et leurs affidés les plus puissants vont commercer par la route des glaces avant la moitié de ce siècle. Fini le détroit de Malacca, le Bab el-Mandeb, le canal de Suez, le goulet de Gibraltar. Par exemple, le Nordic Barents de l'armement norvégien Tschudi a passé 41000 tonnes de fer vers la Chine par la route du nord-est à l'été 2010, en économisant 4000 milles nautiques. Son boss s'appelle Christian Bonfils. Le Monchegorsk russe a fait l'aller-retour Mourmansk-Shanghai pour du nickel et des diverses en fret retour en 58 jours sans assistance, chargement-déchargement compris. Le port industriel sibérien de Dudinka sur le Ienissei n'est maintenant qu'à vingt jours de mer de Shanghaï jusqu'à l'automne. La Chine veut faire à son tour les deux routes du nord³ pour ne pas être en reste et cet orgueil est bien placé. Les Russes enchantés repeignent les brise-glace. On va avoir besoin de points d'appuis techniques le long de la route jusqu'en Europe occidentale.


Nous avons des antériorités au nord qui nous permettent de ne pas apparaître comme des intrus, du moins si nous remisons notre arrogance de roquets. Saurons-nous participer à la synergie boréale pleine de promesses ? Faisons feu de tout bois et appuyons-nous par exemple sur l'Auld Alliance pour mettre un pied industriel sur zone. Un seul exemple, un seul ? Creusot-Loire fut longtemps et le demeure peut-être, un producteur reconnu de virures pour brise-glace qu'il pétardait dans un cirque pyrénéen. Plus ? Nous sommes très bons en appareillage nautique et en réparation navale nucléaire, en optique laser et dans tous domaines au service des navires. N'attendons pas que l'Allemagne relance la vieille Hanse avant de proposer des joint-ventures sur des bases logistiques écossaises d'abord, norvégiennes voire islandaises ensuite à nos amis nordiques. Trouvons-nous de vrais ministres à la bonne taille et des industriels trempés. Les Nordmen ne savent pas encore qu'ils nous attendent.




(1) La fée verte fut interdite en 1915 par la coalition des ligues de vertu, de l'Eglise catholique et des viticulteurs. Rocard a libéré l'absinthe en 1988.
(2) Le Dr Siobhan Talbott de l'université de Manchester a passé le traité et sa révocation au broyeur de laboratoire en 2011 pour prouver qu'il était toujours en vigueur (clic). Le commerce particulier entre les deux pays fut florissant jusqu'au début du XX° siècle. Ce travail a valu au jeune docteur le Pollard Prize 2011 décerné par l'Institut de la recherche historique de l'université de Londres.
(3) Les deux routes, Nord-est et Nord-ouest, cheminent respectivement le long des côtes sibériennes et canadiennes

jeudi 23 février 2012

Parrainages, exercice de piste


Le Sphinx constitutionnel a confirmé les règles en vigueur de la présidentielle, déboutant Mme Marine Le Pen de sa demande de rétablir l'anonymat des cinq cents parrainages d'élus nécessaires pour s'inscrire. La publicité des parrainages que les élus accordent aux candidats à la présidentielle n'est pas contraire au « principe du pluralisme des courants d'idées et d'opinions » d'une démocratie. Dont acte ? M. Patrick de Villenoisy, candidat de l'Alliance royale, regrette dans un communiqué officiel qu'on lira ici, la décision du Conseil « ne permettant pas le libre choix des élus de la République de donner leur parrainage au candidat de leur choix afin de laisser aux électeurs la souveraineté de leur vote dans l’isoloir mais aussi l’existence de tout parti politique et de leur permettre de s’exprimer ». Il annonce malgré cela sa présence au premier tour.

La France est une république territoriale. A la différence des pays choisissant leurs représentants politiques sur des listes de parti à la proportionnelle nationale, tous les élus décisifs sont ancrés, ceux qui ne le sont pas (conseillers régionaux et députés européens) participent de la décoration démocratique.
L'ancrage foncier de la politique est une des conditions de la pérennité d'une nation. Pour ne l'avoir pas compris, le royaume de France a disparu et celui d'Angleterre en revanche a perduré. Comment donc ? Quand les décideurs politiques restent comptables de l'avenir de leur terroir dans quelque ensemble qu'il s'inscrive, ils sont plus près d'anticiper les effets des causes que s'ils font dépendre leurs décisions d'une idéologie hors-sol. Le royaume anglais fut et demeure celui d'une aristocratie foncière très pragmatique. Des gens certes tout à fait inintéressants dans les dîners en ville -  ils vous tiennent un heure à regretter la chasse à courre - mais littéralement "indécrottables".
En France, que d'esprit ! Nous nous parfumons aux vapeurs idéologiques, énivrantes à tel point que nous voudrions les faire respirer par le monde entier tant elles nous paraissent transposables partout.

Jusqu'en 1962, la territorialité politique s'exprimait jusqu'au niveau suprême par l'élection du président en réunion du Congrès à Versailles. Nous aurions mieux fait d'en rester là, avec un vrai premier ministre et un président au-dessus de la mêlée, gérant son domaine réservé, et moins tenté par la démagogie du mode de scrutin ultérieur ! Au lieu de quoi, les chefs d'Etat successifs, drapés par le suffrage universel dans une légitimité hors de proportion avec leur légalité propre, se sont affranchis de toute prudence et ont fait, qui pharaon, qui le bigame de Toscane, qui le roi-fainéant et aujourd'hui le comble, zébulon de Salonique ! Dieu qui veille nous a évité Sardanapale, mais va nous punir par Flanby !

Alors ces parrainages ? A dessein ou par hasard, ils territorialisent les candidatures. Il faut avoir couché sur le terrain pour y parvenir, non pas l'impétrant lui-même, mais tous ceux qui le portent au choix des suffrageants. Manque de pot, faire de la politique hors-sol est la démarche du Front national qui a trop négligé les élections municipales et cantonales. Si les électeurs n'ont pratiquement jamais élu un frontiste au scrutin uninominal, c'est qu'il y a un problème à résoudre... chez le Front, et surtout : chez son ancien président, grand spécialiste de l'acte manqué, ne pouvant se priver du plaisir de casser toute amorce de dynamique par des propos stupides hors-sujet, sur des affaires étrangères en plus ! Se faire une réputation de "con borgne" avec des fours allemands perdus en Pologne il y a un demi-siècle est quand même fort de café, surtout quand on fonde toute sa dialectique sur les affaires franco-françaises !

Très peu d'élus directs donc au Front. Les quatre seuls ayant accédé sur leur bonne mine à des fonctions d'édiles territoriaux (les maires¹ d'Orange, Vitrolles et Toulon, et Stirbois coalisé à Dreux) furent mis sous surveillance avec implication négative par l'état-major de Montretout qui craignait déjà la concurrence "déloyale" d'élus ayant franchi le mur de la nomenklatura. Toute la stratégie de Jean-Marie Le Pen sera de viser les élections à scrutin de liste (régionales, européennes) donnant au parti des sièges et des subsides publics sans enraciner ses concurrents internes.
(1) Dans l'ordre, Bompard, Mégret et Le Chevallier

Pourquoi se plaindre de n'être point aujourd'hui reconnu par la classe politique de terrain ? Cela fait 25 ans que l'état-major est suspendu à une idéologie assez démagogique, paradoxalement centrée sur les inquiétudes populaires de proximité, sans parvenir à les transformer en postes de responsabilités.
Pourquoi un maire de village irait-il aujourd'hui compromettre sa réputation au café du commerce pour présenter un OVNI à la présidentielle ? Cinq cents signatures sur 42000 possibilités, ce n'est pas énorme non plus ! L'équation présidentielle du Front national n'est pas constitutionnelle, et Marine Le Pen le sait, mais il est trop tard pour la résoudre.

Le parrainage des candidats, parce qu'il convoque les terroirs, est finalement compatible avec le royalisme, régime obligatoirement "ancré au sol" dans sa version durable. L'Alliance royale convoque le pays réel à l'ouvrage à l'occasion de différents scrutins, souhaitons-lui d'y créer le socle de ses légitimes ambitions.





mercredi 22 février 2012

Au bord du gouffre...

...la Grèce doit sauter !

La première moitié de ce billet (police Times) est une contribution au débat sur le site de Frédéric Taddeï www.Newsring.fr, contribution postée le 17 février à la rubrique Monde. La seconde moitié est de géopolitique ; c'est donc celle que nous développons ici pour les lecteurs de Royal-Artillerie.

Papandréou avait eu la bonne intuition quand au sommet du G20 de Cannes il avait sorti son référendum du chapeau. Cris d'orfraies de la nomenklatura en charge de la pensée dominante à l'idée de pouvoir être contestée par l'un de ses souverains !
Le camp des sceptiques grandit chaque jour en Europe du Nord quant au pronostic. Et sans doute n'y a-t-il pas besoin de longues années d'amphitéâtre en économie politique pour douter qu'un pays sans Etat ni économie puisse survivre à la saignée des médicastres. Aussi le choix de nous quitter n'en est plus un pour la vieille nation.
Le peuple grec doit être "mouillé" dans le Saut par un référendum, après la description honnête de son avenir. La remise en selle aux législatives d'une classe politique douteuse ne résoudra rien. Certes, ce faisant, la Grèce plantera les banques, les zinzins¹ et les Trésors qui ont pris des bons grecs sachant le pays pourri, elle laissera une ardoise aux marchands d'armes (RFA), mais elle tarira le drainage de son propre sang par ses créanciers. Lui fermera-t-on l'accès aux marchés ?
Pourquoi irait-elle ensuite sur les marchés dès lors qu'elle n'a plus à faire les échéances ? Pour payer l'Etat au sens large chaque mois. Il suffit de trois choses pour y parvenir et elles ne peuvent se faire que par l'électrochoc du saut :
(i)- Etablir les rôles fiscaux et encaisser les taxes ; peut-être qu'une flat tax simplifierait la réforme.
(ii)- Lever de la rente perpétuelle à 3% auprès des capitalistes résidents ou d'outremer, essentiellement l'église orthodoxe et l'armement naval.
(iii)- Passer un traité d'alliance avec la nouvelle Russie orthodoxe pour obtenir des conditions privilégiées d'accès à l'énergie, et imprimer des drachmes à bon compte.
L'effet domino ?
Tous les analystes des banques et des zinzins le prédisent mais aucun économiste distingué n'y mettrait sa main au feu. L'économie grecque ou ce qui en reste, c'est peanuts au niveau de l'Union européenne, et il est idiot de mettre dans ce jeu l'Espagne et surtout l'Italie. Le FES peut aider le Portugal sans problème, et les Portugais sont bosseurs.
Les nations rieuses ne menacent pas les nations sérieuses. Schäuble a-t-il l'air menacé ?

La minute géopolitique

Disons déjà que du fameux "effet domino" la Grèce se tape si elle sort du schmilblick européen ! C'est le point (iii) qui est intéressant. A voir l'extrême méfiance des autres états européens à l'endroit du gouvernement grec et de sa fonction publique, on peut avancer que sera noyé sous les larmes de crocodile son largage de l'eurozone avec les conséquences sociales et comptables que l'on sait. Renchérissement de la Dette en euros, dévaluation vertigineuse de la monnaie de substitution, fermeture des comptes d'épargne et comptes courants, chômage de masse, généralisation du troc, assèchement des caisses publiques, émeutes, répression...). Il faut se rappeler l'Argentine, assujettie à une monnaie étrangère incontrôlable qu'était le dollar US.
C'est pourquoi la Grèce doit sauter pour sauver ce qui peut l'être encore en appliquant les deux recommandations (i) et (ii) ci-dessus. Et la bonne idée serait d'en prévenir le grand frère russe pour s'assurer du minimum vital qu'est l'essence. Le traité d'alliance qui - après les effusions spectaculaires de l'Orthodoxie - servira d'abord à financer les concours russes et mettra une base navale hellène à disposition de la Flotte de la Mer Noire, non pour escale mais pour stationnement et construction et réparation navales. Le rêve du Csar en eaux chaudes. Tout le paquet devrait être mis d'ailleurs sur la mer puisque la flotte commerciale grecque est encore la quatrième du monde (clic sur le rapport ONU 2011) avec 3213 navires et la première en tonnage avec 202388152 dwt. La mer, ce sont des chantiers navals pour servir toute la Méditerranée orientale, une vraie industrie de mécanique marine à créer avec les Russes, et bien sûr le tourisme que la moindre valeur de la drachme renflouera.
Il y aura sans doute deux ans de mauvais, où il faudra retourner son bout de pelouse pour y faire des légumes, mais rapidement le soleil ramènera les sourires et les Anglaises en shorty.

Ce renversement d'alliance aurait un impact régional conséquent. L'ami des Grecs sur zone est le Serbe. Orthodoxie, alphabet, ennemis communs (Albanie, Turquie), proximité mentale. La Serbie dispose d'une vraie industrie avec laquelle elle espère entrer dans l'Union européenne. La Grèce, avec son tempérament commerçant, peut être une aide significative dans la distribution serbe sur les pays méditerranéens, et en Afrique où les communautés grecques sont nombreuses et actives.
Le tout est de convaincre le peuple de jouer cette renaissance à pile ou face, par référendum, et de faire la nique aux proconsuls germaniques. Avec la composition politique du pays², le choix du Saut n'est pas impossible.
Dans la mesure où les experts présdisent pour nous faire peur que le défaut calamiteux dynamiterait les partis politiques (ce ne sera que justice) et où l'Etat cachexique devra reculer sur son domaine régalien abandonnant la solidarité à l'Eglise orthodoxe, il ne serait pas incongru de fermer la voûte de l'Etat reconstruit a minima par un chef d'Etat permanent délié des joutes picrocholines, un roi quoi !



(1) Les Zinzins : les investisseurs institutionnels, ceux qui ont accès directement aux adjudications du Trésor.
(2) « Le porte-parole du gouvernement a confirmé ce lundi 13 février la tenue d’élections législatives anticipées en avril prochain. Ce scrutin s’annonce mouvementé tant les équilibres politiques en place sont en train d’être bousculés par un peuple en colère. Et ce seront sans nul doute les élections les plus incertaines que la Grèce aura connues depuis la fin de la dictature en 1974. Car le bipartisme, qui a marqué la vie politique ces 30 dernières années, socialistes du Pasok d’un côté, droite de Nouvelle démocratie de l’autre, est en train de voler en éclats. D’après un sondage paru la semaine dernière, le Pasok est même passé sous la barre des 10% d’intentions de vote. Une chose est certaine, on va assister dans les prochains mois à une recomposition du paysage politique grec, où les partis de gauche, des communistes à la gauche réformatrice, pourraient jouer un rôle important. Ils n’ont d’ailleurs jamais été aussi haut dans les sondages. » (Stathis Kouvelakis, King's College, Londres)

mardi 21 février 2012

Le Parc aux Cerfs


Aujourd'hui, Mardi gras de la nouvelle lune.

Quand j'étais petit, aimant déjà l'histoire, le Parc aux Cerfs m'apparaissait en songe comme un hôtel particulier bas de plafond, aux rideaux noirs toujours tirés et dont le portail d'entrée était gardé par la police secrète du roi. Il s'y passait des choses pas catholiques avec des petites filles qu'on menait de Paris pour éponger les humeurs d'un roi libidineux. Puis je quittais ma montagne et vint vivre à Versailles sur les anciens marais de Villeneuve l'étang, un quartier à typhoïde. En quelques années j'ai dû faire des centaines de kilomètres à pied dans la ville royale et découvris-je ainsi le vrai Parc aux cerfs.

C'est un quartier de plan américain que l'on aurait désigné aujourd'hui comme une cité administrative. On l'appelle aujourd'hui le quartier Saint-Louis. Les lots à bâtir furent attribués par brevets de place, leur superficie moyenne était de 300 toises-carrées soit 588m² de nos jours. Le défaut de bâtir dans les délais prescrits annulait le brevet de place. Appuyé au Potager du roi, le nouveau quartier jouxtait par sa pointe ouest celui des ministères. Des gens de la maison du roi vinrent s'y loger, des commis de l'administration et bien d'autres aussi capables d'obtenir un brevet comme un marquis de Seignelay, sans doute le fils du Grand Colbert. On y vit une population bigarrée composée de musiciens, officiers de tous les corps de la place, ordinaires et artisans attachés au château, écuyers, baillis, juges, une population finalement très mélangée. On le sait parce que les Archives disposent encore des plans d'attribution des lots avec nom et qualité du bénéficiaire. Tout ceci n'est pas croustillant.

L'hôtel sulfureux où nuitamment venait le roi encapuchonné n'existe pas, pour la simple raison que le roi ne commandait pas à sa personne comme il l'aurait voulu et que ses bons plaisirs s'exerçaient au château ou dans les demeures royales disséminées dans le royaume ; mais le marquis d'Argenson, ancien ministre des Affaires étrangères, écrit dans son journal à l'année 1753 que le roi s'éclipse tous les jours vers une maison qu'il aurait à Versailles, où il passe deux heures sans que l'on sache ce qu'il y fait. L'a-t-il simplement entendu dire dans ce nid de rumeurs qu'était la Cour ? A d'autres moments, il évoque les pucelles apportées de Paris dans les cabinets de Level, valet de chambre du roi. Les gourgandines, parfois jeunes, parfois moins, inexpertes ou délurées existèrent bien, puisqu'on en a des témoignages convergents et il n'est pas fait mystère que Madame de Pompadour soustraita les distractions de son bienfaiteur à de plus jeunes mains que les siennes quand son automne fut venu. Qui étaient-elles donc les mignonnes vicieuses ?

Ne nous fions pas trop au roman historique de Jules Michelet qui aurait effrayé Charles Perrault, allons plutôt aux sources d'époque. La plus connue et reconnue fut Marie-Louise O'Murphy de Boisfaily dont le bonbon fut loué par tout Paris et que le grand Casanova déniaisa avant de la livrer vierge au château, dit-il dans ses Mémoires. D'une vieille famille irlandaise échouée à Rouen, ce n'était pas une de ces petites grisettes de barrière qui se sacrifiaient très jeunes pour acheter l'entrecôte et une vie, si affinités. Quoique la Murphyse, comme on l'appelait dans les couloirs, avec plus d'esprit qu'on n'en prêtait à ses rondeurs, sut établir sa situation. Elle eut du roi une marquise de la Charce et se fit épouser par le sieur d'Ayat, gentilhomme auvergnat rapé mais digne, dont elle eut un général de fils qui fit belle carrière sous trois régimes. Deux mariages plus loin (après deux veuvages et un divorce) la belle Morphyse s'éteignit à Paris à l'âge de 77 ans, munie des sacrements de l'Eglise.

Les autres furent menu fretin convoqué et approuvé par la Pompadour pour éviter qu'une courtisane adroite ne s'enkyste dans les faveurs royales par les voies naturelles. Contrairement aux histoires de loups-garous colportées pour nuire au régime, Louis XV friand de chair fraîche était d'abord un baiseur à la bourgeoise plutôt qu'à la hussarde, le seul affaissement qui puisse lui être reproché. Cette organisation des plaisirs privés du monarque dura vingt ans. Des historiens américains, en croisade de purification de l'histoire, ont "chiffré" le prix du stupre à des sommets, sans craindre le ridicule de leur comptabilité. Il est sans doute vrai que la maxime de Sacha Guitry soit fausse en l'affaire : "les femmes les moins chères sont celles que l'on paie". Entre le prix du chagrin versé aux mères-maquerelles, les cadeaux de repentir, les pensions aux bâtards et la maison, il y eut dépenses. Même après la mort de Madame de Pompadour, on épongera le roi encore vert de cette façon, sans conséquences autres que la progéniture barrée et non reconnue. Jusqu'à ce que l'andropose lui indique les réformes à faire pour pérenniser la monarchie. Hélas il n'eut pas le temps de conclure.

En réaction, lui succéda un roi qu'on disait ennuyeux, élevé par le parti dévot, qui n'eut jamais l'ombre d'une tentation. Dès lors la maison de Bourbon exilera la bagatelle de ses occupations, et ironie du sort, y perdra aussi sa créativité. Le char fut lancé sur le mur de la République sans qu'ils l'aient jamais vu. Après les amours contrariées du Consul empereur, après la gestion notariale des Bourbons revenus (Zoé Talon !!!), le peuple préféra bientôt le panache du duc d'Orléans. Hélas pour les cancans ! Bien qu'il eut quatre fois plus de gènes de Louis XIV que Louis XVI, Louis-Philippe ne renoua pas avec les débordements ancestraux et demeura sage comme une poire belle-hélène sur la glace. Il engendra dix enfants.



Les experts en conjectures situent le mini-sérail de Louis XV au bord du quartier neuf (auj. Saint-Louis), de manière à n'avoir point à guetter à la grille le moment de sortir le "cadeau" du jour. Plus précisément et compte tenu des brevets de place - s'ils sont justes - ils situent la maison au tournant de la rue des Tournelles face à l'Hôtel des Gardes du Corps du Roi sur le plan de Jean Delagrive, vers la rue saint-Médéric, rues qui jadis ne communiquaient pas. Retenons que cette situation n'est pas très propice à l'incognito du roi que tout le monde connaissait et ses gardes d'abord. D'autres, et nous en sommes, la placent dans une situation plus retirée, à l'angle de la rue des Mauvais Garçons (auj. Edouard Charton) et de l'impasse de la Huchette (auj. disparu) avec accès prompt à l'avenue de Sceaux, mais sans soutenir la thèse d'Argenson. Nulle plaque n'ose fixer le lieu du lupanar le plus célèbre au monde, ce qui ne fut qu'une pension de jeunes délurées en stage de bonne épouse. On lira pour terminer les perfidies du marquis d'Argenson pour le plaisir de la médisance. Extrait :

12 février 1753. —On assure que le roi couche avec une nouvelle maîtresse, fille de madame Truchon, et que madame de Pompadour y a consenti et l'a donnée elle-même, voulant conserver son poste de bonne amie, mais qu'elle ne tardera pas à être renvoyée malgré cela, et que mon frère savoit bien ce qu'il faisoit en se brouillant avec elle (ndc: son frère était Secrétaire d'Etat à la Guerre).
C'est Bachelier, vieux valet de chambre du roi, qui lui fournit ces passades. Il lui a fourni une jeune beauté de Montpellier, fille de la présidente Niquet, que je connois. Il faut bien que la marquise souffre tout cela. Tout ce qui coûte est malsain à l'État, et les p... coûtent fort cher à ceux qui peuvent les payer.
Février 1753.— La comédie du Méchant, de Gresset, a été faite sur mon frère, madame de Chaulnes en ayant fourni les matériaux à l'auteur. C'est un méchant pour le plaisir de l'être, qui passe son temps à ourdir les plus détestables tracasseries, qui se fait un jeu de nuire, attristé du bonheur d'autrui et joyeux de son préjudice, et finit par être démasqué et chassé d'une nombreuse société, où il charmoit par sa fausse douceur, son esprit à la mode, par le bon ton, et surtout par l'intérêt qu'il sembloit prendre à tous et qu'il ne prenoit que pour les détruire.
Toute la cour quête pour trouver 100,000 livres pour faire rester à l'Opéra le chanteur Gélyot, et ils sont presque trouvés, moyennant quoi il se fait 10,000 livres de rentes et promet de rester encore deux ans. On n'en donnerait pas tant pour tirer de la misère quantité d'honnêtes gens qui meurent de faim. On ne voit que folie et sottise à chaque démarche de la cour.
— Strasbourg. La mort du préteur Klinglin, dans la citadelle de Strasbourg, a mis fin à son procès ; mais on continue le procès criminel contre son fils.
— Lebel amène au roi des petites filles dans sa chambre, au su de la marquise. Cette chambre du valet de chambre se nomme le Trébuchet, parce qu'on y prend les jeunes oiseaux. Mais madame de Pompadour demeure l'amie du roi; elle seule se croyant capable de donner à la cour un air de magnificence par l'encouragement des beaux-arts et des dépenses frivoles. Cependant elle songe déjà à une belle retraite, et a acheté l'hôtel d'Êvreux 7 à 800,000 livres.










dimanche 19 février 2012

Eloge rieur de la Collaboration



Le traité de l'Elysée dans sa nouvelle mouture rompt le Serment carolingien de Strasbourg, il n'y a plus de frontière, le Rhin irrigue enfin le Quatrième Reich, aussi grand que ses aînés d'empires que furent jadis celui de Charlemagne et celui de Napoléon. Fermez les sourires, repos, vous pouvez fumer !
Le soutien un brin condescendant de Kanzlerin Merkel à Zébulon Primero m'a fait penser le 6 février dernier à La Mère d'Auroville dont tout procéda. Elle approuve la résipiscence française pour sa gabegie éhontée et son modèle social triple A en faillite, elle adoube le "candidat" Zébulon Segundo, qui lui va tout à fait tant il est docile, elle ne lâche rien sur la Grèce dont nos banques sont créditrices de premier rang et prendront un sacré coup de retour-tampon si elle fait défaut, elle approuve explicitement quand c'est bon pour elle et ne dit mot dans le cas contraire. Par politesse ou par calcul elle ne braque pas les socialistes de sa coalition en rembarrant les prétentions du candidat normal à renégocier avec elle le traité merkozien de rigueur et dévolution. Elle laisse son vassal s'exciter à cette idée incongrue. Elle l'attend de pied ferme. Pas lui !
La presse parisienne ne s'en émeut pas plus que ça, elle est prête à collaborer sur ordre de La Forge. C'est parti comme en Quarante. Voyons donc ce que sera le IV° Reich dans la sphère sociale et ensuite, comment va-t-il se gouverner.

Quels sont les termes de la comparaison, sachant que nous irons depuis chez nous jusque chez eux, puisqu'ils font tout bien.

# Dépenses publiques :
Le gouvernement du pays au sens large rapporté à la démographie allemande coûte en France 220 milliards d'euros de plus chaque année. Calcul ?
55,8% du Pib contre 45,3% = 10,5% x 2017 milliards = 212 (source Le CRi du contribuable)
62% de la différence sont imputés aux traitements et pensions des fonctionnaires français (en effectif et niveau de rémunération). Pour revenir à l'étiage, il faudrait retourner à la France de 1980, qui de mémoire n'était pas sous-administrée.
Serons-nous capables de désoviétiser le pays ? J'en doute, même morts.

# Prix de la main d'oeuvre :
On en parle beaucoup et chacun sort le chiffre qui pousse à la roue. On en arrive à comparer les variations annuelles de ces coûts au lieu de donner des valeurs. Au 3è trimestre 2010 le prix moyen horaire du travail était en France de 34,6 euros et de 33,5 euros en Allemagne (source COE-Rexecode). Il ne faut pas arrondir une moyenne et la différence de 3,20% n'est pas rien. Mais compte tenu du taux d'incorporation de la main d'oeuvre dans un prix de produit offert au marché*, l'écart de prix n'est pas déterminant.
* quand on ne sait pas, on prend 50% avant toutes taxes et droits, ce qui fait 1,60% de pénalisation !

Ce qui va intéresser le salarié français est la part qui lui revient : Pour une fiche de paie de 2000 euros, le patron lambda français paie de sa poche 2920 euros ; mais la moyenne des salaires allemands étant 20% au-dessus de la moyenne française et les charges patronales moitié moindres, le patron allemand paie 2900 euros à son salarié moyen. Le salarié français (à la compétitivité éprouvée, ce n'est pas une blague) touche 1200 euros nets d'impôt et l'allemand 1400 (source Le Monde-Blog).
Ainsi - et répétons que c'est une valeur médiane* - dans une offre commerciale de même valeur, l'Allemand mange plus que le Français qui sur la balance est moins gros. Ca veut tout dire.
* le confort statistique c'est les pieds au four et la tête au frigo

# Défense du patrimoine industriel :
Même si les tâches primaires sans grande valeur ont été confiées aux pays de l'Est et jusqu'en Russie, les firmes allemandes conservent plus que d'autres l'assemblage final et la vraie valeur ajoutée en Allemagne. Elles disposent aussi dans leur environnement industriel de matières transformées, manufactures de pièces mécaniques, moules, ancillaires, accessoires qui ont disparu de France (mais qui résistent en Italie du Nord). Achetez-vous le Stahlschlüssel pour savoir qui fait des aciers fins et vous aurez vite compris.
Ce sont des choix stratégiques au niveau de l'entreprise dans une optique certaine de rentabilité, profit et sécurisation de l'avenir que partagent bien sûr les "ouvriers" qui sont au conseil d'administration, les banques locales qui sont au conseil d'administration, les communautés urbaines qui sont au conseil d'administration, les länder qui sont... etc. L'industrie est une cause nationale. En comparaison, nous avons eu en France un grand légionnaire qui aurait dû le rester et qui proclama "Lip ? c'est fini" quand ce groupe de première qualité se débattait dans les difficultés. Son nom, Pierre Messmer, un con !

Il est certain que si des syndicalistes (rénovés car les miquets actuels sont hors d'usage) étaient dans les conseils d'administration, il y aurait moins de prise d'intérêts des fonds de pension voraces, de pillage de brevets, de licenciements boursiers. Mais il faudra changer la mentalité des amis du pouvoir actuel, et détruire nos syndicats politiques dans la foulée, en supprimant tout simplement les subventions étatiques. Qu'ils appellent à cotisations qu'on se marre !

# Prix de la Défense militaire :
Le pilier continental de l'OTAN est paradoxalement le moins va-t-en-guerre. Les dépenses militaires allemandes par habitant sont de 44% moins élevées que les dépenses françaises. En valeur brute l'écart est de 29% (voir le dossier du GRIP ici). C'est bien compréhensible, nous avons l'empire du monde à surveiller quand nos voisins se sont fait voler le leur au Traité de Versailles. Ils n'ont pas de plan non plus pour reprendre Stalingrad ni raser Vladivostok. En fait, ils s'en foutent. Et, de vous à moi, ça les fait bien rigoler de voir notre gouvernement tortiller du croupion pour avoir vaincu un pays qui ne se défendait pas, la Libye. Dans l'affaire syrienne nous sommes partis au plus loin possible, jusqu'à New York, pour menacer le raïs alaouite de représailles, mais si nous débarquions sur les plages de Lattaquié, la cavalerie blindée du nouveau Soliman nous ferait bien des frayeurs. En valeur brute c'est 18 milliards à récupérer pour renflouer la barque si nous germanisons notre diplomatie.

Que dit le Premier président Migaud de tout ça ? "D'accord avec Royal-Artillerie" mais en plus long.




II.- Comment va se gouverner le Quatrième Reich ?

Easy. Tirez une ligne d'Hendaye à Stettin et vous traversez à mi-chemin la capitale d'Austrasie, berceau des Carolingiens, la cité blindée de Kaizer Guillaume, la ville de Metz. Et hop, c'est réglé pour la capitale politique.


La capitale financière restera à Francfort sur le Main et deux capitales culturelles se disputeront fashion weeks et gay-prides, Paris et Berlin que l'on bourrera de musées pour être à parité. A noter que ces deux ville sont celles qui comptent le plus d'arbres au kilomètre de trottoir. Ça ne sert à rien de le dire sauf dans les dîners en ville.
Les choses sérieuses continueront comme avant, Mercedes à Stuttgart, Audi à Ingolstadt, BMW à Munich et le souvenir du Reich, Volkswagen, à Wolfsburg. J'oubliais Airbous à Toulouse et Karl Kagerfeld Rue Montaigne. On me dit dans l'oreillette que leur pinard est chaptalisé, pas terrible pour la cuite au litre. OK, OK !








vendredi 17 février 2012

Qinghaï, le pays où les moines...

... brûlent comme du papier

Quand les opinions européennes sont tétanisées par le spectacle des révolutions arabes mettant à leur porte des régimes théocratiques qui leur promettent la Conquête, l'autodafé des moines bouddhistes des provinces chinoises du piémont himalayen les laissent froides. C'est loin, même de nos jours, et les moines en feu font partie du voyage mental organisé en Asie.
Bravant l'interdit dogmatique, de jeunes moines et d'autres préfèrent donc s'incinérer plutôt que d'accepter les camps de rééducation promis aux déviants. Des 6000 monastères des années cinquante il n'en reste que 580, mais leur destruction méthodique n'avait pas intégré dans le programme administratif que les moines continueraient d'y affluer. Aussi les manifestations populaires dans les provinces extérieures du Tibet historique, Kham et Amdo, sont-elles réprimées à feu ouvert par les préfectures. Les meneurs, "moines-gangsters", sont raflés et traités par l'appareil d'Etat qui, en la matière, est un expert. La perversité de la sanction est son côté positif assumé par le pouvoir : le futur empereur, Xi Jinping, n'a-t-il pas été "reconstruit" en sept ans pendant la révolution culturelle dans les travaux des champs de la commune populaire de Wen'anyi au Shaanxi ? Le fer à repasser idéologique est institutionnel. Le lavage de cerveau c'est pour votre bien, il vaut bien votre vie.

La lutte de la foi et de l'intelligence contre la Connerie en bottes de fer est perdue d'avance pour deux raisons premières :
- l'image formatée d'une civilisation tibétaine barbare est inculquée dès le plus jeune âge dans le cerveau des Hans¹, la race céleste restant contre vents et marées le Sel de la Terre ; quoiqu'il arrive aux minorités instables est de leur faute, indolence, paresse, superstitions ; il suffit de faire ses huit heures avec application pour que tout s'arrange. Aucune image de moine en feu ne peut écorner cette caricature, même si la blogosphère dénonce le veto chinois au Conseil de sécurité de l'ONU dans l'affaire syrienne, ce qui signale une perception décalée des affaires intérieures bientôt.
(1) à un point tel que la chaîne sino-américaine du Falungong, New Tang Dynasty Television, n'en parle pas.

- l'absence de structure offensive de résistance tibétaine permettant de pitonner de l'extérieur des soutiens autres que moraux. A la pression chinoise, il faut une contre-pression du modèle courant et accessible. Le gouvernement théocratique en exil ne fait pas l'unanimité et n'a jusqu'ici provoqué que des demandes étrangères de négociation pacifique entre les parties, ce qui est risible avec un régime communiste.

S'y ajoute bien sûr l'interdit de Mammon, un milliard de boeufs doivent cracher du fric comme on en vit jamais autant sur Terre, ce n'est pas le moment de fermer les portes de l'Eldorado, et M. Xi Jinping qui sera promu secrétaire général du PCC à l'automne prochain, a été reçu à la Maison Blanche pour parler de la sous-évaluation du renminbi, et du veto chinois au Conseil de sécurité qui met en péril la santé du peuple syrien !


L'irrédentisme tibétain dans les provinces chinoises, et non plus seulement sur le toit du monde, s'ajoute à l'effervescence ouïgoure et à l'irrédentisme silencieux de la Grande Mongolie. Menacé sur ses trois marches continentales, l'Empire est déstabilisé par sa décrédibilisation générale dans les affaires du quotidien, comme le souligne avec moults détails l'International Herald Leader (clac). Les gouvernements central et provinciaux poussent au développement le plus possible et partout pour désarmer leurs contempteurs, en créant chez eux des classes moyennes plus attentives à leur patrimoine qu'à leurs convictions religieuses. Malgré cela la concurrence des jeunes hans éduqués reste forte, et dans certaines préfectures du Qinghaï et du Sichuan ils font figures de colons, de pieds-noirs, avec cette propension de la race au clinquant qui excite les aborigènes.

Les études des cercles économiques nourrissant le pouvoir stigmatisent les déséquilibres de tous ordres et les dévastations provoquées par une urbanisation débridée qui ruine l'environnement pour longtemps, la conjonction des deux pouvant déclencher un chaos global hors de maîtrise de l'armée. Les analystes étrangers sont sur la même ligne interrogative et certains, plus indépendants, ont dépassé le stade du "comment" pour celui du "quand". Jusqu'ici la croissance très forte de la Chine pouvait émerveiller le visiteur mais s'analyser dans la foulée comme une fuite en avant. Pour cent raisons dont la première est imagée par la maxime de bourse qui dit que les arbres ne poussent jamais jusqu'au ciel, la croissance va devenir normale, créant des tensions intenables dans la population active, ruinant les banques plombées par des actifs pourris dissimulés, vidant les tours orgueilleuses, faisant exploser les prix des nécessités. Alors se lèveront les nouveaux Boxers.

En attendant que s'écrive l'histoire, silence, on compte ! La chancelière Merkel, venue en visite à Zhongnanhaï au début du mois pour appâter la SAFE¹ aux bons souverains en euros, a soulevé la question tibétaine parmi beaucoup d'autres sujets de préoccupation (sic), mais n'a certainement pas relevé la brutalité du maintien de l'ordre communiste dans les provinces tibétaines de l'intérieur, ce qui serait de l'ingérence. Wen Jiabao a collectionné sa liste de dissidents favoris dans le tonneau où le capucin de l'Arizona jette les "Mars".
Nos gouvernements étant livrés pieds et poings liés au négoce, il n'y a qu'une riposte à apporter au massacre des Tibétains, le boycott des produits chinois. Lisez les étiquettes et jetez ostensiblement.
Ça va le faire, pour une fois qu'il suffit d'y croire.





(1) SAFE : State administration of foreign exchange, Pékin

mardi 14 février 2012

Le Nonagone du piéton du roi


Neuf propositions inédites plus une pour la détente (la gâchette), c'est la contribution de bon sens du blogue Royal-Artillerie au débat électoral pour la présidentielle. Ce mini-programme sans ordre de priorité est soumis au principe de non-cohérence, à savoir que les mesures ne sont pas liées entre elles. Leur choix est librement autoporteur.
Ce nonagone, non approuvé par cinq cents parrains, sera adressé aux candidats présidents de la République, et lequel répondra en acceptant d'inclure dans son propre programme une seule des neuf propositions gagnera la voix du Piéton du roi, qu'il pourra afficher dans sa salle de bains, au dessus du miroir. Sans se prendre au sérieux, l'affaire est quand même sérieuse, une fois.

PRIMO : Réhaussement de l'enseignement des langues vivantes.
Les professeurs de langues étrangères du collège au lycée seront progressivement recrutés parmi les diplômés locuteurs de leur langue maternelle, et les lycéens quitteront le second degré en parlant couramment deux langues étrangères.
Le ressort de cette mesure est à bander au niveau européen pour que tous les professeurs de langues de l'Union européenne soient locuteurs natifs. Ainsi le marché du professorat sera élargi - les profs de français enseigneront partout -, de même pour ceux d'allemand, anglais, italien, espagnol...
RA+
La capacité à s'exprimer naturellement dans deux langues étrangères est un atout de compétitivité indéniable. Les peuples ne disposant pas d'une langue universelle sont paradoxalement plus ouverts au monde et plus performants dans leurs entreprises, et dans les organisations planétaires où se prennent les grandes décisions ; cette aisance à jongler parfaitement avec au moins trois langues donne l'aisance nécessaire à la cafétéria pour s'ouvrir les portes des directions, toutes choses égales par ailleurs.

DEUZIO : Pour une tête bien faite.
Les langues mortes structurantes comme le grec et le latin seront intégrées de plein pied au programme des collèges, en commençant par les établissements zonés. On retirera des programmes les cours "sociétaux" décérébrants pour libérer des heures et on allongera l'année scolaire comme en Europe du Nord. Ces matières sont des formateurs inégalés de l'esprit et en priver la jeunesse d'où qu'elle vienne c'est du vol.
RA+
Ces deux langues sont à la base de notre civilisation. Des expériences ont été tentées dans des quartiers moins favorisés disposant de collèges difficiles,  de donner des cours de langues mortes sur une année. Ce fut un franc succès, les élèves ayant ressenti une augmentation de la considération à leur égard et une fierté bien placée ensuite. Ne jamais oublier que le grec est une formation de l'esprit aux mathématiques.

TERCIO : Achèvement du parc de logements sociaux.
Les permis de construire seront remontés au niveau de la sous-préfecture pendant sept ans. Après avoir fixé le mode de calcul et la fraction de logements sociaux obligatoires par commune, les nouveaux permis seront suspendus sur les communes n'atteignant pas le niveau règlementaire, pour n'être libérés qu'au jour du dernier mètre-carré social livré à la location.
RA+
La république se consume dans les satrapies locales surtout quand on leur offre le droit de déroger moyennant amende. Les riches paient. Si la cause du logement de tous est vraiment une priorité, et le spectacle de nos rues nous l'indique, l'amende inefficace doit être remplacée par le gel des permis. Il suffira de relever d'où proviennent les cris d'orfraie pour cibler une réaction plus fine, mais la seule menace déjà enclenchera un mouvement de construction à bas coûts.

QUARTO : Libération de la production d'énergie.
Le monopole de distribution électrique de l'EDF sera abrogé. Les systèmes individuels de production de courant ne seront plus reliés au réseau mais alimenteront les circuits domestiques dédiés à cette production. L'achat à perte sera terminé, et les foyers auront recouvré la liberté de produire sous la seule contrainte environnementale et de voisinage.
RA+
Contre le mondialisme, certains prônent le localisme. C'est à la force hydraulique que le point 4 est dédié. Dans ce cadre, rénové par l'intrusion des libertés citoyennes de premier échelon, il faut remettre en route les moulins, relever les biefs, placer des turbines et laisser prendre du courant électrique à la nature. Un syndicat d'usagers des eaux par quartier ou hameau peut régler la cohabitation de tous.

QUINTO : Réarmement du voltigeur.
Le nouveau fusil d'assaut de l'infanterie sera développé et fabriqué dans les arsenaux français et ses munitions produites en France. Il est inadmissible que la munition d'infanterie soit de nouveau achetée aux Emirats ou en Israël, avec les problèmes de qualité que l'on sait.
RA+
Le triste score de l'embuscade d'Uzbin est en partie dû au défaut d'interopérabilité des munitions de fusil entre le soutien américain et nous. La munition française au calibre OTAN fut à l'origine conçue pour le fusil FAMAS, pur produit de la Manufacture de Saint-Etienne. Elle n'est pas standard. Le fusil ayant achevé sa carrière, il est question de le remplacer par un HK allemand sinon un Herstal belge, ce qui laisserait croire à tout le monde que nous sommes devenus incapables de faire un fusil en France avec des munitions interopérables ? C'est proprement énorme.

HEXO : Peine zéro pour les condamnés étrangers.
Les ressortissants étrangers condamnés au pénal seront remis à l'administration pénitentiaire de leur pays de naissance avec lequel sera passé un traité de collaboration, munis d'un "viatique" calculé sur la moitié du prix de journée en prison française. Les économies de places et de programme de constructions seront significatives, et la mesure éventuellement dissuasive.
RA+
La question de la surpopulation carcérale est centrale dans le budget de la Justice, l'enfant délaissé de la République. Se séparer des condamnés étrangers allègerait d'autant le stress sur l'institution et procurerait aux pays d'accueil des moyens financiers pour assurer leur réinsertion au pays natal et améliorer leur système carcéral dans un cadre coopératif.

HEPTO : Incarcération des condamnés politiques.
Suppression du sursis dans les condamnations de toute nature d'élus politiques dans l'exercice de leurs fonctions électives et inégibilité à vie. La République ne pouvant fonctionner que sous l'utopie de la Vertu, les comportements immoraux la mettent en danger.
RA+
Le sursis est aujourd'hui la règle en matière de concussion et l'inégibillité très rare. A tel point que l'on voit des politiciens condamnés en première instance et en appel, se faire "blanchir" par des électeurs hostiles à l'immixion d'une justice extérieure à la cité dans les affaires de celle-ci. La récompense du "condamné injustement" est un affront à la Justice qui ne doit pas être toléré.

OCTO : Régularisation des sans-papiers travaillants.
Tout travailleur, capable de fournir les preuves d'un emploi stable sur pièce de tiers non impliqué, sera admis à la procédure de délivrance de papiers administratifs et obligatoirement syndiqué à l'organisation de branche de son choix.
RA+
Fort avec les faibles, telle est la devise de l'Administration. Le minimum d'humanité demande qu'un travailleur honnête puisse disposer des papiers nécessaires à sa vie sociale. Ceux qui ont franchi les frontières et travaillent, parfois durement dans des métiers délaissés, ont montré assez de courage pour être positivement "oubliés". Reste à organiser la règle pour que la mesure ne soit pas une convocation à immigrer à tout prix.

ENNEO : Combattre l'obsolescence programmée.
L'allongement de la durée d'utilisation des biens fabriqués par l'industrie accroîtra mécaniquement le pouvoir d'achat des consommateurs et allègera la pression sur les matières premières. Un label octroyé par le Ministère de l'Industrie, et non par aucune corporation de fabricants, identifiera les produits dont la durée de vie n'aura pas été trafiquée.
RA+
L'obsolescence programmée des produits fut décrétée aux Etats-Unis en 1925 par l'oligopole des fabricants de lampes afin de doper leurs ventes. Elle s'est étendue à tous les compartiments de l'industrie, à tel point que les imprimantes électroniques actuelles recèlent des codes de mort technique au bout d'un certain nombre d'impressions. Un certain degré d'éphémérité est recherché dans tout produit de grande consommation, mais celle de la mode est la seule indomptable




DES PROPOSITIONS INÉDITES ET SENSÉES
C'EST SUR ROYAL-ARTILLERIE



BONUS : Développement de l'archipel des Kerguelen.
Colonisation choisie parmi les associaux de métropole, pour préparer le dernier refuge du génome gaulois avant réchauffement climatique, tout en faisant baisser la pression dans les quartiers de non-droit.



http://prin.tt/wGjj1g 

dimanche 12 février 2012

To forever...



As I lay me down
Heaven, hear me now
I’m lost without a cause
After giving it my all

Winter’s storm has come
And darkened my sun
After all that I’ve been through
Who on earth can I turn to

I look to you, I look to you

After all my strength is gone
In you I can be strong

I look to you, I look to you

And when melodies are gone
In you I hear a song
I look to you

About to lose my breathe
There’s no more fighting left
Sinking to rise no more
Searching for that open door
And every road that I’ve taken
Lead my regret
And I don’t know if I’m going to make it
Nothing to do but lift my head

I look to you, I look to you

And when my strength is gone
In you I can be strong

I look to you, I look to you
Oh yeah
And when melodies are gone
In you I hear a song
I look to you

[Chœur]
My levees are broken
My walls have come
Tumbling is down on me
The rain is falling
Defeat is calling
I need you to set me free

Take me far away from the battle
I need you
Shine on me

I look to you, I look to you

After all my strength is gone
In you I can be strong

I look to you, I look to you

And when melodies are gone
In you I hear a song
I look to you
I look to you
I look to you

R I P

samedi 11 février 2012

Renault global


L'ouverture d'une grande usine Renault à Tanger fait trop de tapage, la nouvelle a failli écraser le mauvais temps, c'est dire ! Ça la fout mal en période d'incantations relocalisatrices et surtout mesure l'impuissance de la sphère politique nationale sur l'industrie globalisée. Carlos Ghosn est trop poli pour envoyer les candidats se faire foutre mais il le pense si fort que ça s'entend. Politique d'abord c'est terminé, depuis longtemps. L'économique prime.
Comme tout acteur d'un marché mondial, la firme au losange efface les frontières de ses plans stratégiques pour gagner des parts du gâteau, objectif obligatoire pour ceux qui veulent continuer d'exister. Il faut vendre les voitures sur les marchés qui en achètent, aurait dit La Palisse. Les marques disparues ou en voie de l'être furent de bonnes marques. Nous ne citerons que les morts de ce siècle à peine commencé : Hummer, Matra, Mercury, MG-Rover, Oldmobile, Plymouth, Pontiac, Saab, Santana, Saturn, Volvo et nous glisserons sur le trophée du rastacouère qu'est devenu Jaguar. Se battre donc sans hésitations, un concept finalement très peu politicien où chaque pas est d'abord mesuré par sondage d'opinion avant d'avancer le second pied. Carlos Ghosn n'a rien à faire dans la campagne électorale et ne l'envoie pas dire.


La presse économique a fait de bonnes analyses de la stratégie des deux constructeurs français qui ne s'en tirent pas si mal (Les Echos, La Tribune). Reste que nos usines crèvent. En dix ans, le volume de véhicules tous types confondus produits par PSA et Renault dans le monde (source OICA) a augmenté de 18,75% et la production automobile française a décru de 33,47%. Pour mémoire, sur la même période la production en Allemagne n'a décru que de 6,42%. En quatre chiffres :
France production totale tous types : 2010 = 2227742 | 2000 = 3348361
PSA+R production mondiale tous types : 2010 = 6321810 | 2000 = 5323765


Il y a changement de paradigme. Nos constructeurs hexagonaux tiennent bon parce qu'ils ne le sont plus, avec un rétrécissement de parts de marché de seulement 1 point (8,12% contre 9,12) tenant compte de la montée en puissance de l'industrie sino-chinoise qui explose.
Par contre, nous nous dirigeons au plan français vers une industrie automobile de niche. Notre part "nationale" du marché mondial est passée de 5,74% à 2,86% en dix ans. Peugeot comme Renault cherchent des "spécialités" pour palier l'amortissement du segment gamme moyenne, mais les contraintes de prix et de solvabilité des acheteurs en année de récession cassent les pronostics.

Il faut être niais, ou simplement hors du réel, de croire que le remède au chômage français puisse venir des constructeurs eux-mêmes, qui se projettent sur un vecteur ascendant de production globalisée. Aussi les remontrances de la classe politique à leur endroit sont comme pluie d'hiver sur le cormoran. Ce n'est pas leur problème si les réflexes soviétiques persistent dans notre société de revendications. Ils ne peuvent donner que le travail qu'ils gagnent, et en doivent partout !

Plutôt que de lever le poing au ciel, nous devons développer de l'industrie à travers des métiers neufs et sans tarder, car les courbes ne s'inverseront pas. Innovons ! Découvrons ! Inventons !

vendredi 10 février 2012

Civilisations guéantiques


Pauvre M. Guéant, battu sur le bilan de la sûreté publique, il s'affaire à populariser les thèses de son maître que plus personne ne croit. Même si la république est devenue l'abri de toutes les civilisations de la planète, les hiérarchiser est un pas de clerc comme en font les canards sans tête de l'agitation médiatique en campagne. Bien sûr que les civilisations sont diverses et ne se valent pas, mais en quelle devise les valorise-t-on et qu'en est-il au fond de leur classement ? C'est quoi d'abord une "civilisation" ?
Différente d'une culture, d'une mémoire, d'un codex de moeurs, une civilisation se mesure à son empreinte dans la dimension espace-temps. Qu'en dit mon vieux communiste favori, Maurice La Châtre dans son dictionnaire universel de 1856 ?
CIVILISATION.  s.f. Opposition à la sauvagerie. | Dans un sens plus étendu, développement intellectuel et moral d'une fraction de l'humanité, d'un peuple; la part que ce peuple apporte à l'oeuvre commune; son rôle à la fois spécial et général. | Dans un sens encore plus étendu , une des époques, phases ou périodes évolutives de la marche progressive de l'humanité. | Absolument, mouvement permanent et progressif de l'humanité vers la liberté, l'égalité et la fraternité : sublime formule mise en lumière par la glorieuse Révolution française. La date précise où ce mot apparaît dans la langue est importante, parce qu'elle est aussi le moment où éclosent en France et en Allemagne des théories entièrement nouvelles sur le développement historique de l'humanité et la perfectibilité de l'homme social...(viennent ensuite dans l'article, Pascal, Bossuet, le napolitain Vico, Lessing, Herder, Condorcet et son Tableau de l'esprit humain, mais pas Guéant)
Après sa minute érudite, La Châtre en vient au vecteur premier de civilisation, la Loi de Progrès, l'histoire comme "une longue théorie de théorèmes sociaux logiquement enchaînés les uns aux autres". Les peuples de la Terre sont voués à l'échelle de perroquet du progrès, qu'ils gravissent chacun à leur rythme. Il n'y a qu'une échelle, celle de la "sublime formule". Il est facile d'évaluer l'avancement respectif des civilisations différenciées jusqu'au jour où la boule de neige du progrès tournant sous la main du temps ramassera toute l'humanité. C'est l'idéologie socialiste actuelle.

Mais non, ça ne marche pas comme ça. La plupart des civilisations que l'homme créa naquirent et moururent, à l'exception de la civilisation chinoise fleurissant sur ses terres depuis cinq mille ans. Les grandes villes mésopotamiennes de terre cuite ont laissé le souvenir de puissantes civilisations "impérissables". La civilisation égyptienne écrase encore d'une lourde empreinte tout le bassin du Nil, sans héritiers. Les vestiges des empires pré-colombiens attestent d'un monde très développé et passablement cruel, disparu. Ces civilisations sont-elles mortes de n'avoir pas connu la Révolution française et sa Loi de Progrès ? Elles le furent surtout de n'avoir pas été copiées. Et que dire de la mère du monde, la péninsule indienne en métempsychose permanente sur place ? Elle frémit aujourd'hui à l'annonce de son décollage après avoir essaimé des mythes autour d'elle pendant des millénaires.

 Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts ici pour ses lois
A l'inverse, les deux grandes civilisations cousines de Méditerranée, le monde hellène et le monde latin, perdurent en Europe et dans ses projections américaines parce qu'elles ont établi des bases sociales et étatiques indépendantes des régimes politiques qu'elles ont connus, avec une puissante rémanence du droit naturel codifié que tout le monde a conservé. Pour la première fois dans cet hémisphère, elles privilégièrent l'intelligence à la force. Les racines de la civilisation française sont, malgré les Croisades, gréco-latines et ses moeurs judéo-chrétiennes ; ces dernières sont en pleine liquéfaction quand les premières demeurent. Sur les territoires où ces bases ont été effacées est revenue la barbarie, décorée des frêles arabesques de la nouvelle théocratie orientale, portée par le vent de la Conquête arabe pour l'assujettissement de tous aux rêves éveillés d'un analphabète. De si belles choses y furent bâties, mais vides de sens.

Si l'on doit classer les civilisations le pistolet sur la tempe, on classe forcément les valeurs qui les cimentent. Jusqu'à une époque récente, celles-ci visaient d'abord à la pérennité du modèle. La cité passait avant le citoyen, même s'il fallut beaucoup de persévérance à Confucius en Chine pour organiser chacun au bénéfice de tous. C'est la théorie du rouage et des hiérarchies, les empires d'Asie poussèrent le concept à fond, par les castes en Inde et les ordres en Chine et au Japon. Puis s'est éveillée en Europe à la Renaissance l'exaltation de l'individu et l'organisation de son environnement au profit de son accomplissement, du moins dans la philosophie du projet. Contrairement à une idée répandue dans la famille Guéant, ce modèle individualiste s'est assez peu exporté, même dans les colonies européennes de couleur. Après le reflux occidental, les civilisations qui ré-émergèrent revinrent au concept de la défense collective. C'est bien pourquoi les "droits de l'homme" y restent un slogan d'accès aux guichets internationaux et pas du tout une pratique quotidienne. Le souvenir de leur abaissement et de leur humiliation est assez vif encore dans leurs esprits pour qu'ils remettent à plus tard la mise en conformité aux critères internationaux de leurs moeurs, critères qui s'avèrent n'en être pas.

Nous n'avons pas parlé de l'Afrique, que nous réservons à une prochaine fois. Pour terminer, M. Guéant aurait pu soutenir que dans l'accomplissement des libertés individuelles, certaines civilisations précèdent les autres sur l'échelle du temps, et nous lui aurions répondu que l'incertitude de leur pérennité pouvait entamer gravement le pronostic de l'atteindre. La meilleure des civilisations est celle qui s'occupe du bonheur au moment et dans le temps. Un laboratoire s'y emploie aux confins du monde, le Bouthan. Allons-y voir et taisons-nous.





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