Je lisais l'entretien que Jean Raspail a accordé à Anne-Laure Debaecker dans Valeurs actuelles pour son dernier essai Le roi est mort, vive le roi, quand je n'ai pu m'empêcher de penser à Rodolphe Crevelle, trop tôt disparu, qui avait défini les mêmes isolats de valeurs traditionnelles dans les cantons de la Montagne noire et demandait pour chapeauter le tout, un roi de vitrail dans la clôture du Mont Saint-Michel. Paix à son âme insoumise ! Je cite Raspail : « Des villes, des morceaux de territoire finiront par refuser d'adhérer à la République et se rallieront au roi qui osera se lever. Mais ce royaume parallèle ne s'occuperait pas, au début, de diriger la France et se désintéresserait de la politique pour se consacrer à l'édification de ses propres valeurs [exemple du Puy du Fou ...] De même, la Patagonie offre une patrie de rechange aux désillusionnés et rassemble des centaines de sujets. Tous deux forment des isolats. Ce terme ethnologique désignait des tribus obligées de fuir leur habitat d'origine pour aller construire une autre base afin d'éviter ceux qui les menaçaient. En France, sans que nous ne le remarquions forcément, naissent ainsi de nombreux isolats. Ils sont notamment nombreux dans la jeunesse : ce sont des groupes qui ne font pas parler d'eux mais qui partagent des valeurs et des façons de penser communes. C'est pourquoi, si un roi surgit, il trouvera des sujets parmi toutes ces personnes qui ont adopté, d'une façon ou d'une autre, une communauté, une patrie de rechange. Car beaucoup déplorent l'érosion des valeurs, de la transmission et de la notion de famille dans notre société. Il y a plus de déçus en France que de patriotes.»
Sous l'orage progressiste de la République qui veut nous détruire mentalement pour que surgisse l'homme nouveau réglementaire et bariolé, le seul abri sûr n'est-il pas la communauté ? Un voisin de comptoir dont j'ai perdu le nom (du comptoir) me disait il y a longtemps que "les Chrétiens dans leurs valeurs de base ne pourraient survivre sans communautarisme parce que la fraternité officielle était un leurre agité à notre détriment pour favoriser la transition vers le modèle "standard". Ce sont à peu près ses mots. Au spectacle du combat officiel contre la liberté d'expression, qui va empirer avec la loi Avia de conformité, on peut soutenir que la libre expression ne sera bientôt possible qu'en des cercles étanches de discussion. Il est à souhaiter qu'ils soient les plus larges possibles pour pouvoir s'agréger les uns aux autres sur un ADN commun dans une sorte de multiplication moléculaire.
Les périodes de crise (comme les guerres ou les grandes épidémies) ont vu se constituer ces cercles de défense fermés. Dans le cas des isolats raspaliens, il n'est pas question de murs et de portails à fermer chaque soir, mais d'une forme de vivre ensemble sans tomber dans l'utopie hippie des années fleuries. Quoique !
A la fin de l'entretien, Jean Raspail appelle à une insurrection de l'esprit dans la révolte intérieure à chacun. Cela induit-il d'émigrer mentalement tout en restant chez soi ? En ne participant plus à la vie civique républicaine ? Sans doute. Et il sera plus difficile à la Gendarmerie de nous vérifier que si nous formons des communautés rurales. En résumé, fréquentons-nous !
Considérable d'importance ! Telle est la publication solennelle du repentir du chef de la maison d'Orléans pour la mort de Louis XVI, prononcé lors de la messe du 21 janvier dernier en la Chapelle royale de Dreux. Ce texte est accessible ici sur Royal-Artillerie. Il ressoude l'hérédité des fautes jusqu'ici niée par les descendants, en même temps qu'il la fait absoudre par Celui qu'il implore.
Les royalistes tenant pour la branche cadette - l'aînée étant pour eux éteinte et les surgeons en exil - opposaient le droit commun de l'inhéritabilité du crime à ceux qui prononçaient le nom de Philippe-Egalité à chaque argument de légitimité dans le cadre moisi de la querelle dynastique. Se fondant sur les grands auteurs, ils soutenaient que les D'Orléans contemporains étaient blancs comme neige des crimes commis par l'ancêtre que leurs contempteurs tenaient pour la pire ordure de la Révolution. Ce que le duc d'Orléans de jadis fut indéniablement. On ne reviendra pas sur le complot permanent, la spéculation sur les grains, le soudoiement d'insurgés et le vote fatal...
Mais si le défunt comte de Paris lors de chaque messe annuelle à Saint-Germain l'Auxerrois implorait le pardon pour l'ancêtre sanglant : « Pendant sept ans [...] nous avons fait des prières pour la famille royale assassinée et pour mon ancêtre. Nous étions présents, nous étions à genoux, et nous demandions pardon, nous demandions la paix », c'est bien que l'inhéritabilité ne suffisait pas. Dans cette même veine du doute intime, son fils Jean d'Orléans a ressenti la même nécessité d'en finir une bonne fois avec l'immaculée succession. Si nul n'hérite des crimes de ses parents en droit, le syndrome du péché transmissible court dans l'esprit des gens du commun, parfois sous des formes aussi triviales que "un chien ne fait pas des chats" ou "c'est un fils de voleur"... A faire campagne, il fallait régler cette question terrible de la seule façon qui vaille : l'appel au Ciel miséricordieux pour qu'il efface la tache originelle. Et comme depuis l'aube du monde toute imploration dans une position de grande humilité est entendue par les puissances célestes, le pardon est obtenu. Ceci va avoir des conséquences sur le microcosme royaliste. Mais auparavant il faut bien cerner l'obstacle du crime hérité en droit naturel.
Jean d'Orléans et ses aïeux revendiquaient l'héritage des quarante rois ; mais ne pouvaient le faire qu'en traversant le chaînon Philippe-Egalité qui les raccordait à Louis XIII. Beaucoup de Légitimistes jugeaient infranchissable l'obstacle du sang corrompu par le régicide, avant que de brandir l'usurpation sournoise de 1830 quand le duc de Chartres, futur Louis-Philippe, trahit sa mission de régence jusqu'à majorité du jeune duc de Bordeaux pour devenir roi à sa place, puis fit la guerre intérieure à ses fidèles dont la propre mère du petit roi, Marie-Caroline.
Le repentir du 21 janvier 2020 fait sauter le premier blocage mais pas le second, et l'on sait que Jean et Eudes d'Orléans sont de grands thuriféraires de la Monarchie de Juillet jusqu'à avoir promu il y a quelques années la création d'un Institut de Juillet. S'il veulent convaincre définitivement de leur légitimité, ils seraient plus avisés de travailler sur l'inévitabilité de la revendication de Louis-Philippe au spectacle d'une couronne perdue trop facilement par la branche aînée, plutôt que d'attaquer les prétentions des successeurs espagnols de Louis XIV. Cette dernière question est plus difficile à répondre que la première et pourtant, il y a matière : Charles X, belle prestance mais peu politique, se couchant à la première détonation, entraîne dans l'abdication son propre fils Louis-Antoine, prince courageux, capable d'initiatives comme il l'avait montré en Espagne et durant les Cent-Jours, au motif qu'ils partageaient les mêmes idées conservatrices. C'était faire fi de l'intelligence d'icelui. Seul problème dans cette dialectique, la réponse ne peut éviter de soutenir la débilitation de la branche aînée, morte sans postérité, ce que le populaire appelle des fins de race, et elle infirme la pertinence des Lois fondamentales du royaume de France qui les ont désignés pour ceindre la couronne. Si elles sont déficientes ici, elles le sont partout. Or la succession d'Orléans est fondée sur les Lois.
Avant de prendre congé, je ne peux m'empêcher de penser que si le comte de Paris d'alors avait fait cette même démarche de repentir solennel dans une grande église de Paris à la mort de Chambord, le ralliement des légitimistes en aurait été facilité voire complet. Onc humilité ne nuit !
[billet spécial initiés] - En ce 21 janvier, le Ciel a entendu monter vers lui les supplications des royalistes pour le repos du roi martyr. Que n'a-t-il réagi il y a 227 ans quand le pieux lieutenant du Christ Louis XVI, roi de dévotions, parfait chrétien, fut condamné à la décapitation ! Son épouse subit le même sort et l'innocent petit dauphin mourut ensuite, à ce que dit l'histoire officielle. Où était le Ciel ce 21 janvier 1793 ? Les voies de la Providence sont impénétrables, disent les savants qui n'ont rien vu. Si impénétrables qu'on peut douter de la démarche providentialiste qui s'en remet au Très Haut pour nous choisir un nouveau roi.
Et si le ciel était vide ? s'interroge le gueux et le chansonnier. Ce n'est pas un problème pour les *monarchistes de raison, ceux qui ont choisi de promouvoir ce régime d'administration des sociétés humaines après analyse des avantages et des inconvénients du modèle, qu'ils soient croyants ou agnostiques. Sans reproches ni murmures, ils accepteront la désignation d'un roi par la Providence, le but ultime de leur réflexion et de leur militantisme étant atteint. Qu'importe l'origine de l'énergie sollicitée par la restauration ! Un monarque sera rétabli dans ses pouvoirs régaliens. Point-barre, merci ! Merci qui ? Jésus ? Merci Jésus ! Ainsi passeront sur les voies de la Providence les étendards du roi :
Comme nous l'annoncions dans notre billet du 5 janvier, la Charte de Fontevrault abandonne le ballet de cour et cesse les mondanités entre chapelles. Et c'est bien ce qui intéresse le Piéton de Royal-Artillerie. Fini le colloque sourd des royalistes, la Providence n'en a nul besoin. Les Chartistes vont se battre par et pour eux-mêmes puisque nul autre ne le fera à leur place. Le credo providentialiste est très simple et puissant, qu'on en juge :
« La société ne peut exister selon le plan de Dieu que par la poursuite du Bien Commun qui est la paix, paix qui est la tranquillité de l’ordre, ordre qui est assuré à l’intérieur comme à l’extérieur par les fonctions régaliennes du roi. A l’extérieur par le roi guerrier, commandant et diplomate ; à l’intérieur par le roi père de famille, législateur et justicier.»
Jusque là tout va bien. Le principe originel du providentialisme est que le Christ est le vrai, seul et unique Roi de France. Il délègue son pouvoir à qui en est jugé digne et capable ; l'impétrant est promu lieutenant du Christ et exerce une royauté de droit divin. Il devient dès lors inutile voire incongru de pré-désigner quelque prétendant que ce soit par tel ou tel procédé si c'est à Dieu d'y pourvoir. Le providentialisme reclasse la Loi Salique à son rang statutaire de loi successorale au trône de France, ce que nous résumons d'un slogan facile à retenir :
Dieu dit, la Loi fait
La rupture monarchique de deux siècles modifie-t-elle l'ordre des facteurs ? Pour les royalistes en général, la rupture n'existe pas, le royaume est virtuellement continué et la dynastie capétienne l'incarne sans discussion dans ses descendants. Le choix opéré par la Loi - de facto celui des hommes - est proclamé au sacre à l'intention des légistes et des peuples. Par contre pour la Charte, la cassure actuelle est franche et modifie l'ordre des facteurs, puisqu'elle entend redémarrer la monarchie sur injonction divine quant au temps et au prince élu ! C'est là que le projet providentialiste aura maille à partir avec les autres mouvements royalistes français, tous rangés derrière un prétendant dont la légitimité est assise sur la somme des Lois fondamentales du royaume de France, royaume certes absent mais souterrain. C'est une révolution au Roycoland, sauf chez les monarchistes de raison, comme nous venons de le dire plus haut*.
Les sept piliers de la sagesse providentialiste sont solides et droits. Nous les reprenons avec un bref commentaire explicatif destiné aux nouveaux lecteurs.
1.- Le Christ, Roi de France : nous venons d'en parler ;
2.- Le Pacte de Reims de 496 : baptême du roi franc Clovis par l'évêque saint Rémi, forgeant l'alliance irréfragable du trône et de l'autel ;
3.- Le Sacre : c'est l'onction, l'adoubement, le recollement transcendantal, la naissance du lieutenant du Christ ;
4.- La Triple Donation de 1429 : Jeanne d'Arc exige et reçoit par acte authentique le royaume de France du Gentil Dauphin Charles VII, elle le donne à Jésus-Christ, Qui par sa bouche le remet au "Roi Charles". Le lendemain Charles VII part pour Reims au milieu de tous les dangers pour se faire sacrer ;
5.- Conflit entre les choix divin et personnels : c'est un des ateliers de la Charte qui anticipe une difficulté entre héritage et statut ;
6.- Priorité du choix divin sur les lois successorales : ces lois sont destinées à éviter les querelles dynastiques, mais elles procèdent du premier élu ;
7.- La Fonction régalienne comme une grâce d’état particulière issue du sacre. Un huitième pilier est en cours d'examen.
La Loi Salique (sous ce nom je regroupe toutes les lois fondamentales) représente un tunnel à voie unique qui désigne aux princes et aux grands du royaume le successeur statutaire du roi défunt. Nul n'en peut déroger jusqu'à disparition du sujet d'application : le royaume. Nous sommes en 2020 dans cette situation : le royaume de France a disparu, emportant avec lui ses coutumes politiques. Il n'est pas extravagant que désormais les royalistes se soumettent au choix qu'exprimera le Christ vrai Roi de France, quand Il le décidera, et qu'ils vouent leurs efforts à préparer Son retour dans les cœurs et les esprits français. Reste à reconnaître le "signe" qui désignera l'élu. Ils sont si nombreux à se prétendre capables de le reconnaître, que finalement le nom du vainqueur sera prononcé par une bouche humaine (?!).
Réactions ? On ne va pas se voiler la face. A mesure que son influence augmentera, la Charte de Fontevrault subira l'attaque de certains groupes royalistes ayant déjà choisi leur champion sans attendre Jésus-Christ par le principe de la légitimité héritée. L'Alliance royale restera neutre puisqu'elle promeut le modèle à travers une plateforme institutionnelle détaillée sans s'inquiéter du nom du prince pour le moment.
Les groupes reconnaissant le comte de Paris considèrent que le problème du prétendant est réglé par le principe de nationalité ; ils ne feront pas irruption dans la démarche providentialiste, d'autant que la Charte ne promeut plus aucun adversaire de la maison d'Orléans. Les groupuscules survivantiste, carliste, parmiste ou bussetiste n'ont pas d'effectifs. Par contre il en sera autrement dans le camp de l'aînesse espagnole des Bourbons dont la position est entamée par le outing franquiste du "roi de droit". Cette revendication publique ringardise des années d'imprégnation patiente de la population ciblée, essentiellement catholique. Dans une diatribe féroce de l'année 2008, les ultra-légitimistes de l'Union des Cercles voulurent démontrer que le providentialisme était « un péché grave contre la nature d'animal politique que Dieu nous a donnée » avant de devenir « un mal social terrible ». Les coups les plus durs contre la Charte de Fontevrault viendront de ce côté au fur et à mesure des progrès qu'elle fera dans le milieu tradi-catho-royaliste. Les mouches changeront d'âne, l'Usurpation connaîtra le répit.
Royal-Artillerie suivra la mutation de la Charte avec sympathie et curiosité car c'est un bien grand défi qu'ils se lancent avant d'avoir médité l'aphorisme de Péguy : « Tout commence en mystique et tout finit en politique ». Il y aura donc une suite.
[Spécial Royco] Une fois encore, le prince Louis de Bourbon a honoré de sa présence la messe expiatoire en la Chapelle éponyme pour se souvenir du roi Louis XVI décapité par la nation le 21 janvier 1793. Comme le pressentait Léon Bloy, nous y avons gagné une damnation éternelle ! Après l'allocution que nous propose la page Facebook des Rois souterrains, le duc d'Anjou a participé à la marche annuelle pour la vie, avenue de l'Opéra, liant sans effets de manche les deux manifestations qui se faisaient concurrence jusqu'ici. On le savait décidé, actif, résilient aux attaques, il montre dans son discours qu'il ne craint pas de montrer du doigt les responsables des désordres français. On notera en introduction l'élégance du prince dans l'hommage appuyé au défunt duc de Bauffremont avec lequel il eut maille à partir jusqu'à créer une structure séparée de l'IMB, l'Institut Duc d'Anjou, IDA. La réconciliation eut lieu du vivant du duc de Bauffremont par l'arrêt de l'IDA, et les choses sont revenues en ordre de ce côté-là.
On ne peut passer sous silence le cuir de la Comtesse de Paris qui à la sortie de la messe de Dreux avouait au journaliste qu'on ne pouvait juger aujourd'hui les fautes d'hier, eussent-elles engendré la Terreur, sous-entendant que Philippe-Egalité avait agi selon les circonstances du temps. Je pense que la communication du château devrait être laissée aux bons soin du prince Jean qui a plus l'habitude de cette exposition publique que son épouse autrichienne. C'était la première fois que la Maison d'Orléans organisait une messe de repentir dans son fief. Jusqu'ici, feu Mgr le comte de Paris n'avait fait que participer à la messe du Cercle de l'Œillet Blanc à Saint-Germain l'Auxerrois à Paris, en implorant le pardon du Ciel. Il n'est plus que temps que les maisons de Bourbon, Parme et d'Orléans organisent une messe annuelle commune chaque 21 janvier, manifestation qui donnerait une image claire de leur existence à la population française.
Postscriptum du 22 janvier 2020 via La Couronne : Prière de repentir du comte de Paris, Jean d'Orléans, en ouverture de la messe expiatoire du 21 janvier à la nécropole royale de Dreux :
Seigneur,
Moi, Jean, Comte de Paris,
Comme tout fidèle au début de cette messe, je me reconnais pécheur devant Toi.
La Maison Royale de France, dont par Ta grâce je suis devenu le chef, nous Te demandons pardon, ainsi qu’aux victimes des fautes de nos ancêtres et en particulier de celle de Louis-Philippe-Joseph d’Orléans à l’égard de son cousin Louis XVI, roi de France, père de son peuple et qui a reçu l’onction par le sacre, mais aussi à l’égard de sa famille et de la France.
Nous implorons Ta miséricorde sur nous, notre famille et notre pays. Tu le sais, comme Josué, nous et notre maison, nous avons choisi de Te servir.
Ce repentir officiel et public du chef de la maison d'Orléans est considérable d'importance. Il ressoude l'hérédité des fautes jusqu'ici niée par les descendants, en même temps qu'il la fait absoudre par Celui qu'il implore.
Cette démarche d'humilité permet le raccord aux quarante rois jusqu'ici impossible. C'est un grand moment, solennisé par l'érection d'une belle stèle du souvenir de Louis XVI au sein de la Chapelle Royale de Dreux. S'ils sont adroits, les docteurs de la monarchie ont ici matière à faire tomber le lambel de blocage.
Le plus beau des miserere, le Miserere d'Allegri (1639) sur le psaume 50 du roi David en l'abbaye de Lagrasse, born 779 still going strong !
Miserere mei, Deus : secundum magnam misericordiam tuam.
Et secundum multitudinem miserationum tuarum, dēlē iniquitatem meam.
Amplius lavā me ab iniquitate mea : et peccato meo mundā me.
Quoniam iniquitatem meam ego cognōscō : et peccatum meum contra me est semper.
Tibi soli peccāvī, et malum coram te fēcī : ut justificeris in sermonibus tuis, et vincās cum judicaris.
Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum : et in peccatis concepit me mater mea.
Ecce enim veritatem dilexisti: incerta et occulta sapientiæ tuæ manifestasti mihi.
Asperges me, Domine, hyssopo, et mundābor : lavābis me, et super nivem dēalbābor.
Auditui meo dabis gaudium et lætitiam : et exsultabunt ossa humiliata.
Averte faciem tuam a peccatis meis : et omnes iniquitates meas dele.
Cor mundum crea in me, Deus : et spiritum rectum innova in visceribus meis.
Ne projicias me a facie tua : et spiritum sanctum tuum ne auferas a me.
Redde mihi lætitiam salutaris tui : et spiritu principali confirma me.
Docebo iniquos vias tuas : et impii ad te convertentur.
Libera me de sanguinibus, Deus, Deus salutis meæ : et exsultabit lingua mea justitiam tuam.
Domine, labia mea aperies : et os meum annuntiabit laudem tuam.
Quoniam si voluisses sacrificium, dedissem utique : holocaustis non delectaberis.
Sacrificium Deo spiritus contribulatus : cor contritum, et humiliatum, Deus, non despicies.
Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion : ut ædificentur muri Jerusalem.
Tunc acceptabis sacrificium justitiæ, oblationes, et holocausta : tunc imponent super altare tuum vitulos.
Résultant d’une commande de Talleyrand au compositeur autrichien Sigismund Ritter von Neukomm, ce requiem en ut mineur fut créé le 21 janvier 1815 au Congrès de Vienne en présence de tous les souverains et représentants diplomatiques des plus grandes puissances, réunis pour reconstruire l’ Europe sur les décombres de l’Empire français. Dédié à la mémoire du roi Très Chrétien Louis XVI, il fut donné en la cathédrale Saint-Etienne avec la participation de plus de trois cents chanteurs répartis en deux chœurs dirigés respectivement par Neukomm et Salieri (source Chœur & Orchestre Sorbonne Universités).
Cette œuvre est proposée sur inscription au public ce jeudi 23 janvier à Saint-Louis des Invalides à 20 heures.
La réunion africaine de Pau sur les terres de Bayrou le visqueux est un coup d'épée dans l'eau du terrorisme. Alors que l'ambition du président Macron était d'engager plus avant les armées africaines du Sahel, formées convenablement par des instructeurs occidentaux depuis plus de deux ans, et d'enrôler sur un volet "renseignement et rezzou" les forces spéciales de nos partenaires européens, la décision finale est d'augmenter (petitement) le contingent français et le son des incantations collaboratives. Les réponses européennes arrivent timidement par pure compassion, mais le refus de l'Allemagne d'y participer détruit l'esprit de fraternité établi par la brigade franco-allemande. Sur le fond de l'affaire qui reste politique quoiqu'on en pense, il n'y a aucun progrès. Le colonel Goya a fait un point de situation remarqué auquel le Piéton renvoie ses lecteurs militaristes : De ma terre jusqu'au Sahel.
D'autres observateurs spécialisés, comme Lugan, nous promettent un ensablement au Sahel, et mon opinion est que, sans règlement contraint de la question touarègue et sans l'implication des deux armées arabes du Nord (Algérie et Maroc), nous chauffons dans le manteau un petit afghanistan qui va nous bouffer le foie. Après la reddition contrôlée d'Abidjan sur le crime colonial qui donne des billes à nos adversaires à l'intérieur et en Afrique, les revers probables au désert, où seule tient bon la Mauritanie, annihileront la politique africaine de la France. Ce sera sans doute le dernier clou dans le cercueil des ambitions de Brigitte Trogneux pour son élève !
Le reste va venir plus vite. Allons à l'essentiel : la mère de toute réforme socio-politique en France est la réduction du périmètre de l'Etat, partant, la réduction d'une dépense publique que le pays ne peut plus soutenir sauf à quêter en permanence chez les émirs du Golfe. On ne reviendra pas sur le péril de la Dette pour un pays moyen petit, sans rente ni imagination. Le retournement de conjoncture sur le marché des bons appellera un service de la dette qui ne pourra être assuré qu'en séquestrant l'épargne populaire résidente, l'épargne technique des initiés n'ayant pas attendu l'orage pour fuir.
Or M. Macron n'a pas avancé d'un pouce depuis deux ans et demi sur cet axe qui commande tout. Les réformes catégorielles (code du travail, statut de la SNCF) ne sont pas au niveau de l'enjeu. Ce pays crève de ridicule quand il est comparé à ses voisins. Qu'on parle du taux de prélèvements obligatoires, de chômage, du classement PISA, des dysfonctionnements généralisés dans la sphère publique (hôpitaux, transports, agriculture, services de proximité, désorganisation judiciaire, gestion de l'immigration, la liste est longue), nous sommes partout moins bons... et plus chers. Ce qui affecte mécaniquement le taux de confiance que nous accordent nos partenaires européens qui semblaient, à en croire la presse officielle, favorablement disposés à notre égard lors de l'avènement du jeune empereur. L'Europe sérieuse ne demandait pas moins que l'impossible à ce nouveau tribun dont les discours rappelaient les grandes envolées de la Société des Nations. Et la réforme de l'Europe, moins comptable, plus entreprenante, se paraît des atours de la conviction partagée. Il n'en reste plus rien ! Indice ? Après l'échec de la conférence libyenne de Moscou, c'est Berlin qui hébergera la conférence des Nations-Unies avec participation des protagonistes. Bien que présente dans le groupe des membres permanents du Conseil de sécurité, la France est marginalisée. Angela Merkel ne va pas se laisser voler la vedette par le président bavard d'un pays en faillite. Deuxième indice ? La défense européenne, marotte française, ne fait plus recette à Bruxelles ; la Commission envisage de faire des économies drastiques sur le volet PSDC du budget de l'Union et le Parlement européen a voté avant-hier le rapport annuel sur la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune par seulement 364 voix sur 707 exprimés. Greta Thunberg qui a "fait" 482 voix, pèse plus lourd qu'Emmanuel Macron.
L'Europe, défiée quotidiennement par les empires revenus et embringuée dans des conflits où elle refuse de combattre, n'attend plus rien de M. Macron. Et le problème d'icelui est bien que le peuple français pour les deux-tiers n'attend plus rien de lui non plus.
Le quinquennat est terminé confiait William Thay aux Echos d'hier (clic). Le projet de loi synthétique sur les retraites, amalgamant au régime général des droits particuliers pour les corporations les plus bruyantes, croise à angle droit le régime universel du point au même prix pour tous. Ecrasé par le front syndical des privilégiés, le pouvoir qui a laissé bêtement s'y agréger toutes les professions libérales, et qui a géré le mécontentement des Gilets jaunes en dépit du bon sens, est dorénavant interdit de réforme par la rue. Indice ? Après quarante-deux jours de grève et de galère, la moitié des Français soutient le mouvement des privilégiés ! On mesure la haine que M. Macron et son gouvernement ont suscité.
Quelques idées furent bonnes mais non suivies d'effet, comme les cahiers de doléances des états généraux informels que la Commission nationale du débat public savait gérer mais que l'intelligence artificielle du gouvernement Philippe s'avère incapable aujourd'hui de transformer en propositions. Autre bonne idée, le Conseil des 150 pour contrer l'évolution climatique ; le tirage au sort a été biaisé et il n'ira pas plus loin que l'ambassade des pôles. Le bateleur de l'Elysée y trouvera peu de satisfaction tant l'audience est lassée maintenant du marathon didactique transformé en one-man-show.
M. Macron n'est pas venu de nulle part. Il est le champion de la haute bourgeoisie socialiste qui détient des journaux d'opinion, des banques, des réseaux d'influence comme les francs-maçons et des affiliations internationales. Mais le brillant lauréat du concours général de la Somme, que l'on a trop souvent félicité dans la sphère privée, a pris le melon dès sa victoire. Au bénéfice du doute, on lui passait tout. Après Hollande le grisâtre, il fallait bien que ça change ! Puis les erreurs se sont accumulées, à commencer par la suppression de l'Isf qui, bien que promise, n'était pas une urgence des cent jours. Vint après la jupitérisation un insupportable dédain des gens qui manifestaient leur mal-être, jusqu'à la coagulation sociale des mécontents de la basse classe moyenne étranglée d'impôts sur les ronds-points, lesquels eurent assez tôt le sentiment d'être pris pour des peigne-culs.
Crut-il renverser la contestation par les réunions foraines de ville en ville où il montrait ses capacités de débatteur infatigable en bras de chemise ? Sincèrement il y a cru. Mais la bonne connaissance des dossiers n'induisait pas leur solution. Et de ça les Français se rendirent vite compte. Quoiqu'il dise aujourd'hui, hormis dans le camp assez étroit (+/-20%) de ses supporters, les gens se bouchent les oreilles. Il agace.
Quand personne ne vous croit plus en démocratie, on s'en va ou on tourne au satrape. Bien des indices laissent penser qu'au prétexte moral toujours réinventé, le pouvoir tourne à la tyrannie. Avec la loi Avia qui complète les lois anti-terroristes, nous allons entrer dans l'ère de la chasse aux dissidents. Welcome in 1984 !
Le premier djihadiste français de l'Etat islamique en Irak et au Levant est sorti hier lundi de prison après avoir fait son temps. Sans doute, comme Gilles le Guen capturé à Tombouctou et libéré pour bonne conduite l'an dernier, le dit Abdel Fattah (Flavien Moreau de Nantes) sera-t-il astreint à un pointage quotidien au commissariat du quartier, surveillé et soumis à d'autres mesures que nous ignorons. Une vingtaine vont le suivre cette année.
Au même moment, le Garde des Sceaux Belloubet se déclare favorable au retour des enfants regroupés dans les camps du Levant et au rapatriement des assassins-combattants qui ne peuvent pas être jugés en Irak pour d'évidentes raisons de sous-capacités du système judiciaire irakien. Les veuves noires feraient partie du lot.
Puisqu'en cherchant un peu, on trouve tout sur Internet, ce billet limite son ambition à réfléchir sur un dilemme majeur de notre époque et laisse chiffres et détails à la navigation de chacun. Disons simplement qu'on parle en centaines d'individus. Tant le président Erdogan que le président Trump demandent aux nations européennes de récupérer leurs ressortissants pour l'instant parqués dans divers camps (kurdes souvent) afin de garantir qu'ils ne s'évaporent pas un jour vers les zones de conflits à la faveur d'un aléa de la guerre au califat, et pour soulager l'ordinaire et le sanitaire des communautés qui les détiennent. La démarche se résume fort bien par l'expression triviale : "A chacun sa merde !" Les Européens - sauf les Danois qui les groupent dans une sorte de château d'If - sont très embarrassés parce que leurs systèmes judiciaires sont débilités par des décennies de "compréhension" à l'endroit des coupables en voie de repentir. Même si les condamnés ayant purgé leur peine restent normalement sous contrôle, sauf quand ils vont égorger le Père Hamel à St Etienne du Rouvray, nulle assurance n'est donnée quant à leur "conversion", leur retournement, leur normalisation. Les souvenirs des atrocités auxquelles ils ont assisté ou participé sont imprimés au fond de l'âme et rien n'indique que le plaisir qu'ils prirent jadis ne ressurgisse pas demain au moins en intentions. On en vient vite à la question de la peine de mort : c'est la seule police d'assurance et la moins chère en primes. Qui soutiendrait, et sur la base de quoi, que le peuple français broncherait à la liquidation de djihadistes ayant perpétré des crimes de sang dans toute l'horreur que l'EIIL nous a montré complaisamment dans ses reportages de propagande ? Une seule photo suffira, celle des Coptes égyptiens égorgés pour leur foi en Libye, mais il y en a de bien plus atroces que nous ne publierons pas pour éviter d'être accusé de racolage.
Une nation saine aurait déjà rapatrié ses ressortissants qui lui avaient déclaré la guerre. Mais la France n'en est plus une. Entre les débats byzantins sur la déchéance de nationalité, l'application tatillonne des jurisprudences quand le code ne suffit plus, le confort de l'incarcération sur instruction, les circonstances toujours atténuantes, les remises de peine, le pays est exposé comme jamais il ne le fut depuis l'armistice de juin 40. Qui a compris ça :
Nous avons en France une masse importante de musulmans radicalisés au seuil du terrorisme (FSRPRT): on parle de presque vingt mille ! Rapatrier les djihadistes de l'EIIL c'est à terme incorporer leurs chefs dans l'armée future du califat. Ce ne sont pas des caïds de cité qui rentreront mais des "cadres" ayant combattu dans les pires conditions et rescapés de durs combats où tombèrent des milliers de leurs camarades. Sans parler du prestige qu'auront ces détenus auréolés de gloire dans nos prisons françaises, on n'imagine pas l'influence des libérés sur parole dans cinq ou dix ans sur leurs communautés d'origine ! Et c'est bien là la faute majeure de ces gouvernements de danseuses qui ne savent pas trancher au col. Nous formons inconsciemment l'armée islamiste de l'intérieur. Espérons seulement que les bonnes âmes y passeront les premières.
Que faire d'autre sinon qu'une révolution ? Ce n'est pas la peine d'attaquer Mme Belloubet ; c'est la classe politique qui est rongée par l'affaissement moral de notre société, à moins que l'Etat profond qui est raisonnablement "tueur" ne prenne le dessus sur les intermittents de la Bêtise.
Les ducs de Sussex ont soixante-treize ans à eux deux. Même s'ils cultivent un côté adulescent, ce ne sont pas des perdreaux de l'année. La tragi-comédie du retrait de la Firme, loin des yeux mais près des sous, plante un clou dans la poupée vaudoue de la dynastie Saxe-Cobourg-Gotha, naturalisée Windsor en 1917 pour se départir des Huns qu'on allait écraser. La gentry anglaise a toujours pris de haut ces nobles d'importation. D'ailleurs les Spencer ont plus d'une fois signalé qu'ils étaient seigneurs sur leurs terres bien avant que ne débarque la famille régnante. C'est le funeste épisode "Wallis Simpson" qui a entamé le prestige de la dynastie. Et c'est justement cette affaire qui remonte en surface dans le caprice de la duchesse de Sussex aujourd'hui. Le mariage très inégal du frère du futur roi d'Angleterre, le statut de divorcée de l'épousée, la condition d'actrice et sa matité héritée de maman, plus son américanité synonyme grand-breton de barbarie, résonnent dans le passé. Annonçaient-ils sa fuite au Canada, laissant le gentil prince Harry se dépatouiller seul avec la famille régnante prise au dépourvu. C'est ce que pense une majorité de gens qui ne lisent pas tous les tabloïds londoniens. Le peuple est déçu, sauf une poignée de républicains qui louent le caractère frondeur d'un couple décidé à vivre par lui-même et pour lui-même, loin des hypocrisies royales. C'est sûr qu'il n'y en a pas ailleurs !
Le prince est le fils cadet de Lady Diana, tuée, on s'en souvient, par les reporters-photographes dans le tunnel de l'Alma à Paris. Il a conservé de cette tragédie une exécration de la presse people devant laquelle ses fonctions dynastiques l'obligent à se présenter, quand son épouse, actrice remarquée outre-Atlantique, s'y ferait plutôt bien, si tant est qu'on ne l'accable pas pour des détails. Ce défaut d'axe entre eux va grandir dans le futur mais il est peut-être moins dangereux que le projet humanitaire qui n'en est pas vraiment un au fond. Manger sur du Charity Bizness n'est pas digne d'un duc, vendre des mugs à l'effigie du couple non plus. Si ce n'est déjà fait, Meghan Markle va comprendre qu'elle a épousé un prince de belle prestance certes, mais un peu immature. Comme d'ailleurs une bonne partie de la Firme. Que l'on pense à Margaret, sœur de la Reine, et ses amants officiels, au prince Andrew et Sarah Ferguson, et même, pourquoi le cacher, à Charles et Camilla Parker-Bowles. La Maison Windsor aurait pu faire mieux avec une pincée de bromure dans le five o'clock.
Dans un long article donné au New Yorker, Rebecca Mead démonte le termitage de la charpente monarchique anglaise et, partant de la monétisation de la marque "Sussex Royal", conclut en termes définitifs comme suit :
« This step is unlikely to please critics who insist that Sussex is a title, not a brand name, and that it is no more Harry and Meghan’s to exploit than Buckingham Palace is the Queen’s to sell off. This is a position in which the republican-leaning petitioners of Brighton and Hove find themselves in unlikely unity with the royalist and would-be Sussex canceller, Piers Morgan. That the monarchy is an intolerable institution can be widely agreed; the Duke and Duchess of Sussex are merely the latest and loudest to say it, just as George IV, with his bedizened escape hatch by the sea, was one of the most flamboyant to express it. There are many reasons to argue for the monarchy’s abolition; it is only lately that the human rights of those born and married into it have come into focus as among the most compelling arguments for the institution’s obsolescence.»
Harry est un pilote d'hélicoptère militaire (Squadron leader de la Royal Air Force). Il plairait à tout le monde qu'il monte une compagnie de services héliportés à Vancouver ou à Seattle, qu'il abandonne un métier de relations publiques qui le gave, et devienne patron de sa propre affaire et de sa propre vie. Si Meghan ne l'a pas épousé que pour le titre, elle le suivra et l'épaulera. A défaut, il continuera seul, jusqu'à trouver l'âme sœur moins éblouissante sans doute mais plus "raccord". C'est tout le mal que je souhaite à ce garçon si sympathique.
Le camp de la liberté a gagné les élections de Taiwan avec une meilleure mobilisation de la jeunesse épouvantée par la répression communiste à Hong Kong et celle moins connue des minorités aborigènes de l'île outrées du sort fait aux Ouighours du Turkestan chinois. Le gauleiter du Guomintang Han Kuo-yu va-t-il retourner à sa mairie de Kaoshiung après une sévère perte de face ? C'est la question que le peuple en liesse ne se pose pas.
Tsai Ing-wen (c'est la Wikipedia qui en parle le mieux) avait subi l'érosion de tous les dirigeants démocratiques, assaillis d'intérêts particuliers qu'ils ne peuvent satisfaire tous. Les Taïwanais vivaient leur démocratie à l'occidentale, demandant toujours plus et une juteuse embellie économique inter-chinoise. Ce qui laissait croire que le Guomintang, toujours le parti de la réunification - retrouvait des couleurs et devait facilement gagner. Jusqu'à ce que les gens s'aperçoivent que les libertés acquises étaient précarisées par la doxa continentale et que la démocratie dont on ne voyait pas les effets positifs, pouvait tout simplement mourir dans un rapprochement avec le Parti communiste chinois. D'où la réaction.
Le mot qui résume tout dans les émissions post-électorales ce soir est celui de "démocratie" parce qu'il est blasphématoire en Chine populaire. La présidente réélue tend la main au pouvoir chinois pour apaiser les tensions dans le Détroit, expression qui couvre toutes les dissensions politiques et économiques entre la petite Chine nationaliste et l'énorme Chine communiste. Xi Jinping entendra-t-il raison ? Rien n'est moins sûr.
Dans son hubris despotique, l'empereur revenu - il ne lui manque en réalité que le titre - ne pourra accepter aucune déviation de la sacro-sainte ligne politique, même pour de mutuels bénéfices, alors que ses prédécesseurs avaient mis beaucoup d'eau dans leur vin pour faciliter les échanges entre les deux provinces sœurs que sont le Foukien et Formose, les deux parlant la même langue, le hokkien. La vie était devenue normale pour les uns et les autres et un flux continu de touristes continentaux ne cessait de croître, la curiosité à l'égard de la Chine ancienne l'emportant sur toute autre considération patriotique. Pékin a coupé le flux des voyages individuels en 2016 pour punir le cabrage de la présidente de l'île rebelle, n'autorisant plus que les voyages organisés (par le Parti). Le motif secondaire était la masse d'éloges rapportés du voyage par des centaines de milliers de Chinois originaires des cinquante villes délivrant des visas pour Taïwan. Assez impressionnés par le calme au quotidien, la gentillesse naturelle des gens et les libertés publiques, ces voyageurs diffusaient des idées malsaines à leur retour à la maison. Depuis cette attaque économique sous la ceinture, Taïwan a fait plus largement la promotion touristique du pays en Asie et en Océanie ; sa fréquentation a atteint des records, compensant le recul chinois.
Les bisounours de la diplomatie consensuelle s'attendent à un apaisement pragmatique sur le Détroit, ce qui indirectement détendrait les crispations en Mer de Chine méridionale où les riverains commencent à s'agacer de la morgue chinoise. Mais une analyse plus fine, tenant compte des défis intérieurs, conduit à anticiper un renforcement de l'hostilité communiste, les principes marxistes-léninistes ne pouvant plier devant les réalités mercantiles, et pis encore, devant cette horreur occidentale qu'est le simple bon sens !
21 janvier, le jour noir de l'année royaliste. Nous commémorons la décapitation du roi Louis XVI condamné par les représentants du peuple et son cousin pour conspiration contre la liberté publique et attentats contre la sûreté générale de l'État. C'est ce que dit le jugement. De fait on l'avait chargé de tout les péchés d'Israël et l'intention avouée des Montagnards derrière Robespierre n'était que de le tuer. Ce qui entraînera par la suite l'extinction de la lignée directe par la mort/disparition du Dauphin. Les Révolutionnaires avaient anticipé que le retour des frères du défunt roi serait moins dommageable ou plus facilement combattu que l'accession du jeune Louis XVII.
Le Père Duchesne qui fut l'organe de presse le plus assidu à l'insulte reçut une leçon de dignité qui lui tira des larmes : « Il écouta avec un sang-froid rare la lecture du jugement. Il eut tant d'onction, de dignité, de noblesse, de grandeur dans son maintien et ses paroles, que je ne pus y tenir. Des pleurs de rage vinrent mouiller mes paupières. Il avait dans ses regards et dans ses manières quelque chose de visiblement surnaturel à l'homme. Je me retirai, voulant retenir des larmes qui coulaient malgré moi et bien résolu de finir là mon ministère. » Il est vrai que si son courage ne fut jamais mis en cause, on reconnaît mal le roi Louis XVI dans cette description. Prince sans doute le plus cultivé de son époque, père attentionné, mari fidèle, croyant sincère, passionné de sciences dures, mathématiques, physique, géographie et de mécanique, il avait toutes les qualités de l'honnête homme. Hélas, impolitique en diable, impulsif, incohérent souvent, sa charge l'agaçait au point que ses tergiversations ont pu le ranger dans le camp des paresseux. Le roi tire le char, à peine d'être écrasé par lui. Le char de la Révolution l'écrasa.
Il incombait à Louis XVI de conduire la révolution d'un Etat et d'une société qui en criaient l'impérieux besoin. Ayant lu l'Encyclopédie, il observa les événements mais n'en vit pas la queue de trajectoire, et freina des quatre fers quand il retrouva un certain pouvoir en tant que roi des Français. Aurait-il frappé le coup décisif au bon moment qu'il aurait pu réussir et enterrer ses ennemis ; mais s'il en a jamais eu l'intention, la force de caractère et la capacité de travail lui manquèrent pour être à l'initiative. Il ne sut convertir ses idées en action, parce que - c'est la thèse royaliste - il n'avait pas été dressé assez tôt à la fonction qui normalement devait revenir à l'aîné Louis-Joseph, mort avant l'âge de dix ans. On touche du doigt les limites de la Loi Salique qui se trompe au plus mauvais moment en élisant l'intellectuel le plus doué au lieu d'un roi à poigne. Faut-il continuer à soutenir que Dieu choisit et la Loi verrouille ce choix ? Cela nous entraînerait trop loin pour un simple billet d'annonces de pieuses manifestations.
Charles-Henri Sanson qui exécuta le roi place de la Concorde, fut frappé par la dignité du supplicié au point d'infirmer les rumeurs de panique que faisait courir le camp révolutionnaire sur le compte du roi : « Il a soutenu tout cela avec un sang-froid et une fermeté qui nous ont tous étonnés. Je reste très convaincu qu'il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion dont personne plus que lui ne paraissait pénétré ni persuadé.» C'est en souvenir de sa haute tenue à l'énoncé de sa condamnation et sur l'échafaud que cette année encore, des messes à sa mémoire seront dites partout en France pour le repos de son âme. Les trois offices principaux sont prévus à la Basilique de Saint-Denis le mardi 21 janvier à midi ; à l'église de Saint-Germain l'Auxerrois le même jour à 12h15 (Paris 1°) ; et à la Chapelle Expiatoire le dimanche 19 janvier à 10h30 (Paris 8°). Par ailleurs, le mardi 21 janvier un hommage à Louis XVI sera rendu place de la Concorde à 10 heures, à l'emplacement-même de la guillotine de 1793, à côté de la statue Rouen, face au Crillon. Quant à la traditionnelle marche aux flambeaux de l'Action française, elle partira de la Place des Pyramides le samedi 18 janvier à vingt heures.
« Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet »
La lettre** du commandant américain William Seely à son homologue irakien au Ministère de la Défense à Bagdad n'est pas un fake. Elle est la réponse prématurée à la notification officielle de la demande de retrait des troupes étrangères émise par gouvernement, notification qui n'est pas encore parvenue à l'ambassade des Etats-Unis, si tant est que le Premier ministre par intérim s'y résolve. Le couac en est bien un, à moins qu'il ne s'agisse de faire savoir par avance aux autorités irakiennes que les Alliés sont prêts à faire mouvement. Pour le moment, ils cessent leurs opérations contre Daech pour laisser refroidir les fûts.
** (voir en pied de billet)
Contre les Deux Occupants
Un article de Radio France internationale que vous lirez ci-dessous avec son autorisation expresse, nous dévoile que le vote de la Chambre basse a été une mascarade. Seulement la moitié des députés ont répondu à la convocation du président de la Chambre et la résolution a été "adoptée" sans vote. Ce pouvoir en liquéfaction ne peut être pris au sérieux, et l'exécutif qui doit statuer sur la pseudo-résolution est démissionnaire sous la pression de la rue. Voici la situation et l'explication de la thèse des Deux Occupants :
Il est peu utile de se lancer dans le pronostic comme s'y jettent les "experts" médiatiques qui courent les jetons de présence sur les plateaux télévisés (pas de noms, ils font vivre leur famille). Deux raisons à cette retenue : à l'aube d'une guerre, le renseignement est la mère du succès, et il serait extravagant qu'on puisse arracher les vérités détenues par les services américains, britanniques ou français. Deuxièmement, même si Donald Trump est dans le secret, son impulsivité peut à tout moment dévier la trajectoire tactique du Pentagone. Par contre, on a le droit de formuler un souhait :
- Que cesse la dictature sanglante des mollahs iraniens !
Les images des funérailles de Kassem Soleimani diffusées en boucle sur les chaînes de complaisance ne doivent pas masquer l'hostilité du peuple iranien au régime islamique sévère et sa coercition meurtrière sur les gens. On torture et on pend avec grand entrain en Iran. Puisse le défi américain hors d'atteinte du régime iranien provoquer l'effondrement de la charpente théocratique ! C'est tout le mal que nous souhaitons à ce peuple sage et instruit, venu du fond des âges.
Dans son chapitre extraordinaire du mois de novembre de l'an passé, la Charte de Fontevrault a soldé les comptes de la Biennale Blanche 2019 qui a fait un four retentissant dans les salons de l'Hôtel Mercure à Tours le 12 octobre dernier. Plusieurs raisons ont concouru à cette contre-performance, excentricité du lieu, routine des présentations, mais c'est plus sûrement le fond même de l'affaire qui était en cause, comme nous ne nous étions pas privé d'en prévenir les organisateurs dans un billet spécifique titré Œcuménisme providentialiste. Ce qui ne les avait pas émus.
La démarche œcuménique visant à l'organisation d'une conversation de tous les mouvements royalistes s'est avérée au final peu suivie, malgré quelques succès d'estime des éditions précédentes à Paris, dus surtout à l'entregent inlassable et l'empathie du président Texier. Si le projet n'a pas percuté, les raisons en sont assez simples : les groupes royalistes, quand ils se parlent, n'écoutent que ceux qui défendent le même prétendant qu'eux : si vous n'en avez pas, vous n'êtes pas royaliste. En ce sens la Charte de Fontevrault qui attend un signe du Ciel pour choisir le sien, est ailleurs, comme aurait dit Michel Jobert. Chaque chapelle étant convaincue de détenir le seul vrai Graal, la position d'attente de la Charte est lue comme un retrait du champ de bataille. Cela n'est plus le cas.
La Charte de Fontevrault a décidé sa refondation autour de son axe majeur que nous expliquerons dans un billet à venir. Elle ne promouvra désormais que le royalisme providentialiste et cessera de faciliter un dialogue inter-chapelles qui s'avèrent quasiment impossible. La Biennale statique est annulée. Elle sera remplacée par une manifestation annuelle de propagande élargie avec conférences instructives, stands et débats. Y seront conviés tous les Français, convaincus et curieux, royalistes déjà ou futurs, etc. La première de ces Rencontres Blanches aura lieu à Pontmain (Mayenne) le samedi 16 mai 2020, la veille de "La Supplique à Dieu pour le retour du Roi". Les autres organes de propagande sont à découvrir par le truchement du blogue de La Charte de Fontevrault et du royalisme providentialiste
Royal-Artillerie souhaite la bonne année aux royalistes de France et de partout, mais particulièrement à ceux de Serbie, de Bulgarie et de Roumanie pour lesquels se dévouent les héritiers statutaires des familles autrefois régnantes avec un zèle inlassable. C'est la Roumanie qui semble la plus proche du moment où elle retrouvera une pointe de pyramide permanente, à voir combien les institutions, l'armée et le peuple manifestent d'affection à la princesse Margareta et au prince Radu, en toutes circonstances et chaque semaine de l'année. Respects !
Nous aurons aussi une intention spéciale pour le prince Louis de Bourbon qui est allé au bout de ses convictions et de sa fidélité en portant à l'épaule à la face du monde le cercueil de son arrière-grand-père Francisco Franco lors de la translation des cendres du caudillo espagnol de la Vallée de Los Caidos au cimetière de Mingorrubio. A lui et sa famille nous souhaitons une année de moindre souci même s'ils restent une cible de l'establishment républicain. C'est annoncé.
Un mot d'encouragement aux sections territoriales de l'Action française qui élargissent leur visibilité dans le champ du combat quotidien, et un salut fraternel au Groupe d'action royaliste de Paris qui, se départant de la doxa figée de la vieille maison, consolide un audit du mouvement monarchiste en France et promeut depuis dix ans un militantisme trans-partisan dans le champ social.
Comme l'an dernier, Royal-Artillerie souhaite tous ses vœux de succès aux unités françaises déployées à l'étranger sur nos zones d'intérêt, qui nous protègent des représailles déclenchées par le reflux général de l'Occident. Et puisque sur le tard nous en fûmes, Vive la Coloniale en souvenir de l'Union française qui ne fut pas un crime, n'en déplaise aux jeunes culs serrés de la nomenklatura algorithmique en faveur au Château.
(Quand Jésus-Christ créa la Coloniale)
Quand Jésus-Christ créa la Coloniale
Il décréta qu’fallait des hommes costauds,
N’ayant pas peur du feu, de la mitraille
Et sachant boire le vin et le Pernod.
O chu-duot-hoï, mon Capitaine
L'a tout cassé, n’a pas payé.
A Sahigon la ville principale
Où les Marsouins tenaient leur garnison,
Les officiers en pousse-pousse se baladent
S’faisant traîner com'de vulgaires cochons.
O chu-duot-hoï, mon Capitaine
L'a tout cassé, n’a pas payé.
Les officiers se payent les Japonaises
Tandis que nous, pauvres Marsouins fauchés
Nous nous payons c’qu’on appelle la terre glaise
Spécialité de nos girons niakoués.