vendredi 31 décembre 2010

Le Million du Roi

 

- Jeanneret-Gris design graphique -

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mercredi 29 décembre 2010

L'Âne du Roi 2010

Si les nominés¹ sont moins nombreux cette année, l'Âne du Roi 2010 s'impose de vingt longueurs. Il écrase la concurrence, à tel point qu'à peine froid, un film est sorti sur son tempérament politique. Le vainqueur est feu M. Georges Frêche, in pectore Georges Premier de Septimanie, sous vos applaudissements.
Son approche avisée de la démocratie représentative restera dans les annales (clic), ses frasques de préaux seront déformées à l'envi par tous ceux auxquels il fit de l'ombre. Cacique occitan de la souche ariégeoise, il porta à son paroxysme le clientélisme latin jusqu'à bâtir un cour princière en son palais d'Antigone où les otaries craintives de sa suite battaient des nageoires pour vénérer sa gloire, ne sachant rien de leur avenir mais craignant l'oukase d'exil loin des regards du roi.
Pur produit de la décentralisation mitterrandienne, il est le contre-exemple de la monarchie plurielle voulue par l'autre grand cacique méridional du siècle passé, Gaston Defferre le Phocéen, afin de sécuriser les positions provinciales de la Division 2 républicaine.


Ses funérailles épiscopales eurent lieu le 27 octobre 2010 à la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier où cinq mille personnes descendirent toucher le poêle.

Cas d'étude incontournable de physique sociale, il faut aller voir son film, Le Président, pour le comprendre et lui accorder peut-être un peu d'affection.

Note (1): les nominés 2010 sont :
(i) Le sénateur Mélenchon qui utilise "monarchie" pour insulte ;
(ii) Le chaviste de l'EHESS Sapir qui voudrait nous vendre le roi et Marx dans le même encensoir, si ce n'est lui, c'est l'Elton John de la Nar ;
(iii) Le défunt roi de Septimanie, Georges Ier ;
(iv) L'oligarque Thaksin Shinawatra qui, planqué à Londres, a lancé ses chemises rouges à l'assaut du roi Rama IX de Thaïlande, pour devenir le premier roi républicain de Siam.
Prix précédents :
L'Âne du roi 2008
L'Âne du roi 2009
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dimanche 26 décembre 2010

Boxing Day

Les temps changent, les hommes aussi. Mais il reste des causes immuables ; celle que j'incarne en est l'exemple vivant. Certains ont peut-être eu le sentiment que la légitimité n'avait plus de chef. Ils se trompaient. J'ai toujours été présent, conscient des responsabilités revenant au chef de maison que je suis, dans la droite ligne des préceptes que mon père m'a transmis, des principes et des valeurs qu'il n'a eu de cesse de m'inculquer et que je saurai, à mon tour, léguer à mes enfants, conscient des devoirs qui m'incombent. Devoirs que je remplirai avec l'énergie que m'inspirent notre histoire commune et la force que je puise dans les exemples de mes illustres ancêtres. Aujourd'hui est un jour nouveau... (Louis de Bourbon) cf. sa déclaration sur le site.
Le prince Louis-Alphonse de Bourbon, légataire universel de la main de justice des Capétiens, a créé son propre institut « pour donner un souffle nouveau à la Légitimité » ainsi que l'affirmait un communiqué officiel du secrétariat du prince en date du 20 décembre 2010.
Il en coûte quarante euros pour s'inscrire à l'Institut Duc d'Anjou, deux cents si vous êtes en fonds, quinze seulement si vous êtes raide motivé. Rien ne se fera d'efficace et durable sur les bénéfices de l'air du temps ou les quêtes pieuses des jours commémoratifs, l'idée monarchique a besoin d'argent pour être réacclimatée en France dans les conditions de médiatisation au niveau de l'enjeu. Ceux qui l'ont compris poussent à la roue du carrosse, ceux qui ne l'ont pas compris sont du poids mort, et débarqués, encombrent le passage.

Les objectifs de l'institut nouveau sont au nombre de quatre
:
(i)- développer la connaissance de l'histoire de la Maison de Bourbon et celle de l'Histoire de France.
(ii)- soutenir le chef de la Maison de Bourbon dans ses entreprises sociales, culturelles, caritatives, patrimoniales, commémoratives et historiques
(iii)- pérenniser et approfondir la mémoire due à la famille qui a présidée aux destinées de la France tant en France qu'à l'étranger
(iv)- encourager les personnes dévouées à des institutions à caractère social, éducatif et culturel pour des aides diverses.

Il est utile de noter que le duc prend la présidence exécutive de l'organisation alors que jusqu'ici il ne s'était pas investi plus loin que des parrainages, comme celui de l'Institut de la Maison de Bourbon hérité de son père. L'avenir nous permettra d'apprécier ses qualités de manager (il a les diplômes et l'expérience requis) mais pour aujourd'hui nous en resterons à de chaleureuses félicitations pour son courage et son esprit décisif.

Cet "Institut Duc d'Anjou" est fondé sur le même territoire de propagande - manifestations historiques et culturelles - que l'Institut de la Maison de Bourbon (IMB) qui ne représente plus désormais que la famille de Bauffremont et ses amis. Quelle mouche a piqué le prince Charles-Emmanuel de Bauffremont-Courtenay pour se mettre à dos l'aîné des Capétiens, chef de la maison de Bourbons, quand on dirige un institut dédié exclusivement à la promotion de cette même maison ? La fusée est de longue mèche et l'héritage de l'Institut de 1973 fut progressivement capté, comme nous l'indiquent les clés données par le numéro 36 du Lien Légitimiste qui vient de paraître. Nous y adressons¹ nos lecteurs pour connaître tout ce qu'ils ont voulu savoir sur l'IMB sans jamais oser le demander.
N'est-ce qu'une affaire de caractère ? N'ayant assisté personnellement à aucune algarade et n'ayant sous la main que du matériel tiers, je ne développerai pas, mais je suppose l'affaire sérieuse pour qu'après le déni de Chartres², le secrétariat publie un communiqué³ très sec le 20 décembre 2010 coupant tous les ponts entre Don Luis et l'IMB. Est-ce le crépuscule des dresseurs de prétendants ? On se plaît à le croire, mais si l'illustre et antique maison de Bauffremont ne mérite pas cette fâcherie, on attend de sa dernière tige qu'elle fasse amende honorable et se rallie au prince légitime qui a décidé de tirer lui-même le char de son destin. Les lecteurs curieux peuvent se procurer le bouquin ci-contre (Librairie généalogique de la Voûte) qui déroule la généalogie des Bauffremont remontant au chef des Burgondes en 427 and still going strong.

Pour ce qui nous concernerait, nous souhaitons que la reconstruction du légitimisme ne s'arrête pas à la fondation de cet institut - Daniel de Montplaisir et Christian Pinot viennent d'en être nommés vice-présidents - mais qu'elle s'équilibre sur l'organisation d'un bureau politique dédié aux domaines régaliens qui sont apparemment les cibles du prince Louis, si l'on met ensemble ses derniers textes, discours et interviews. Nous nous retrouverions alors sur les bases prometteuses qui avaient été celles mises en place par le prince Alphonse, jusqu'au bout attentif à l'avenir de notre cause autant qu'au passé prestigieux des Bourbons.

Notes
(1): Sur abonnement par chèque adressé à :
Le Lien Légitimiste
Petit-Prix
37240 La Chapelle Blanche Saint Martin
Six numéros papier : 20 euros
Six numéros électroniques (.pdf): 10 euros
(c'est cadeau).
(2): L'IMB avait programmé de son propre chef la venue du prince Louis à Chartres le 15 mai 2010 pour le quadricentenaire dans la ville du sacre de la mort du roi Henri IV. Son secrétariat avait publié que ce déplacement était exclu de l'agenda chargé du prince, mais l'IMB le maintint donnant l'impression de lui forcer la main. Il ne vint pas !
(3): Texte du communiqué :
Mgr le Prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou, informe qu'il a démissionné de la présidence d'honneur de l'Institut de la Maison de Bourbon et retiré définitivement son haut patronage à cette association.


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jeudi 16 décembre 2010

Rue de la poste neuve

Ce billet paraît dans le journal L’Action Française 2000 daté du 16 décembre 2010. Cette livraison est augmenté d’une introduction et d'une note liant au code des Postes pour ceux qui souhaiteront creuser la question.

Avant-propos
Jusque-là établissement public industriel et commercial, La Poste devient par la loi du 9 février 2010 une société anonyme à capitaux publics, et ce, à partir du 1er mars 2010 (1). Ce changement de statut permettra un apport en fonds propres de 2,7 milliards d'euros (1,2 milliard à la charge de l'Etat, et 1,5 milliard venant de la Caisse des dépôts). L'Etat reste actionnaire majoritaire.
Outre le changement de statut de La Poste, le premier volet de cette réforme réaffirme les missions «d'intérêt général» de La Poste. A savoir le service universel postal (distribution du courrier), la contribution à l'aménagement du territoire à travers ses points de contact, le transport et la distribution de la presse, l'accessibilité bancaire, à travers le livret A. Le nombre de points de contact de La Poste sur le territoire est fixé à 17.000 au minimum. Les personnels fonctionnaires de La Poste gardent leur statut et un régime collectif obligatoire de protection sociale complémentaire sera mis en place au bénéfice des personnels.
Le deuxième volet de la réforme transpose la directive européenne sur l'ouverture totale à la concurrence du secteur postal en 2011.Le texte stipule qu'«il est garanti à tous les usagers (de) disposer de manière permanente et sur tout l'ensemble du territoire national des services postaux répondant à des normes de qualité».Il fait de La Poste «le prestataire de service universel pour une durée de quinze ans». Pour financer ce service universel, un «fonds de compensation» est alimenté par l'ensemble des opérateurs postaux, au prorata de leur chiffre d'affaires.


Dans une quinzaine de jours, La Poste affrontera les concurrents de tout son marché, celui du portage des biens et des idées. Si le transport des colis et plis de plus de 50 grammes était déjà hors-monopole par transposition de la directive européenne du 15 décembre 1997, l'ouverture définitive à la concurrence du courrier dès le début de 2011 laissera dorénavant toute lettre portable par quiconque. Qu'importe ! La mise à niveau des formules d'expédition de la Poste française est spectaculaire. L'usager est devenu un client. Par contre s’il reste un défi technique qui laisse perplexes les utilisateurs il faut le situer dans le système de l'Union Postale Universelle, qui transforme les prestations nationales en prestations internationales, mettant en jeu d'autres Postes parfois moins à la page. La Chine par exemple ne renvoie toujours pas d'accusé de réception de lettre recommandée, par contre elle perd rarement du courrier. Certains pays sont réputés pour « trier » le tri, etc.
Les intégrateurs privés(2) n'ont pas cet aléa des sas étrangers. Ils traitent plis et colis de bout en bout au sein de leur propre système, sur leurs propres avions, avec un seul logiciel mondial. Mais notre Poste, assise sur un minimum de dix sept mille guichets d'après la loi de banalisation du 9 février 2010(3), tiendra son rang. Elle a une tradition d'organisation complexe du même niveau technologique que ses concurrents, et la compétence de ses agents a fait des progrès visibles. Tout ira pour le mieux si l'inquiétude syndicale se tasse, et c'est peut-être beaucoup demander car le vrai défi n'est pas tout au niveau technique.

La Poste a un supplément d'âme que n'aura jamais aucun intégrateur. De toujours, elle fut la manifestation la plus évidente d’un Etat serviable au plus près du citoyen, la fonction noble des postiers. Les petites gens vont souvent au bureau de poste pour expédier du courrier, retirer un mandat, faire une opération sur leur CCP. En zone rurale, bien des conseils s’échangent au guichet, le guichetier ayant encore l’aura du fonctionnaire recruté sur concours difficile comprenant une épreuve de géographie ! Et nous ne parlerons pas de la fonction sociale du facteur en tournée qui ressemble souvent au veilleur de jour. Les « comptables » s'interrogent justement sur la rentabilité de l'âme, d'autant que six mille guichets seulement sur dix-sept mille sont déclarés rentables, et que la tentation sera forte de lisser les déficits dans les régions les moins actives. Pour répondre à la directive européenne il suffirait de neuf mille bureaux !
La menace la moins hypothétique vient tout bonnement du marché lui-même. Les voies modernes de télécommunications ont emporté les idées depuis longtemps. Dans le trafic de masse ne restent que les colis et une publicité envahissante. La Poste de Louis XI ne peut pas lutter contre les e-mails, les SMS, les tweets. La correspondance professionnelle est depuis longtemps électronique et les signatures ont une garantie légale. L’Administration marche d’un bon pas vers la dématérialisation des procédures déclaratives et de recouvrements. Les établissements financiers font pareil, on règle en ligne par virement. Le papier recule, nos forêts croissent. Il est à parier que les plis de correspondance se feront plus rares et que le prix du port augmentera corrélativement, ce qui aggravera le déséquilibre de ce segment des plis ordinaires.
En revanche, la dispersion de l’habitat, telle qu’elle est envisagée par les projections démographiques de l'INSEE, va impulser le transport de biens (petits paquets et colis) qu’il sera plus facile de recevoir chez soi plutôt que d’aller les chercher en zone commerciale distante. Déjà, une fraction mesurable de consommateurs achète sur Internet et aucun secteur industriel n’est dédaigné. Or tous ces biens doivent être livrés physiquement. Les intégrateurs sont sur ce segment du petit paquet depuis le débridage du monopole et ont ouvert des sections nationales et intra-européennes qui travaillent à haute vitesse. La Poste développe elle-aussi le portage rapide (avec un suivi en temps réel par code-barre) au moyen de ses systèmes colissimo, affranchissables en ligne à des prix abordables. Les lecteurs sont invités à consulter la nouvelle gamme de services colis soit au bureau de poste, soit en ligne. Ils seront le plus souvent étonnés par la mutation technologique opérée par la vieille maison.
L’avenir de la poste française est prometteur même si les segments d’activité traditionnels sont modifiés, à charge pour ses agents et sa direction de répondre aux défis économiques tels des professionnels aguerris, en s’adaptant en continu à la modernisation impliquée par le progrès des nouvelles technologies de l’information et de la communication. La question ressortit donc au domaine des relations humaines dans une culture d’entreprise privée. Libéralisme quand tu nous tiens.
Notes
(1) La Poste est régie par le Code des postes et des communications électroniques (clic) qui est amendé au fil des lois votées par le parlement. La prochaine version sera celle du 31 décembre 2010 qui actera la mutation.
(2) : les intégrateurs les plus connus en France sont UPS (United Parcel Service – Seattle 1907), TNT (Thomas Nationwide Transport – Redfern (Australie) 1946), DHL (Dalsey, Hillblom & Lynn – San Francisco 1969), FedEx (Federal Express – Memphis 1971), France Express (1971), Chronopost (ex-Touraine Air Transport 1985, aujourd’hui Géopost) et un groupement d’indépendants Exapaq (1995) appartenant à la filiale colis de La Poste, Géopost.
(3) : la loi votée définitivement le 12 janvier 2010 sécurise le réseau et organise les relations de proximité du service postal avec les collectivités territoriales. Elle encadre aussi la capitalisation de la société anonyme. L’art. 2 est déterminant : « La Poste et ses filiales constituent un groupe public qui remplit des missions de service public et d’intérêt général et exerce d’autres activités dans les conditions définies par la présente loi et par les textes qui régissent chacun de ses domaines d’activité. Les réseaux postaux ont une dimension territoriale et sociale importante qui permet l’accès universel à des services locaux essentiels ».

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mardi 7 décembre 2010

Questions d'Orient


Bachar al-Assad arrive à Paris. L'Université du Maryland a confié à la Zogby International, un des plus gros sondeurs américains, la conduite d'une enquête d'opinion cet été au Maroc, en Egypte, Jordanie, Arabie séoudite et aux Emirats, mais pas en Syrie - les gens ne pouvant librement répondre. Elle l'a publiée sous le titre The 2010 Arab Public Opinion Poll¹, que nous aurions traduit en France par "Que pense la Rue Arabe en 2010 ?".

Ca décoiffe. Les réponses ne sont pas raccord et de loin avec les choix exprimés par les dirigeants arabes, encore moins avec leurs intimes convictions incinératrices révélées par le site de piratage Wikileaks, jusqu'à mesurer une fracture nette entre eux et leur société civile, ce qui anticipe de violents soubresauts dans ces pays. Si certaines réponses sont attendues, comme sur la priorité à donner à la solution du litige de Palestine (p.11), d'autres sont moins convenues. J'ai noté en passant que lorsque les réponses sont triées sur deux classe d'âge (moins et plus de 36 ans) il n'y a pas d'opposition entre elles, donc pas de remise en cause future de ces tendances.
Extraits :

Si l'Iran acquiert des armes atomiques, comment en qualifieriez-vous les conséquences sur le Moyen-Orient ? (p.50)
Plutôt positives : 57% - Sans effet : 20% - Plutôt négatives : 21%
Voir les résultats par pays, page 54. La bombe arabe a donc de beaux jours devant elle, du moins tant que la région sera sous le feu nucléaire israélien. Les réponses ne disent pas non plus quels sacrifices les peuples sont prêts à consentir pour s'en doter. La faillite économique de l'Iran n'est pas mise en parallèle. Les émirats qui sont au balcon, sont contre.

Parmi ceux qui pensent que l'Iran recherche à se doter d'armes atomiques, 70% croient que l'Iran a le droit de poursuivre son programme nucléaire. Avec l'aide des ingénieurs nord-coréens ? La question ne fut pas posée.

Si vous deviez vivre dans l'un des pays suivants, lequel préfèreriez-vous ? (p.58)
France 51%, Allemagne 17%, Grande Bretagne 10%, Etats Unis 7%, Chine 6%, Russie 3%, Pakistan 2%.
Pas folles les guêpes, les pays à minarets hurleurs n'ont pas la cote ! Et nous attirons toujours autant, depuis que les Croisés ont rembarqué à Saint-Jean d'Acre.
Pour faire des études, nous sommes encore en tête, mais la fourchette est resserrée entre nous, l'Allemagne, la Grande Bretagne et les Etats-Unis.

Dans un monde où une seule superpuissance dominerait, lequel des pays suivants préfèreriez-vous comme La Superpuissance ? (p.56)
France 35%, Chine 16%, Allemagne 13%, Grande Bretagne 9%, Russie 8%, Etats-Unis 7%, Pakistan 6%.
La politique arabe du Quai d'Orsay a porté ses fruits. Ou bien est-ce la rémanence de notre cabrage onusien contre Colin Powell où Dominique de Villepin débonda le lyrisme échevelé du setter fou contre l'empire bushien. Je l'entends encore dans l'oreille.
Finalement, l'incompétence de Monsieur Kouchner aura porté chance puisqu'il n'a pas inversé le courant de sympathie de ce monde arabe sans lequel nous serions condamnés au gaz de houille.

Nous sommes leader également pour les réponses aux questions suivantes :
- Citez deux pays, hormis le vôtre, qui jouent le rôle le plus constructif au Moyen Orient.
- Citez deux pays où le peuple dispose le plus de libertés démocratiques.
(p.64 et 65)

Par contre, et je m'en étonne, nos médias qui couvrent la zone Moyen Orient ne sont pas cités et l'usage du français dans l'acquisition d'information sur Internet est ramené à un maigre 13% globalement, avec le renfort du Maroc à 38%. Le Liban lit des informations en français à 5% (p.92). Madame Christine Okhrent devrait faire seppuku illico presto !

On continue...
Citez deux pays qui à votre avis sont la plus grande menace pour vous.
Israël 88%, Etats-Unis 77%, Algérie 10%, Iran 10%, Royaume Uni 8%, Chine 3%, Syrie 1%.
Tir groupé, mais les Marocains ont dû peser lourd en "faveur" de l'Algérie.

Quel leader international (en dehors de votre pays) admirez-vous le plus ? (p.66)
Extrait d'une longue liste : Recep Erdogan [Turquie] 20%, Hugo Chavez (Vénézuéla) 13%, Mahmoud Ahmadinejad (Iran) 12%, Hassan Nasrallah [Hezbollah/Liban] 9%, Oussama ben Laden 6%, Jacques Chirac 4% (autant qu'Hosni Moubarak), Saddam Hussein 2%. Barack Obama n'est pas cité, qui dans une question ad hoc recueille 62% d'opinions négatives (contre 23% en 2009).
Quelques indications :
Le premier ministre turc récolte déjà dans l'opinion arabe les fruits de son activisme pro-palestinien. Il n'y a pas si longtemps que le Turc était d'abord l'Ottoman méprisant et colonisateur. Erdogan fera-t-il renaître le Califat ? On peut en sourire deux minutes, mais y réfléchir dès la troisième, en lisant par exemple les billets de Gilles Malliarakis, grand spécialiste du panturquisme. On y accède par son site "L'Insolent".

Le Discours du Caire du président Obama (clic ici) n'a pas convaincu. A juger surtout de sa complète passivité sur le conflit israélo-palestinien. Le président iranien qui veut extraire le kyste juif du Proche Orient fait un bon score. On cite encore le cher disparu Saddam Hussein, le seul qui ait osé bombarder l'Etat hébreu avec de vrais missiles qui faisaient peur.

Le chapitre identitaire du sondage est aussi très intéressant. Chaque fois que la question hiérarchise l'identité nationale, l'identité arabe, l'identité islamique et le cosmopolitisme, c'est globalement l'identification à l'islam qui est en tête sauf au Liban (normal) mais aussi en Jordanie ou la jordanité l'emporte à 58% (p.74). C'est la monarchie hachémite qui a le meilleur socle populaire. Elle en aura besoin. Les émirats du Golfe et le Maroc s'ouvrent eux au cosmopolitisme (10%).

En conclusion, ce sondage très imparfait dès lors qu'il n'affine pas ses résultats à la population observée, a le mérite de fournir beaucoup de matières premières pour suivre l'évolution des opinions arabes d'une année à l'autre, et aussi d'être très maniable et dépouillé de tous commentaires vaseux (le pourquoi de ce billet). On en retiendra, au moment où les positions se crispent autour de la bombe iranienne, que justement l'Iran a la Rue Arabe derrière lui, contrairement à tous les dirigeants arabes qui le haïssent.
Une action éventuelle d'éradication de la menace iranienne ne sera pas acceptée par les gens, et je conseillerai à Monsieur le Président de la République Française de ne pas se louper sur nos intérêts bien compris et, à tout le moins, d'avertir nos compatriotes sur zone vingt-quatre heures avant armaggedon, qu'ils puissent se ranger des représailles aveugles. Chiche.

Au fait, Sarkozy a fait 4% comme second leader préféré. Pas mal quand on sait son empathie avec Israël et ses lois "liberticides" ciblées. Avec Chirac (8% en second également), ils sont quand même les seuls occidentaux de la liste (p.67). Barack Hussein Obama doit en être meurtri après s'être mis en frais et en fonds, il n'apparaît qu'en négatif partout et quand il apparaît.
François Ier avait raison, notre avenir est à l'Est. On va embaucher Barberousse² pour nettoyer Marseille !

Note (1) : document original de 95 pages en cliquant ici
Note (2) : Hérodote.net vous en dit plus
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samedi 20 novembre 2010

Assises royalistes... ce que nous en ferons

Le Groupe de Liaison Royaliste peaufine son programme pour les Assises printanières à venir. Après un débat qui s'est déroulé sur le forum de SYLM pour savoir de quoi il retournait depuis tout ce temps où l'on parle d'Assises, un communiqué est annoncé par un responsable du GLR, qui sera édité en décembre si tout va bien, par les Manants du Roi, organe officiel du groupe. On espère que la "convocation" sera la plus large possible, sans exclusive, jusqu'aux sensibilités légitimistes et providentialistes, et que les royalistes inorganisés seront nombreux à venir - ils sont et de loin les plus nombreux !
Il sera utile à tous les intervenants que l'enquête produite par SYLM à ses frais, L'Etat des Lieux du Royalisme en France, soit versée au débat dès le départ afin d'ancrer les discussions dans les réalités présentes. On peut espérer aussi que nous ferons l'économie de conférences "historicisantes" - grande spécialité d'un microcosme à rétroviseurs - c'est le futur devant le pare-brise, la vie, qui nous inquiète, la Chronique de la Maison des Morts pourra attendre un peu. On lira avec profit le communiqué de SYLM du 6 novembre 2010 (pour ceux qui ont le code).

Si les Assises concluaient à une queue de trajectoire commune, quels que soient voies et moyens d'y parvenir, le mouvement royaliste aurait fait un pas en avant historique. Nous ne nous entendrons jamais sur ces voies et moyens - il y en a tant -, mais nous pouvons converger sur un PPCD (plus petit commun dénominateur) qui pourrait être à mon sens le retour d'un roi dans le domaine régalien, investi d'un, de deux, trois, quatre ou cinq pouvoirs du dit-domaine. Le type de régime d'habillage importe moins que le but ultime, et chacun promouvra le meilleur, tout en respectant la "solution" d'autrui dès lors qu'elle converge. Comme avait-dit Anna de Noailles à propos du Martégal : «Qu’importe que l’on diffère d’opinion sur les hommes, les événements, les idées, si l’on est d’accord sur les dieux».

C'est un peu comme la sphère bouddhique. La bouddhéité est cachée au centre de la sphère et chaque point d'entrée à l'extérieur de l'enveloppe est légitime si l'on décide de ne suivre que le rayon droit qui va au centre. Il est réputé inutile de sauter d'un point à l'autre sur la sphère, il faut entrer. D'où la signification de "pagode" dans le lexique bouddhique comme "lieu de passage" (way place ou Stargate :)

Un roi dans le domaine régalien ne choquerait pas le vulgum pecus, littéralement abruti par les délires du culte démocratique de la personnalité. Michel de Poncins a sorti un article remarquable (entre autres tout autant remarquables) sur la vacance du pouvoir, qui devrait être affiché comme un dazibao sur la porte des mairies ! Suffit-il de démontrer ces délires en évitant au début de prononcer le mot tabou ? La farce démocratique ?  Il y a une thématique à créer pour ramener le bois flotté de la démocratie en faillite, nos concitoyens, vers la rive royaliste. Cette thématique active serait plus utile que les rouspétances éternelles qui n'intéressent plus personne au-delà d'un cercle de ronchons.
Elle consiste à adapter le discours à notre époque, prendre en compte les connotations défavorables, se couper du passif - sorry, le Maréchal n'est pas vendeur - , et à enchasser les principes moteurs du royalisme dans la société multiculturelle française d'aujourd'hui. Cela fait beaucoup de mises à jour à créer, car les penseurs de jadis sont trop souvent inassimilables par les lecteurs ou les auditeurs de maintenant.
Il faut donc créer. En attendant que nos penseurs de demain éditent la nouvelle doctrine, quel est-il ce domaine régalien ? Quel est le niveau d'implication attendu du chef permanent de l'Etat ?

(A) Il y a cinq pouvoirs régaliens dont quatre sont aujourd'hui disponibles :
- Justice haute
- Armées
- Police nationale
- Diplomatie

Le cinquième est de battre monnaie.

(B) L'implication du chef permanent de l'Etat est simple à définir : il nomme les présidents des cours et tout ou partie des ministres "régaliens", et il s'arroge le droit de remontrance et de veto. Il ne s'implique jamais dans les affaires courantes pour préserver sa dignité, son statut de référence au dessus de la mêlée partisane et celui de juge du dernier ressort.
Reste à mettre l'équation en image avant de décider l'opinion à laisser passer le roi. Le schéma politique de l'Alliance Royale est le seul qui ait osé faire cela. A mon avis il est trop compliqué mais c'est une base unique en son genre.

La création de cette image du pouvoir suprême doit tenir compte des tabous en vigueur, ce que le GLR appelle "la réalité que constituent nos concitoyens". Mais c'est à partir de là que les divergences de notre bord prennent des proportions insurmontables. Du régime théocratique des ultrabrites du légitimisme incandescent à la souveraineté gaullo-marxiste de la NAR, rien n'est miscible, tout est groupusculaire, frôlant le ridicule. En plus, la petite forêt des théories s'est pétrifiée, faute d'exploitation concrète. Moins a-t'on de monde à convaincre, plus raide est l'intransigence.

Une solution hunnique serait d'éradiquer les sources d'émission de ces divergences, c'est-à-dire les chapelles créées par la parthénogenèse des grosses têtes, chapelles qui ne représentent plus qu'elles-mêmes, à ce que nous montre le sondage préalable de SYLM, et que confirment les effectifs¹ squelettiques réunis aux diverses universités d'été et dans bien des manifestations "limitées" à cinquante - c'est magique ce chiffre indépassable.
Un projet monarchique minimum commun serait alors proposé aux fidèles inorganisés, sans passer par le crible des pharisiens qui n'y chercheront que le diable, et la concrétisation de leur assentiment serait recherché dans une cotisation à une structure constituante neuve chargée d'encaisser, et d'aboutir sur une construction de structure permanente oecuménique abritant les outils de communication du projet précité.

Maintenant la question à dix dollars taïwanais : celle que pose immédiatement l'Opinion convoquée à bader notre génie naturel de physique sociale : qui est le prince ?
Si je chausse les lunettes de l'Opinion, je ne vois personne, hormis pour certains lecteurs de Point de Vue l'éternel prétendant d'Orléans qui meuble de péripéties familiales l'ennui de sa "fonction". Les Assises 2011 du royalisme français ne trancheront pas la question dynastique car la Querelle est un moteur puissant pour faire tourner les chapelles. Eradiquez l'orléanisme et Orléans, et les chapelles légitimistes s'abîmeront dans les psaumes de la Transcendance et de la Révélation jusqu'à disparaître de la scène publique par l'attrition naturelle de ses cotisants. Retirez le Bourbon franquiste de l'échiquier virtuel et les gaullo-marxistes bien en cour - on comprend pourquoi dans notre beau pays soviétisé - prendront tout l'espace AF derrière le "prince rouge" revenu (hilarant). Gaz !

Les efforts (toujours méritoires) qui suivront la première session des Assises pourraient rester donc vains, car s'ils aboutissent même à une pacification du territoire royco, la sacralisation du préciput d'aînesse demeurera et les revendications concurrentes resteront appuyées sur des arguties d'autant plus intouchables qu'elles seront moins fondées. Chacun creusera un peu plus sa tranchée, et l'Alliance Royale, qui veut zapper le choix dynastique au motif de ratisser plus large sur les seuls principes, se brisera sur cette question préalable. Elle a miné la pré-campagne présidentielle de Yves-Marie Adeline, avant qu'il ne déraille sur les parrainages.

La Querelle pourrit tout.
Mais une monarchie "dogmatique", portée uniquement par ses principes, sans visage et donc sans affect, n'a jamais existé nulle part. C'est le régime le plus personnalisé qui soit, carrément voué au culte de la personnalité, ce qui soulève de bien difficiles questions de la part des sceptiques non abonnés à nos revues. Toutes les dynasties françaises ont été créées par l'ambition d'un homme ou d'une famille capable de gouverner, en position d'accéder à l'instant T et y réussissant. A l'inverse des Républiques, aucune dynastie ne fut numérotée, elles n'étaient pas portées par un dogme immanent qui les aurait laissées se succéder au fil des accidents de l'Histoire, puisqu'on ajustait les Lois² à chaque rupture. De Mérovée à Capet, elles portent toutes le nom de leur fondateur. Le roi tire le char ou disparaît. Le scalp de Childéric III, la décapitation de Louis XVI, la berline de Gand et le cortège de Cherbourg, sont là pour nous en faire souvenir. Un chef, des fidèles. Aujourd'hui c'est pareil.

Bien que le principe prime le prince et se suffise à lui-même selon le "dogme", le prince qui a l'ambition d'accéder doit avoir une attitude volontaire, une créativité innée et l'autorité naturelle pour la faire aboutir. Il doit être un homme de demain sinon même d'après-demain. C'est du moins le minimum syndical pour les premier et deuxième accédants (les suivants pourront être moins "doués"). Avis sans frais à leurs thuriféraires, les "observateurs" du temps qui passe n'auront pas d'avenir dans le nouveau métier de roi, moins encore que les prosateurs inlassables de leur autobiographie. C'est un volontaire et pas un velléitaire qui sera convoqué, un athlète politique, pas un Chambord.

Les Assises du royalisme français se tiendront donc au printemps 2011, si tout va bien. Il faut saluer la persévérance des organisateurs, le Groupe de Liaison Royaliste, les Manants du Roi, la CMI/SYLM et quelques autres plus discrets. Elles seront ce que nous en ferons. N'anticipons pas les travaux qui s'y tiendront, mais au niveau individuel déjà nous pouvons dire que, même en notre absence physique, si nous traduisons dans notre comportement quotidien de royaliste les recommandations auxquelles elles auront abouti, la situation du mouvement s'améliorera par capillarité. Pour nous mettre chacun dans l'axe d'une aimantation commune, il ne faudra pas attendre la fusion des chapelles, trop d'ego, trop d'histoires, pas non plus que les princes arrangent leurs affaires, ce qui ferait un bien fou à la Cause. Convergeons simplement vers un roi et quel que soit le résultat de ce consensus, nous pourrons chacun nous dire, j'ai fait de mon mieux, c'est ma part du succès, ou bien, j'ai fait de mon mieux, cet échec me dépasse.

Reste l'in cauda.
Nous avons gardé l'important pour la fin. Les royalistes ne feront de pas décisif vers la notoriété que s'ils assument les aspects triviaux de la politique au quotidien. Il n'est pas de propagande aboutie sans moyens préalables, de gros moyens. On ne fait rien avec cent cotisations et la quête du dimanche ! D'où le choix d'illustration de ce billet fait de huit nouvelles pièces régionales de 10 euros en argent massif !
Tout projet politique d'envergure nationale convoque beaucoup d'argent à sa réalisation. A titre d'exemple, les budgets des sites de réinformation comme Médiapart, Bakchich ou Rue89³ sont des affaires à plusieurs centaines de milliers d'euros. Leur audience est large, efficace et progresse. Faire plus petit ne sert qu'à faire reluire les idées entre soi. Nous le savons tous mais nous faisons l'autruche par respect pour les vieux chefs, par lâcheté un peu aussi, par pingrerie. Quelle que soit l'affection que l'on porte aux chapelles du royalisme, il faut convenir que leur modèle scout (...la bite et le couteau) est obsolète et ne produira jamais plus de fruits, si tant est qu'il ait beaucoup fleuri un jour.

Ou bien le mouvement royaliste mobilise les fonds nécessaires à sa propagande - c'est un objectif autour d'un million d'euros pour démarrer quelque chose qui se voit - ou bien nous nous replions vers la commémoration, l'exemple donné aux tiers de nos moeurs impeccables, une fierté gratuite, la qualité de nos relations ducales ou comtales, une orthographe irréprochable et la diction pointue de reconnaissance à la nuit tombée sous le chèche et le loden, en entretenant la mémoire enjolivée d'un âge d'or disparu, quelque sorte de religion civile avec son clergé, son droit canon, voire des cercles pleureurs endogames et cooptés. C'est bien aussi, pour le quatrième âge, mais il faudra cesser d'embrigader la jeunesse dans un petit projet impossible, car on lui fait perdre son temps, elle qui a tant à préparer de bagage et de courage pour des lendemains qui ne chanteront pas.
Donnerez-vous une pièce, deux pièces, cinq pièces... ?
(à suivre).
Note (1): A ce que nous montrent photos et comptes-rendus, les universités d'été n'ont aucune réuni plus de 50 personnes à un moment donné, ce qui est très faible rapporté à la "ressource" trouvée par le sondage SYLM. Mais si l'on sait que le Bloc Zids n'a fait que 75 campeurs à la Ti-Breizh, on peut arguer que le vecteur UDT est désuet au plan quantitatif.
Note (2): Lois fondamentales du royaume qui régissent la permanence de l'autorité.
Note (3): On trouvera sur ce lien quelques indications sur le modèle économique de Rue89, qui va sortir son mensuel en kiosque bientôt.

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lundi 15 novembre 2010

L'attelage Fillon-Juppé

L'excellent avocat général Bilger Philippe a fait danser les ministres avant la proclamation des résultats. Je vous convie à entendre le menuet bilgérien à la mode de La Bruyère, ça vaut son pesant d'hermine : philippebilger.com. Mais venons-en à l'actualité.
Il est réconfortant, quelques minutes, de voir les compétences affluer au cabinet Fillon 2 et les baudruches sortir. Mais je conserve mon estime à certains qui partent vaincus par la Machine, après avoir fait du mieux possible, comme Eric Woerth, grand naïf qui a oublié de refermer de pot de confiture de l'UMP, Fadela Amara dans Mission impossible, Rama Yade et sa spontanéité obligatoirement démentie par la tutelle.
J'applaudis avec mention très bien au licenciement de notre ministre hilare des affaires étranges, son seuil d'incompétence était depuis longtemps franchi et la date de péremption échue dès son premier lifting politique. Il fit partie du casting du cabinet de téléréalité précédent, où l'on voit souvent des vieux à l'usage de caution d'audience ! Il faudrait un billet complet pour relever ses cuirs, âneries et conneries, ce dont nous vous priverons dans une édition gratuite...
C'est sans regret aucun que je vois sortir Maître Devedjian, courtisan de second rang près des rideaux, qui portait aux nues le QI du "prince" Jean de Neuilly pour lui succéder un jour au Conseil général des Hauts de Seine après lui avoir fait louper la présidence de l'EPAD de la Défense ! A se demander comment Jean-Philippe Chauvin a pu le rater aux partielles de Bourg-la-Reine en octobre 2005. Je ne taperai pas sur le motodidacte niçois car il est des "temps-ne-fait-rien-à-l'affaire" sincères qui méritent le respect, au moins a-t-il le premier dit souvent la vérité, à temps et contretemps, et il vaut mieux que bien des énarques coincés pas catholiques. Par contre l'exil de Maître Borloo à Valenciennes est libérateur d'inquiétudes sérieuses. Avocat d'affaires en péril, il deviendra avocat d'affairiste et formera le couple infernal du renard et du chat de Pinocchio avec le redoutable dépeceur Tapie ! S'il avait pris Matignon, les portes s'ouvraient grand au compère...

Le buzz est le retour d'Alain Juppé. Le fort en thème est indiscutablement un homme d'Etat même si nous aurions aimé le voir se rebeller en vrai gaulliste contre les reculades du président Chirac lors des révoltes de 1995. "Droit dans ses bottes" jusqu'au coup de sifflet : pénalty !
Jean-Dominique Merchet a émis dimanche quelques doutes sur son blogue "Secret défense" quant au motif de ne pas se réjouir de l'arrivée de Juppé à l'hôtel de Brienne (clic). Les positions "chiraquiennes" du nouveau ministre tant sur l'Alliance atlantique que sur la dissuasion nucléaire ne conviennent pas à la situation du moment. Transparaît déjà cette propension au chantage à l'endroit de nos alliés pour améliorer l'illusion de nos positions, l'illusion seulement, mais n'est-ce pas le principal, dans la veine traditionnelle du gaullisme d'apparat ?

Il sera intéressant de voir comment François Fillon va décaler ses convictions "défense nationale" pour recadrer sans clash son ministre et concurrent qui déboîte de la file. Fillon assume les choix sarkoziens de recentrage au sein de l'Alliance. Canossa aurait-il déjà eu lieu à l'Elysée ?

Malgré les affirmations successives très documentées sur la coopération nucléaire européenne, aucun pays voisin n'a commencé à penser au début d'une possibilité d'un parapluie nucléaire français sur leur tête. Pour eux, cela relève du gag franchouillard imbitable. Parce qu'en ce domaine les intentions se heurtent immédiatement aux dispositions de mise en oeuvre, personne n'a osé publiquement leur proposer de "cogérer" leur ultima ratio avec nous. Bien leur en prend, vu le niveau où se traite ces choses ici. Carla Bruni est-elle consultée ? Qu'importe ! Pour tout le monde, sauf nous, il n'est qu'un parapluie qui ne vous mouille pas, c'est le parapluie américain. Faudra s'y faire.
Maintenant, que la dissuasion nucléaire héritée des cabinets gaullistes de la haute époque soit très lourde à maintenir dans un pays en faillite, ne préjuge en rien que l'issue ne soit que d'en partager les coûts. Avec qui d'ailleurs ? Les Anglais pressentis ont levé les yeux au ciel mais coopèrent dans les nouveaux laboratoires de tests et développements franco-anglais depuis le traité de Londres 2010. Nous ne pourrons jamais aller plus loin, sauf à embarquer dans la nef des fous de désarmement du Captain Obama ! Juppé se dit en phase. Rocard aussi ! Des économies par le ferraillage, logique froide. Seul un gaulliste pourrait défaire la tunique de Nessus si elle nous infecte, mais en revalorisant l'Alliance atlantique ! Sinon il nous mettrait à découvert. Débat corne-cul.

C'est là que le bas blesse. Juppé fait partie de cette école gaulliste qui donne à la France des droits spécifiques dans l'Alliance. Nos alliés ont beau chercher, il n'en voient aucun motif, pas même celui d'avoir gagné la seconde guerre mondiale sans la faire ! Dans une tribune au Monde, Alain Juppé exposait ses idées. Un court extrait, le document complet est consultable par ici :

En 1995, le président Chirac et le gouvernement que je dirigeais ont engagé un processus de rapprochement entre la France et l’OTAN. Nous y avions mis deux conditions clairement énoncées : d’abord parvenir à un partage équitable des responsabilités, c’est-à-dire des commandements, entre Américains et Européens ; ensuite obtenir de nos partenaires européens le lancement d’une politique européenne de sécurité et de défense (PESD) qui en soit une, ce qui supposait à la fois une volonté réelle de leur part et la levée de la réserve, voire du veto américain.
.
Le partage équitable était impossible car les prétentions françaises - commander la Méditerranée - étaient exorbitantes au regard simplement des moyens disponibles sur zone, sans parler déjà de notre pusillanimité diplomatique. Sarkozy a obtenu quand même des commandements importants, dimensionnés à nos capacités et donc étanches à d'éventuelles réclamations de nos alliés, qui dans l'ensemble ont applaudi à notre retour au commandement intégré OTAN.

La "contrepartie" PESD vient d'être enterrée dans ses effets polémologiques par le traité de Londres qui n'en tient aucun compte, les Anglais n'y voyant qu'un fromage à bureaucrates (moi aussi). Alain Juppé est dès lors en porte-à-faux sur ses convictions. Comme il ne vient pas nettoyer les casernes (sic) - peut-être les vendre - il n'a de champ que sur l'affaire afghane.

La "solidarité européenne" proclamée, qui est le paravent chinois de notre antiaméricanisme, est justement testée dans la guerre que mène l'ISAF. Comme l'affirmait le vice-président Jo Biden, les Américains ne sont en Afghanistan que pour deux buts : casser définitivement Al-Qaïda et mettre les ogives atomiques pakistanaises en sûreté. Le reste est littérature pour les débats au Congrès. La méthode âprement discutée entre la Maison Blanche et le Pentagone est aussi très claire, qui exclue l'occupation prolongée ou la colonisation de l'espace afghan : clear, hold, build and transfer. Nettoyer l'espace, le tenir, y construire un environnement pérenne, le transférer aux autorités. Et cela avant la fin de la mandature.

La France, qui propose son industrie militaire et son bouclier nucléaire au Européens, ne peut se moucher du coude en se retirant d'Afghanistan à tout motif intéressant mais futile, alors que les dangers précités sont parfaitement "crédibles" et identifiés. Attend-on un avion sur la tour Montparnasse fraîchement désamiantée pour affermir notre résolution ? Des analystes sérieux non-américains commencent à prédire la fin d'Al-Qaïda sous les coups répétés de la CIA dans les territoires tribaux. Notre "spécificité" devrait au moins attendre qu'on ait incinéré la Bête. Ce qui ne laissera pas beaucoup de temps au ministre de la Défense pour s'accomplir dans son grand oeuvre. Il ne lui reste que dix-sept mois et sera-t-il peut-être accaparé très vite par la "politisation" du match Fillon 2.

"Après les retraites, on va faire de la politique"(Sarkozy)
En effet, le programme de gouvernement sera forcément confiné au bénéfice de la politique politicienne puisqu'il est déclaré par beaucoup (comme Bernard Debré), mais Sarkozy l'avait déclaré il y a six mois, que les temps à venir seront ceux de la campagne pour la présidentielle de 2012. Ainsi le cabinet noir en soupentes devrait-il s'impliquer en priorité à dézinguer la concurrence centriste au sein de la majorité et à contrer par tous moyens, parfois légaux, les actes et paroles de l'opposition socialiste, la seule en situation d'accéder. Bien attendre le petit bonhomme vert avant de traverser aux clous. Les sondages seront scrutés, les programmes déroulés en fonction des résultats médiatiques. La routine de la République, quoi : l'intérêt national commande... que mon parti soit à la passerelle. Qu'avons nous fait de tout ce temps pour banaliser notre offre politique de rechange ?
Hindou Kouch
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vendredi 5 novembre 2010

Nous nous souvenons

La première sonnerie de cessez-le-feu de novembre 1918 retentit le jeudi 7 à 8h20 du soir aux avant-postes de la Pierre d'Haudroy afin que les quatre Mercedes des plénipotentiaires impériaux puissent rejoindre, entre uhlans et fantassins, le commandant François de Bourbon-Busset¹ à la Villa Pasques de La Capelle (Aisne). Jamais drapeau blanc ne fut accueilli avec autant d'espoir. La terre était saturée d'ossements. Le clairon du côté français s'appelait Pierre Sellier ; il était caporal au 171°RI. Il en sera marqué à vie, jusqu'à reprendre du service dans l'Armée de Rhin & Danube en 1945.

Le 8 août, le maréchal Douglas Haig avait lancé la bataille d'Amiens qui ouvrit cent jours de retraite pour les Allemands. Les Français reprenaient le Chemin des Dames en engageant les jeunes divisions américaines, rompaient les lignes et poussaient vers le nord. La Champagne, l'Argonne, les Flandres étaient reconquises. Les offensives Ludendorff lancées au printemps en direction de Compiègne et Paris n'ayant pas abouti, l'armée allemande était affaiblie, sa ressource en diminution. Foch montrera ses meilleures capacités et son sang-froid légendaire en organisant cette offensive de rupture définitive du front. Il obtint le concours sans arrière-pensées de ses homologues anglais et américains, et de ses subordonnés. Il écrivait à Haig le 25 août : « Poursuivez vos opérations sans laisser de répit à l'ennemi et en étendant la largeur de vos actions. C'est cette étendue croissante d'une offensive nourrie par derrière et fortement poussée en avant, sans objectif limité, sans préoccupation d'alignement et d'une liaison trop étroite, qui nous donnera les plus grands résultats avec les moindres pertes... Les armées du général Pétain vont repartir immédiatement dans le même style. » Ce fut la bataille de Picardie qui sera décisive : 700 canons allemands et 3300 mitrailleuses allemandes capturés, un océan de morts. Quand le Reich mobilisait son dernier espoir, la classe 1920 ! les gros bataillons américains étaient déversés dans les ports atlantiques des Etats-Unis, les usines alliées tournaient à fond, chars et canons montaient au front sans répit. Démoralisée, l'armée allemande subissait la lassitude de cette vanité qu'est par moment la guerre, et la discipline gravement entamée par endroit laissait présager une insurrection générale. La mutinerie des marins de Kiel le 30 octobre, et l'écho rapide qui s'en diffusa par tout le Reich, signala que la société allemande craquait. Le chancelier allemand, prince Maximilien de Bade, avait fait approcher le président américain Wilson pour savoir si un arrêt des hostilités était envisageable. La cause allemande était mentalement perdue, l'armistice dès lors enclenché.

L'affaire sera rondement menée à Rethondes jusqu'à la capitulation de la jeune "République de Weimar" qui n'avait que deux jours. Guillaume II s'était exilé aux Pays-Bas. Le cessez-le-feu général sera sonné partout le 11 novembre à 11 heures. Toutes les cloches de France annoncèrent l'incroyable. La der des ders !
Score : dix-huit millions de morts et des millions de blessés pour... quoi ?
Pour casser la dynamique hégémonique de l'empire allemand et se défaire des empires centraux qui brimaient la marche en avant de la "démocratie" dans les nations sans état. Mais on n'y réussira pas. Par suite d'un traité de paix froidement juste mais humiliant qui fera le lit de la revanche, la guerre à venir sera plus terrible encore. Décidément !

Après le 122°RI et le 7°BCA, cette année, honneur au 129è RI, le régiment des "Rastapoils" formé au Havre en 1873 et dissous un siècle plus tard (1977) à Constance (FFA). Ce régiment qui fit Verdun avec beaucoup d'allant est connu malheureusement pour s'être mutiné à Coeuvres en mai 1917 au sein de la 3è Division². La mutinerie - on parle de 50 hommes et même d'officiers - n'est pas relatée dans le Journal de marche régimentaire, mais on peut y lire entre les lignes des indications qui la confirment :

On note d'abord des mouvements rapides inhabituels de l'unité dès le 30 mai 1917 :
Somme : Carrepuis le 30 mai, Roiglise, Margny-aux-Cerises
Meuse : Revigny le 1er juin, Clermont-en-Argonne le 7 juin.
Quelque chose s'est passé qui se précise :
- 07/6/17 : 2e et 3e bataillon employés à des travaux de réfection de routes, extraction de pierres (ndlr : ce n'est pas une activité d'infanterie de ligne) .
- 12/6/17 : 12 officiers sont mutés dans d’autres régiments
- 18/6/17 : Lieutenant-colonel Bonnafont, commandant le régiment, relevé de son commandement et placé en réserve
- 19/6/17 : L’état-major et les officiers du 1e bataillon sont passés en revue par le général Guillaumat, commandant la IIe Armée, sur la place de l’église à Lochères (la rédaction laisse supposer que la troupe n'est pas présente et qu'il s'agit d'une reprise en main des cadres)
- 28/6/17 : 4 soldats condamnés à la peine de mort pour abandon de poste et refus d’obéissance devant l’ennemi. L’exécution a lieu à la sortie nord de Rarécourt (Meuse) à 4h30, par des hommes du régiment dont les noms suivent...
- 03/7/17 : 4 officiers sont mutés dans l’intérêt du service
- 05/7/17 : 279 hommes sont dirigés à destination des colonies lointaines
- 16/7/17 : le 1e bataillon est dissous, tous ses officiers sont mutés dans d’autres régiments
L'unité purgée montera à Verdun en juillet.
A partir de là, le 129è RI est normalisé. Il repasse à trois bataillons en accueillant un bataillon orphelin du 247 puis à quatre, en récupérant le 52è Bataillon de Tirailleurs sénégalais.
Il finira la guerre dans des combats impeccables en perdant jusqu'à 700 hommes dans le secteur de Soissons en juillet 1918. Le 11 novembre, le 129è RI veille au Mont d'Amance devant Nancy, et personne ne passera. Sur son drapeau sont brodés Zuccarello 1795, Loano 1795, Krasnoïé 1812, La Bérézina 1812, La Marne 1914, Verdun 1916, Le Matz 1918, AFN 1952-1962.

La fourragère du 129 est aux couleurs de la Croix de Guerre 14-18 avec 3 palmes.
Nous nous garderons bien de juger un seul mutin de la Grande Guerre. Louons plutôt le courage de ces innombrables héros qui tinrent des positions sacrifiées avec orgueil, ces volontaires en excédent pour des missions hautement risquées, tous ceux-là qui défièrent la mort et la reçurent, ce million et demi de valeureux Français aux noms gravés sur la pierre des monuments communaux, dont l'exemple est plus que jamais indispensable dans notre société affaissée, démoralisée, sans autre projet que ses pensions de retraite.

Comme chaque année pour commémorer l'anniversaire d'une victoire chèrement acquise, l'Action Française organise jeudi soir à 19h30 un hommage indirect aux soldats de jadis, à l'issue d'une journée militante, devant la plaque bleue de la manifestation estudiantine du onze novembre 1940 en haut des Champs-Elysées.
Dépôt de gerbe et allocutions.

Venez !

Note (1) : Le récit de la capitulation sur le terrain par un témoin direct est ici : Le commandant de Bourbon-Busset, chef du 2è bureau de la 1re armée, était à la tête de cette petite délégation : un gentilhomme de la meilleure race de France, au regard vif et clair, au masque fin, de haute et svelte taille, et portant avec une aisance souveraine l'uniforme sombre des chasseurs à pied ; on n'aurait su choisir un Français plus « représentatif ».
Note (2) : Cinq divisions (sur 110) seront hors d'état de manoeuvrer, les troubles touchant aussi les corps de troupe anglais. Le 129°RI ne fut pas le seul : des bataillons du 36, du 43 colo, du 66, du 162, du 370 et bien d'autres... se mutinèrent .
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Cameron coupe l'élan

" Zeal Does Not Rest " (l'infatigable élan), telle est la devise de l'Ark Royal, porte-aéronefs mythique que le premier ministre Cameron vient d'envoyer par le fond dans la Strategic Defense and Security Review (SDR). Brutal n'est pas assez fort. L'Angleterre est une puissance océanique depuis Henri VIII, qui construisit un véritable "système de guerre navale" avec un ministère et un budget indépendants, ses arsenaux en propre, des bâtiments de guerre dédiés en permanence aux ordres du pouvoir, un recrutement exigeant, une stratégie maritime. "Britannia rules the waves" : les intérêts anglais sont indissociables de ceux de la Royal Navy qui se couvrit de gloire sur les Sept Mers, et l'on comprend pourquoi sa réduction drastique suscite autant d'émoi dans les cambuses.

Securing Britain in an Age of Uncertainty¹, tel est le titre de la SDR 2010. Les états-majors phosphorent sur la guerre du futur sans aboutir à une certitude mais devinent plusieurs éventualités de niveaux et structures divers. On peut tout aussi bien voir s'affronter notre vieil occident et les puissances émergentes dans un conflit de haute intensité, que participer au confinement de pouvoirs régionaux dopés à la testostérone atomique, que contrer le djihad asymétrique d'un islam en guerre ouverte contre le reste du monde, que parer un blitzkrieg cybernétique capable de détruire les réseaux industriels et bancaires du pays. Sans compter l'imprévu ! Chaque réponse absorbe des moyens complètement différents et convoque une ingénierie distincte. Or, eux comme nous, n'ont d'argent pour tout faire ; même les Etats-Unis ont de gros doutes sur la pertinence de certains systèmes d'armes impressionnants certes mais inefficaces au résultat.

Ne pouvant reprendre ici tout le projet Cameron qui vise à réduire de 25% l'enveloppe globale de Whitehall, attachons-nous au volet "marine" puisque nous y sommes impliqués. Selon l'almanach Flottes de Combat, nos deux marines de guerre s'équivalent, ce qui facilite une coopération. Dans les bâtiments d'escadre, nous alignons un porte-avions, deux porte-aéronefs, treize frégates de tous types, six sous-marins nucléaires d'attaque. La permanence à la mer de notre dissuasion est assurée par quatre sous-marins lanceurs d'engins. L'Amirauté aligne trois porte-aéronefs, onze frégates, douze sous-marins nucléaires d'attaque . Sa dissuasion repose également sur quatre sous-marins lanceurs d'engins. Le tonnage de bâtiments ancillaires (avisos et amphibie) est du même ordre de grandeur et au final, nous avons de part et d'autre le même nombre de navires, cinquante-deux.

Outre la suppression de quatre mille postes budgétaires de marins, le cabinet Cameron désarme immédiatement l'Ark Royal et ferraille sa flottille de chasseurs Harrier à décollage court. Les deux porte-avions budgétés seront terminés (2016-2020) car il en coûterait plus cher de les arrêter. Un seul sera maintenu en service. Le Queen Elisabeth sera doté de catapultes et brins d'arrêt pour accueillir les avions alliés, français et américains. Le second sera naphtalisé par l'Amirauté dès qu'il sera reçu. D'aucun pensent que si la situation budgétaire l'exige, celui-ci sera vendu ; à l'Inde ? comme le suggère la Section Défense des Communes ? A noter que ces bâtiments n'auront aucune flottille britannique embarquée avant 2020. Si les quatre sous-marins stratégiques sont conservés, les têtes des engins balistiques, qui ne seront renouvelées que dans cinq ans, seront simplifiées et le nombre d'ogives nucléaires divisé par deux. Quatre autres bâtiments d'escadre seront désarmés. Les neufs gros patrouilleurs maritimes Nimrod-4 sont abandonnés. Par contre sept sous-marins nucléaires d'attaque (type Astute) sur douze sont maintenus.
Tous les chasseurs Harrier seront progressivement retirés du service en 2012 car trop chers à entretenir. Il faut payer les contrats Eurofighter Typhoon et JSF35 américains de la Royal Air Force qui deviennent hors de prix même réduits en nombre. Le Commander John Muxworthy, patron du UKNDA (UK National Defence Association) qui soutient les Armées, a déclaré dès la publication du rapport que "la Marine allait être décimée, ce qui était impardonnable et que l'histoire n'oublierait jamais". Mais que faire sans guinées ? Taxer la Reine ?

Par la réforme de ses trois armées qui sont recentrées sur leur coeur de métier sans concessions à la nostalgie d'une grandeur enfuie, la Grande Bretagne largue la défense des intérêts flous assumée par les cabinets Blair et Brown, ces guerres coûteuses que l'on ne gagne ni ne perd, et qui engagent l'ennemi trop loin des lignes critiques d'attaque. La SDR 2010² établit clairement l'utilité des armées britanniques : d'abord (i) garantir la sûreté et la résistance du Royaume-Uni, dans sa population, son économie, ses infrastructures, son territoire et... son mode de vie. Ensuite, (ii) oeuvrer à la stabilisation du monde et veiller aux intérêts du pays outremer sans s'interdire d'éradiquer les menaces à leur source. On verra peu dans le futur les armées de sa Gracieuse Majesté pacifier de grands territoires jusqu'à l'enlisement pour plaire à la Maison Blanche, mais elles resteront en capacité de frapper vite et fort contre les menaces distantes. Du moins c'est ce que le cabinet Cameron essaie de vendre³, un peu comme Hervé Morin le fit dans son Livre Blanc, pour se déjuger ensuite sur fond de crise financière internationale.

La SDR était à l'agenda de la rencontre au sommet Sarkozy-Cameron d'avant-hier. La France y est déclarée partenaire militaire principal du Royaume Uni depuis notre retour au commandement atlantique intégré. Les Anglais, obligés de coopérer pour maintenir leur rang, choisissent un partenaire à leur taille qui ne les embarquera pas dans une aventure. Ils résolvent ce faisant plusieurs failles critiques du dispositif naval français, à commencer par la présence permanente à la mer d'un groupe aéro-naval. L'affirmation maritime de notre souveraineté ne peut se conduire avec le système à éclipses actuel du Charles-De-Gaulle. Si nous avions de l'argent, nous pourrions même acheter leur second porte-avions, ce que le rapport nous suggère d'ailleurs. A défaut, nous pouvons répartir entre nos deux pays la formation du groupe aéro-naval en modulant sa composition en fonction des navires disponibles à la mer chez chacun. L'autre impact de la réforme anglaise est indirect : c'est la réhabilitation du Rafale. Cet avion multi-rôles a été beaucoup critiqué par ses concurrents. Si la mise au rebut des Harriers de l'aéronavale laisse la Grande Bretagne avec deux modèles d'avions de combat modernes (Tornado et Eurofighter Typhoon), ces modèles sont typiquement "continentaux" car non embarqués. Le JSF35C américain n'arrivera pas avant 2020. L'argument de la polyvalence renaît.

Ce billet a paru dans l'Action Française 2000 datée du 4 octobre (N°2804) sous le titre "La Navy coulée par la crise".

Notes :
(1) : Mettre la Grande Bretagne en sûreté dans un âge d'incertitudes
(2) On peut se procurer la SDR en ligne par ici
(3) Le programme politique de défense de la coalition au pouvoir est accessible par là


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samedi 30 octobre 2010

Intérêts général et particuliers - scrutins

Il était une fois...
... un chemin royal qui montait de la plaine de Languedoc vers le Vigan jusqu'au Rouergue par la vallée du Rieutord de Sumène, sur l'empreinte d'une voie romaine, sans autre choix de passage qu'un col malcommode dont l'approche était si escarpée qu'elle faisait la fortune du cabaret installé au sommet, quand elle ne rompait pas les jambes des chevaux. Plusieurs fois les services de l'intendant avaient proposé d'élargir la voie pour avoir au moins douze pans¹ utiles, construire en pied de côte un pont de trois cannes afin d'allonger le trajet et diminuer la pente, et plus tard, d'abaisser le cap de côte lui-même de quinze toises, ce qui était considérable mais nécessaire. Sans le terrassement final, il y en avait pour 1330 livres, mais les riverains qui céderaient du terrain étaient contre, et la qualité des mis en cause était telle qu'on avait dû reculer, d'autant que la guerre des camisards était dans tous les esprits malgré l'apaisement.

Le Subdélégué, lassé d'une dispute plus que centenaire sur cette route, stratégique à tous points de vue, fit ramasser un beau matin les traîne-savates du quartier que l'on mit au travail contre des bols de soupe et quelques étrennes. Hurlements des riverains qui connaissaient les lois mieux que quiconque et mandèrent le premier notaire venu pour un transport judiciaire sur le chantier : " Il n'y a pas de Corvée dans les Etats de Languedoc, point-barre !". Tous travaux publics étaient donnés à des entreprises, à prix faits ou en régie. Vaincus, les services durent débander leurs équipes de volontaires désignés. La contestation rusée n'est pas de notre siècle comme on le voit, mais la vengeance administrative non plus :

L'intendant agacé lança alors un relevé de profils dans la vallée même de l'Hérault parallèle à la vallée du Rieutord pour s'affranchir de cette maudite côte. On disait le passage impossible dans les gorges, même les Romains avaient reculé. Mais que sait-on d'un ingénieur en colère !
Les études achevées, un pont fut jeté à Ganges - les travaux durèrent sept ans car on manquait de crédits - puis la voie à Pont-d'Hérault fut décaissée directement dans la paroi qui contenait le fleuve. C'est aujourd'hui la départementale 999 ; on peut encore admirer le travail. En 1725, le nouveau chemin royal fut ouvert au roulage et l'intendant, ayant appris que Monsieur de Sumène dont l'enclos aurait été entamé par le projet refusé, avait quand même perdu 20.000 livres au jeu, au carnaval de Montpellier, taxa la communauté de Sumène de 5400 livres pour lui apprendre à vivre, ce malgré la peste de 1721 ! Ça mais !

La ruine de Sumène était en marche, ses pises² qui jadis tenait toute l'huile d'olive exportée au Rouergue étaient vides. Ses cinq notaires dépérissaient et les tonneaux qui faisaient sa réputation depuis l'âge des Gaules s'empilaient sous les clèdes. Pour sauver ce qui restait d'économie locale, la communauté décida d'élargir "sa" côte à vingt pans et d'abaisser "son" col autant que faire se pouvait. La dépense fut considérable puisque il fut demandé un dégrèvement de 5800 livres au roi.
Les impôts communaux qui les écrasaient tous n'enrayèrent pas le déclin. Ce n'est que lorsque la voie ferrée de Sommières à Tournemire reprit en 1868 son axe naturel mais en passant sous le col escarpé par un tunnel de 1400 mètres, que l'injustice du XVIII° siècle fut réparée. Effectivement, Sumène reprit alors son rang économique traditionnel. Des usines de bas de soie s'installèrent et quelques tonneliers se remirent à cueillir des douves de châtaignier. Les riverains de 1714 ne savaient pas que leur ruse légale stériliserait le pays pour 150 ans !
Fin de l'histoire³.


Des scrutins et des hommes
La démocratie locale a ses limites et les intérêts particuliers sont rarement surmontés au niveau de gouvernement où leur pouvoir s'exerce. La contrainte administrative doit aussi être finement réglée par des compétences et de bonnes anticipations. L'intendant capable de lancer une route impossible était tout à fait capable de prévoir la ruine probable de la ville contournée. Sumène n'était pas chef-lieu de la baronnie d'Hierle mais son poumon économique, l'impact de la décision était bien plus large que l'accélération de la Poste Royale. Cette petite histoire pourrait servir d'argument à ceux qui préfèrent voir le Bien Commun géré par des esprits éclairés et désintéressés, loin des disputes locales. Or on sait bien la force d'exécution des choix obtenus par le vote des administrés concernés, et les esprits éclairés et désintéressés ne sont malheureusement pas en nombre. Y aurait-il un moyen de s'affranchir de la "bêtise" humaine ? Vaste programme, mais allons-y voir :

(a) La première sélection des expressions est le cens. Ne parlent que ceux qui contribuent. On sait que la frustration des non-inscrits est redoublée par la stigmatisation de leur pauvreté relative et que les autres sont d'avance désignés à la vindicte publique en période difficile. En plus la liste ploutocratique est passée de mode.

(b) On peut imaginer une pondération des voix par points civiques. Chacun a dix points, puis les chefs de famille ont un point supplémentaire par enfant, les bacheliers deux points, les diplômés de l'université quatre, les rastacouères zéro, les pupilles de la Nation cinq etc... La commission parlementaire chargée de la grille tarifaire n'en verra jamais l'issue.

(c) Pourquoi pas le QI ? Au niveau de la troisième, on passe l'examen de quotient intellectuel à la place du Brevet des collèges et le chiffre obtenu (divisé par dix) donne autant de voix lors du scrutin au suffrage universel. Sauf que la prolifération des Giscard d'Estaing par exemple n'augure pas nécessairement des bons choix. La liste est longue des bêtises du pharaon le plus doué d'Auvergne, disait Antoine Pinay parlant du pharaon pas des bêtises.

(d) La tentation est grande localement d'ancrer les suffrages au sol s'il s'agit d'y toucher. Ne parlent de la route que les propriétaires fonciers quelle que soit leur taille. Dans notre petite histoire, les artisans directement impactés par le détournement du chemin royal n'auraient eu rien à dire alors qu'ils étaient bien plus les victimes de cette décision que les agriculteurs qui nourrissaient le pays. Ca n'est pas bon.

(e) Quotient familial
: l'Alliance Royale, sous l'impulsion de son fondateur, père de huit enfants, a caressé l'idée de privilégier les familles par une pondération des voix. A y regarder de plus près, la mesure ferait le lit des tradi-cathos d'un côté et des animistes maliens de l'autre. Mais après tout favoriser les enfants c'est favoriser le futur, et si l'incitation civique redresse la barre démographique, pourquoi pas.

(f) Finalement, comme disait Churchill de la démocratie dans son fameux "le pire régime à l'exception de tout autre", le suffrage universel, un homme une voix, simplifie bien les choses. On devrait quand même le civiliser en le subordonnant à la délivrance automatique d'un quitus fiscal. Votent les résidents qui sont en règle avec l'administration des Impôts ; et au niveau local, quelle que soit leur nationalité s'ils sont établis durablement et contribuent. Ce n'est pas nouveau, mais ça peut ressortir.


Note (1) : Le pan de Montpellier fait 25cm ; la canne de Montpellier a 8 pans et fait 2m ; la toise du roi fait 1,95m.
Note (2): Grand vaisseau intransportable creusé d'une seule pierre dédié uniquement à l'huile d'olive. Chaque maison de négoce de la Grande Rue avait la sienne.
Note (3): Un blog personnel dédié à la ville : Je t'M Sumène.
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