mercredi 31 octobre 2018

Lou Reed cinq ans déjà !

Le train fantôme dévale à toute vitesse pour la Toussaint (Halloween en anglais). Rendre un hommage appuyé à Lou Reed (1942-2013) qui est parti un 27 octobre est une gageure, mais nous avons choisi Vanessa Paradis qui est parfaitement "dans le truc"... comme souvent. Je pense que cette version prise au Zénith de Paris en 2001 lui aurait fait plaisir.
Salut aux morts, glissons !

Holly came from Miami F.L.A.
Hitch-hiked her way across the U.S.A.
Plucked her eyebrows on the way
Shaved her legs and then he was a she
She said, hey Babe, take a walk on the wild side,
Said, hey Honey, take a walk on the wild side.

Candy came from out on the island,
In the backroom she was everybody's darling,
But she never lost her head
Even when she was giving head
She says, hey Baby, take a walk on the wild side
Said, hey Babe, take a walk on the wild side
And the colored girls go,
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo doo

Little Joe never once gave it away
Everybody had to pay and pay
A hustle here and a hustle there
New York City is the place where they said:
Hey Babe, take a walk on the wild side
I said, hey Joe, take a walk on the wild side.

Sugar Plum Fairy came and hit the streets
Lookin' for soul food and a place to eat
Went to the Apollo
You should have seen him go, go, go
They said, hey Sugar, take a walk on the wild side
I said, hey Babe, take a walk on the wild side, alright, huh

Jackie is just speeding away
Thought she was James Dean for a day
Then I guess she had to crash
Valium would have helped that bash
She said, hey Babe, take a walk on the wild side
I said, hey Honey, take a walk on the wild side
And the colored girls say
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo
Doo doo doo doo doo doo doo doo doo doo

Paroles et musique : Lou Reed


R.I.P.

Sa bio par Nostalgie :
Lou Reed a pour nom de baptême Lewis Alan Reed.
Le musicien et chanteur américain voit le jour le 2 mars 1942 à Freeport, dans la ville de New-York. Ayant débuté dans The Velvet Underground, l'artiste est à l'origine des nombreux tubes à succès dont la renommée perdure encore après l'éclatement du groupe en 1970.
Groupe Mythique des années 1960, celui-ci fut une réelle inspiration pour de nombreux projets musicaux de rock.
Dans ce sens, Lou Reed et ses compagnons de The Velvet Underground sont et resteront des icônes de la musique rock, même si ils n'ont pas produit de réels tubes à l'instar de John Lennon ou Bob Dylan.
Quoiqu'il en soit, Lou Reed connaîtra un véritable succès avec son titre « Walk on the wild side ».

Le jeune Lou Reed
C'est à New-York, sa ville natale que Lou Reed passe son enfance auprès d'un père comptable.
Il apprendra le piano dès l'âge de cinq ans mais se passionnera plus tard pour la guitare. Ses styles musicaux se dessinent déjà avec son penchant pour le rock and roll, le free jazz et le doo wop.
Pour apprendre la guitare, il se servira de son assortiment de disques. En 1958, alors intégré dans les Jades, Lou Reed enregistre « So blue » aux rythmes doo wop.
Pensant le dévier de son inclination homosexuelle, ses parents consentent à le faire subir des séances d'électrochocs alors qu'il n'a que 17 ans. Plus tard, il évoquera cette douloureuse expérience dans le titre « Kill your sons » sorti en 1975.
Les textes radicaux, crus et même choquants de ses chansons témoignent encore du traumatisme subi. Par ailleurs, la noirceur des textes de Lou Reed sera l'empreinte musicale et artistique du chanteur.
Passionné très tôt de littérature, il apprendra l'art de l'écriture inventive avec un poète et professeur de littérature, Delmore Schwartz à l'université de Syracuse.
Les études finies, Lou Reed commence à travailler pour Pickwick en tant que parolier, interprète et compositeur.

The Velvet Underground
John Cale forme avec Lou Reed et Sterling Morrison le groupe Les Warlocks, ainsi que la chanteuse Daryl.
Ajoutant Angus MacLise à la formation, les Warlocks prennent le nom de The Velvet Underground, en 1965. A la fin de l'année, Angus MacLise sera remplacé par Maureen Tucker.
Effectuant quelques concerts, ils se font remarqués par la cinéaste Brigid Polk qui en parle à son ami Andy Warhol. Celui-ci en parle à son tour à son associé Paul Morrissey, le futur manager du groupe.
Les répétitions commencent dès décembre avec comme chanteuse, Nico et Lou Reed et sa bande passent en studio pour enregistrer quelques chansons.
The Velvet Underground se produisent également dans des spectacles. Toutefois, les sujets sulfureux mentionnés par le groupe entraîne la fermeture des boîtes dans lesquelles il se produit.
Poursuivant leur carrière, Lou Reed et The Velvet Underground continue les enregistrements avec Bob Dylan comme réalisateur artistique.
En 1967, « The Velvet Underground and Nico » paraît dans les bacs. L'album contient entre autres les tubes remarquables comme « I'm waiting for the man », « Sunday morning » et « Heroin » écrit par Lou Reed.
Choquant, l'album ne sera pas une réussite. Cependant, sa mauvaise réalisation inspirera le mouvement punk encore naissant.
Le second opus paraît dès la fin de l'année 1967 qui recevra le même accueil que le précédent. « White Light/White Heat » sera ainsi quasiment ignoré sauf d'une poignée d'admirateurs.
Bientôt, John Cale s'en va et Doug Yule intègre The Velvet Underground.
Lou Reed, quant à lui n'attendra pas la sortie du quatrième album du groupe « Loaded », sorti en 1970 pour s'en aller retourner chez ses parents.

Une carrière solo auprès des Anglais
En quittant les Velvet Underground, Lou Reed quitte également l'industrie de la musique. Richard Robinson et Lisa Says tentent pourtant de persuader l'artiste de se remettre à la musique.
Le producteur et son épouse lui propose alors l'enregistrement d'un album au Royaume-Uni avec deux membres des Yes .
En 1972, l'album Lou Reed est dans les bacs. Si ce dernier contient de bons titres tels « I can't stand it » ou « Ocean », l'album n'est pas un succès.
Il n'en sera pas de même avec le second opus « Transformer » qui voit la collaboration de David Bowie ainsi que de Mick Ronson.
Sorti toujours en 1972, l'album est enfin accepté du public et est une réussite. Le titre « Walk on the wild side » est particulièrement prisé.
Le succès accompagnera Lou Reed jusqu'en 1976. Ainsi, l'on peut citer « Berlin » produit en 1973 ou « Coney Island Baby ».
« Metal machine music » sorti en 1975 sera par contre un fiasco. Viennent ensuite des oeuvres, certes importantes mais qui s'avère déroutantes comme « The Blue mask », sorti en 1982.
Lou Reed renoue avec le succès en 1989 grâce à l'opus « New York ». L'année d'après, il publie un bel opus « Songs for Drella » en hommage à son associé d'antan, Andy Warhol et avec la collaboration de John Cale.
Les Velvet Underground se retrouvera d'ailleurs pour une série de spectacles, en 1993.
Entre temps, Lou Reed aura sorti deux albums plutôt réussis artistiquement avec « Magic and loss » paru en 1992 et « Set the twilight reeling », dans les bacs en 1996. « The Raven » est le titre de son dernier album.
Autrement, la discographie de Lou Reed foisonne d'albums live dont le « Live in London » en date de 1998. L'artiste a aussi fait paraître deux volumes photographiques sous les titres de Lou Reed's New York et Emotion in action.

Lou Reed, qui subit une greffe du foie en mai 2013, décède le 27 octobre.


mardi 30 octobre 2018

Demoiselles et guitares

Ce soir nous reprenons la guitare à la demande de nombreux lecteurs qui, ma foi, ont aimé "Pour une heure de plus...". Nous avons choisi quatre belles guitaristes dans tous les sens du terme. Il a fallu du temps pour que les filles s'emparent de la guitare, instrument machique s'il en est, espagnol quoi ! Beaucoup d'entre elles ont travaillé le rock commercial à force d'amplis et ont privilégié le sex-appeal et la provocation sensuelle qui rapporte.
D'autres et surtout en Asie ont visé l'excellence et au-delà d'une virtuosité acquise très tôt - les gamines attaquent la guitare à cinq ans - apportent un touché que les hommes n'obtiennent pas si bien. Dans la série proposée ce soir, nous avons privilégié le phrasé du morceau, et pour certains rajouté les paroles qui viennent tout naturellement à l'esprit.
Bonne nuit.


Pour commencer Andrea González Caballero joue le Prélude BWV 1006a de Jean-Sébastien Bach



A suivre Xuefei Yang - Manhã de Carnaval de Luiz Bonfá - Orfeu Negro
Matin, fais lever le soleil
Matin, à l'instant du réveil
Viens tendrement poser
Tes perles de rosée
Sur la nature en fleurs
Chère à mon cœur
Le ciel a choisi mon pays
Pour faire un nouveau paradis
Où loin des tourments
Danse un éternel printemps
Pour les amants

Chante chante mon cœur
La chanson du matin
Dans la joie de la vie qui reviens

Matin, fais lever le soleil
Matin, à l'instant du réveil
Mets dans le cœur battant
De celui que j'attends
Un doux rayon d'amour
Beau comme le jour
Afin que son premier soupir
Réponde à mon premier désir
Oui, l'heure est venue
Où chaque baiser perdu
Ne revient plus...
Oui, l'heure est venue
Où chaque baiser perdu
Ne revient plus.

Chante chante mon cœur
La chanson du matin
Dans la joie de la vie qui reviens


Oblivion de Piazzola par Nadja Kossinskaja
Lourds, soudain semblent lourds
Les draps de velours de ton lit
Quand j'oublie jusqu'à notre amour...

Lourds, soudain semblent lourds
Tes bras qui m'entourent déjà dans la nuit
En bas ton pas en va quelque part
Les gens se séparent, j'oublie, j'oublie...

Tard, on se parle dans un bar d'acajou
Des violons nous rejouent
Notre mélodie, mais j'oublie...

Tard, on se parle dansant joue contre joue
Tout devient flou
Et j'oublie, j'oublie...

Court, le temps semble court
Le compte à rebours d'une nuit
Quand j'oublie jusqu'à notre amour...

Court, le temps semble court
Tes doigts qui parcourent ma ligne de vie
Sans un regard, les amants s'égarent
Sur un quai de gare, j'oublie, j'oublie...


Et nous finissons par l'interprétation la plus délicate d'un morceau composé par Eric Clapton
Tears in Heaven par Kaori Muraji (Si Youtube exige de visionner sur leur site, allez-y, cela vaut la peine).

Would you know my name
If I saw you in heaven?
Would it be the same
If I saw you in heaven?
I must be strong and carry on
'Cause I know I don't belong here in heaven.

Would you hold my hand
If I saw you in heaven?
Would you help me stand
If I saw you in heaven?
I'll find my way through night and day
'Cause I know I just can't stay here in heaven
Time can bring you down, time can bend your knees
Time can break your heart, have you begging please, begging please
Beyond the door there's peace I'm sure
And I know there'll be no more tears in heaven.

Would you know my name
If I saw you in heaven?
Would it be the same
If I saw you in heaven?
I must be strong and carry on
'Cause I know I don't belong here in heaven.
Paroles & musique : Eric Patrick Clapton / Will Jennings


lundi 29 octobre 2018

Brèves du lundi

And the winner is...
Il y a de cela longtemps, un des généraux de la junte brésilienne avait été interpellé par un journaliste français sur l'effervescence inhabituelle des mouvements sociaux, qui lui posait la question de savoir comment ferait-il pour vivre avec un smig. A quoi le général répondit sans hésitation : « Je me ferais sauter le caisson ! ». Sans doute avait-il économisé les cours du soir de la communication politique en lui substituant une denrée rare, la sincérité. C'est ce qu'apporte aux gens le candidat du PSL/17, le franc-parler. Le monde est tellement trituré au politiquement correct que tous les adeptes du parler-cash y retrouvent aujourd'hui leurs chances. Et chez nous aussi.

La caste militaire brésilienne boucle le ceinturon pour acclamer le nouveau Mussolini des plaines à soja. Avec 55,3% Bolsonaro, la coqueluche des bourgeoises décoincées et des latifundières lascives, décroche la timbale en vrai coq perché sur le fumier de la démocratie sud-américaine. Facile ! Il a compris ce que comprend le peuple. Le peuple en a soupé des Cassandre du désordre moral obligatoire et excusé ! Le peuple veut du neuf et qu'on essarte l'ivraie sans mollir, le blé dut-il en souffrir un peu. C'est le programme du capitaine d'artillerie qui connaît bien la cantine politique pour y avoir pris ses repas pendant vingt-sept ans ! Rallumez les arsenaux, on commençait à s'emmerder !

On fait le break sur une danse techno italienne que certains reconnaîtront :


Fiamma nera



Ach du liebe Zeit ! Alternative für Deutschland entre au parlement de Hesse et le Grün Tarek Al-Wazir (mais si!) pourrait former le nouveau gouvernement de Wiesbaden. Les coalisés de Berlin, une main devant, une main derrière, en rabattent de beaucoup, la chancelière est sous Prozac et l'Allemagne, cul par dessus tête, prépare une retraite aux flambeaux vers Nuremberg. Le pronostic est engagé par les éditocrates de la pensée conforme. Askolovitch va nous faire sans doute l'ad hitlerum de la semaine dans l'émission de complaisance d'Élisabeth Quin sur Arte (ndlr: il n'a pas osé :).

What next ? France ? Rien ! Zimbabwe ? Rien ! Syrie ? D'aucuns pensent que le vainqueur de la guerre civile devrait se retirer pour faire toute leur place aux vaincus et les laisser décider de la suite, comme par exemple une réforme de la constitution qui barrerait la présidence aux dictateurs. Ce serait une première dans l'histoire, mais notre jeune premier de président ne recule pas devant cette création ubuesque au théâtre du monde. Du haut de mon ermitage perché dans les grands chênes, je n'arrive pas à comprendre une seule injonction de la ligne diplomatique française au Levant. Faut-il rappeler que les Syriens nous ont foutu dehors manu militari à la fin de la Seconde guerre mondiale ?

Corée du Nord ? La nomenklatura communiste a importé tant de biens de luxe qu'il n'est plus resté assez d'argent pour acheter du riz. Si la famine de 1997 qui a tué tant de monde n'est plus d'actualité ("Il n'y avait rien sauf des feuilles de maïs réduites en poudre, qui constipaient, je mangeais des lézards, des serpents, des rats et de l'herbe" disaient les évadés du paradis) le pays profond est dénutri, les enfants rachitiques et la santé mauvaise hors des villes. A tel point que la politique d'ouverture du président sud-coréen est remise en cause par ses contribuables puisqu'à l'évidence, les gras cousins du Nord se foutent royalement de lui. Moix et Depardieu aussi.


Pour le reste, on a voté ce dimanche en Géorgie, les Catalans ont fêté l'écrasement du Real Madrid par le Barça et accessoirement le premier anniversaire de leur indépendance foirée.


vendredi 26 octobre 2018

Savoir 125

C'est du trimestriel de l'association Vendée Militaire qu'il s'agit. 125ème livraison, ce n'est pas un perdreau de l'année et si je compte bien (il suffit de diviser par 4), cela fait plus de trente ans que ça dure. Qu'y a-t-il donc de spécial ou de particulier dans ce magazine chouan pour qu'il traverse contre vents et marées les péripéties politiques et sociales de notre beau pays ?

La réponse est dans la question : il ne perd pas de temps dans ce domaine de l'actualité fugace et s'en tient à la mémoire des hommes de son territoire, grands par la foi qui les a brûlés, grands par le sang qu'ils ont donné à défendre leur roi dans la tragédie révolutionnaire. Feuilleter ce numéro du dernier trimestre 2018 aide à respirer ; sans flagornerie, on dirait qu'il participe à sa façon à une élévation de l'âme, ce dont nous avons tous besoin dans notre quotidien "économique" et tristement banal : le prix des mutuelles va augmenter après le Diesel. Royal-Artillerie vous propose de le lire ensemble :


Avant toute chose, je signale aux lecteurs que le papier est bon et glacé, l'iconographie fastueuse (ce qui économise la nôtre ici) et le rédactionnel de meilleure qualité que bien des articles de presse qui mangent sur l'Histoire. Et il y en a cinquante-deux pages !

Le premier article nous présente Patrick Buisson, connu de tous depuis l'affaire de la prise de son dans le bureau de l'Elysée. Bien sûr il ne s'agit que de son travail sur les guerres de Vendée qui produira le film Les Manants du Roi mais la patte de M. de La Douasnerie nous dévoile l'homme autant sinon plus que l'ouvrage, et de cela je suis content, même si la modestie explicitée du président de Vendée Militaire n'était pas nécessaire pour rehausser l'image qu'on se fait de Buisson, puits de science comme nous en avons quelques-uns sur étagères, je pense aussi à Alain de Benoist. Aparté : la photo de La Chabotterie me rappelle qu'il y a de fameux concours de trompe de chasse en ce lieu. La régie me dit dans l'oreillette que "ça fait longtemps qu'on n'a pas entendu de vènerie sur Royal-Artillerie". Ndlr : c'est réparé.

A peine ai-je compris que Patrick Buisson est un chouan de convictions, mais plus performant que beaucoup qui s'en réclament pour parfumer leur vie bien terne, je prends en plein estomac Soljenitsyne aux Lucs-sur-Boulogne, site "emblématique de la Terreur en Vendée". Pour la jeunesse encore naïve d'aujourd'hui, cet épisode vendéen est l'Ouradour-sur-Glane de la Convention. Qui pis est, il n'amoindrit pas par comparaison l'horreur de tout le reste qui exclut à tout jamais ses perpétrateurs des registres de la civilisation. On dit que les guerres de Vendée furent la matrice des répressions les plus sauvages du XX° siècle, en quelque sorte : la Révolution française, sacralisée par le monde marxiste, adouba les monstres à venir ; même si les Ottomans n'eurent rien à en apprendre quand ils décidèrent de rayer le peuple arménien de la surface du globe.

Ne nous privons pas du discours historique prononcé par le Prix Nobel pour le bicentenaire le 25/09/1993 aux Lucs-sur-Boulogne devant vingt mille personnes. Le voici, il n'est pas si long, en cliquant ici.

A peine ai-je tourné la page que l'ancien conseiller général de Vendée, Maurice Bedon, pousse un coup de gueule comme on en lit peu souvent dans les salons feutrés du royalisme cénaculaire. Afin de ne pas incendier la sainte-barbe, il se protège derrière Tocqueville pour une conclusion sans appel qui rejoint notre propre embarras au spectacle des chapelles en lutte fratricide. En Vendée, ce sont les associations chouannes qui se bouffent : « Comme tout le monde le sait depuis Tocqueville, "une situation détestable ne sert les intérêts que des intrigants parce qu'ils évoluent agréablement en eaux troubles" et en profitent pour assurer leurs positions et nuire tout à loisirs. Se donner les moyens de recréer un climat de confiance apparaît donc bien comme un impératif pour favoriser la pérennisation des associations et travailler plus utilement dans la sérénité en faveur de la Mémoire Vendéenne.»

J'allais répondre virtuellement à M. Bedon que les princes pourraient aussi en prendre de la graine et pour certains, même vieillissants, redevenir sérieux avant les derniers adieux, quand je suis happé par le billet d'approbation de Gérard de Villèle à l'endroit du prince Louis de Bourbon. "Moi je trouve cela très bien" conclut-il en parlant du coming out franquiste du duc d'Anjou. Nous serions deux si l'auriculaire des royalistes français, fort occupé à la tasse à thé, était entré en oreille pour la boucher. Le franquisme n'a pas bonne presse en France, et projeter d'amener au roi l'opinion, au-delà du cercle des croyants, devient une gageure derrière le Joug & les Flèches de la Phalange espagnole. Mais à titre personnel et sans intérêt particulier à la restauration qui vient - plus jeune, je me serais bien vu capitaine des gardes gasconnes protégeant notre jolie reine - je serais tenté de préférer le beau prince moulineur de maillet, déclarant avec fracas sa foi en la famille naturelle et en son Dieu, assumant l'héritage temporel en se montrant capable de le faire fructifier sur ses terres, plutôt que le bedeau de Dreux qui passe l'aspirateur dans la nécropole royale et ne convient, quand on lui parle, que de banalités qui défoncent les portes ouvertes. C'est assez triste finalement de ce côté, quand on devrait attendre plutôt du renfort sur un ordre de bataille résolument capétien. Mais bon...

On arrive ensuite au cœur de métier de l'association : l'histoire inédite. C'est au prétexte des brefs Mémoires de la marquise de Bonchamps, sa veuve, que l'on suit la guerre du meilleur général que l'Armée catholique et royale ait jamais eu, même si ce n'est pas son nom qui vient en premier sur les lèvres des chouans d'aujourd'hui. Et pourtant il fut du dernier carré le 10 août aux Tuileries. "Vive le roi, l'Angleterre et Bonchamps !" était alors un cri d'espérance. Mme de Bonchamps, Mme de La Rochejaquelein, deux marquises qui ont fait campagne au milieu des gueux en guerre, de vraies natures, on aimerait en savoir plus. Justement ! Le biographe de la marquise, Alain Gaillard, nous invite, sur encart posté dans la revue, à sa conférence-dédicace du 17 novembre prochain, manifestation précédée d'une virée sur les traces du général et d'un déjeuner-débat au Poisson d'Argent (il suffit de passer le pont d'Ingrandes et à droite). En attendant, le n°125 de Savoir vous en offre neuf pages richement illustrées pour préparer vos questions.

Ce n'est pas fini. Mais non ! Il vous faut découvrir séance tenante Daniel-Thimothée Dubin de Grandmaison (1764-1833). Si ce n'est pas le curé d'Ars, c'est un abbé quand même, et de sacré caractère ! Une notice biographique d'un vicaire de rencontre signale que "M. Dubin a conservé dans ce pays la réputation d'un homme gai, aimant la compagnie, le jeu et la bonne chair". Il n'y a pas de faute d'orthographe. Xavier Maudet se régale à nous narrer les péripéties pastorales et guerrières du bon abbé qui, arguant de ses campagnes, obtiendra une légion d'honneur le 18 mai 1820, preuve qu'il savait terminer une légende. Je signale aux casuistes que la rapacité du chanoine ne contrevient en rien à ses promesses sacerdotales puisqu'ils ne font pas vœu de pauvreté contrairement à une idée reçue hors les murs, les moines si !

J'arrive au bout. Déjà ? Quand on referme la revue Savoir (à feuilleter par ici) on ne peut s'empêcher de penser que ces Chouans de 93 étaient des géants. Qui sommes-nous dans nos petites besognes, nos soucis de retraite, nos taxes foncières, nos princes affairés et la facture du fuel domestique ? Il faut lire le prochain numéro. Absolument ! Pour respirer l'air iodé de la Vendée. La quatrième de couverture nous propose un abonnement d'essai à 25 euros ! C'est donné, je prends.

Envoyez votre adresse et un chèque à :

Vendée Militaire
2 Avenue de la Gare
49123 Ingrandes-sur-Loire




Pour finir, nous nous permettrons de citer l'article "L'Affaire de Quiberon" de Royal-Artillerie publié en 2005 et qui cherchait à éclairer les motivations des acteurs de cette guerre, du moins en zone Bretagne. C'est l'occasion qui se présente. Merci.


mardi 23 octobre 2018

Le Brexit tuera le Frexit

Il y a la fable des "Animaux malades de la peste" mais ce n'est rien comparé aux réalités du royaume d'Angleterre malade de la politique. Les parlementaires les plus stupides que la terre ait portés - c'est un concours entre nos démocraties occidentales - sont en train de favoriser l'éclatement du Royaume uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, si ce n'est la Grande Bretagne elle-même. C'est bien sûr la tragi-comédie du Brexit qui est à l'origine de ce maelström mais on oublie quand même que la chose prend sa source dans la connerie majuscule de David Cameron, premier ministre jadis, qui vendit ce choix inconséquent à sa majorité parlementaire pour durer. Bien plus que Boris Johnson ou Nigel Farage c'est ce politicard bien propre sur lui que les Britanniques ont à blâmer maintenant, quoiqu'ils aient voté.

- Carte des résultats du référendum du 23/06/2016 -
Passons aux cartes. Si le Brexit au Royaume uni a été approuvé par 51,9% des suffrages exprimés, il est loin d'avoir conquis tout l'espace. La carte des résultats du référendum ci-dessous montre le nuage de nuances et le petit tableau de gauche les pourcentages respectifs des refus de sortir. On voit nettement que l'Ecosse ne sortira pas de l'Union européenne mais du Royaume uni, et que l'Irlande du Nord serait dans les mêmes dispositions mais son cas est trompeur. Les bastions catholiques ont voté contre et ont fait basculer le résultat global de la province. Une carte détaillée le montre bien (clic). Le Pays de Galles est partagé entre sa façade maritime qui commerce avec la République d'Irlande et l'intérieur moins favorisé, ancien pays de mines et d'industries. Mais le plus déterminant est le refus du grand Londres et de nombreux comtés de l'ouest. Quels que soient les débats aux Communes, la solution n'existe pas au sol, dans la vraie vie. La loi élémentaire de la démocratie (majorité plus une voix) va se fracasser sur le mur du bon sens ! Nul ne peut ruiner sans réaction l'électeur d'ici par le vote d'un électeur de là. Il ne s'agit pas de choisir un gouvernement entre partis de gouvernement mais de carrément changer de paradigme jusqu'à mettre en péril, outre la couronne mais c'est secondaire, l'économie et partant, le prestige du Royaume uni.

Si les chefs du Brexit n'ont rien préparé ni étudié et ont quelque part floué leurs électeurs (mais c'est la loi du genre aurait dit Charles Pasqua), les études des conséquences du Brexit sortent chaque jour depuis 2016 et aucune n'y est favorable. Reportez-vous à la presse intelligente pour en connaître le détail, ce serait trop long ici.

David Cameron
Nous n'avons pas invité jadis les Britanniques à nous rejoindre ; ils ont frappé à la porte en 1962 puis en 1967, à une époque où ils étaient très malades (épuisés par la Seconde Guerre mondiale), à tel point qu'il fallut leur faire des cadeaux, puis les exempter de bien des contraintes que les continentaux acceptaient. Le pays avait fini par remonter la pente en réformant son modèle social des Unions sacrées et en profitant le plus possible du grand marché commun. Gavés aujourd'hui à tel point que jusqu'au référendum maudit, tous les entrepreneurs européens rêvaient de la Grande Bretagne, ils s'estiment maintenant vassaux de l'empire et défiés dans leurs mœurs nationales. Qu'ils partent donc ! Faisons-leur cadeau (encore un) du solde de tout compte ! Et nous, asseyons-nous pour fumer un Partagas en regardant s'éloigner les falaises blanches de Douvres !

Si nous, n'y verrons pas grand changement - ne produisant rien ou si peu, ils sont obligés d'importer tout sauf l'ingénierie financière - eux par contre vont faire le grand bond en arrière et plouf ! Dans l'Atlantique ! Négocier du faible au fort avec l'administration Trump, le Foreign Office n'a jamais su. Du faible au fort avec la Chine, du faible au fort avec le Japon ? Et à la fin, du faible au fort avec Bruxelles ? Boris Johnson, très au fait de ces difficultés, les enjambent en faisant la promotion du génie séculaire du Rosbif qui a tout gagné après Hastings !





Tiens, nos moutons ont avancé vers le bord de la falaise. Si les îles britanniques sont dans l'impossibilité de couper les ponts sans se désagréger, qu'en serait-il de la France ? Des souverainistes appellent au Frexit. Le pays est au cœur même du dispositif européen depuis 1952 et ceux-là imaginent qu'un référendum gagné où le Rassemblement national fait des voix, serait de pleine application dans les vieilles terres d'empire ? Ils se fourrent le doigt dans l'œil. On peut déjà tracer la frontière de notre Ecosse : le vieux duché de Bourgogne partira en bloc, avec la région lyonnaise et le Grand Paris en prime. Comment les en empêcher ? Vous plaisantez j'espère.

La France s'est faite pas à pas. L'hexagone n'est pas tombé du Ciel comme le pigeon sur Clovis ! Elle peut aussi se défaire, se déchirer, notre histoire est emplie de guerres civiles ouvertes ou feutrées. Le Frexit dégagé par la loi stupide du Nombre pourrait aboutir au partage du pays si des territoires refusaient le suicide national. Ne l'oublions pas et redevenons sérieux. On ne débrouillera pas l'écheveau européen de 65 ans d'âge à peine de devenir une simple zone de consommation. Optimisons nos dépendances pour le bien-être de notre peuple et la perpétuation de nos valeurs spécifiques et oublions la grandeur que nous n'avons jamais atteinte depuis la chute du Second Empire.



- Frontières de Charles le Téméraire -

dimanche 21 octobre 2018

Le Duc d'Anjou à cœur ouvert


Quelle femme au monde a reçu plus belle déclaration d'amour de son époux pour son anniversaire ?






Muchísimas #felicidades @margaraVS, mi #AmorVerdadero, mi #MediaNaranja, mi #PrincipalApoyo, mi #compañera en este #ViajeDeLaVida.
Gracias por quererme, cuidarme, apoyarme, comprenderme y aconsejarme.
Gracias por estos #HijosMaravillosos, que son el fruto de nuestro #amor y el reflejo de los #valores en los que creemos.
Siempre te querré !

Luis Alfonso de Borbón y Margarita Vargas



Élections afghanes, un défi aux ténèbres

Jeune fille Nouristanie
Les élections afghanes en cours sont pour Royal-Artillerie une projection de l'analyse du 3 février 2012 quand nous expliquions (ou tentions d'expliquer) la remise des clefs du pays aux autorités afghanes, prévue alors pour 2014. Ceux qui ont du temps peuvent retrouver cet article (un peu long) en cliquant ici. Nous terminions jadis sans espoir : « la donne des trois ans qui viennent pourrait être changée même si à la fin les Talibans reprennent les guides, avec l'appui indéfectible de l'ISI pakistanaise et la résignation de la majorité silencieuse afghane usée par 33 ans de guerre. C'est moche pour les femmes et les fillettes, mais nous aurons tout tenté. ».

On ne comprend rien à la situation actuelle si l'on ignore qui était le mollah Omar (↓2013) à l'origine de toutes choses du côté obscur de la Force. Mohammed Omar était un directeur d'école coranique de Sangesar dans le Kandahar, village où naquit la croisade des Talibans. Homme éduqué (il lisait et parlait l'arabe) c'était un chef religieux charismatique, une référence qui sera promue "Commandeur des Croyants" en 1996 par un concile de 1527 oulémas venus de partout, nous dit la Wikipedia.

Peu porté sur les affaires quotidiennes de pouvoir, il montera rarement à Kaboul où l'essentiel des décisions politiques et militaires seront décidées par la choura* traditionnelle, mais il conservera la production du droit (sharia). Le mouvement taliban ne fut rien d'autre qu'une transposition du rigorisme sunnite aux tribus afghanes, comme il en fut du wahhabisme aux tribus d'Arabie heureuse. Lassée par la guerre russe et la guerre civile de partage des dépouilles, la population (pachtoune en majorité) adhéra sans se faire prier pour voir revenir un certain ordre civil qui flattait ses propres superstitions et ses mœurs archaïques. Femmes et filles (physiquement défavorisées depuis Cromagnon) en souffrirent le plus.
(*) Choura : enceinte de concertation, parlement au sens premier

Puis ce fut la guerre américaine consécutive au Onze-Septembre. Mollah Omar s'était allié à al-Qaïda contre ses propres idées car il jugeait que l'afflux des djihadistes étrangers était une menace pour la purification des mœurs soviétisées. Hélas pour son intégrité morale, le riche Séoudien Oussama Ben Laden apportait du cash, en veux-tu en voilà, et Ayman al-Zawahiri, le Frère musulman égyptien, le manuel de la guerre asymétrique totale avec la rhétorique affûtée pour le vendre. Mollah Omar, fils de petit paysan né du trou du cul du monde, en fut sans doute impressionné pour leur céder le commandement militaire, jusqu'à la "bavure" des tours jumelles de New York qu'il condamna ouvertement dès lors qu'il prévoyait la suite imparable. Il avait raison, mais les circonstances de l'invasion l'enchaînèrent à al-Qaïda pour le malheur et pour le pire.

Après le retrait progressif de l'ISAF (OTAN), corrélé à la montée en puissance des autorités afghanes, l'Etat central afghan se déploya et la modernisation du pays progressa à des vitesses différentes selon les provinces, jusqu'à faire croire que l'affaire allait être gagnée, sauf dans la poche de Falaise ou de Saint-Nazaire. Mais, en souvenir des heures les plus sombres, les chefs talibans ne furent pas conviés au gâteau démocratique et ils se retrouvèrent devant un pays partagé sans eux, comme à l'époque de la guerre civile qui opposa Pachtounes, Ouzbeks, Tadkjiks voire Hazaras, guerre civile qu'ils avaient cessée par la force en 2000 au milieu des ruines de Kaboul.

Massoud assassiné par des crouilles en 2001
Depuis la fin de la guerre américaine, les Talibans firent des représentations dans les capitales étrangères pour changer leur image de djihadistes frustres. Ils ont été reçus à Djakarta, Moscou, Téhéran, Doha et des émissaires ont tourné en Europe occidentale. Leur argument de base est qu'ils luttent carrément contre l'Etat islamique (Daesh) dont beaucoup d'éléments se sont repliés dans le chaos afghan. L'autre argument est qu'ils accepteront une place à la choura de Kaboul moyennant négociation - on ne peut se rendre comme à Sedan ! Mais en vain, et pour des raisons confuses qui tiennent sans doute au partage définitif des pouvoirs locaux entre les intérêts établis, ils ont été confinés aux montagnes d'où ils ne descendent qu'à la nuit tombée, comme là-bas, dis ! Alors restent les bombes !

Disons pour être juste que la présidence à Kaboul a fait preuve de bonne volonté en prenant langue avec les chefs talibans dans le droit fil des positions originelles du mollah Omar qui étaient basées sur le nationalisme afghan découplé des influences étrangères (lire: arabes); mais les discussions tournèrent court entre marchands de tapis, peu pressés d'aboutir, qui d'un côté devaient laisser un peu de chantilly sur le gâteau, de l'autre, oublier l'arc de triomphe fleuri de la victoire.

Mais la population ne marche plus dans la combine et endure les exactions des fous de Dieu avec colère puisque l'Etat peine à s'imposer partout. Les avancées sociétales et une relative prospérité chassent des esprits le recours à une foi incandescente qui n'a rien développé d'utile nulle part ailleurs sauf des comptes suisses. Le terrorisme aveugle désagrège ce qu'il restait d'empathie chez les derniers croyants pour les talibans car le pays en a soupé des guerres pour rien, des guerres d'étendards, des guerres pour seigneurs de la guerre qui n'apportent que du malheur !

Que viennent faire les élections dans ce contexte ?

Les élections, parfaitement inutiles dans un pays bouleversé, deviennent un dérivatif à la dureté des temps et reconnaissons un courage certain aux électeurs qui pénètrent dans les bureaux de vote pour concrétiser l'illusion d'une souveraineté populaire qu'on essaie d'inculquer dans le cerveau des foules. Les hommes sont abrutis de paléo-machisme tribal. L'avenir de l'Afghanistan passera par les femmes. Moins encrassées dans leur tête que les hommes qui lisent le coran au premier degré (la nouvelle de Sylvain Tesson titrée La Statuette est cruelle mais si vraie), elles sont plus résilientes, pour employer un terme de métallurgie. Elles ont une vue claire de leur futur pays qu'elles inscrivent ouvertement dans le XXI° siècle à leurs risques et périls. Elles opposent le droit naturel à la dictature des clercs fondée sur la transcendance de la terreur. Les reportages abondent dans les arts, les sports et la santé où elles brillent. Reste à investir l'éducation.

Construire une vraie société amalgamant plusieurs nations implantées là depuis la nuit des temps, n'est pas une mince affaire, mais c'est le seul défi à remporter. Le reste est vulgaire.




samedi 20 octobre 2018

Le Bhoutan a voté

Sauf les moines et les nonnes retranchés des listes électorales par la Constitution de 2008, les Bhoutanais ont voté jeudi dernier pour députer quarante-sept des leurs à l'Assemblée nationale de Thimphou. Contrairement à une opinion répandue dans les médias occidentaux chaque fois qu'une nation nous imite, le régime parlementaire fondé sur le suffrage universel ne fait pas l'unanimité des sujets du roi-dragon, qui sont plus nombreux que partout ailleurs à penser aujourd'hui, avec un recul de dix ans, que le modèle démocratique a surtout apporté des disputes, des discordes, et une effervescence stérile jusque dans les familles, sans même citer une insupportable démagogie des candidats en campagne que ces montagnards détectent de loin.

Qui promet d'asphalter la route, d'agrandir l'école primaire ou d'augmenter le débit de l'eau de ville est vite vu comme celui qui justifiera demain une hausse des impôts afin que les usagers subviennent eux-mêmes aux promesses électorales réalisées. Les deux défis du pays sont la santé avec la carte sanitaire et le sous-emploi qui force à partir. Nul ne comprend vraiment en quoi la transformation de la monarchie absolue antérieure en une monarchie constitutionnelle avec parlement bicaméral accroît les chances d'avancer vers la solution de ces deux vrais problèmes. La surenchère des programmes, le porte à porte des agents électoraux avec du riz, du bétel ou des gâteaux sucrés ne convainc pas ; à dire vrai certains commencent à imaginer qu'on les méprise assez pour les prendre à l'hameçon d'un paquet de clopes !

Une des plus belles reines du monde
C'est le roi Jigme Singye Wangchuck qui décida du bonheur obligatoire, puis de moderniser le régime tout en le bhoutanisant : il expulsa manu militari des communautés népalaises et assamaises qui profitaient sans titres de l'accueil bhoutanais pour déstabiliser leurs pays d'origine. Sur ce, il abdiqua en faveur de son fils (sans attendre le deuil de la nation) lequel fut chargé d'exécuter l'idée. Si on juge le succès de l'entreprise à la participation des inscrits (71,46% cette fois), la phase de choix des représentants fonctionne. Qu'en fait-on ensuite est une autre histoire.

Ce "petit" pays de 760.000 habitants répartis sur un territoire plus grand que notre région PACA n'est pas très riche mais debout. Avait-il besoin d'adopter les simagrées démocratiques pour s'en sortir plus vite ? Il y a des fondamentaux difficiles à ignorer comme la géographie himalayenne, la fertilité des sols ou la force de travail éduquée que le changement paradigme ne transformera pas. Une sortie par le haut semble possible par l'éducation de pointe afin de distinguer ce peuple fier des masses miséreuses de la plaine alluviale du Brahmapoutre ; elle ne convoque en rien un régime plutôt qu'un autre pour y parvenir, sauf à croire, comme moi, qu'un despote éclairé dans la grande tradition frédéricienne a fait ses preuves dans les pires difficultés comme nous l'enseigne l'histoire.
Croire au bonheur par le prince plus que par la foule !




Pour les lecteurs impatients, le résultat des législatives vient de tomber : on peut cliquer ici.


vendredi 19 octobre 2018

Il y a lobby et lobby

Stéphane Horel, journaliste indépendante et documentariste, explore de longue date l’impact du lobbying et des conflits d’intérêts sur les décisions politiques dans ses collaborations au Monde. Il n'y a pas d'erreur sur le prénom. En 2017, son livre Intoxication sur les perturbateurs endocriniens a été récompensé par le prix Louise Weiss du journalisme européen. En 2018, c'est l'Investigative Reporting Award qu'elle a eu avec Stéphane Foucart pour la série du Monde sur Monsanto.


Comment les lobbies empoisonnent-ils nos vies et la démocratie

Quatrième de couverture : Lobby des pesticides, lobby du tabac, lobbies de la chimie, de l’amiante, du sucre ou du soda. On évoque souvent les « lobbies » de façon abstraite, créatures fantastiques venues du mystérieux pays du Marché, douées de super-pouvoirs corrupteurs et capables de modifier la loi à leur avantage. Pourtant, les firmes qui constituent ces lobbies ne sont pas anonymes et leur influence n’a rien de magique. Leurs dirigeants prennent en toute conscience des décisions qui vont à l’encontre de la santé publique et de la sauvegarde de l’environnement.

C’est cet univers méconnu que Stéphane Horel, grâce à des années d’enquête, nous fait découvrir dans ce livre complet et accessible. Depuis des décennies, Monsanto, Philip Morris, Exxon, Coca-Cola et des centaines d’autres firmes usent de stratégies pernicieuses afin de continuer à diffuser leurs produits nocifs, parfois mortels, et de bloquer toute réglementation. Leurs responsables mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d’intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande.

Dans les cercles du pouvoir, on fait peu de cas de ce détournement des politiques publiques. Mais les citoyens n’ont pas choisi d’être soumis aux projets politiques et économiques de multinationales du pétrole, du désherbant ou du biscuit. Une enquête au long cours, à lire impérativement pour savoir comment les lobbies ont capturé la démocratie et ont fait basculer notre système en « lobbytomie » (version numérique : 15 euros à La Découverte).




Critique du Piéton oisif :

Les lobbies ont "capturé" la démocratie comme l'ont fait les partis politiques. C'est ce régime de gouvernement des hommes par le nombre, faisant levier de l'Opinion pour promouvoir les intérêts particuliers sous couvert du général, qui créé naturellement la lutte des clans constitués en groupes de pression. Plutôt que de revenir aux guerres de religion, la bourgeoisie aux affaires a mis en place le système d'élections au suffrage universel (c'est plus facile de convaincre les cons) qui tranche et coupe pour un certain laps de temps, servant la soupe à chacun dès lors qu'il est inscrit sur les listes de rationnaires.
Les lobbies industriels ou agricoles avancent quoiqu'on dise à découvert. Les lobbies politiques en revanche ont du mal à dissimuler l'avidité personnelle des chefs de meute, comme nous le montrait hier encore le riche tribun de La France Insoumise menacé dans ses intérêts si ce n'est dans son intimité (voir dans la presse mainstream les liaisons dangereuses de l'abbé Mélenchon).

jeudi 18 octobre 2018

Jamal Khashoggi : What the Arab world needs most is free expression

WASHINGTON POST, THURSDAY OCTOBER 18, 2018

I was recently online looking at the 2018 “Freedom in the World” report published by Freedom House and came to a grave realization. There is only one country in the Arab world that has been classified as “free.” That nation is Tunisia. Jordan, Morocco and Kuwait come second, with a classification of “partly free.” The rest of the countries in the Arab world are classified as “not free.”

As a result, Arabs living in these countries are either uninformed or misinformed. They are unable to adequately address, much less publicly discuss, matters that affect the region and their day-to-day lives. A state-run narrative dominates the public psyche, and while many do not believe it, a large majority of the population falls victim to this false narrative. Sadly, this situation is unlikely to change.

1958 - 2018
The Arab world was ripe with hope during the spring of 2011. Journalists, academics and the general population were brimming with expectations of a bright and free Arab society within their respective countries. They expected to be emancipated from the hegemony of their governments and the consistent interventions and censorship of information. These expectations were quickly shattered; these societies either fell back to the old status quo or faced even harsher conditions than before.

My dear friend, the prominent Saudi writer Saleh al-Shehi, wrote one of the most famous columns ever published in the Saudi press. He unfortunately is now serving an unwarranted five-year prison sentence for supposed comments contrary to the Saudi establishment. The Egyptian government’s seizure of the entire print run of a newspaper, al-Masry al Youm, did not enrage or provoke a reaction from colleagues. These actions no longer carry the consequence of a backlash from the international community. Instead, these actions may trigger condemnation quickly followed by silence.

As a result, Arab governments have been given free rein to continue silencing the media at an increasing rate. There was a time when journalists believed the Internet would liberate information from the censorship and control associated with print media. But these governments, whose very existence relies on the control of information, have aggressively blocked the Internet. They have also arrested local reporters and pressured advertisers to harm the revenue of specific publications.

There are a few cases that continue to embody the spirit of the Arab Spring. Qatar’s government continues to support international news coverage, in contrast to its neighbors’ efforts to uphold the control of information to support the “old Arab order.” Even in Tunisia and Kuwait, where the press is considered at least “partly free,” the media focuses on domestic issues but not issues faced by the greater Arab world. They are hesitant to provide a platform for journalists from Saudi Arabia, Egypt and Yemen. Even Lebanon, the Arab world’s crown jewel when it comes to press freedom, has fallen victim to the polarization and influence of pro-Iran Hezbollah.

The Arab world is facing its own version of an Iron Curtain, imposed not by external actors but through domestic forces vying for power. During the Cold War, Radio Free Europe, which grew over the years into a critical institution, played an important role in fostering and sustaining the hope of freedom. Arabs need something similar. In 1967, the New York Times and The Post took joint ownership of the International Herald Tribune newspaper, which went on to become a platform for voices from around the world.

My publication, The Post, has taken the initiative to translate many of my pieces and publish them in Arabic. For that, I am grateful. Arabs need to read in their own language so they can understand and discuss the various aspects and complications of democracy in the United States and the West. If an Egyptian reads an article exposing the actual cost of a construction project in Washington, then he or she would be able to better understand the implications of similar projects in his or her community.

The Arab world needs a modern version of the old transnational media so citizens can be informed about global events. More important, we need to provide a platform for Arab voices. We suffer from poverty, mismanagement and poor education. Through the creation of an independent international forum, isolated from the influence of nationalist governments spreading hate through propaganda, ordinary people in the Arab world would be able to address the structural problems their societies face.


Le gag irlandais



Les députés unionistes de Belfast refuse toute frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande après l'effectivité de la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne. Personne de sensé ne va dérouler 360 kilomètres de double concertina avec patrouille des chiens de Baskerville, poste de douane armée et autres foutaises de l'ancien temps. D'ailleurs il semble que l'équipe de Michel Barnier ait investi son temps dans une procédure de dédouanement numérique éprouvé en zone outremer, que le Piéton va vous dévoiler en exclusivité maintenant, c'est l'instant !

Ayant exporté pendant des années depuis l'Europe occidentale et les Etats-Unis vers la Chine continentale et autour, je vais vous parler du vol de documents. Pour les thèseux qui veulent pomper l'article dans une prochaine composition de grande école, disons que c'est une adaptation de la lettre de change lombarde du XIIIè siècle.

Comment ça marche ? Le colis (ou le container, palette, etc...) est individualisé par l'exportateur (ou chargeur) au moyen d'un bordereau de livraison physique (poids, dimensions, classe ONU si nécessaire) tiré d'une liasse fournie par le transitaire* ou l'agrégateur** et dont une copie est collée sur ce qu'on va appeler désormais une consignation. L'ordre d'enlèvement est alors donné par téléphone avec le numéro de la consignation qui correspond physiquement au code-barre apposé sur le colis/container/palette, en même temps qu'est transmise numériquement au transitaire/agrégateur une facture commerciale d'exportation avec le numéro du tarif douanier du Système Harmonisé (mondial).

La procédure se déclenche aussitôt que le transporteur de ramassage scanne le code-barre : elle consiste à découpler la consignation et les documents d'exportation. Le transport international va dès lors consister à propulser la liasse numérique dans les quatre tubes mis bout à bout : la douane export (qui fait un contrôle des chiffres et des statistiques), la compagnie aérienne qui va prendre en soute (dans mon cas, mais ce sera pareil au sol), la douane import (qui fait un contrôle et qui taxe), le transitaire à destination qui sera chargé de recoller les morceaux de la procédure et livrer le client final.

La durée de vol des documents (c'est une expression) est fonction de l'encombrement des tubes, de quelques heures à quelques jours, et la consignation physique n'y est pas liée, elle peut traîner une semaine ou un mois selon les capacités de fret et de manutention à chaque bout.

Pour les connaisseurs, cette procédure fournit les matrices documentaires attendues pour une lettre de crédit éventuelle mais elle n'y est pas liée, ni ne la remplace puisque elle ne crée pas de "papier". J'en vois au fond qui jouent à Super Mario !



Revenons sur l'île verte. Puisque le transport physique et la documentation peuvent être découplés, il n'est pas nécessaire de rebâtir une frontière en dur. Les échanges de marchandises entre les deux entités irlandaises (et partant, entre les pays extérieurs qui les livrent) doivent être simplement numérisées. Des contrôles douaniers aléatoires des opérations de chargement ou de déchargement vérifieront que les colis sont individualisés au code-barre dans un format réglementé et basta. Bien sûr les Douanes pourront lire le code-barre sur une tablette et connaître immédiatement la nature de la consignation, son origine, provenance, code danger, vecteur GPS (voir plus bas).

Cette façon de faire démonétise l'alarme des transporteurs qui brandissent les queues en frontières, les embauches administratives qui les ruineront et toutes histoires de loups-garous qui font rire les vrais acteurs. Question personnel servant le système, disons que déjà le transport national et international mobilise de la documentation et donc des agents administratifs chez les chargeurs, les transporteurs et les clients. Il suffira d'adapter les procédures actuelles au nouveau contexte et rééditer des formulaires (dématérialisés).

On peut monter d'un cran. Si les avions sont parfaitement identifiés et suivis pendant leur vol (transpondeur, squawk, etc), rien n'empêche d'en faire autant par le système Galilée pour les camions et les navires qui passeront une copie numérisée du manifeste (bordereau de chargement détaillé par colis) aux Douanes, le vecteur de transport y étant identifié par un code GPS.


La circulation des marchandises étant résolue, resterait la question des personnes. Ni la Grande Bretagne, ni l'Irlande ne font parties de l'espace Schengen. Que la République d'Irlande contrôle sa frontière comme aujourd'hui et refuse le transit sans visa vers l'Irlande du Nord, et le tour est joué.

Il y a donc des solutions pour contourner cette supercherie politique de la frontière et calmer ce pauvre Boris Johnson qui joue le rôle de sa vie. Comme nous le disions dans le billet de mardi dernier, l'affaire se débat aux Communes, une question d'ego et de supériorité aérienne dans un vol de grues cendrées. On amuse le bon peuple, on dramatise, on se donne de l'importance pour finalement appliquer bientôt ce que vous venez de lire.


Notes :
(*) Le transitaire est le facilitateur entre le commerçant ou l'industriel exportateur et le transporteur international. Il se charge de toute la paperasse (désormais dématérialisée). Il connaît un correspondant transitaire à l'autre bout à qui confier l'importation à destination.

(**) L'agrégateur est une société puissante qui exécute toutes les opérations de bout en bout (on dit door to door). Il dispose de flottes de ramassage, d'entrepôts sous douane, de moyens de manutention lourde et surtout de ses propres avions. A destination, c'est symétrique. Les agrégateurs les plus puissants sont UPS, Fedex, TNT et DHL.

Certaines agences maritimes en font autant avec quelques spécificités, mais elles connaissent aussi le découplement des consignations et des documents, mieux encore, elles éditent des documents de transport "interne" différents des documents classiques exigés par les lettres de crédit.

Postscriptum :
La question nord-irlandaise est loin d'être résolue dans les faits. Les communautés se regardent sans se mêler et la démographie catholique est la plus forte. A terme, 40 ans ? les catholiques seront majoritaires et il sera difficile d'empêcher la réunification de l'île sous l'autorité de Dublin. Cet article deviendra sans objet...


mercredi 17 octobre 2018

Le Right Livelihood Award* 2018 à la France d'outremer

Le sommet de l'OIF à Erevan fut embelli par le prix Nobel alternatif de littérature donné à Maryse Condé. Voici comment nous en parle RFi :

(article de Radio France internationale republié sous licence libre)

(*) Le nom du prix suédois, Right livelihood, qui se traduit littéralement en français par « moyens d'existence justes », fait référence au cinquième point du noble sentier octuple du bouddhisme qui enseigne que chaque individu est responsable de ses actes et doit prendre seulement une part équitable des ressources de la terre. Le prix, bien qu'appelé le « Prix Nobel alternatif » en français, n'est pas officiellement lié au Prix Nobel (source Wikipedia).

mardi 16 octobre 2018

Que nous apprennent les brèves du mardi ?

Remaniement ministériel :

(1) La technostructure n'attend rien de plus d'un ministre qu'un rôle de porte-parole dans un domaine délimité de la politique gouvernementale. Il est facile de croire que des refus, s'il en fut, ont plus tenu au devoir de se lever tôt pour aller se faire engueuler chez Bourdin. A preuve, les "fragiles" du gouvernement ont déserté au premier motif possible.

(2) Les politiciens de l'opposition qui touillent dans le long délai de promulgation afin de démontrer on ne sait trop quoi, sont dans l'inutile, ou le ridicule comme Eric Ciotti, puisqu'ils savent bien depuis la présidence Sarkozy, que les ministres sont les valets de pied du Château.

(3) Les éditocrates en ont beaucoup rabattu depuis que leurs injonctions sont restées lettres mortes et que Matignon s'est ouvertement moqué d'eux. Pris à contrepied, ils encensent aujourd'hui le cabinet Philippe III. La presse vit comme la bourse, entre hystérie et panique.


Déluge audois :

Les épisodes cévenols sont imprévisibles en intensité mais pas en occurence. Un des problèmes au défaut d'alerte sur le département est-il dans la gestion des heures de sommeil des fonctionnaires de la météorologie ? Crue monstrueuse à 5h du matin, alerte rouge déclenchée à 7h quand les ponts ont déjà sautés.


Démontage du journaliste séoudien à Istanbul :

(1) Les faits détaillés seront établis par la Sûreté turque qui a pu accéder à la scène de crime, mais tout laisse penser que l'affaire a été décidée par une faction méprisée de la haute société séoudienne afin de nuire au pouvoir du Macron des Dunes "MBS", si ce n'est à la famille du roi Salmane. A moins que ce ne soit un coup de couteau d'une société secrète wahhabite excédée par les libéralités nouvelles à l'endroit des zispissdicounasses qui refusent désormais de leur pomper le nœud.

(2) Aucun pouvoir vengeur, désireux de renvoyer un opposant chez son créateur, n'aurait choisi son propre consulat, dans la Turquie d'Erdogan en plus ! Au mieux aurait-il demandé conseil au Kremlin qui lui aurait proposé de descendre l'avion de la Pan Am !

Brexit :

(1) L'affaire n'est pas comme on le croit entre l'Union européenne et le Royaume Uni, mais entre la Grande Bretagne et l'île d'Irlande ! D'ailleurs la guerre que livre Theresa May aux Communes le prouve tous les jours. Laissons-les s'entretuer (politiquement) et passons l'accord avec le vainqueur, sachant que nous sommes directement impliqués dans la solution par la République d'Irlande qui est un des fleurons libéraux de l'UE.

(2) Le Brexit ne vaut que dur ! Sinon il ne prouvera rien ! En cas d'accord de libre-échange des personnes et des biens, les partis souverainistes français auront sauté pour rien comme des cabris en criant Brexit ! Brexit !




dimanche 14 octobre 2018

Sécularisation ratée d'une église modernisée


Peyrefitte (07-00)
Dans un article paru le 4 octobre 2018 dans La Manche Libre, l’abbé Henri Vallançon dénonce la communication catholique avec les mots qui vont bien (signalement de Riposte Catholique). Nous reprenons cet article in extenso, plus bas. Ce qui nous intéresse dans ce cri du cœur c'est la description de la dérive de l'Eglise dans son rapport au pays réel, et sa communication subie en lieu et place d'une propagande vigoureuse de la foi qui devrait être sa première mission. Notre propos est d'approcher la question sexuelle particulièrement prégnante dans la presse mondiale, même si la photo ci-contre du distingué pornographe Roger Peyrefitte signale aux jeunes lecteurs que l'affaire est de longue mèche, puisque, selon lui, on a de tout temps "touché" dans les institutions.

Nous ouvrons les "hostilités" avec l'expression d'un certain désarroi du cardinal Vingt-Trois de Paris qui, interrogé une énième fois sur les affaires de sexualité du bas-clergé, avait répondu dans la plus parfaite orthodoxie canonique que « l'Eglise étant l'ultime refuge des pécheurs, elle ne pouvait les chasser à quelque motif que ce soit ». Sauf que vouloir vivre dans le siècle fait obligation aux prélats de prendre toute mesure pour éviter que l'Eglise elle-même n'en soit expulsée. Or c'est bien ce qu'il se passe depuis des lustres, l'érosion des fidèles manifeste entre autres questions relevant de la métaphysique un doute quant aux mœurs, puis le rejet de ceux qui personnifient la foi. Le regard des gens a changé plus rapidement aujourd'hui avec l'avalanche des affaires glauques touchant les monsignori américains. La Curie et les épiscopes peuvent fermer les yeux et faire le gros dos, mais ils donnent prise maintenant comme jamais à leurs ennemis qui risquent bien de les broyer sous les chenilles de la calomnie. Tous les contrefeux ont échoué, l'abbé Vallançon l'expliquera à sa façon, dans un domaine parallèle au nôtre, le magistère.

La sexualité du clergé fut de tous les conciles. Les remèdes, peut-être imparfaits, chassés par la porte sont toujours revenus par la fenêtre. Deux mille ans plus tard, on en parle. Et de quoi s'agit-il au final : du mariage des prêtres quand ce n'est pas du sacrement de mariage des prêtres déjà en concubinage. Qu'on ne croit pas que cela soit un effet de mode, une conséquence de la libération sexuelle post-soixante-huitarde ou conciliaire. Sans parler des Eglises d'Orient qui ont passé l'éponge, les curés en ménage par chez nous remontent aux premiers jours de la chrétienté et la règle semble avoir été générale dès le haut Moyen-Age. Les concubines n'assuraient pas seulement le repos du guerrier (en le détournant ce faisant d'autres conquêtes en ville pour la sûreté du bourgeois en voyage) mais faisaient office de sacristain, bedeau et parfois au décès du titulaire, assuraient le service de la messe dominicale en attendant la relève. L'Eglise anglicane et ses dérivés ont tranché et ne s'en portent pas plus mal, même si les vocations n'y ont pas explosé.

Lusia et son mari Naseem, curé chaldéen de la paroisse d'Yverdon-les-Bains (sur le lac de Neuchâtel)

Les motifs du célibat des prêtres sont établis sur les évangiles et les actes des apôtres, mais la purge des textes contemporains du Christ par les Pères de l'Eglise pour aboutir au droit canon n'a pas éliminé le doute quant à la vie sociale de Jésus de Nazareth. Si on entend parler de ses "frères" - ce qui serait très normal pour récompenser le charpentier Joseph d'avoir accueilli une fille-mère de la maison de David - rien n'affirme dans les textes parvenus jusqu'à nous, ni qu'il ait été marié ni du contraire explicitement. Sa vie, pour ce qu'il en reste, nous laisse donc le choix. Procréa-t-il ? Beaucoup aimeraient le croire pour simplifier l'épure dynastique chez nous. Même si le pamphlet de l'abbé Vallançon ne débouche pas sur le mariage des prêtres mais sur l'hérésie en cours au Vatican (divorcés, homosexuels), nous persistons à penser qu'un environnement familial normal relâcherait tensions et pulsions intimes. Revenir au bréviaire (supprimé par Vatican II) devrait compléter le dispositif et remettre de l'ordre dans le tumulte des pensées. Mais sans doute est-ce archaïque ! Et les arguments des célibataires qui, faute de bases inexpugnables, ne peuvent transcender l'apologie du célibat au lieu de se vautrer dans les statistiques de la pédophilie, sont risibles tant ils se démontent facilement. Tout le monde les sait, nous ne les reprenons pas, sauf cette perversion du propos qui fait passer le mariage pour un nid d'incestes (puisque les cas de pédophilie sont majoritairement familiaux) afin d'en détourner le clergé. Il leur faut avoir l'esprit particulièrement tordu pour avancer sur une dialectique aussi biaisée. Mais le motif le plus fort à refuser le mariage gît dans la Bible juive elle-même : le premier personnage de l'histoire humaine s'appelle Eve. Dès le départ, elle a ruiné Le Projet. Et tous les ronds de fumée des docteurs de la foi pour être raccord avec l'opinion dominante ne suffiront pas à masquer la misogynie originelle de l'Eglise catholique. Ecoutons maintenant l'abbé :


Adresse de l'abbé Vallançon à sa hiérarchie :

Une nouvelle fois, l’Église est entachée par le scandale de nombreux prêtres à travers le monde ayant pratiqué des actes sexuels sur des mineurs.

Le même scénario se répète à chaque fois : des déclarations de honte et de repentance sont produites par les autorités catholiques, avec une note appuyée de compassion pour les victimes et des promesses de réforme pour l’avenir. Évidemment, l’efficacité de la réaction perd de sa force au fur et à mesure, car nous suivons, apeurés, un rythme qui nous est imposé : c’est seulement depuis que les victimes organisent leur riposte juridique que nous disons prendre conscience de la gravité de ces actes délictueux ! Il nous faut la pression des médias pour esquisser un commencement de réaction. Incapable de juger à temps les coupables et de leur appliquer les sanctions appropriées, l’institution ecclésiastique ne se détermine plus guère à partir d’un jugement objectif sur les fautes selon son droit canonique et sa doctrine théologique, mais elle se contente d’organiser avec des experts laïcs des communications de crise.

La ruine de l’autorité morale de l’Église qui en résulte la détruit de l’intérieur : elle n’existe que pour être le témoin crédible de la révélation divine. Prêtres qui vivons au contact des gens, nous sommes atteints au cœur : si nous avons perdu leur confiance, notre ministère est impossible.

Ce qui me frappe dans les réactions officielles, c’est leur impuissance à s’élever au-delà du registre émotionnel et à identifier les causes du mal. La pédophilie de ces prêtres viendrait de leur « cléricalisme » et de leur « séparation », de leur prise excessive de distance vis-à-vis des autres, etc. On se rapproche le plus possible des arguments qui conviennent aux médias, pour négocier leur indulgence.

Outre que tous les cas que je connais contredisent ces explications, la question de fond me semble la suivante : comment est-il possible que la conscience d’un prêtre soit si profondément obscurcie qu’il en vienne à poser des actes aussi graves ?

Depuis quelques décennies, un mouvement général de sécularisation du prêtre s’est emparé du clergé, un climat anti juridique et anti doctrinal s’est développé au profit de postures soi-disant pastorales, les signes distinctifs visibles ont été abandonnés dans l’habit et dans le comportement. Malaise autour des concepts de loi et de dogme, effacement des justes frontières dans les relations humaines... Comment, dans ces conditions, le prêtre peut-il garder vive la conscience qu’avec l’onction sacerdotale reçue au jour de son ordination, il est un être consacré, mis à part par le Christ pour être totalement dédié à Son service ? Peu à peu, tout se banalise. Si ce qui est le plus sacré se désacralise, le plus grave devient anodin.

Depuis quelques décennies, au catéchisme, dans les séminaires diocésains, dans les homélies se sont radicalement estompées de la formation de la conscience morale : une définition claire du péché originel, à cause duquel nul ne peut être sauvé sans la grâce de Dieu que confèrent les sacrements ; la possibilité du péché mortel, dont la conséquence est la damnation éternelle ; l’existence d’actes intrinsèquement pervers, indépendamment de l’intention de celui qui les pose ; la nécessité de l’ascèse et du sacrement de pénitence pour lutter contre le mal ; l’obéissance à la volonté de Dieu et l’acceptation de tous les sacrifices à consentir pour ne jamais la transgresser ; la place d’honneur faite à la vertu de chasteté, dans le mariage comme dans le célibat consacré ; la mise en garde vis-à-vis du monde et de ses sollicitations qui souillent la pureté de l’âme...

Tant que les hommes d’Église ne renoueront pas avec la prédication de ces vérités évangéliques, ils se laisseront eux-mêmes corrompre par le mal qu’ils ne combattent plus et entraîneront dans leur dérive ceux auxquels ils s’adressent. (HV)




Pour en revenir à nos moutons, égarés, et rester positif, le Piéton du roi fait une suggestion ciblée qui en vaut bien d'autres : quand un prêtre reconnaît des pulsions pédophiles en lui-même, il réclame la clôture à son évêque et celui-ci le place dans un monastère à cilice, silence et mâtines, laudes, tierce, sexte, none, vêpres et complies, de quoi maîtriser la testostérone comme dirait l'abbé de La Morandais.
Si le prêtre a succombé, l'évêché le prépare à affronter la justice du pays où le forfait a été commis, puis le remet aux autorités judiciaires, muni de la Practica Inquisitionis hæreticae pravitatis de Dom Bernardus. Ne souriez pas, c'est sérieux, connaissant les arcanes historiques de la garde à vue jusqu'au "mur", il avouera ou niera sans peine !



Graduel Dominabitur du Christ-Roi



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