Quelle mouche a donc piqué le satrape Loukachenko pour engager un Mig-29 de la chasse biélorusse pour faire poser le Boeing 737 de la Ryanair alors qu'il aurait suffi de le taper avec un missile Buk depuis le sol, comme ont pu le faire au Boeing 777 du vol MH17 de Malaysia Airlines les séparatistes russes du Donbass en 2014, sinon les Ukrainiens en 2001, qui ont descendu le Tel-Aviv-Novossibirsk de la Siberian Airlines au dessus de la Mer noire ? En plus, l'incinération de l'opposant Protassevich aurait évité les désagréments de sa détention sous l'œil inquisiteur de la communauté internationale à qui l'on offre un levier puissant de sanctions ciblées contre les protagonistes officiels du régime. A noter que « l'alerte à la bombe du Hamas » offrait le début du commencement d'un motif pour descendre l'avion menaçant.
On me dit dans l'oreillette que le KGB de Minsk voulait récupérer ses deux agents sous couverture présents derrière le siège de la cible, agents dont la mission ne pouvait être autre que de finir le dissident à Vilnius au cas où le détournement aurait échoué. Il n'y avait pas besoin de serrer de près Protassevich confiné dans un avion de la Ryanair si l'avion obéissait au Mig intercepteur, donc... CQFD : ils ne changeront jamais !
La Biélorussie, qui bénéficie d'une position avancée dans la géographie de l'Union européenne (voir la carte), est un pays qui s'en sort plutôt bien et qui n'a nul besoin des peines, soins et conseils d'Alexander Loukachenko pour avancer. Elle travaille entre deux grands marchés solvables, l'UE et la Fédération de Russie, qui sont clients et fournisseurs, c'est selon. Ce pays a donc un avenir, une industrie un peu ancienne, une agriculture exportatrice en kolkhozes, un système de santé performant et des salaires presque corrects pour la zone de référence (salaire mensuel moyen 2019 à 523$ selon la Banque mondiale). Dans ce futur paradis, les gens sont mécontents ! Jusqu'à décréter la grève nationale le 26 octobre 2020 et faire sortir le satrape en ville, armé d'une kalashnikov, pour qu'on ne lui fasse pas le coup de Ceaușescu ; des fois que l'état-major ne lui échappe. La révolution de couleur aura lieu au moindre affaissement du soutien russe, pour toujours la même raison : les gens et les jeunes surtout, ne se satisfont pas d'un avenir matériel mais aspirent à une liberté de penser et de mœurs qui croise à angle droit le dogme matérialiste hérité de l'Union soviétique.
Justement, les clés de l'avenir biélorusse sont au Kremlin, où les apparatchiks se seraient bien passés des dernières frasques aériennes du cousin retardé, qu'il va falloir soutenir jusqu'au bout du ridicule. Mais Poutine n'a pas le choix (voir à nouveau la carte). La Biélorussie est un partenaire naturel de l'Union européenne, plus que l'Ukraine ou la Géorgie, parce qu'elle est mitoyenne de la Pologne (avec un minorité polonaise chez elle), de la Lituanie et de la Lettonie, sans parler de l'Ukraine occidentale sur laquelle elle est posée et qui est carrément passée à l'Ouest à partir de la rive droite du Dniepr. La Biélorussie est le dernier carré de résistance russe à l'avancée fantasmée de l'OTAN. Mais comme Poutine n'est pas très sûr du régime pétrifié, et du satrape playmobil encore moins, il propose avec insistance l'anschluss à Minsk, afin de consolider les fortifications qui tiendront à distance respectable la démocratie fatale ! Loukachenko est un poids, pas si mort que ça, mais un poids mort quand même pour la politique extérieure du Kremlin. Mais il n'entend d'aucune façon laisser sa place à un pouvoir plus "cool" qui éviterait l'insurrection générale. C'est le dilemme russe : s'en sortiront-ils par une diagonale du fou dont Poutine a le secret ? A la place du Biélorusse, j'y regarderai à deux fois avant de m'engager sur les clous ou de boire n'importe quoi ! Quoique ! Assad, l'autre bâton merdeux* du Kremlin, a bien été confirmé dans sa fonction de bonde d'évier ! L'un et l'autre ont programmé leur fils dans leur succession. Poutine n'en a pas. A suivre.
* Sur Royal-Artillerie, le "bâton merdeux" est défini par ce qu'il est plus facile à prendre qu'à lâcher.
Dans moins d'un an, nous assisterons à l'événement majeur de la Vè République, l'élection du président. La cohue des faquins, coquins, demi-habiles et montreurs d'ours se rue déjà au loto électoral avec, disons-le, le renfort de quelques sincères et compétents hélas écrasés par le tapage des Nuls. Depuis que l'affaire fut gagnée par un chef de rayon des Trois Quartiers en 2012, tout Français ambitionnant de gérer le Franprix de son quartier s'estime capable de remporter la timballe. Existe-t-il un autre mode de désignation du chef de l'Etat qui nous priverait d'un satrape à sequins, tout à sa vanité d'arroser les gens de tous âges et conditions avec leur propre argent, afin d'accentuer l'empreinte de son sourire dans leur cerveau reconditionné ? Oui.
En 2012 justement, un plaidoyer pour la monarchie héréditaire fut publié sur le site orléaniste officiel de La Couronne de Guy Adain, site aujourd'hui remplacé par Le Courrier Royal. Le professeur de philosophie Van Ommeslaeghe y déploie les arguments essentiels en faveur de cette transmission automatique et il serait présomptueux d'emplâtrer ses explications d'un commentaire qui l'alourdirait. Le voici meilleur que paru jadis :
L’objection la plus courante à la royauté est la transmission héréditaire du pouvoir. Qu’est-ce qui assure que le fils aura les qualités du père, nous dit-on ? L’intelligence politique n’est pas inscrite dans les gènes. Imaginer cela serait aussi stupide que de croire qu’avoir fait l’ENA est un gage de cette intelligence politique. Si nous pensons que l’hérédité est une forme préférable de transmission du pouvoir, c’est pour trois raisons. Tout d’abord il s’agit de soustraire la désignation du chef de l’État à la discussion et à la contestation.
Blaise Pascal écrit : « Les choses du monde les plus déraisonnables deviennent les plus raisonnables à cause du dérèglement des hommes. Qu’y a-t-il de moins raisonnable que de choisir, pour gouverner un État, le premier fils d’une reine ? L’on ne choisit pas pour gouverner un bateau celui des voyageurs qui est de meilleure maison. Cette loi serait ridicule et injuste ; mais parce qu’ils le sont et le seront toujours, elle devient raisonnable et juste, car qui choisira-t-on ? Les plus vertueux et le plus habile ? Nous voilà incontinent aux mains, chacun prétendant être ce plus vertueux et ce plus habile. Attachons donc cette qualité à quelque chose d’incontestable. C’est le fils aîné du roi : cela est net, il n’y a point de dispute. La raison ne peut mieux faire, car la guerre civile* est le plus grand des maux.»
C’est que la contestation de la légitimité du chef de l’État n’affaiblit pas seulement celui-ci, mais affaiblit aussi l’État et donc le pays tout entier. La transmission héréditaire de cette charge résout cette question.
D’autres procédures, dira-t-on, la résolvent aussi. Le tirage au sort par exemple, que pratiquaient les Athéniens. Mais, il est un autre avantage que procure la transmission de père en fils, c’est l’amour filial. Un président de la république, quel que soit le temps qu’il occupe ce poste, n’est qu’un intérimaire qui laissera son siège à un étranger pour lui. Un roi passera le flambeau à son fils. Au premier, il faut beaucoup de vertu pour ne pas profiter, aux dépens de l’État, d’une situation de pouvoir précaire. Une telle vertu est rare. Au second, l’amour filial dictera d’embellir le patrimoine, l’État, qu’il léguera à son fils. Cet amour filial est répandu, plus que la vertu désintéressée dont un élu doit faire preuve. C’est que nous souhaitons tous transmettre à nos enfants un peu de notre œuvre sur terre, pour continuer à vivre grâce à eux, non pas biologiquement, mais spirituellement. C’est ainsi que l’homme peut atteindre l’immortalité, nous dit Platon, dans Le Banquet.
Ainsi, là où la République demande une vertu surhumaine, la Royauté fait fond sur la nature humaine. Reste qu’on peut objecter, sans doute, que tout cela ne garantit pas la compétence du roi. Bien sûr ! Pas plus que l’habileté à se faire élire, c’est-à-dire à plaire au peuple, n’est gage d’aptitude à le gouverner. Mais pour apprendre l’art politique, vaut-il mieux une école d’administration, l’apprentissage de la rhétorique ou l’exemple quotidien du gouvernement qu’un roi donne à son fils ? La connaissance des rouages de l’État est-elle meilleure lorsqu’elle est théorique ou lorsqu’elle découle d’une pratique quotidienne depuis l’enfance ? Dans tous tous les métiers on constate une forte transmission du père au fils. Pour les professions libérales, on conçoit que des questions financières entrent en jeu. Mais pour les cheminots, les artisans, les enseignants ? C’est que l’affection pour le père diffuse inévitablement sur le métier qu’il exerce ; que sa fréquentation dès l’enfance, l’exemple paternel, donnent de ce métier une connaissance qu’aucune école ne peut donner. Il n’en est pas autrement pour un fils de roi. Nul ne sait s’il sera compétent, mais son éducation, la fréquentation et l’exemple de son père, sont les meilleurs atouts pour qu’il le soit. L’apprentissage d’un roi commence dès la naissance.
Grâce à la transmission héréditaire de la couronne, on évite la contestation quant à la légitimité du roi ; on fait profiter L’État d’un sentiment humain répandu, l’amour filial, plutôt que d’exiger une vertu rare et difficile du chef de L’État ; on se donne toutes les chances pour que celui-ci soit le plus compétent possible.
Pierre Van Ommeslaeghe
* la république électorale où luttent les factions rassemblées autour d'une majorité à 50% + epsilon est-elle autre chose que la guerre civile rampante de Pascal ?
Un billet people ne peut nuire à la santé quand on n'en abuse pas. C'est le jour de la duchesse. Miss Meghan Markle, duchesse de Sussex par son mariage avec le fils cadet du prince Charles d'Angleterre, est d'abord un châssis. Et quel châssis ! Celui de Diane chasseresse, enfin, une chasseuse de pigeon !
La légende - certains la commence plus tôt que d'autres - la dit capricieuse, autoritaire avec le petit personnel, racunière, mais c'est sa gentille famille qui a ouvert le feu bien avant son mariage la traitant d'égoïste et d'ambitieuse sans scrupules ; son père, qui fit tout pour elle dans ses jeunes années, étant celui qui montra publiquement le plus d'amertume à se voir rejeté au fossé du chemin qui menait sa fille adorée à la ducature, parce qu'il avait une dégaine d'ivrogne. Quelle idée !
Meghan fut une actrice de série B qui passait sur le câble et sut tout de suite sortir du script pour jouer de son joli minois et d'un corps à deviner, mais ne fut connue qu'à partir de la série judiciaire Suits (costards), Avocats sur mesure. Elle épousa son compagnon du métier en attendant de trouver mieux ; et le trouva : un faraud de prince roux qu'il n'était pas besoin d'attendrir tant il chouinait sur ses conditions de vie au royaume de Grande Bretagne et sur les contraintes insupportables que le protocole de sa grand-mère de reine lui imposait. Une vraie pâte à modeler. Elle y prit goût dès le premier jour.
Pour partir du bon pied et faire bon poids sur la balance, la duchesse à titrer invita à la noce royale le gratin du showbiz californien, ou presque. Et d'aucuns, étonnés et ravis, avouèrent ne pas la connaître autrement que sur leur écran de télévision. C'est vache !
Harry, le pigeon, est le cadet contrarié. Après la naissance du fils de son frère aîné, il perdit la qualité de spare wheel du char royal. Secoué d'abord par la mort tragique de sa mère hystérique, abandonnée par son futur roi pour une fée Clochette passablement usée (et moche), il fut bridé ensuite dans son engoûment pour la chose militaire à la fois par la modestie de ses études, sa qualité de spare part, et en Afghanistan, par le danger qu'il représentait pour ses camarades de combat dès lors qu'il était lui-même une prise de choix pour l'ennemi. Finalement il s'en dégoûta et se mit à errer dans le quotidien d'un prince sans emploi mais avenant et bon camarade.
Meghan a su voir les possibilités de développement de son union. Elle rompit les ponts avec la vieille firme qui aurait - mais je ne le crois pas - un problème avec les génitrices à la peau mate et lui imposait un protocole désuet qu'elle ne comprenait pas, des voyages épuisants dans des pays pauvres sans avenir - quelle corvée ! le Commonwealth qui les accueillit appréciera ! L'autre faraud a tout gobé et elle lui a montré comment on savait faire de la monnaie en Amérique, après avoir tapé son beau-père de quelques millions de livres sterling pour s'établir au niveau attendu par le milieu du cinéma. De cadet de William, il est devenu le mari de Meghan, toujours le second de quelqu'un. Dans un deuxième entretien mélo-psychanalytique (après celui que Meghan avait accordé à Oprah Winfrey), Harry prend une heure et demie à expliquer son malheur d'être né dans le zoo Windsor et combien il se sent libre maintenant hors des fers de la monarchie (clic).
Il est ce qu'il ressent et nul n'est à sa place. D'aucuns dont je suis ont pensé que des responsabilités entrepreneuriales dans le seul domaine où il est diplômé, celui des hélicoptères, libèreraient le prince Harry de ses cauchemars, du moins en changerait-il pour découvrir ceux du compte d'exploitation, du bilan, de l'inquisition fiscale. Au lieu de quoi, il a essayé de dupliquer son association Invictus dans une fondation qui fera le bien, nommée Archewell, Compassion in action(clac) ; plus quelques cachets ou jetons ci et là. Mais ce sont des activités qui vous convoquent dans les magazines et sur les plateaux télé, pas vraiment l'ermitage qu'on a pu deviner au soir de la rupture avec son père.
Pour le moment, l'affaire tient la route même si le train de vie au château appelle beaucoup de monnaie. Mais il est quand même difficile de comprendre pourquoi les ducs de Sussex, fuyant les tabloïds anglais et le corset de Buckingham Palace qui attirait les paparazzi, se jettent au devant des caméras et micros californiens à première demande, en dehors de leur trip humanitaire. N'anticipons rien de la vie du couple ducal, Harry peut très bien accepter de commander en second et l'affaire durer jusqu'à ce que la mort les sépare. Il n'en demeure pas moins qu'un châssis prend de l'âge, les amortisseurs perdent de l'air et les ressorts s'affaissent. Que restera-t-il de la duchesse de Sussex dans vingt ans ? Comme pour tout le monde... ses défauts !
Harry Mountbatten aura-t-il été libéré entretemps de ses obsessions maternelles qui sont le prisme déformant de sa vie ? Il semblerait que la publication du rapport Dyson sur l'interview de sa mère et de Charles Spencer chez le journaliste-voyou Martin Bashir dans l'émission Panorama de la BBC en 1995, remette une pièce dans le juke-box et ravive sa propension au délire de traque qui le bouffe littéralement.
Le monde a eu le souffle coupé par la déconstruction sur les écrans télé de la Tour Jala abritant l'Associated Press et la chaîne qatari al-Jézira à Gaza. Le motif de l'occupation des sous-sols par les activistes du Hamas n'est pas douteux, ces gens étant depuis toujours adeptes du bouclier humain. On monte les roquettes sous les écoles, les mosquées, les dispensaires. Tsahal a eu l'élégance de prévenir par téléphone que le site allait être rasé dans l'heure. Dont acte.
Savoir qui a commencé cette bataille, c'est perdre son temps ! Vers la fin de cette décennie la guerre fêtera ses cent ans puisque le pogrom d'Hébron fut perpétré en 1929 sous le mandat britannique.
Mais, comme il en fut au cours de "notre" guerre de Cent Ans, il peut y avoir des respirations, en musique on dirait un soupir, en météo des intervalles (quand le soleil brille), et ces moments ne devraient pas être gâchés par le harcèlement permanent des Palestiniens établis sur un mauvais cadastre ottoman par les colons iraéliens radicaux, comme on l'a vu une fois encore dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est au début de ce mois. Mais est-ce encore utile de s'en préoccuper ?
La coexistence, et la collaboration économique qu'elle induisait entre citoyens israéliens arabes et juifs, est en phase terminale. La peur d'autrui est entrée dans les villes mixtes, et comme dans nos banlieues françaises, l'exode des uns va croiser l'exode des autres, une manière d'épuration ethnique contre laquelle aucune proclamation ne tient !
L'autre conséquence du désordre actuel est l'enterrement du projet à deux Etats. La Cisjordanie, qui est une prise de guerre du Fatah qui s'en repaît, ne peut être gouvernée par un Etat indépendant contre le vœu du voisin tout-puissant. Le Likoud soutenu par une majorité de citoyens juifs refusent les accords d'Oslo et la "solution". Mais en réalité, l'OLP ne peut pas gérer un territoire enclavé, mité par la colonisation juive et dont la ressource hydrique lui échappe en totalité. Le seul territoire palestinien capable de s'en sortir en étant indépendant, c'est la bande de Gaza qui a tous les atouts pour former une principauté philistine développée et prospère, après incinération complète du Hamas et du Djihad islamique, s'entend ! C'est en cours. Et peut-être que sur le Golfe persique, les sheikhs observent avec intérêt cette destruction d'un furocle iranien en terre sunnite, qui ouvrirait l'espace à de juteux investissements sur la dernière "échelle" du Levant.
Ceci ne résoud pas le dilemme cisjordanien. Le territoire occupé ne peut être annexé pour une raison démographique, ne peut être rendu au roi de Jordanie qui n'en veut pas, ne peut être décolonisé sauf à la marge, ne peut continuer longtemps comme un bantoustan... Dans un prochain numéro, nous soumettrons aux Nations Unies l'interdiction générale des religions et le pinard obligatoire.
La minute stratégique
Si le Hamas ressort vivant de la séquence, même diminué, il aura remporté trois victoires :
1.- Par tout le Moyen Orient, la Rue arabe, chauffée par les chaînes islamiques, va détester la normalisation offerte par les Accords d'Abraham au détriment de l'Autorité palestinienne impotente et bafouée ;
2.- Le consensus démocratique contraint entre Arabes et Juifs israéliens, qui avait abouti à l'entrée d'un parti arabe à la Knesset, aura volé en éclat au niveau de la rue ;
3.- Le silence de Mahmoud Abbas donne aux Palestiniens radicaux l'argument d'une pétainisation de l'Autorité palestinienne avant les élections générales.
Si le Hamas succombe et disparaît des écrans, il aura remporté une quatrième victoire confortant les trois autres : il entrera dans le martyrologue islamique.
Netanyahou n'a pas anticipé les conséquences directes de l'affrontement, sinon il aurait apaisé les points de friction après les Accords d'Abraham, surtout dans le domaine de la colonisation des territoires occupés, en faisant rapporter les lois israéliennes de captation du foncier vacant. Au lieu de quoi il a paradé comme s'il avait remporté la victoire finale et laissé la bride sur le cou des enragés. C'est un politicien du niveau du Sentier !
Circule sur la Toile une carte du Paris médiéval, pour illustrer d'un côté et dénoncer de l'autre, la piétonisation des arrondissements à un chiffre de la capitale. Et on se plaît à superposer cette carte et le projet de la majorité municipale pour comprendre à la fin que la ville de Philippe Auguste n'avait pas anticipé une circulation automobile envahissante tant en passage qu'en stationnement. C'est ce que nous analysions dans un billet resté fameux chez le lectorat de Royal-Artillerie car illustré d'un taxi jaune, et dont nous recyclons aujourd'hui la section technique ci-dessous, avec la carte des enceintes :
Projet de réforme de la circulation parisienne intra-muros ?!
Préambule
(La codification est destinée à ceux qui veulent faire un Powerpoint)
Le trafic a deux origines : la circulation intérieure (C1) et la circulation de transit (C2).
Il y a trois types de trafics en surface : (T1) les déplacements des services publics de l'Etat (y compris celui des régies de transport), (T2) les déplacements des professionnels assurant des services à la population (artisans et livreurs), (T3) les déplacements individuels à titre professionnel ou privé.
Le trafic est assuré par cinq vecteurs : (V1) les flottes automobiles des services publics, (V2) les flottes commerciales et artisanales des professionnels, (V3) les flottes de taxis et transport à la demande (Uber), (V4) la circulation générale de voitures non dédiée, (V5) les une-roue et les deux-roues.
Le territoire parisien est formé de quatre zones : (Z1) la voirie de grande circulation (boulevards, grandes avenues et périphérique), (Z2) le fleuve et les canaux, (Z3) la voirie haussmannienne, (Z4) la voirie médiévale.
Un projet
(A) Sérier les trafics selon leur origine :
Le transit doit être détourné de Paris en améliorant les conditions de son contournement. En ce sens la neutralisation bienvenue des voies sur berges aurait dû être précédée d'un renforcement du périphérique (surtout au sud), dont le trafic de transit provincial et international aurait dû être déporté sur l'A86 et l'A104 depuis longtemps... si ce pays était gouverné. Mais clientélisme oblige, les grands travaux routiers ont souvent succombé à la préservation du confort de gens bien placés. Le bouclage de l'A86 ouest (de La Jonchère à Marnes-la-Coquette) et celui de l'A104 ouest (Ile de Migneaux) sont exemplaires à cet égard.
On ne doit pas confondre le transit et l'accès depuis l'extérieur. La banlieue doit continuer à entrer dans Paris parce qu'elle est en assure le fonctionnement quotidien.
- le Mur des Fermiers Généraux en bleu, la Barrière de Thiers en rouge -
(B) Associer les zones et les types de trafic :
Si les services publics et au public (T1 et T2) doivent aller partout sans restrictions, tout comme les deux-roues qui n'encombrent pas l'espace (V5), les déplacements individuels (T3) ne devrait pas permettre d'accéder à la voirie médiévale (Z4). Comme on ne peut trier rue par rue, il serait logique d'interdire le centre historique de Paris à la circulation générale (V4) et pour faire simple, sortir les six premiers arrondissements et la moitié est du VIIè du plan de circulation de la Préfecture, à l'exception des grands boulevards (l'ancienne enceinte Philippe-Auguste) permettant de le contourner et des quatre axes traversant à grand débit que sont le boulevard Raspail, les boulevards Saint-Michel-Sébastopol, le boulevard Saint-Germain et la Rue de Rivoli-Saint-Antoine. Les modalités d'accès et de stationnement seraient à définir, sans doute sur la base d'une gestion des plaques d'immatriculation.
La séparation du trafic professionnel et du trafic privé obligera à spécialiser les plaques d'immatriculation des artisans et commerçants en ajoutant par exemple un "SP" comme Services au Public). De même sera-t-il plus facile de contrôler les taxis identifiables par une couleur unique comme dans beaucoup de villes étrangères : le vert-wagon à toit blanc irait bien à Paris.
Il existe une zone concentrique à ce centre historique qui est délimitée par l'ancien Mur des Fermiers Généraux érigé jadis pour percevoir l'octroi. Des boulevards le remplacent aujourd'hui. Ils délimitent les arrondissements 8, 9, 10, 11, 12-ouest, 13-nord, 14-nord, et un peu du 15è et 16è-nord. Cette zone devrait être d'accès réglementé pour la circulation générale (V4) par le biais d'un péage modéré, exception faite des flottes de taxis et assimilés. Le reste du territoire qui représente plus de la moitié de la superficie de Paris serait libre d'accès comme aujourd'hui et le trafic fluidifié par tout moyen intelligent comme la synchronisation des feux en fonction de la charge de la voie.
(C) Régler le problème du stationnement en voirie :
Outre l'occupation plus ou moins illicite de l'espace public, le stationnement des automobiles en surface est une pollution. Comme dans certaines villes étrangères, il serait avisé de lier l'immatriculation d'un véhicule à Paris à la possession d'une place de garage. Il existe encore de la place pour construire des garages à voitures dans Paris ; il existe aussi des parkings-silos qui correspondent bien à l'utilisation sporadique d'un véhicule. Pour le reste, le stationnement resterait payant en journée avec relevé de la vignette Crit'air comme aujourd'hui.
[fin de l'extrait]
L'inquiétude légitime des commerçants, mais surjouée de l'opposition municipale, doit être apaisée par l'amélioration des transports publics existants dans leur amplitude horaire afin d'irriguer les zones de chalandise, et certainement aussi par l'introduction de moyens alternatifs comme les Sixteen-Seats de Hong Kong (copiés sur les dolmuş de Turquie). Peut-on espérer voir un jour ce "centre-ville" devenir propre sans la merde et les ordures qu'il devient impossible de nettoyer ? Les voies piétonnes sont d'expérience maintenues propres, tant par les services municipaux s'ils sont bien commandés (ce qui n'est pas le cas dans les arrondissements de Paris où les adjoints "Voirie" de la mairie n'ont aucune autorité sur le Labeur) que par les commerçants riverains ou les gardiens d'immeubles. Pour finir, voici le contour de la zone à piétoniser proposée par la municipalité :
A moins de se prendre pour Sylvester Stallone dans First Blood, le tueur des Plantiers n'a aucune chance de traverser l'espace-temps de son crime et d'échapper à l'Etat lancé à sa poursuite. La traque menée avec des moyens colossaux - le général de corps d'armée de la Gendarmerie Browaëys dirige les opérations sur zone et chaque échelon veut son nom à l'affiche du dernier jour - pourrait bien aboutir sous quinzaine à la découverte du corps de Valentin Marcone, à demi rongé par les bêtes, dans une anfractuosité de la châtaigneraie. J'en demande pardon à son épouse.
Les hautes Cévennes offrent un habitat propice aux maquis, certes, mais la garantie d'y survivre n'y est offerte qu'à des groupes humains et pas à un homme seul, cerné de résidents hostiles et armés eux-aussi ; car le premier réflexe du pélucre, à l'annonce d'un tueur en fuite vers on ne sait où, est de graisser le calibre 12 et de sortir le chien. Oserons-nous dire que sur un territoire aussi coupé, fait de couvert par endroit très dense, les moyens héliportés sont inopérants, tout comme les patrouilles automobiles ? La carte Michelin est la n°80. Les sites remarquables sont d'ouest en est, la bosse du Mont Aigoual, la Corniche des Cévennes et la Vallée Française au-delà ; au sud, la zone de l'Asclier et la Montagne du Liron ; à l'est jusqu'à Anduze, le pays commence à être peuplé. Les zones vides (ouest et nord-ouest) au-delà de la zone patrouillée sont des causses pelés faciles à surveiller.
Le niveau de difficulté de la survie en zone d'insécurité augmente avec la satisfaction des besoins primaires. A moins d'avoir prémédité la constitution d'une base-vie au fin fond de la jungle avec vivres et munitions, les provisions s'épuisent, l'éveil et l'érection mentale diminuent. Impossible d'acquérir de la nourriture au fusil à cause de la détonation, sauf à avoir une carabine à air comprimé pour le lapin, sinon il faut être adroit à l'arbalète ou à l'arc de chasse, et cuire sa viande à feu discret. Il faut aussi de l'eau pour cuire les végétaux comestibles que les sangliers laisseront et ce n'est pas la saison des fruits ni des châtaignes. Aussi, à moins d'avoir fait le 13è Dragons, voire un vrai stage commando, il semble peu probable qu'un chasseur même suréquipé tienne longtemps la distance, surtout si sa psychomorphologie n'est pas favorable. En plus, d'avoir emporté un fusil à lunette signale aux poursuivants, non pas qu'ils sont des cibles à leur tour, mais que le prévenu est dans son "film". Une carabine longue à mouflon ne sert à rien dans cet espace.
Aux dernières nouvelles, le général de division Ott, commandant le groupement de Gendarmerie du Gard, réduit le pronostic à trois issues : (1) Marcone aurait percé l'encerclement ; (2) Il se serait supprimé en réalisant l'énormité de son geste ; (3) Il serait retranché dans la zone difficilement pénétrable de quinze kilomètres-carrés proche des Plantiers et attendrait un hypothétique assaut. Au quatrième jour de la traque, il apparaît que la Gendarmerie... ne sait rien ! S'il passe en Lozère, un troisième général arrivera au point de presse.
Ce billet a été retenu soixante-douze heures depuis le départ en cavale du tueur mardi 11 mai à 8h30, pour laisser à cette tragédie une conclusion favorable à la manifestation de la vérité et à la reddition du mis en cause, gardant à l'esprit son épouse, sa fillette et ses parents. De leur côté, les familles des deux victimes tuées sans raison apparente ont absolument besoin de comprendre.
Reste à connaître donc le motif immédiat du carnage à la scierie de M. Teissonnière et seul Marcone peut le donner. Pour le moment, dans la presse régionale, aucune thèse n'émerge sauf le pétage de plombs. Les chroniqueurs rebondiront sur les permis de détention d'arme délivrés à un chasseur/tireur sportif peut-être instable, ou plus que bizarre à ce qu'on dit au village où il avait multiplié les griefs à l'endroit des gens du coin. Bizarre, vous avez dit bizarre !
Postscriptum libérateur :
Marcone s'est rendu ce vendredi soir à 19h25 au point de bouclage de Saint-Marcel de Fontfouillouse près de la vieille église, sur la commune des Plantiers, pas loin d'une piste que les chiens avaient marquée hier. Son bivouac venait d'être découvert ; poser les armes et venir tranquillement sur le chemin à la rencontre des gendarmes était la seule chose intelligente à faire. Tout finit toujours par s'arranger, même mal ! (proverbe cévenol)
Avec un bon avocat, il prendra vingt ans et verra sa fille grandir. Luc Teissonnière (55 ans) et Martial Guerrin (32 ans) ont pris plus cher !
Ce billet n'est pas moral. Non ! Il n'est pas immoral non plus. C'est un article a-moral, en ce sens qu'il définit des propositions visant à obtenir des effets en relation avec un but prédéterminé, obéissant ainsi à la maxime de Qui veut la fin, veut les moyens ! Oui, nous parlons du cannabis, sur lequel nous nous inscrivons pour la dépénalisation, parce qu'il n'y a pas de petite liberté, dans ce pays qui en a supprimé beaucoup à divers motifs, dont celui de la normalisation de nos mœurs et pensées. Ce billet n'est pas non plus d'actualité pour le meurtre d'un policier en Avignon, bien que ce crime odieux puisse hâter une réflexion sur le démantèlement des filières de trafic de drogue agglutinant à leur exploitation des racailles sans foi ni loi.
On sait que la tension est forte sur le marché du stupéfiant de base, l'herbe, et que la population cliente des réseaux de distribution à ciel ouvert ne cesse de croître, bien que moins vite qu'on ne l'entend dire. La France est pour une fois la première de la classe, en terme de consommation de cannabis en Europe. Elle compte cinq millions de consommateurs réguliers (par comparaison, les fumeurs de tabac sont dix millions), qui viennent sur quatre mille points de deal, ce qui permet déjà de comprendre la logistique engagée par les trafiquants. Le produit est une denrée commerciale d'avenir mais son commerce n'obéit pas à la loi de l'offre et de la demande. C'est un produit cher à prix fait, la variable d'ajustement est la quantité servie au point de deal. On peut développer en commentaires.
Deuxièmement, les réseaux de distribution de ce produit prohibé ont évolué bien au-delà de la contrebande de tabac blond et se sont structurés. Les chaînes d'approvisionnement sont aussi complexes que celles qui fournissent Rungis en légumes, et les gains obtenus de ce commerce ne sont plus dépensés en frime et bagnoles. Ils sont blanchis intelligemment, même si les marques allemandes restent prospères et les bordels de La Jonquera très fréquentés par les cadres moyens, mais hors de portée du petit personnel. Le Paradise aux cent cinquante "visages" facture au taximètre, plus les faux-frais et la vodka-Redbull. Même si c'est moins cher qu'à Genève, il faut quand même les sortir ! Si on a de l'essence, on peut continuer jusqu'à Barcelone, c'est plus chic, plus cher, sans être le défunt Sphynx du boulevard Edgard Quinet. Pour la danse du ventre, les grands patrons, eux, vont aux Emirats !
Le blanchiment de l'argent gagné sur l'herbe est diversifié ; et à travers des échoppes - un peu dans le style des trattoria parisiennes de la Ndrangheta - des bars spécialisés (à chicha ou non), des salons à barbe et autres services utiles, jusqu'aux boîtes à touristes de Pattaya ou Phuket, l'argent disparaît... mais existe !
Nous avons donc un marché porteur pour longtemps, des réseaux commerciaux de plus en plus affûtés sans besoin d'intelligence artificielle, une ressource inépuisable et sûre. Le danger est moins dans les effets des psychotropes sur le cerveau humain - après tout, la liberté est aussi celle de se foutre en l'air à contempler notre bel avenir - que de l'enracinement progressif de mafias locales sur le sol français, à l'image de l'Italie méridionale. On sait d'expérience que ces organisations italiennes finissent par planter une certaine respectabilité dans les projets d'infrastruture, le bâtiment, les services urbains, tout ce qui est indispensable à la vie d'une cité. On ne citera pas le ramassage des ordures communales et la gestion des décharges contrôlées, ce serait de la délation. Mais tout ceci n'est pas très neuf, le Milieu prospéra longtemps en France sur un faisceau d'activités borderline achalandées et sur le trafic de stupéfiants qui n'a jamais connu la crise. Les filières de cannabis ne sont pas la French Connection, mais il y a un début à tout ! Paradoxalement, à quelque chose malheur est bon :
La répression privilégiée par les partis démocratiques
Les politiques qui écoutent leurs électeurs sont pour l'attaque frontale du narco-trafic. Ils fourbissent leurs arguments moraux et sanitaires qui capteront le plus de voix possibles. En réalité, le retrait de l'Etat de quartiers entiers entraînant celui des commerçants privés, a vitrifié les cités, les a stigmatisées comme des zones de non-droit, sortes de zones franches abandonnées à elles-mêmes, et la fibre entrepreneuriale, motivée au début par l'accès aux biens de luxe à titre de compensation, a pris le dessus et sauvé l'espace économique restreint dans le plus pur style de l'Ecole autrichienne d'économie. Il n'y a pas de réel chômage en cité, mais ce n'est pas non plus l'Eldorado ! Il va falloir en tenir compte quand on décidera de bloquer ou réduire le narco-trafic sur les villes de banlieue, avant de détruire les filières de distribution de drogue douce. Chacun sait que l'on peut casser ce commerce de détail, si on le veut. Comme, entre parenthèses, coffrer tous les black blocs qui pourrissent la vie citoyenne. Les "embrasements" des cités sont surestimés par les chaînes hiérarchiques qui motivent ainsi une certaine prudence dans les interventions de leurs subordonnés pour assurer leurs carrières et les pensions futures. Mais c'est à la Justice à prendre ses responsabilités dans le traitement de ce furoncle social. Et il est possible que, d'une certaine façon, les juges au quotidien se vengent de la misère noire de leur institution par une certaine compréhension des débordements sociaux. Nous avons le plus mauvais système judiciaire d'Europe occidentale, le plus mal payé et le plus idéologisé à la fois ! A karchériser un jour les cités, il faudra commencer par là ! Comptez cinq ans d'abondements budgétaires prioritaires soutenus avant d'envisager l'assaut.
L'Etat (ou la société) sera-t-il capable de fournir des revenus de substitution aux cités, quel que soit le moyen d'y parvenir ? Au niveau des détaillants c'est gérable, les dealers de rue sont des smicards ou moins encore. Guetteurs, charbonneurs, nourrices, coupeurs et saute-ruisseaux n'ont que des revenus de complément. Cette ruche peut être détournée de la prohibition, d'autant qu'elle n'a aucune protection sociale et parfois le paie cher, très cher ! Ce sera déjà plus onéreux pour un gérant du point de deal qui peut se faire entre quatre et neuf mille euros par mois. Il gère les appros, les stocks des nourrices, la mise en rayon et la compta qu'il présente à première demande à l'échelon supérieur. C'est déjà un "métier". Valorisable ? Hum ! Au demi-gros et au gros, c'est impensable.
Une étude de 2011 estimait le nombre de grossistes en France à un millier, lesquels grossistes affuraient par an en moyenne chacun quatre cent mille euros net d'impôts. Il est peu de métiers dégageant une plus-value suffisante pour y prélever quatre cent mille euros de revenus nets. Pour ceux qui ne se sont pas encore établis dans le civil (hôtellerie, villages balnéaires exotiques, sociétés de sécurité, courtiers en produits rares, etc...) la tentation sera grande de se reporter sur des trafics parallèles comme la cocaïne, l'héroïne, la traîte humaine, la contrebande d'armes, toutes activités déjà en exploitation dans lesquelles les nouveaux venus devront s'insérer de force, à la tronçonneuse. Et on ne parle pas de Moufide Bouchidi, l'empereur du shit arrêté à Dubaï au mois de mars, qui fournissait cinquante tonnes de résine chaque année en France. Ces empereurs du crime ne sont pas récupérables par aucun dispositif de reconversion, en revanche, fortement adaptables à un marché ouvert de n'importe quoi à grosse marge, s'ils restent libres. Curieusement la saisie des comptabilités de filières à Chicago par exemple, donne les mêmes niveaux de rémunérations sur toute la hauteur de la pyramide qu'en France. Des gérants plafonnent à trente ou cinquante mille dollars par an ; la base qui prend le plus de risques est littéralement exploitée comme dans tout bon système capitaliste.
La dépénalisation ou la légalisation de contournement
Les politiques sincèrement inquiets cherchent voies et moyens d'en finir avec cette lèpre sociale et font leur profit de l'expérience des pays étrangers confrontés au même problème. Nous ne discutons pas dans ce billet de la nocivité ou des effets sociaux de la consommation de cannabis. Sauf sur un point : les détracteurs de la dépénalisation arguent d'une mutation des envies du consommateur vers la cocaïne ou vers des drogues dures. C'est l'escalade. Même si on trouve toujours le cas qui va prouver l'escalade, on ne peut pas publier une statistique fiable de ce phénomène faute de population analysable, tout en sachant bien que le camé à seringue a fumé des joints plus jeune ! Néanmoins, à observer le marché américain, il faudrait creuser la question des débouchés du crack pas cher dans les Etats qui ont légalisé l'herbe.
Les marchés de stupéfiants sont compartimentés, tant en consommation qu'en distribution. Les filières sont différentes parce que les risques le sont aussi, et les clientèles également, même si on trouve de la cocaïne sur certains "fours" franciliens. Il y a deux cent mille cocaïnomanes en France et dix fois plus se font un rail de temps en temps dans une fête, mais ce marché de la poudre est incomparablement plus étroit que celui du cannabis. En outre, les filières de la cocaïne impliquent des cartels puissants et dangereux qui, à destination à partir du demi-gros, se dédouanent en passant la main à des personnalités huppées, du showbiz souvent. On n'est plus dans le monde du shit ! Tout le monde a en tête au moins deux noms connus, mouillés dans ce trafic. Abstenons-nous aussi de tirer des conclusions hâtives sur la perte de contrôle mental chez les assassins en puissance ou la perte d'attention au volant pour quelques pétards, elles n'apportent rien au débat, sauf de l'émotion !
Casser les points de deal est plus une question de volonté que de moyens - la police en tenue en est capable - mais tarir l'offre est une autre paire de manches. Quant à déraciner un jour une mafia, ce sera presque impossible parce qu'elle aura infecté les circuits décisionnaires, les édiles locaux et les marchés publics ; et nous allons faire semblant de croire que ce n'est pas encore le cas en France. Il faut intervenir avant l'enracinement. Jusqu'à plus ample informé, on n'a pas trouvé mieux que la dépénalisation de la consommation de cannabis et la légalisation de la production pour ruiner les filières et les tentations de capture de territoires où elles prospèrent. Les pays qui l'ont fait¹ s'en portent mieux et la banalisation du produit déprime les courbes de consommation. Il reste néanmoins des circuits d'approvisionnement parallèles pour livrer les catégories sociales exclues de la légalisation, dont les mineurs, et ceux livrant des psychotropes plus forts et plus chers. La dépénalisation aura aussi l'avantage d'extraire une partie conséquente de la politique sanitaire et de sécurité du circuit judiciaire, où sont atténuées trop souvent les responsabilités selon les appréciations contingentes, si tant est que les peines soient exécutées ou les contraventions payées !
La légalisation du cannabis ne règlera pas tous les problèmes d'insécurité et de santé publique comme par enchantement. Le marché, lui, existera toujours et il faudra le servir à prix attractif et dans les quantités demandées, sauf à vouloir maintenir un marché noir de complément si la ressource est insuffisante (c'est le défi qu'affrontent les pays dépénalisateurs) ; et surtout contrôler la nocivité potentielle des produits distribués, car la "beuze" d'aujourd'hui est bien plus forte que le "hakik" d'hier. Certaines résines du Rif à 40% de THC ont des effets approchant ceux de la cocaïne, dit-on chez les Stups marocains. Si l'imagination était au pouvoir, elle saurait favoriser de nouvelles filières d'approvisionnement à grand débit vers les bureaux de tabac qui sont en France les points de vente tout trouvés pour un psychotrope. Et y embaucher les spécialistes formés sur le tas. A moins, bien sûr, que l'Etat ne décide de s'y substituer dans une régie monopolistique sous statut, qu'il gèrera le plus mal possible évidemment, avec droits et taxes pour un prix final hors de prix, ce qui relancera la contrebande antérieure en faisant ressurgir les points de deal au pied des barres. On ne guérit pas la technocratie de sa bêtise, mais peut-être que pour une fois... ?
J'ai une question au fond de la classe : "Et le roi dans tout ça ?"
Justement ! Ce type de défi aux complications promises et aux intérêts croisés, parfois ou souvent (rayez la mention inutile) inavouables, ne peut être affronté qu'en conseil restreint de gens déliés de tout lobbying, agissant sur des chaînes courtes de commandement qui préviennent la dilution des intentions et permettent une réactivité en temps réel. C'est la définition d'un pouvoir monarchique tel qu'il s'exerçait jadis, avec peu de ministres - les gouvernements de Louis XV au grand complet géraient tout avec une douzaine de ministres et secrétaires d'Etat - peu de paperasse, les ordres étaient donnés à la voix. Il est vrai qu'on a de la peine à imaginer ça avec l'encrassement des rouages exécutifs actuels : réunion au Château, fuite-test de la mesure, évaluation de la réponse de l'opinion, communication du porte-parole et du ministre en charge, conseil des ministres pour validation, projet de loi, commission parlementaire, amendements, votes en assemblée, navettes, grèves en ville, relecture par les permanents du ministère concerné, décrets d'application ! Comme disait Paul-Eric Blanrue la semaine dernière : « Depuis plus de deux cents ans, la France n'a cessé de perdre en influence, de se réduire, de se "déliter" selon la formule du jour, au moment même où son Etat grossissait démesurément pour à la fin ressembler à un diplodocus - avec sa petite tête et son gros cul.» Le gouvernement de M. Macron est tellement sûr de foirer la légalisation qu'il freine des quatre fers sur les propositions de dépénalisation émanant de sa propre majorité parlementaire. Son Etat a un trop gros cul pour bouger !
Sources ayant servi à cet article :
- https://www.nouvelobs.com/justice/20210328.OBS41979/voici-le-classement-des-dix-plus-gros-trafiquants-de-drogues-francais.html
- Alain Labrousse, Géopolitique des drogues, PUF coll. Que sais-je ? n°3693, 2004
- https://www.cairn.info/revue-mouvements-2016-2-page-71.htm
- Christian Ben Lakhdar, “Le deal de drogues : un revenu complémentaire très risqué”, in C. Duport (Dir), L’intervention sociale à l’épreuve des trafics de drogues, ADDAP, Marseille, 2011
- https://www.lefigaro.fr/vox/societe/legaliser-le-cannabis-c-est-risquer-une-catastrophe-sanitaire-20190710
- https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/04/combien-gagnent-vraiment-les-trafiquants-de-cannabis_1656457/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Trafic_de_stup%C3%A9fiants
- http://drugsinfo.canalblog.com/archives/2013/02/03/26297011.html
- https://fr.le360.ma/politique/cultivateurs-de-cannabis-une-amnistie-generale-pour-repartir-sur-de-bonnes-bases-238176
- https://photo.neonmag.fr/cannabis-6-choses-qui-se-passeraient-si-la-france-legalisait-la-marijuana-33538#legaliser-le-cannabis-qu-est-ce-que-ca-changerait-590354
- https://www.vaporisateur-cannabis.org/chiffres-consommation/
- https://www.growbarato.net/blog/fr/pays-ou-le-cannabis-est-legal/
>Note (1): cannabis légal au Pays-Bas, en Afrique du Sud (plus Malawi et Zimbabwe), au Canada, au Chili, en Uruguay. Cannabis médical légal en Australie, Allemagne, République tchèque, au Mexique, en Israël, Thaïlande, Italie, Nouvelle Zélande. Aux Etats Unis, dix états ont légalisé et trente autres se sont limités au cannabis médical. Le Danemark, le Luxembourg et le Royaume Uni autorisent les dérivés thérapeutiques (huiles, crèmes, pilules).
...comme si c'était hier ! Un témoignage parmi tant !
Quand l'image apparut chez moi dans la lucarne bleue, je montais au bar corse de la Contrescarpe prendre la température. Les piliers de ce bouge avaient pour habitude de boire à la santé de Ian Smith, je n'ai jamais su pourquoi. Ils n'avaient pas voté pour le vainqueur. On y attendait du désordre, mais dans la quiétude de ceux qui savaient que personne n'oserait venir les emmerder "chez eux". Je descendis par après vers Maubert pour rejoindre par le quai le pont de Sully en direction de la Bastille dans l'idée de m'imprégner de cette soirée historique. La rue de Bièvre était déjà bouclée, et partout des cadres de la PP en gants blancs, contrôleurs et divisionnaires en grande tenue. Je pris le boulevard Saint-Germain déjà chargé de voitures klaxonnantes et me joignis aux gens nombreux qui faisaient comme moi. A la Bastille, c'était du happening, un peu de folie populaire, mais pas la même convivialité que sur le boulevard Saint-Michel treize ans plus tôt. Un camp avait gagné contre un autre, c'était clair. On sentait une revanche. Et la pluie débanda la fête.
Je suis rentré préoccupé parce que j'avais lu le programme commun de gouvernement, jusqu'à comprendre qu'au-delà des réformes sociales parfois nécessaires, on allait entrer dans une boucherie économique et financière. En fait, nous n'en sommes jamais sortis depuis. La nationalisation des banques allait signaler que le pouvoir se donnait les moyens de canaliser les phynances vers son programme anti-économique et déficitaire, vers les projets des copains (chacun son tour) et vers les caisses des partis de gauche. Ce qui fut le cas. La gabegie fut totale, l'incompétence récompensée et le Credit Lyonnais en mourut. Nous devenions la risée du monde libre, mais nous recevrions plus tard à Paris le grand lider Fidel Castro. La tentative de redressement de 1983 stoppa le désastre mais le déclassement du pays était acté, le mal était fait.
Il me restait du temps pour essayer de comprendre comment l'ordre ancien avait été balayé par des partis plus archaïques que lui. Et d'entendre en mémoire le premier ministre Raymond Barre appeler tous les quatre matins aux "sacrifices", au travail, à l'effort, quand en même temps il cassait des pans entiers de notre industrie - "Lip, c'est fini !" - au motif du pacte mondialiste qui promettait une zone globale de libre-échange où les pays se procureraient tous les biens et denrées nécessaires sans se préoccuper de leur provenance. Quelques-uns avaient gueulé au charron ; ils étaient rares ; Georges Marchais avait entendu le bruit sourd du désastre industriel. Il était bien le seul !
A côté de cela, les scandales minaient la réputation de la classe politique aux manettes, qui avaient poussé les électeurs à faire du neuf avec du vieux ! On sut plus tard que Monsieur Barre avait garé onze millions de francs suisses au Crédit Suisse de Bâle (info). Le numéraire évadé s'ajoutant à la valeur de la villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat estimée à quatre millions d'euros actuels, donne une idée du détournement de fonds spéciaux perpétré par le "meilleur économiste de France" et maire canonisé de Lyon.
Terminons cette commémoration par l'intervention à chaud de Raymond Aron devant Jean-Pierre Elkabbach au soir du 21 juin 1981, après le second tour des législatives. Tout y est, qui dénonce l'interminable guerilla à droite (en mai 2021 on savoure !) et annonce le changement de pied de 1983 à gauche.
Ce billet n'a rien à voir avec la fête nationale de Jeanne d'Arc qui se célèbre le deuxième dimanche de mai en souvenir de la libération d'Orléans. Et pourtant, il s'agit de ces femmes qui en ont assez et parfois plus, que bien des hommes pour défendre nos valeurs françaises, constamment attaquées par les aliens maléfiques que nous avons laissé entrer dans la cohue des réfugiés venus ici survivre en paix et travailler.
Contre le multiculturalisme, la haine du pays d'accueil qu'il provoque parfois, et pour l'assimilation active des entrants, elles sauvent l'honneur de la nation en y cherchant le meilleur de "nous-mêmes" pour le faire fructifier dans une terre que l'insouciance des normateurs, l'imbécilité des élites cosmopolites, mais surtout la paresse d'un peuple décadent ont asséchée. Certaines proviennent du vieil empire, du moins leurs familles en furent, elles nous rendent au centuple le grain levé de la semence coloniale. Toutes filles du Livre, elles sont devenues la lance aiguisée d'un combat civilisationnel contre la terre plate, la barbarie en barbe drue, la crasse morale et la haine sur l'étendard noir !
Contre quoi se battent-elles à notre place ? Contre le dynamitage des bouddhas de Bâmiyân et celui du temple Baalshamin de Palmyre. En ces deux lieux tout fut dit par les perpétrateurs. Nous, nous n'avons fait que nous en plaindre, analysé les circonstances, déploré leurs effets. Il n'y a rien à comprendre, rien à expliquer. Incinération ! Dieu reconnaîtra les siens.
On fait une pause avec Mlle Sanaa Mohamed, menacée de mort pour avoir chanté "J'en ai marre" avec l'israélien Marziano, juif émigré du Maroc, dans le cadre du rapprochement israélo-arabe en cours qui défonce toute la rhétorique de haine islamiste :
Le train des hussardes de la république a trois wagons
(leurs origines ne sont pas toujours leur lieu de naissance)
Le premier est celui des Sultanes qui tiennent la dragée haute aux soldats de l'obscurantisme et ridiculisent leurs seigneurs et maîtres :
Sonia Mabrouck (Tunis) journaliste (Panthéon-Sorbonne) commande sur CNews et Europe 1
Zineb el Rhazoui (Casablanca) journaliste (EHESS), elle est de tous les coups et nobélisable
Rebecca Fitoussi (Colombes) journaliste (DEA, Institut français de presse) sur LCI et Public Sénat
Claire Koç (Anatolie) journaliste (ESJ Montpellier) s'écoute sur France Info
Fatiha Agag-Boudjahlat (Montbéliard) professeur d'histoire-géographie en REP, chroniqueuse à La Dépêche du Midi
Lydia Guirous (Tizi Hibel) porte-parole LR (Dauphine, ESCP)
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Le deuxième wagon est celui des Ouvreuses qui ont montré la voie, avec trop de talents pour ne pas déplaire un jour (ma préférence est pour la quatrième). Elles bénéficient d'une aura d'autorité pour en avoir plus vu que beaucoup de leurs collègues qui se pensent avisés :
Rama Yade (Dakar) directrice "Afrique" à l'Atlantic Council
Rachida Dati (Casablanca) maire du 7è arrondissement de Paris
Jeannette Bougrab (Ouleid Deid) maître des requêtes au Conseil d'État, avocate
Fadela Amara (Kabylie) inspectrice générale des Affaires sociales, ancienne responsable de NPNS
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Le troisième est celui des Gauloises, dans le sillon des Jeanne-Hachette (Beauvais), Catarina Segurana (Nice) ou Olympe de Gouges dans un autre rôle, qui sont plus qu'un renfort. Outre leur concours précieux au féminisme identitaire qui s'affirme dans la lutte à la Bêtise, elles dévient les attaques contre les premières qui seraient facilement cernées par la misogynie exotique des groupes "arabo-musulmans" en chasse ! Elles augmentent la meute et compliquent l'attaque. Accessoirement, elles fracassent le gauchisme de renoncement, le centrisme mou, le gaullisme d'eau tiède. :
Gabrielle Cluzel (Villefranche de Rouergue) rédactrice en chef chez Boulevard Voltaire
Charlotte d'Ornellas (Orléans) journaliste (Institut français de journalisme) sur CNews et TV Liberté
Eugénie Bastié (Toulouse) journaliste (Sciences Po) sur CNews entre autres
Julie Graziani (Saint-Cloud) chroniqueuse (HEC, agrégation) sur BFM-TV ou LCI
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S'y ajoutent la génération montante des Némésis comme Floriane Jeannin, Estelle RedPill, Alice Cordier, Thonia, Virginie Vota, Thaïs d'Escufon, Jeanne Leclerc et Domitille Faure mises en cause, belles et fachos, par le magazine Elle et qui ripostent de bonne humeur à la bienpensance socialiste en col Mao laine et soie sur L'Incorrect.
Pendant de longues années, l'opinion fut fabriquée par une cinquantaine d'éditorialistes à la remorque des Duhamel, Elkabbach, pratiquement tous parisiens, avec le concours autorisé de rares consœurs faites au moule de la profession et pétées de thunes, qui rêvaient des salons littéraires de la haute époque comme Françoise Giroud (Constantinople-Lausanne), Anne Sinclair (New York), Christine Ockrent (Bruxelles), Catherine Nay (Tours), Arlette Chabot (Chartres) ou Ruth Elkrief (Meknès). Mais les clients de la presse audio-visuelle ont vite préféré la viande fraîche des nouvelles insolentes qui ne demandaient plus à la gérontocratie la permission de faire de l'audience et carrière. Et comme fait exprès, elles ont surgi le plus souvent à droite ! Normal, y gît la vérité, le bon sens et l'esprit français ! C'est ce bataillon de hussardes sur lequel nous pouvons compter car elles cassent les codes qui servent à l'infiltration de nos adversaires. Quand elles parlent de leur déclassement au sein de civilisations archaïques, elles, on les croit ! Elles ont marché sur les braises de la servitude à cause de leur sexe, et c'est une expérience qui glace toute contestation sur place. Les hommes doivent se contenter en imagination.
Dimanche, en marchant pour Jeanne d'Arc, ayons une pensée pour toutes ces "filles de France" qui se sont levées pour monter au rempart !
L'Epopée napoléonienne commença au 3 thermidor de l'an VI à la bataille des Pyramides pour s'achever au retour des cendres impériales le 15 décembre 1840 à Paris. Tout ce qui précéda, Toulon, l'Italie, ne furent que les prémices d'un officier général doué dans ses préparations (l'artillerie c'est des mathématiques), efficace dans l'exécution, infatigable dans l'action et meneur d'hommes, à pied, devant.
Nous commémorons, parmi des milliers d'autres blogues, le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier à Sainte-Hélène le 5 mai. Il est deux nations qui s'y associent in petto, celle des Anglais et celle des Russes, pour qui l'empereur des Français fut le Mal absolu mais nécessaire. Les villes anglaises y pensent encore par quelques noms de victoires remportées, les campagnes russes aussi, par les stèles plantées aux lieux de combats épiques contre le général Koutouzov, celui qui eut le dernier mot. Les Italiens auraient pu suivre, qui ont d'autres soucis plus prégnants aujourd'hui.
Napoléon Bonaparte fut l'archétype du dictateur romain de l'époque moderne, Hercule aux écuries, qui fut chargé par les survivants de l'élite parisienne de laver le pont du navire des immondices et traces sanglantes laissés par le renversement de la monarchie de Louis XVI. Ce qui frappe parmi les souvenirs que l'histoire nous transmet c'est la plénitude de talents que cet homme a réunie plus que les succès qu'il a atteints. Prince à la guerre, administrateur hors-pair, intelligence aiguë, capacités d'empire (de Cadix à Lubeck), aimé des hommes ! D'une certaine façon, il termina le travail de régénération de la Constituante et termina l'Etat que Louis XIV s'était obstiné à constituer contre vents et grands de la Cour. "L'Etat c'est moi !", la maxime s'appliquait mieux à Napoléon Bonaparte. Mais l'épopée sema aussi l'ivraie de la grandeur gratuite quand les fils de France furent comptées comme les masses du combat automatique à consommer : « J'ai trois cent mille hommes de rente » confiait-il à Talleyrand, au-delà de quoi l'adhésion populaire s'évanouirait. Mais au quotidien, quand vint l'ère des batailles à moitié gagnées, la jeunesse de France prit souvent le maquis pour échapper à une conscription trop souvent mortelle. On ne compte pas non plus les désertions ou le débandage de troupes mal engagées dans la campagne de Russie de 1812.
Les pertes du Premier Empire s'évaluent à un million de "vieux Français" auxquels s'ajoutent les autres nationalités de la Grande Armée (plus). Le glas de l'aventure sonna quand l'empereur se présenta devant Moscou incendiée le 14 septembre 1812. Outre les complications techniques qu'il représentait, le spectacle d'une capitale aussi prestigieuse en feu signait le refus de la conversion républicaine d'un grand peuple, comme en avait donné l'avant-goût le peuple espagnol. L'adhésion populaire aux idées neuves avait complètement disparu, la transmutation du génie en ogre était achevée. Le reste est... littérature.
Les qualités d'administration de la race des Bonaparte ressurgit sous le Second Empire, à l'initiative d'un prince longtemps méprisé sur la foi de journaux de destruction massive de tout pouvoir qui alors déplaisait. Napoléon III hissa la France au premier plan des arts, sciences et techniques et les réalisations de cette époque façonnent encore le pays que nous connaissons. Mais, comme le remarquait Charles Maurras, cette famille ne sut devenir une dynastie en ratant par deux fois le moment de sa succession. Une dynastie est successible par essence, jamais éphémère. Ceci ne prive pas la génération actuelle d'en maintenir le souvenir et de belle façon, comme nous le propose le prince Jean-Christophe Napoléon avec beaucoup d'allure : son site est à parcourir.
D'une vieille famille de patriciens italiens remontant aux années 1200, Francesco Buonaparte, originaire de Sarzane en Ligurie où la légende le dit maure, débarqua à Ajaccio en 1490 avec une unité de cavalerie pour le compte de la Banque gênoise de Saint-Georges. Il y fit souche, en épousant Caterina, la fille du représentant local de la banque, Guido da Castelletto, et alluma la mèche lente de la gloire que nous commémorons aujourd'hui.
Retirons-sous avec Le Rêve passe en souvenir de nos grands aïeux, qui furent les vrais "Géants de fer" de la chanson d'Adolphe Bérard (1907), en cliquant sur le disque :
Les soldats sont là-bas endormis sur la plaine
Où le souffle du soir chante pour les bercer,
La terre aux blés rasés parfume son haleine,
La sentinelle au loin va d'un pas cadencé.
Soudain voici qu'au ciel des cavaliers sans nombre
Illuminent d'éclairs l'imprécise clarté
Et le petit chapeau semble guider ces ombres
Vers l'immortalité.
Les voyez-vous,
Les Houzards, les Dragons, la Garde,
Glorieux fous
D'Austerlitz que l'Aigle regarde,
Ceux de Kléber,
De Marceau chantant la victoire,
Géants de fer
S'en vont chevaucher la gloire.
Mais le petit soldat
Voit s'assombrir le rêve,
Il lui semble là-bas
Qu'un orage se lève,
L'hydre au casque pointu
Sournoisement s'avance ;
L'enfant s'éveille, ému,
Mais tout dort en silence,
Et dans son cœur le songe est revenu.
Les canons !
Les clairons !
Écoutez !
Regardez !
Les voyez-vous,
Les Houzards, les Dragons, la Garde,
Ils saluent tous
L'Empereur qui les regarde.
[Version longue retirée du répertoire :
Et dans un pays clair où la moisson se dore,
L'âme du petit bleu revoit un vieux clocher.
Voici la maisonnette où celle qu'il adore
Attendant le retour, tient son regard penché.
Mais tout à coup... Douleur ! Il la voit plus lointaine,
Un voile de terreur a couvert ses yeux bleus.
Encore les casques noirs, l'incendie et la haine,
Les voilà ce sont eux !
Les voyez-vous,
Leurs hussards, leurs dragons, leur garde,
Sombres hiboux
Entraînant la vierge hagarde.
Le vieux Strasbourg
Frémit sous ses cheveux de neige.
Mourez tambours,
Voici le sanglant cortège ;
Bientôt le jour vermeil
A l'horizon se lève
On sonne le réveil
Et c'est encore le Rêve.
Les Géants de l'An II
Sont remplacés par d'autres.
Et ces soldats joyeux
France... ce sont les nôtres.
Blondes aimées ! Il faut sécher vos yeux.
Vos amis, les voici.
Les voyez-vous,
Les Hussards, les Dragons, l'Armée,
Ils mourront tous
Pour la nouvelle épopée.]
01. Hugues II (1005-1025) aîné sacré associé de Robert II (†1031) rappelé à 18 ans
02. Philippe II (1116-1131) aîné sacré associé de Louis VI (†1137) rappelé à 15 ans
03. Philippe de France (1209-1218) aîné de Louis VIII (†1226) rappelé à 9 ans
04. Louis de France (1244-1260) aîné de saint Louis (†1270) rappelé à 2 ans
05. Louis de France (1264-1276) aîné de Philippe III (†1285) rappelé à 13 ans
06. Jean Ier (1316-1316) aîné posthume de Louis X (†1316) rappelé à 4 jours
07. Philippe de France (1316-1317) aîné de Philippe V (†1322) rappelé à 8 mois
08. Jean de France (1366-1366) aîné de Charles V (†1380) rappelé à 7 mois
09. Charles de France (1386-1386) aîné de Charles VI (†1422) rappelé à 3 mois
10. Charles de France (1392-1401) puîné de Charles VI rappelé à 9 ans
11. Louis de Guyenne (1397-1415) puîné de Charles VI rappelé à 18 ans
12. Jean de Touraine (1398-1417) puîné de Charles VI rappelé à 19 ans
13. Louis de France (1458-1460) aîné de Louis XI (†1483) rappelé à 2 ans
14. Joachim de France (1459-1459) puîné de Louis XI rappelé à 4 mois
15. François de France (1466-1466) puîné de Louis XI vécut 4 heures
16. Charles-Orland de France (1492-1495) aîné de Charles VIII (†1498) rappelé à 3 ans
17. François de France (1497-1498) puîné de Charles VIII rappelé à 6 mois
18. Charles de France (1496-1496) puîné de Charles VIII rappelé à 1 mois
19. François de France (1497-1498) puîné de Charles VIII rappelé à 1 mois
20. François de Bretagne (1518-1536) aîné de François Ier (†1547) rappelé à 18 ans
21. Louis le Grand Dauphin (1661-1711) aîné de Louis XIV (†1715) rappelé à 49 ans
22. Louis le Petit Dauphin (1682-1712) aîné du Grand Dauphin rappelé à 29 ans
23. Louis de France (1704-1705) aîné du Petit Dauphin (†1712) rappelé à 1 an
24. Louis de France (1707-1712) puîné héritier du Petit Dauphin rappelé à 5 ans
25. Louis de France (1729-1765) aîné de Louis XV (†1774) rappelé à 36 ans
26. Louis-Joseph de France (1751-1761) aîné du dauphin (†1765) de Louis XV rappelé à 10 ans
27. Xavier de France (1753-1754) puîné héritier du dauphin de Louis XV rappelé à 4 mois
28. Louis-Joseph-Xavier de France (1781-1789) aîné de Louis XVI (†1793) rappelé à 7 ans
Ce billet n'est pas une thèse mais une conversation entre royalistes au coin du feu. Cette nécrologie, établie par M. François-Xavier Pachot, gouverneur nommé de la Charte de Fontevrault, énonce les "dauphins" de la troisième race qui sont morts avant de régner et ont ainsi laissé leur place aux trente-trois rois capétiens de droit divin(1). On accède à son étude en cliquant ici. La dynastie a évité près de la moitié de sa production patrilinéaire. La thèse providentialiste est que ces disparitions résultent d'une volonté divine décidant parmi les lieutenants du Christ qui est médiocre, bon ou meilleur pour Son projet, sans oublier que la Providence ne se met pas en équations. Quant à pénétrer les voies du Seigneur, il vaut mieux oublier, ce que ne font pas toujours les croyants, avides d'interprétations. Ceci étant dit, on peut se poser la question de savoir si ce "déchet" était aussi mauvais qu'on le répute.
Le numéro 26 par exemple pose problème : La Vauguyon, qui dès 1758 a la charge d'instruire les quatre petits-fils de Louis XV, les décrira dans ses mémoires comme Les quatre "F" : Bourgogne le Fin (notre n°26), Berry le Faible (futur Louis XVI), Provence le Faux (futur Louis XVIII), Artois le Franc (futur Charles X). A part Louis XVIII, les deux autres n'étaient pas dans l'emploi et le meilleur des quatre fut repris avant d'accéder. La Providence avait-elle le projet de ruiner la monarchie de droit divin et la dynastie tout ensemble ? On le croirait, d'autant que les successions à trois frères avaient déjà provoqué des ruptures graves, que l'on songe aux fils de Philippe le Bel : Louis X (†1316), Philippe V (†1322), Charles IV (†1328) qui, sans postérités mâles, passent la main aux Valois ; puis aux fils d'Henri II : François II (†1560), Charles IX (†1574), Henri III (†1589) qui, sans postérités mâles, passent la main aux Bourbons ; et pour finir ceux du Dauphin Louis de France mort avant son père Louis XV : Louis XVI (†1793), Louis XVIII (†1824), Charles X (†1836) qui laissent la main aux D'Orléans lesquels s'avèrent ensuite incapables de transformer l'essai. La branche de Bourbon déposée en France mourra à son tour de l'absence de toute postérité mâle. La troisième race de nos rois ne perdure qu'en Espagne à travers les guerres carlistes et la guerre civile de 1936, et revient progressivement aux Partidas d'Alphonse le Sage. L'avatar moderne de la saga capétienne est une fade "monarchie du nord" depuis la promulgation à Madrid de la constitution de 1978.
La maison d'Orléans qui réside en France voudrait renouer où le fil s'est rompu en 1873 (Chambord, le drapeau blanc), mais elle n'est que l'héritière de la Monarchie de Juillet et pas des Quarante Rois pour cause de régicide et d'usurpation (on n'hérite pas d'un crime, encore moins de deux). Il n'y a pas de quatrième race souterraine de droit divin et aucune impatience des princes à accéder. Nous sommes devant le vide total pour ce qui relève de l'incarnation du droit divin(1).
Note (1): non parce que les rois de droit divin seraient gouvernés sans frein par leurs caprices, mais parce qu'ils obéissent à une loi surnaturelle dont ils acceptent le joug lors du sacre
Les légitimistes pourraient arguer qu'en éteignant la race aînesse épuisée, la Providence a fait le lit des descendants de Philippe V d'Espagne jusqu'à Louis de Bourbon, qui règnerait sous le nom de Louis XX. Sauf que ça ne peut pas le faire avec une monarchie constitutionnelle qui est indéfiniment liée au peuple par un pacte national et n'a plus l'indépendance du modèle absolu(2) après s'être défaite de la sujétion étroite du Ciel. L'autre explication négociable résiderait dans la perception de Léon Bloy qui soutient que, par la décapitation du roi Louis XVI, la nation française s'est damnée pour longtemps. C'est de l'anthropomorphisme que d'attribuer à la puissance divine ce genre de vengeance, mais allez savoir, le Dieu de l'Ancien Testament n'est-il pas un Dieu de terreur ?
Note (2): Dont l'existence ou la réalisation ou la valeur est indépendante de toute condition de temps, d'espace, de connaissance
Quel est donc le but de ce darwinisme divin ?
C'est la première question. La deuxième concerne la "mécanique dynastique" (comme l'appelle ChouandeCœur).
Si le but reste inconnu malgré toutes les sollicitations intellectuelles des théologiens, on est ramené au sol à regarder les effets visibles de ce contrôle. Le royaume de France, dont le Christ est par définition le roi depuis la Triple Donation de sainte Jeanne d'Arc, suit-il un agenda caché de la Providence ? Si l'on observe le royaume depuis Sirius, on s'aperçoit que tous les caractères, tempéraments, qualités, vices et simples défauts ont existé chez les rois régnants, parfois immoraux, ce qui infirme par exemple un projet d'exemplarité du prince destiné à l'éducation des masses par le relais des clercs. Sur le terrain pas mieux : la marche au Rhin et la conversion des peuples résidents qui aurait pu la motiver, toujours dans l'esprit de la lieutenance du Christ, ont échoué après s'être avérée particulièrement sanglante et barbare si l'on pense au sac du Palatinat au Grand Siècle pourtant ! Par ailleurs considérant le bonheur des brebis, tout au long de l'histoire capétienne - mais sans doute en aurait-il été de même avec une autre race de rois - les peuples du royaume ont subi sans le secours du Ciel les assauts climatiques, les pestes, la disette, les guerres provoquées ou déclarées par leurs rois sous des prétextes bien étrangers à leur bonheur - qu'on pense à l'épopée milanaise de François Ier - et nous ne mettrons pas dans le lot les guerres de défense du territoire parfaitement justifiées quel que soit l'agresseur, mais qui apportèrent leur lot de misère. Quid des injustices d'un régime féodal prédateur maintenu trop longtemps au gouvernement des hommes, qui conduira à l'insurrection générale contre un roi faible et pusillanime ? Le régime monarchique en mourra ! Et ironie du sort, pour faire place à des régimes plus sanglants encore qui engageront le pays dans une guerre ouverte permanente de vingt-trois ans, de Valmy à Waterloo. Nous perdrons toutes les guerres ensuite(3). Oui, l'agenda de la Providence est bien caché ! On dirait même qu'elle ne nous aime pas !
Note (3) : 1870, 1914 (à la Noël 14 nous avions déjà consommé toute l'infanterie de ligne et remonté au front les régiments à trois chiffres), 1939, Indochine 1954.
Mise en cause de la loi salique
Ces rois-lieutenants furent-ils les bons sinon guidés vers le bien commun ? Ont-ils maintenu Son royaume sur la trajectoire choisie ? A priori pas toujours comme nous le mentionnons ci-dessus. Au fil des successions on constate que trop souvent l'affaissement du projet capétien met en cause un de ses piliers fondateurs : la loi salique. Au résultat des courses, la loi de succession patrilinéaire ruine par moment la continuité de l'Etat et met en danger la couronne elle-même. Si les couronnes des deux premières races étaient ceintes presque exclusivement pour la guerre et appelaient dans leur conversation avec Dieu des généraux de cavalerie, les filles de la première dynastie capétienne n'auraient sans doute pas démérité ensuite puisqu'elles auraient su nommer les bons généraux en les laissant exercer leur art sans interférer dans les successions dynastiques que les docteurs de la loi auraient mises hors de leur portée - d'accord, ça n'avait pas marché avec la première race. L'objection juridique menant à l'exhérédation des filles de la couronne n'aurait pas tenu longtemps avec une loi patrimoniale d'inaliénabilité interdisant "l'exportation" des biens et pouvoirs d'icelle dans le même sens qu'on interdirait bientôt sa disposition.
C'est la règle patriarcale héritée du monde militaire gréco-romain qui s'imposa dans le droit archaïque médévial, plus que la loi barbare des Francs saliens qui n'était à l'origine qu'un tarif de peines appliquées au coupable et accessoirement des dispositions réglant les héritages fonciers sur le territoire des préfectures létiques dans la coutume matrilinéaire franque4. Les docteurs de mauvaise foi qui exhumèrent une vieille règle coutumière des peuples de la forêt, promptement rédigée en latin compréhensible pour y adosser les intérêts des pouvoirs masculins régnants, construisirent le corpus des lois fondamentales au motif premier de pacifier les successions royales, au second, de réduire la hoirie, mais aussi de perpétuer leur propre influence dans l'entourage royal (qui dit loi dit chicane dit juge). L'application de ces lois aboutit, à la fin de l'histoire, à la liquéfaction du modèle par extinction de la production de titulaires ; on peut dire que le comte de Chambord, aussi intelligent fut-il, n'eut pas la force d'y répondre quand il sacrifia la possibilité d'une descendance dans une union non consommable, Marie-Thérèse de Modène étant de naissance bréhaigne et notoirement. Les couronnes qui s'en privèrent, adeptes de la primogéniture absolue, ont connu des reines exceptionnelles, on pense aux couronnes britanniques.
En passant, on ne peut comparer dans l'histoire l'aptitude des uns et des autres à gouverner sans évoquer la différence de formation des enfants royaux selon leur sexe à partir de la Renaissance. La loi salique est aujourd'hui défendue sans raison immédiate pour être raccord avec une tradition qui voudrait que l'obligation de masculinité du monarque, au même titre que celle du prêtre, réponde au devoir d'état de lieutenant du Christ. Ces arcanes oubliés se révélèrent toxiques pour la dynastie ; pourquoi s'y accrocher, reste pour moi un mystère, mais si on revient à l'idée poussée par ChouandeCœur, la Providence s'en serait servie pour ouvrir le chemin à certains et le fermer à d'autres. Dont acte !
Note (4): Le pacte pénal original des Francs saliens disposait des alleux comme suit : « Si quis mortuus fuerit et filios non demiserit, si mater sua superfuerit, ipsa in hereditatem succedat. Tunc si ipsi non fuerint, soror matris in hereditatem succedat.» (si quelqu'un meurt sans enfant et que sa mère lui survive, c'est elle qui hérite ; si ceux-là aussi sont décédés et qu'il demeure des sœurs de la mère, elles héritent). Les textes couvrant la dévolution des terres seront retravaillés ensuite par les docteurs carolingiens pour sortir les femmes de la succession d'Etat. Aller plus loin c'est par ici.
Conclusion
Il n'y en a pas. La mécanique des successions dynastiques sciemment déviées par la Providence est une question préalable de foi et d'interprétation de "signaux". La démarche providentialiste n'en est pas moins estimable pour au moins une raison d'importance : elle arrache les royalistes à la querelle dynastique. L'Ost se rangera en bataille et Dieu donnera la victoire, à la meilleure artillerie (avait ajouté Napoléon). C'est bien sûr une attitude de confort moral que de savoir la Providence en action, et certains penseurs légitimistes le dénoncent, préférant mobiliser l'énergie pour le succès de l'aîné des Capétiens, sans surinterpréter les signaux faibles de l'au-delà. Il ne faut pas tomber dans le piège consistant à "penser" à la place de Dieu et "prévoir" Ses intentions, ce que font trop souvent des providentialistes exaltés quand ils font vivre le mythe du grand monarque caché qui attend, non son heure mais l'ordre divin d'apparaître. A tout prendre, je préfèrerais le Mérovingien caché de la race de David et dans le Midi, le dernier des Wisigoths.
Il n'en demeure pas moins que la querelle dynastique maintenue éveillée est le verrou de toute restauration monarchique en France. Alors, est-elle voulue par le Ciel ? Nous observons que les princes en cause se prêtent parfaitement à ce dessein destructeur puisque aucun d'eux n'a jamais suggéré que l'avénement du roi devait passer avant le concours d'ego et de légitimités croisées, et que son propre retrait ne poserait aucune difficulté si son concurrent avait de meilleures chances que lui, ou si la Providence se manifestait en faveur de l'autre de manière explicite pour une fois. Au fond de leur cœur, aucun n'y croit ! C'est une des limites du projet royaliste. Il ne reste plus qu'à... "instaurer".