dimanche 31 octobre 2021

Baudus, censeur du Roi

Amable de Baudus (Cahors 1761 - Poitiers 1822), magistrat, publiciste et agent de renseignement, d'une vieille famille toscane prospérant à Saint-Antonin-Noble-Val en Rouergue, s'étant déportée à Cahors à la fin des guerres de Navarre quand la vicomté passa à la Réforme, restera dans l'histoire de l'Emigration comme le rédacteur du Spectateur du Nord à Hambourg, très prisé des chancelleries, puis, plus tard comme directeur du service de censure du roi Louis XVIII.

page du Spectateur
C'est par le site Vexilla Galliæ que le Piéton a découvert le sujet de cet article, attiré par l'estimable recension que fit Florence de Baudus de la biographie de son ancêtre.
La liste des emplois d'Amable de Baudus suffirait à peser la richesse de sa vie. Personnage de seconde ligne, comme on dirait dans l'escadre, il observe tout, l'écrit dans son journal ou le transmet en secret à Talleyrand, puis à ses successeurs dans l'emploi de diplomate. Le livre est bien écrit mais comme dans tous les livres "de famille", on commence par les origines du clan et le cheminement jusqu'au membre éminent dont on parle. Dans cette biographie, cette première partie est un peu longue puisqu'elle occupe une trentaine de pages, n'apportant pas grand chose à la compréhension de la période étudiée mais qui ravira neveux et cousins de l'auteur. C'est après que démarre le thriller. Car c'en est un. L'époque s'y prête certes, mais la narration est nerveuse et fuide à la fois. Le style d'écriture de Florence de Baudus est agréable et rapide par la conversation soutenue de l'auteur avec la prose du XVIIIè siècle. On ne lâche plus son bouquin avant de l'avoir fini.

Plus près de la curiosité des lecteurs de ce blogue, l'ouvrage participe d'une exploration de l'Emigration et croise tout ce que nous avons lu sur le sujet jusques et y compris l'apathie relative des deux princes du sang, ballotés entre exil et proscription, qui le plus souvent se paient de mots à l'endroit de leurs fidèles et courtisans. On ne reviendra pas sur l'affaire Quiberon et l'incurie d'Artois. Mais on comprend que leur retour à Paris par deux fois fut pour l'Europe metternichienne la solution de facilité. La cause était partout entendue, que seul Provence sut faire mentir un temps.

L'auteur laisse deviner une prévention contre les Bourbons. La Restauration n'est que l'exhalaison finale d'une race au terme de sa force. Ceux de Naples, Bourbons Deux-Siciles, sont volontairement méjugés pour mettre en valeur Murat (du Lot lui-aussi) et Caroline Bonaparte qui entrent dans leurs palais à la faveur du transport de Joseph Bonaparte à la couronne d'Espagne que Charles IV a libérée (1808). Mais ce billet vise autre chose. Il me revient une réflexion de Gérard de Villèle sur les certitudes définitives des légitimistes intégraux (ceux que le Piéton appelle les "ultrabrites") sur la période de la Restauration, alors qu'ils n'en connaissent que ce qu'en disent les livres, livres savamment choisis en plus, parmi ceux qui les confortent dans leurs préjugés (ou postjugés) ; sans rajouter qu'aucun bien sûr n'y a jamais vécu, sauf le comte de Saint-Germain. L'époque tumultueuse ô combien, est complexe, infiniment complexe et ceux qui l'ont traversée devraient être remis en situation dans leurs réactions, leur enthousiasme, leur distance, leur dédain. C'est bien le cas d'Amable de Baudus. Issu d'une famille fidèle au roi très chrétien qui a abandonné ses terres pour ne pas le trahir, il accepte la Constituante et devient maire de Cahors en 1790, mais refuse la constitution civile du clergé.
Après Varennes, il rejoint l'Emigration des princes sans grand succès, erre un peu et se fixe à Hambourg où il publie le Spectateur du Nord qui finalement établira sa "gloire". Perspicace, productif et modéré dans ses opinions politiques, il attire l'œil de Talleyrand, ministre des relations extérieures du Directoire, qui l'emploie comme agent germanophone de renseignement puis l'envoie fouiner à la Diète impériale de Ratisbonne où se réorganisent les principautés allemandes. Etc. Revenu enfin à Paris sous le Consulat, chez Talleyrand toujours, il acceptera de gouverner l'éducation des fils du nouveau roi de Naples, son païs, Joachim Murat de Labastide-Fortunière en Quercy, malgré le parcours sanglant du jeune maréchal à l'endroit des royalistes parisiens et des patriotes madrilènes. Mais la carrière éblouissante du Murat des charges de cavalerie sans doute le décide-t-elle ! Il s'investira jusqu'au bout et bien après l'exécution du roi de Naples déchu, dans la protection de cette famille royale. Puis on descendra de la berline de Gand. Baudus rentre enfin chez sa femme à Poitiers. Aux Cent jours il se mouille pour son ami Murat dont l'impétuosité met en danger les plans de l'Empereur revenu. Il sera appelé ensuite au service de Louis XVIII pour la contre-propagande et le contrôle des publicistes, derrière le duc de Richelieu (1766-1822), président du Conseil honni des ultras parce que trop modéré à leurs yeux, que Baudus appuiera jusqu'au bout, jusqu'à s'en faire un ami.

Baudus, lit et écrit beaucoup (trop pour sa santé) mais il n'est pas un tâcheron d'Etat. Il est à la table de la noblesse d'Etat quand ce n'est elle qui dîne à la sienne. Il fréquente du beau monde et des évêques qui en font le siège, surtout quand se rediscute le concordat de Pie VII. Mais il n'accèda jamais à la secrétairerie bien qu'il en eut les qualités morales et intellectuelles, et de solides relations. Pour autant il ne poussera jamais son avantage dans le commerce des princes antérieurs, non plus qu'il ne fréquentera la Cour. Peut-être lui manqua-t-il la fortune qui fait et défait celle des autres ? Il est des gens honnêtes qui ne savent pas gagner.

Florence de Baudus a déplacé des tonnes d'archives pour pallier la distance temporelle (on verra tout ça dans les annexes à son ouvrage). Deux choses nous interpellent qui ne sont pas expliquées :
La première est la faible volonté d'Amable de se réunir avec sa famille malgré la correspondance aimante et bienveillante qu'il lui adresse et qu'il en reçoit, sachant aussi qu'il la soutient pécuniairement autant qu'il le peut et n'y manque jamais. A leur égard, son souci balance entre la survie financière de la famille séparée de lui et l'incontournable obsession de l'éducation de ses trois fils qu'il ne voit pas beaucoup. Ils finiront tous les trois à l'armée. On peut aussi penser qu'Amable, si loin si longtemps et toujours entouré du beau sexe, a pu avoir des "fréquentations", à moins que son portrait très mâle latin ne dissimule un tempérament de confesseur.
La seconde est chez lui l'ardente obligation de servir l'Etat (sauf la Convention jacobine bien sûr) qui le conduit à obéir à toutes injonctions de ses maîtres. Il est souvent coincé par les circonstances de la tragédie nationale qui ne lui offrent aucune échappatoire, mais il a le tropisme ancillaire de l'Etat et ne se dérobe jamais à l'appel. Même à contremploi dans la censure pour un ancien publiciste renommé, il se jette à corps perdu dans la besogne avec zèle, jusqu'à modéliser pour Richelieu les meilleures méthodes de contrôle des journaux. C'est d'avoir vécu hors d'atteinte sous la Convention qui l'a sauvé de son impétuosité intellectuelle, mais à l'inverse d'autres émigrés qui, selon le mot de Talleyrand n'ont rien appris ni rien oublié, Baudus a su raison garder, les yeux ouverts sur l'évolution des mœurs politiques de son temps dans tout l'espace européen d'alors, puisqu'il a mis au-dessus du bouillonnement des idées l'intérêt supérieur de la France tel qu'il le percevait dans la position tenue. En sortant des chemins creux qui n'aboutissent pas, prenons-en de la graine à l'avenir, pour l'avenir.
L'intelligence d'abord. Que Dieu donne !


Le titre de ce livre à lire absolument est : Amable de Baudus - Des services secrets de Talleyrand à la direction de la Censure sous Louis XVIII Ed. SPM/L'Harmattan Paris 2012 - chez Decitre à 34 euros (380 pages en 160x240).


portrait de Baudus
Marie Jean Louis Amable Baudus de Villenove

jeudi 28 octobre 2021

Neuf défis pour la présidentielle

Deux lecteurs qui se reconnaîtront et que je remercie de leur assiduité m'ont demandé d'expliciter la séquence de défis que nous devons absolument affronter dans le futur et qui firent l'objet d'un paragraphe dans le billet "Notre bel avenir" du 9 octobre dernier :


Extrait :
Dérèglement climatique grave⓵, crise énergétique planétaire⓶, mise en tension géopolitique du monde entier⓷, migrations climatiques ou d'épuration⓸, endettement tragique de presque tous les pays⓹ (les prêteurs ne mourront pas tous) et plus spécifiquement : défi de la recherche quantique appliquée⓺ (un 1984 puissance 10), polémologie spatiale⓻, contrôle social planétaire⓼, guerre cybernétique⓽… Sur tout cela je n’entends rien d’Eric Zemmour. Ces sujets n’affectent pas les sondages ; serait-ce donc ça ? Sans doute y viendra-t-il plus tard… ou pas !
[fin de l'extrait]

autoroutes sélènes

➊ Dérèglement climatique grave

La COP26 de Glasgow sera l'occasion de renouveler la charge de terreur nécessaire à mouvoir les exécutifs et les parlements pour freiner le train de la catastrophe climatique jusqu'à l'arrêt peut-être, avant que l'espèce humaine ne s'approche de la sixième Extinction. Ce n'est pas une blague. Et ceux qui incantent pour la protection de la planète se fourvoient, la planète s'en sortira toujours, et plus probablement sans nous ! C'est de la perpétuation de l'homme sur terre qu'il s'agit. C'est suffisamment grave pour ouvrir un chapitre dédié à la crise climatique dans tout programme électoral au niveau de la présidence, a minima pour montrer à la population que le candidat a compris l'enjeu, accepte les résultats des projections du GIEC, a phosphoré sur l'application des mesures nationales participant de la lutte. Nous attendons M. Zemmour, mais pas que lui.

➋ Crise énergétique planétaire

Elle est corrélée au défi précédent mais elle a aussi sa propre synergie. La dispute est bruyante pour le choix des émetteurs d'énergie nécessaire à notre vie économique et il serait avisé de s'éloigner le plus loin possible des sources d'entraves et affrontements stratégiques que sont les minerais et les hydrocarbures que nous ne possédons plus. Si la mondialisation n'est pas l'enfer décrit par les attardés, elle exige une gestion fine et volontaire bien différente de la politique du chien crevé au fil de l'eau pratiquée par l'équipe au pouvoir. En résumé, nous trouverons notre meilleur intérêt dans la production domestique d'énergie dans un faisceau d'émetteurs diversifiés allant du réacteur nucléaire (fission, fusion) au barrage hydroélectrique, les mini-centrales au fil de l'eau, l'éolien ou le solaire en zone aride, les digesteurs de biomasse et l'hydrogène sans reformage de gaz naturel fossile. RTE nous confirme que "sans le nucléaire, nous n'avons aucune chance d'atteindre nos objectifs de neutralité carbone tout en sécurisant notre approvisionnement d'électricité". En liant ces deux premiers chapitres on soulève obligatoirement la question du niveau de consommation d'énergie, et les courbes projetées nous demandent d'anticiper une certaine frugalité dans nos usages énergétiques. Le point n'est pas traité par les candidats parce qu'il est contre-productif dans la gestion du Nombre (des électeurs).

➌ Mise en tension géopolitique du monde entier

Aucun dessin n'est utile. Chacun voit. A la limite, relire "Puissances en division 1" sur ce blogue et le billet à suivre celui-ci sur la division 2. Le défi est de savoir quelle est notre juste place dans le schmilblick. Prendre assez de place pour protéger nos intérêts, ne pas en prendre trop pour ne pas excéder nos moyens. Jusqu'ici et mis à part quelques vociféracions contre les Australiens, les candidats ne vont pas sur le terrain stratégique. Sans doute les conseilleurs jugent-ils l'effort inutile en termes de voix. Depuis longtemps Royal-Artillerie promeut une fermeté intraitable au plus près des limites de notre zone d'effort, mais sans débordement d'orgueil ou d'arrogance, ce qui est traduit par l'image de la galoche en 45 qui brime notre course si nous chaussons du 41. Mais nous devons pour commencer redevenir sérieux dans tous les domaines en abandonnant cette morgue endémique à la Vè République qui détourne de nous bien des amis excédés. C'est tout le paradigme qu'il faut changer ou réformer. Aux résultats sur ce qui dépend de l'Etat, on a tout faux... c'est donc facile !

➍ Migrations climatiques ou d'épuration

C'est le gros sujet électoral. Tous y viennent.Inutile d'épiloguer, sauf à faire remarquer qu'autant le climat se déréglera, autant les peuples touchés en premier se mettront en marche... à travers le chaos des pays résistants mais toujours menacés par la vision du désordre annoncé et vécu ailleurs. Si les dieux s'en mêlent ce sera le cauchemar !

➎ Endettement tragique de presque tous les pays

C'est un jeu à somme nulle à l'échelle du monde. Mais pas à l'échelle de la seule sphère financière. Les dettes sont dues et leurs intérêts plus encore, qui nourrissent la planète Fric dans des proportions devenues gigantesques, j'allais dire "pornographiques". Il est à prévoir que la pression des prêteurs augmentera sur les pays fragiles pour leur faire rendre gorge avant le big bang de clôture, et qu'en même temps, l'ingénierie financière de l'anglosphère trouvera voies et moyens de transformer les prêts aux pays "riches" en rente perpétuelle de faible taux. En attendant, les pays réputés pauvres dépensent cinq fois plus d'argent à servir la dette qu'ils n'en consacrent à réparer ou éviter les dommages du dérèglement climatique (source); et c'est sans compter les crédits cachés chinois auto-assurés par la capture des infrastructures financées. Le défi est de ne pas tomber dans la mauvaise catégorie ou de ne subir aucun châtiment du marchés des dettes pour payer la lâcheté de cette gabegie spectaculaire dont nous narguons le monde.

➏ Recherche quantique appliquée

Dans le renversement d'alliance australien trois domaines accompagnent la production de sous-marins nucléaires, qui sont en fait l'axe majeur du pacte AUKUS ; ce sont le Quantum, l'intelligence artificielle et la cybernétique. Commençons par l'ordinateur quantique. Pour son fonctionnement, je donne ma langue au chat de Shrödinger. Ce sont des mathématiques au-dessus de mon niveau mais les effets attendus, s'ils sont imparfaitement connus pour l'instant, promettent un accroissement des puissances de calcul tel, que par exemple le cryptage de données deviendra obsolète. Les algorithmes de l'intelligence artificielle seront puissants et accompliront la mission confiée à coup sûr ; enfin la guerre cybernétique changera de dimension pour aborder aux rivages de l'extermination des menaces. Le Quantum pour les nuls, c'est par ici, mais la Wikipedia se défend bien aussi (clic). Naviguez sur Internet si plus d'affinités, il y a matière en ligne.
logo du CDE

➐ Polémologie spatiale

Il n'a échappé à personne que l'état-major de l'Air a créé un Commandement de l'Espace il y a deux ans, dans le but évident de défendre nos réseaux de satellites orbitant autour de la terre. Mais les missions spatiales ne peuvent se limiter à ça. L'armée de l'air chinoise a testé cette année un planeur bombardier hypersonique sub-orbital à capacité atomique, dont la bombe a loupé sa cible de trente kilomètres, dit le Financial Times repris par Le Point. Mais l'engin a fait le tour du globe, quand même ! Les Etats-Unis conçoivent en ce moment des "autoroutes" spatiales entre la terre et la lune sur lesquelles orbiteront des stations de recharge et d'entretien pour les navettes passant dans le secteur (source). Il est évident qu'un dispositif NASCAR va augmenter le tonnage destiné aux stations lunaires que tout le monde veut construire sur notre astre mort. Ce projet est différent de l'autoroute NASA à péage qui est une réalité (source). Sans tomber dans la science-fiction, on a compris que la lune serait la base de départ (voire un jour d'assemblage) des vaisseaux destinés à la planète Mars. Ces investissements ont déjà besoin d'être défendus. Des chapitres 6 et 7 avez-vous entendu nos candidats parler ?

➑ Contrôle social planétaire

La pandémie de coronavirus chinois et la menace terroriste islamiste ont levé le tabou de la sphère privée inviolable. Des esprits mal tournés me disent dans l'oreillette que la police gaulliste s'était affranchie de toutes précautions déjà ! Ainsi a-t-on mis partout des caméras de surveillance sur la voie publique et les logiciels de reconnaissance faciale font florès, la Chine étant première hors-catégorie en établissant le contrôle social à points comme un permis de se conduire en société et chez soi ! Beaucoup de régimes mal assurés sont tentés d'y recourir mais j'attends avec gourmandise intellectuelle la production du motif imparable qui justifiera en France l'établissement d'un pareil espionnage de la circulation des gens et des mœurs. On phosphore dans les soupentes. Avez-vous entendu nos candidats en parler ? Ah si, le pass sanitaire ! justifiant la vaccination dont la dénonciation d'une atteinte aux libertés individuelles est à côté de la plaque !

➒ Guerre cybernétique

Ce n'est pas une blague. Les preuves irréfutables existent que trois pays au moins utilisent la cybernétique pour dévier, entraver ou détruire des capacités énergétiques, industrielles ou financières. Elles inondent aussi les réseaux sociaux d'alarmes, scandales, peurs destinés à faire réagir les gens connectés dans un sens voulu. Ces pays, mais il y en a d'autres certainement, sont pour l'instant la Russie, la Chine et Israël. Les usines à trolls des deux premiers sont identifiées en permanence par le renseignement occidental et il est probable qu'en cas de guerre ouverte ces sites seraient les premiers vitrifiés. A ma connaissance, aucune attaque de pirates informatiques provenant des Etats-Unis n'a été à ce jour documentée même si les procédures offensives y sont parfaitement connues et prêtes à l'emploi. Comment la France se défend-elle contre les cyberattaques ? A-t-elle les moyens de contre-attaquer ? Avez-vous entendu nos candidats se poser la question ?

Voili, voilou, c'est tout pour aujourd'hui.
A l'occasion d'un tractage ou d'un meeting, demandez-leur ce qu'ils en pensent.

mardi 26 octobre 2021

Lettre ouverte à Monseigneur

Signalé par Frédéric de Natal sur son site Monarchies & Dynasties du Monde, voici le texte intégral de l'adresse aux candidats publiée sur le site officiel "Comte De Paris" du prétendant au trône de France :

La France doit retrouver son autorité


Dans le Pacifique (l’affaire des sous-marins avec l’Australie), en Afrique (d’abord la Libye, ensuite la Centrafrique et le Mali, maintenant l’Algérie), en Europe (les dernières nouvelles de l’ESA), notre autorité, principe même de notre souveraineté, est remise en cause.
La souveraineté c’est l’autorité suprême, d’un souverain, d’une nation ; c’est aussi le caractère d’un État qui n’est soumis à aucun autre.
Nos politiques qui se portent candidats à l’autorité suprême de notre pays devraient y réfléchir à deux fois. Ont-ils ce qu’il faut pour redonner à notre pays son autorité et par conséquent sa souveraineté pour le faire avancer dans un monde si complexe ?
Depuis les années 80, l’État a renoncé aux moyens de sa souveraineté, qu’ils soient politiques, économiques et financiers ou sociaux. Ces moyens de notre souveraineté ont été abandonnés à l’Union Européenne et à de nombreuses structures administratives externes comme la BCE, ou internes comme le Conseil Scientifique.
Le résultat de ce changement de paradigme c’est que l’État ne mène plus de politique pour résoudre les difficultés françaises (la réforme des fonctionnaires, les 35 heures, les retraites, la crise des hôpitaux, etc.). Avec le système du quinquennat et sans vraie décentralisation, le chef de l’État, ne cherchant plus à mettre en scène le destin national, masque son impuissance par une communication plus ou moins adaptée.
Les Français, eux, comprennent de moins en moins leurs hommes politiques et se détournent des urnes. Voyant leur avenir compromis, que ce soit sur les questions éducatives, sur le travail, sur leur couverture sociale et leur retraite, sur leur environnement de vie, ils réagissent vivement, et parfois de façon désespérée, comme lors de la crise des gilets jaunes ou des manifestations d’opposition à la politique sanitaire. De son coté, l’État se replie sur des processus de décisions descendants et parfois brutaux qui excluent les instances intermédiaires ou locales.
Il est urgent de remettre les choses à l’endroit, dans le cadre d’une Europe des pays souverains favorisant une vraie collaboration.
Souverains, c’est à dire alliant trois pouvoirs équilibrés : celui d’un seul (le prince), celui de plusieurs (le parlement) et celui de tous (l’expression directe de la population à travers des mécanismes comme le référendum). La formule consacrée en est la meilleure expression : « le prince en ses conseils et le peuple en ses états ».
Notre pays doit retrouver les moyens de sa politique, pour remettre en musique son destin dans une collaboration européenne où il garde sa souveraineté. La Pologne et sa Cour constitutionnelle, comme d’ailleurs l’Allemagne et la Cour suprême de Karlsruhe ne s’y sont pas trompés dans leurs décisions récentes. Ces moyens doivent pouvoir être appliqués dans le respect des libertés publiques et individuelles, qui ces derniers temps ont été trop oubliées.
A cela doit s’ajouter des vues à long-terme avec une dichotomie institutionnelle entre le Président de la République et le Chef de gouvernement issu du parlement, avec une décentralisation souple (plus politique qu’administrative) pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui.
Il est aussi important que les instances de conseil qui se multiplient à l’horizon restent à leur place de bonnes conseillères, subordonnées à des politiques qui prennent et assument leurs décisions, dans le respect d’un juste milieu de parole et d’action.

Jean, Comte de Paris


Jean d'Orléans


cul de lampe


En ce Trentième Dimanche du Temps Ordinaire vous avez communiqué, Monseigneur, sur la campagne électorale présidentielle, appelant de vos vœux les candidats à retrouver la souveraineté de notre pays. Ceci est juste et bon. La fréquence porteuse de votre adresse est l'autorité procédant de la souveraineté (ndlr: c'est ainsi depuis Philippe-le-Bel). Or, vous n'êtes pas sans savoir qu'il n'existe d'autorité sur un espace donné qu'exercée sur quelque chose ou quelqu'un résidant sur cet espace. L'autorité n'est pas un concept mais une action. A côté de quoi la souveraineté sur un espace donné ne vaut que si elle est reconnue par les tiers occupant aussi cet espace. Nul n'est une île et aucun pays sûrement ! Qu'en est-il aujourd'hui dans la nation française ?

Pour une meilleure compréhension de votre pensée, vous concrétisez votre thèse sur six exemples d'actualité : l'Australie, la Libye, la Centrafrique, le Mali, l'Algérie, l'Agence Spatiale Européenne (ESA). Sauf votre respect, ce n'est pas pertinent. Voyons-le en détail sans faire de grands développements :

Quelle est notre autorité sur le Commonwealth Of Australia ?

En trouverait-on dans le contrat de collaboration militaire passé avec le Premier Turnbull ?
Avez-vous pris connaissance de la cascade de contrats passés par Naval Group ? Des clauses d'emboîtement ? Des clauses d'abandon ?
Aussi désagréable et même vulgaire qu'ait été la gestion de la fin de contrat par le cabinet Morrison, rien, à ce qu'en disent les sources informées comme Le Floch-Prigent par exemple, n'y est modifiable par le levier d'autorité. Ce genre de situation se gère par une approche froidement rationnelle, comme l'a fait le patron de Naval Group qui avoue ne voir aucune conséquence grave sur la marche de son affaire, sans émotion, d'incantations moins encore. De vous à moi, nos cris d'orfraie en ont fait rire beaucoup, à commencer par le Premier britannique.

Allons-nous réarmer nos relations africaines par une démarche d'autorité ?

La Libye est une ancienne possession italienne abandonnée à la Grande Bretagne à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Les trois régions historiques recouvreront leur indépendance successivement à mesure que se déploiera une administration élémentaire. Le coup d'Etat du colonel Kadhafi de 1969 ne nous concerne en rien, la France ayant évacué le Fezzan en... 1955 ! Il aura fallu qu'un philosophe marchand de bois en recherche désespérée de sa Guerre d'Espagne fasse le siège d'un président moins affermi dans ses principes que ses prédécesseurs pour que nous semions la mort au bénéfice d'un tiers seulement du pays. Les deux autres tiers n'étaient pas contents. On sait la suite.

La République centrafricaine : faut-il en parler, Monseigneur ? Notre "autorité" s'est éteinte par après la mascarade impériale offerte à Jean-Bedel Bokassa par M. Giscard d'Estaing pour une poignée de brillants et les faveurs de Catherine impératrice. A moins que vous ne décidiez de guider d'une main ferme le gouvernement démocratiquement élu de Bangui (qui se protège derrière les mercenaires Wagner) il est sans doute plus avisé de nous retirer sur la pointe des pieds !

Le Mali c'est ce qu'il reste du Soudan français quand on a tout distribué. Pas étonnant que l'Etat de Bamako n'ait jamais rien gouverné plus loin que Mopti. Nous sommes dans une situation d'OPEX sur demande des autorités légitimes du pays. Ces gens, dont nous ne jugerons pas les travers et les qualités, ont en main leur propre destin, bien incapables d'imposer leur volonté sur l'Azawad (pour faire simple) et le savent parfaitement. De quelle autorité voulez-vous jouer pour contraindre les pouvoirs publics et la junte d'entrer dans notre stratégie s'ils ne le veulent pas pour des raisons que nous ignorons tout en les devinant ? Vous n'êtes pas colonialiste, alors il faut glisser et partir. Moi, si !

Le sujet de l'Algérie est souvent traité sur Royal-Artillerie (voir dans la barre de recherche ou le libellé ad hoc). La paranoïa de la classe politique algérienne issue de la guerre de libération (libération de quoi est l'autre question) interdit d'appliquer aucune mesure d'autorité, sauf à appliquer à la lettre les Accords d'Evian et les protocoles migratoires successifs de 1964, 1968 et 1995 en oubliant l'esprit complètement corrodé aujourd'hui qui y présidait jadis, puisque le refus de s'entendre par la partie algérienne est patent (voir l'accueil hostile du rapport Stora et son sabotage par Abdelmadjid Chikhi). Le jeu diplomatique assez intense entre la mère et la fille ne dispense pas de fermeté, mais bien malin celui qui trouvera un point d'appui pour actionner un levier d'autorité sur un pouvoir hystérisé par les menaces de plus en plus graves qui pèsent sur sa perpétuation.

Par contre, et c'est votre sixième point, nous avons une autorité légitime sur l'Agence spatiale européenne parce qu'elle est une création de l'industrie spatiale française sans laquelle il n'y aurait rien !

E.S.A.

Cette coopération intergouvernementale n'est pas une institution de l'Union européenne à laquelle nous avons délégué une part de notre souveraineté. Comme Airbus dans l'industrie aéronautique, l'ESA vit sa vie sur les contributions directes des pays participants et sur le produit des contrats placés. Elle peut aussi prendre des commandes de la Commission européenne comme la fabrication et le lancement du système de positionnement Galileo. D'autres pays non-UE sont parties prenantes dans l'ESA comme la Norvège, la Suisse, le Canada, la Turquie, l'Ukraine, Israël et maintenant le Royaume-Uni. Ceci pour dire que les relations internes dans une agence associant vingt-deux membres, quand elles se détériorent, se gèrent par des procédures de solution des conflits bien connues des grands groupes et ce n'est qu'au risque d'une rupture que peut intervenir le moment d'autorité, en gardant à l'esprit que c'est celui qui paie qui commande à la fin et vice versa.

Arrivés là, nous n'avons pas entamé vos vœux de souveraineté.

La nation française n'est soumise à aucune autre nation, son Etat est souverain en droit. Nous pouvons, par le moyen d'une décision à inventer sans doute, couper tous les liens étrangers que nous estimons nuisibles à notre destin, à notre bonheur. Il faudrait des circonstances exceptionnelles comme une dictature à la romaine pour prendre cette décision qui nous ramènerait à l'économie pré-industrielle. Les fans de l'Ancien Régime seraient ravis, le premier jour. Nous aurions de quoi boire et manger à satiété et du courant électrique. Du bois pour se chauffer mais pas d'essence pour circuler, qu'importe puisque nous serions redevenus souverains ! Dès la deuxième semaine nous envierions la société nord-coréenne. Cette gentille caricature n'est là que pour montrer que la souveraineté est un leurre. Imbrication et entrelacement sont les règles de notre économie et ce depuis très longtemps. Le vrai défi est beaucoup plus difficile à relever : il s'agit d'optimiser nos dépendances. Et cela ne pourra se faire à partir de slogans mais dans une action en profondeur sur la trame de notre vie économique. Cela convoquera du temps, beaucoup de temps et de la patience. Mais il y a une pré-condition : réparer notre Etat. Criblé de dettes et produisant du déficit comme une laiterie du beurre, la France dans sa situation présente est incapable d'optimiser ses dépendances dans les domaines que vous citez, parce que les caisses sont vides et que ce sont les monarchies du Golfe qui font l'échéance (bonjour la souveraineté) et présentement paient les chèques électoraux de M. Macron. Allons-y voir :

Réforme de la fonction publique, semaine des 35 heures, retraites, crise des hôpitaux convoquent beaucoup d'argent pour aboutir et s'installer durablement dans le paysage socio-politique français. Ces réformes sont indispensables pour retrouver nos équilibres fondamentaux. Tout le monde connaît les solutions les moins dolosives mais nous n'avons pas les moyens financiers sur la durée pour les engager sérieusement. Alors on biaise, on parle, on consulte, on ne fait rien. Et sans miser très gros chez les books de Londres, disons que nous aurons encore moins de moyens quand la nouvelle coalition allemande prendra ses marques, parce qu'elle coupera l'eau de la fontaine.
Pourquoi existe-t-il une BCE ? (c'est lié)
Parce que depuis la Libération (ne remontons pas à Poincaré) nos élites politiques se sont avérées incapables de gérer notre monnaie nationale qui était toujours pour elles un souci technique de seconde zone, ...la "grandeur" étant le premier de tous. Permettez un instant. Quand je fus affecté aux FFA dans les années 60, un marc valait un franc. Quand nous avons imposé l'euro à l'Allemagne fédérale en échange de sa réunification, le taux de conversion était monté à 3,35385. Mesurez, Monseigneur la perte de substance ! Trente ans de commerce extérieur ont défitivement ruiné toute confiance des opérateurs dans la gestion monétaire française. Et les déficits monstrueux de la balance commerciale interdisent de revenir à une monnaie dévaluable, sauf à ruiner les ménages français comme les Allemands de Weimar.

Par contre je vous suis tout à fait sur un point très important.

L'Europe technocratique intégrée, si elle sait gérer parfaitement la matérialité des flux, est d'une bêtise crasse dans les normes et les "valeurs". C'est avec d'autres mots, ce que dit Michel Barnier, allant même jusqu'au principe d'identité constitutionnelle. Il est urgent de revenir à une Europe des nations où les Etats ne soient plus de plain-pied avec les commissaires et leurs directeurs mais les dominent pour les subordonner comme il en va de fonctionnaires, ce qui est leur emploi ! Ça c'est une vraie réforme, difficile, mais la France bénéficiera de renforts et pâtira aussi de quelques trahisons. Elle ne nous économisera pas la souffrance de devenir enfin sérieux, mais cette nouvelle conversation des pouvoirs en Europe huilera tous les frottements géopolitiques européens et rendra l'initiative aux nations chez elles, leur laissant alors le bénéfice de la gloire (motivation puissante des gouvernants) et réciproquement le poids de la honte, ce qui n'est que justice. Réussir la reconstruction d'un telle coopération européenne serait un grand œuvre.

Comme le fit en son temps l'archiduc Otto de Habsbourg, voulez-vous, Monseigneur, vous y consacrer pleinement ? Jusqu'à vous faire connaître partout en Europe comme le prince impulsant le renouveau de l'Europe institutionnelle ? Certes, il faudra organiser la réflexion autour de vous dans un conseil d'experts, chasser ce fameux diable des détails, produire, traduire et propager vos solutions, articuler les étapes nécessaires, courir les conférences internationales, y parler ; insister jusqu'à la constitution finale de ce qu'il serait sage d'appeler désormais une Confédération européenne ; en un mot d'aujourd'hui : faire le buzz ! Mais à la fin, quel bel achèvement ! Qui ouvrirait, sans doute aucun, d'autres perspectives pour l'accomplissement de votre destin.



drapeaux européens


[modifié le 27/10/2021-09:30]

dimanche 24 octobre 2021

Puissances en division 1

coucher de soleil
- Toutes les thalassocraties de l'histoire furent, sont et seront occidentales -

Dans la série "Dîner en ville", Royal-Artillerie propose trois sujets de conversation qui feront leur effet à la table de la sous-préfète. Vous avez tous compris que, depuis le retrait américain d'Afghanistan, le state-building par occupation du sol n'était plus à la mode. Même si ce terme est sulfureux, le temps des "croisades démocratiques" est terminé. Est-ce mieux ? Les défis létaux à affronter par le monde libre peuvent nous démontrer le contraire dans quelques années, mais pour la suite du mandat présidentiel de Joe Biden, les satrapes ont carte blanche, dès lors qu'ils ne menacent pas physiquement (ou numériquement) les intérêts américains. Beaucoup d'entre eux qui se sentaient fragilisés par les élans démocratiques d'importation sont rassérénés ; ils vont écraser tout ça à la birmane et basta ya !
Sauf que ! L'armée birmane s'attaque aujourd'hui aux populations remuantes du Kashin et du Chan, en frontière du Yunnan chinois, avec les mêmes méthodes que celles employées en Arakan contre les Rohingas. Pour simplifier, c'est Oradour-sur-Glane toutes les semaines ! P..... de satellites qui voient tout ! Alors pour les grands érecteurs à la Poutine, Erdogan ou Loukashenko, il va devenir difficile de tenir les comparaisons sur CNN. Passons en revue la Division 1.

Les Etats-Unis d'Amérique

sceau des Etats-Unis
Les empires, quelle que soit leur loi fondamentale, sont toujours sur une pente d'extension et d'exportation de valeurs propres à leur modèle. Si les Etats-Unis d'Amérique marquent un temps d'arrêt aujourd'hui, les crises mondiales annoncées dans les domaines géopolitiques, climatiques, écologiques, nutritionnels et sanitaires ne tarderont pas à les convoquer au balcon du sénat galactique pour des engagements qu'ils sont les seuls capables d'assumer pour le moment. Avec beaucoup de précautions inutiles, ils mettront de nouveau le pied dans le piège pour des motifs à inventer, mais qui ne seront pas si loin de l'esprit généreux du Peace Corps toujours vivant. D'autant qu'à la différence des empires continentaux, l'Occident est fille de l'océan, qui a "découvert" le monde ! Toutes les thalassocraties de l'histoire furent d'occident. L'appel du grand large, comme le disait Winston Churchill, ne cessera de retentir à l'Ouest ! Ce goût des complications lointaines nous perdra-t-il ?
En attendant la réponse, Joe Biden, pressé par l'horloge biologique, rebat les cartes et crée une alliance stratégique contre la Chine populaire avec l'Australie et le Royaume-Uni pour tenir le Pacifique-nord. Et ajoute l'Inde et le Japon dans le schmilblick du QUAD. Pearl Harbour, souviens-toi ! Un bémol néanmoins : combien de temps faudra-t-il à l'état-major de l'US Navy pour redynamiser les équipages de la flotte au niveau de haute intensité. Il y a des faiblesses inexplicables comme la récente collision en immersion d'un container flottant entre deux eaux par un submersible atomique dans le Détroit de Taïwan. Il y a eu aussi une collision impardonnable dans le détroit de Malacca due à l'absence de vigie. Mais le défi important n'est pas vraiment là :

La guerre ouverte contre une Chine populaire devenue insupportable est-elle la meilleure solution ? L'hystérie officielle sur la question taïwanaise couplée à l'accumulation de régiments d'artillerie au Foukien armés de missiles conventionnels à longue portée, peut faire craindre des revers dans toute opération navale alliée engagée sur le détroit pour barrer la route aux opérations amphibies. Des esprits plus fins suggèrent qu'en cas d'attaque de l'île, on s'en tienne à pourrir la réputation chinoise sur toute la planète par tous moyens absolument, en restreignant au possible son commerce d'exportation pour mettre son économie à genoux. Viendrait ce faisant une réaction anti-gouvernementale des masses laborieuses qui n'auraient pas le motif d'une agression militaire pour faire bloc avec les dirigeants communistes. L'économie à genoux, la banqueroute d'un système financier criblé de dettes pourries, conduiraient au chaos social, prélude à l'insurrection. Le PCC le sait qui a décrété une ère de prospérité modérée (clic) afin retirer de la rue les Ferrari. On entend par ailleurs le même Xi Jiping réaffirmer l'incontournable anschluss de l'île rebelle mais, et c'est nouveau, de manière pacifique. C'est à creuser, mais il faut commencer à rapatrier dans la zone OCDE les fabrications essentielles à nos économies de consommation, au cas où l'usine du monde s'effondrerait sous les chocs d'une contre-révolution culturelle.

La Chine populaire

emblème de la RPC
Le second empire au monde, au logiciel d'escargot projeté dans la durée, a sorti ses cornes à l'avènement du princeling Xi Jinping qui cultive un profil de médaille rouge. Il s'investit pour des raisons industrielles dans les pièges à cons que sont le Myanmar et l'Afghanistan, après avoir touché l'eau froide de la pointe de l'orteil. Son modèle de "développement-à-la-chinoise" préservé des interférences libertaires par le contrôle social des droits de l'homme y sera de pleine application rapidement, à moins que la caisse centrale ne rechigne à prendre en charge le budget public des pays vassalisés que les instances financières internationales boycotteront à diverses raisons. C'est une raison suffisante pour bloquer le cash vers les talibans d'Afghanistan. Ainsi la Chine populaire qui semble à son tour fascinée par le piège afghan et ses mines prometteuses, l'hubris de la clique Xi l'aveuglant sur les trois expériences passées du fameux Grand Jeu, peut très bien s'y embourber à la suite des autres. Prudente de nature mais très inquiète sur le front des Ouighours, elle commence à petit air sans avoir vu le film jusqu'à la fin, alors que tous les membres du Conseil de sécurité, Russie comprise, l'observent. Si par osmose islamiste au travers du Wakhan, les choses s'envenimaient au Turkestan oriental (Xinkiang) au point de mettre en doute les procédures de pacification brutale pratiquées par le Parti communiste chinois, ou si la guerre civile et narcotique se déclenchait de l'autre côté de la frontière birmane du Yunnan comme on en prend le chemin, la tentation serait grande pour Xi Jinping de laver l'affront à sa grandeur incomparable par l'attaque de Taïwan, puisqu'il a promis à la face du monde que la "réunification" se ferait de son vivant. Mais la fenêtre d'opportunité commence à tourner sur ses gonds depuis que les Etats-Unis se renforcent sur leurs bases asiatiques, que Joe Biden monte en agressivité pour compenser sa sénescence, et surtout que le complexe militaro-industriel américain refuse explicitement que la Chine dicte sa loi. Est mise à l'étude l'autoroute sélène avec pitstops de refueling et maintenance des vaisseaux-navettes comme en Nascar. Les Chinois vont-ils se hâter ? Ont-ils le niveau ? Les problèmes intérieurs montent aussi sûrement que fondent les glaces mais pour le moment, seuls les activistes exilés le voient sans en convaicre les think tanks occidentaux qui restent sur la porteuse d'une Chine indépassable.

L'invasion de la Mer de Chine méridionale braque tous ses voisins et partenaires commerciaux (à l'exception du Cambodge de Hun Sen) et elle va entamer ses succès hors les murs, dans son propre hinterland, au détriment des communautés de la diaspora chinoise active en Asie du Sud-Est. Il existe un mépris ancien du pouvoir communiste pour les communautés chinoises d'outremer. On a beaucoup tué de Chinois jadis en Indonésie pour leur nationalité et leur argent. Au point d'ailleurs que les Chinois de Thaïlande qui, comme en Malaisie, tiennent l'économie du pays, ont abandonné leurs références ethniques par peur de rétorsions populaires terribles, en réponse aux humiliations provoquées par Pékin. Faut-il ressortir la régulation par la famine des Chinois du Cambodge concentrés en camps de la mort sous l'œil impassible du personnel diplomatique chinois de Phnom Penh qui appuyait les Khmers Rouges ? Les Malais sont sur le qui-vive ; Les Philippines sont aux cent coups, Duterte qui a joué l'équilibre des superpuissances sans convaincre, se retire, sans doute gavé ; le Vietnam subit la violation de ses eaux territoriales dans le Golfe du Tonkin où ses flottilles de pêche sont harcelées - plus aucun bateau vietnamien ne va pêcher seul ; Taïwan subit presque quotidiennement les provocations des escadrilles chinoises en violation de son espace aérien qui n'est pas reconnu par la Chine populaire, jusqu'à l'accident dû à une erreur de navigation ? Et comme un fait exprès, une nouvelle alliance occidentale (AUKUS) va lui barrer la route de l'Océan pacifique.
Si on y réfléchit, le soft power aussi puissant que peut l'être celui de la Chine populaire est suffisant à hégémoniser la mer sans prendre un seul îlot. Les Chinois ont bien baissé aux échecs. Ils compensent cet aveuglement stratégique par une fébrilité sans pareil dans le lancement de batiments de guerre - un sous-marin atomique d'attaque tous les seize mois - et l'armement d'un nouveau porte-avions comparable en taille à la classe Ford américaine, avec des catapultes électro-magnétiques, une première. Mais le tonnage n'a jamais suffi. Le combat d'escadre, c'est le vrai défi ! [Petit aparté : je me souviens d'un acheteur d'un arsenal chinois qui avait changé la spécification thermique de composants électroniques de tourelle pour les obtenir cinq fois moins chers (0/+70° au lieu de -55/+135°C). A qui j'avais répondu: "vous n'envisagez pas de combattre sous le feu ennemi, à demi-noyé ?" Il prit peur...... que j'en parle plus haut et se ravisa, mais lui-même ne comprenait pas la fonction d'un poste de commandes Otomat !]

Saouls de proclamations internes ronflantes, ils sont sur la pente de la guerre totale comme y vint le deuxième reich allemand pour se mesurer à l'empire britannique. Ils avaient tout pour devenir heureux et gras, au lieu de quoi il risque de répéter la bataille du Jutland à laquelle se préparent l'US Navy et ses alliés japonais. Les Junkers de jadis sont les apparatchiks communistes d'aujourd'hui. On commençait à s'emmerder, mais à la fin c'est la dissuasion nucléaire qui calmera le jeu.

La Fédération de Russie

armoiries de la Fédération de Russie
La Fédération poutinienne de Russie est dans le même cas. Exportant son modèle de destruction de toute opposition par tous moyens et chimiques compris, le Kremlin rêve de ragréer le glacis occidental de ce qui fut le limes de l'Union soviétique. Tout y est bon, usines à trolls, mercenaires sans matricules, tueurs gris. Ayant débordé de l'épure utile, il se trouve dorénavant embourbé en Syrie où la solution d'une succession contrôlée de Bachar el-Assad s'avère impraticable avec la famille alaouite au pouvoir, surtout depuis qu'elle se refait (à millions) sur l'aide humanitaire internationale. Combien de temps les Russes vont-il fournir leur soutien au régime syrien dans les trois dimensions (financière, guerrière et diplomatique) ? Aussi longtemps que les Américains le firent à Kaboul, pour à la fin découvrir que les parties arabes se seront entendues entre elles à Damas sur leur dos. Le danger est que le revers annoncé et l'humiliation probable risquent de déclencher, comme en Chine, une réaction violente de l'orgueil russe, vis à vis de l'Ukraine rebelle par exemple, mais aussi de la Géorgie, voire même de la Biélorussie si Loukashenko disparaissait. Poutine veut finir en beauté.

S'ils font alliance à l'est avec le PCC dans l'extrême-orient russe, dont une partie fut prise aux Chinois - ne l'oublions jamais - ils restent néanmoins éveillés à mesurer l'écart de plus en plus grand des puissances militaires respectives. Certes la suprématie nucléaire et l'expérience spatiale russes seront difficiles à palier, même si la technique chinoise met les bouchées doubles, mais au plan économique et dans la recherche, la Fédération de Russie est déjà passée en division 2 (PIB de l'Italie). Nul ne doute que les amis éternels ne deviennent à terme comme chien et chat quand la pression inévitable chinoise sur les ressources sibériennes indispensables à sa production, débordera de la négociation normale entre partenaires "win-win". En attendant, les uns et les autres singent une grande amitié en manœuvrant ensemble dans les détroits nippons d'Hokkaïdo pour "maintenir la stabilité stratégique" en mer du Japon, obligeant à l'appareillage de destroyers et d'avions patrouilleurs japonais. Qui les croit ?

A l'ouest, c'est plus compliqué, du moins pour le simplisme des équations du premier degré dont raffole le Kremlin. Les pays libérés d'Europe orientale ne reviendront pas ! Répétons aux malentendants que l'OTAN n'a jamais avancé à l'est de son propre élan. Ce sont les pays libérés du pacte de Varsovie qui se sont rués dans le pacte atlantique, avant même de négocier avec la Communauté européenne, parfois contre l'avis des conseillers de la Maison Blanche. Ils cherchent par tous moyens à entraver une coopération euro-russe tant qu'ils n'y trouveront pas leur avantage propre. Si Vladimir Poutine pouvait sortir de l'hagiographie d'Oliver Stone et terminer sa paranoïa d'encerclement, il libéraliserait l'enclave de Kaliningrad à outrance et ouvrirait une zone de libre-échange, jusqu'à l'Oural pour commencer, puis l'ajusterait dans la profondeur infinie du grand marché sibérien sur crédits de développement japonais. Ce ne sont pas des élucubrations gratuites puisque ce programme de développement était travaillé par l'équipe de Yeltsine qui avait envisagé un moment de collaborer sur les îles Kouriles. Qu'apporte à la Russie la déstabilisation des riverains de la Mer baltique ? A quoi sert-il de porter à bout de bras l'Etat-croupion de Biélorussie gouverné par une caricature du roi Ubu ? La Russie perd son temps, dans des schémas de montreur d'ours, et les peuples de la Fédération commencent à s'en apercevoir, qui à l'occasion mesurent le fossé qui les séparent du monde libre dont on leur dit tant de mal.
Vladimir Poutine n'était pas taillé pour convertir la rente minière extraordinaire du pays du monde le plus étendu en une industrie de classe mondiale. Comme je le dis souvent, qui a jamais vu un produit russe au supermarché ?


Ces trois puissances gouvernent toutes les stratégies déployées sur la planète. Elles devraient se sentir responsables de l'avenir du monde et collaborer, au moins face au chaos climatique annoncé et perceptible déjà, au lieu de quoi l'absence annoncée d'importants chefs d'Etat à la COP de Glasgow, pourtant gravement menacés sur leur sol par le dérèglement en cours*, signe par avance l'échec de la réunion dont les nations insulaires attendent tout. Par leur statut de puissances, elles s'inventent des défis qui organisent toute leur politique et cajolent le danger de guerre qui donne du piment à leurs dirigeants. Sans le risque de cataclysme nucléaire, il serait impossible de les tenir à distance l'une de l'autre, ce qui donne la mesure de l'intelligence humaine. On dit qu'elle est supérieure à celle de toute autre espèce, mais en mode collectif ! Il ne faut jamais désespérer de la Bêtise, les grands conflits du XXè siècle nous l'ont montré.

* il suffit d'évoquer les immenses feux de taïga de l'arc arctique russe, les crues et ouragans de pluies pas moins monstrueux en Chine.


« Comment se fait-il que l'espèce humaine, non seulement aujourd'hui mais durant toute son histoire, néglige délibérément les informations dont elle dispose, et qui lui permettraient de s'épargner certaines catastrophes ?» (Revel)

Océan pacifique
Le Pacifique baignant la Californie


Quid de la Divison 2 ?
A la semaine prochaine.

jeudi 21 octobre 2021

Le sac du Capitole

la foule sur les marches du Capitole


Bannon
Steve Bannon n'est pas mon ami plus que ça, juste un type intéressant. Le comité ad hoc de la Chambre des Représentants de Washington a voté à l'unanimité que des poursuites contre lui soient engagées par le ministère de la Justice pour son rôle présumé dans l'assaut du 6 janvier 2021 (clic). Ces messieurs les parlementaires cherchent à monter plus que montrer le complot trumpien en faisant porter le chapeau au conseiller "intellectuel" de l'ancien président, président-star de la téléréalité remonté sur les planches, qu'ils n'ont pas su empêcher. Le golfeur fou avec un chien de prairie mort sur la tête caracole d'Etat en Etat pour placer ses amis en meilleure position aux "Mid-Terms" et ultérieurement prendre le lead pour la présidentielle qui se rapproche. Contre Kamala Harris il ne devrait pas avoir trop de mal si déjà dans son camp à elle les purs blacks s'en distancent. Il faut donc construire sans tarder l'intellectualisation du coup d'Etat pour bien démontrer à quel point l'affaire avait été réfléchie et préparée dans les caves de la Maison Blanche. Je pouffe ! Revenons en arrière.

Un budget de deux mille policiers aurait été submergé par deux cents braillards non armés ? Je ne le crois pas. Les portes ont été ouvertes. Trois heures passées devant CNN (canal Free 354) avec des confirmations par les réseaux sociaux qui ont diffusé des vidéos de l'intérieur, ont documenté une faiblesse inavouable des unités de sécurité. Ceci ne concerne pas le Secret Service qui n'obéit pas à la sécurité domestique. Ce n'est qu'à l'arrivée des renforts de police que les forces de l'ordre ont commencé à manœuvrer pour amorcer l'évacuation des couloirs et de la rotonde. L'enquête du FBI ira au bout des choses, mais il n'est pas anodin que le chef de la police ait démissionné sans attendre la fin de la journée ; quelque chose avait foiré. Reste à savoir quoi.

S'agissait-il de faire peur aux sénateurs républicains trop timorés pour rejeter la certification du vote des grands électeurs ? J'ai beaucoup de mal à imaginer le scénario d'un vote en chambre haute sous pression de la foule comme aux plus beaux jours de la Révolution française. Au final, s'il y a eu émeute, il n'y a pas eu insurrection, il n'y a pas eu coup d'Etat.
L'affaire s'est conclue à peu de frais. Cinq morts dans un pays qui tire avant de comprendre, du mobilier cassé, portes et carreaux brisés, du désordre. Pas d'incendie au Reichstag ! Mais une réelle profanation du Temple de la Démocratie en Amérique, comme dirait notre Tocqueville.

Les limites de la démocratie représentative ont été atteintes. Le peuple en foule ne fait plus confiance à ses élus. Nous avons le même tropisme antiparlementaire en France. Quelles que soient les conclusions de l'enquête, l'administration Biden ne pourra pas faire l'économie d'une réforme en profondeur des modes de scrutin, Etat par Etat, pour éteindre les soupçons de fraudes électorales de plus en plus pesants. C'est un travail de dix ans ! Et chez nous ? La lanterne ? Que disions-nous le lendemain du carnaval de Washington ?

mardi 19 octobre 2021

Faut-il le dire ?

La laïcité en action n'ouvre pas la libre pratique de l'insulte ou du blasphème ad hominem. On ne peut tout se permettre au principe de laïcité, moins encore blesser autrui dans son âme profonde. Cela participe du vivre ensemble le plus ordinaire, et ce ne fut pas toujours le cas dans le passé lointain de cette nation éveillée à l'esprit le plus fin que le monde entier lui enviait, jadis. Mais il y a un "mais".

Il est extrêmement difficile dans un cerveau d'adolescent de partager l'émoi d'une foi s'il existe, et la négation d'icelle par autrui en même temps. C'est ce que promeut la laïcité à la française qu'aucun pays n'a jamais appliquée parce qu'elle est un ferment de désordre social et n'est en rien fondée sur les aspirations de l'humain. Monsieur Paty avait bien du courage de passer la planche de cette galère ! Qu'Alan Goa berce son âme sur son croissant de lune !
Quand le droit des Etats retient la laïcité pour séparer sociétés civile et religieuse dans le gouvernement des citoyens, l'Encyclopédie philosophique universelle la taxe de "construction intellectuelle" permettant de barrer les clercs des affaires de l'Etat. Ce concept, sorti des désordres mentaux de la franc-maçonnerie, participe des nuées dont les princes sont nos vénérables, frères encrassés par la libre pensée de la déesse Raison. Finalement c'est très daté et ça sent la feutrine humide des convents. La laïcité telle que la définit avec une difficulté immense notre régime, s'avère être un emplâtre corrosif sur un membre sain. Plutôt que de protéger, elle pourrit qui se l'applique. Il suffit d'ouvrir les yeux, la "construction" est toujours en travaux ! Un peu comme le mariage des curés qui fut à l'affiche de tous les conciles toujours.

gravure 1905

Depuis que les discours publics des églises historiques ont été relégués aux chambres voûtées de décompression mentale, et interdits d'expression au-dehors, on a vu se coucher bas et haut clergé de toute obédience devant les interdits (et les baïonnettes). Jusqu'à ce qu'arrive la tête haute et d'un pas assuré la religion totalitaire qui régente les croyances et codifie les mœurs d'un même élan. Et comme de bien entendu, ces nouveaux sectateurs prirent d'assaut rues et trottoirs pour affirmer leur foi aux yeux de tous les mécréants. Que leur a-t-on reproché ? Rien de la part des pouvoirs publics, nid de couards à tout motif même électoral. Après les lois de déchirage social dites de Séparation, on a finit par donner la clef des rues à l'islam ! Malgré les avertissements envoyés depuis les pays musulmans par ceux qui y subissent le joug des imams, mollahs et oulémas, avertissements vite étouffés par la presse infiltrée, nul n'a pris la mesure du danger naissant. Paranoïa, fantasmes, néo-fascisme néanderthalien ! On sait la suite. Les caricatures danoises du Prophète levèrent des hordes "spontanées" hystérisées par l'insulte, dont la colère ne pouvait s'étancher que dans le sang. On en revient toujours au sang. Les religions sémitiques pataugent dans le sang, c'est leur marque.

Il y avait eu en 1986 l'attentat du Hezbollah rue de Rennes à Paris, en 1989 l'appel au meurtre de Salman Rushdi par l'ayatollah Khomeini, en 1993 l'attentat du World Trade Center de New-York, puis la séquence algérienne de 1995 à Paris, la bombe de Port-Royal en 1996, des centaines d'attaques islamistes partout ailleurs. Le siècle nouveau s'ouvrait sur les attaques aériennes du Onze Septembre à New-York, puis la prise d'otages meurtrière du théâtre Doubrovka de Moscou en 2002, celle pas meilleure de Beslan en Russie en 2004, l'assassinat en Hollande de Theo van Gogh la même année, attentats au métro de Londres en 2005, la fusillade de Fort Hood au Texas en 2009, le kamikaze de l'aéroport de Domodedovo à Moscou en 2011, les tueries de Mehrah à Toulouse et Montauban en 2012, etc. etc. pour s'en tenir qu'aux gros scores ; sans compter donc - qu'ils nous le pardonnent - une multitude d'attentats atroces sur tout le croissant vert, du Maroc à Bali et jusqu'en Chine ! L'islam ayant retrouvé son impatience conquérante a pris le sabre de ses étendards et mis le feu partout. Et le 7 janvier 2015, la rédaction de Charlie Hebdo est rafalée par les frères Kouachi ! La séquence continue à un train d'enfer... en 2016 l'ambassadeur russe à Ankara, vingt-deux morts au concert d'Ariana Grande à Manchester en 2017, huit morts au Pont de Londres, Maurane et Laura égorgées à la gare Saint-Charles de Marseille, le camion du 14 juillet à Nice... on ne sait plus où donner de la tête à couper. (source)

N'a-t-on rien vu venir ? Qui a pu croire une seconde qu'il possédait, lui, le totem d'immunité ? Il est une précaution naturelle de sauvegarde qui consiste à ne pas se moquer publiquement d'un primate féroce qui patrouille la nation qu'il hait en recherche de sa proie. Les islamistes nous haïssent. On leur a bourré le crâne, parfois dès l'enfance en famille, et cette haine est pavlovienne, irraisonnable, il n'y a pas de traitement non létal de cette bave rabique. Samuel Paty a été tué par un hominidé tchétchène après avoir rallumé la mèche lente de la caricature blasphématoire et ne s'être gardé d'aucune réaction. Aurait-il dû s'en méfier ? Oh oui ! Les caricaturistes de Charlie Hebdo tout pareil, qui sont morts avant lui... en pure perte donc ! Les historiens de la fin du XXIè siècle auront de quoi méditer sur la niaiserie des élites de notre temps, qui, du sang jusqu'aux chevilles, ont cru le reste protégé par le rempart de la laïcité ! Cette "valeur" de la République aura finalement fait beaucoup de morts imbéciles et innocentes.

L'anniversaire de l'assassinat de Samuel Paty a été l'occasion d'en remettre une couche alors que tout le corps professoral se sent abandonné et désarmé devant le blasphème laïque au sein de classes en inquisition. Rien n'a changé depuis la décapitation de Conflans-Sainte-Honorine, nous disent-ils : ils sont seuls face à des populations hostiles où c'est l'élève qui fait le programme. Il suffirait, leur dit-on, de mieux enseigner cette p..... de laïcité ! Les pédagogues fous qui hantent le ministère savent-ils qu'elle est inenseignable au-delà de la première ligne de la définition du Petit Larousse ? Et les politiciens qui se cachent derrière elle en sont-ils informés ? Le peuple, lui, est au courant qui met le concept à la benne et réclame des candidats à la présidentielle la force avant la persuasion. Soixante-dix pour cent n'ont que faire de la "valeur laïcité" ; ils veulent foutre dehors les menaces, pas plus ! Sera-t-il suffisant de voter ? J'en doute !

Ambition de conclusion


Le régime ne peut séparer les sociétés civile et religieuse tout en agravant l'intrusion des hommes de l'Etat dans tous les compartiments de l'intimité humaine. La régulation (à l'est on disait "normalisation") des mœurs privées est à son comble dès lors que le pouvoir s'inquiète non tant de la manière d'être ou de l'expression écrite et orale de votre pensée que de ce que vous pensez vraiment au fond de vous-mêmes. La séparation de 1905 n'a pas que coupé le cordon ombilical entre l'Eglise et l'Etat, mais elle a fait place nette pour que ce dernier prenne toute sa place. Les directeurs de conscience d'alors, les éducateurs de la jeunesse ont été remplacés par les pédagogistes et les normateurs officiels du conformisme, déclinés en agences, hauts commissariats, fondations, observatoires, hauts conseils, comités, commissions et médiats stipendiés par le Trésor, qui vont parfois jusqu'au terrorisme moral, prélude à la terreur sèche de la pensée unique et approuvée. Il n'est pas surprenant que les convictions personnelles puissent déborder de la bulle privée puisqu'elle dérive au milieu de la grande bulle publique. Peut-on bannir l'expression religieuse dans la vêture, la coiffure, la gesture quand elle restent passives ? Où est la frontière entre les libertés publiques et les libertés individuelles ? Au seuil des maisons, sur le paillasson de Bienvenue ? La "construction intellectuelle" est en pleine déconnante qui provoque aujourd'hui une bataille...... des prénoms ! Que faire alors ? Je n'en sais rien, mais la seule certitude est son inanité. Demandez donc à ceux qui se ruent vers les charges publiques pour nous gouverner l'an prochain et revenez en cinquième semaine.

En attendant on peut relire le plaidoyer de Mickaleus pour une religion d'Etat (à la façon de tous nos voisins) en cliquant là.

dimanche 17 octobre 2021

Après les noyés d'Octobre

La presse algérienne et les tiersmondains, en service actif chez nous, ont jugé timide la démarche du président Macron à jeter des fleurs dans la Seine pour rappeler l'attaque préfectorale de la manifestation d'indépendance du FLN en région parisienne il y a soixante ans. Nous n'y reviendrons pas ; c'était dégueulasse de la part de Roger Frey, ministre de l'Intérieur et patron des barbouzes gaullistes, et du préfet de Paris Maurice Papon qu'on ne présente plus ! Le premier ministre était Michel Debré (le bazooka de Salan). Que du beau linge ! Mais nous ne nous sommes pas levés ce matin pour faire justice des noyades du 17 octobre 1961.

Macron au pont de Bezons

Ma question est en face. Est-il normal qu'un pays ne vive que contre un autre ? Nous avons l'exemple du régime nord-coréen perpétuellement en guerre contre les Etats-Unis sous peine de mourir ; sinon le Pakistan qui sans l'Inde ne pourrait tenir son peuple et nourrir les marchands de canons. Mais aussi celui de l'Algérie qui ne peut vivre sans la menace du royaume chérifien à ses portes et l'hostilité supposée de la France. Si l'on en doutait à l'Institut pour avoir parcouru toute l'histoire de l'Afrique du nord, de fait, l'Algérie n'existe plus aujourd'hui sans la France. Enfin, l'Algérie officielle. Pour le peuple c'est bien différent, à ce que nous livre d'intelligence et finesse l'article de Myassa Messaoudi dans le journal d'Alger Liberté de ce dimanche. Un extrait ?

Messaoudi
« Le dernier épisode diplomatique entre la France et l’Algérie a laissé place à une étrange surenchère. Non pas mémorielle, mais coloniale. Le président français reprochant à la Turquie de s’être mieux débrouillée pour faire oublier son occupation de l’Algérie. C’étaient, tout de même, quatre siècles de pillage et d’asservissement. Deux fois plus que la France ! Et à l’Algérie de n’être, après tout, qu’un bébé nation. La réponse du président Tebboune n’en fut pas moins surprenante. D’un coup, l’arabisme orthodoxe algérien s’est fait plus mixte et tolérant. Dare-dare, l’histoire ancestrale est venue à la rescousse de la diplomatie, et le président du pays en usa pour rappeler que nous sommes une nation depuis au moins l’empereur César. De Massinissa, de Jugurtha, et même un président américain est venu rappeler au président Macron que non, on n’est pas né de la dernière pluie. Jeanne d’Arc n’a qu’à bien se tenir, car l’Algérie regorge aussi de puissantes femmes guerrières. Et même pas voilées !» (source)


Il a donc suffi qu'un président en ses murs doute de la nation algérienne pour que le pouvoir d'Alger fasse un AVC. C'est ce qui s'appelle être indépendant ! Souverain ! Libre ! Enfin vous voyez quoi ! La moindre reconnaissance officielle d'un défaut de la colonisation déclenche la tempête de l'insuffisance, l'appel à se repentir, doublé de la justification perverse des allégations anciennes jamais dans leur contexte. Audin, Boumendjel périrent d'une opération de contre-terrorisme (les bombes dans les cinémas, les cafés de la bataille d'Alger) et c'est bienvenu pour leurs familles d'en avoir éclairé les circonstances peu flatteuses. Nous avons dénoncé en France les massacres de Sétif (1945) mais quand les autorités d'Alger ouvriront-elles leurs archives du FLN sur les tueries de Philippeville (1955) ou le massacre de Melouza (1957), sur la Rue d'Isly ou le grand massacre d'Oran de 1962 ? Elles ne s'excuseront pas plus des opérations terroristes attaquant des civils, femmes et enfants confondus, au motif absolvant de la lutte "légitime" pour l'indépendance. La liste est longue, infiniment longue et on pourrait l'accroître d'autant en y portant toutes les exactions toujours atrocement exécutées par l'ALN contre les leurs et les nôtres : la coupe cravate, les émasculations à vif couilles dans la bouche, les saignées à blanc au crochet de boucher, la torture partout, le registre est épais. Monsieur Tebboune aurait-il un commentaire ? Elle a bon dos l'indépendance pour un parti guerrier qui fait une attaque au moindre mot le desservant. L'Algérie n'est pas indépendante, ni souveraine ni vivable. Elle a des millions de ressortissants réfugiés chez nous et qui s'y sentent bien. Ce ne sont pas deux cents malheureux, précipités dans la Seine par des salopards de la Préfecture de Police et de la rue des Saussaies il y a soixante ans, qui leur feront prendre la route ! Ces réfugiés sont à votre endroit, monsieur Tebboune, une véritable insulte au régime algérien !

samedi 16 octobre 2021

En mémoire de Marie-Antoinette

 


Les révolutionaires se seraient grandi en chargeant Marie-Antoinette de Lorraine d'Autriche dans une malle-poste à destination des lignes impériales après la décapitation de son époux. Mais s'élever de la fange de haine en laquelle ils prospéraient tous, n'aurait rien apporté de plus à l'humanité, sidérée quelque part d'autant d'acharnement morbide.

Le Chancellerie diffuse un document relatant le procès de la Reine dans ses circonstances historiques. Elle fut décapitée le 16 octobre 1793, place de la Concorde. On peut le lire ici.

De nombreuses messes pour le repos de son âme seront dites ce jour-là en France, sans doute à Vienne aussi, et particulièrement celle du Mémorial de France à la basilique royale de Saint-Denis, à midi précise.

Souvenons-nous que celle qui passa à la postérité comme un parangon de frivolité, se révéla une reine de pleine force sitôt que sa famille affronta les épreuves terribles de la Révolution. Son caractère volontaire suffit-il à la tuer "au nom du peuple français" que nous en porterons au front le stigmate de la honte longtemps. Qu'elle nous pardonne d'où elle nous voit !


couronne de fleurs blanches

vendredi 15 octobre 2021

Le Titanic andalou

Anne Hidalgo

Ainsi le Parti socialiste a-t-il choisi de couvrir à fonds perdus la campagne jurassique de Mme Hidalgo dès lors que les frais ne seront remboursés par l'Etat qu'en atteignant la barre de 5% des suffrages. Il y a moult façons de se faire hara-kiri me téléphone un ami japonais. Il ne sait pas que la mairesse de Paris n'avait jamais gagné le moindre arrondissement de la capitale dans aucune élection municipale jusqu'à ce que l'électeur parisien se décourage en 2020 et reste confiné chez lui (61% d'abstention), laissant les appareils de gauche truffer les urnes du onzième arrondissement.

C'est à ce cheval boiteux que font confiance les socialistes ? Le syndrome des lemmings allant à la falaise ? N'est-ce pas plutôt le rallye des mères-maires ? Martine Aubry (Lille), Johanna Rolland (Nantes), Nathalie appéré (Rennes), Annelise Dufour (Denain), Delphine Labails (Périgueux)... et l'influente présidente d'Occitanie Carole Delga, lesquelles ont misé sur leur sœur en sexe plutôt que sur les compétences dispendieuses d'une apparatchik de l'ancien monde qui laissera derrière elle une dette difficile à résorber sans explosion des taxes locales et droits divers du petit racket péripathétique ?
A vouloir mourir, il se pourrait qu'aux prochaines législatives de juin 2022, le PS disparaisse corps et biens (cf. la subvention publique aux partis d'élus) dans la division du mouvement des gauches, à cause du mur à 12,5% des inscrits qu'exige la loi pour accéder au second tour de scrutin. Mais finalement c'est darwinien : la race issue de la vieille SFIO est inadaptée aux lendemains qui ne chantent plus.

Photographie de l'opinion à la date du 12 octobre 2021 sur les intentions de vote à gauche pour la présidentielle:
(Moyenne des instituts de sondage et tendance)
  • 9% ↑ Yannick Jadot (EELV)
  • 9% → Jean-Luc Mélenchon (LFI)
  • 5% ↓ Anne Hidalgo (PS)
  • 2% ↓ Fabien Roussel (PCF)
  • 2% → Arnaud Montebourg (sans étiquette)
  • 1% ↓ Nathalie Arthaud (LO)
  • 1% → Philippe Poutou (NPA)

- Total de la gauche divisée = 29%
- Deux personnalités seulement sont à ce jour susceptibles de se désister en faveur du mieux placé :
F. Roussel et A. Montebourg, soit 4% mobiles.

mardi 12 octobre 2021

La confession pour les nuls

confessionnal

Le sacrement de la confession, dit aussi de pénitence et réconciliation ouvre un canal de communication entre Dieu et le pécheur. Nul autre que le prêtre n'étant en capacité de brancher le pénitent aux ondes célestes, il est entendu qu'il se subroge à la puissance divine, et en l'espèce exactement au Saint-Esprit, dans l'expression orale de Son jugement. Lequel, dans le mystère de la Foi, ne peut être fondé que sur une parfaite connaissance des saintes écritures et des préceptes, lois et décrets y contenus.

On convient que par ce sacrement l'âme chemine à travers cinq chapelles, successivement celle très sombre de l'introspection personnelle, puis celle où l'on éprouve la douleur de ses péchés, puis celle de l'acte de contrition qui exprime le repentir de ses péchés, ensuite celle de l'expression orale des dits-péchés dans l'oreille du ministre de Dieu et enfin celle en pleine lumière de la pénitence salutaire acceptée et accomplie. L'absolution, dont on parle beaucoup ces temps-ci, n'est obtenue normalement que si les torts causés sont réparés, du moins ceux causés à autrui, parce que très majoritairement les torts sont causés à soi-même. Le sacrement de la confession participe d'un secret partagé entre le pécheur et le medium qui ouvre le canal de la communication divine. Il est évident pour tous que l'expression orale ne peut être accomplie que dans l'absolu secret, à défaut de quoi il s'agit d'une confession publique en devenir, ce qui peut changer du tout au tout l'intention du croyant de demander miséricorde.

En droit canon, l'homicide n'est pas réparable même s'il y a eu des accomodements avec le siècle en prononçant des peines lourdes et parfois publiques de réparation. En tout ceci n'apparaît jamais la tutelle des cultes du ministère de l'Intérieur. Donc la réaction de monseigneur de Moulins-Beaufort à la publication du Rapport Sauvé, par laquelle il réitère la subordination des lois de la République au mystère exprimé par le sacrement de la confession, est raccord avec les lois de l'Eglise catholique. Enfreindre le secret de la confession excommunie le prêtre immédiatement sans tambour ni procès.

Moussa Darmanin a eu bien du mal sans doute à promouvoir la supériorité indiscutable des lois de la République à toute autre loi, même celle procédant de la foudre divine. Du mal certainement, au moment où l'on discute âprement de la supériorité des lois européennes par exemple, sans parler des lois irréfragables de la science, mais cela nous mènerait trop loin. Le communiqué qui n'est pas encore paru, parlera de franchise et de compréhension réciproque tout en demandant aux confesseurs de dénoncer les criminels aux autorités civiles, ce qu'ils ne feront pas systématiquement sauf instructions précises des épiscopes. La séparation des domaines civil et religieux ne fut pas toujours aussi étanche dans le passé. On fera son profit des procès de la Sainte Inquisition et du défèrement des condamnés à la puissance publique. Comment appliquer ces sages préceptes à la pédérastie du clergé ? Tel est le sujet du jour.

Partant du principe que le secret de la confession est inviolable par le subdélégué du Saint-Esprit - sinon on tire l'échelle et on s'inscrit au Mandarom - quelle pourrait être sa réaction à la confession d'un crime aussi odieux ? Laissons l'homicide au casuiste épilé qui va s'en faire un fromage goûteux. A se cantonner au bon sens, il n'y a que deux pénitences possibles et liées, hormis l'absolution qui ne peut être donnée au même moment, quoiqu'en pense la pratique conciliaire d'extraversion des repentirs, un peu comme chez les Alcooliques anonymes. La première chose est l'obligation morale imposée au pécheur d'approcher la psychiatrie pour faire soigner sa perversion, et cela devrait aller jusqu'à la castration chimique ; la seconde est de réparer l'outrage, sans doute par une demande de pardon à la victime en présence d'un médiateur du diocèse. Toute récidive devrait entraîner la réduction à l'état laïc par l'Officialité diocésaine. Déférer le pécheur au Parquet de la République n'apportera rien de plus qu'une vengeance bien compréhensible à savourer par l'en... la victime. Sinon pour un juste châtiment qui sortira complètement du mystère de la communication transcendantale ; mais le confesseur peut parfaitement pousser le criminel à se livrer aux autorités judiciaires en usant de l'autorité morale que lui confère son magistère. Le chemin de croix de l'instruction impliquant les parties en cause et le procès s'ensuivant apporteront-ils plus à la victime qu'une demande de pardon de la part du prêtre perdu, augmentée de la preuve d'un protocole psychiatrique en cours ? J'en doute. Tout ceci n'est bien sûr qu'une suggestion, la réflexion gratuite sur une complexité particulière, mais qui coupe à angle droit le principe de l'Eglise "maison des pécheurs" où l'évêque du lieu affronte ces dysfonctionnements graves avec les moyens du bord, le pédéraste dans l'effectif et la prière ! Place maintenant aux professionnels de la confession (clic).


le Confiteor du London Symphony Orchestra

samedi 9 octobre 2021

Notre bel avenir

Z
"Z" en tamazight

La campagne présidentielle prend des tours plus vite que prévu. A l'exception des Républicains mous, tous les partis se rangent en ordre de bataille et cherchent déjà à capter l'attention des électeurs, les yeux rivés sur les sondages quotidiens des instituts. Pour le moment, ce sont des individualités qui se pressent sur les plateaux de télévision et la dispute des mesures électoralistes va s'ouvrir : "mon programme est plus vendeur que le tien". C'est Anne Hidalgo, égérie et candidate du PS - ils avaient mieux en chute de rein que Lady Ratatouille ! - qui a ouvert les hostilités avec le doublement du traitement des profs. L'ont suivi des suceurs de roue comme X. Bertrand et V. Pécresse avec des SMIC revalorisés à 1500€ nets, sinon augmentation de 10% pour tout le monde, trains et savon à barbe gratuits, six EPR, le bonheur quoi, et pas que dans le pré ! Au surgissement de Zemmour-Philippulus, tous ou presque se sont engouffrés dans le grand remplacement pour appeler le peuple à trancher par référendum contre les étrangers, métèques, melons, rastacouères et autres poldèves voraces en allocations, qui nous ôtent le pain de la bouche en ayant l'incroyable culot de le cuire mieux que nous. Imaginez les programmes en cinquante ou cent points qui ne sont pas encore écrits !!! Sauf peut-être celui d'Edouard Philippe, mais c'est pour juin 2022 et pas avril 2022. La tête me tourne déjà, la fatigue démocratique commence à se faire sentir rien qu'à l'idée du RDC, le rallye des canards, dit on.

Tous ces politiciens, éprouvés ou stagiaires, évitent soigneusement les défis colossaux que nous allons affronter dans la décennie et celles qui la suivent. Qu'auraient-ils à dire de plus qui ne fâche pas et ne pèse pas sur la courbe du sondage ? Jusque ici, tous participent d’une rétrovision vers l’ancien monde avec les éléments de langage usés, les slogans éculés (attention à l'orthographe!) qui firent les succès de jadis : à fond la démagogie, il n'y a que ça qui plaise au peuple des veaux qui le mérite bien. Plus, toujours plus, nos gosses dussent-ils en crever !
Mélenchon refait la révolution de 1848 ; Jadot coincé sur sa gauche par l'hystérie de la déconstruction, essaie de planter sur son programme les pitons capables d'y accrocher la social-démocratie en perdition ; et si on plonge le bras très profond dans la jarre, on peut toucher F. Roussel du Parti communiste (si, si, en France), Montebourg qui termine son stage de troisième en entreprise, Dupont-Aignan, éternel cocu volé au coin du bois par toujours le même et dont le mouvement Debout Les Jeunes a plié bagages pour renforcer le même encore ! En dessous d'eux, collés au fond, les sociétaires de la Revolución o muerte qui mourront dans le lit de la CNAV. Arlette nous manque ! Dans le concert déconnant, une mention spéciale pour Gérard Larcher, vétérinaire réformé carrément lamentable, qui écoute Radio-Kaboul en cachette, pour se venger de qui ?
A l’évidence Eric Zemmour cherche à surplomber ce marais, mais ne me convainc pas. Il est le candidat mono-couloir d'une histoire de France un peu trop arrangée à ses goûts. Si d'aventure le débat s'élèvait au niveau pertinent, les obsessions de Cassandre ne pourraient suffire à emporter la décision :

Dérèglement climatique grave⓵, crise énergétique planétaire⓶, mise en tension géopolitique du monde entier⓷, migrations climatiques ou d'épuration⓸, endettement tragique de presque tous les pays⓹ (les prêteurs ne mourront pas tous) et plus spécifiquement : défi de la recherche quantique appliquée⓺ (un 1984 puissance 10), polémologie spatiale⓻, contrôle social planétaire⓼, guerre cybernétique⓽… Sur tout cela je n’entends rien d’Eric Zemmour. Ces sujets n’affectent pas les sondages ; serait-ce donc ça ? Sans doute y viendra-t-il plus tard… ou pas !
Non, je ne vous infligerai pas neufs paragraphes développés sur notre avenir sans futur, mais on peut utiliser les chiffres pour rédiger un commentaire. Chacun a compris ici que les vrais enjeux ne sont pas abordés par les compétiteurs de l'élection présidentielle. L'élection n'est qu'un rite. A Jupin les grenouilles demandent un roi qui les sauve de la grue actuelle ! Sera-ce un héron ou un saule pleureur ?


Z graffiti

jeudi 7 octobre 2021

Autopsie de l'Eglise de France

Pape François

Commandé il y a trois ans par la Conférence des Evêques de France, le Rapport Sauvé sert-il d'autopsie de la dite-Eglise ? Trois mille pédérastes ayant agressé trois cent mille jeunes sur une période de soixante-dix ans, les chiffres auront surpris même ceux qui connaissaient ou avaient entendu des choses. Surpris, mais à la réflexion pas vraiment ! Les clercs qui se sont abandonnés à leurs bas instincts baignaient dans le bouillon de culture (c'est bien le mot) d'une époque de pourrissage social qui est en train de se terminer. Ces détraqués étaient de petits jouisseurs, des insectes du vice, comparés aux grands pédérastes à l'antique que furent, en vrac, les Charles Trénet, Roger Peyrefitte, Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, Michel Pollac, Gabriel Matzneff, Renaud Camus ou encore Olivier Duhamel, qui tous battaient le haut du pavé, censeurs des mœurs à leur bénéfice. Evitons la liste complète pour ne pas occuper toute la bande passante. Le célibataire esseulé, fatigué du bréviaire et de l'Imitation, pouvait-il penser être un "monstre" dans cet environnement culturel ? Aurait-il aperçu par hasard des signaux faibles, venant des Etats-Unis, l'informant d'une débauche épiscopale d'enfer, du "paradis" scout, quand ce n'est pas le tapage nocturne des monsignori du Vatican qui à Rome faisaient de super partouzes gays ? Savoir relativiser ! Sauf le préjudice aux victimes qui, lui, ne peut l'être.

A peine sorti, le rapport a déclenché dans le microcosme médiatique la question du célibat des prêtres, comme si la solitude était mauvaise conseillère alors que le premier crime contre les enfants est l'inceste. Royal-Artillerie a traité du célibat des prêtres dans un article de 2018 motivé par une mise au point sévère de l'abbé Vallançon pour La Manche Libre, dans laquelle il dénonçait la communication catholique sur cette question délicate. Nous renvoyons nos lecteurs à cet article consultable ici. A n'en retenir qu'un court extrait, je choisirais celui-ci :
« La ruine de l’autorité morale de l’Église qui en résulte (ndlr: qui résulte du scandale) la détruit de l’intérieur : elle n’existe que pour être le témoin crédible de la révélation divine. Prêtres qui vivons au contact des gens, nous sommes atteints au cœur : si nous avons perdu leur confiance, notre ministère est impossible.»

Deux autres choses dont je n'entends pas parler :

La première est l'instrumentalisation du soupçon de pédérastie contre un clerc qui dérange son milieu. J'ai deux exemples, dont un vécu en direct. En l'an 2000, l'abbé Maurel du collège catholique de Mur-de-Barrez (Aveyron) fut traîné aux Assises sur des allégations de viol dans l'exercice de ses fonctions. Il cria à la cabale, la ville de Mur-de-Barrez se coupa en deux, et sous l'avalanche des témoignages, il fut condamné à dix ans. Sorti de la prison de Rodez en 2005 (il était en préventive depuis 1997), il se retira à Rodez-même où l'évêque le maintint dans son sacerdoce lui intimant juste de ne plus célébrer de messes publiques. On en tire la conclusion qu'on veut.
L'autre cas c'est celui du Père Arthur, un assomptioniste responsable d'une association La Pierre Blanche, attentive aux sans-papiers et autres malheureux attirés par la lumière et l'odeur du fricot. Il disait la messe chaque dimanche dans un bateau-église plein à craquer car il avait un don de tribun, un peu démagogue aussi, qui amassait les foules. Son aura poussa même le préfet de Versailles à venir à la messe dominicale pour le rencontrer. Tout ceci ne faisait pas les affaires de la paroisse diocésaine qui manquait cruellement de clients. Alors Versailles fut averti que certains soirs le dit-père, prêt pour la canonisation, se glissait dans le bateau des femmes amarré au sien (africaines la plupart) pour les consoler de leur solitude... Son Ordre réagit rapidement en lui proposant un poste de missionnaire à... Madagascar (et oui !) mais vu son âge (70 ans), on se contenta de l'exiler à... Lille où il s'occupa des bidonvilles Roms. C'est lui qui rendit son ruban de l'Ordre national du Mérite à Sarkozy. Insoupçonnable pour qui le connaissait, il subit quand même la loi de la calomnie.

La deuxième chose est la mutation de l'Eglise catholique. La nouvelle génération de prêtres vomit les dérives conciliaires de leurs aînés qui avaient transformé leurs églises en music hall, abandonnant l'eschatologie ennuyeuse pour le charity bizness, la promiscuité des arts dans le vent et le sécularisme. La moitié des prêtres des Pyrénées atlantiques étaient en ménage il y a vingt ans ! Ce n'est plus la même église maintenant, elle ne continue pas l'ancienne et c'est bien de cela dont prend acte le motu proprio Traditionis Custodes du pape François qui bloque toute résurgence du rite pré-paulien pour la célébration de la messe, alors que c'est bien de ce bord que se joue la remontada de l'audience ! Après la trahison de l'Eglise cachée de Chine populaire, ce nouveau pas de clerc qui prend à revers une évolution salutaire, déconsidère complètement la parole papale. Il proclame aujourd'hui sa honte devant les résultats catastrophiques du rapport Sauvé, surjouant sa désespération, alors qu'il a pris beaucoup de temps à mettre au pas l'Eglise catholique américaine, certes première contributrice au budget du Saint-Siège.

What next ? Je n'en sais rien, mais la repentance des évêques français (qui ne découvrent rien, j'en suis sûr) risque de ne pas suffire cette fois à sauver les aumôneries, patronages, camps scouts et colonies de vacances. C'est certainement très injuste pour tous les prêtres qui se dévouent à la jeunesse sans compter, mais les épiscopes ont maintenu trop longtemps le scandale sous le boisseau pour qu'il n'y ait pas de répercussions. Qu'en dit Mgr Barbarin qui des trois singes fit le sourd en son diocèse de Lyon ?



Improperia à la Chapelle Sixtine

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