vendredi 31 décembre 2021

Perles de jazz

« Né à Yale (Oklahoma) le 23 décembre 1929, fils d'un banjoïste amateur, Chet Baker reçoit une formation musicale dans l'orchestre de son établissement scolaire. Il se produit dans des orchestres de danse et, engagé dans l'armée en 1946, joue dans le 298e Army Band en Europe et découvre le jazz moderne à la radio. Il rempile en 1950, entre dans le Presidio Army Band mais est réformé pour raisons psychiatriques après une désertion d'un mois. De retour à Los Angeles en 1952, il joue et enregistre avec Charlie Bird Parker et rencontre Mulligan. Le solo de Chet Baker dans My Funny Valentine du 2 septembre 1952 fait immédiatement de lui une vedette (il se classera un moment dans les référendums devant Miles Davis et Dizzy Gillespie). On décèle déjà l'incomparable délicatesse de son art, la pureté de son timbre, la finesse de son discours. Il forme ensuite un quartette avec le pianiste Russ Freeman, enregistre sous son nom et se manifeste en qualité de chanteur pour la première fois en février 1955, quelques mois avant son départ pour l'Europe. Au cours de cette longue tournée, il enregistre à Paris une série de chefs-d'œuvre avec des musiciens européens et français dont les pianistes René Urtreger et Raymond Fol (Chet Baker in Paris). De retour aux États-Unis en mars 1956, il enregistre beaucoup en compagnie, notamment, de partenaires tels que les saxophonistes Lee Konitz, Art Pepper, Bud Shank, Phil Urso, le pianiste Bill Evans, mais ses activités sont souvent interrompues par des arrestations pour usage de stupéfiants. Il séjourne en Europe pendant quelques années, de 1959 à 1964, tourne et enregistre, fait de la prison en Italie et en Allemagne d'où il est expulsé vers New York. Après son passage au festival de Newport, aux côtés du saxophoniste Stan Getz et de la chanteuse Astrud Gilberto, engagements en clubs et enregistrements se font plus rares. Chet Baker essaie de décrocher de la drogue mais, victime d'une agression à San Francisco en 1968, il a la mâchoire fracturée et perd de nombreuses dents. Au cours du silence de trois ans qui s'ensuit, désintoxiqué, il réapprend à jouer tout en travaillant dans une station-service et refait progressivement surface à partir de 1973 grâce au soutien de son confrère Dizzy Gillespie qui lui trouve quelques engagements, notamment au Half Note de New York (novembre 1973); il enregistre avec les saxophonistes Phil Woods et Lee Konitz et en grand orchestre avec cordes pour le label CTI (She was too Good to Me). Si la sonorité a pris quelque ampleur, son jeu conserve autant d'intensité, de gravité dans l'émotion distillée en de longues phrases d'une grande richesse mélodique d'où sont exclues tous les effets qu'affectionnent généralement les trompettistes. Chanteur, il transforme les ballades en confidences retenues d'une voix douce, éthérée, à l'émission minimale, sorte de prolongement vocal de son jeu à la trompette ou au bugle (The Touch of your Lips, 1979, Steeple-Chase). On évoque alors une désespérance résignée, la fêlure et l'envers du paradis exprimés dans l'œuvre de Francis Scott Fitzgerald, d'autant que Chet a renoué avec ses vieux démons. Revenu en Europe, il se produit en compagnie de nombreux musiciens dont les fidèles Philip Catherine (guitare), Michel Graillier (piano), le contrebassiste Ricardo del Fra (le disque Mr. B. de mai 1983); les enregistrements se succèdent au cours d'incessants voyages. Il joue pour la dernière fois à Paris, au New Morning le 14 mars 1988, en compagnie du saxophoniste Archie Shepp (le disque Archie Shepp-Chet Baker Quintet, In Memory Of). Un mois plus tard, il fait une chute mortelle de la fenêtre de sa chambre, au deuxième étage d'un hôtel d'Amsterdam (Pays-Bas).» C'était le 13 mai 1988.

 



Bonne Saint-Sylvestre !



Rye coktail

jeudi 30 décembre 2021

Le râle afghan

De tous côtés montent les malédictions qu'adressent aux Occidentaux les rationnaires de la conscience universelle. La disette afghane tourne à la famine ; l'incurie des barbares au front de taureau qui ont repris pied à Kaboul et dans les capitales régionales empêche de nourrir une population en grand danger depuis qu'on a détruit ses moyens de subsistance et le tissu économique du pays.

Route de Kandahar

On savait Allah absent de ces séquences de malheur, on savait les Talibans incapables d'autre chose que de se battre contre tout ce qui n'est pas eux ! On sait aujourd'hui qu'ils prennent en otage tout un peuple pour attendrir les cœurs d'occident et faire débonder les subsides internationaux qu'ils sauront "gérer".

Vingt ans d'occupation furent vingt ans de progrès, quoiqu'en disent certains laboratoires d'analyses géopolitiques qui nous sont systématiquement hostiles. Tous les témoignages concordent pour une fois. Avant sa submersion par la crasse islamiste, le pays, certes abonné aux agences de développement, arrivait à joindre les deux bouts et les gens mangeaient, se vêtaient, étudiaient, travaillaient. Il y avait un "projet". Il n'y a plus de projet, que la misère déjà et la mort derrière !

L'affaire va-t-elle être portée devant le Conseil de Sécurité des Nations-Unies ? Il serait temps que les deux membres permanents ayant ouvert des relations amicales avec l'Emirat islamique d'Afghanistan dévoilent maintenant la position des trains de vivres russes et chinois qui se dirigent vers Kaboul. Sans doute aussi que l'Organisation de Coopération Islamique qui s'est réunie à Islamabad le 20 décembre, saura mettre un peu de coercition dans son programme d'incitations pacifiques ? Finalement non. Les participants se sont séparés sur un accord de mobilisation des finances internationales qui évitera à chacun d'en mettre un peu plus de sa poche. Peut-être devrions-nous passer par les idiots utiles Fillon, Mélenchon, Depardieu et les sino-béats décorés comme JP. Raffarin, pour débloquer les convois humanitaires stoppés aux postes frontières ? Parce que nul ne doute que les empires émergents ont déjà déstocké le blé dont leurs clients ont aujourd'hui besoin !!!

rue de Kaboul en 1970
Jours tranquilles à Kaboul dans les années 70

mercredi 29 décembre 2021

Génies

Dans la forêt des produits dérivés de la série Star Wars émergent des pépites comme cette boîte à musique ultra-sophistiquée "MusicMachine 3" de marque suisse Reuge, créée par la firme MB&F (Maximilian Büsser and Friends). C'est un chasseur prototype TIE Avancé V1 produit par l'arsenal Sienar Fleet Systems, utilisé par les Inquisiteurs de l'Empire durant la Guerre civile galactique.
Avec seulement 9m20 de long, le prototype TIE V1 est plus petit que le TIE X1 de Dark Vador (11m05) ; il dispose d'un hyperdrive un peu différent de classe 4.5, et d'ailes courbes qui peuvent se rétracter une fois le vaisseau posé. Propulsé par des moteurs à ions jumeaux pouvant atteindre 1600 km/h contre 1200km/h pour le X1, le TIE Avancé V1 est armé de deux canons laser et d'un lance-missiles. Contrairement aux chasseurs TIE classiques, l'extérieur des ailes du V1 sert de bouclier avec un alliage renforcé au lieu des traditionnels panneaux solaires.
Approvisionnez ! Armez !

En 2015, la MM3 de MB&F/Reuge valait 18500 dollars des Etats-Unis, soit 3.08$ le gramme. Limitée à trois finitions de 33 unités chacune, on n'imagine pas le prix actuel.

 




Oeil de minion

dimanche 26 décembre 2021

Marguerite d'Anjou en charité

 

Marguerite d'Anjou

C'est du vol ! Carrément ! Marguerite d'Anjou en beauté pour finir l'année, avec deux poses d'Antonio Terrón et un reportage de Silvia Castillo sur sa participation au Solidarity Xmas Tree organisé par des marques de luxe comme Cartier, Chaumet, Chopard, Chanel, IWC Schaffhausen, Loewe (bagagerie) ou Sisley (parfumeurs) au bénéfice de la Fundación Banco de Alimentos de Madrid et de l'Asociación Norte Joven ; le tout avec une vidéo de la séance de pose qui nous laisse découvrir le sourire désarmant de notre duchesse adorée. L'ensemble est copyrighté chez ¡Hola!. Ne le dites pas !

Marguerite d'Anjou



[1999°]

vendredi 24 décembre 2021

Noël Noël !

crèche de Noel

Au-delà de la Nativité qui occupait la messe de minuit et faisait chanter les anges dans nos campagnes, Noël était une fête considérable pour les petits et les grands (nostalgie). Comme on n'offrait jadis de cadeaux que deux fois par an, pour l'anniversaire de chacun et pour la Noël, l'attente et la surprise étaient des évènements qui marquaient les mémoires. Aujourd'hui, le cadeau est un simple clic ! Amazon fait le reste.
Chez les grands, la coutume du Midi voulait qu'à la Noël on solde les comptes. Les artisans éditaient leurs factures qui se réglaient rubis sur l'ongle, et on remettait leurs dettes aux indigents. Mais rien n'était plus formidable que le réveillon de Noël sur une table décorée. C'est tout ce qu'il en reste aujourd'hui. La bouffe et un sapin qui clignote, quoique rien ne puisse valoir les christmas anglais !


Pastres, pastretas, desrevelhatz vos, pecaire, pastres, pastretas, desrevelhatz vos !
Que vòstra maire, a besonh de vos, pecaire, que vòstra maire a besonh de vos.
Dins un estable prèp de Betelèm, pecaire, dins un estable prèp de Betelèm,
S'es acochada sus un pauc de fen, pecaire, s'es acochada sus un pauc de fen.
Los pastres venon, ambe sos anhèls, pecaire, los pastres venon, ambe sos anhèls,
A l'enfant Jèsu, òfron lo plus bèl, pecaire, a l'enfant Jèsu, òfron lo plus bèl.
Los mages venon, ambe sos tresòrs, pecaire, los mages venon, ambe sos tresòrs,
Li òfron la mirra, l'encens amai l'òr pecaire, li òfron la mirra, l'encens amai l'òr.
Ieu que siái paure, que n'ai pas lo sòu, pecaire, ieu que siái paure, que n'ai pas lo sòu,
Li ofri mon arma, ambe tot mon còr, pecaire, li ofri mon arma, ambe tot mon còr.


agneau tapisserie


Pour marquer la soirée, quoi de mieux qu'un conte de Noël venu de la forêt.

La Maison qui bouge d'Agnès Bertron
(version conjugée)

Pépé Coulou, l'ami des petites bêtes de la forêt, mourut. Sa maison, vidée de ses meubles par les voisins et le reste par les chemineaux, fut abandonnée en haut de la colline.
Alors, un matin d'automne, par une fenêtre entrouverte, oiseaux, écureuils, lapins et souris s'y installèrent pour passer l'hiver. Nombreux sans doute, chacun trouva sa place. Les oiseaux prirent la chambre du haut, les lapins s'étalèrent au salon, les écureuils envahirent la cuisine, les souris se glissèrent dans les coins, au grenier, et sous le plancher.
Ensuite, chacun s'organisa : les oiseaux répétèrent de grands airs pour animer les veillées. Les lapins firent des réserves de bois pour la cheminée. Les écureuils remplirent de fruits tous les placards et toutes les casseroles de la cuisine et on nomma les souris "gardiennes du logis".
Quand la neige arriva, les animaux étaient à l'abri et sans souci.

Mais un jour, une belle dame vint visiter la maison pour l'acheter.
Les souris donnèrent l'alerte.
Les animaux ne voulaient pas être chassés, et retourner se geler dans la forêt. Alors ils eurent une idée.
Chacun se cacha, se mit en place.
Et quand la dame entra, aussitôt la maison se mit à bouger.
Le plancher se mit à grincer, le toit à danser, les portes se mirent à claquer et les murs tremblèrent.
Quelle agitation du sol au plafond !
La belle dame eut une peur bleue. Elle s'enfuit en criant :
- Non merci, pas question !
Les animaux quittèrent leurs cachettes. Ils rirent à s'étrangler du bon tour qu'ils venaient de jouer.
Chaque fois que quelqu'un vint visiter la maison, les animaux rejouèrent leur comédie.
Partout on dit alors que la-maison-qui-bouge était hantée, et plus personne ne voulut y habiter.

Un soir de décembre où le vent soufflait et où la neige tombait sans arrêt, Léon, un vagabond, poussa la porte de la maison.
Epuisé de froid et de faim, il s'écroula sur le plancher.
Les animaux commencèrent leur numéro. La maison bougea comme il faut, mais Léon n'en fut pas du tout effrayé : parce qu'il ronflait si profondément qu'il ne sentit pas la maison bouger.
Pas moyen de le réveiller.
Les souris étaient intriguées. Elles approchèrent en catimini. Puis les écureuils, les oiseaux et les lapins aussi.
Ils entourèrent le vagabond. Les lapins virent qu'il avait froid avec ses habits troués. Alors ils se serrèrent contre lui pour le réchauffer de leur fourrure. Les écureuils virent, à ses joues creuses, qu'il n'avait rien mangé. Vite, ils préparèrent un repas de fruits secs.
On fit une flambée dans la cheminée. Les souris mirent le couvert et les oiseaux répétèrent un concert.

Petit à petit, Léon se réchauffa. Ses joues redevinrent roses.
Il ouvrit les yeux. Il ne comprenait pas. Il se croyait dans un rêve.
Mais les oiseaux chantèrent et les lapins le conduisirent par la manche jusqu'à la cheminée. Les écureuils et les souris servirent le dîner.
Alors Léon vit qu'il ne rêvait pas.
C'était Noël, cette nuit-là.
Dans la maison qui bouge, aussi, ce fut Noël, cette nuit-là, pour des animaux amis et pour Léon le vagabond.
Noël, Noël, les oiseaux, les écureuils, les lapins et les souris comprirent alors que si Léon pleurait un peu, c'est qu'il était heureux.

vieille maison en forêt


*** JOYEUX NOËL***



[1995°]

lundi 20 décembre 2021

Yule avant Noël

Exaltation de Yule

C'est un conte attesté par Les Miracles de saint Amans de Rodez en Rouergue qui narre la colère du premier évêque sur le piton à devoir supporter à date fixe les libations et autres orgies des abominables Rutènes, en un endroit sacré dédié à la déesse de l'amour, Ruth, sous vos applaudissements. A la rivière Awaar qui contourne les levées naturelles du pays et l'oppidum, il était une fois un pont de madriers desservant l'ancienne voie romaine de Flavin (raccordée à la Route des Rutènes vers Millau), amorcée dans la pente d'une grande châtaigneraie où trônait depuis toujours la statue païenne. Les blonds Rutènes, qui ne coupaient pas leur vin à la romaine mais le buvaient pur, avaient coutume d'y célébrer les fêtes agraires et solsticiennes aux flambeaux, après lesquelles la forêt propice au recueillement abritait les ébats coupables de couples mariés mais pas ensemble, au grand dam de la castration mystique qui ambitionnait d'asservir leurs âmes. Il n'est pas sûr que les saturnales débridées de l'Empire occupant n'aient pas réveillé un fonds plus ancien de réjouissances chez le peuple paillard.

Amans dont on a perdu les origines mais pas l'extraordinaire challenge d'évangéliser pareilles bêtes, descendit au pont par un soir de tonnerre et, menaçant l'idole de la crosse épiscopale, dirigea la foudre en plein sur la statue ! Elle fut brisée en deux parties. Les clercs prirent le chef comme trophée, les Rutènes hébétés par l'impact versèrent le tronc à la rivière qui était là profonde. On était au quatrième siècle de notre ère. La tête de grès fut conservée à l'évêché jusqu'au XVIè siècle quand, à la construction de la tour nord-occidentale de la cathédrale, on décida de l'incruster dans une niche du mur, assez haute quand même pour éviter les offrandes à l'idole vaincue. La pluie a érodé le grès mais elle y est toujours.

Le lieu-dit du miracle s'appelle "Layoule", ce que d'aucuns savants traduisent par "le lieu de l'idole". Il est peu probable que le toponyme désigne la fête nordique Yule, quoiqu'on soupçonne cette race capude d'être venue de la Bavière actuelle à l'âge du fer, emportant dans ses chariots ses idoles et son calendrier. Notons que le diocèse des Rutènes (Diœcesis Ruthenensis) et toutes les commanderies, domeries, abbayes du territoire entre Tarn et Truyère ont toujours appartenu au Nord, l'évêque répondant jadis à la province de Bourges. Quoique finalement et tout bien considéré, de Yule, La Youle, ça le fait, non ?

pont de Layoule
Au lieu du crime !


[1991°]

samedi 18 décembre 2021

Le sur-bluff russe

char russe T-90

Les chancelleries occidentales sont perplexes après la publication par Moscou des exigences russes adressées au bloc de l'Ouest, préalables non-négociables à une désescalade des tensions à la frontière russo-ukrainienne. Nous résumons ces exigences :

Il y a deux destinataires distincts, les Etats-Unis et l'OTAN. Aux Etats-Unis le Kremlin demande d'exclure à l'avenir toute expansion orientale¹ de l'OTAN et la garantie qu'aucun pays de l'ancienne Union soviétique² ne sera accepté désormais au sein de l'Alliance. Aux Etats membres de l'OTAN, il est demandé de s'engager formellement à n'accepter aucun nouvel Etat dans l'Alliance, que ce soit l'Ukraine ou tout autre. Dans les deux documents, il est exigé une démilitarisation de toute la sphère d'influence soviétique existant en Europe avant mai 1997, le fameux glacis occidental. Aux yeux des Russes, cette demande aux pays membres, redoublant celle aux Etats-Unis, agit comme une réassurance au cas où un futur locataire de la Maison Blanche reviendrait sur l'accord. Pour le ministère des Affaires étrangères de Russie, le deal est bloqué, il n'est pas à la carte, c'est le texte russe ou rien (voir la note 3 en pied d'article).

Tant au Département d'Etat qu'au Foreign Office, ces exigences sont jugées inacceptables et, à la limite, bidons ; pour la simple raison que ce genre de revendications se négocient à l'abri des médiats, dans le secret des salons aux portes capitonnés. Mais ce qui les inquiète surtout, c'est que cette démarche inacceptable - et les Russes le savent - ne soit qu'un prétexte pour rameuter l'opinion intérieure en soutien d'une guerre que Vladimir Poutine déclencherait au cœur de l'hiver, afin de sauver la vieille patrie menacée de mort par le refus catégorique des Occidentaux de se tenir à distance. Il pourrait même invoquer le caractère préventif de cette nouvelle guerre à l'Ukraine pour apaiser les craintes des babouchkas de voir le sang des fils couler pour rien.

Ce qui dérange le Renseignement occidental est que la concentration de moyens militaires russes à proximité immédiate de la frontière ukrainienne se fait au vu et su de tout le monde, comme si cette manœuvre d'ampleur participait du bluff global ou, a contrario, d'un sur-bluff dans le bluff. Poutine va-t-il attaquer vraiment après avoir bluffé ? Il veut en donner toutes les apparences. Le mobile d'une otanisation prochaine de l'Ukraine tiendra-t-il ? Pour l'opinion russe sans doute, pour toutes les autres sans doute pas. Une raison très simple : l'OTAN n'incorpore pas d'Etat en guerre ouverte ou larvée avec un voisin, pour ne pas être instrumentalisée par le pays candidat (c'est le cas de Chypre et de certains Etats balkaniques). L'entrée de l'Ukraine, mais de la Géorgie tout autant, est carrément impossible. Et M. Poutine le sait, puisque une mission russe a participé à tous les travaux de l'Alliance au quartier général de Bruxelles-Haren dans le cadre d'un Conseil OTAN-Russie (COR), de 2002 à 2014.

Les réponses directes de Jens Stoltenberg, refusant de bloquer par principe aucun pays dans le futur, servent à affirmer la souveraineté pleine et entière des nations visées que ni la Russie ni aucun autre pays ne peut commander de l'extérieur. Reste à savoir la raison profonde de tout ce cirque.
- Poutine a-t-il besoin d'une guerre sur sa frontière sud ? Le front intérieur semble tenir par l'écrasement de toute opposition et l'assassinat des dissidents.
- Qu'est-il besoin de rapporter des soldats en sac depuis la frontière ?
- Les républiques-croupions du Donbass ont-elles besoin d'une guerre pour aller plus mal ?
- La péninsule de Crimée est-elle menacée par quelqu'un, surtout qu'elle est passée par pertes et profits dans toutes les chancelleries occidentales ?
- Le petit colonel du KGB (1m67) au soir de sa carrière veut-il tout simplement se payer une belle guerre à lui, montrant au monde stupéfait la résurrection de la défunte Armée rouge ?

Dernière hypothèse, l'endogamie offensive : à force de se pousser du col, de débiter en continu mensonges et provocations, de discuter entre soi, de se faire un film entre courtisans et apparatchiks, le pouvoir au Kremlin pourrait aussi se monter le bourrichon jusqu'à attaquer son voisin, se croyant un matin acculés à la guerre par un complot occidental né dans leurs cerveaux addictés à la force brute, complot facile à fabriquer, en plus pour des pros.

Ma langue au chat !



(1) Les pays "orientaux" non-OTAN susceptibles d'entrer dans l'Alliance sont la Suède, la Finlande, l'Autriche et la Serbie.
(2) Les anciens pays soviétiques "interdits" sont, outre l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et l'Ossétie du Sud, l'Arménie, l'Azerbaidjan, la Biélorussie voire la Transnistrie, sans aller jusqu'en Asie centrale en zone turcique
(3) Mise au point du ministère russe des AE :
Both texts are not formulated as a menu, where it is possible to pick and choose, they reinforce one another and must be evaluated in their totality. Various aspects of the alarming situation in Europe, the Euro-atlantic, and Eurasia are covered in of themselves. We regard as important this integrated, comprehensive approach to problems in the sphere of security and the integrated, comprehensive nature of the security guarantees to the Russian Federation must be preserved (Sergei Ryabkov).


[1998°]

vendredi 17 décembre 2021

Le croquemort tropical

Comme nous le supposions dans notre rubrique nécrologique, la Gauche est à la rue. C'est sûr ! La dernière pitrerie de l'ancienne Garde des Sceaux qui devance l'appel à primaire et "envisage" sa candidature à la présidence de la République française pour la mi-janvier, nous le prouve. Si, si ! Quoiqu'elle puisse revendiquer un curriculum vitae enviable et une bonne formation universitaire, elle n'a jamais percé en métropole hors des couloirs dorés parce qu'elle ne répond pas aux soucis réels des Français et ramène sur le tapis des causes exogènes qui ne les intéressent pas. Le mariage de quelques homosexuels entre eux, la commémoration de l'esclavage où aucun Français vivant aujourd'hui n'a jamais trempé, la réforme pénale compassionnelle alors que l'insécurité n'est plus un "sentiment", ses thèmes n'ont jamais intéressé les gens. Son successeur à la chancellerie évoquera pour sa part une "justice sinistrée"; ce qui ne la privera d'aucune fierté.
Elle se présente aujourd'hui comme la vestale que le temple attend. Comme en 2002 ? En se présentant au titre du parti croupion des Radicaux de gauche, elle fit trébucher Lionel Jospin de 2,32% laissant le favori trotskyste sur le carreau pour la plus grande gloire de Jean-Marie Le Pen qui la vomissait ! Réveillée après six ans de léthargie politique, la belle au bois dormant fait toujours 2% dans les enquêtes d'opinion, mais sent vibrer en elle la mission de sauver la France et la Gauche d'abord. Son clip de proto-candidate (clic), passant le projecteur sur toutes les clientèles, fait tourner la noria des valeurs de gauche dans les mots-valises habituels, les mêmes que brandit d'ailleurs Anne Hidalgo sans succès. Elle-même est à 3%, sans doute à 2,5 aux fêtes de fin d'année.

Christiane Taubira

Yves Yannick Jadot, qui se bat comme un beau diable pour décoller de la vase répandue sous ses pieds par sa co-listière imposée, la catastrophique Sandrine Rousseau, ne décolère pas d'entendre l'annonce faite à Christiane par les voix de Domrémy. Jean-Luc Mélenchon ne l'a pas encore insultée, mais s'est contenté de l'envoyer jouer avec sa pelle et son seau dans le petit bac à sable socialiste pour lui foutre la paix. Des instituts, peu nombreux certes, le donnent à 11 et 12%, il y croit. Le communiste Roussel, qui est lui-aussi à 2%, ne voit pas à quel titre il retirerait sa candidature pour faire de la place à la Guyanaise. Seul Arnaud Montebourg, qui semble n'avoir rien compris au film, reste ouvert à toute proposition ; il est vrai que c'est à n'y rien comprendre finalement. A moins que ! A moins que la minorité agissant dans l'orbite woke ne diffuse en continu l'avantage que nous aurions à élire une noire et femme de surcroît. Tout est possible dans ce pays, et même que Mme Taubira rentre dans ses frais.

A moins que bis, au mois de janvier, des caciques socialistes touchés dans leur gloire d'éléphant ne reprennent les dés pour les confisquer et lancent la candidature de l'un d'entre eux au nez et à la barbe des instances du parti mourant de M. Faure. Un nom pareil et finir aux chiottes ! On devine ceux qui ont déjà gouverné le pays et ne sont pas passés encore dans le camp du Gamin. Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis, Bernard Cazeneuve, Vincent Peillon, Ségolène Royal, Stéphane Le Foll et pourquoi pas Carole Delga qui a plus de pêche que la mégère Hidalgo. Le piéton ne comprend d'ailleurs toujours pas comment fut élue cette gourde, menacée par Bercy pour sa gestion opaque et dispendieuse de la ville de Paris, classée partout "ville sale" et encombrée de trafic automobile, avec des points officiels de deal de crack, la totale !

Je ne sais qui, ce mois-ci, a sorti du chapeau Christiane Taubira ; sans doute au PS, un ami qui lui veut du bien, en vue de futures obsèques.

[1997]

mardi 14 décembre 2021

Macron l'Européen

MM. Macron et Orban

Avec la visite d'Emmanuel Macron à Budapest hier chez Viktor Orban, la PFUE (ça ne se prononce pas sinon ça fait pfffuuu...) est lancée. Le 9 décembre dernier le président a présenté le grand catalogue des actions européennes de la France à la barre, il va enfin revêtir la toge écarlate de César, la couronne fermée de Charlemagne ou le bicorne de Napoléon, au choix, et il tutoie déjà le pape qui n'est pas son cousin.

Si l'on devine à peu près bien le contour des interventions françaises dont la mutualisation de la dette est la fréquence porteuse, on ne voit pas dans ces présentations la France réparer l'Union européenne ni dans son travers technocratique que va renforcer le fédéralisme allemand, ni dans son affirmation campée face aux défis très dangereux qu'elle affronte au sein du camp occidental. Parler de "souveraineté européenne" est ajouter un sous-ensemble flou à tous les autres. L'Europe liquide dont l'horizon recule à mesure qu'on avance va rester à l'état de chimère jusqu'à ce que sa viabilité même soit mise en cause.

M. Macron va prendre les dossiers, les augmentera et les reclassera autrement, mais le cadre général institutionnel sera laissé en l'état, déliquescent et sans but. En fait non ! Il y en a un, celui de la bureaucratie bruxelloise qui est de fédérer l'Union pour accroître, s'il en était encore besoin, son pouvoir technocratique. On parle de nouvelles dévolutions dans des secteurs émotionnellement sensibles comme la santé, l'énergie propre ou même les semi-conducteurs. Homogénéiser les sociétés nationales pour atteindre à l'hégémonie, semble être l'objectif des dirigeants européistes. MM. Macron et Scholz donnent, chacun à sa manière, l'illusion d'une superposition des cibles mais le fédéralisme de l'un et de l'autre n'est pas identique. Si la France cherche à noyer sa gabegie dans une société de secours mutuel, l'Allemagne vise à lisser les aspérités économiques et financières des pays de l'Europe sérieuse, la seule qui lui importe, pour fluidifier les sous-traitances du commerce inter-industriel ; l'Europe rieuse n'étant qu'un assemblage des marchés de proximité pour son industrie exportatrice.

Face à eux-deux, l'Europe orientale libérée du joug soviétique qui ne compte pas en subir un autre. Elle est carrément contre l'entropie réglementaire des institutions européennes et veut conserver son libre-arbitre, quoi que ces pays aient signé jadis pour entrer dans la Communauté européenne de peur que ne revienne le Béhémot russe. C'est d'ailleurs cette peur qui les a jetés dans les bras de l'OTAN. Ces pays ne sont pas seuls. Deux pays occidentaux au moins suivent de près leurs réticences et les expriment quand on le leur demande, ce sont les royaumes de Danemark et des Pays-Bas. Le premier dispose de dispenses opt-out à l'anglaise ; le second a voté "non" à la constitution Giscard de 2005. Ces pays sont mûrs pour une "Confédération européenne" laissant aux nations la responsabilité de tous les domaines qui s'avèrent mieux gérés au plan national qu'au niveau fédéral. A l'inverse et depuis le départ du Royaume-Uni, ils craignent l'expression concrète d'une volonté de puissance européenne qui, le croient-ils, serait captée par la France en protection de ses intérêts propres (usines d'armement, bases africaines) au prétexte d'une défense européenne que personne ne sait décrire de la même façon. Tiens, la Finlande neutre vient de choisir des F-35 ! Les Cabris du général sont pour l'instant plus nombreux que les confédérés, mais ceux-ci sont au front, ce qui leur donne un levier puissant à porter leurs revendications dans les bureaux de Berlaymont.

Que va faire M. Macron devant leur détermination qui ne faiblit pas ? Incanter sur les "valeurs" ? Menacer les subsides ? Provoquer des jugements ? Ou va-t-il gentiment se coucher dans l'attente du résultat du second tour de la présidentielle le 24 avril, pour ne pas perdre en chemin les alouettes du souverainisme ?

Comme sur la défense européenne qui serait le moment de gloire du quinquennat, il est probable que l'Allemagne d'Olaf Scholz lui demandera de lever le pied en attendant la fin de son petit mandat de six mois (quatre ?), l'Europe sérieuse se chargeant du dossier de la rebellion de Visegrad pour le traiter en considération des intérêts économiques spécifiques, les grandes idées pouvant attendre. Et nul ne troquera le parapluie nucléaire américain contre des engagements fermes des Français : Munich-1938 est dans toutes les mémoires de l'Est. Macron n'a pas de convictions, disaient ses concurrents en 2017 ; il est le vide et le néant, assène Zemmour depuis son pupitre de Villepinte ; je crois qu'on va s'en rendre compte à le voir s'ensabler dans les difficultés qu'une logorrhée sans aucune prise sur elles, ne pourra masquer. Mark Rutte (NL) est près de ses sous, et la plupart des autres aussi, qui ne vont pas ensemencer le champ des illusions françaises de leur bel et bon argent. En l'état de dégradation de notre Etat total, nous ne pouvons avoir aucune crédibilité à demander que changent les choses. Les gérer entre les gnomes de Bruxelles et les gnomes de l'Elysée sera déjà un exploit. Aussi minime soit-il, s'en drapper sera utile pour les législatives du 12 juin 2022. Mais nous aurons raté la fenêtre d'opportunité de rebâtir en dur une Europe des nations qui est la seule qui vaille.

Plus sur Royal-Artillerie : L'Europe nouvelle est arrivée ?


[1996°]

dimanche 12 décembre 2021

Mort de la Gauche ?

Dans la campagne électorale pour la présidentielle de 2022, le "bloc" des gauches peinerait à cumuler un quart des votants, ce qui ne le prive pas de cultiver un fractionnisme de bon aloi puisqu'ils sont sept candidats* à s'en réclamer, comme les Sept Nains.

Anne Hidalgo
La figure de proue de l'escadre, qui se prend pour une sirène, s'est laissé dire par les instituts qu'elle ne rentrerait pas dans ses frais. Enfin, son parti irait à fonds perdus à la bataille ! Le bureau national du Parti socialiste est aux cent coups parce que l'hémorragie de militants cotisants ne lui laisse aucun espace pour manœuvrer et que le score lamentable annoncé en prédit un bien pire, celui des législatives à suivre au mois de juin, qui déterminent les subsides publics auxquels les partis politiques ont droit au prorata des voix obtenues au-dessus d'un certain seuil puis au nombre d'élus (loi du 11 mars 1988).

Réclamer l'union de la gauche plurielle quand on est au seuil de la banqueroute frise le ridicule qui, par chance, chez nous ne tue pas ! La plus mauvaise candidate possible, élue à la primaire socialiste contre Stéphane Le Foll, nous indique la mort cérébrale de ce parti historique envasé dans le néant de sa réflexion. Il aurait dû suffire d'entendre la maire de Paris ânonner les banalités socialistes de toujours (hi han !) pour se convaincre de l'inanité de ce choix. Mais non, le mystère des couloirs est plus épais que jamais. Ils doivent être vraiment à la rue pour choisir comme candidate une femme politique ayant conquis une municipalité sur le tapis vert du troisième tour sans gagner aucun arrondissement ! Ils avaient un type bien, sérieux et propre en toutes circonstances qui aurait provoqué pas mal d'urticaire à ses concurrents, Bernard Cazeneuve. Le Foll était pour sa part un battant avec l'entregent nécessaire dans cet exercice. Mais non, la chèvre andalouse et ses mignons l'ont emporté. Il faut être du sérail pour comprendre.
* Les comptes agrégés Datapolitics du 11/12/21 donnent : JL Mélenchon (LFi) 9.18%, Y. Jadot (EELV) 6.86%, A. Hidalgo (PS) 5.07%, A. Montebourg (Remontada) 1.84%, F. Roussel (PCF) 2.08% : Sigma hors NPA,LO = 25.03% (source - il y a d'autres agrégateurs)


On voit fleurir sur la Toile de longues analyses sur ce surprenant déclin dont la meilleure, à mon avis, est celle de Gérard Grunberg dans Telos. A sa question-titre, du PS ou de la gauche qui est le mort ?, je répondrais sans hésiter le parti de M. Faure. Et c'est amplement mérité ! La culture délétère des "courants" a ruiné toute solidarité entre le groupe parlementaire et l'exécutif sous le mandat Hollande et l'irruption en 2017 d'un candidat psychologiquement retardé qu'était et demeure Benoît Hamon, actait l'infarctus politique de la non-représentation du président sortant sur lequel ce parti s'était acharné pendant cinq ans. Sans avoir la soi-disant culture du chef, un parti ayant porté les siens aux plus hautes fonctions de l'Etat ne fronde pas. Certes M. Hollande fut malhabile en toutes choses, obsédé par ses premiers ministres et par sa page d'histoire qu'il écrivait avec tant de ratures (le livre de Davet & Lhomme est terrible), mais les socialistes auraient dû respecter la fonction et l'esprit de la Constitution de la Cinquième en se gardant bien de lui faire barrage. Ils l'ont abattu, ils ont chu avec lui, ouvrant un boulevard à Emmanuel Macron, qui les a rachetés un par un et pas cher et pas tous.

La Gauche ne disparaitra pas pour autant. Elle a de nombreux élus aux étages territoriaux et les valeurs revendiquées de gauche se vendent encore bien dans le secteur public et parmi les classes assistées. Tout simplement, les "gens" ne veulent plus de ceux-là même qui s'en réclament, les jugeant menteurs, médiocres, sournois, douteux dans leurs mœurs privées et outrageusement prévaricateurs quand ils eurent tout loisir de mettre l'Etat en coupe réglée à leur avantage. En fait le corps électoral se secoue pour ôter de son dos les puces socialistes qui le sucent. Ce sont des parasites qui aussi loin qu'on remonte, n'ont rien réussi et toujours lesté le pays de leur générosité à compte d'autrui. Exeunt ! Amen !

[1994]

vendredi 10 décembre 2021

Paris-Berlin, un vieux couple fatigué !

 

Kanzler Olaf Scholz

Ceux qui on suivi la conférence de presse d'Olaf Scholz et d'Ursula von der Leyen à Bruxelles ce vendredi ont compris s'il en était besoin où se situe le barycentre européen. Le tour d'horizon des défis qu'affronte l'Union fut complet, ne laissant dans l'ombre aucune menace ou tentative hégémonique comme celles venues de l'est. Le chancelier insista sur le majorat allemand en Europe qui lui donnait des devoirs, des responsabilités à protéger le bien-être de ses partenaires, ce qu'il entend accomplir en exécution du pacte de coalition. Après l'exposé de chacun, le micro fut tendu aux journalistes et le premier, un Allemand, posa en termes mieux choisis que je ne le fais, la question qui tue : comment concilier l'approche dépensière française et le pacte de stabilité et croissance.
Il lui fut répondu par l'un et l'autre que l'assouplissement constaté n'avait aucun autre motif que la pandémie, dans des termes approchant ceux du ministre Lindner au Spiegel. Commission et chancellerie allemandes sont sur la même longueur d'onde, rigueur et durabilité des finances nationales. M. Macron avec sa dette, ses déficits et sa sébille, est déjà rangé dans le camp des nudistes. On le supportera quatre ou six mois, pas plus !

On a parlé aussi de la taxonomie européenne - classification des activités durables induisant une nomenclature des activités économiques selon leur contribution au changement climatique - pour signaler que l'énergie nucléaire n'était pas pour l'instant éligible aux financements durables. A priori le crochet du chancelier par Paris ce matin fut protocolaire et de courtoisie. Les sujets de fâcherie sont assez nombreux pour que, connaissant le caractère cassant de Scholz, il y ait de la friture sur la ligne dès le premier de l'an et une rupture en certains domaines à la Saint-Jean. Il faut comprendre quand même qu'il est lié par un pacte de coalition passé avec un parti très libéral (ultra ne veut rien dire), capable d'intervenir au niveau de la BCE pour stopper la perfusion des malades, et d'un parti écologiste anti-nucléaire primaire hostile aux Français. Il serait étonnant qu'on ne s'étouffe pas d'un bretzel ! Le communiqué de l'Elysée à la suite de cet impromptu est particulièrement bateau (clic).

Jeudi passé, notre djeune et fringant président s'est exercé à la conférence de presse du modèle gaullien, la deuxième de son mandat ! Il s'agissait de présenter au monde son agenda européen pour la présidence du Conseil qui s'ouvre le 1er janvier 2022. Pour ce faire les propos de l'oracle ont été retransmis en anglais sur le site de l'Elysée. Et Le Maire dénie à Zemmour de parler du déclin français ! Furent traités en vrac, l'harmonie des 27, les frontières et Schengen, la boussole stratégique, la défense européenne et la "souveraineté européenne", le renouveau de la relation UE-Union africaine et un contrat (moral) de paix et prospérité avec les Etats africains, la pacification des Balkans, l'emploi et le chômage de masse, un plan Europe 2030, le marché unique du numérique, le SMIC européen et l'égalité salariale homme-femme, la défense des "valeurs européennes", un service civique européen, être intraitable avec la Pologne, faire parler l'Ukraine avec la Russie, dépolitiser l'olympisme, résoudre la crise anglaise par la bonne foi de Londres (on rit), petite incantation sur le jour d'après en Nouvelle Calédonie et refus d'engager sa candidature au moment !(source).
Tout ça débattu à 27+ et lancé en six mois ?
Ce n'était qu'un exercice de style. Un de plus ! Ursula attendra que cesse le vacarme macronien le 30 juin prochain pour revenir aux fondamentaux, rigueur et fédération ! Elle et Scholz ont l'agenda et, c'est le cas de le dire, parlent la même langue.

Postscriptum : le nouveau pouvoir allemand est analysé dans le Guardian. Cliquer ici pour lire l'article complet.


[1993]

jeudi 9 décembre 2021

Nouméa - Bruxelles

Dans les vingt, trente jours qui viennent, il y a deux choses qui marqueront notre avenir, le résultat du référendum en Nouvelle Calédonie dimanche prochain et la présidence par la France du Conseil de l'Union européenne à partir du 2 janvier 2022. La campagne électorale pour la présidentielle d'avril, si elle est indispensable à la bonne santé financière des chaînes d'information qui en font tout un fromage avec le soutien des instituts de sondage, n'est pas déterminante pour l'avenir de notre pays trop profondément blessé pour être réhabilité en moins de dix ans comme certains nous l'annoncent. Le déterminisme socio-politique nous tire vers l'abîme, lentement, sûrement, parce que le peuple a été drogué à l'assistance publique depuis quarante ans, ce qui lui ôte tout ressort au-delà de grogner. Au milieu des dettes et des déficits, un peuple sain aurait lanterné ses dirigeants sur l'air guilleret de la Carmagnole.

Nouméa : le Conseil d'Etat a rejeté hier la demande de report du troisième référendum déposée par les indépendantistes à des motifs coutumiers. En parallèle, il a été saisi par quelques personnalités pour interdire la diffusion d'un dessin animé vantant le "non" à l'indépendance avec un humour que d'aucuns transforment en racisme, c'est à la mode. Des chercheurs anticipent un boycot du scrutin par la moitié "aborigène" de la population, ce qui enlèverait toute valeur au résultat. On avait bien compris, et ce depuis longtemps, que tout résultat qui ne donnerait pas l'indépendance à la Nouvelle Calédonie serait contestable. Le problème est qu'en l'espèce, plus de la moitié des habitants est française (métropolitaine, d'outremer ou walisienne) et que cette moitié, qui va au charbon chaque jour, n'entend pas nourrir longtemps des communautés contemplatives au niveau où elles sont assistées jusqu'ici. Il n'y a aucun suspense. Par le retrait du FLNKS, la grande île restera française... et l'agitation larvée d'une partie de la population canaque persistera, de manière plus ou moins violente selon le savoir-faire des agitateurs qui nous veulent du bien. Il est fort probable que la demande de report ait été motivée chez les indépendantistes par une prévision d'échec (ce serait la troisième fois). Ne doutons pas non plus que la fin de ce projet de rupture renverrait dans leur case les chefs du FLNKS qui n'ont que ça comme métier. On devra donc s'attendre à une sorte d'insécurité que le pouvoir local devra gérer.
Lévina Napoléon

Les grands déçus, outre la poignée de Canaques qu'on a convaincus d'un bonheur indépassable seuls au monde, seront l'Australie et la Chine populaire, toujours en recherche de minerai coté au London Metal Exchange et qui, pour la première, avait montré son intérêt à l'époque des "Evènements" (Ouvéa), en soutenant en sous-main l'insurrection de Tjibaou par ses agents de terrain. Notre souveraineté à Nouméa est la clef de toute influence française dans le Pacifique Sud. Aurions-nous perdu la Nouvelle Calédonie que la Polynésie française nous quittait à son tour sous les efforts conjugués de nos alliés de l'anglosphère et de l'Assemblée générale des Nations Unies qui a toujours cette "libération" à son agenda. C'est en fait du "grand jeu".

Le petit jeu est le semestre français au Conseil européen. Bruxelles : on nous y attend, n'en doutez pas. En fait, nos partenaires attendent surtout les déclamations de notre donneur de leçon national qui va se prendre pour Napoléon pendant quatre ou six mois. L'Europe rieuse (le Club Med) bizarrement ne rit pas, car elle sait déjà qu'elle va être sollicitée jour et nuit par les gens de M. Macron en renfort des objurgations françaises à défaire les contraintes et seuils qui brident la gabegie de Paris. L'Europe sérieuse par contre, se marre, parce qu'elle sait déjà qu'elle va mettre le nez du fringant jeune homme dans l'état de calamités financières de son pays après cinq ans de son gouvernement. Les coups les plus durs viendront des pays dont la balance commerciale est excédentaire. A faire en revanche la liste des pays en déficits sur ce plan*, nous comprenons que jamais ne fut mieux porté par la France son titre de Reine des Gitans. Il ne confère aucune autorité plus loin qu'aux Saintes-Maries-de-la-Mer. S'il ne le sait, il va l'apprendre.
* Roumanie, Grèce, Espagne, Portugal, Croatie, Chypre et Bulgarie (source)
.
M. Macron arrive à Bruxelles en même temps que MM. Scholz et Lindner qui ont pour cible la restauration progressive d'une rigueur budgétaire à laquelle devront se plier les grands programmes européens initiés par les Français. Ils viennent à Paris cette semaine pour serrer des mains et donner leurs limites, n'attendant de notre pays qu'un plan Shröder/Hatz de réparation des comptes sociaux, comme notre Miquet à la Houppe l'avait promis à la chancelière quand il accéda à l'Elysée. Il ne pourra pas leur faire le coup deux fois. Lindner, ministre FDP des finances est droit dans ses bottes libérales, Scholz, ancien roi de Hambourg, n'a pas la souplesse du roseau et ricane plus souvent qu'il ne sourit. Quelqu'un va dire enfin les quatre vérités à notre convoi de bateleurs incapables.
En attendant le nouvel an, lire l'article de Jacques Fayette sur Le Moment allemand de l'Europe dans Telos.


[1990°]

lundi 6 décembre 2021

Zemmour aux Ecuries d'Augias

Le meeting de Villepinte fut un succès technique et politique pour le candidat Zemmour, y compris la râclée donnée aux agitateurs de la gauche encore active venus mettre le binz pour faire des images à colporter ! Le bretteur des plateaux est devenu un candidat présidentiable et un tribun, au costard coupé grand certes, mais c'est la loi du genre. Deux choses aujourd'hui, le défi, le programme.

En cas de victoire, le défi du président Zemmour sera d'affronter l'Etat de gauche. Depuis le gouvernement provisoire de 1945, la Gauche a investi l'Education nationale, les universités, plus généralement la fonction publique au niveau des cadres A et le service public d'émission. On entendra parler de troisième tour en boucle, la Gauche n'acceptant de victoires que les siennes. Que le peuple - ce fantôme, aurait dit Proudhon - choisisse son maître à droite qu'il ne sera déjà plus le peuple. Pour la Gauche, le "peuple souverain" est toujours celui qui défile de la Bastille à la Nation. Et ne parlons pas des ligues anti-fachistes qui naîtront du premier tour de l'élection présidentielle si Zemmour vire en second ou en tête. On a vu en 2002 se lever le rideau de fer contre Jean-Marie Le Pen. La "guerre civile" dont certains parlent tout le temps n'est-elle pas celle qu'ils aimeraient provoquer, si bien sûr d'autres qu'eux-mêmes se chargent d'y combattre.

Pour arriver jusque-là, il faudra aussi vaincre l'Etat profond qui va se mettre en branle aussi vite que monteront les sondages en faveur d'Eric Zemmour. Et les coups de ce bord ne peuvent être rendus, on le sait depuis l'accident de moto. La liberté d'opinion qui sévit dans notre petite Union soviétique nous interdit de développer. Du programme qui émerge lentement, rien ne me choque, mais il y manque le Guantanamo chiottien à la française. On peut en discuter sans tabou. Un exemple : le royaume de Danemark, peuplé de seulement cinq millions trois cent mille Danes, est plus sensible à la submersion démographique que d'autres. Il a parqué depuis 2018 les migrants indésirables et autres étrangers douteux sur l'île de Lindholm (source) en attendant leur expulsion. A noter en passant que c'est la reine elle-même qui, dans un discours remarqué en Europe et à Bruxelles plus encore, avait demandé en 2016 au gouvernement de durcir les conditions d'accès au royaume, et aux immigrés acceptés de se fondre dans la masse s'ils voulaient rester au pays (source).

Eric Zemmour

Le seul point de divergence entre Royal-Artillerie et M. Zemmour, mais il s'en remettra, est le retrait du commandement intégré de l'OTAN. Nous ne revenons pas sur l'intérêt d'en être, Sarkozy l'avait bien vu et ce blogue en a déjà parlé, mais sur la posture corne-cul gaullienne d'en être sans y être. En 1966, au motif d'une indépendance diplomatique et militaire adossée à la bombe atomique française, le président Charles de Gaulle sortit du commandement intégré, et la France paya le déménagement des forces atlantiques déployées sur son territoire (sauf pour trois agences industrielles où elle trouvait son avantage). Mais de préciser aussitôt que nous restions de fidèles alliés dans l'Alliance atlantique, dont l'article 5 est la cheville ouvrière. Supercherie gaullienne de plus ! Les accords Ailleret-Lemnitzer retiraient déjà nos troupes du front de Bohème. Nos partenaires occidentaux n'ont jamais accepté cette participation à la carte, un pied dedans, un pied dehors, d'autant que l'espace géographique français renationalisé diminuait considérablement les arrières du théâtre d'opérations. Tous les exercices OTAN postérieurs à cette décision furent dédoublés pour tenir compte de l'hypothèque du « French Denial », ce qui signifiait à tous que l'allié n'en était pas un, à quelqu'article du pacte qu'on se réfère. Et les dirigeants français ont accepté dans tous les exercices OTAN les deux hypothèses, signifiant s'il en était besoin, qu'ils ne viendraient pas automatiquement dans un conflit eu Europe occidentale. Cette félonie est encore présente dans les esprits anglo-saxons qui ont vécu cette époque.

Depuis 1966, l'OTAN a beaucoup changé, et depuis 2003 les Etats-Unis ne convoquent plus leurs alliés. Les pays guerriers sont désormais en Europe orientale et la profondeur de champ française est moins importante même si elle compte. On se battra sur la Baltique au lieu de reculer derrière l'Elbe. Il n'est pas sûr que les alliés acceptent à nouveau notre retrait du commandement intégré de concert avec la réassurance de notre implication dans l'Alliance. Beaucoup de pays pouraient exiger qu'on nous foute dehors carrément pour ne pas compliquer plus encore la stratégie européenne. Et nous serions seuls ! Complètement seuls. Je ne sais jusqu'où Eric Zemmour a creusé la question atlantique ou s'il a seulement repris une posture gaullienne qui lui fabrique l'image de l'homme de Londres. Il faudra cependant qu'il comprenne que le retrait du SHAPE ne sera pas une décision ponctuelle mais l'allumage d'une mèche lente qui va courir très loin, depuis nos usines d'armement jusqu'à nos outremers sans doute. Surtout s'il y ajoute des grâces envers le pouvoir poutinien et une certaine compréhension de la famille Assad. Il aura créé dix fois plus de problèmes avec ce retrait qu'il n'avait d'avantages à en retirer. Résumons-nous, soit nous discutons avec l'administration Biden-Harris d'un meilleur réglage de l'intégration militaire (avec les collatéraux de l'industrie stratégique européenne), comme le font Macron, Le Drian et Parly, soit nous coupons le cordon et essayons de survivre à notre isolement... en doublant le budget de la défense nationale par transfert de crédits sociaux. Vais-je adresser l'argument au directeur de campagne ?

Brisons là. A Villepinte hier, le portrait de Macron était saisissant de cruauté mais assez fidèle. Nous nous autorisons à le replacer en conclusion, au prononcé sans les effets de manche :

« En 2022 ce n'est pas seulement la personne d'Emmanuel Macron que nous allons vaincre, mais mieux, son idéologie, ce système dont il est le porte-drapeau, le porte-parole et l'exécutant. La personne Emmanuel Macron ne nous intéresse pas parce qu’elle est fondamentalement inintéressante. Trouvez-moi un seul Français qui puisse expliquer la pensée d’Emmanuel Macron. Un seul ! Il n’y en a aucun, pas même lui. Personne ne sait qui il est parce qu’il est personne. Derrière le masque de la parfaite intelligence technocratique, derrière la montagne d'idées superficielles, derrière les slogans contradictoires, derrière le "en-même-temps" synonyme de désordre et le "quoiqu'il-en-coûte" synonyme de ruine, il n'y a personne, il n'y a rien ! Macron a vidé de leur substance notre économie, notre identité, notre culture, notre liberté, notre énergie, nos espoirs, nos existences, il a tout vidé parce qu'il est à lui tout seul le grand vide, le gouffre. En 2017 la France a élu le néant et elle est tombée dedans. Mes amis, il est temps de sortir notre pays et notre peuple de ce puits sans fond. Nous laisserons dans sa vitrine ce mannequin de plastique, cet automate qui erre dans un labyrinthe de miroirs, ce masque sans visage qui défigure le nôtre. Nous laisserons cet adolescent se chercher éternellement. Oui, laissons-le, avec son obsession pour lui-même.»


A partir de maintenant, le candidat Zemmour doit observer attentivement la couleur des feux de trafic avant de s'engager sur un passage-piétons. Notons que la course à l'audience a fait retransmettre tout le discours de Villepinte sur les chaînes d'info en continu. Pareillement pour Mélenchon à la Défense qui le précédait. En feront-ils autant pour le meeting d'Anne Hidalgo le 12 décembre à Perpignan ? Ne pas se moquer !


[1989°]

En revenant de la vigie

Nie-de-pie de navire
Le spectacle du monde est confondant de bêtise. "Salut à Toi, Tu as gagné" chanterait Jacques Brel. Aussi loin que porte le regard et pour peu qu'on comprenne quelles cartes vont se retourner sur la table, on est saisi par la puérilité de certains dirigeants de l'espèce humaine qui me semblent plus cons quand leur pays est plus grand. A tout honneur, le Grand Xi Mao II, ou comment un parti communiste peut susciter des génies à partir d'un certificat d'études. On lui sait deux maîtres qu'il doit surpasser, Mao Zedong et Deng Xiaoping, sans imaginer que l'objectif une fois atteint - c'est fait puisqu'il est entré dans la Constitution de la République populaire de Chine - il va s'appliquer à égaler son modèle ultime qui est Khian-loung (Qianlong), empereur des Grands Tsings qui régna au XVIIIè siècle de notre ère au firmament de tous les empires du Milieu, le Louis XIV chinois. Sa biographie (en anglais) est édifiante (clic). La mission de Xi Jinping, son obsession est d'achever la marche au limes de l'empire disparu et d'agréger Taïwan, les Pescadores et les Diaoyu à la Chine éternelle revenue à la première place du monde. Pour l'instant, les escadrilles chinoises pénètrent quasi-quotidiennement l'espace aérien de la République de Chine (Taïwan) afin de provoquer l'accident qui justifiera aux yeux du peuple Han le sacrifice de ses "boys" qu'il faudra bien lancer à l'assaut des plages minées de l'île rebelle pour laver l'affront. A supposer qu'ils y réussissent, le premier ambassadeur convoqué ensuite par Xi Jinping, bouffi d'orgueil comme jamais, sera celui de la Fédération de Russie à qui sera posée une seule question : combien vous faut-il de temps pour évacuer la rive droite de l'Amour ?

Justement, la Russie. Son comportement menaçant en frontière de l'Ukraine a donné lieu à plein d'analyses quant aux motifs de ce priapisme poutinien. Les moins informés évoquent la crainte de Moscou de voir l'OTAN avaler le pays, alors que la déstabilisation du Donbass par les Russes n'est intervenue qu'après la révolution de couleur dont l'intention était de s'associer à l'Union européenne, d'OTAN il n'était pas question. Et c'est pourtant la revendication explicite du Kremlin présentée au Département d'Etat. Or l'OTAN n'en veut pas. Cette revendication qui résonne comme une scie, cache un motif bien plus solidement ancré dans l'esprit des dirigeants russes qui est celui du refus de l'indépendance ukrainienne, tout simplement. Le but est de réintégrer la République ukrainienne encore "séparée" dans le giron de la Fédération de Russie avec la Crimée et les républiques-croupions de Donetsk et Lougansk. A cet effet la propagande interne russe en fait des tonnes sur l'humiliation des petits frères gouvernés par un président juif financé par le Juif Soros et qui n'attendent que leur libération ! Et ça marche. L'opinion russe est maintenant persuadée que l'invasion de l'Ukraine sera facile et brève puisque la population se lèvera comme un seul homme contre la clique de Kiev et soutiendra les libérateurs. Le seul problème est que les Etats-Unis et les alliés orientaux de l'OTAN sont au courant. D'où la mise en garde de Jens Stoltenberg, promettant un prix très élevé de l'aventure. En clair, l'Occident s'est fait baiser en Crimée, pas deux fois !

Plus près de nous... les Brexteurs ! L'affaire qui était pliée dans l'esprit des séparatistes est en train de merder pour la simple raison que le 1O agrège les difficultés intérieures qu'il ne maîtrise pas aux inévitables ajustements extérieurs consécutifs à l'exécution du traité de divorce. Londres négocie à l'indienne - ceux des lecteurs qui ont vendu quelque chose à l'Inde me comprendront - en instrumentalisant son propre désordre et n'honorant jamais son accord plus longtemps que minuit comme Cendrillon dans son carrosse. C'est le syndrome des "améliorations" consécutives à la signature. La dernière race au monde juste après le crapaud disait-on dans les milieux d'affaires européens quand j'étais jeune, on voit très bien ce pauvre Boris Johnson juché sur le nénuphar, grimmé en clown ébouriffé ! Sauf qu'entretemps, les entrepreneurs de la Tech partent vers un environnement plus prévisible, administré par des adultes, à tel point qu'il devient difficile pour un informaticien un peu pointu de trouver un poste à son niveau en Angleterre aujourd'hui. Beaucoup de boîtes d'intermédiation, de cabinets d'affaires sont partis sans tambours ni trompettes, ne laissant sur place qu'une agence de liaison sinon rien. Bien des start-up ont cherché des couveuses ailleurs. Le projet d'un Singapour-sur-Tamise semble fragilisé ; il faut dire que le monde est grand et que le soleil brille partout. La dispute franco-anglaise de la pêche signale à nos partenaires européens la façon de négocier du gouvernement de Londres ; ils peuvent visualiser les difficultés qu'ils doivent attendre de toute négociation bilatérale qu'ils engageront avec lui. Sans parler même de la crise de Calais qui sert de repoussoir français en politique intérieure, le cabinet de Priti Patel acquiesçant à Paris ce qu'elle va refuser aux Communes.

Le quatrième point chaud pourrait devenir brûlant avant les autres. Le goupe des "Cinq plus Un" (les USA étant en congé) vient de suspendre à nouveau les négociations de dénucléarisation avec le nouveau gouvernement iranien à Genève, après une reprise de deux jours succédant à une énième rupture (source). Pourquoi ? Le nouveau cabinet du président Raïssi, ex-chef des juges issu des fondamentalistes de Qom, détricote les divers accords partiels obtenus du gouvernement précédent Rouhani au motif de réorientation et contestation des sanctions américaines non liées à l'atome, ce qui laisse comprendre que des mois passeront sinon plus, avant qu'un nouveau traité ne soit mis sur la table. Entretemps, et après avoir expulsé les inspecteurs de l'AIEA viennoise des sites nucléaires iraniens, le nouveau gouvernement est suspecté de pousser les feux de l'enrichissement d'uranium au grade militaire afin d'arriver au plus vite au seuil de l'ogive détonnante. Evidemment, tant le Conseil de coopération du Golfe que tous les services russes comme occidentaux anticipent une vitrification des usines atomiques par Israël avant que l'arme ne soit prête. Selon le camp et l'éloignement de la zone à risques, on parle en mois, moins souvent en années. Si la réflexion de Jacques Chirac* de 2007 était encore d'actualité il y a quatre mois, l'irruption de fondamentalistes hystériques à la manœuvre laisse craindre que la consommation par le régime d'un bon million d'Iraniens ne soit qu'un tribut à la gloire d'Allah, qui pourvoiera à leur vengeance. C'est une question à suivre sur les sites spécialisés en polémologie.

* Dans un point de presse le 29 janvier 2007 devant le Nouvel Observateur, le New York Times et l'International Herald Tribune, le président Chirac avait soutenu que la détention par l'Iran d'une bombe atomique était suryout stupide puisqu'elle n'aurait pas fait deux kilomètres dans les airs que la cité de Téhéran serait rasée.


Finissons sur un sourire : D'avoir obtenu 39% au second tour du congrès LR alors qu'il n'en espérait pas plus de 6 au premier, Eric Ciotti a pris le melon ! Oubliant que c'est la ligne Pécresse qui a gagné au jeu des petits chevaux républicains, le voila qui prépare un accord de fusion pour sauver son programme. Il n'a pas compris le protocole d'investiture du parti et je m'en étonne. D'autant plus qu'il annonce lancer un mini-mouvement à lui. Les vieux réflexes ont la peau dure !


[1988°]

samedi 4 décembre 2021

Pécresse en lice !

Plus aucun candidat de centre-droit pendu aux cordes à linge ! La menace la plus grande pour Emmanuel Macron vient de poser ses pieds sur un socle partisan de plusieurs milliers d'élus des territoires et d'une grosse centaine de milliers de militants actifs. Le seul parti politique survivant du quadrille démocratique traditionnel est mis au défi de ne pas déconner d'ici le mois d'avril 2022. Contrairement à nos prévisions qui donnaient Barnier sur le pavois pour la gueule d'abord, l'expérience internationale ensuite, Valérie Pécresse entre en lice pour le compte des Républicains. Des cinq qui se sont avancés pour recueillir les suffrages du Congrès LR, elle est désormais le concurrent le plus redoutable pour Emmanuel Macron à divers motifs, dont le genre qu'elle affirme de galante façon n'est pas le moindre.

Valérie Pécresse
Ginette, HEC, l'ENA dans la botte, maître de requêtes au Conseil d'Etat, elle grimpe toujours, prof de droit constitu à SciencesPo, plusieurs fois élue, ministre, elle a le bagage, même s'il lui manque le Commando Hubert ! Elle dispose du soutien actif des grands élus franciliens, dont le président du Sénat Larcher, les barons Jacob, Baroin, Woerth, Copé et plus loin, Xavier Bertrand, Hortefeux, les présidents LR de Conseils départementaux de la zone Nord. Le chef en cuisine s'appelle Patrick Stéfanini, préfet et conseiller d'Etat, fin connaisseur des problèmes migratoires, un habitué de l'exercice puisqu'il était directeur de campagne de Jacques Chirac. Ce qu'en pense Sarkozy n'a aucun intérêt, on a compris qu'il hésitait à prendre la carte d'Horizons, le mini-parti d'Edouard Philippe au sein de la Maison de tolérance commune.
Le Programme Pécresse est imprimé partout, nous vous en faisons grâce. D'aucuns le disent "ultra-libéral" faute de savoir ce que libéral veut dire. Les censeurs de la Gauche caviar affûtent les coûteaux contre celle qui a rayé des listes le parrain Bartolone, président de l'AN, puis qui une seconde fois a ridiculisé les miquets-miquettes Autain, Bayou, Pulvar, Saint-Martin dans le même scrutin régional. Attendre donc le shitstorm habituel de la basse police médiatique, France Inter et consorts. Mais comment va-t-elle s'insérer dans la course de chars est plus intéressant que d'insulter le service public qui le mérite bien.
Ils sont quatre concurrents désormais en Poule A : Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse et Eric Zemmour. Le champ de manœuvre est fermé, camp clos ! Le ticket d'entrée au second tour est aujourd'hui à 16,75% sur un tirage de 1+3 et de 14,5% sans Macron (voir plus bas). Pour intéresser la partie, il y aura aussi une course en division 2 pour ceux des candidats capables de se faire rembourser les frais de campagne avec plus de 5% des suffrages : Hidalgo, Jadot, Mélenchon. Puis derrière eux, les inévitables candidats témoins de leur idéologie crépusculaire ou de leur projet individuel comme Jean Lassalle, la division 3 que personne ne regardera. Ce qui est jouissif est que la Gauche a complètement disparu da la Poule A. Mis à part Arnaud Montebourg en apiculteur sincère, elle se ridiculise avec des sous-ordres, sans idées neuves, sans crédibilité, sans charisme, obligés d'aboyer à l'esstrème-droate avant de convoquer leurs antifas aux basses œuvres !

Au dernières nouvelles, nous avions pour le premier tour 2022 de l'élection présidentielle (source):
  • Macron à 23-24%
  • Le Pen à 19-20%
  • Zemmour à 13% (avant sa déclaration de candidature)
  • Pécresse à 11% (avant sa qualification)

Le réservoir de voix de la Division 2 convertibles pour partie en votes utiles est de 22-23%.
Le réservoir de voix de la Division 3 captives des partis bloqués est de 10-11% ; elles seront perdues sauf à extraire les 2% d'Arnaud Montebourg du magma.
L'abstention est par hypothèse calée à 50% des inscrits, mais l'intensité du match peut mordre dessus si les électeurs de la droite populaire croient l'heure des quatre vérités venue. A l'opposé, le retard pris par les trois candidats de gauche peut démobiliser des électeurs qui comptaient sur eux.
Dans tous les cas de figure et à la date d'aujourd'hui Emmanuel Macron l'emporterait aisément au second tour.

Macron est stable en intentions de votes depuis le début, ce qui devrait aussi l'inquiéter. La lutte à trois derrière lui se dédouble comme suit :
- un combat Le Pen-Zemmour entre deux programmes très proches mais des personnalités que tout oppose au milieu d'un vivier électoral de 32 à 33% des votants, peu susceptible de s'agrandir (MLP avait fait 33,90% au second tour en mai 2017). On pourra deviner que certains militants soutiens d'Eric Ciotti renforceront Eric Zemmour dans le Sud au lieu de voter pour la Versaillaise.

- deuxième opération, le siphonnage par Valérie Pécresse d'une fraction du centre-droit rallié par intérêt à la macronie et celui de la Division 2, une récupération de quelques électeurs républicains qui se sont déportés sur Eric Zemmour, le tout assorti d'une conquête des femmes abstentionistes et celles du parti de l'ordre. Elle a 4 à 5% à remonter dès le départ (ce week-end) pour coller au bloc éligible au tour suivant, à augmenter ensuite pour virer en second derrière le favori des sondages ! C'est haut ! Elle compte agréger le centre-droit encore libre mais les traîne-lattes du marais ont déjà un œil sur les maroquins 2022 que Macron offrira, s'ils se rallient à temps. Aussi engageront-ils leur propre électorat à entrer dans la Maison Commune en passant le message de bouche à oreille. Nous ne les citerons pas car nous ignorons la météo politique du mois de janvier 2022 et parce que c'est une question de vent.
Des sondages réalisés le 2 ou le 4 décembre après les résultats LR pourront donner des chiffres légèrement différents, mais pour Pécresse, c'est faisable, sans être acquis. C'est sur Patrick Stéfanini qu'elle doit compter pour y arriver.

A partir de maintenant, le défi pour chacun des trois poursuivants est de créér une "dynamique". Les pronostics de Royal-Artillerie pour le premier tour : concurrencée dans son pré carré, Marine Le Pen restera sous son plafond de verre habituel. Eric Zemmour a déjà créé son mouvement brownien et devrait osciller entre 13 et 16%. Valérie Pécresse est la nouveauté du match, ça peut lui profiter, autant qu'elle saura habilement dramatiser sa participation (sans trop de minaudage mais elle semble avoir banni ce travers). Elle a beaucoup travaillé sur son programme et elle bosse à fond son ambition, à ce que dit Florence Portelli, sa jolie porte-parole. La position politique atteinte par Pécresse en tant que challenger officiel du président sortant ne s'obtient qu'une fois dans la vie depuis que nous avons américanisé notre démocratie où les battus vont disparaître ; aussi y mettra-t-elle tout son courage. C'est maintenant la course de fond, un marathon de dix-huit semaines ! Il faudra rester en forme physique et mentale mais elle est entourée. Pour cent raisons que nous distillerons jusqu'au mois d'avril si Dieu et ses plaies nous prêtent vie, Valérie Pécresse est sans doute le moins mauvais choix pour succéder à Emmanuel Macron qui de toute façon doit partir pour le bien du pays ! Puisque ce n'est pas un candidat monarchiste qui le chassera, il faudra s'en remettre à meilleure fortune.

[1987°]

vendredi 3 décembre 2021

L'ordolibéralisme du sourire

Le Spiegel a diffusé un entretien avec le nouveau ministre fédéral des finances Christian Lindner (FDP) le 27 novembre dans son édition papier. Nous traduisons le passage qui concerne la France et abandonnons le reste à votre curiosité en cliquant ici.

Christian Lindner

DER SPIEGEL (DSp): Savez-vous déjà où vous irez pour votre première mission ?

Lindner : À Paris. L'amitié germano-française a un caractère particulier. Le ministre des finances Bruno Le Maire et moi nous connaissons depuis longtemps. Nous avons déjà parlé au téléphone cette semaine.

DSp : Comment envisagez-vous d'apaiser les inquiétudes françaises sur un ministre des finances allemand libéral en économie tel que vous - qui vraisemblablement sera plus strict sur la dette souveraine que ne l'est Scholz, un social-démocrate ?

Lindner : La politique fiscale allemande sert les intérêts de ce pays en cohérence avec nos responsabilités européennes. Je ne deviens pas le ministre des finances du FPD, mais le ministre des finances de la République fédérale d'Allemagne. Cependant je ne peux caché le fait que je sois un libéral. Il est dans l'intérêt suprême de l'Europe que l'union économique et monétaire reste stable et qu'ensemble, nous produisions plus de flexibilité pour agir contre des défis plus grands, tels que la réponse technologique au changement climatique. Ceci veut dire que l'Allemagne ne peut pas être le tuteur d'autrui pour ses dépenses, ni ne suivra l'avis de ceux qui cherchent à miner le Pacte de stabilité et croissance.

DSp : Pendant la campagne, Olaf Scholz exigea que les milliards de dette nouvelle dont s'est chargée l'Europe en réaction à la pandémie de coronavirus soient augmentés. Prenez-vous le parti de cette stratégie ?

Lindner : Bien que dans l'opposition, le FDP a voté en faveur du Fonds européen de reconstruction. C'était une réponse appropriée à une situation extraordinaire, présentée alors comme ponctuelle. Maintenant, l'argent du fonds doit être utilisé. L'accord de coalition est clair : nous soutenons les résolutions de l'Union européenne qui ont été prises ; mais elles n'établissent pas une architecture (ndlr: financière) permanente. Divers Etats membres ont aussi exclu cette possibilité, et plus récemment le chef du gouvernement de Finlande.

DSp : Sérieusement, vous n'essayez pas de vous cacher derrière la Finlande n'est-ce pas ?

Lindner : L'Allemagne a la responsabilité de faire converger les positions. La position collective de l'Ampelkoalition (coalition des feux tricolores) est que le Pacte de stabilité et croissance, y compris sa flexibilité, a fait ses preuves.

DSp : L'accord de coalition dit que le gouvernement à venir devra davantage développer le Pacte de stabilité et croissance. Qu'est-ce que ça veut dire ?

Lindner : Actuellement, beaucoup de règles fiscales, par exemple, sont opaques et bureaucratiques. Avant tout, il faut prendre en considération le danger que la prédominance fiscale s'accroisse - que la Banque centrale européenne se retrouve elle-même guidée par les finances des Etats. Une certaine pression peut résulter du développement de l'inflation et du possible rehaussement des taux d'intérêts de la Réserve fédérale américaine. Dans ce cas, l'Europe a tout intérêt à assurer la durabilité à long terme des finances des Etats. Une dévaluation de la monnaie serait incroyablement injuste pour les retraités et les petits épargnants.
(le reste concerne la politique intérieure allemande)

Sans faire une exégèse de la sémantique libérale de Christian Lindner (surtout en traduction), on a compris que la souplesse des dispositions budgétaires européennes ne sera acceptée dans l'avenir que contre la durabilité des comptes nationaux que l'Allemagne refuse d'entrée de garantir d'aucune façon. L'échange de vue franco-allemand sera une négociation d'arrière-pensées, les Allemands restant sur une orthodoxie des finances publiques modérée, Ampelkoalition oblige, mais les dérapages du quoiqu'il-en-coûte macronien ne seront plus de saison. Les tensions probables attendues sur le service de la dette souveraine française devront d'abord se gérer au sein de la dépense publique française. En douceur, le ministre FDP nous met face à la glace ! La présidence française du Conseil européen, qui pis est en pleine campagne présidentielle française, sera, n'en doutons pas, houleuse quand les caméras seront éteintes.


[1986°]

Aux hommes la viande, aux dieux la fumée.

Dicton prométhéen de l'antiquité grecque, je le vois de pleine application dans l'affaire Aupetit (*) que le Vatican trancha en deux heures, à la stupéfaction de la Conférence des évêques de France. Le nonce avait sans doute parlé avant.
Quelle folle idée d'élever les prélats de la Sainte Eglise au rang de demi-dieux, qu'on arrache ainsi à la moitié de leur humanité en les castrant de la conversation de la Chair pour les nourrir des fumées de la foi ! Dans le cas de l'archevêque de Paris, épiscope détesté par les clercs du diocèse pour son ton cassant, ses bannissements injustifiés et sa communication abrupte, il s'agit moins d'avoir trempé le biscuit, ce qu'il nie, que d'avoir manifesté de la tendresse pour une paroissienne insistante. Autant qu'il sut utiliser la moindre effluve de doute émanant de la moindre fissure d'une personnalité subordonnée pour lui nuire, les autres ont passé un simple email, archivé par la secrétaire du vicaire général de jadis, au moulin de la médisance pour se défaire d'un autocrate mitré sans gants.

Mgr Aupetit

Sans offrir au zinc une philosophie de comptoir, il est probable que la demande de retour à la masse de Mgr Aupetit auprès des instances pontificales, soit justifiée en son for intérieur par le sentiment d'une culpabilité sentimentale l'ayant détournée parfois des soucis pastoraux de sa charge, même si la compréhension des âmes confiées en fait partie. Les détracteurs de l'Eglise catholique remettent sur la table le dossier du célibat des prêtres qui fait du chiffre chez les progressistes de l'institution, et si nous embrayons à notre tour, c'est qu'il s'agit moins de succomber à la consommation de la chair que de parer le désert des solitudes où officient tant de prêtres perdus au fin fond du monde. Tous n'ont pas un tempérament érémitique, n'attendent pas des cauchemars terrifiants de leur jeûne, comme saint Antoine le Grand, ne caressent pas le silence de leur tranquilité entre deux craquements du buffet mangé par les termites, ne chérissent d'aucune façon leur rélégation sociale. C'est de chaleur humaine dont ils parlent le plus souvent ; de feu dans la cheminée en rentrant le soir, chargé de tous les péchés de la confession !

Michel Aupetit fit face à une paroissienne qu'il attirait jadis à son corps plus ou moins défendant, et au lieu de briser là, il l'engagea à se confier à lui pour détourner son sentiment inabouti vers les nourritures spirituelles qui pourraient la combler. C'est du moins l'image que je m'en fais.

Les curés en ménage sont assez nombreux ici et en Europe. Des associations de femmes de prêtres existent aussi comme Plein Jour en France. Et évidemment, il y a des enfants de prêtres. Mais c'est moins l'assouvissement d'une tentation charnelle que le partage du quotidien et l'échange affectif avec l'autre dont il s'agit. Depuis la nuit de la chrétienté, ce problème se pose qui fut tranché, crurent-ils, au concile du Latran de 1139, après dix siècles de mariages. Toute l'histoire de l'Eglise médiévale fourmille de ménages en charge de paroisses, et celle de l'Eglise de la Renaissance de prélats à maîtresses. Si en droit canon, le célibat est solidement fondé, il ouvre la porte à plus de désordres que n'en susciterait son abrogation. Mais en ce domaine, seul un pape peut trancher ex-cathedra à l'issue d'un synode dédié à la question. En attendant, calomnie et scandale font les unes de la presse hostile. La Curie romaine est le convoi des aveugles de Grimmer !

[1985°]

jeudi 2 décembre 2021

Vœux 2022

Meilleurs vœux aux aînés de France

serpentins
C'est une position particulière dans une fratrie que d'être premier né. S'il en va différemment chez les princes et les manants, les aînés d'où qu'ils viennent portent sur leurs épaules une charge dont les suivants se délestent, celle de décider sans ouvertement compatir, de trancher au plus juste, puis de partir les premiers si la nature est douce aux poursuivants.

Eugénie de Bourbon en famille
- Eugénie de Bourbon en famille -

Longue et belle vie à Eugénie de Bourbon née le 5 mars 2007 à Miami et à Gaston d'Orléans, son cadet de deux ans, né le 19 novembre 2009 à Paris. Si les circonstances devaient les appeler un jour à de hautes fonctions, qu'ils puissent remercier leurs parents de les avoir formés à tenir leur rang, c'est le message que nous passerons ce soir.

Eugénie est certes plus une "menace" pour la couronne d'Espagne qu'elle ne le serait pour celle de France si d'aventure ce pays revenait à la monarchie... Et Gaston peut être appelé lui-aussi.

Gaston d'Orléans et sa fratrie
- Gaston d'Orléans , son frère et ses soeurs -

Souhaitons à l'un et à l'autre et bien d'avance, d'y être prêts. En attendant d'être grands (façon de parler, sur les photos récentes Eugénie dépasse déjà sa mère), qu'ils profitent chacun de tous les instants au sein d'une famille aimante qui les soutiendra dans leur éducation, et qu'ils laissent à l'avenir l'accomplissement de leur destin.

Au seuil de sa dix-huitième année, Royal-Artillerie souhaite une meilleure année 2022 aux royalistes de France, qu'ils voient avancer vers eux leurs espérances comme avançaient jadis les étendards du roi !





[1992°]

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